Mixtures #47, novembre 2017

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Numéro 47

Novembre 2017

Mixtures Bulletin de liaison de la Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue

www.fqao.org


Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue

TIRÉS À PART Afin de répondre à un besoin, la FQAO a regroupé en un seul imprimé des articles ayant paru sur plus d’une livraison créant ainsi une référence unique. Sont disponibles : #1 #2 #3 #4 #5

Antoine Bouchard Gaston Arel Le Conservatoire de musique de Trois-Rivières : 40 ans Massimo Rossi Claude Lagacé

Chaque tiré à part se vend 3 $ l’unité (plus 2 $ de frais de livraison par la poste). Utilisez le bon de commande présent sur la page web de la FQAO (www.fqao.org) à l’onglet « publications ». Utilisez notre méthode de paiement Paypal ou expédiez votre commande par la poste accompagné de votre chèque libellé au nom de la FQAO et postez le tout à :

FQAO 1749 rue Boisvert, Laval, QC H7M 2L1


Mixtures Coordonnateur Robert Poliquin

Sommaire 4

Comité de rédaction Irène Brisson, Noëlla Genest, Robert Poliquin, Yves-G. Préfontaine Michelle Quintal

Les organistes 6

Collaborateurs à ce numéro Raphaël Ashby, Emmanuel Bernier, Louis Brouillette, Robin Côté, Martin Couture, Jean-François Downing, Céline Fortin, Jocelyn Lafond, Luc Létourneau, Yves Lévesque, Gérard Mercure, Robert Poliquin, Yves-G. Préfontaine, Michelle Quintal, Jacquelin Rochette Révision

Présentation

Une merveilleuse musicienne : Françoise Aubut Organiste concertiste, organiste liturgique, pédagogue et improvisatrice! (1ere partie) Les instruments

17 20 21 22

Marcelle Maheux, Gérard Mercure

La restauration des orgues de Saint-Cyrille-deWendover et Sainte-Edwidge-de-Clifton Un nouvel orgue pour « Un village qui s’accorde » Un orgue pour Val-d’Or La facture d’orgue dans la vallée du Saint-Laurent au début du XIXe siècle (1ere partie) Les activités

Impression Les Copies de la Capitale Paraît deux fois par année : mai et novembre Prix : Canada : 5 $ par numéro États-Unis : 7 $ par numéro Europe : 11 $ par numéro

Date de tombée : 1er du mois précédent

Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue Administration et trésorerie Réal Gauthier 1749, rue Boisvert Laval, QC H7M 2L1 Courriel : realgau@yahoo.com Mixtures Robert Poliquin 1203, rue du Sieur-d’Argenteuil Québec, QC G1W 3S1 Courriel : poliquin.robert@videotron.ca Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada Novembre 2017 ISSN 1201-5741

Les chroniques 30 31 32 33 33 34 35 37

Anniversaires en musique Ici et là, au Québec... - Montréal - Québec - Estrie - Drummond - Rimouski Parutions Revue des revues

En couverture : Mitchell 1874 Un clavier et pédalier 8 jeux, 8 rangs Traction mécanique Église Saint-André Saint-André-de-Kamouraska, QC

Les textes publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Mixtures, numéro 47, novembre 2017

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Présentation Le choix du sujet de ce billet se heurte souvent, dans mon cas, au syndrome de la page blanche. Quel sujet traiter qui soit à la fois intéressant et pertinent. Mais pas cette fois! Pas un, mais deux sujets, les voici : une rétrospective de l’année 2017 dans le domaine de l’orgue au Québec et la confidence d’un lecteur de Mixtures. 2017 L’année 2017 a été, pour le domaine de l’orgue, sans contredit, une année « faste ». En plus d’avoir été centrée autour de trois grands événements : le Concours d’orgue de Québec en juin, le congrès conjoint CRCO/AGO/FQAO en juillet, et le Concours international d’orgue du Canada en octobre, elle a permis de , soit celui du centième anniversaire de naissance de l’organiste Claude Lagacé. Cette année 2017 a aussi été lle cadre de centaines d’événements mettant en vedette l’orgue, et ce, dans toutes les régions du Québec. Des artistes réputés tout comme ceux de la relève ont assuré une production d’activités de haute qualité et d’une grande diversité. D’ailleurs, le calendrier publié sur le web par la FQAO recense quelque 275 événements, à part ceux qui ont pu être oubliés. Bravo et félicitations à tous les organisateurs et bénévoles engagés dans ces activités qui font en sorte de faire connaître l’orgue sous sa facette d’instrument de concert. En ce qui concerne les instruments, certaines communautés se sont investies dans la protection et la sauvegarde de notre patrimoine organistique. Ainsi, l’orgue de l’église Saint-François-d’Assise (Casavant, Opus 2130, 1952, III/P, 45 jeux) de Québec se retrouve maintenant à la cathédrale Saint-Jean-Eudes de Baie-Comeau, celui de la chapelle de la maison-mère des Sœurs de l’Assomption-de-la-Vierge-Marie (Pels & Zoon, 1962, III/P, 36 jeux) à Nicolet s’en va remplacer un instrument vieillissant à l’église SaintSauveur de Val-d’Or et celui de l’église Saint-Germain de Kamouraska (Casavant, Opus 348, 1909, II/P, 13 jeux) trouvera un nouveau foyer dans l’église Saint-Fulgence de Durham-Sud. Et ce, sans compter les efforts consentis pour la restauration et la réparation d’instruments qui font l’honneur et l’orgueil de leur communauté. Deux exemples de restauration font d’ailleurs l’objet d’un article dans ce numéro. Mixtures Que vient faire Mixtures dans tout ça? Mise sur pied en 1994 par une équipe sous la direction de Gaston Arel, elle se veut un reflet, voire un porte-parole de ce qui se passe dans le domaine de l’orgue au Québec tant au niveau des artistes que des facteurs. Quelle ne fut pas ma surprise, lors d’une rencontre informelle, qu’un lecteur, qui désire demeurer anonyme, insiste pour m’exprimer son attachement à la revue Mixtures en ces termes : « Je reçois Mixtures par la poste. Dès que j’aperçois l’enveloppe dans ma boîte aux lettres, il me faut cesser toute activité en cours pour prendre connaissance de son contenu. Il m’est impossible, voire impensable, de simplement déposer l’enveloppe en vue d’une lecture ultérieure. C’est comme un cadeau, je dois le déballer sur-le-champ. Je le feuillette rapidement pour me donner un avant-goût de ce qui m’attend. Puis, trouvant toutes les raisons du monde pour remettre l’activité en cours à plus tard, j’en commence la lecture que je savoure de la première à la dernière page. Ça prendra le temps que ça voudra, il me faut le parcourir au complet une première fois. Repu d’une première lecture, je la dépose sur la table à café pour y revenir de temps à autre, car il m’arrive de relire certains articles, ou pour simplement admirer les illustrations. Elle reposera là, bien à la vue, jusqu’au prochain numéro et fera les délices de mes invités. »

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Un tel commentaire ne peut laisser indifférent. C’est une grande marque d’appréciation envers tous celles et ceux qui sont impliqués, tous bénévolement, dans sa réalisation ce qui peut expliquer pourquoi, quelques fois, les dates de tombée peuvent être soumises à rude épreuve. Robert Poliquin Coordonnateur

Pour l’année 2017-2018, le comité exécutif de la FQAO se composera de MM. Harold Thibeault à la présidence (photo à gauche), de Yves Garand à la vice-présidence, de JeanFrançois Downing au secrétariat et de Réal Gauthier à la trésorerie. Nos remerciements à Jacques Boucher (photo à droite) qui a présidé le conseil cette dernière année.

Félicitations à Gilles Maurice Leclerc, d’Ottawa (photo à gauche), qui s’est vu décerner le titre de Fellow (honoris causa) du RCCO/CRCO lors de son congrès annuel en juillet dernier. Lors de ce même congrès, Frederick Francis (photo à droite), de la section de Montréal, a été honoré pour services rendus.

Félicitations aux lauréats des différents concours d’orgue tenus au Québec: 

Concours international d’orgue du Canada 1er prix : Alcee Chriss III, du Royaume-Uni 2e prix : Oliver Brett, du Royaume-Uni 3e prix : Nicholas Capozzoli, des États-Unis

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Concours d’orgue de Québec 1er prix : Rashaan Allwood, de Montréal 2e prix : Jillian Gardner, de New York

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Concours RCCO/CRCO 1er prix : Jason Biel, de Montréal 2e prix : Helen Tucker, de Montréal 3e prix : Emmanuel Bernier, de Québec

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Une merveilleuse musicienne : Françoise Aubut Organiste concertiste, organiste liturgique, pédagogue et improvisatrice

par Michelle Quintal

« Françoise Aubut se révèle comme une artiste de premier ordre, comme une organiste que le Canada peut fièrement présenter devant des auditoires les plus exigeants. » (Jean Vallerand, Le Canada, 9 janvier 1946) après un récital de Françoise Aubut à l’église Notre-Dame à Montréal. « L’artiste se maintient à son niveau, qu’elle travaille constamment, qu’elle n’a point peur des œuvres difficiles, profondes, sublimes des grands maîtres anciens et modernes, enfin qu’elle sait les rendre avec un style et une compréhension admirable. » (Eugène Lapierre, Le Temps, 28 février 1959) Lors de l’oraison funèbre célébrée en 1985 en l’église Notre-Dame-des-Neiges à la mémoire de cette organiste, Maryvonne Kendergi écrivait : « Ce décès nous enlève une grande musicienne, une interprète et une pédagogue dont les mérites doivent être rappelés et le souvenir maintenu. » Tel est le but de ce texte pour lequel j’ai demandé la collaboration de nombreuses personnes. Née à Saint-Jérôme le 5 septembre 1922,

. De par sa mère, elle est descendante de Calixa Lavallée et son père, quoiqu’ingénieur électricien, dirigeait des chorales. Elle débute ses études de piano vers l’âge de six ans avec Rachel, sa sœur aînée. À dix ans, elle choisit l’orgue comme instrument principal. « Mon père favorisait cet instrument, il l’appelait le roi des instruments. J’adorais mon père. Moi, j’étais fascinée par la couleur, les jeux, les multiples claviers et le pédalier. » Elle entre au Conservatoire national de Montréal, y étudie l’harmonie et le piano avec Antonio Létourneau et l’orgue avec Eugène Lapierre. Ce dernier n’est pas long à remarquer les dons exceptionnels de sa jeune élève. Afin de lui faciliter l’obtention d’une bourse, il la présente en récital à l’église Saint-Stanislas où il vient d’être nommé organiste. À 13 ans, le 23 avril 1936, elle donne son premier récital d’orgue jouant J. S. Bach, SaintSaëns, La Tombelle, Guilmant et César Franck. À (de bon virtuose), la jeune artiste le mémoire appuyée sur la maîtrise de sa technique et son aplomb aidant, elle ira loin… » Cette même année, Françoise obtient un diplôme les six Sonates en trio de J. S. Bach. L’année suivante, elle obtient un diplôme professoral d’orgue et de piano. En 1938, elle devient bachelière en musique pour ces deux mêmes instruments.

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À Montréal toujours, cette jeune musicienne a la chance de rencontrer l’éminent organiste Marcel Lapierre, lors de son séjour d’études à Paris de 1924 à 1928 avait étudié avec ce maître. « Dupré m’a conseillé d’aller travailler avec lui à Paris mais non sans avoir au préalable étudié à Boston », confiera-t-elle à Claude Gingras. C’est ainsi que grâce à une bourse du gouvernement du Québec, elle se retrouve au New England Conservatory de Boston. Lors de l’examen d’admission, constatant que deux notes de l’orgue sont muettes, cette jeune artiste transpose la pièce imposée un demiton plus haut, technique acquise auprès d’Eugène Lapierre. À Boston, elle travaille l’orgue sous la direction de Carl McKinley, le piano avec Jesus Maria Sanroma et l’harmonie avec Marian Mason. Elle annonce à sa sœur Madeleine (le 9 février 1938): « J’exécuterai sous peu un concerto de Mozart pour piano et orchestre. J’ai donc du Conservatoire dont le groupe orchestral a 150 instrumentistes. » Le 3 avril suivant, à son père, elle écrit: « Ma première rencontre avec l’orchestre, charmant papa, est très encourageante, malgré mes légères appréhensions quelques minutes avant la répétition, je gardai mon sang-froid jusqu’à la fin. Je l’exécutai par cœur (ce concerto). Dès que je fus sur le théâtre, toute crainte disparut et mes doigts demeurèrent fermes, je fus applaudi à deux reprises. »

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Le 15 février précédent, elle avait joué en récital le Prélude et fugue en la mineur de J. S. Bach pour orgue. « C’est le soir et je dois revêtir ma longue robe blanche : ce sera drôle cette robe pour jouer le pédalier; alors monsieur McKinley, prévoyant, me dit : to practice with my evening gown avant le 15. C’est moi qui ouvre le programme sur l’orgue à quatre . du New England Conservatory. Son professeur l’aide à préparer son prochain récital, soit celui du 11 juillet à la basilique Notre-Dame de Montréal. Il la fait répéter sur l’orgue de l’église Old Soul, instrument dont les boîtes expressives sont semblables à celles de l’orgue Casavant de Notre-Dame. Sur ce même Casavant, elle choisit d’interpréter deux des œuvres de ses professeurs, soit : Silhouettes de McKinley ainsi que Berçeuse sur Adeste Fideles d’Eugène Lapierre. Elle ajoute à son programme des musiques de Karg-Elert, Haendel, César Franck, J. S. Bach et Vierne.

Études à Paris Françoise Aubut part pour Paris le 23 juillet 1938 sur le paquebot Monteclare, en compagnie de sa sœur Rachel. Cette jeune organiste bénéficie alors d’une bourse du Gouvernement du Québec. Pendant un an, elle suit donc des cours privés d’orgue et d’improvisation chez Marcel Dupré. Elle l’annonce avec fierté à sa famille en ces termes : « Je prends demain, jeudi 13 octobre, ma première leçon d’orgue chez monsieur Dupré à Meudon sur un majestueux orgue. » Elle professeur d’orgue mais je vais m’occuper de toutes vos études, je ne mesurerai pas mon temps, ni vos heures de leçon’’ ». Elle s’inscrit aussi aux cours d’harmonie, de contrepoint et de invitée à fréquenter sa classe. À l’automne 1938, son frère lui envoie une somme d’argent lui permettant de se procurer un phonographe. Ainsi, Françoise peut écouter suivant en cela le conseil de Nadia Boulanger. Le 23 décembre, elle dispose enfin d’un instrument de travail à la maison : « Mon orgue n’est pas Toujours en décembre, elle écrit à ses parents : « L’orgue que j’ai touché hier date de 1836 et fut tenu jadis par César Franck. Cela me valut cent francs et un immense pain bénit. » Il s’agit sans doute du Cavaillé-Coll de Sainte-Clotilde. 1938) : « Monsieur Dupré est infiniment doux et aimable. Tous les dimanches, messes et vêpres, je suis sur le banc de l’orgue près de lui. Il dit que cela me vaut une leçon et il me choisit pour être à côté de lui (car dans un jubé très exigu où il n’y a que l’orgue c’est grand comme ma main et il y a 20 personnes chaque fois). » Elle décrit ainsi la tribune de Saint-Sulpice où Marcel Dupré a touché les orgues Cavaillé-Coll de 1934 à 1971. Soudain, le 3 septembre 1939, déclaration de guerre entre la France et l’Allemagne : mobilisation générale. « Vers la deuxième semaine de septembre, nous n’avions déjà plus d’autre perspective que de retourner au Canada : alors, en attendant le bateau, nous avons décidé de prendre des cours d’infirmière auxiliaire à la CroixRouge », annonce-t-elle le 24 septembre. Il en résulte des examens oraux, écrits et pratiques, réussis avec grande distinction.

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deux ans plus tard dans une lettre de au Conservatoire de Paris. Mais, en décembre suivant, les deux Canadiennes sont prises dans une rafle. Les Allemands les internent en tant que sujets britanniques aux casernes de après plusieurs mois de détention. Fort heureusement, un médecin autrichien mélomane a la bonne idée de falsifier son rapport d’examen. Il les déclara toutes deux contagieuses (les Allemands craignaient beaucoup la contagion). Elles ont donc été réformées pour cause de santé en juin 1941. Sa sœur Rachel rapporte : « Françoise reprit ses cours d’orgue avec Marcel Dupré et termina l’étude de la fugue avec Simone PléCaussade. » Elle ajoute : « Françoise a pu se procurer un petit instrument à deux claviers à un prix abordable. » (d’après le texte d’une carte postale envoyée à Cécile Armagnac, 7 juillet 1941). De plus, elle fréquente l’École normale de Paris et y travaille le piano avec Alfred Cortot, avec Norbert Dufourcq et la composition avec Henri Büsser. Il faut spécifier ici que la bourse d’études que le Gouvernement du Québec lui avait octroyée en 1938 a été renouvelée en 1939. Lorsque les communications entre le Canada et la France sont de l’ambassade suisse, des transferts de fonds du Canada vers la Suisse. Elle remboursera ces prêts ultérieurement.

technique du manuel et du pédalier est impeccable, elle sait registrer, ses interprétations sont non seulement correctes, mais brillantes, d’orgue au Palais de Chaillot. » Par la suite, elle joue et improvise au Château de Versailles devant le général Eisenhower, son état-major et 600 Américains. Suit un autre concert dans l’hôtel particulier du comte à Paris. Fin 1944, à Saint-Sulpice, elle interprète Bach, Dupré et improvise un Allegro de symphonie sur un thème donné par un auditeur. Françoise faillit ne pas revenir au pays étant . Heureusement, madame Vanier est intervenue dans cette affaire et l’a convaincue de regagner le Canada : « Vous allez décevoir les gens qui attendent votre retour », fit-elle remarquer. Après le retour de Françoise au protégée.

une relation épistolaire avec leur

En 1944, à 21 ans, elle obtient le Grand Premier Prix d’improvisation à l’orgue : couronnement de tous ses cours suivis au Conservatoire de Paris. C’était la première fois qu’un citoyen nord-américain recevait cet honneur. Pour ce concours, madame Pauline Vanier (épouse du général Georges Vanier, ambassadeur canadien à Paris) qui, dès le début de son séjour à Paris, a été une mère pour elle, emprunte une robe longue à une de ses amies afin que Françoise soit convenablement vêtue. La jeune femme remettra cette robe à sa propriétaire. Cette même année, elle donne un récital sur les orgues du Trocadéro, au théâtre national du Palais de Chaillot, sous la présidence de son excellence le général Vanier et de son épouse. Des œuvres de Purcell, Haendel, Bach, Franck, Vierne et Dupré sont au programme.

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Retour au Québec Elle rentre au Québec en mars 1945 avec sa sœur Rachel. La réadaptation est extrêmement difficile : elle ne comprend plus le langage de sa famille. Pendant deux ans, toute correspondance avait été coupée avec ses parents. Il s’ensuit une terrible dépression qui dure six mois, et elle doit être hospitalisée. « Malheureusement, sa première apparition en public au Canada est gâtée par la mesquinerie dont on connaît le dévouement envers les jeunes musiciens méritants, voulait que Françoise Aubut se fasse entendre au grand concert de la Victoire organisé par les Festivals de , Émil Cooper, fait en sorte que l’orchestre recueille seul tous les mérites, si bien que l’on ne peut entendre la délicieuse Passacaille de Bach que notre jeune organiste connaissait. » (Musique et musiciens, novembre 1945). En dépit de cette déception, et sa santé s’étant améliorée, elle peut jouer en concert à Saint), ainsi qu’à la basilique Notre-Dame de Québec (18 décembre) où elle improvise sur un thème donné par Robert Talbot. En 1946, sa carrière est lancée. Son impresario Georges Armand Robert lui déniche un concert le 7 janvier à l’église Notre-Dame à Montréal. Elle y sera réinvitée en juillet. Suivent St. Andrew and St. Paul, et la chapelle du Collège Saint-Laurent à Montréal, Hull, et la basilique Notre-Dame à Québec. La Société du Bon parler français l’introduit secrétaire d’honneur. Dans la revue Musique et musiciens (novembre 1945), on annonce une tournée de concerts aux États-Unis pour l’automne 1946. Entre temps, le 25 septembre, elle épouse le lieutenant Maurice Pratte, vétéran de la campagne d’Italie, neveu du très honorable Ernest Lapointe. La cérémonie religieuse a lieu à la basilique Notre-Dame de Québec. Jean-Marie Buissières touche l’orgue. Cependant, dans les journaux de l’époque, on peut lire que Marcel Dupré avait été pressenti pour cet événement. Ce mariage malheureux handicapera sa santé et sa carrière.

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Interprète Au fil des années, cette interprète répondra à différents engagements. Ainsi, elle reviendra en Europe, notamment à Aix-en-Provence, participer à la célébration entourant le bicentenaire de J. S. Bach (1949) et à Paris, pour jouer au Trocadéro. Elle donne aussi un récital à l’Exposition universelle tenue à Bruxelles (1955). Au Québec, elle se produira pour la troisième fois à la basilique Notre-Dame de Québec grâce à l’entremise de son deuxième impresario, Lucien De Champlain (1948). Elle inaugure les orgues de Saint-Polycarpe (1952), le Casavant de l’église Sainte-Madeleine en Mauricie (1955) ainsi que les orgues rénovées de Louiseville (1977). L’organiste Pierre Gadbois, natif de Louiseville, présent à cette prestation, en garde un vibrant souvenir. En Ontario, elle est invitée à la cathédrale Notre-Dame d’Ottawa improviser et aussi jouer entre autres la brillante Fantaisie et fugue sur le choral Ad nos ad salutarem undam de Liszt. Soliste invitée en 1948 à London pour le congrès du Canadian College of Organists, elle a l’honneur d’y être réinvitée pour un autre congrès en 1955. Voici un extrait de la critique élogieuse de cette dernière performance parue dans The Diapason (1er octobre 1955) : « The concluding recital of the convention played by Françoise Aubut turned out to be one of the most surprising of all. She

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de tribune de l’église Saint-JeanBaptiste tandis que Raymond Daveluy joue l’orgue de chœur pour la création du Psaume CL de Jean Papineau-Couture. Terminée le 31 décembre 1954, cette grande fresque de 20 minutes pour soprano et ténor, chœur mixte, deux flûtes, cuivres et deux orgues est certainement l’œuvre la plus jouée de ce compositeur. Ce Psaume est, en 1956, gravé sur vinyle pour Radio-Canada International. De passage à Montréal deux ans plus tard, les 26 et 27 mai, Nadia Boulanger, dirige cette œuvre de Jean Papineau-Couture, son ancien élève. Ce concert, enregistré par Radio-Canada, est diffusé le jour suivant dans tout le Canada francophone et anglophone, l’émission est animée par Maryvonne Kendergi, aussi ancienne élève de Mademoiselle (ainsi que Nadia Boulanger demandait qu’on la nomme). Cette œuvre est rediffusée, en 1983, à Musique du Canada. À la suite d’une prestation au grand orgue de l’église Notre-Dame à Montréal de L’Ascension d’Olivier Messiaen, Eugène Lapierre constate, le 28 février 1959, que « Ce Messiaen, il est encore une grande énigme pour l’opinion et la critique universelle. N’empêche qu’à l’entendre exécuter par madame Pratte, on a l’impression de le pénétrer davantage. » Madame Aubut-Pratte a fait connaître l’œuvre d’orgue de ce compositeur non seulement par et l’enseignement. Ainsi, elle a interprété en première canadienne à la SRC La Nativité (1957), Les corps glorieux (1961), Le livre d’orgue (1966). Notons qu’il y avait admiration réciproque entre ce poète organiste et Françoise Aubut. Ne lui a-t-il pas demandé de le remplacer à l’église de La Trinité lors de sa tournée américaine en 1948? Ils Benoît Lacroix qui a beaucoup connu Françoise Aubut, Messiaen avait envoyé à cette brillante interprète le générique de son oratorio accordée à Renée Larochelle en 1984, elle confie que « Messiaen est pour moi le plus grand musicien peut-être même plus grand que Bach ».

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Voici un extrait d’un texte élogieux qu’elle a écrit à l’occasion d’un hommage à Olivier Messiaen tenu à Montréal le 30 octobre 1978 : « À sa classe au Conservatoire de Paris, ainsi qu’à ses cours chez Bernard Delapierre (rencontres qui réunissaient des musiciens tels que Loriod et Boulez), il parvenait à nous faire réaliser cet équilibre très rare entre l’instinct et la raison, l’élan et le contrôle; il symbolisait pour nous l’indépendance et la liberté d’expression. En un mot, il était incorruptible. » Le musicologue Jean Boivin, pour sa part, note avec justesse : « Dès son retour à Montréal en 1945, Françoise Aubut défend avec ardeur la musique d’orgue de Marcel Dupré ainsi que celle de Messiaen, totalement inconnue au Québec, et d’une surprenante modernité pour le public largement conservateur des concerts sacrés. Pour Aubut comme pour beaucoup d’autres, le décalage est brutal. Ici, la musique sérielle était une nouveauté alors qu’elle était déjà dépassée làbas. » (Olivier Messiaen et le Québec: une présence et une influence déterminante sur la création musicale de l’après-guerre, 1996) , Pange lingua, Ave Maris Stella et la Symphonie Passion, œuvres qu’elle a fréquemment jouées et enregistrées pour la radio, ainsi que les 14 stations du Chemin de la croix, Cortège et Litanies, Préludes et fugues en si mineur, fa mineur, sol mineur, La Nativité, Résurrection, Évocation op. 37, Magnificat, Choral et fugue, etc. Je me permets d’évoquer un souvenir : « Nous étions une vingtaine d’auditeurs au printemps 1962, rassemblés à la tribune de l’église Notre-Dame à Montréal pour

du Chemin de la Croix de Marcel Dupré, œuvre au programme. Elle s’installe à l’orgue, . Je suis ébahie par sa maîtrise, son aplomb, et surtout sa simplicité. » Elle m’a confié que le compositeur organiste Jean-Jacques Grünenwald lui avait demandé d’interpréter sa musique. C’est ainsi qu’à la radio d’État, en 1968, 1975, 1980, cette artiste a joué, de ce compositeur, en première canadienne, Allégresse, Pièce en mosaïque, La Nativité. Mentionnons que cette dernière pièce de Grünenwald a été composée pour le concours d’orgue du Conservatoire de Paris tenu en 1961.

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Au programme de ses concerts, on retrouve, en sus des auteurs déjà cités, les noms de Rolande Falcinelli, Jeanne Demessieux, Alexandre Boëly, Jean Langlais, Jehan Alain (Litanies), Louis Vierne, César Franck, Max Reger (Introduction et Passacaille) ainsi que ceux de Roger Matton (Suite de Pâques, 1963) de François Morel (Prière, création en 1968), sans oublier Bach. « À une certaine époque, à Montréal, Françoise Aubut était l’organiste qui interprétait le mieux J. S. Bach », a confié un organiste éminent lors d’une interview qu’il accordait à ) à l’occasion d’une émission pour la radio communautaire. La Société Saint-Jean-Baptiste reconnaît ses mérites en lui octroyant, en 1961, la médaille Bene merenti de Patria. Assorti d’une bourse de 500 $, ce prix annuel connu sous le nom de prix Calixa-Lavallée, lui est décerné en reconnaissance de sa compétence dans le domaine musical, particulièrement à titre d’organiste de grande renommée (lettre du 13 avril 1961). Il convient ici de mentionner qu’Eugène Lapierre, son premier professeur, n’a eu droit à cet honneur qu’en 1966. Ironie de l’histoire, Lapierre avait publié en 1936 Calixa Lavallée, musicien national du Canada, pour lequel il a reçu en 1937 le Prix Athanase-David. Cet ouvrage a été réédité en 1950 et en 1966. Et fait encore plus ironique, Eugène Lapierre était juge en 1961 alors que Françoise a raflé cet honneur. Elle sera juge à son tour en 1968 alors que Gilles Tremblay recevra cette distinction. On l’a entendue fréquemment à Radio-Canada. Dès 1946, il y a radiodiffusion de ses concerts à la Société Radio-Canada tels ceux de la basilique Notre-Dame de Québec (1946) ou de la cathédrale Marie-Reine-du-Monde (1953). Il y a même télédiffusion en 1958 d’un concert avec orgue et orchestre provenant de la basilique Notre-Dame de Québec. La musicienne élargit son auditoire en participant à des émissions telles que Radio Carabin, Votre choix, Music of Today, Concert d’orgue, Récital d’orgue, Musique du Canada, etc. Pendant les dernières années de sa vie, tenant compte du fait que sa santé se détériorait, elle n’enregistre qu’à la chapelle conventuelle de SaintAlbert-le-Grand (Casavant 1960, trois claviers, 20 jeux).

license, raconte : « J’ai assisté en personne au pavillon du Canada à son récital sur le petit avait construit et installé à ce pavillon. Bien entendu, comme toujours, elle est impeccable de la première à la dernière note. Elle n’a pas répété sur cet instrument avant le récital. ». Pierre Gouin d’ajouter : « En fait, elle ne répétait jamais. Pas besoin. » Du 12 au 15 juin 1967, elle y interprète César Franck, J. S. Bach, Langlais, Dupré et d’Arthur Letondal Andante moderato. Pierre Gouin a osé qu’une bonne partie de ses études au Conservatoire de Paris se sont déroulées durant la guerre et l’occupation allemande. Les très fréquentes coupures de courant rendaient aléatoire l’utilisation des orgues. Marcel Dupré faisait alors travailler ses élèves à la table, leur demandant de mémoriser la pièce en la lisant dans la partition avant d’avoir l’occasion de l’exécuter sur l’instrument, par cœur bien entendu. Avec toutes ses heures d’enseignement réparties entre les différentes institutions musicales, comment trouve-t-elle le temps de travailler son instrument? Pour Colette Favretti, une de ses à l’orgue avant un enregistrement radiophonique, elle a cette phrase rassurante : « Ne vous inquiétez pas, Colette, je lis mes partitions deux heures chaque soir. » Et pourtant, elle était exceptionnellement douée. Elle avait le goût du travail bien fait.

Elle est aussi invitée à l’Exposition universelle de Montréal en 1967. Pierre Gouin, qui dans les années 1969-1970 étudie la fugue et l’orgue avec madame Aubut au niveau de la Mixtures, numéro 47, novembre 2017

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Pédagogue . Elle circulait entre les différentes écoles telles l’Institut Nazareth, les Conservatoires de musique du Québec à Québec et à Montréal, le Collège de musique Sainte-Croix, l’École de musique Vincent-d’Indy. De 1951 jusqu’à son décès en 1984, elle donne des cours d’orgue et d’écriture notamment à la Faculté de musique de l’Université de Montréal : elle y deviendra professeure agrégée en 1968. Lors d’une interview avec Renée Larochelle, cette pédagogue confie avoir participé à la création de cette faculté avec Clément Morin, p.s.s. et le compositeur Jean Papineau-Couture. Dans le cadre de tâches inhérentes à son statut, elle fut directrice de différentes thèses dont, entre autres, celle de Réjane Saint-Denis sur le symbolisme et la pédagogie dans les chorals de Bach (1974), celle de (1975) ainsi que le mémoire de maîtrise de Colette Favretti sur le Chemin de la croix en 14 stations de Marcel Dupré (1981). Jean Thibault nous raconte ici les cours d’écriture suivis à la Faculté de musique de l’Université de Montréal avec madame Aubut dans les années 1979 : « Les cours d’harmonie tonale duraient pause : une façon d’aiguiser notre endurance et notre capacité de concentration. Madame Aubut se montrait assez stricte sur les règles tout en faisant valoir beau est mieux que le bon’’. Les que devoirs étaient corrigés directement au piano en début de cours, tous les étudiants agglutinés autour de l’instrument. Nous apprenions beaucoup ainsi des bons . Si un travail s’avérait être médiocre, c’était sans méchanceté, mais Madame ne mettait pas de gants blancs pour nous le signifier! Les cours d’harmonie au clavier étaient particulièrement substantiels et exigeants. En plus des basses chiffrées et chants donnés, nous , des expositions de fugues, lire dans les clés d’ut et transposer à vue. Un redoutable programme! »

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Mentionnons que madame Aubut avait été à dure école, une école plus exigeante, les cours de Messiaen qu’elle avait suivis à Paris dans les années 1940 duraient de neuf heures à treize heures sans pause! La soprano Céline Dussault, qui a suivi ses cours de contrepoint, se rappelle : « Je garde le souvenir d’une femme frêle, délicate et compétente, qui savait s’émerveiller de nos modestes » Ont bénéficié entre autres, au Conservatoire de Montréal, de ses connaissances en écriture : la compositrice Micheline Coulombe, Prix d’Europe 1973 ainsi, qu’au Prix d’Europe 1962.

,

Cette dame qui aimait assister à l’émergence d’une personnalité (selon l’expression de Nadia Boulanger) a formé des générations d’organistes . Elle préconisait le travail technique dans les œuvres elles-mêmes plutôt que dans les exercices. Josée April, organiste, claveciniste aussi pédagogue au Conservatoire de Rimouski me livrait ce témoignage: « Madame Aubut, une grande musicienne, elle travaillait avec les forces de ses élèves », tout en ajoutant : « Elle a fait vivre Messiaen en moi. » Jean Thibault nous offre cet éclairage au sujet des cours d’orgue : s’inspirait largement de la tradition européenne : les cours d’orgue s’apparentaient à une classe de maître, c’est-à-dire que nous étions tenus d’assister aux prestations de nos camarades. Cette obligation n’avait toutefois rien de contraignant et nous nous y prêtions avec bonheur puisque cela nous permettait de tirer profit des commentaires adressés aux autres étudiants de la classe et nous donnait l’opportunité de prendre contact avec un large répertoire. Nous étions donc trois ou quatre à nous retrouver autour de l’orgue de la chapelle des Dominicains pour notre cours hebdomadaire. Nous travaillions, bien entendu, quelques pièces de Bach, Mendelssohn ou Franck; mais madame Aubut nous orientait aussi vers un répertoire plus marginal, nous

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française qu’elle avait côtoyés durant ses études au Conservatoire de Paris. Ces cours de groupe, loin de se limiter à l’aspect exécution ou interprétation, étaient le lieu d’un apprentissage beaucoup plus large. Madame Aubut partageait spontanément son immense culture, faisant ressortir pertinemment les liens avec les arts visuels, la littérature, l’histoire et d’autres aspects du domaine spécifiquement musical; commentaires éclairant les œuvres du répertoire symphonique, opératique et pianistique, qu’elle connaissait à fond. Cela donnait lieu à des échanges et discussions nous entraînant parfois bien loin de la partition, mais combien enrichissants et passionnants! accordait une grande importance à l’élégance du phrasé, la dimension agogique du discours musical et de la registration, qui devait favoriser une parfaite intelligibilité du texte, quitte à s’écarter des s à l’orgue durant les cours, et lorsqu’elle y consentait c’était généralement très bref, mais alors, quelle intensité en l’espace de quelques mesures! Nous en restions pantois. Madame Aubut faisait partie de la dernière génération de solistes qui se permettaient une grande liberté d’interprétation à tous points de vue, caractéristique des virtuoses issus de la période post-romantique. Ceci se reflétait dans son enseignement en ce sens qu’elle nous laissait une grande latitude sur le plan de l’expression, manifestant beaucoup d’ouverture à la sensibilité de chacun, pourvu que cela demeure cohérent, bien entendu. » (Notons que Jean Thibault a gravé trois disques compacts : Walther à la cathédrale Christ-Roi de Gaspé où il a été organiste, Musique romantique pour orgue à l’église Saint-Charles de Caplan, Organistes compositeurs de la basilique SainteClotilde de Paris, à la cathédrale ImmaculéeConception d’Edmundston.)

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Pierre Rochon qui a travaillé avec cette pédagogue à l’Université de Montréal et aussi au Conservatoire de Montréal nous en dessine le portrait : « Quand l’élève s’exécutait, elle détournait poliment la tête en se retirant légèrement, le regard penché vers le sol et quand elle émergeait son visage disait tout. En réajustant son châle, elle venait d’un geste lent, tourner deux, trois pages et pointait d’un , suggéré cela, à propos du point où nous étions. » Pierre Gouin ajoute : « Madame Aubut était toujours polie et étaient exprimés de façon lapidaire et sans appel. Elle détestait les Sonates pour orgue de Paul Hindemith. C’est très

Il est important de souligner ici que deux organistes, élèves de madame Aubut, ont remporté le prestigieux Prix d’Europe, soit Monique Gendron en 1966 et Lucie Madden en 1968. participera à des colloques et des rencontres sur le répertoire de l’orgue et des techniques 1955, 1958, 1960 (octroi du Conseil des Arts du Canada), 1964 et 1965. Elle est retournée à Paris en 1948 suivre des cours d’esthétique rythmique chez Messiaen. Toute sa vie, elle se fera un devoir de consulter ce compositeur. Le Conservatoire de Paris retient ses précieux services comme juge pour la classe d’orgue de Rolande Falcinelli, non seulement en juin 1962 , mais aussi en 1978. Précédemment, au Québec, elle avait été sélectionnée en 1956 pour cette fonction lors de la tenue du prestigieux Prix d’Europe. En 1949 et 1956, on retrouve son nom comme juge pour le Rotary Club ainsi que pour le concours Baldwin, section classique, en avril 1980. Entre temps, son activité de pédagogue a été reconnue par ses collègues en 1970, alors que les professeurs de musique du Conservatoire du Québec l’ont déclarée membre d’honneur de leur Association. Page 13


Organiste liturgique Organiste d’église, elle le fut, et ce, pendant plus de 30 ans. Lors de son séjour en France, elle avait été organiste à l’église Notre-Dame-del’Assomption de Passy. À Montréal, elle fut titulaire des orgues de la paroisse Saint-Édouard (1950 à 1955), ensuite à l’église Notre-Damedes-Neiges (1955 à 1984) ainsi qu’à l’église conventuelle Saint-Albert-le-Grand (1968 à 1984). Le fait d’habiter pendant au moins 15 ans la rue Decelles (no 5160), non loin de l’église NotreDame-des-Neiges et de celle de Saint-Albert-leGrand, a peut-être facilité ses déplacements. Mentionnons qu’elle a pu, de 1968 à 1984, occuper simultanément ces deux postes grâce à l’aide de son assistante, Colette Favretti. dans les années 1960 nous confie : avec beaucoup de conviction et de disponibilité. Si les bouleversements liturgiques que nous avons connus ont suscité les critiques des plus grands organistes, Françoise Aubut, lucide dans son sens de l’obéissance, savait s’adapter sans faire de concessions et disait en musique ce que bien des mots n’auraient pas suffi à rendre. Elle était profondément croyante. Entendre un choral de Bach interprété par elle, c’était apprendre à prier. J’ai toujours connu cette femme si frêle, abîmée par tant de souffrances et probablement à cause du contact quotidien avec ces souffrances, comme profondément mystique. » Improvisatrice Françoise Aubut ne se voit pas comme compositrice mais plutôt comme improvisatrice. Cependant, elle a semblé s’orienter vers ce métier à une certaine période de sa vie. De Boston où elle étudiait non seulement l’orgue mais aussi l’harmonie, le contrepoint et la composition, elle écrivait à son père en mars 1938 : « Je vous dédie vous demander de me tracer des portées musicales? J’en use un grand nombre pour mes exercices de contrepoint, mes essais de compositions. »

pose et dont quelques-unes sont déjà achevées : d’abord Marche funèbre terminée hier, Acrobate, Gavotte, Reflets, Prélude pour orgue terminés et auxquels je veux ajouter une fugue, Tarentelle, Ce que luttent les cœurs fidèles, Rêverie, Concerto pour orgue et piano (très peu avancé). » Dans les archives de madame Aubut, je n’ai malheureusement pas trouvé trace de ces œuvres. Par contre, y apparaissent en 1946, enregistrées en droits d’auteur, trois messes avec accompagnement d’orgue : Messe brève à deux voix égales, Messe à trois voix égales et Messe de Requiem. En 1981, elle signe Cinq pièces pour orgue, inspirées de la Messe Gens du pays composée par Jean-Guy Perreault sur un thème de Gilles Vigneault. À Paris, dans la classe de Nadia Boulanger, elle a suivi les cours d’harmonie, de contrepoint, de fugue, d’orchestration et d’instrumentation (lettre de 1938) ainsi que les cours de composition d’Henri Busser et d’Olivier Messiaen. Cette même année, elle écrivait à ses parents : « J’ai commencé l’improvisation, c’est une discipline de l’inspiration comme le contrepoint et l’harmonie le sont de la composition. Fi de ceux qui croient improviser et créer avec le trémolo de pour son Concours au Conservatoire de Paris, épreuve qu’elle redoutait (lettre de juillet 1939) mais à laquelle elle s’est bien préparée. Olivier Messiaen en témoignait ainsi dans une lettre de recommandation de 1946 : « Elle improvise avec imagination et poésie », après l’avoir entendue Sulpice. De retour au Québec, avec le compositeur Maurice Blackburn (aussi ancien élève de Nadia National du Film mais cette collaboration avec Renée Larochelle. « J’entends plein de écrites même si j’ai la technique pour les écrire », disait-elle à cette journaliste. Elle concluait ainsi : « Je ne me vois pas comme compositrice mais plutôt comme improvisatrice. »

Le 1er février de cette même année, dans une lettre à sa famille, elle avait annoncé précédemment : « Rachel tient à ce que je vous exprime le nom de mes esquisses musicales que je com–

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À Marcelle Barthe qui l’interviewe le 6 octobre 1945 pour Radio-Canada, elle confie préférer l’improvisation à la composition parce que c’est plus passionnant, plus excitant que la composition, « ... parce que c’est plus moderne. Il m’intéresserait de l’enseigner parce que je considère que l’improvisation se travaille selon les mêmes principes et les mêmes méthodes que la virtuosité d’exécution et n’est pas uniquement produit d’une imagination fertile et d’inspiration momentanée. Pour aborder l’étude de l’improvisation, il faut avoir acquis à l’instrument une technique suffisante, posséder une base solide d’harmonie et de contrepoint, quelques notions des formes musicales. » Ce qu’elle possédait à un haut niveau.

Décès de Françoise Aubut

Au Conservatoire de Québec, elle a donné en 1949 une conférence, L’improvisation au clavier. Je peux témoigner que c’est avec beaucoup de patience qu’elle m’a enseigné cette science au Conservatoire de Montréal dans les années 1960. Dans un souci de perfectionnement, elle s’inscrit en 1955 à une classe d’improvisation en France. En début de carrière, elle improvise aux

Cette organiste d’expérience avait préparé sa

. a-t-elle confié à Pierre Grandmaison. Elle improvise aux offices liturgiques, ce qui lui permet de « ... coller aux célébrations religieuses ». Cependant, l’organiste Yves Garand, qui a travaillé avec cette pédagogue, m’apprenait que Françoise Aubut allait à l’orgue de l’église NotreDame-des-Neiges improviser tous les midis pendant une heure pour les élèves de la Faculté de musique qui se rendaient là avec leur lunch pour l’entendre. « C’était magique », témoigne-t-il. de ces moments?

Françoise Aubut est décédée le 8 octobre 1984, un lundi de l’Action de grâce. Elle avait eu 62 ans le mois précédent. Sachant sa fin prochaine, elle a eu l’énergie de retourner en France dire adieu à Pauline Vanier, sa deuxième mère, et aussi saluer pour une dernière fois la famille de Rolande Falcinelli à laquelle elle était attachée. Étant donné qu’elle tenait beaucoup à finir sa vie dans son appartement, Colette Favretti et Jean Thibeault, ses élèves, l’ont aidée à sortir de l’hôpital. De son côté, Guy Côté, son exécuteur testamentaire, lui a trouvé une infirmière, LouiseMarie Simon, qui l’a assistée jusqu’à la fin.

suivant à la chapelle Saint-Albert-le-Grand des Pères Dominicains. C’est ainsi qu’à l’entrée, les fidèles ont entendu de Ravel, Pavane pour une . Aux autres moments de la célébration, se glissaient les œuvres de Dupré : Cortège et Litanies, Audi benigne Conditor et aussi de Boëly, un pour la SRC sur le Casavant de cette chapelle en décembre 1983. Cette dernière prestation fut diffusée en mars 1984.

Aubut en grande estime, témoigne : « La mort d’un artiste fait penser à la clé que l’on pose en quittant son atelier : quelqu’un n’est plus, quelque chose demeure. Madame Aubut, organiste distinguée, interprète des grands claviers d’orgue et combien raffinée dans ses jeux et ses improvisations, nous a quittés en laissant derrière elle, si secrète et si attentive à la fois, l’image de la musique à l’état pur. Par elle, la musique s’est faite chair! Encore tout dernièrement, comme pour apprivoiser ses derniers moments qu’elle devine depuis qui veut la déserter, je la vois arriver près de l’orgue de la chapelle conventuelle des Dominicains de Saint-Albert-le-Grand, elle ouvre un cahier, pose sur le clavier ses mains pleines d’arthrite ou donne un conseil

Photo prise en 1968 avec le compositeur Gilles Tremblay qui a aussi étudié avec Olivier Messiaen

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, les yeux presque fermés déjà. Quelle femme ! » (Le Devoir, 12 octobre 1984)

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En janvier 1985, sa collègue Maryvonne Kendergi, musicologue et commentatrice, a organisé une cérémonie musicale et religieuse à l’église NotreDame-des-Neiges, au cours de laquelle des étudiants de la Faculté de musique ont interprété des . Colette Favretti, une de ses dernières élèves, touchait l’orgue. Voici le témoignage de madame Kendergi : « Françoise Aubut nous quitte après de longs mois de souffrance physique qu’elle a surmontée avec l’énergie secrète qui était sienne. Françoise s’en est allée doucement. Discrètement même. Aussi discrètement, À nos côtés (son bureau était voisin du mien). Sans jamais s’imposer. Plus encore, en s’esquivant presque. Pour beaucoup de Non seulement parce que l’organiste est toujours hors de la vue de son public, mais aussi parce que Françoise se tenait à l’écart. Délibérément. Refusant même nos tentatives de rapprochement. Sauf en certains moments d’échanges. Rares. Mais alors quelle intensité en quelques instants ! D’autres témoignages pourraient s’ajouter à ces lignes. Que cependant je m’honore d’écrire en hommage à une collègue et amie qui fut, dans un effacement que nous n’avons pas su contrecarrer, un de nos plus beaux talents. L’enregistrement discographique nous en a conservé les traces sonores. À nous de garder en nos mémoires , UNE MERVEILLEUSE MUSICIENNE. » Postlude Son mari, Me Maurice Pratte, est décédé dans les années 1970. Alors qu’il était hospitalisé, Françoise se faisait un devoir d’aller le visiter presque quotidiennement. Malheureusement, son époux lui a laissé des dettes que cette musicienne espérait avoir fini de rembourser en 1987. La vie en a décidé autrement…

NDLR La suite de ce texte (témoignages, discographie et bibliographie) apparaîtra dans le prochain numéro.

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La restauration des orgues de Saint-Cyrille-de-Wendover et de Sainte-Edwidge-de-Clifton par Yves Lévesque 1

Dans le monde de la facture d’orgue au Québec, le début du XXe siècle est marqué par la généralisation de l’emploi de la traction tubulaire. La technique permettait de disposer les différentes composantes de l'instrument en fonction des contraintes architecturales des églises nouvellement construites et d’éloigner la console du corps principal de l'orgue. Cette innovation technologique offrait bien des avantages qui reléguèrent la traction mécanique aux oubliettes. Le premier quart du siècle a donc connu les années glorieuses du tubulaire : pensons à la production de Casavant, de Joseph Pépin, de la Compagnie d'orgues canadiennes… Mais déjà à l'époque, la technique était menacée, ses heures étaient comptées : la traction électropneumatique gagnait du terrain (débutant avec la basilique Notre-Dame d’Ottawa, en 1892) en lien direct avec les progrès de l’électrification au Québec. Selon un catalogue des opus de Casavant, 342 instruments furent fabriqués entre 1910 et 1917, dont 91 à traction électrique, installés dans les grands centres urbains ou en périphérie; la majorité des autres, de type tubulaire, se retrouvèrent en milieu rural. Les orgues de Saint-Cyrille-de-Wendover et de Sainte-Edwidge-de-Clifton sont des témoins de cette période, où orgue et électricité ne formaient pas encore une union indissoluble. Saint-Cyrille-de-Wendover Portant le numéro d’opus 672 de Casavant, cet orgue tubulaire-pneumatique est construit en 1916. Il comporte 20 jeux répartis sur deux claviers et pédalier, logés dans deux buffets installés de part et d’autre de la tribune. À l’intérieur de chacun se trouve un grand réservoir muni de pompes. Il faudra attendre 1924 pour qu’une soufflerie électrique soit installée. Les plans initiaux, tant du bâtiment que de l’orgue, n’ayant pas prévu cette addition, la soufflerie est « suspendue » dans l’une des cages d’escalier menant à la tribune. Le grand vaisseau de l’église permet un déploiement sonore riche, mais sans agressivité.

Grand-Orgue

Récit expressif

Pédale

Accouplements

1

Principal 8’ Viole de gambe 8’ Bourdon 8’ 1 Voix céleste 8’ Principal 4’ Flûte harmonique 4’ Hautbois 8’ Voix humaine 8’ Trémolo

Flûte ouverte 16’ Flûte 8’ Bourdon 16’

GO/PED REC/PED REC/GO 16,8,4 REC 16,4 GO 4 GO 4/PED (automatique) REC 4/PED (automatique) Souffleur

Bourdon 16’ Montre 8’ Mélodie 8’ 2 Dulciane 8’ Prestant 4’ Flûte harmonique 4’ Doublette 2’ Mixture III Trompette 8’

Étendue des claviers : 61 notes Étendue du pédalier : 30 notes Combinaisons ajustables : GO+PED 4, REC 3 Pédales d’expression : REC, Crescendo Mixtures, numéro 47, novembre 2017

1 2

à partir du deuxième DO basses empruntées à la Mélodie 8’

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Sainte-Edwidge-de-Clifton Petit frère du précédent, cet orgue fabriqué en 1916 porte le numéro d’opus 684. De dimension modeste et comportant 10 jeux sur deux claviers et pédalier, il possède lui aussi une traction tubulaire-pneumatique. Le buffet loge toutes les composantes, la console étant en fenêtre. Des 25 tuyaux de la façade, 12 composent la basse de la Montre 8’ du Grand-Orgue, alors que les autres ne sont que des chanoines. Contrairement à l’habitude de Casavant, la Mélodie est ici placée au Récit alors que le Bourdon prend place au GrandOrgue. Il semble que ce changement ait été effectué soit lors de la construction ou soit en peu de temps après : en effet, le faux sommier du Grand -Orgue porte à la fois les inscriptions « Mélodie » et « Bourdon », et ce, d’une même calligraphie. Installée au grenier, la soufflerie électrique est ajoutée durant les années 1930. L’église étant de petites dimensions et complètement fabriquée de bois, l’orgue y sonne admirablement.

Grand-Orgue

Récit expressif

Pédale

Montre 8’ Bourdon 8’ 1 Dulciane 8’ Prestant 4’

Viole de gambe 8’ Mélodie 8’ 2 Voix céleste 8’ Flûte harmonique 4’ 3 Hautbois 8’ Trémolo

Bourdon 16’

Étendue des claviers : 61 notes Étendue du pédalier : 30 notes Combinaisons fixes : GO 3, REC 3

1 2 3

Analyse des instruments avant la restauration Les orgues Casavant de cette période sont le fruit d’un mode de production bien établi et uniforme. Les sommiers sont solides, dépourvus de fentes. La tuyauterie est en excellent état. L’installation tardive des souffleries dans des espaces non chauffés extérieurs aux enceintes des deux églises n’est pas sans poser problème : l’air poussé n’étant que rarement à la même température que les composantes internes de l’orgue, un effet

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Accouplements GO/PED REC/PED REC/GO 16,8,4 REC 16,4 GO 4 GO 4/PED (automatique) REC 4/PED(automatique) Souffleur

basses empruntées au Bourdon 8’ à partir du deuxième DO basses empruntées à la Viole de gambe 8’ de condensation s’ensuit, accélérant l’oxydation de la tubulure de plomb ainsi que la dégradation des cuirs. Dans les deux cas, bon nombre de problèmes (cornements et notes muettes) étaient causés par la rupture et la perforation de la tubulure. De plus, à Saint-Cyrille, l’addition d’un portevent reliant la soufflerie au buffet rendait difficile, voire impossible l’accès au sommier de la Flûte 16’ : les jeux de Flûte 16’ et 8’ sont muets depuis nombre d’années. Dans le cas de l’orgue de Sainte-Edwidge, le porte-vent entravait l’accès à l’intérieur du buffet. Mentionnons également

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l’effet de l’air froid sur la stabilité de l’accord, notamment en période hivernale. Malgré un entretien plus que décent au cours du siècle dernier, une restauration complète s’imposait.

rendant ainsi accessible le sommier de Flûte 16’, et une située à proximité du buffet à SainteEdwidge, libérant ainsi l’accès à l’intérieur du buffet.

Les travaux de restauration

Sur le plan tonal, notre intervention fut minimale afin de préserver le caractère patrimonial des instruments : équilibre entre les familles de jeux et égalisation des jeux en conformité avec l’esthétique d’origine des instruments.

Le nettoyage ainsi que le recuirage complets des composantes ont été réalisés. Bénéficiant du soutien financier du Conseil du patrimoine religieux du Québec, les deux projets impliquaient le respect du caractère patrimonial des instruments par l’emploi de matériaux analogues à ceux d’origine. Conséquemment, le remplacement de la tubulure de plomb par une tubulure similaire (matériaux et dimensions) fut privilégié. Afin de garantir l’intégrité des cuirs et de la tubulure, et pour stabiliser l’accord, de nouvelles souffleries ont été installées : une dans chacun des buffets à Saint-Cyrille,

Bien que ce type de traction n’ait pas toujours la cote chez les organistes, les résultats obtenus quant à la précision et à la rapidité de l’action sont tout à fait comparables à ceux d'une action électropneumatique. Nous sommes des plus heureux d’avoir participé à la préservation de ces témoins d’une époque passée. Ainsi s'achève un long processus rendu possible grâce a l’implication et à la détermination des collectivités locales.

Sainte-Edwidge : tubage de la console

Saint-Cyrille : nouvelle tubulure de plomb 1

Soupapes avant et après le recuirage

Yves Lévesque est associé chez Lévesque-Roussin

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Un nouvel orgue pour « Un village qui s’accorde »

par Martin Couture1

Est ce qu'on peut encore rêver d'installer un orgue dans un petit village du Québec en 2017 ? C'est tout à fait possible si la communauté s'accorde. C'est ce qui se passe à Durham-Sud, un petit village de 1 000 habitants situé au centre du Québec. orgue unifié de trois rangs construit par le facteur Odilon Jacques dont la date de construction remonte à 1954. Cet instrument rend de bons services, mais s’avère inadéquat pour des concerts ou pour accompagner un grand chœur. Depuis quelque temps, un projet nourrissait son remplacement. C’est alors qu’est apparue la possibilité de se porter acquéreur de l’orgue de Saintde 13 jeux, dont les caractéristiques s’avéraient parfaites pour notre église. L’église Saint-Germain devant fermer sous peu. Après avoir consulté la population et vérifié son appui au projet, une grande campagne de financement a été lancée. Il faut préciser que si ce projet est possible chez nous c'est qu'un gars d'ici, Christian St-Pierre, qui a une longue expérience en restauration d'orgues. Il sera responsable du gros des travaux, accompagné en cela par des bénévoles. Nous comptons aussi sur la collaboration des Ateliers Bellavance. orgue pour la somme de 32 000 $,

ce

d'écrire ces lignes la somme de 21 000 $ a été amassée surtout dans notre milieu. La campagne se poursuit, en espérant que les travaux pourront débuter avant la fin de l'automne. Notre slogan, « Un village qui s'accorde », dit bien ce qui se vit chez nous. On peut encore rêver grand, il suffit de rêver ensemble. Cet orgue historique faisait déjà partie de notre patrimoine commun. Les citoyens de Durham-Sud prennent la relève des paroissiens de SaintGermain en assurant sa sauvegarde et sa mise en valeur.

1

Les dons, admissibles aux reçus aux fins d’impôt, faits au nom de la Paroisse Sacré-Cœur peuvent être expédiés à : Comité de l’orgue Paroisse Sacré-Cœur 183, rue Principale Durham-Sud, QC J0H 2C0

Martin Couture est membre du Comité de l’orgue Page 20

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Un orgue pour Val-d’Or La ville de Val-d’Or, une ville de 35 000 habitants, ne compte plus, à l’heure actuelle, qu’une seule paroisse et qu’un seul lieu de culte : l’église SaintSauveur (anciennement Saint-Sauveur-les-Mines). Cette église de 800 places a été construite à la veille du Concile et inaugurée en 1960. Lors de la fermeture, en 1965, de l’École normale des Sœurs de l’Assomption-de-la-Sainte-Vierge d’Amos, ces dernières font don de l’orgue Casavant (Opus 1787, 1945, 16 jeux) de leur chapelle à la paroisse Saint-Sauveur de Val-d’Or. Au printemps dernier, un comité de l’orgue présidé par Luc Létourneau est mis sur pied. Le comité fait alors appel aux Ateliers Bellavance, de SaintHugues, pour faire le bilan de l’instrument, muet depuis quelques années. Les sommes requises pour la remise en état et la restauration s’avèrent considérables. L’idée de se tourner vers un nouvel instrument a alors germé, mais par un concours de circonstances, il est apparu nécessaire de sauver l’orgue de la chapelle de la maison-mère de Nicolet des Sœurs de l’Assomption-de-la-Sainte-Vierge dont la chapelle était vouée à la démolition et dont l’orgue était, selon nos sources, destiné à la ferraille.

par Luc Létourneau1

Grâce à la générosité des religieuses, la paroisse reçoit-elle gracieusement non seulement cet imposant instrument de trois claviers et pédalier, mais aussi l’offre d’un prêt sans intérêt de la communauté religieuse afin de pouvoir procéder rapidement au démontage et au transport de l’instrument de 13 tonnes. Si tout va comme prévu, l’ancien orgue de Nicolet reprendra vie en décembre à Val-d’Or! Déjà, le Conservatoire de musique de Val-d’Or, l’Orchestre symphonique régional de l’Abitibi-Témiscamingue, la Commission scolaire de l’Or-et-des-Bois et le député provincial se sont montrés intéressés par un partenariat avec la paroisse pour l’exploitation et la mise en valeur de ce nouvel instrument, qui sera le plus imposant de toute la région d’AbitibiTémiscamingue! Le Comité de l’orgue de Val-d’Or tient à remercier sincèrement les Sœurs de l’Assomption-de-laSainte-Vierge qui, pour la deuxième fois dans son histoire, aura donné un orgue à l’église Saint-Sauveur de Val-d’Or! Les dons, admissibles aux fins d’impôt, peuvent à: Comité de l’orgue Paroisse de Val-d’Or 533, 3e avenue Val–d’Or, QC J9P 1S3

L’église Saint-Sauveur de Val-d’Or 1

Luc Létourneau est président du comité de l’orgue

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L’orgue tel qu’installé dans la chapelle des religieuses à Nicolet Page 21


La facture d’orgue dans la vallée du Saint-Laurent au début du XIXe siècle

par Robin Côté1

NDLR Issue d’une conférence prononcée lors du congrès conjoint RCCO/AGO/FQAO en juillet 2017, cette communication vous est proposée en quatre livraisons. Cette première livraison traite des consoles et de la mécanique alors que les suivantes aborderont les facettes de la tuyauterie, de la soufflerie et du vent ainsi que de l’esthétique sonore. 1. Les consoles et la mécanique L’évolution des consoles Entre 1800 et 1900, les consoles sont littéralement passées de l’économie à l’ergonomie ! Les consoles des premiers orgues Samuel Russell Warren sont en tous points semblables à celles des orgues de Thomas Appleton qui sont ellesmêmes la continuité des consoles classiques anglaises. Dans ces consoles en fenêtre, le tirage des jeux est disposé sur deux panneaux verticaux et les claviers sont non chevauchants. Au niveau des accessoires, l’expression est à cuillère et placée sur le côté droit, et quelques combinaisons fixes sont positionnées du côté gauche. Autre détail, les orgues de tradition britannique du début du XIXe siècle sont basés sur le « G compass ». La transition vers le « C compass » s’est opérée dans les années 1840. À cette époque, il y avait donc un grand décalage entre les traditions anglaise, française et allemande. Ici, la console en fenêtre traditionnelle est restée utilisée jusque dans les années 1880. Mais dès les années 1860, on commence à voir apparaitre les consoles dites « attachées ». Le Déry 1874 à Saint-Roch-des-Aulnaies en est un bon exemple.

La console détachée existait mais a très peu été utilisée avant l’avènement des systèmes tubulaire et électropneumatique. Un des premiers exemples de console détachée retournée a été construit par Mitchell & Forté vers 1866 (orgue de chœur de l’église du Gesù à Montréal). Un autre exemple de Mitchell se trouvait à l’église St. Patrick de Québec (III/39,1881). Un article de l’époque mentionne que les claviers sont installés dans une console en bois de noyer noir à une distance de 12 pieds du buffet d’orgue, distance considérable, même pour les facteurs d’aujourd’hui ! Eusèbe Brodeur emboîtera le pas en construisant plusieurs consoles détachées retournées dans les années 1880 et 1890, dont celle de l’église Sainte-Monique-de-Nicolet en 1891. Cependant, à moins qu’une machine Barker n’allège le poids des touches, les consoles détachées sont toujours situées très proche des buffets et utilisées pour des instruments relativement petits. Avant 1860, les pédaliers étaient souvent d’une étendue d’une octave et ne dépassaient pas les 20 notes. En 1861, quand Louis Mitchell et Charles Forté quittent l’atelier de Warren, les consoles n’ont guère évolué. Leurs premiers ins-

Mécanique des notes du Grand-Orgue de l’orgue de Saint-François-Xavierde-Brompton (Mitchell et Forté, 1863)

Console de l’orgue de chœur du Gesù à Montréal (Mitchell 1866) Page 22

Console de l’orgue de Sainte-Monique-deNicolet (Brodeur 1891) Mixtures, numéro 47, novembre 2017


truments comportent encore des pédaliers de 20 à 25 notes et une étendue des claviers de 54 notes (au fa). En 1877, on mentionne 61 notes aux claviers et 27 notes de pédale pour l’orgue Mitchell du couvent du Sacré-Cœur au Sault-auxRécollets. En 1881, l’orgue de l’église St. Patrick à Québec comporte 56 notes aux claviers et 30 notes à la pédale. Après 1880, il semble que l’étendue 56/30 notes soit la norme chez Mitchell. Chez Brodeur et les frères Casavant, les pédaliers de 27 notes sont plus répandus et les claviers passent rapidement à 58 notes dans les années 1890. L’orgue de l’église de L’Annonciation d’Oka (Casavant, opus 113, 1900) est encore à 58/27. Du côté de la forme des pédaliers, Déry et Mitchell semblent avoir toujours construit des pédaliers droits et plats tandis que Brodeur et les frères Casavant ont adopté le pédalier droit concave tel que le préconisait le Royal College of Organists de Londres. Tirage des jeux et combinaisons La plupart du temps, les instruments de deux claviers disposent de trois ou quatre pédales de combinaisons fixes opérant seulement les jeux du Grand-Orgue pour créer une évolution du pp au ff. La première combinaison renvoie souvent tous les registres sauf Bourdon 8 et Dulciane 8, la deuxième fait sortir tous les fonds 8 et 4 et la troisième fait sortir tous les jeux. Le contrat de

Les frères Casavant introduisent un système de quatre cuillers de combinaisons ajustables dans leur Opus 1 (II/15, 1880), à la chapelle NotreDame-de-Lourdes à Montréal. Du côté de la basilique Notre-Dame de Montréal, le tirage des jeux et les pédales de combinaisons sont, dès l’installation en 1892, électropneumatiques : une première. Il y avait 20 boutons à combinaisons fixes sous les claviers, huit cuillers de combinaisons ajustables, une cuiller Douce, une de Forte Général, et aussi une pédale de crescendo. Mis à part ces quelques exceptions, l’orgue canadien est plutôt dans la moyenne côté maniabilité. En France, on a le système des appels des jeux de combinaisons et appels d’anches qui permettent de fixer des jeux à l’avance : système assez rigide, mais qui a le mérite d’avoir permis le développement d’une grande école d’orgue. Si Henry Willis a introduit les pistons de combinaisons fixes dans l’orgue dès 1855 (St. George Hall, Liverpool), il faut attendre 1882 pour qu’ils deviennent ajustables. C’est à Hilborne L. Roosevelt de New-York que revient le crédit d’avoir conçu les premières combinaisons ajustables sans avoir à se lever de la console. Il faut aussi mentionner que les frères Casavant, en col-

1867) nous apprend que l’instrument de trois claviers avait cinq pédales de combinaisons fixes et que la composition de celles-ci était déterminée par le comité chargé de recevoir l’instrument. Jusqu’ici, les combinaisons semblent toujours mécaniques mais certains témoignages laissent croire qu’il y avait des exceptions… Dans le grand orgue Mitchell pour l’église des Jésuites à Chicago (III/62, 1869), il est mentionné dans un article que l’orgue possède 12 pédales de combinaisons et qu’elles peuvent être modifiées en cinq minutes. La question se pose à savoir si elles n’auraient pas été reliées à un système pneumatique. C’était certainement possible, car un article du Canada-Musical (1er février 1877) nous apprend que la technologie pneumatique était utilisée par Mitchell. Dans son orgue du couvent du Sacré-Cœur du Sault-aux-Récollets, Louis Mitchell installe des pédales et des boutons de combinaison pneumatiques. L’explication du mécanisme par le chroniqueur nous fait comprendre que ce sont des réversibles (on pousse une fois le piston et les jeux de combinaison sortent, on repousse et ils rentrent) magiques ». Mixtures, numéro 47, novembre 2017

Le grand orgue Mitchell pour l’église des Jésuites à Chicago Page 23


laboration avec le Dr Saluste Duval, auront été des acteurs de premier plan en Amérique quant au développement de l’ergonomie des consoles, la fiabilité des combinaisons ajustables et de plusieurs autres systèmes pneumatiques très bien conçus. La mécanique des notes et son évolution La mécanique d’un orgue est le lien physique que l’organiste entretient avec le son. Ce lien comporte plusieurs éléments mobiles : claviers, vergettes, rouleaux d’abrégés, équerres, soupapes, etc. Au cours du XIXe siècle, plusieurs de ces éléments vont évoluer à différents moments pour atteindre un certain raffinement. Par la suite, vers 1906, toutes ces connaissances vont sombrer dans l’oubli pendant plus de 50 ans. Quand Warren arrive au Canada en 1836, plusieurs instruments anglais sont déjà installés dans les églises importantes de la vallée du SaintLaurent. Ce sont tous des instruments issus de la tradition classique anglaise de la fin du XVIIIe siècle. Warren perpétue aussi cette tradition. Les éléments de mécanique sont fins et légers comparativement à ceux de la tradition française. Les vergettes sont en pin, les équerres et balanciers en noyer noir ou en cerisier. Les soupapes sont de grande dimension mais le toucher reste convenable, car les pressions ne sont pas excessives. La clef de la réussite est que ces instruments ne consomment pas beaucoup de vent dans les basses. En effet, plusieurs jeux ont des basses communes, la pression ne dépasse pas les trois pouces et l’harmonisation est loin d’être poussée.

Mais si l’on devait accorder une médaille à un facteur pour le meilleur toucher du XIXe siècle, c’est à Napoléon Déry qu’elle reviendrait ! Dans le cas de l’orgue de Saint-Michel-deBellechasse (II/18, 1897), les dimensions des soupapes sont bien plus efficaces que ce que l’on peut observer encore aujourd’hui dans tous les autres instruments historiques. Elles sont moins larges que dans les Casavant, mais quand même amplement suffisantes. Comme les Casavant, Déry utilise aussi les soupapes brisées, mais contrairement à ses concurrents, il diminue graduellement leur longueur et leur largeur de la basse vers l’aigu. En la combinant avec des éléments de mécanique très raffinés et légers, Déry a obtenu une mécanique maniable qui permet une subtilité d’attaque. Il semble que ses contemporains aient aussi remarqué cette qualité. Le lendemain de l’inauguration du grand orgue de Saint-JeanBaptiste de Québec le 15 août 1885, Déry est louangé par la critique : il est rapporté dans le Courrier du Canada que « les musiciens ont félicité monsieur Déry pour la grande douceur de ses claviers ».

Quand Louis Mitchell et Charles Forté débutent, ils suivent cette tradition, mais la demande de vent augmente considérablement, car ils préconisent des basses indépendantes pour tous les 8’ du Grand-Orgue. On constate aussi une harmonie plus présente que celle de Warren. On en arrive donc à un toucher à la limite de l’acceptable pour l’organiste du XXIe siècle. Mais il n’y a rien de surprenant à ce phénomène : Louis Mitchell n’est pas Du côté européen, la machine Barker a été la planche de salut de l’orgue symphonique des années 1840. Sans elle, les orgues symphoniques de 30 jeux et plus n’auraient jamais pu être joués de façon virtuose. Il est aussi important de constater que la dureté des claviers des orgues canadiens est loin d’être hors-norme. Si l’on compare les mesures relevées sur des orgues Cavaillé-Coll et Merklin de taille similaire, on constate que les instruments canadiens sont plus légers que ceux du vieux continent ! Page 24

L’orgue Déry 1897 de l’église Saint-Michel-de-Bellechasse 1

Robin Côté est vice-président chez Juget-Sinclair Mixtures, numéro 47, novembre 2017


Les concerts d’été de la cathédrale de Chicoutimi Les « Concerts d'été de la Cathédrale » ont été fondés en 1991 afin de remercier la population qui à la restauration du grand orgue Casavant de la cathédrale Saint-François-Xavier de Chicoutimi. Sous la direction de Mgr Léonce Bouchard, curé de la cathédrale à cette époque, et des membres fondateurs, dont l'organiste Robert P. Girard, cette série de cinq concerts tenus en été met en valeur non seulement le grand orgue de la cathédrale, mais permet à la population d'admirer l'église mère du diocèse dans toute sa , le plus grand instrument (60 jeux, trois claviers et 4 123 tuyaux) du diocèse, est toujours professionnels de la région, du Canada, et même d'Europe. De plus, la beauté exceptionnelle de la cathédrale soulève fortement l'intérêt des artistes à venir se produire lors de cette série. L'accès à ces concerts par une contribution volontaire a toujours été une valeur primordiale comme signe de reconnaissance et d'accessibilité pour la population. Cette série de concerts est devenue

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par Céline Fortin1

également l'une des plus reconnues parmi celles au Québec, en qualité d'écoute et de fidélité de la population. Une moyenne de 500 personnes se présentent à chacun des concerts. Les organistes invités et autres artistes qui se sont produits sont . Depuis sa fondation, la série aura reçu, en 2018, 280 artistes dans plus de 140 concerts. Parmi ceux-là, mentionnons Olivier Latry, le 30 juillet 2013, organiste titulaire de la cathédrale Notrepersonnes. De plus, lors de sa construction dans les ateliers de la maison Casavant de Saint-Hyacinthe, ce grand instrument fut joué à l'époque par l'organiste français Marcel Dupré qui était de passage aux États-Unis pour une série de concerts. Monsieur Dupré, invité aux ateliers par Samuel Casavant, avait été charmé par cet orgue destiné à la cathédrale de Chicoutimi. C'est un autre grand organiste et compositeur français, Joseph Bonnet, qui a inauguré l’instrument le 26 février 1922.

Céline Fortin est l’organiste titulaire à la cathédrale de Chicoutimi et directrice artistique de cette série de concerts.

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Festival d’orgue de Montréal — Du 29 juin au 7 juillet 2017

par Robert Poliquin1

Le congrès annuel du RCCO/CRCO (Royal Canadian College of Organistes / Collège canadien des organistes) a pris une tournure toute spéciale en d’orgue » que s’est déroulée la rencontre annuelle non seulement du RCCO/CRCO, mais aussi celle du nord-est des États-Unis de l’AGO (American Guild of Organists) et celle de la Durant toute une semaine, environ 750 participants ont parcouru les quatre coins de la ville de Montréal pour entendre quelques-uns des plus beaux instruments de la ville. Une initiative voulait que ceux-ci se déplacent d’un endroit à un autre en utilisant le métro et les autobus de la ville, ce qui devait permettre de découvrir une face généralement méconnue de la métropole lors des déplacements de groupes lors d’un congrès. Un service d’autobus nolisés était aussi disponible. À vrai dire, le Festival officiel se déroulait du 2 au 6 juillet avec une journée pré-festival et une journée post-festival. Au total, près de 100 activités (93 pour être plus précis) étaient au programme. Il était impossible à une personne d’assister à toutes les activités puisque pour certaines d’entre elles, le groupe était scindé en trois sous-groupes afin de respecter les capacités d’accueil de chaque endroit. Voilà un bémol à cette semaine faste en musique, car plusieurs d’entre nous ont dû faire des choix et, par le fait même, manquer certains concerts.

Le Festival Au cours du festival proprement dit, j’ai recensé sept grands concerts : Nathan Laube et Vincent Boucher à l’Oratoire Saint-Joseph, Mélanie Barney & Buzz et Organized Crime Duo à l’église presbytérienne St. Andrew & St. Paul, Hans-Ola Ericsson à l’église Immaculée-Conception, Cherry Rhodes à l’église Saints-Anges de Lachine, Christian Lane, Jean-Willy Kunz et Quintet de Jazz à la Maison symphonique, et enfin Olivier Latry à la basilique Notre-Dame. Dix-sept récitals, trois services religieux, 45 ateliers, sept visites d’instruments et deux prestations de concours, le tout dans 21 églises, chapelles et salles différentes sans compter les salles de l’hôtel pour les ateliers. Les récitals étaient donnés tant par des artistes établis que par des étudiants en orgue. Les prestations auxquelles j’ai assisté étaient toutes de haute qualité et mettaient adéquatement en valeur les instruments présentés. Quant aux différents des techniques vocales, au répertoire d’orgue, à la gestion d’évènements musicaux, à l’histoire de la musique d’orgue, à l’improvisation à l’orgue, aux techniques de transcription, etc. Parmi les choix d’activités d’une des journées était une visite aux ateliers des facteurs d’orgues JugetSinclair.

Pré-festival Les demi-finales du Concours d’orgue du RCCO se sont déroulées le 29 juin à l’église anglicane St. Matthias tandis que la finale, qui a couronné Jason Biel comme lauréat, a eu lieu le 1er juillet à l’église Très-Nom-de-Jésus. Pendant ce temps, le Concours de l’AGO se tenait à l’église unie St. James. Encore une fois, on aurait aimé assister aux deux événements! Deux concerts ont complété la journée dont celui de Pierre Grandmaison à la basilique Notre-Dame. Une soirée-cocktail à la Pointe-à-Callière du Vieux-Montréal a clôturé la journée pendant que l’on admirait les feux d’artifice soulignant la fête du Canada.

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Deux concerts étaient dédiés au chant choral : les Elora Singers au Gesù, et Roomful of Teeth à la aussi souligner la participation du Choir of King’s College de Londres à quatre célébrations des vêpres à la cathédrale anglicane Christ Church avec quatre programmes différents ainsi qu’à la messe célébrée à la basilique-cathédrale MarieReine-du-Monde (à 7h30 du matin!). Pour célébrer la fête nationale de nos voisins Américains, le 4 juillet, une réception a été offerte à l’Observatoire sis au sommet de la Place VilleMarie. Conférences de la FQAO Tel que mentionné, la FQAO participait à ce festival et avait organisée, en plus de son assemblée , focalisées sur l’orgue au Québec. La première conférence fut livrée de façon experte par Robin Côté, associé de la firme Juget-Sinclair. Son exposé, intitulé « La facture d’orgue dans la vallée du St-Laurent au XIXe siècle » fut non moins que fascinant. Ses recherches assurément exhaustives nous permirent de mieux comprendre et d’acquérir beaucoup de connaissances sur maints aspects de la facture d’orgue québécoise.

Conclusion Ce fut une semaine exigeante pour les participants qui avaient choisi de se déplacer par le transport en commun. L’horaire étant très serré entre les activités, les repas du midi devaient être pris à la sauvette tandis le soir, il était possible de prendre un peu son temps. Je m’en voudrais de ne pas ajouter un détail concernant la programmation musicale des différents concerts et récitals. Lors de chaque prestation, on a eu droit à une « introduction à la musique contemporaine », ce qui en a fait sourciller plus d’un. Insérée à petites doses, cette musique contemporaine sera mieux connue de ceux et celles qui sont plus familiers avec le répertoire traditionnel. Pour un festival, c’était tout un festival! Je suis revenu chez-moi la tête toute bourdonnante de sonorités toutes plus merveilleuses les unes que les autres. Félicitations aux organisateurs. Côté logistique, tout s’est très bien déroulé malgré le grand nombre de déplacements que cela impliquait et les contraintes inévitables de la circulation. 1

avec la collaboration de Jean-François Downing

La deuxième conférence fut livrée par l’organiste et musicologue Louis Brouillette. Sa conférence orgue ». Une fois de plus, une recherche abondante et de grand intérêt nous révélait une histoire fascinante de l’évolution de la composition pour orgue au Québec. À travers de nombreux qui a certainement fait de nombreuses découvertes! L’après-festival Une journée complète était dédiée à la visite d’instruments hors de Montréal. Ce sont quatre autobus bondés qui se sont ainsi déplacés d’abord dans le nord de Montréal pour ensuite se diriger à Boucherville, à Saint-Hyacinthe et enfin à SaintBenoît-du-Lac. À chaque endroit, nous avons eu droit à un récital de qualité exceptionnelle (MarcAndré Doran, Jan Kraybill, Rachel le dîner) aux ateliers Casavant et Létourneau étaient aussi au programme de cette journée.

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Concerts d’orgue Quand ? Où ? Qui ? Consultez la rubrique Concerts à

www.fqao.org

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Orgue et espace Au moment d’écrire ces lignes, le Concours international d’orgue du Canada à Montréal célèbre ses dix ans d’existence et en est à sa quatrième édition. Quelque vingt jeunes organistes d’une douzaine de pays participent à cette prestigieuse compétition aux claviers des grandes orgues des églises de l’Immaculée-Conception et de SaintJean-Baptiste, de la basilique Notre-Dame et de la Maison symphonique. Puisant dans le répertoire classique, romantique, symphonique et contemporain, avec des incursions dans le monde des transcriptions et du jazz, ces jeunes virtuoses nous font apprécier la richesse, la diversité et la grande souplesse du roi des instruments.

par Jacquelin Rochette1 En effet, au cours de ce récital, l’astronaute David Saint-Jacques a partagé des réflexions et sa compréhension de l’univers dont nous sommes issus avec, en prime, un dialogue en direct avec l’astronaute Thomas Pesquet dans la station spatiale internationale. Imaginez la fébrilité du moment où nous avons pu établir le contact avec Houston et voir M. Pesquet, micro en main, dans la station spatiale.

L’orgue, instrument de musique par excellence, est précieux et omniprésent dans notre culture québécoise. Il y a tant d’occasions de le mettre en valeur, et nous nous réjouissons de trouver de nouvelles avenues qui nous le font découvrir dans des contextes différents. À la Maison symphonique, plusieurs récitals permettent d’illustrer la flexibilité du grand orgue Pierre-Béique de l’Orchestre symphonique de Montréal. Il y a bien sûr les concerts de solistes, de concertistes avec orchestre, des chœurs avec accompagnement d’orgue. Il y a aussi l’orgue autrement, dans un style contemporain, , Martha et Rufus Wainwright, Leif Vollebekk, passant du classique au jazz avec le saxophoniste Branford Marsalis, ou encore avec un quatuor de jazz. Le 6 mai dernier, l’OSM présentait « Orgue & Espace, regard vers le ciel ». Lors de ce concert offert devant une salle comble, les auditeurs ont pu entendre à la Maison symphonique l’organiste en résidence Jean-Willy Kunz dans deux créations mondiales. Les œuvres de Dvorak – Scherzo de la Symphonie no 9 « du Nouveau Monde »; Glass – Mad Rush; Campo – en création mondiale Harmonices Mundi, pour organiste excentrique, d’après Les Sept Planètes de Kepler; Matthew Ricketts – Highest Light, commande de l’OSM et création mondiale; et Holst – Mars, celui qui apporte la visuelle hors du commun.

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Photo: Antoine Saito

À l’audition des œuvres, les auditeurs ont eu droit à des images spectaculaires de notre planète bleue, et de l’espace, transmises en direct depuis la station spatiale internationale. À la fin de son intervention, M. Pesquet présenta de la station le thème de l’œuvre de Ricketts. Jean-Willy Kunz a pris le relais et créé sur le grand orgue PierreBéique Highest Light sur un fond d’images à en couper le souffle. Deux mille auditeurs pour la création de deux œuvres nouvelles pour orgue. Tout un exploit! 1

Jacquelin Rochette est directeur artistique chez Casavant Frères Mixtures, numéro 47, novembre 2017


Le concours international d’orgue du Canada, édition 2017 par Yves-G. Préfontaine Le professeur John Grew, directeur artistique du CIOC, rencontré au début de l'été, me disait à peu près on va avoir un concours exceptionnel. Le niveau des candidatures reçues est supérieur à ce que nous avons eu jusqu'à maintenant et les vingt que nous avons retenues à partir d'enregistrements en vue des épreuves d'octobre sont remarquables ». Et il disait vrai. Douze pays étaient représentés cette année et sur le Beckerath de l'Immaculée-Conception (œuvres de Bach et Buxtehude) et le grand Casavant de l'église Saint-Jean-Baptiste (œuvres des XIXe et XXe siècles). Au terme de ces deux étapes, auxquelles je n'ai pu assister que sporadiquement, hélas, in situ ou dans le confort de mon foyer par le truchement d'internet, le jury a retenu six candidats pour l'épreuve finale qui s’est tenue à la basilique Notre-Dame. Détail non négligeable : de ces six candidats, trois étaient étudiants (et le sont toujours, d'ailleurs) Schulich de l'Université McGill. Au terme de ces auditions très relevées, le premier prix a été attribué à Alcee Chriss III des États-Unis, doctorant à McGill, le second à Oliver Brett du Royaume-Uni, et le troisième à Nicholas Capozzoli également des États-Unis, et lui aussi doctorant à McGill. Alcee Chriss a également mérité le prix BachGérard-Coulombe ainsi que le prix Spinelli pour le meilleur programme au cours des deux dernières épreuves. Le prix du public Richard-Bradshaw a été remporté par la Chinoise Yuan Chen alors qu’Oliver Brett a reçu le prix du RCCO/CRCO pour l'interprétation d'une œuvre canadienne (prix largement mérité à mon avis) pour son interprétation remarquable de l'Introduction, Passacaglia et Fugue de Healy Willan).

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Les deux autres finalistes, Maria Budáčová (de Slovaquie et étudiante à McGill) et Thomas Gaynor (de Nouvelle-Zélande) ont également fait excellentes figures. Les trois lauréats ont démontré une fois de plus leur savoir-faire à l'occasion de la cérémonie de remise des prix, lors du concert-gala le 21 octobre en soirée, à la Maison symphonique. Quelques membres du jury nous ont offert des prestations remarquées tout au cours du mois d'octobre. Réjean Poirier a ouvert le bal avec un magnifique récital dans le cadre du Festival des Couleurs de l'orgue français au Grand Séminaire de Montréal suivi de Lynne Davis qui a bien su utiliser les ressources de l'orgue des Saints-Anges de Lachine. Il y a eu aussi David Briggs à l'église Très-Saint-Nom-de-Jésus et Bine Bryndorf à la cathédrale anglicane Christ Church. Parallèlement à ces activités directement reliées au concours international, deux festivals partenaires ont déployé leurs activités au fil des semaines : le Festival des couleurs de l'orgue français, qui proposait sa 23e saison au Grand Séminaire avec, en plus de Réjean Poirier, Rafael de Castro, Jean-Guy Proulx, Claude Lemieux et le signataire de ces lignes, et Cathédrales en musique à l'Oratoire Saint-Joseph, qui présentait deux juges du concours, Jean-Baptiste Robin et Silvius von Kessel, auxquels se sont joints Dominique Joubert, Daniel Brondel, Vincent et Jacques Boucher ainsi que Jonathan Oldengarm. Si on ajoute à cela trois concerts consacrés au Livre d'orgue de Montréal à l'église de la Visitation et ceux des Saints-Anges en Musique les derniers dimanches du mois, l'amateur d'orgue n'avait que l'embarras du choix à travers la ville pour étancher son envie « organique »... Un dernier clin d'œil à Thomas Leslie et John Grew ainsi qu’à l’équipe de leurs collaborateurs et collaboratrices du bureau de la rue Cathcart, les maîtres d'œuvre de cette très grande réussite. On ne soupçonne pas la quantité de travail, même à l'échelle internationale, qu'il aura fallu abattre pour obtenir un tel succès.

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Anniversaires en musique par Yves-G. Préfontaine Hum!...de Franz Tunder, Nicolaus Hasse, ou Isang Yun qui remporte la palme de la plus grande célébrité?

Au cours des années 1970, Xavier Darasse éminent organiste toulousain est appelé à

Franz Tunder, sans doute (1614-1667) qui fut l'élève de son père et peut-être ─ avec de sérieux doutes ─ de Frescobaldi lors d'un séjour en Italie effectué quand il était encore tout jeune. Il faut dire que Girolamo Frescobaldi a la cote.

Il avait alors inscrit à son programme « Tuyaux sonores » de Isang Yun (1917-1995), composé quelques années auparavant.

travaillé avec lui, et le premier a bien transmis cette tradition italienne aux Français (notamment Roberday qui lui emprunte et à ses compatriotes Pachelbel et Krieger. On ne doit pas sous-estimer le prédécesseur et beau-père de Buxtehude et il ne faut pas hésiter à le placer au Parnasse des illustres représentants de la musique en Allemagne du Nord au XVIIe siècle. Il ne nous reste malheureusement que peu d'œuvres pour orgue de Franz Tunder. Il convient la voie à celles de son gendre. Si vous ne connaissez pas déjà, je vous invite à y jeter un coup d'œil ou une oreille attentive. De grands moments de plaisir. À côté de cela, quelques œuvres diverses dont trois praeludium en sol mineur, ma foi plutôt bien ficelés. Nicolaus Hasse était l'exact contemporain du précédent (vers 1617-1672) et qui plus est, de Lübeck également. Lui aussi sera élève de son propre père, organiste à la Marienkirche de Lübeck. Cependant ce n'est pas le fils qui succédera à son père, mais plutôt… Franz Tunder! On a vite fait le tour de la vie de Nicolaus Hasse : on n'en connaît rien! Le Musicalisches Lexicon de Walther (1732) fait mention de sa musique de chambre, sans plus. L'œuvre d'orgue connue consiste en quatre chorals découverts il y a exactement soixante ans dans un monastère polonais. Quatre chorals dont les mélodies sont parmi les plus utilisées du répertoire luthérien : Allein Gott, Jesus Christus unser Heiland (2) et Komm heiliger Geist. Honnêtement, on est assez loin de son contemporain Tunder et encore davantage de BuxtePage 30

, en compagnie d'un collègue. C'était la première fois que je « participais » en quelque sorte à l'exécution d'une œuvre graphique. Participer est un mon collègue et moi, à manipuler les l'introduction de l'air dans les divers jeux. Et j’entends encore Xavier Darasse s’exclamer : « comme c'est joli » ...à chacune de nos interventions. L'éminent musicien devait nous quitter il y a tout juste vingt-cinq ans, le 24 novembre 1992. Destin tragique s'il en fut. Il mériterait certainement davantage que ces quelques lignes anecdotiques. Mais revenons à Isang Yun. Né il y a tout juste 100 ans, il connut un destin tragique puis en Allemagne où il s'est installé. Mais tout n'allait pas être si simple. En 1967, année même de la composition de « Tuyaux sonores », il est à Séoul, torturé et condamné à la prison à perpétuité. Protestations à l'échelle de la planète, puis une pétition signée par les plus grands noms de l'univers musical de l'époque : Stravinsky, Karajan, Klemperer, Ligeti et de nombreux autres. Est -ce cette démarche qui infléchira les autorités? Toujours est-il qu'il sera libéré en 1969 et il obtiendra la nationalité allemande en 1971. Compositeur prolifique, s'intéressant à tous les genres de la musique ─ opéra, symphonie, musique de chambre, concertos ─ il aura laissé deux

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Ici et là au Québec... Montréal par Raphaël Ashby

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Amis de l’orgue

a été lancée avec un « concert-bières et fromages » à l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus avec, à l’orgue, les membres du conseil d’administration : Mélanie Barney, Raphaël Ashby, Laurence Jobidon, Olivier Lavoie-Gagné ainsi que l’organiste titulaire Jason Biel. La prochaine rencontre aura lieu le 29 novembre à 15 h à l’église de la Visitation pour un récital de Marc-André Doran qui célèbre cette année ses 35 ans de titulariat. Il nous interprétera un programme allant du baroque au moderne. En janvier 2018, Paul Cadrin nous offrira une conférence portant sur les orgues en Pologne. La date et le lieu restent à confirmer. En avril, nous recevrons Claudette Auchut, qui nous entretiendra de son expérience comme organiste au Forum. Dotée de beaucoup de verve, elle saura nous faire revivre l’ambiance de ses années passées dans ce temple du sport. Pour conclure la saison, le 21 mai 2018, l’excursion annuelle nous mènera dans la région d’Ottawa. Pour plus d’information, nous vous invitons à visiter le site web des Amis de l’Orgue de Montréal : http://www.amisorguemtl.com 

Autres concerts

L’organiste Suzanne Ozorak clôturera, le 10 décembre à 14h, la série de concerts à la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue de Longueuil. La série va revenir en 2018 sous une forme revisitée, étant donné les réparations qui auront lieu dans l’édifice. Du côté de l’église Notre-Dame-de-Grâce, la série « L’heure d’orgue » est de retour cette année. Le titulaire, Denis Bonenfant, assurera le concert d’ouverture le 5 novembre et celui de fermeture le 3 juin 2018. La série présentera Raphaël Ashby le 7 janvier 2018, Gregory Couture le 4 février et Réjean Poirier le 8 avril. Tous les récitals sont

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à 16 h. Entrée libre avec contribution volontaire qui est remise aux artistes en guise de cachet. recitals » reprennent le 27 octobre avec le professeur Hans-Ola Ericsson. La série se poursuit les vendredis à 12 h 30 jusqu’en mars 2018. Ces concerts gratuits sont présentés par les professeurs du département d’orgue de McGill ainsi que par des étudiants. Pour plus d’information, nous vous invitons à consulter le calendrier sur le site web de l’Université McGill : https://www.mcgill.ca/music/events/calendar À la cathédrale de Saint-Jérôme, le 30 mars 2018, aura lieu une présentation du Requiem de Gabriel Fauré avec l’organiste Mélanie Barney et les chanteurs de la Petite bande de Montréal, sous la direction de Martin Dagenais. L’activité sera gratuite. reviennent cette année tous les vendredis de mai à 12 h 15. Également à mentionner, les concerts dominicaux à l’Oratoire Saint-Joseph à 15 h 30. Vous pouvez y entendre tous les dimanches des organistes de partout dans le monde ainsi que des chœurs et autres instrumentistes invités. Le 11 novembre, jour de l’Armistice, à l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus, un grand concert intitulé « Au nom de la paix » a été présenté afin de souligner de façon tangible l’importance de la lutte héroïque de milliers de combattants au nom des idéaux de paix. Ce concert présentait à diverses cultures (occidentale, juive, chrétienne, musulmane ou bouddhique) et de plus de 125 chanteurs provenant du chœur de l’Université de Montréal, sous la direction de Raymond Perrin, ainsi que celui de l’école secondaire et du collège Vincent-d’Indy, sous la direction de François A. Ouimet. Parmi les musiciens qui les accompagnaient, notons la harpiste .

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Québec par Emmanuel Bernier

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Rétrospective des derniers mois

En l’absence d’une série de concerts dédiée à l’orgue – la basilique Notre-Dame étant l’objet de travaux majeurs – , la saison estivale fut des plus calmes dans la capitale en ce qui concerne le roi des instruments, en particulier durant les mois de juillet et août. Au mois de mai s’est tenu le traditionnel Festival du printemps de l’église Saint-Roch, qui a reçu Emmanuel Bernier, Marc D’Anjou, Suzanne Ozorak et la titulaire Édith Beaulieu. Le 17 mai, au Palais Montcalm, l’organiste Jocelyn Lafond a livré, avec l’Orchestre symphonique de Québec et son chef Fabien Gabel, une brillante exécution d’une œuvre méconnue, Allegro pour orgue et orchestre, opus 81 de Guilmant. La salle de la Place d’Youville a également accueilli, pour une première fois, l’activité « Organiste d’un jour », qui a permis à une quinzaine de jeunes musiciens en herbe de se mesurer à l’instrument de la salle Raoul-Jobin et ce, devant un public nombreux et enthousiaste. Le 13 juin, le Palais a également reçu la visite du légendaire organiste français Thierry Escaich, qui a séduit l’auditoire par son jeu éloquent et ses dons exceptionnels d’improvisateur. Le Musée de l’Amérique francophone a en outre Marnie Giesbrecht le 16 juin et l’Italien Lorenzo Ghielmi le 3 août. Lors des Journées de la culture, les 30 septembre et 1er octobre, le Musée de l’Amérique francophone a présenté, à trois reprises, des ateliers commentés sur les instruments historiques qu’il abrite. Louise Fortin-Bouchard et Pierre Bouchard assuraient les prestations musicales tandis qu’Hubert Laforge se chargeait des commentaires. Pendant ce temps, Claude Lemieux présentait un concert intitulé « Bach et Fils » sur . Quant à lui, le Palais Montcalm organisait une visite de deux instruments dans le Vieux-Québec, église presbytérienne St. Andrew’s et monastère des Ursulines, en plus d’offrir un récital à la salle Raoul-Jobin.

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Concours d’orgue de Québec

On ne peut manquer de mentionner la neuvième édition du Concours d’orgue de Québec, qui s’est tenue à l’église Saints-Martyrs-Canadiens le 15 juin. Le jury, composé de Marc-André Doran, , et Jean-Guy Proulx, a entendu quatre candidats provenant du Canada et des États-Unis. C’est Rashaan Allwood, étudiant à l’Université McGill, qui a remporté le Premier prix et le Prix de la meilleure interprétation de la pièce imposée (les Variations sur Nun komm der Heiden Heiland de Denis Bédard), alors que Jilian Gardner, qui travaille aux États-Unis auprès d’Isabelle Demers, s’est vue remettre le Second Prix. 

Amis de l’orgue

Du côté des Amis de l’orgue de Québec, la saison 2017-2018 a été inaugurée le 9 septembre, à , qui nous a livré un programme varié allant de la Renaissance à nos jours. Le 8 octobre, c’était le Britannique David Briggs qui prenait le relais, dans un récital mettant en valeur des transcriptions d’œuvres orchestrales. Le lendemain avait également lieu l’excursion culturelle qui a permis aux passionnés d’orgue de découvrir des instruments de Montréal (Oratoire Saint-Joseph et église Saint-Jean-Baptiste) et Saint-Cyrille-de-Wendover en plus de bénéficier d’une visite aux ateliers Juget-Sinclair. Le reste de la saison s’annonce des plus à Saints-Martyrs-Canadiens; Philippe Bournival en compagnie de la harpiste Valérie Milot, le 10 décembre au Palais Montcalm; Mathieu Blain le 18 février, Rashaan Allwood le Martyrs-Canadiens et enfin, Yves Rechsteiner le 31 mai au Palais Montcalm pour un concert aux saveurs jazz. 

Autres concerts

La série de concerts qui s’était tenue l’an passé à l’église Saint-Félix de Cap-Rouge nous est revenue avec des prestations du titulaire François Grenier (22 septembre), d’Emmanuel Hocdé (13 octobre) et de Claude Lemieux (27 octobre).

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Mentionnons aussi une prestation de Benjamin Waterhouse, qui était le 1er novembre au Palais Montcalm dans le cadre de la saison de l’OSQ, en plus de l’intégrale des concertos pour orgue de Haendel qui se poursuit aux Violons du Roy avec Luc Beauséjour les 30 novembre et 2 décembre Enfin, signalons deux événements d’importance au Musée e anglaise et italienne le 22 octobre avec la flûtiste à bec Louise Lecomte-Poirier et le claveciniste Pierre Bouchard, ainsi que la présence du Français Christophe Mantoux, le 9 novembre afin de souligner le centième anniversaire de naissance de l’organiste Claude Lagacé.

Estrie par Louis Brouillette

Le premier concert de la saison 2017-2018 des Amis de l’orgue de l’Estrie s’est tenu à la magnifique église Saint-Jean-Baptiste de Sherbrooke le 10 octobre 2017. Sylvain Doyon a livré une prestation impeccable avec un programme contenant , Becker, Vierne et Bédard. Il a su mettre en valeur l’opus 317 de Casavant Frères, un orgue de trois claviers construit en 1908. Le jour du concert, M. Doyon fêtait son 82e anniversaire de naissance. Cet organiste qui a fait carrière à Québec ─ au Conservatoire de musique et aux églises SaintCœur-de-Marie et Saint-Jean-Baptiste de Québec ─ demeure actuellement à Drummondville. Le deuxième concert de la saison, tenu le 15 octobre dernier, a mis à l’honneur Claude Lemieux et l’orgue Wilhelm de 1992 de la pittoresque chapelle St. Mark de l’Université Bishop’s. M. Lemieux a proposé un concert-concept original en interprétant uniquement des œuvres de la famille Bach, c’est-à-dire des pièces de Johann Sebastian et de ses fils Wilhelm Friedmann, Carl Philipp Emanuel et Johann Christian. L’arrangement pour orgue de M. Lemieux du troisième mouvement du Concerto en la majeur pour clavier et orchestre de C. P. E. Bach a été particulièrement prisé. Le public a également apprécié les commentaires de M. Lemieux au sujet des jugements que portait J. S. Bach sur les compositions de ses fils. La sélection constamment judicieuse des jeux a mis en valeur les possibilités de l’orgue Wilhelm et la précision de l’interprétation a ébloui les auditeurs. Deux concerts d’orgue se dérouleront bientôt à la basilique-cathédrale Saint-Michel. Le 17 décembre 2017, les mélomanes pourront découvrir l’organiste italien Giorgio Revelli dans un récital horsMixtures, numéro 47, novembre 2017

s de l’Art de la fugue de Bach et un arrangement pour orgue quatre mains et quatre pieds de la Cinquième symphonie de Beethoven. Ces deux organistes québécois, qui forment le duo St. Thomas de Belleville, en Ontario. Le dernier concert de la saison se tiendra le 18 mars 2018 à la chapelle St. Mark de l’Université Bishop’s. La flûtiste Annik Sévigny, flûte solo de e Louis Brouillette interpréteront un répertoire français et québécois. Ils joueront entre autres un arrangement de la Danse macabre de Saint-Saëns . Ils créeront également Animata Ventis de la talentueuse organiste et compositrice Laurence Evangelista. Il s’agit de l’unique œuvre pour orgue de ce compositeur québécois qui fait cette année l’objet d’un hommage par la Société de musique contemporaine du Québec.

Drummond par Jocelyn Lafond

Cette année encore, les Amis de l’orgue de Drummond organisent trois concerts variés qui seront présentés à la basilique Saint-Frédéric de Drummondville. En guise d’ouverture de la saison, nous recevrons le duo français Voce Humana le vendredi 27 octobre 2017. Le duo, formé de la Besingrand, proposeront un programme essentiellement romantique, rendant hommage à Charles-Marie Widor et Louis Vierne, dont on rappelle le 80e anniversaire de leur décès, en 1937. , et l’organiste trifluvien Raymond Perrin nous et musique traditionnelle de Noël, allant . Enfin, le dernier concert de la saison 15 avril 2018. Cette fois-ci, c’est le centenaire de l’Armistice de 1918 mettant fin à la Première Guerre mondiale qui sera souligné. L’organiste de St. Andrew and St. Paul à Montréal interprétera des œuvres de Stanford, Karg-Elert et Vierne. Nous sommes très heureux de pouvoir, encore une fois, offrir une programmation de qualité, et convions tous les mélomanes à venir participer à ces moments de belle musique! Page 33


Rimouski par Gérard Mercure

Les Amis de l’orgue de Rimouski ont présenté un mémoire lors d’une consultation en juin 2017 organisée par le diocèse de Rimouski sur l’avenir de la cathédrale de Rimouski. L’orgue que la cathédrale abrite et son avenir font maintenant l’objet d’une plus grande attention. Le rapport fait référence, à plusieurs occasions, au texte sur l’orgue du livre La cathédrale de Rimouski (Les Éditions de L’Estuaire, 2017) et s’appuie aussi sur l’exposé de ce mémoire sur l’avenir de l’orgue de la cathédrale. Les interventions répétées des Amis de l’orgue ont fait prendre conscience aux administrateurs de l’importance de l’orgue dans la préservation de la cathédrale de Rimouski. Pour le moment, aucun projet ne ni l’accès à son orgue symphonique pour les concerts. L’organiste Nathalie Gagnon ouvrait la nouvelle saison des Amis de l’orgue de Rimouski, le dimanche 8 octobre 2017 à l’église SaintPie X. Au programme, des œuvres choisies, allant de la première estampie du XIV e aux grandes œuvres baroques du XVIII e siècle. Pour Nathalie, c’était un heureux retour à Rimouski. Elle a joué sur un orgue qu’elle connaît bien pour y avoir étudié et même passé un examen public lorsqu’elle était étudiante au Conservatoire de Rimouski dans la classe de Jacques Montgrain. C’est ce qu’on peut lire dans les Notes d’agrément du temps où elle participait à la rédaction de ce bulletin de liaison des Amis de l’orgue de Rimouski. Dans le cadre des Journées de la culture 2017 et avec l’appui des Amis de l’orgue, l’organiste une matinée « portes ouvertes » à leur résidence. Les visiteurs, une quinzaine ont eu l’occasion d’entendre trois orgues des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles grâce au « simulateur » d’orgue Hauptwerk. Pour chacun de ces instruments, Dominique avait choisi des extraits d’œuvres appropriés. Un court diaporama sur ces orgues en préparait aussi l’audition. L’organiste et claveciniste Mireille BéginLagacé nous offrait, il y a deux ans, un magnifique programme de musique baroque allemande. Elle nous revient cette année avec une œuvre rarement jouée à l’orgue, les Variations Goldberg. Ce concert a eu lieu le dimanche 12 novembre à l’église Saint-Pie X. Les notes de

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programme de ce concert étaient empruntées , Bernard Lagacé, pour un disque Analekta (1996) contenant ces Variations, aussi interprétées à l’orgue.

Éditions Cheldar Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue Laurent Duval L’orgue, ce méconnu Montréal, FQAO, 2012, 305p. 11 planches couleur 20 $ (+ 4 $ frais d’expédition par la poste)

de l’orgue au Québec. Après un bref rappel de l’histoire du développement de l’orgue au cours des siècles, l’auteur nous amène au début du XIXe siècle en nous dépeignant le rôle qu’a joué Albert Schweitzer dans la sauvegarde de l’orgue classique. À ce rappel historique s’enchaîne l’histoire de la facture d’orgue au Québec ainsi que de sa « renaissance » à la fin des années 1950 et au début des années 1960. La deuxième partie de l’ouvrage nous amène au cœur du répertoire de la musique d’orgue et s’attarde principalement sur l’œuvre pour orgue de J. S. Bach avec un bref commentaire sur ses principales œuvres.

Libellez votre chèque au nom de la FQAO et expédiez, par poste à FQAO 1749 rue Boisvert, Laval, QC H7M 2L1

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Parutions par Robert Poliquin Livre d’orgue de Montréal Ensemble Gilles Binchois Dominique Vellard, direction Hélène Dugal, orgue Orgue Dieuaide, 2010 (IV/P, 30 jeux, 41 rangs) Église Saint-Pierre-et-Paul Commequiers (Vendée) Le grand orgue utilisé pour cet enregistrement est de construction récente et le seul instrument d’esthétique sonore française baroque de Vendée et des départements limitrophes. Il s’inscrit dans le souvenir de l’orgue classique (XVIIIe siècle) de la cathédrale de Luçon, détruit au milieu du XIXe siècle. Juxtaposant plain-chant et orgue, les interprètes font revivre la saveur particulière qui, un temps, a été un pont jeté entre la France et le Québec. On y retrouve la Messe du 4e ton, un Te Deum, un Magnificat ainsi que des pièces pour orgue seul. Brillantes exécutions dans le respect du contexte liturgique de ces œuvres. Magnifique! Hortus 139 (2016) Jean-Willy Kunz Maison symphonique de Montréal (Casavant, 2014, IV/P) Impressions Jean-Willy Kunz et Quatuor de jazz nous offre deux cadeaux. Le premier, tout en reprenant le répertoire dit traditionnel de l’orgue avec des œuvres de Bach, Widor, Vierne, Alain et Dupré, il nous propose une transcription du Carnaval des animaux de Saint-Saëns de son cru et nous présente une œuvre québécoise de Maxime Goulet. Le deuxième nous amène dans un tout autre univers : celui du jazz. Entouré d’artistes extraordinaires, l’organiste semble s’amuser dans la production d’œuvres notoires de cet univers. Autant le premier est de nature sérieuse, autant le second apporte une note de folie et de joie de vivre. On se plaît à entendre autant l’un et que l’autre. Connaissant bien l’instrument, Kunz nous en révèle d’heureuses sonorités et nous fait apprécier sa versatilité. Dans l’univers classique, l’instrument se fait valoir dans toute sa splendeur alors que dans l’univers jazz, il se fait tantôt complice des autres instruments, tantôt le maître de la situation. Cette performance de jazz a été présentée dans le cadre du Festival d’orgue de Montréal en juillet dernier. Emballant et fascinant! Classique : ATMA ACD2 2747 (2017) Jazz : ATMA, ACD2 2721 (2017) Mixtures, numéro 47, novembre 2017

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Lux Chœur de l’église St. Andrew & St. Paul, Montréal Jean-Sébastien Vallée, direction Jonathan Oldengarm, orgue Juste à temps pour être offert en cadeau à l’occasion de Noël, voici un excellent enregistrement des chorals protestants pour la fête de la Nativité. Le chœur de 45 voix, formé de chanteurs professionnels et amateurs qui participent aux services religieux hebdomadaires, sont sous la direction de Jean-Sébastien Vallée, directeur des études en chant choral et responsable de la division de direction à l’École de musique Schulich de l’improvisation liturgique à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Le répertoire présenté regroupe des chorals traditionnels ainsi que des arrangements produits par des musiciens contemporains. Quelques pièces d’orgue solo (Sowerby, Lucas, KargElert) complètent le programme. Une excellente suggestion pour se mettre dans l’esprit du temps de Noël. À l’écoute, on y ressent une paix intérieure, et la beauté du chant nous transporte dans un autre univers. ATMA, ACD2 2771 (2017)

André Isoir Couperin, De Grigny, Franck : Intégrales de l’œuvre Pour commémorer l’anniversaire du décès d’André Isoir (20 juillet 2016), l’éditeur La Dolce Volta publie trois albums doubles comprenant l’intégrale des œuvres de François Couperin, Nicolas de Grigny et de César Franck, et ce, à prix abordable. Ce ne sont pas de nouveaux enregistrements, mais bien les meilleurs réalisés par André Isoir au cours de sa carrière sur différents orgues d’Europe. L’album consacré à Couperin comprend aussi des compositions de Louis Couperin et de Jean Titelouze. Les interprétations sont magistrales et dignes de figurer dans toute bonne discothèque. Vraiment exceptionnel! Mon préféré : le Franck, réellement sublime. Couperin : LDV 147.8 (2017) De Grigny : LDV 149.0 (2017) Franck : LDV 176.8 (2017)

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Revue des revues par Robert Poliquin FRANCE

BELGIQUE

L’orgue francophone / BULLETIN DE L’ORGUE FRANCOPHONE, FFAO, 13 rue de Balzac, 93600 Aulnay-sousBois, France.

. , France. (Supplément de musique et CD avec chaque numéro) No 37, Été 2017 : La Vendée… terre d’asile; Une pépinière organistique; La formation des organistes, Abel Gaborit, une force qui va…; Les forces vives; Vendéens, ; Luçon, un cas particulier; Les maîtres contemporains de l’orgue; L’orgue Abbey du poiré-sur-Vie; Chavagnes-en Paillers, un creuset — Vézelay… la Cité de la Voix — Orgues en péril : le Dallery de la Sorbonne et la Tonhalle de Zürich — Bayan et orgue en dialogue —Jean-Baptiste Robin : Fantaisie mécanique — Organiste et l’instrument… la rencontre — Stras’Orgues : un patrimoine en lumière. DE LA MONTAGNE / .

ASSOCIATION ÉLISABETH HAVARD

No 141-144, 37e année, 2016 : Gérard Calvi, père du journaliste Yves Calvi — La construction de l’orgue de la cathédrale de Fort-de-France — Marian Balhant (19312013), soprano lyrique belge — Alfred Loewenguth (1911-1983), violoniste —Obituaire des musiciens — Éducation musicale au collège : choisir les chants — Guillaume Bouteiller (1787-1860), musicien, entreposeur de tabac, maire — L’opérette et l’opérette à grand spectacle en France et en Belgique —André Isoir (19352016), organiste, organologue, compositeur — Caractéristiques des styles musicaux selon les époques — Pierre-Jean Massin-Turina, alias Jean Turino (17921865) — Jean-François Grancher, alias Voya Toncitch (1938-2015), pianiste, compositeur — Les compositeurs français de génériques de dessins animés — Harry Halbreich (1931-2016), musicologue — Il y a 70 ans : quelques programmes musicaux de cérémonies religieuses — Auguste Barbereau (1799-1879), violoniste, chef d’orchestre, compositeur, théoricien —Disparition Nargeot (1799-1891), violoniste et chansonnier — Françoise Petit (1925-2015), pianiste, claveciniste — Revue des revues — CD et partitions d’Élisabeth et Joachim Havard de la Montagne.

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. V 49, No 193, 2017/1 : L’orgue dans la Revue et Gazette musicale de Paris (1834-1880) 5e partie — Réédition d’articles sur l’histoire de la facture d’orgues en Belgique et dans le Nord de la France (XVIe et XVIIe siècles) 1ere partie — L’orgue néo-baroque [De Graaf]Van de Cauter (1960) de l’église Saint-Étienne à Bertrix, son prédécesseur (Cloetens-Delmotte), et son contexte — Partitions : Vagues, pour deux orgues, op. 45 (Philippe Verkaeren), Hommage à Maître Edmond De Vos (Fabrice Renard). V 49, No 194, 2017/2 : L’orgue dans la Revue et Gazette musicale de Paris (1834-1880) 6e partie — Réédition d’articles sur l’histoire de la facture d’orgues en Belgique et dans le Nord de la France (XVIe et XVIIe siècles) 2e partie — Orgues thudiniens : le Boutmy (1763) d’Aulne transféré à Thuin, le De Volder (1842) de Notre-Dame d’el Vaulx et le Delmotte (ca1840?) du Christ-Roi — Muno, un petit village dans l’entité de Florenville se dote d’un orgue Thomas d’occasion — Partitions : Choral « Au fort de notre détresse » (Paul Eraly), Romy (Fabrice Renard). SUISSE La Tribune de l'orgue R E V U E S U I S S E R O M A N D E , Guy Bovet, CH-2000 Neuchâtel, Suisse

— Luigi discours du pape François — Déclaration sur les conditions actuelles de la musique sacrée — Du bistro de la Passion selon saint Matthieu de J. S. Bach — Le de M. Philéas Fogg — Actualités. CANADA Organ Canada / Orgue Canada / JOURNAL BIMENSUEL DU COLL GE ROYAL CANADIEN DES ORGANISTES (RCCO/ CRCO), 202-204 St. George Street, Toronto, ON V 30 No 3, Summer 2017 : Canadian Music in the United Kingdom — Benoît Poirier (1882-1965), organiste à Notre-Dame de Montréal (2e partie) — An Interview Page 37


after your older pipe organ.

V 51, No 9, September 2017 : Organ Tutors in the 19thCentury England, Part I : Some preliminary observations, with particular reference to C. H. Rinck

V 30 No 4, Fall 2017 : Montréal Organ Festival : Festival Competition Results — A Tribute to Hugh John Centre, Edmonton celebrates its 15th birthday. ÉTATS-UNIS (OHS), P.O. Box 26811, Richmond, VA 23261

V 51, No 10, October 2017 : Organ Tutors in the 19thCentury England, Part II

The Diapason / 3030 W. Salt Creek Lane, Suite 201, Arlington Heights, IL 60005 V 108, No 5, May 2017 : The Class of 2017: 20 leaders under the age of 30 — Restoring a 1973 Phelps Practice Organ — Performing Saint-Saëns’ Third Symphony: A conversation with conductor Andrew Grams and organist Jonathan Rudy — Feature: First Presbyterian Church, Tuscaloosa, AL; Létourneau, Opus 129, 2016, (III/P, 85/75)

— Feature: Holy Spirit Lutheran Church, Charleston, SC; Noehren 1963/Buzard 2017 (III/P, 26/37)

The American Organist / JOURNAL OF THE AMERICAN GUILD OF ORGANISTS (AGO), 475 Riverside Drive, Suite 1260, New York, NY 10115 V 51, No 5, May 2017 : Saint-Saëns’s Symphony III, Part I: Beginnings and Analysis — Reformation Anniversary Celebration — Taking the Organ to the Public — Meditations on Britten’s Five Canticles, Part V — Gerald Near at 75 — The Leadership Program for Musicians

V 51, No 6, June 2017 : Saint-Saens’s Symphony III, Part II: Its early life in America — What is “Urtext”? — In the Footsteps of Handel — A True Musical Theology In the Age of Reason (review) V 51, No 7, July 2017 : Joan Lippincott Honored — The Remarkable Dr. Sisler — A Murray M. Harris Reprise : Schoenstein & Co Builds a Reproduction Murray Harris Organ for California Church

V 108, No 8, August 2017 : 1863 E. & G. G. Hook Opus 232, Church of the Immaculate Conception, Boston, MA, Part II — Experiencing the Story: Oberlin’s 2017 Winter Term Trip to the Netherlands and Germany — Feature: Oklahoma History Center, Oklahoma City, OK; Kilgen, Opus 5281, 1935 V 108, No 9, September 2017 : 1863 E. & G. G. Hook Opus 232, Church of the Immaculate Conception, Boston, MA, Part III — Church Music Studies in Germany: Reflections on a Semester Abroad — Feature: Grace Episcopal Church, Hartford, CT; Schoenstein & Co, 2017 (III/P, 16/18) V 108, No 10, October 2017 : A History of Skinner Organ Company Opus 820 at the Cathedral of Our Lady, Queen Music Seminar: Switzerland, Italy and France — Feature: Trinity Lutheran Church, Houston, TX; Reuter, 2015 (III/P, 72/50) / Central United Methodist Church, Traverse City, MI; Reuter, 2017 (IV/P, 75/42) / St. John’s United Church of Christ, Lansdale, PA; Reuter, 2017 (III/P, 55/40)

V 51, No 8, August 2017 : Minimalism or Not? A closer look at Ad Wammes’s Miroir — Tubas, Bombardes, : A Dying Breed?

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