Go Out! octobre

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Danse

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MICHEL OU LA CLEF DES SONGES - A NOUCK a

MUTSAERTS

NICOL AS SCHOPFER

Une personnalité intrigante et un charisme rare sont peu de mots pour décrire Michel Kelemenis; et pas assez pour laisser imaginer au spectateur l’ampleur de sa démarche artistique. Porté par un amour pour l’art des plus évidents, le chorégraphe dirige son œuvre avec une douceur et une sensibilité rares, un humour témoin de son professionnalisme et des mimiques qui fascinent. Il revient à Genève monter le Songe d’une nuit d’été avec le Ballet du Grand Théâtre et le Basel Sinfonietta. Rencontre avec un interprète des nouveaux temps.

L’homme penseur

Du mime au geste

C’est au milieu d’elfes et de fées qu’on retrouve Michel Kelemenis pour le début de la saison 13-14, dans l’interprétation du Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, mis en musique par Félix Mendelssohn. Selon les mots du chorégraphe français, «une histoire, quand on la connaît, qui est très, très complexe». Une problématique qu’il n’avait pas rencontrée avec Cendrillon en 2009 sur cette même scène. Mais il relève le défi tête baissée, avouant s’être amusé à entrer sur le champ de la fantaisie et du conte: «Le merveilleux, le grotesque et le mystérieux sont des éléments de base du conte, et c’est cette tonalité que j’ai choisie pour aborder ce songe-là: le conte.» ajoute le chorégraphe.

Dans l’atmosphère du studio de répétition Balanchine, au sous-sol du bâtiment de Neuve, le chorégraphe se présente avant tout comme un grand amoureux du mouvement et de la gestuelle. Un élément central, qu’il défend fortement lorsque cela touche au travail d’interprétation des danseurs du Ballet du Grand Théâtre. Il explique: «Ce n’est pas leur métier d’être comédiens et ce n’est pas le mien d’être metteur en scène.» Le chorégraphe dit chercher «des niveaux de geste qui parfois peuvent être abstraits –des grands élans, des grandes circulations– et parfois des gestes narratifs, concrets, en espérant toucher le public tout autant. C’est difficile de créer un décor qui parle autant à vous qu’au public- il faut que le tout soit harmonieux.», ajoute-t-il. Le chorégraphe décrit volontiers le travail entrepris avec sa compagnie à Marseille comme «un terrain d’expérimentation proche du laboratoire, lié à la recherche». Son enjeu en tant qu’artiste, M. Kelemenis le voit aussi grâce à ce travail partagé avec le ballet, où il aime tenter, trouver des transpositions, des contournements afin de créer une chorégraphie de qualité et de goût. Questionné sur son désir de se transporter comme contemporain de l’auteur, le perfectionniste enjoué répond simplement qu’il ne lui semble pas important de réactualiser les rapports humains que sont les perversions et l’amour, cherchant avant tout à transporter son public dans le rêve.

Go Out!

Une prise de liberté justifiée par la complexité évidente du texte de Shakespeare mais qui ne dérange pas M. Kelemenis. Au contraire, il voit dans cette liberté «un exercice supplémentaire, une possibilité de jouer avec les personnages.» Le chorégraphe aborde à plusieurs reprises le thème du «tricotage d’écriture» et prend plaisir à réinterpréter les éléments de base du songe: «J’entre par la dimension onirique des fées et des elfes; je pense qu’il y a du bonheur à voir cela, et je me permets une grande légèreté… J’use un peu d’ironie, car c’est avant tout une satire. Chez moi, on ne lit pas la cour, on ne lit pas la forêt, on l’imagine.»

OCTOBRE 13

Pastiche et imagination


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