GOLDA 01

Page 36

GOLDA

auto-psy

Je suis TROP

gentil(lle) Yaël König

Face à leurs proches ou à des inconnus, au bureau, en vacances, au téléphone, toujours et partout les « trop gentils » rendent service sans qu’on les ait sollicités. Parfois même ils trouvent aux difficultés d’autrui des solutions qui impliquent leur participation active ; ils s’engagent alors dans l’action au mépris de leurs préférences, multipliant les démarches destinées à rendre l’autre plus heureux. Pourtant ils ne reçoivent que très rarement la reconnaissance qu’ils seraient en droit d’espérer. Pourquoi alors cette attitude d’abnégation réitérée ? 36 GOLDA mag

L

a gentillesse est une disposition naturelle, c’està-dire à la fois instinctive et éthique, qui relève du principe du plaisir et gratifie celui qui en fait preuve. Elle relève aussi du principe de réalité « en s’inscrivant dans une société où cette conduite est sollicitée, reconnue et appréciée. » (Chantal Hamon, psychanalyste, Paris.) Si donc l’on ne souffre pas de gentillesse, en revanche la « brûlure » du « trop de gentillesse » peut engendrer chez l’individu des conflits pathologiques. Car ici, le trop

est de trop, justement. « Le trop gentil a l’impression que sa disposition naturelle à la gentillesse a été instrumentalisée, abusée par l’autre », explique Gérard Huber, psychanalyste à Paris. Le seul désir du « trop gentil » est de ne pas faire de peine. Il est dans une quête absolue de l’approbation de l’autre, de son amour en retour « sur investissement ». C’est une sorte de constant prix à payer pour obtenir le ticket d’entrée dans une vie où son existence prendrait enfin un sens. Mais croire qu’un excès de gentillesse apportera l’amour et satisfera les besoins est faux.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.