Numéro 46
Mixtures Bulletin de liaison de la Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue
www.fqao.org
Mai 2017
Mixtures Coordonnateur Robert Poliquin
Sommaire 4
Comité de rédaction Irène Brisson, Noëlla Genest, Robert Poliquin, Yves-G. Préfontaine Michelle Quintal
Les organistes 5
Claude Lagacé a 100 ans ! Les instruments
Collaborateurs à ce numéro Emmanuel Bernier, Jacques Boucher, Louis Brouillette, Alain Gagnon, Olivier Lavoie-Gagné, Gérard Mercure, Pierre-G. Pelletier, Robert Poliquin, Yves-G. Préfontaine, Sara Taddio
Présentation
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La traction proportionnelle pour l’orgue à tuyaux du XXIe siècle Les concours, congrès, conférences
Révision Marcelle Maheux, Gérard Mercure Impression Les Copies de la Capitale Paraît deux fois par année : mai et novembre Prix : Canada : 5 $ par numéro États-Unis : 7 $ par numéro Europe : 11 $ par numéro
Date de tombée : 1er du mois précédent
Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue Administration et trésorerie Réal Gauthier 1749, rue Boisvert Laval, QC H7M 2L1 Courriel : realgau@yahoo.com Mixtures Robert Poliquin 1203, rue du Sieur-d’Argenteuil Québec, QC G1W 3S1 Courriel : poliquin.robert@videotron.ca Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada Mai 2017 ISSN 1201-5741
Les chroniques 27 29 30 31 31 32 32 33 34 37
Anniversaires en musique Ici et là, au Québec... - Montréal - Québec - Rimouski - Drummond - Estrie Errata Nécrologie : Alain Gagnon Parutions Revue des revues
En couverture : Casavant, Opus 1217, 1927 / Cavelier 1974 / Guilbault-Thérien 1984 4 claviers et pédalier 70 jeux, 98 rangs Traction électropneumatique Basilique-cathédrale Notre-Dame Québec, QC
Les textes publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Mixtures, numéro 46, mai 2017
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Présentation Claude Lagacé, deux fois jubilaire* Culte et culture pourraient, à mon sens, mettre en relief la riche carrière de Claude Lagacé, serein centenaire. À compter de 1961, Claude Lagacé succède à Henri Gagnon et accède à la prestigieuse tribune de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Le défi de cette succession était de taille. Pour cette raison, le choix de la candidature de Claude Lagacé s’imposait; le musicien avait été un disciple d’Henri Gagnon et un témoin de la participation de son maître aux offices liturgiques de la basilique. Pendant son titulariat, Claude a maintenu ce niveau, l’a enrichi et y a apporté une contribution aussi personnelle que remarquable. Jeune étudiant à la Faculté de musique de l’Université Laval, j’allais discrètement l’écouter à la cathédrale. Ce furent des leçons de saines liturgies au cours desquelles le choix du répertoire fusionnait avec la sensibilité des offices. J’y ai beaucoup appris. Culture : voilà un mot qui illustre si bien le musicien centenaire : homme de profond savoir marqué par la modestie des grands. Dans sa classe de chant grégorien à la Faculté de musique, alors sise rue de l’Université au cœur du Vieux-Québec, que j’ai fréquenté avec passion, l’enseignement de Claude Lagacé allait bien au-delà du corpus millénaire. Il a su nourrir ces lignes anciennes d’une sorte de continuum culturel. Il le faisait avec la générosité et la passion d’un véritable maître. Puis, c’est à la radio française de Radio-Canada, comme réalisateur d’émissions musicales − à l’époque où il y en avait − que j’ai connu plus intimement Claude Lagacé. Je fus alors son réalisateur pour des diffusions d’orgue enregistrées en itinérance. Claude fut exemplaire de préparation, de concentration, et surtout d’abandon. Les réalisateurs savent à quel point, pour le musicien, ces enregistrements sont exigeants, le micro étant un filtre authentique, non seulement de l’acte musical mais aussi des tensions, des angoisses, des peurs légitimement liées à ce travail. Là, Claude Lagacé fit preuve d’une rare quiétude, de sérénité et surtout de confiance envers son ancien étudiant, devenu pour quelques heures son réalisateur, qui devait le guider dans cette démarche sonore. Enfin, sorte de testament sonore, son disque enregistré au vénérable Casavant de la rue De Buade est considéré à bien des titres comme une réelle référence pour des organistes et des mélomanes de tous horizons. Il illustre le style de l’artiste, l’étendue de son répertoire, et surtout sa pensée musicale. Heureux anniversaire, gentil homme! Jacques Boucher Président de la FQAO Titulaire du grand orgue de Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Jubilaire (jubilé) : Dans la Bible, année privilégiée qui revient tous les cinquante ans.
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Claude Lagacé a 100 ans !
Photo: Jacques Drouin
On n'a pas tous les jours vingt ans, ça nous arrive ici Claude Lagacé nous fournit une belle occasion d’échanger sur les diverses circonstances qui nous l'ont fait connaître. J'avais tout d'abord eu l'occasion de l'entendre à la radio dans les séries Récital d'orgue et Tribune de l'orgue, mais c'est alors qu'il était titulaire de l'orgue de la basilique-cathédrale de Québec que sa confiance envers le tout jeune organiste que j'étais pour le suppléer à l'occasion. J'avais ainsi pu profiter de ses conseils témoignant de sa grande expérience de musicien d'église. Durant cette période, monsieur Lagacé m'avait aussi confié le déménagement de l'harmonium-orgue − l'ancienne console de Sainte-Mariede-Beauce − qui avait servi autrefois d'instrument
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de pratique et d'enseignement à Jean-Marie Bussières, et son installation dans la résidence ancestrale de l'Île d'Orléans. Ce fut également le prétexte pour échanger autour d'une bonne table… et profiter de l'hospitalité insulaire légendaire justement renommée! Mais c'est au sein de l'association des Amis de l'orgue de Québec − dont il demeure le seul membre fondateur survivant − que je l'ai davantage côtoyé. Il en a d'ailleurs assumé la viceprésidence de 1967 à 1993, ce qui donne une idée de son indéfectible engagement. Mais place maintenant à ces personnes qui connaissent Claude dans des contextes autres que celui de l’orgue, autant de facettes de sa riche personnalité. Paul Grimard
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Bien avant son arrivée à la Basilique de Lagacé. Élèves au Collège Saint-Louis d’Edmundston, de la cathédrale d’Edmundston.
de l’orgue
au Collège. Dans ses digressions, il nous parlait avec admiration de son ami du Petit Séminaire de Québec, élève d’orgue lui aussi, en poste à Toledo (Ohio). Ses mots : « Un grand organiste ». Un bon jour, il nous annonce avec joie et fierté que son ami devenait organiste titulaire à la Basilique de Québec. Avant même qu’il soit reconnu à Québec, nous connaissions monsieur Lagacé. « Quel organiste! À la Basilique de Québec! » Puis au printemps 1964, le Festival de musique d’Edmundston l’invita comme juge. Admiration générale des professeurs et des parents. De passage au Collège en même moment pour signer mon premier contrat d’enseignant, j’ai rencontré monsieur Lagacé en compagnie de mon ancien professeur, et nous avons beaucoup discuté. Il a même accepté de me ramener à Québec le lendemain dans sa Rambler, car mon année universitaire n’était pas terminée. Tout le voyage se passa comme un long cours : musicologie, histoire et quoi encore. . et drôle à la fois. Inoubliable. Quelques mois plus tard, nous nous
Sérieux, mais pas guindé, il se joignait à nous dans des rencontres de détente. Par exemple, au presbytère, dans de petites réceptions pour souligner la générosité des laïcs qui se dévouaient à la Basilique, monsieur Lagacé parlait à tous, blaguait et accompagnait des chants de Noël sans critiquer le piano qui aurait mérité un travail de levé le nez sur un tel instrument, pas notre monsieur Lagacé qui tenait à faire plaisir aux gens qui l’entouraient. Il se joignait aussi à nous aux petites fêtes que j’organisais dans ma propriété, l’été, pour le chœur des hommes : vins, souper en plein air et musique dans la maison. Il faisait résonner le piano avec grand plaisir et nous égayait avec des anecdotes. Un intellectuel de grande qualité. En le côtoyant, nous avons l’impression qu’il sait tout, car il disserte avec aplomb sur tous les sujets que nous abordons. Écrivain agréable à lire; sa chronique et portraits de musiciens, Musique et Musiciens, nous instruisent et nous charment à la fois. D’autre part, passionné pour la langue française, langue de chez nous qui mérite un meilleur parler nos gens. C’est une réflexion sur un véritable plaidoyer pour nous inciter à soigner notre discours. Texte très convaincant qui pourrait rallier tous les francophones de chez nous. Et quel style alerte, quels traits d’humour!
de découvrir la musique française du XVIIe
— Connaissez-vous l’œuvre ? Ce doit être très beau ? − Oui, tout à fait. Mais le compositeur Marc-
En avril 1973, je deviens membre du chœur d’hommes qui se joignait à la Maîtrise du Chapitre pour toutes les grandes cérémonies. Nous nous retrouvons alors, et notre collaboration devint de plus en plus étroite quand je devins maître de chapelle en 1976.
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Finalement, l’organiste titulaire.
Nous avons connu Claude Lagacé pendant nos
Ma collaboration avec monsieur Lagacé m’a permis de découvrir un organiste connaissant très profondément la tradition de la Basilique. Dès son jeune âge, étudiant au Petit Séminaire de Québec, puis élève de l’organiste titulaire, M. Henri Gagnon, il a participé aux cérémonies de la cathédrale. Il possède une connaissance profonde de la vie et du répertoire liturgiques : chant, œuvres pour orgue. Grâce à sa profonde connaissance de l’harmonie, il est un maître dans l’accompagnement improvisé de chants liturgiques. Il a traversé la période difficile du Concile Vatican II et n’a pas glissé sur la pente de la facilité comme tant de responsables de la liturgie. Sa formation solide, ses convictions et sa grande culture l’ont protégé
de l'Université Laval.
alors. Il a toujours démontré une dans les cérémonies. On le constatait d’accompagner le chant ou les et parfois aux funérailles. Il a marqué la vie musicale à la basiliquecathédrale Notre-Dame de Québec durant 32 ans. Richard Bernier chantre à la Basilique à partir de 1973 maître de chapelle de 1976 à 2006
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Ce collègue organiste déjà réputé était aussi connu pour son intégrité et l'engagement profond à sa tâche. Cependant, c'est plus tard, au début de notre retraite que nous avons eu la chance de fréquenter Claude plus assidûment et de trouver en lui un véritable artiste et un grand ami. Sa vaste culture, sa force spirituelle et son amour de l'art nous ont vite séduits. Lors de nos rencontres, nous étions constamment émerveillés par sa brillante conversation et la richesse de sa pensée, non seulement sur la musique, mais aussi sur l'art en général et la littérature en particulier. , car il arrivait souvent à Claude de les clore en récitant de façon exquise des strophes entières de ses chers poètes… Claude a toujours été un passionné de la vie et de ses beautés. Doté aussi d'un solide sens de l'humour et d'une vitalité hors du commun, il poursuit son chemin dans la joie avec sa chère épouse, Anne. Cet être d'exception, pétri d'humanisme, fut une véritable inspiration pour toute une génération! Frans Brouw, pianiste, professeur émérite de l'Université Laval Margareta Tinel-Brouw, violoniste
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Claude Lagacé! La simple évocation de son nom me reporte loin derrière : à près de quarante ans passé. Mais que de beaux et précieux souvenirs! Ensemble avons-nous eu le plaisir de travailler à la bonne marche et au
J’ai entendu parler de Claude, pour la première fois, par mon professeur d’orgue et de direction
à cœur et que nous aimions profondément : l’École de musique de l’Université Laval, aujourd’hui devenue Faculté. Ainsi ai-je eu le bonheur d’apprécier, jour après jour, ses qualités d’homme et de musicien : le respect, la délicatesse et la discrétion qui sous-tendaient tous les rapports qu’il entretenait avec les étudiants et chacun de ses collègues; sa volonté de transmettre aux futurs éducateurs une
Ce dernier avait fait sa connaissance alors que Claude était organiste de la cathédrale de Toledo. Monsieur Courboin, d’origine belge, était fier qu’un organiste canadien-français soit titulaire d’un très bel instrument aux États-Unis.
, axée sur l’essentiel et dans l’exercice de ses fonctions aux grandes orgues de la basilique de Québec, digne successeur de Gustave et Henri Gagnon, la recherche constante d’une musique liturgique de qualité. C’est dire la profonde estime et l’affectueuse reconnaissance que j’ai gardées et que je garderai toujours pour son étroite collaboration, et le grand plaisir que je prends aujourd’hui de les lui rappeler à l’occasion du « centième de son âge », à mon tour. Joyeux anniversaire, mon cher Claude! Qu’une inaltérable santé te soutienne encore ad multos annos! Lucien Brochu, professeur École de musique Université Laval (1947-1987)
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des grandes orgues à la cathédrale SaintPatrick à New York.
Puis, vers la fin des années soixante, j’ai travaillé avec monsieur George Little, alors directeur de l’enseignement musical au ministère de l’Éducation, et avec Claude, directeur adjoint de de la publication du rapport Rioux portant sur l’enseignement des arts, de l’élémentaire à l’université. En 1968, nous sommes allés ensemble à Dijon, national Society for Music Education), accompagnés de 12 jeunes violonistes qui ont participé à ce congrès. Enfin, nous avons mis sur pied la FAMEQ (Fédél’aide de messieurs Little, Normand Laprise, Jean Patenaude et Réal Joly, et de Sœur Marcelle Corneille. , Gilles Fortin, organiste
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Photo prise lors de l’arrivée de Joseph Bonnet à la Gare du Palais à Québec le 20 janvier 1941. Il devait, le soir même, donner un récital à la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. De g. à d., Claude Lagacé, Jean-Marc Roberge, Joseph Bonnet, Henri Gagnon, organiste titulaire à la basilique, Dom Albert Jamet o.s.b., l’abbé Alphonse Tardif, professeur au Collège de Lévis.
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Vous avez dit : « cent ans » ? Claude Lagacé, le grand organiste, le grand amoureux de la langue vient d’avoir 100 ans. Mais qu’est-ce que ça signifie, 100 ans ? Mon amitié avec Claude date de l’an 2002. J’avais alors 59 ans, et je dus tomber en bas contact, je me suis nourri de ses connaissances et de sa grande culture artistique. Nous avons pu échanger sur nos métiers et sur certaines coïncidences. Claude est né à Sorel en 1917, son père y était le gérant de la Banque Molson. Quel hasard! Mon propre père, dans cette même succursale... en 1918. Nos pères se seraient donc croisés. Claude a aussi connu le musicien Maurice Blackburn (né en 1914) qui a été mon ami et mon mentor avec Norman McLaren pour ma carrière de cinéaste d’animation à l’ONF. Enfin, ce qui m’a rapproché encore plus de Claude, c’est d’avoir réalisé sur lui un portrait vidéo où il fait part de ses convictions artistiques et humaines. La recherche m’a amené à feuilleter ses albums de famille qui m’ont permis de constater son parcours exceptionnel, la qualité exceptionnelle de son milieu et l’époque privilégiée au cours de laquelle il a œuvré. L’anniversaire de Claude me donne l’occasion de jongler avec un exercice de relativité, de mesurer ce que signifie un passage de 100 ans sur terre et de réfléchir sur les dates qui sont des repères dans le temps. Comment Claude a-t-il traversé le siècle depuis 1917 ? Comment saisir que 100 ans, c’est à la fois long et court ? Brahms décédait en 1897, soit seulement 20 ans avant la naissance de Claude. Cent ans auparavant, soit en 1817, naissait Henry David Thoreau et décédait Madame de Staël... Mais je m‘arrête ici, car la vie continue. L’important, c’est que j’aurai été, pendant un certain temps, le contemporain de Claude.
Claude et moi avons toujours partagé cette idée que tous les arts étaient reliés et communiquaient entre eux mystérieusement. Pour lui comme pour moi, un tableau peut être musical comme une sonate peut évoquer une atmosphère picturale. Mais au-delà de ce point de rencontre qui n’a jamais cessé de nous inviter à fraterniser lui et moi, Claude, dans sa grande de l’art, source intarissable de beauté à laquelle s’abreuvent les vrais artistes de tous les temps. Il me disait récemment à ce sujet qu’il qui semblent oublier la noblesse de cet héritage. À l’âge de 100 ans, Claude n’a rien perdu de cette ouverture d’esprit et de cette vision étendue de la vie qui lui permettent d’en saisir les accords universels et impérissables. Sa personnalité est bien celle d’un humaniste capable de profondeur et de légèreté à la fois. Oui, Claude sait être grave sans pour autant se prendre au sérieux. D’où la grâce rieuse et la profondeur qui imprègnent sa compagnie. En d’autres termes, l’homme est entier et on ne peut dissocier sa pensée de sa vie. Du reste, pour moi, Claude a toujours été, avec son épouse Anne, un modèle quant à l’art de vivre. Par cela, j’entends l’art d’accorder du prix au moindre geste de la vie et de le revêtir d’harmonie. C’est cette même harmonie qu’on devine encore aujourd’hui dans son sourire plus silencieux, dont il continue de nous gratifier. mander une œuvre, tu sais ce que ce serait ? − J’écoute, lui dis-je − Alors, il me regarde au fond des yeux et me murmure en souriant : Le paradis. » Pierre Lussier, artiste peintre
Bon centième anniversaire, cher Claude! Jacques Drouin, cinéaste
N.D.L.R. Grands mercis à Anne Rogier qui a gentiment coordonné la collecte des témoignages et qui nous a ouvert l’album de photos de famille afin d’y extraire les photos qui ornent ce reportage.
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L'ami Claude, « doué pour le bonheur »
De retour du Rwanda
Du haut de sa Tribune
Le premier contact de mon épouse Madeleine et moi avec Claude s’est établi quelques années plus tard. L'éminent artiste, professeur et scribe est de retour du Rwanda avec son épouse et muse Anne, traductrice et interprète. Celle-ci y a
J'ai entendu une seule fois Claude Lagacé aux il y a 35 ans. Amateur d'orgue grâce à la Tribune de l'orgue (émission radio de la SRC préparait sa semaine), fort impressionné par la Ému, le sacristain s'approche de nous. − Vous ne le connaissez pas ? − Oui, de nom seulement. − Hélas pour vous, c'est son… point d'orgue final. Ici depuis 30 ans. Un homme extra, simple, cordial, souriant, farceur, taquin. Il domine avec aisance le jubé et la nef. On l'aime énormément.
, en lien avec le génocide des Tutsis. Le couple en revient bouleversé. Chaviré, tragédie. Dans une vitrine du Vieux-Port, coup de foudre pour une sculpture en céramique d'une longiligne et magnifique Noire, amputée de ses deux mains. Anne l'achète et lui accorde prestement la place d'honneur, sur le manteau de la cheminée. Ravie que cette Tutsie soit l'œuvre d'une Québécoise, elle veut saluer et remercier l’artiste. C’est ainsi, qu’un soir d'hiver, avant un concert au Palais Montcalm, le couple fait un détour par Cap-Rouge et sonne à notre musique.
Photo prise récemment lors d’un concert au Musée de l’Amérique francophone à Québec. Il est entouré, de gauche à droite, de son épouse, Anne Rogier, de Noëlla Genest, d’Hubert Laforge et de Kenneth Gilbert. (Photo: Florence Laforge)
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Les excursions culturelles Depuis une cinquantaine d'années, je pense, les Amis de l'orgue de Québec (AOQ) organisent, chaque lundi de l'Action de Grâces, une tournée culturelle dans les diverses régions du Québec, et jusqu’à Ottawa. Obligé de battre en retraite (!) il y a près de vingt ans, je me suis empressé de devenir membre des Amis et de participer avec grand plaisir à ces escapades vivifiantes, d'Oka à Rimouski, de Saint-Benoit-du-Lac à Chicoutimi. Anne et Claude sont des habitués de ces agréables périples, à l'écoute d'orgues les plus divers. Amateur sans oreille musicale, ces auditions et les commentaires des pros enrichissent mes maigres connaissances sur cet immense instrument. Aux repas, Anne et Claude m'invitent gentiment à la table qu'ils partagent avec un couple ami, Lucile et Marc-Aurèle Thibault à ces visites et à ces joyeux lurons, l'orgue, mon compagnon privilégié, devient un superbe instrument intense de partage, de générosité et de passion intime pour le « baroqueux » que je suis, fidèle de JSB (ainsi que le nomme l'illustre mélomane Edgar Fruitier). Autres sorties amicales Charlevoix, Kamouraska, le Maine : trois destinations que les amis Lagacé affectionnent depuis longtemps, y ayant leurs habitudes d'aimables retrouvailles. Moments que nous partageons avec eux à l'occasion pendant près de vingt ans en plus du bon vin et des excellentes tables d'Anne à Sillery ou de Madeleine à Cap-Rouge. Par exemple, Anne a un important contrat d'une semaine à Rimouski. Ne voyageant pas sans Claude ni lui sans elle, elle loue un chalet au Bic laissant des mots d'amour à son époux et des suggestions écrites de sorties à trois. Ainsi les fabuleux Jardins de Métis. J'emprunte pour Claude un déambulateur pour lui faciliter cette longue visite dans les jardins. Il regimbe, n'en veut pas, préférant marcher, d'un bon pas d'ailleurs. C’est donc moi qui profite de cette marchette vide, fort utile d'ailleurs pour un boiteux… D'Anne (bis) à Sainte-Anne… Comme nous, très attaché à Québec et à ses écrivains, Claude ne cesse de me taquiner au sujet de Saint-Denys-Garneau et de sa cousine Anne Hébert. D'elle, il garde jalousement une lettre personnelle. Il finit par me la lire mais
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esquive ma question brûlante : une idylle avec la belle Anne, du même âge que lui ? Mystère et boule de gomme. Même discrétion sur ses fréquentes visites, en compagnie d’un ami ou d’un autre (dont Marc-Aurèle Thibault) à la Bonne ne pas dire canoniques, et de vies exemplaires, devaient-ils encore s’accuser de leurs frasques juvéniles aux Rédemptoristes ? Grands lecteurs, il nous arrive de faire nôtres des livres empruntés et Claude est un expert en cette matière. Par exemple, il garde par devers lui un exemplaire auquel je tiens énormément : l'édition originale du Tombeau des Rois, publié en 1953. De quoi s'en confesser, confie la grande troisième Anne, sa muse adorée et infatigable aidante naturelle et… surnaturelle. Je dois avouer qu'en Hébert... Doué pour le bonheur Passionné, curieux, amoureux, notre joyeux centenaire a joué, enseigné, chanté, fondé en 1966 et dirigé le Chœur du Vallon, voyagé, admiré, prié, médité. Il a aussi beaucoup écrit, avec tendresse et humour, sur notre chère et si malmenée langue française. Dans J'écoute parler nos gens (GID, 2014), il fait notamment sien le rappel de Fernand Dumont : « À tout prendre, pour être un bon citoyen, deux savoirs sont indispensables, la langue et l'histoire. » La même année, Musique et Musiciens donne raison à Jacques de cet homme de 97 ans sont « passionnées, d'une fine observation, déclamées avec élégance et, surtout, d'une touchante sincérité ». De Bach à Bangkok, de captivantes et sympathiques chroniques de voyages du couple hors Desautels note que notre ami Claude « est un être doué pour le bonheur ».
qui le trouve a trouvé un trésor. » Et nous le chérissons. Gilles Lesage, journaliste
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Claude Lagacé, l’organiste centenaire et la Maserati La vaste curiosité, la pensée originale, la jeunesse d’esprit de notre organiste centenaire sont sur la langue des Québécois, leurs beautés et lacunes ainsi que sur nos musiciens ou sur ses voyages « De Bach à Bangkok ». au Salon de l’auto de Québec. Surprise ? Aucunement. Car depuis toujours notre professeur-organiste est fasciné par les belles mécaniques et leurs sonorités. Bien sûr d’abord par l’orgue, le plus grand et plus complexe des instruments de musique. Et en particulier celui de la basilique-cathédrale de Québec où pendant des décennies il fut aux commandes (les dix doigts aux nombreux claviers, les deux pieds tout aussi agiles aux pédaliers, sans oublier les multiples boutons du tirage des jeux) des quelque huit mille tuyaux des trois orgues Casavant. pour les voitures comme œuvres d’art, de raffinement, de performance.
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Pendant des années, à son anniversaire, il s’accordait le plaisir d’aller chez un représentant faire l’essai routier d’un véhicule de rêve : « Jaguar, Mercedes, Smart, Porsche, Fiat 500, etc. se sont succédé… » confie Anne Rogier. Récemment donc c’est au Salon de l’auto qu’il se retrouvait pour au moins encore voir, toucher, : « Pourrais-je, si vous permettez, m’asseoir au volant d’une Rolls-Royce ? » Réponse à notre vous pouvez voir là une Bentley ». Trouvant le ton peu amène, notre héros s’éloigne pour se diriger vers un voiturier concurrent. L’accès à la Ferrari visée étant un peu difficile, l’aimable sur une Maserati. Occasion d’une glorieuse photo ! Notre centenaire, doyen mondial sans doute des organistes, merveilleux de finesse et d’humour, quittera le Salon avec ces mots : « La Rolls-Royce, ce sera pour l’an prochain! » Hubert Laforge, ex-doyen et recteur directeur de la reconstruction de l'orgue de 1753 offert à la Chapelle du Musée de l'Amérique francophone
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Récitals d’orgue à la basilique Été 2017 4 juin 11 juin 18 juin
Laura Guindon (Trois-Rivières)
Philippe Bournival (Trois-Rivières)
Pierre Bouchard
(Lévis)
25 juin
Claude Beaudoin
2 juillet
Louise For n‐Bouchard
9 juillet
Édith Beaulieu
16 juillet
Mélanie Barney
23 juillet 30 juillet 6 août 20 août 27 août
(Trois-Rivières) (Lévis)
(Québec)
(Saint-Jérôme)
Jocelyn Lafond
(Saint-Hyacinthe)
Marc Senneville
(Baie-du-Fèbvre)
Gilles‐Maurice Leclerc (Ottawa)
Jean Côté
(Saint-Augustin-de-Desmaures)
Mar n Brossard
(Trois-Rivières)
Les dimanches à 14 heures Entrée libre Contribution volontaire 626 Notre-Dame Est Trois-Rivières, QC G8T 4G9 Informations: (819) 374-2441 www.sanctuaire-ndc.ca
La traction proportionnelle pour l’orgue à tuyaux du XXIe siècle par Pierre G. Pelletier Valoriser la touche subtile de l’artiste et la signature musicale de chaque orgue ancien ou nouveau. Valeurs du passé et exigences du futur L’idée d’inventer une machine pour assister la mécanique de l’orgue à tuyaux n’est pas nouvelle, comme le prouve l’avènement de la machine de Barker au cours du XIXe siècle. La technologie d’alors a donné lieu à un mouvement inusité vers une facture d’orgue modernisée pour de très gros instruments. Au début du XXe siècle en Amérique, on avait déjà pressenti la multiplicité des possibilités sonores en recourant à des technologies à base d’électricité. À cause des techniques disponibles à l’époque, on mettait en veilleuse le besoin d’allier la flexibilité appréciée des consoles électriques modernes et la sonorité de l’orgue mécanique, reconnue depuis des siècles. Encore fallaitil que la technologie fût assez avancée pour permettre la concrétisation d’une telle idée et finalement pouvoir enfin « allier le meilleur de deux mondes »! Depuis quelques années, on a fabriqué plusieurs orgues à tuyaux avec sommiers à gravures qui utilisent des électroaimants commandés électroniquement en « tout ou rien » (On-Off) pour ouvrir les soupapes. Cette commande en tout ou rien révèle un compromis au plan de la sonorité de
l’orgue qui ne respecte pas parfaitement la signature du musicien, puisqu’elle retranche une partie importante du jeu nuancé de l’organiste et de sa musicalité. Commande d’ouverture de soupape au clavier d’un orgue Une étude sur des orgues mécaniques publiée en 2006 a été réalisée par le Dr Alan Woolley PhD du département de musique de l’Université d’Édimbourg et elle s’intitule "The Physical Characteristics of Mechanical Pipe Organ Actions and how they Affect Musical Performance"1. Cette étude la sonorité d’un orgue mécanique. Il a entre autres enregistré sur un grand orgue les courbes caractéristiques d’ouverture d’une soupape et la production du son du tuyau en relation avec la touche du musicien. On remarque tout particulièrement à la figure 1, une courbe caractéristique en gras du mouvement de la touche qui est suivi de l’émission du son lors du décollement de la soupape appelé « Ploc ».
Figure 1 Courbes caractéristiques : mouvement de la touche, déplacement de la soupape et son émis par le tuyau2 C’est particulièrement cette partie de la courbe au clavier qui est amputée par une action électrique dite en « tout ou rien ». Cela enlève une composante essentielle de la nature du jeu subtil, la touche de l’organiste. En effet, peu importe qui joue l’orgue, les points d’ouverture et de fermeture sont simplement initialisés à un endroit précis de l’enfoncement de la touche du clavier.
1
Dr Alan Woolley, Journal of American Organ building, December 2006
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2
Dr Alan Woolley. Fig 3, “The Organ: A Dangerously Inexpressive Musical Instrument?” The Diapason, Scranton Gillete Communications Inc, Arlington Heights IL, October 2013 pages 23 - 29. Page 15
Pour un orgue mécanique qui demande beaucoup de force au clavier, il est possible de croire que le « Ploc » dans certains cas entrave une grande une traction électrique proportionnelle conserve la caractéristique du mouvement au clavier et contourne la restriction du « Ploc » pour offrir un meilleur contrôle de l’ouverture et de la de
entre les musiciens puisqu’il touche à la perception sensorielle et au goût de chacun. Pour les grands instruments qui pourraient être assez difficiles à jouer en raison de la dureté des claviers accouplés, la traction électrique offre un meilleur confort pour la virtuosité au clavier. Une traction proportionnelle apparaît alors comme étant la solution appropriée. Elle offre la sonorité traditionnelle de la mécanique parce qu’elle respecte la touche subtile de l’artiste par la précision du mouvement de l’électroaimant à l’attaque et au relâchement de la touche au clavier. N’oublions pas que le système de traction, qu’il soit mécanique ou électrique, est au cœur de l’orgue et qu’il est en grande partie responsable de sa sonorité3.
Pour un instrument neuf, la mécanique doit cohabiter avec l’électrique, soit pour les accouplements, soit pour des divisions tout électriques. Dans le cas d’une restauration, l’objectif est de fournir une assistance aux claviers tout en conservant l’intégrité de la traction mécanique de l’instrument. Grâce à cette assistance, l’organiste peut, sans effort supplémentaire, accéder à une palette sonore élargie et réaliser une « performance artistique fidèle à son talent ». La traction proportionnelle Le principe de fonctionnement de la traction proportionnelle est de transmettre fidèlement à la soupape les mouvements subtils de la touche de nique classique qui relie la touche à la soupape du tuyau par un jeu de tiges et de leviers. Pour doivent lire en permanence la position précise et le mouvement des touches (Figure 2). 3 Traction proportionnelle et la traction mécanique (Video) : http://www.novelorg.com/site/pages/accueil_en.html
Figure 2 Installation des capteurs sous les touches de clavier Orgue Pasi - Sacred Heart Co Cathedral, Houston TX Page 16
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Restaurations des orgues anciennes La traction proportionnelle s’adapte parfaitement à des orgues possédant déjà une mécanique. Il est possible d’alléger une mécanique existante sans modifier sa structure (Figure 3a-3b) et de rajouter des possibilités supplémentaires d’accouplement des claviers. Il existe des algorithmes de compensation en température et en déplacement parfait des sons qui proviennent des soupapes actionnées mécaniquement et des soupapes actionnées électriquement. Tous les procédés d’ajustements sont très simples et sont réalisés au clavier ou à l’écran, évitant ainsi des travaux souvent fastidieux pour les facteurs d’orgues. En somme, la restauration des instruments d’hier est grandement facilitée et l’ajout du système proportionnel « ne compromet en rien le caractère historique de l’instrument ».
Figure 3b Électroaimants installés dans les sommiers Orgue Grenzing - Maison de la radio Paris Radio France
Figure 3a Électroaimants installés dans la mécanique Orgue Grenzing - Maison de la radio Paris Radio France
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Les orgues hybrides, à traction mécanique avec systèmes électriques conventionnels, permettent aussi de jouer l’orgue à partir d’une console à distance. Cette solution, en mode tout ou rien (onoff), n’est pas sans compromis quant à la sonorité de l’instrument et à la précision du jeu de l’organiste (Figure 4a-4b). Les musiciens désirent avoir tous les avantages de la console moderne sans perdre de la rapidité et le contrôle des nuances au bout du doigt. Le système de traction proportionnelle répond à ces attentes des organistes et permet aux facteurs d’orgues de fournir plus facilement les fonctionnalités exigées à la console, et ce, sans compromettre la sonorité.
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Figure 4a Fermeture de soupape en mode tout ou rien
Figure 4b Fermeture de soupape en mode proportionnel
Fabrication des nouvelles orgues La nouvelle technologie apporte des avantages considérables dans la fabrication des orgues. Les contraintes d’architecture et d’espace sont souvent compromettantes dans la réalisation des projets. Ils ont des incidences importantes sur les devis et les coûts de fabrication des nouveaux instruments. Voici quelques aspects démontrant l’impact de la technologie proportionnelle pour l’orgue à tuyaux :
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Caractéristiques
Bénéfices
Conception et plans simplifiés
Diminution des contraintes
Fabrication optimisée
Frais de main-d’œuvre moindres
Ajustements automatisés
Réalisés au clavier ou à l’écran
Systèmes de compensation
Toujours parfaitement ajusté
Montage simplifié en atelier
Préharmonisation en atelier
Accouplements et fonctionnalités
Facilité pour l’organiste
Simplicité et modularité
Entretien et réglages simplifiés
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Démocratisation de l’orgue L’avenir de l’orgue réside dans la renaissance de son plein potentiel. L’orgue doit demeurer au service de la musique ancienne et offrir des possibilités nouvelles pour la musique moderne. Voilà donc une percée depuis longtemps rêvée et rendue possible par les récents développements de microcontrôleurs informatiques. Désormais, les facteurs d’orgues ont accès à une nouvelle technologie de traction électrique, offrant une souplesse de jeu et des possibilités qui s’affranchissent des limitations de la mécanique tout en conservant sa finesse. Avec l’installation de la nouvelle traction proportionnelle, et plus particulièrement au grand orgue Pasi de la Co-Cathédrale du Sacré-Cœur de Houston4 et au grand orgue Grenzing de Paris Radio France5, un tournant décisif a été atteint dans l’histoire de la facture d’orgues : une nouvelle génération d’orgues à traction numériquement assistée juxtaposée avec la traction mécanique traditionnelle. La démonstration de ce concept est maintenant accessible des deux côtés de l’Atlantique à tous les organistes et facteurs d’orgue désireux de mesurer les performances de ces instruments. Depuis quelques années seulement, la traction proportionnelle a été installée sur quelques instruments neufs et restaurés. La nouvelle traction à commande numérique apparaît maintenant comme l’élément clef d’un système intégré qui composera l’orgue du XXIe siècle6. Par exemple, la réalisation d’enregistrements (playback) parfaits de musiciens un tournant décisif pour la musique d’orgue, les musiciens et le grand public. Sans
aujourd’hui en concert la façon dont Bach et Mozart touchaient le clavier d'un orgue! L’accès aux nouvelles technologies n’est pas limitatif et permet d’entrevoir une infinité de possibilités, que ce soit pour un musicien ou pour un facteur d’orgues. Des avenues originales apparaissent et vont servir la musique et la démocratisation de l’orgue, au grand plaisir des audiophiles. 4
http://www.pasiorgans.com/instruments/opus19.html http://www.grenzing.com/newsshow.cfm?id=329&lingua=fr 6 http://www.huygens-fokker.org/docs/Harlow%20%20Recent%20Organ%20Design%20Innovations%20and% 20the%2021st%20Century%20Hyperorgan.pdf 5
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En haut, l’orgue Pasi de la co-cathédrale Sacré-Cœur de Houston et en bas, l’orgue Grenzing de la maison Radio-Franc à Pris.
Pierre G. Pelletier est Président de NovelOrg, ingénieur électrique et organiste amateur. Avec son équipe technique, il a mis au point un nouveau système de traction proportionnelle électromécanique pour les orgues à tuyaux.
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INTERMÈDES À L’ORGUE 2017 O
J
L C
,
12 15
6
Gagnants Concours d’improvisa on AGO Concours na onal RCCO
13
Jonathan Oldengarm (Montréal)
20
Maria Budacova (Montréal)
27
Susanna Veerman (Pays‐Bas)
3
Olivier Lavoie‐Gagné (Montréal)
10
Ulrich Mangold (Allemagne)
17
Georgio Revelli (Italie)
24
Lauma Akmene (Montréal)
31
Xavier Brossard‐Ménard (clarine e)
Jonathan Oldengarm (Montréal)
Concours d’orgue de Québec par Alain Gagnon
Le prochain Concours d’orgue de Québec se tiendra le 15 juin prochain à l’église Saints-MartyrsCanadiens de Québec. Quatre des meilleurs jeunes organistes du Canada et de la NouvelleAngleterre fique orgue Casavant de 69 jeux que le mécène du concours, monsieur Claude Lavoie, a fait installer en 1959 et dont il a été le titulaire jusqu’à sa retraite en 1974. Menant une impressionnante carrière de pédagogue et d’interprète, Claude Lavoie s’est particulièrement loppement et au rayonnement des jeunes organistes. Le don substantiel effectué par M. Lavoie à la Fondation qui porte son nom permet d’organiser, tous les trois ans, le Concours d’orgue de Québec. Encore cette année, le Concours d’orgue de Québec pourra compter sur un jury prestigieux constitué de cinq musiciens réputés, soit mesdames Marnie Giesbrecht (Edmonton) et Jeanne Lamon (Toronto), ainsi que messieurs Thierry Escaich (France), Marc-André Doran (Montréal) Jean-Guy Proulx (Rimouski). Tous ont accepté avec enthousiasme l’invitation du Conseil d’administration de la Fondation. Lors de l’épreuve finale, le jury sera accompagné d'un président et d’un membre du conseil d’administration désigné par ce dernier. Le président du jury n’a pas droit de vote et n’intervient que pour des questions d’ordre règlementaire.
Le programme imposé pour l’épreuve finale vise à mesurer la musicalité et la virtuosité des finalistes ainsi que l’expression du talent et la créativité. C’est ainsi que l’équilibre du programme est un aspect que le jury prendra en considération commandée au compositeur québécois Denis Bédard. La création de cette œuvre, tout comme le prix qui lui est rattaché, fait l’objet d’une généreuse commandite du facteur d’orgues Les Ateliers Bellavance inc. À l’issue de la finale, le grand prix Claude-Lavoie d’une valeur de 15 000 $ sera remis au gagnant. Le deuxième recevra un prix de 7 500 $ et un prix de 1 000 $ sera accordé pour la meilleure interprétation de l’œuvre originale imposée. Le Concours d’orgue de Québec, par la valeur des prix qu’il décerne, compte parmi les concours les plus importants. Le site Web du Concours d’orgue de Québec peut être consulté à l’adresse suivante : www.coq-fondationclaudelavoie.com
Évalué de manière anonyme et indépendante par les membres du jury, chaque candidat de l’édition de 2017 a dû se soumettre à une épreuve éliminatoire qui consistait à fournir l’enregistrement d’un programme d’œuvres répondant à des critères spécifiques de style et de période. Au terme de l’épreuve éliminatoire, quatre finalistes dont l’âge varie de 23 à 30 ans ont été retenus. Il s’agit de : madame Jilliann Gardner, 24 ans, de New York et de messieurs Rashaan Allwood, 23 ans, de Montréal, Emmanuel Bernier, 30 ans, de Québec et Joel C. Peters, 29 ans, de Montréal. Le Concours d’orgue de Québec souhaite à ces finalistes tout le succès possible. L’orgue Casavant de l’église Saints-Martyrs-Canadiens, Québec, Opus 2557, 1958, IV/P, 69 jeux, 97 rangs
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Concours international d’orgue du Canada Ils sont déjà connus!
Une quatrième édition éclatante
À l’occasion de sa quatrième édition et du dixième anniversaire du Concours international d’orgue de Montréal, un jury préliminaire international formé de Christian Lane (États-Unis), de Raymond Perrin (Canada), de William Porter (ÉtatsUnis), de Patricia Wright (Canada) et de Régis Rousseau (Canada) a sélectionné 20 finalistes parmi les 56 candidatures reçues de 21 pays différents.
Les 20 finalistes joueront sur les magnifiques orgues de Montréal (basilique Notre-Dame, église Saint-Jean-Baptiste et église Immaculée-Conception) dans le cadre de trois épreuves éliminatoires ouvertes au public. Le jury est formé de neuf organistes de renommée internationale : John Grew, président; David Briggs, RoyaumeUni; Brine Bryndorf, Danemark; Neil Cockburn, Canada; Lynne Davis, États-Unis; Silivius von Kessel, Allemagne; Réjean Poirier, Canada; Jean-Baptiste Robin, France; Carole Terry (États-Unis). Il décernera des prix en argent totalisant plus de 115 000 $ (CAD). Le grand gagnant recevra un accord de gestion de carrière, un enregistrement avec ATMA Classique et de nombreuses occasions de se produire en concert.
Qui sont nos finalistes ? Provenant de 12 pays différents et âgés en moyenne de 26 ans, les 20 finalistes comptent parmi les organistes les plus prodigieux de leur génération. Is rivaliseront d’adresse dans le cadre du Concours de 2017 qui se déroulera à Montréal du 6 au 21 octobre 2017. Les voici: Bryan ANDERSON (États-Unis) Maria BUDACOVA (Slovaquie) Tyler BOEHMER (Canada), Oliver BRETT (Royaume-Uni) Nicholas CAPOZZOLI (États-Unis) Kumi CHOI (Corée du Sud) Alcee CHRISS (États-Unis) Thomas GAYNOR (Nouvelle-Zélande) Sébastian HEINDL (Allemagne) Colin MACKNIGHT (États-Unis) Rachel MAHON (Canada) Andrew Morris (États-Unis) David Bendix NIELSEN (Danemark) Mona ROZDESTVENSKYTE (Russie) Brandon SANTINI (États-Unis) Jochem SCHUURMAN (Pays-Bas) Yuan SHEN (Chine) Wyatt SMITH (États-Unis) Jihoon SONG (Corée du Sud) Bart VERHEYEN (Belgique)
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Plus d’informations sur les activités du CIOC www.ciocm.org Facebook : Concours international d’orgue du Canada
Ci-haut: Basilique Notre-Dame Ci-contre: Église Immaculée-Conception Ci-bas: Église Saint-Jean-Baptiste
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Ci-haut, les présentateurs de l’événement, Jonathan Vromet et Mark Macdonald Ci-contre, le conférencier, Robin Côté Ci-dessous : une grande partie des participantes et participants
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Le 4 mars 2017 : une journée mémorable dans l'histoire de l'orgue à Montréal par Yves-G. Préfontaine Quelque part en automne, je croise le professeur du Livre d'orgue de Montréal (LOM). Naturellement, comme ce recueil fait partie de mon fonds de commerce, si je puis dire, je lui confirme qu'effectivement je me joindrais volontiers à un tel projet. Puis, au fil de la conversation, il me dit qu'il nourrit l'ambition de faire jouer à la salle Redpath l'intégralité du manuscrit en une espèce d'hommage à la ville de Montréal pour son 375e anniversaire. Je ne vous cacherai pas qu'au premier chef, j'étais un peu sceptique. Qui ne l'aurait pas été. Mais après réflexion, je me suis dit : pourquoi pas ? C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés, une cinquantaine d'organistes, à nous voir attribuer quelques-uns des 398 morceaux que compte ce recueil de 540 pages. L'événement, car c'en fut vraiment un, a consisté en neuf récitals réunissant entre quatre et six participants chacun, et ce, à une cadence de toutes les deux heures environ, de 9 h à 22 h 30, ce glacial 4 mars. Comme on le sait, ce recueil constitue en quelque sorte un vade-mecum à l'usage de Jean Girard, organiste sulpicien qui l'a apporté dans ses bagages lors de son affectation à Montréal en 1724. L'ensemble des pièces, la plus importante compilation de musique manuscrite pour orgue du Grand Siècle trouvée à ce jour où que ce soit, se répartit en messes, magnificat, hymnes ainsi qu’en plusieurs autres pièces sans usage précis. Lebègue (et qu'on retrouve, sauf une, dans ses livres d'orgue).
(trop) brièvement du corpus qui était célébré ce jour-là, puis de la facture d'orgue en Nouvelle-France au XVIIIe siècle. Il nous a enfin proposé un survol de l'architecture de Montréal au moment dre Robin à l'orgue, plus tard en soirée. L'organisation schola dans tous les cas où c'était souhaitable, , le tout sous la direction de Jonathan Embry. Tous les auditeurs se sont vu remettre un document on retrouvait le détail de chacun des programmes et une courte biographie des interprètes, le tout précédé des mots de bienvenue d'usage de la part de la doyenne de l'École, Julie E. Cumming, du titulaire de la classe d'orgue et instigateur de la journée, Hans-Ola Ericsson, et comme on l'espérait, un texte intéressant sur l'œuvre en fête par Élisabeth Gallat-Morin, verte en 1978. Enfin Alexander Ross a signé un texte sur l'orgue même sur lequel les prestations avaient lieu, une magnifique réalisation de Hellmuth Wolff (1937-2013). Le public pouvait également profiter de la projection qui, s'il était plutôt clairsemé en avant midi, s'est accru progressivement jusqu'en soirée. De faire servir bout à bout toute cette musique aurait pu être fastidieux et pourtant non ! Le fait de tout entendre d'un bloc nous a permis d'apprécier la grande diversité et l'originalité de ce corpus exceptionnel. Merci à l'équipe de l'École de musique Schulich pour cette initiative !
J'ai pour ainsi dire assisté à tout, comme quelques autres irréductibles. Oh, je me suis bien absenté une petite demi-heure… C'était formidable de voir et d'entendre toutes ces générations d'organistes, de Mireille Lagacé et John Grew jusqu’aux jeunes de la classe d'orgue de l'École Schulich. Deux d'entre eux, Jonathan Vromet et Mark Macdonald, ont agi à titre d'animateurs, présentant chacun des neuf récitals dans les deux langues. En fin d'après-midi, Robin Côté Mixtures, numéro 46, mai 2017
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Festival d’orgue de Montréal — Du 2 au 6 juillet 2017 La capitale de l’orgue en l'Amérique du Nord Montréal sera, au cours de la première semaine de juillet, le lieu de rencontre pour plusieurs des meilleurs organistes du monde. Les raisons pour la tenue de cet événement sont de célébrer le 150e anniversaire de la confédération canadienne et le 375e anniversaire de fondation de la ville de Montréal ainsi que de faire connaître et mettre en évidence l’important héritage organistique du Québec. Les buts de l’événement sont de créer un environnement favorable pour promouvoir les rencontres et les échanges entre les organistes liturgiques et les concertistes, les facteurs d’orgues, les professionnels de l’industrie, les chercheurs et les éditeurs de musique d'orgue aussi que d’offrir une programmation excitante pour le public en général. Plus de 1 000 participants venant de toutes les régions du Canada et des États-Unis sont attendus. Déjà, des inscriptions sont arrivées de Hong Kong, de l’Afrique du Sud, de l'Europe et de l'Australie. Au cours de cet événement, les participants pourront à des dizaines de concerts, à des activités professionnelles, ateliers et événements dans les meilleurs lieux culturels de la ville, à des classes de maître ainsi qu’à des visites privées de tribunes d’orgue et d’ateliers de facteurs. Ils pourront aussi être présents aux compétitions AGO et RCCO ouvertes à de jeunes organistes doués provenant partout au Canada et du nord-est des États-Unis. Ces compétitions se tiendront à l’église Nom-de-Jésus. Parmi les instruments qui seront entendus lors de grands concerts, mentionnons ceux de la Maison symphonique, de la basilique de Notre-Dame, de la basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde, de l’Oratoire Saint-Joseph et des églises Immaculée& St. Paul. Des récitals permettront d’entendre aussi les orgues des églises St. John the Evangelist, SaintJean-Baptiste, Saint-Gilbert, Mountainside United, St. Matthias Anglican, Saint-Léon, du Gesù en plus de ceux du Grand Séminaire et de la salle Redpath de l’Université McGill. Page 26
Une activité en région, planifiée pour le 7 juillet, permettra d’entendre l’instrument de l’église de la Visitation, celui de la cathédrale de Saint-Hyacinthe, celui de l’église Sainte-Famille de Boucherville et celui de l’église abbatiale de SaintBenoît-du-Lac en plus d’inclure des visites aux ateliers des facteurs d’orgues de Saint-Hyacinthe. Un partenariat profitable Le festival est organisé grâce à une collaboration de l’American Guild of Organists (AGO), du Royal Canadian College of Organists/Collège royal canadien des organistes (RCCO/CRCO), de la Fédération Québécoise des Amis de l’orgue (FQAO) et du Cet événement sera sans doute la plus grande réunion d’organistes jamais tenue au Canada. Un événement inclusif Plusieurs lieux sont accessibles en fauteuil roulant. Les résidents de Montréal et les touristes pourront assister aux concerts et rencontrer plusieurs la polyvalence et la beauté impressionnante du « roi des instruments ». On peut s’inscrire pour l’ensemble de l’événement, pour les activités d’une ou plusieurs journées spécifiques. De plus amples informations sont disponibles sur le site internet: http://www.montrealorganfestival.org
N.D.L.R.
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Anniversaires en musique par Yves-G. Préfontaine Chère Irène, je ne sais pas quelle est la pointure de tes chaussures, mais quelle qu'elle soit, elle sera sans doute bien grande à chausser pour moi !
Un surdoué, certes, mais aussi un hyperactif. Le bonhomme ne devait pas être facile à suivre. Les
Quelques noms ont retenu mon attention pour les intégrer à cette rubrique : Johann Jakob Froberger, mort en 1667, Georg Philip Telemann en 1767 en 1817.
cantates, il les produit à un rythme affolant.
Dans le Guide de la Musique d'orgue, Froberger suit immédiatement Frescobaldi. C'est un heureux hasard puisque le premier s'est rendu étudier auprès du second à Rome. Il ne fait pas de doute que l'Italien a influencé l'Allemand dans quelques-uns des aspects de son œuvre. Cette influence toccatas de l'un à celles de l'autre, ou l’usage qu’ils font dans leur écriture des tablatures ou de systèmes privilégiant une portée par voix ou encore l'usage des procédés ple. Contrairement à son maître italien et à l'instar de plusieurs de ses illustres contemporains tels Titelouze ou Scheidt, Froberger n'a vu publier aucune de ses œuvres de son vivant. Peut-être la guerre de Trente Ans y est-elle pour quelque chose, on ne saurait dire. Si cette musique ne vous est pas familière, hâtez-vous d’en prendre connaissance. Que ce soit dans des œuvres pour clavecin ou pour orgue (distinction pas toujours évidente à établir comme beaucoup de répertoire de l'époque), on retrouve des pages extraordi, naires ou encore certains caprices. Johann Jakob Froberger est mort le 6 ou 7 mai 1667. Georges Guillard qualifie la production de Georg Philip Telemann de fluviale, voire de torrentielle ! Le compositeur lui-même avouait ne pas être capable d'en dresser le catalogue. C'est tout dire. C’était un surdoué. Sa formation musicale fut plutôt anémique et il était, à tout prendre, autodidacte. C'était un touche-à-tout. Si vous pensez à un instrument en usage à l'époque, il en jouait. Une énumération serait inutile. Mixtures, numéro 46, mai 2017
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La musique d'orgue dans tout ça ? Eu égard à l'ensemble de sa production, elle est assez décevante finalement. Le tout tient en 20 fugues et 24 préludes de chorals. Point. Pour un ami personnel de Johann Sebastian Bach, on peut s'en étonner. Emmanuel ne devait pas être bien fier de son vres pédagogiques, de Quoi qu'il en soit, il faut considérer que Telemann n'aura été organiste que très peu de temps à Leipzig, et que l'orgue n'a sans doute pas occupé beaucoup de place dans ses activités professionnelles. Pourquoi en parler alors ? Bien voyons, c'est Telemann ! Et le 20 juin prochain marque le 300e anniversaire de sa mort. Il était né quatre ans avant JSB. En 1817 naît LouisJames-Alfred Lefébure-Wely. Alors qu’il n’a que dix ans, son père, Roch (où l'avait précédé Balbastre) lui demande de le remplacer à l'occasion. À quatorze ans, il le remplace tout bonnement comme titulaire. Puis ce sera La Madeleine et puis Saint-Sulpice. (On a vu pire comme cheminement.) Son œuvre pour piano est très abondante et pourtant les ouvrages de référence sont étonnamment muets sur cet aspect de sa production.
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La musique de Lefébure-Wely, c'est un peu comme l'art sulpicien qui lui est contemporain : on aime ou on n'aime pas. Certains ont décrié son hypermondanité, mais qu'à cela ne tienne ! Il est le au jugement de Camille Saint-Saëns qui voyait en lui « un merveilleux improvisateur qui n'a jamais laissé que des morceaux d'orgue insignifiants ». Pour ma part, j'ai joué avec plaisir le Journal d'Orgue no 6 et mon ami et collègue JeanLuc Perrot, organiste de Souvigny (Clicquot 1783) m'écrivait récemment qu'il était à préparer « une journée orgue/harmonium/piano… il y a des choses vre musicien ! ». Son œuvre pour orgue tient en , quelques volumineux L'Organiste moderne, le Vade-mecum de l'organiste…
Édi ons Cheldar
N.D.L.R. En introduction, l’auteur fait référence à Irène Brisson qui fut responsable de cette chronique pendant plus de 20 ans.
Fédéra on Québécoise des Amis de l’Orgue Laurent Duval L’orgue, ce méconnu Montréal, FQAO, 2012, 305p. 11 planches couleur 20 $ (+ 4 $ frais d’expédi on par la poste)
de l’orgue au Québec. Après un bref rappel de l’histoire du dé‐ veloppement de l’orgue au cours des siècles, l’auteur nous amène au début du XIXe siècle en nous dépeignant le rôle qu’a joué Albert Schweitzer dans la sauvegarde de l’orgue classique. À ce rappel historique s’enchaîne l’histoire de la facture d’orgue au Québec ainsi que de sa « renaissance » à la fin des années 1950 et au début des années 1960. La deuxième par e de l’ouvrage nous amène au cœur du répertoire de la musique d’orgue et s’a arde principalement sur l’œuvre pour orgue de J. S. Bach avec un bref commentaire sur ses principales œuvres.
Libellez votre chèque au nom de la FQAO et expédiez, par poste à FQAO 1749 rue Boisvert, Laval, QC H7M 2L1
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Ici et là au Québec... Montréal par Olivier Lavoie-Gagné
Amis de l’orgue
Le mois de mai 2017 marque déjà l’achèvement de la 27e saison des Amis de l’orgue de Montréal. Au moment d’écrire ces lignes, nous attendons avec impatience notre dernière activité de la saison, soit l’excursion annuelle, qui aura lieu cette année dans la belle région de l’Estrie.
Notre prochaine saison des Amis de l’orgue nous promet de beaux moments. Cet automne, MarcAndré Doran nous offrira un concert pour souligner ses 35 années de titulariat de l’orgue de l’église de la Visitation. L’hiver prochain, le musicologue Paul Cadrin nous présentera sa conférence « Entre enracinement et effervescence : la vie de l’orgue en Pologne ». En voici un aperçu : Par ses instruments, ses facteurs, ses compositeurs et ses interprètes, la Polol'admiration de tous les gne s'impose amateurs d'orgue. En dépit des nombreux épisodes dévastateurs qui ont entaché son histoire, ce pays a toujours su entretenir une école d'orgue remarquable. Le nombre et la qualité des instruments qui ont survécu aux désastres comme aux restaurations malavisées ne manque pas d'étonner. Ces instruments sont servis par des compositeurs et des interprètes de talent, à la hauteur de ce qui se fait de mieux en Europe.
Le 11 septembre dernier, un magnifique concert avec dégustation de bières et fromages a lancé notre saison 2016-2017. En l’église du Très-SaintNom-de-Jésus, l’organiste titulaire, Jason Biel, a offert un solide concert incluant des œuvres de , dans le cadre des Journées de la culture, une conférence-démonstration intitulée « L’orgue pour les nuls » et le facteur d’orgues Yves Lévesque, à tard, rue Sherbrooke, Jacques Pichard, organiste de la cathédrale de Nanterre (France), nous a plongés dans l’univers très sérieux du baroque en nous présentant une conférence passionnante intitulée « Passacailles de Bach et Buxtehude, symbolique et architecture ». Cette activité a pris place dans le parloir du Grand Séminaire. À la fin novembre, c’est avec un grand plaisir que nous avons accueilli le conférencier de réputation internationale Gilles Cantagrel pour une conférence sur le facteur d’orgues parisien Cavaillé-Coll. Les propos du conférencier étaient appuyés par de brillantes interventions à l’orgue par Mélanie Barney, avec des œuvres de Franck, Widor, Vierne et Tournemire. Notre prochaine et dernière activité de la saison nous mènera du côté de l’Estrie où nous aurons le bonheur d’entendre les orgues de l’église Saintdrale Saint-Michel de Sherbrooke, de la PlymouthTrinity United Church ainsi que le superbe instrument drons les organistes Maryse Simard, Louis Brouillette, Leslie Young et Dom Richard Gagné. Le lundi 22 mai prochain, c’est donc un rendez-vous à ne pas manquer. Pour plus d’information, nous vous invitons à visiter le site web des Amis de l’Orgue de Montréal : http://www.amisorguemtl.com
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Saison 2017-2018
Autre concert
Le 4 mars dernier avait lieu à la salle Redpath de l’Université McGill la présentation de l’intégrale du Livre d’orgue de Montréal. Tout au long de la journée, 50 organistes se sont succédé aux claviers. Robin Coté a présenté une conférence des plus passionnantes sur le contexte historique de Montréal lors de l’importation du Livre d’orgue. Soulignons ici le merveilleux travail du professeur , instigateur de ce projet.
Concerts à venir
Du côté de Lachine, Les Saint-Anges en musique présentent Jonathan Oldengarm et l’Ensemble vocal Modulation (28 mai), Julie Pinsonneault (25 juin), Jocelyn Lafond (31 juillet), Gisèle Guibord (24 septembre), Franck Besingrand (29 octobre) et Vincent Boucher (26 novembre).
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gueuil, vous pourrez entendre l’organiste principale de la cocathédrale, Suzanne Ozorak le 14 mai alors que Gabrielle Tessier clôturera la saison le 11 juin. Au sanctuaire Marie-Reine-des-Cœurs, les vendredis du mois de mai de 12 h 15 à 13 h, vous Jobidon (12 mai), François Zeitouni (19 mai) et Denis Bonenfant (26 mai). En plus du Festival d’orgue de Montréal qui se tiendra du 2 au 6 juillet, une foule d’autres concerts seront présentés durant la saison estivale. Nous vous invitons à consulter le site internet de la Fédération Québécoise des Amis de l’orgue pour plus d’information.
Québec par Emmanuel Bernier
Amis de l’orgue
La 50e saison des Amis de l’orgue de Québec a réalisé ses promesses et proposé une série de concerts des plus relevés ! Après le traditionnel concert « portes ouvertes » avec Richard Paré et La Musique du 22e Royal Régiment dont nous rendions compte dans le dernier numéro, nous avons reçu, le 16 octobre, la visite de l’organiste néerlandais Willem Tanke, à l’orgue des SaintsMartyrs-Canadiens. Professeur au Conservatoire de Rotterdam, le musicien a proposé quelquesunes de ses compositions, entrecoupées de morceaux de Bach et Messiaen. Il a également donné un cours de maître aux élèves de la Faculté de musique de l’Université Laval. Le 27 novembre, c’était au tour de Marc D’Anjou, organiste titulaire de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, de jouer pour les Amis de l’orgue. Il nous a proposé une série de Noëls plus ou moins connus Montcalm. Grande gagnante du Concours d’orgue de Québec 2011, Marie-Hélène Greffard nous a livré, le 26 février, un programme tout Bach à l’église SaintsMartyrs-Canadiens. Avec sa fougue habituelle, la jeune artiste a offert, entre autres, à un public plus imposant que d’habitude, trois sonates en trio, la célèbre Toccata et fugue en ré mineur ainsi que la Toccata, adagio et fugue en do mineur.
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Sur le même instrument, Benjamin Waterhouse interprétait, le 2 avril, un florilège de pièces tirées des programmes des deux concerts inauguraux donnés par Lionel Rogg et Antoine Reboulot en 1966, dont le BACH de Liszt et la Passacaille de Bach. Les amoureux d’orgue ont rendez-vous au Palais Montcalm le 13 juin pour un récital du légendaire Thierry Escaich, organiste cotitulaire à l’église Saint-Étienne-du-Mont à Paris et compositeur de grand renom. Juge de l’édition 2017 du Concours d’orgue de Québec, il propose un programme comprenant des pièces de Grigny, Elgar, Vierne et Alain, en plus de sa propre musique. Parallèlement à leur série de concerts, les Amis de l’orgue ont de nouveau offert leur traditionnelle excursion culturelle, qui a eu lieu le 12 octobre dans la région de Nicolet. Les participants ont pu entendre les instruments des églises SainteGertrude et Saint-Grégoire-le-Grand de Bécancour et de Sainte-Monique-de-Nicolet, en plus du Casavant fraîchement restauré de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Nicolet et du Pels & Zoon de la chapelle de la Maison mère des Sœurs de l’Assomption. Le 5 février, l’organiste Jacques Boucher offrait également une conférence intitulée « 50 ans de diffusion de l’orgue au Québec : la contribution des Amis de l’orgue de Québec », activité organisée en marge des célébrations du cinquantenaire de la société de concert.
Autres concerts
Dans le cadre de la série des Dimanches de Richard Paré, le 4 décembre, dans un programme sur le thème de Noël. L’instrument a également été mis en valeur lors de deux concerts des Violons du Roy donnés les 23 et 26 mars avec l’organiste Jean-Willy Kunz dans le cadre d’une intégrale des concertos pour orgue de de faire sonner l’instrument avec l’Allegro pour orgue et orchestre de Guilmant, aux côtés de l’Orchestre symphonique de Québec. Du côté de la chapelle du Musée de l’Amérique francophone, nous avons entendu dans les derniers mois Emmanuel Bernier (30 octobre), la Rimouskoise Josée April (26 mars) et Benjamin Waterhouse (23 avril). Le dernier concert de la série, le 28 mai, nous présentera Benjamin Alard, en-l’Île à Paris.
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Le traditionnel Festival du printemps à l’église Saint-Roch célèbre cette année son 20e anniversaire. Fondé par Denis Bédard et Rachel Alflatt en 1997, l’événement a permis à des dizaines d’organistes de se produire sur le monumental Casavant de la rue du Parvis. Les récitals, qui ont lieu tous les mercredis du mois de mai à 12 h 15, mettront cette année en vedette l’organiste titulaire Édith Beaulieu (3 et 31 mai), mais aussi Emmanuel Bernier Ozarak (24 mai). La 17e édition du Festival d’orgue de Sainte-Marie de Beauce sera cette année inauguré par l’Ensemble vocal Dal Segno sous la direction de Guillaume St-Gelais, en compagnie de l’organiste titulaire, Dominique Gagnon (4 juin). Jocelyn Lafond (11 juin) et le Duo Majoya, composé des Albertains Marnie Giesbrecht et Joachim Segger (18 juin) se relaieront ensuite à la tribune. Tous les concerts sont présentés les dimanches à 15 h dans la magnifique église de Sainte-Marie. Ils sont présentés sur écran géant et l’entrée est gratuite. dre en octobre et novembre des prestations de l’organiste François Grenier sur le Casavant de l’église Saint-Augustin-de-Desmaures et d’Emmanuel Bernier et Mathieu Blain sur le GuilbaultThérien de l’église Saint-Félix de Cap-Rouge.
Rimouski par Gérard Mercure
Les Amis de l’orgue de Rimouski présentaient à leur concert du dimanche 29 janvier des œuvres de Bach, Mozart, Strauss, Ichmouratov et Petrali, interprétées par un trio formé de Josée April Hill (tuba). Cette formation originale et . La foi méditée aux sons de l’orgue et de la voix; Jean-Sébastien Bach et ses contemporains était le thème proposé à l’affiche du concert du 1er avril 2017 avec Sylvain Barrette à l’orgue et Claudeformé de choristes de la région et du chœur du Festival de Pâques de RESPIR, un pour orgue et leurs versions pour ensemble vocal traduits en français par Sylvain Barrette ont été l’occasion pour l’auditoire
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et d’offrir aux chorales d’église des chants de grande qualité. C’est aussi ce qu’entend offrir aux fidèles le directeur du chœur, ClaudeRobin Pelletier lors des messes dominicales à Saint-Pie X. Le 7 mai 2017, nous entendrons Josée April (Élise Lavoie, Hugues Laforte-Bouchard, Steeve St-Pierre, James Darling). Au . Pour clôturer la saison, ce sera, selon la tradition, le concert des élèves, le 4 juin 2017. Sont invités, Marie-Julia Boucher (clavecin) et Jérémie Pelletier (orgue). Marie-Julia est élève finissante en clavecin au Conservatoire de musique de Rimouski tandis que Jérémie est professeur de piano-accompagnement de ce même établissement, mais aussi désireux de se perfectionner en orgue et d’en approfondir le répertoire. La prochaine Académie d’orgue et de clavecin de Rimouski aura lieu en juillet 2018.
Drummond Après avoir fêté les 200 ans de la fondation de Drummondville au début de saison 2015-2016, la saison 2016-2017 débute le 12 novembre en soulignant le premier anniversaire de l’élévation de . Tout en faisant découvrir aux spectateurs quelques spécificités de l’église-mère des Cantons de l’Est, les grandes orgues ont résonné sous les doigts de Gilles Fortin, ancien organiste titulaire France Caya soprano, Marc Senneville, organiste , organiste titulaire à la cathédrale de Saint-Hyacinthe. Le 26 février, le trompettiste Trent Sanheim et l'organiste Denis Gagné ont présenté des , anglaises, canadiennes et italiennes, allant de la Renaissance jusqu'au XXe siècle. ton-basse Michel Cervant nous feront entendre ce que l'orgue proposait, à différentes époques de l’histoire de la musique, pendant que les airs d'opéra les plus célèbres triomphaient.
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Estrie par Louis Brouillette
Bilan de la saison 2016-2017 des Amis de l’orgue de l’Estrie Les Amis de l’orgue de l’Estrie ont organisé quatre concerts en 2016-2017 et ont participé à trois événements hors-série. Le premier concert de la saison régulière s’est déroulé le 2 octobre 2016 à la chapelle St. Mark’s de l’Université Bishop’s. Les mélomanes ont pu entendre un répertoire d’opéra le baryton Michel Cervant et l’organiste Sylvain Barrette Daniel Laplante à l’église unie Plymouth-Trinity. Les auditeurs ont particulièrement apprécié ses explications sur les dans Canonnade de Claude-Bénigne Balbastre. Le 5 février 2017, le trompettiste Trent Sanheim et l’organiste Denis Gagné ont présenté à la basilique-cathédrale Saint-Michel un programme virtuose nes, dont deux pièces de Denis Bédard : la Suite du deuxième ton et la sublime Sonate pour trompette et orgue. La saison régulière s’est terminée à la chapelle St. Mark’s avec le récital du 2 avril. La violoniste Anne Robert et l’organiste Jacques Boucher ont joué sept œuvres pour violon et mot de nouveauté de Jean-Louis Petit.
Les trois concerts hors-série ont bénéficié d’une organisation hors-pair d’organismes externes. Le 16 octobre 2016, le trompettiste Jean Gervais et l’organiste Louis Brouillette se sont produits à l’église Sainte-Anne-de-la-Rochelle bien remplie pour l’occasion. Grâce à un système de quatre caméras, les mélomanes pouvaient voir les artistes, en plus de les entendre. Le 11 mars 2017, les organistes Cécile L’Écuyer, Maryse Simard et Louis Brouillette ont joué sur l’orgue Mitchell et Forté de 1863 de l’église Saint-François-Xavier-de -Brompton en alternance avec le Chœur grégorien de Sherbrooke. Cet événement était également filmé et projeté sur écran géant. Le dernier concert hors-série a eu lieu le 8 avril à la basiliquecathédrale Saint-Michel. La Passio Domini Nostri Jesu Christi de Marc O’Reilly a été présentée sous la présidence d’honneur de l’archevêque Luc Cyr. Marc D’Anjou a brillamment créé la partie d’orgue. Les personnes qui désirent se procurer un enregistrement de la création de cette œuvre majestueuse pour solistes, chœur et orchestre de chambre doivent appeler le compositeur au 819 346-3097. À la dernière assemblée générale des Amis de l’orgue de l’Estrie (AOE), Jean Choquette a été nommé administrateur. Co-titulaire de l’orgue de l’église Saint-Sacrement, à Québec, il succède à Maryse pour son implication dans le milieu estrien de l’orgue, et plus particulièrement pour sa disponibilité, sa générosité et ses idées. Organiste titulaire de l’église unie de Lennoxville, elle est une membre-fondatrice des AOE.
Errata Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir apporter les corrections suivantes au contenu du dernier numéro de Mixtures (no 45, novembre 2016):
Les Amis de l’orgue de Québec : 50 ans Parmi les fondateurs, nous avons incorrectement identifié l’abbé Mathias Pelletier comme étant l’abbé Maxime Pelletier.
La restauration de l’orgue du sanctuaire de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec Dans la nomenclature des jeux, il faudrait ajouter, à la division du Grand-Orgue, la Doublette 2’.
De plus, l’auteur, Andrew Forrest, nous souligne que le sixième paragraphe aurait dû se lire comme suit : « Au départ, l’orgue du sanctuaire est destiné à l’usage de la messe du chapitre en semaine et il est occasionnellement activé à partir de la console imposante à quatre claviers de l'orgue de tribune. Accompagnés par l'instrument, les étudiants du Grand Séminaire chantent cet office, en alternance avec les Petits Chanteurs de la Maîtrise qui sont, quant à eux, accompagnés par l’orgue de tribune. Le transfert du Grand Séminaire à SainteFoy en 1959 met fin à l’utilisation de l’orgue du sanctuaire, qui connaît d’ailleurs certains problèmes techniques. » Toutes nos excuses.
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Nécrologie par Robert Poliquin De retour au Québec, en 1967, il devient professeur de théorie, d'analyse et d'écriture musicale à la Faculté de musique de l'Université Laval, poste qu'il occupe jusqu'en 1998. Tout au long de cette période, il poursuit une carrière de compositeur et se consacre à la peinture et à la poésie. Il est un compositeur agréé du Centre de musique canadienne. Son catalogue comprend une cinquantaine d'œuvres très diverses qui s'adressent tantôt à des instruments solistes (clavecin, orgue, piano) ou en formation de chambre (alto, saxophone, guitare), tantôt à des formations orchestrales ou vocales (solo et chœur).
Alain Gagnon (1938-2017) Musicien, compositeur, pédagogue, poète et peintre Né à Trois-Pistoles, le 22 mai 1938, Alain Gagnon commence, de façon autodidacte, l'étude du piano. Par la suite, de 1951 à 1958, il poursuit ses études au Séminaire de Rimouski avec l'abbé Philippe-Auguste Lavoie. Admis au Conservatoire de musique de Québec, il étudie l'orgue avec Henri Gagnon. Au décès de celui-ci en 1961, il s’inscrit à l'École de musique de l'Université Laval où il obtient un baccalauréat (1963) et une licence (1964) en composition après des études avec Jeanne Landry et Roger Matton. En 1964-1965, il de Jocelyne Binet. En 1963, il reçoit la Médaille du Lieutenant-gouverneur et, en 1964, le Prix du Gouvernement français pour l'excellence de son dossier académique. En 1965, il remporte le Prix d'Europe en composition de l'Académie de musique du Québec. des Affaires culturelles du Québec, il travaille, en 1965-1966, avec Olivier Alain à l’École César-Franck de Paris et Henri Dutilleux à l’École Normale de musique de Paris. À l'Institut de Sonologie d'Utrecht, en 1966, il s’initie à la musique électronique et termine, en 1967, ses études en composition et en orchestration au Conservatoire de Genève avec André-François Marescotti.
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Parmi ses compositions pour orgue, on peut mentionner Pastourelle (Opus 26, 1980) créée par Raymond Daveluy à l'orgue de Saint-Isidore-deDorchester, Ode à l'aurore (Opus 31, 1983) créée par Noëlla Genest à la cathédrale Christ Church d'Ottawa, Les miroirs de l'ombre (Opus 35, 1990) créée par Lucien Poirier à la cathédrale SaintGermain de Rimouski, Émergences (Opus 37, 1993) créée par Jean-Charles Castilloux à la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, et Golgotha (2014) créée par Josée April à la cathédrale Variations capricieuses (Opus 46, 2001) qui servit d'œuvre canadienne imposée lors du Concours d'orgue de Québec en 2001. Il est décédé, à Québec, le 26 mars 2017.
Concerts d’orgue Quand ? Où ? Qui ? Consultez la rubrique Concerts à
www.fqao.org
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Parutions par Robert Poliquin Charles Tournemire : Mariae Virginis Vincent Boucher Beckerath/Juget-Sinclair, 1960/2012, V/P, 78 jeux/118 rangs Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, Montréal, QC L’artiste nous présente le quatrième volume de son intégrale de musique pour orgue du compositeur français Charles Tournemire (1870-1939). Le grand plan de L’Orgue mystique traite de 51 offices pour les dimanches et jours de fête de l’année liturgique, à l’exception de ceux où l’orgue fait silence, durant l’Avent et le Carême, pour un total de 253 pièces. Mais le grand croyant qu’était Tournemire a tenu à ajouter la célébration culée Conception, la Nativité de la Vierge, la Purification et l’Assomption. Cette musique innovatrice, mystique et poétique qui puise ses racines directement dans les thèmes grégoriens de l’office pour lequel elle est écrite et dans les couleurs de l’orgue prend tout Cet enregistrement mérite une écoute attentive. On y déguste une interprétation soignée. À ne pas manquer! ATMA, ACD 2-2473 (2017) Improvisations Dominique Joubert Cathédrale Saint-Apollinaire de Valence (Koenig, 1984, IV/P) Église Notre-Dame de Valence (Giroud, 1978, II/P) Église Saint-Jean de Grenoble (Giroud, 1982/1991, III/P) Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, Montréal Église Saint-Jean-Baptiste, Montréal (Casavant, 1915, IV/P) Voici un monument dédié à l’art de l’improvisation. Sur trois disques, et utilisant six orgues, l’artiste nous enivre de ses improvisations tantôt époustouflantes tantôt méditatives. Les pièces dédiées à des liturgies prennent source dans des thèmes liturgiques du jour ou encore sont proposées et conditionnées par l’action et la durée tandis que les pièces de concert elles, ne sont pas soumises aux mêmes contraintes et laissent une plus grande liberté à l’artiste. Comme ce sont des captations en direct, il y a des bruits de fond, des interactions avec les fidèles et les chœur ainsi que quelques imprévus. On en vient à les oublier tant cette musique nous envoûte. Génial! Société métropolitaine du disque, SMD 273-3 (2016)
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Denis Alain Dion : 3 Messes Chœur Ad Hoc, Jocelyn Lafond, orgue Casavant, Opus 3749, 1996, II/P, 25 jeux/32 rangs Église Sainte-Famille, Boucherville, QC Voilà du nouveau de la part d’un musicien québécois, organiste titulaire à l’église Sainte-Famille de Boucherville. Dans le but de rehausser les célébrations liturgiques, celui-ci compose plusieurs œuvres dont sont extraites les trois messes enregistrées sur ce disque. Celles-ci, en latin, sont destinées à la fête de la Sainte-Famille (sur des airs de Noël), à celles de Pâques et du Très-Saint-Sacrement. par un chœur mixte d’une vingtaine de voix fondé en 2012. Deux d’entre elles se terminent par de magnifiques pièces d’orgue. Flamboyant! DAD 16-09 (2016)
Œuvres pour violon et orgue Anne Robert, violon et Jacques Boucher, orgue Cavaillé-Coll, 1899, II/P, 32 jeux Église Notre-Dame, Mortagne-au-Perche (France) un récital d’œuvres pour violon et orgue ? Pour l’organiste Jacques Boucher, c’est un retour aux sources et un hommage à ses racines. En effet, c’est dans cette église, construite entre 1494 et 1535, que fut baptisé Pierre Boucher (1622-1717) qui arrive en Nouvelle-France en 1634 avec son père. Il s’y mariera et sa famille comptera 12 enfants. C’est de Marin (en 1694) et Gaspard (en 1695), ancêtres des milliers de Boucher du Québec, du Canada et d’Amérique du Nord. Cet orgue est un des derniers instruments fabriqués par Aristide Cavaillé-Coll, décédé le 13 octobre 1899. Le récital comprend des œuvres de Rheinberger, œuvres qui constituent un sommet dans la littérature vouée au violon et à Paradisum de Charles Callaghan, le Pietà Signore attribué à Alexandre Stradella et l’Hymne à Sainte-Cécile de Charles Gounod. Un Magnificat, extrait du Livre d’orgue de Montréal et deux pièces (Aria, Bagatelle) de Denis Bédard complètent le récital. Une prestation de haut calibre réalisée dans un environnement plus que centenaire. La prise de son est remarquable et nous permet de savourer la sonorité des deux instruments qui dialoguent avec verve. Société métropolitaine du disque/Espace 21, SMD 276-1 (2016)
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Voyages Olivier Latry Rieger, 2016, IV/P (7 divisions), 91/100 Philharmonie de Paris Voici le tout premier disque à être enregistré sur le spectaculaire orgue installé en 2016 dans la salle de la Philharmonie de Paris. Il comprend des œuvres allant de Bach à Khachaturian en passant par Mendelssohn, Chopin, Liszt, Wagner, SaintSaëns, Rimsky-Korsakov, Fauré, Debussy et Falla. Le répertoire choisi, qui se compose de transcriptions, bien éloigné des préoccupations liturgiques, permet de mettre en valeur toutes les facettes de l’orgue de concert conçu par le facteur Michel Garnier et d’en explorer les possibilités sonores infinies, aussi riches que celles d’un orchestre symphonique. Par sa majesté, par ses proportions hors du commun, ses timbres et ses résonances, cet orgue évoque l’espace sonore des cathédrales. Le programme choisi en évoque quelquesuns, qu’ils soient imaginés, rêvés ou remémorés… La réputation d’Olivier Latry n’est plus à faire, et cet enregistrement nous livre une autre prestation époustouflante d’une musicalité hors normes. Indispensable aux amateurs de transcriptions. À ne pas manquer! Warner Classics, WRNC 559207 (2017)
Arp Schnitger and His Work Cornelius H. Edskes et Harald Vogel Bremen, Falkenberg, 228p., 2016, ISBN 978-3-95494-092-9 Arp Schnitger (1648-1719) était un facteur d’orgues des plus prolifiques de son époque et une figure dominante dans son art. Des 160 orgues qu’il a produits, 46 ont survécu soit dans leur entièreté ou soit dans leur façade seulement. Ces instruments constituent une fascinante illustration de ce qu’était la . Aujourd’hui, ils sont copiés alors que maintes fois, ils ont fait l’objet d’enregistrements par les plus grands organistes du monde. Pour la première fois, tous les orgues et façades d’orgues émanant des ateliers d’Arp Schnitger et encore existants sont réunis dans le même volume. On retrouve ces instruments dans le nord de l’Allemagne, dans les provinces du nord des Pays-Bas de même qu’au Portugal et au Brésil. en plus de son devis complet, un historique tant de l’instrument que du lieu où il est érigé. Indispensable à quiconque veut comprendre et admirer le travail fait par ce grand facteur d’orgues du passé. Abondamment illustré, il est aussi un délice pour les yeux.
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Revue des revues par Robert Poliquin FRANCE L’orgue francophone / BULLETIN DE L’ORGUE FRANCOPHONE, FFAO, 13 rue de Balzac, 93600 Aulnay-sousBois, France.
V 48, No 192, 2016/4 : L’orgue dans la Revue et Gazette musicale de Paris (1834-1880) 4e partie — L’ancien orgue Robustelly du Val Saint-Lambert (1762-1764) et ses métamorphoses à Zonhoven — Partitions : Diptyque pour grand orgue (Richard Frèteur), Tolérance zéro (Fabrice Renard).
SUISSE La Tribune de l'orgue R E V U E S U I S S E R O M A N D E , Guy Bovet, CH-2000 Neuchâtel, Suisse
. , France. (Supplément de musique et CD avec chaque numéro) No 35, Hiver 2017 : Louis Vierne : Une figure de légende, du mythe à la réalité; Le rayonnement de l’œuvre pour orgue; La place de l’œuvre d’orgue de Vierne aujourd’hui; Vierne en Amérique; Le piano chez Vierne; L’incontournable musique de chambre; Vierne vu par ceux qui l’ont connu… et par lui-même — Jean Bouvard, un musicien organiste — FFAO, un esprit œcuménique — Une route des orgues en Cornouaille —Talent méconnu : Richard Berhens — Organologie : la boîte expressive — Patrimoine : Poméranie allemande — Grande voix : Firmin Decerf. No 36, Printemps 2017 : Restaurations : … et si les orgues parlaient; De nouvelles techniques pour une restauration historique : l’exemple du grand orgue Van Bever des Dominicains à Bruxelles — Le clavicorde, un instrument de travail privilégié — Parcours-analyse : Prélude en mi bémol majeur et Prologue de l’Évangile selon saint Jean de J.S. Bach — Académies, stages et festivals d’été — Patrimoine : Les orgues des Carpathes (Roumanie).
t
en ondes musicales, de l’orgue à la composition — Les deux frères organistes Bossi et la musique mécanique (2e partie) Charles Burney, découvreur de musique son — Partition : Valentin Villard, Petite fugue sur le nom de France — Le quart d’heure d’improvisation : Poignée d’idées autour d’un incipit — Les voyages de M. Philéas Fogg — Le nouvel orgue du temple de Nyon — Orgues de Beurnevésin et Walker à Neuchâtel : construction et restauration en vue — Actualités.
CANADA Organ Canada / Orgue Canada / JOURNAL BIMENSUEL DU COLL GE ROYAL CANADIEN DES ORGANISTES (RCCO/ CRCO), 202-204 St. George Street, Toronto, ON
BELGIQUE . V 48, No 191, 2016/3 : L’orgue dans la Revue et Gazette musicale de Paris (1834-1880) 3e partie — Le grand orgue de l’Institut Saint-Joseph à La Louvière — Un orgue de chœur pour l’église Sainte-Élisabeth à Mons — Partitions : Entrée solennelle pour grand orgue (Jean Absil), Tombé pour informer (Fabrice Renard).
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V 30 No 1, Winter 2017 : Auguste Descarries : un musicien québécois à découvrir — Hommage à Sir Ernest MacMillan et Raymond Daveluy par le Concours international d’orgue du Canada — Max Reger Memorial Organ — A Conversation with Gabriel Kney — Tips and Techniques : Organ Tuning, part 2 — College News. V 30 No 2, Spring 2017 : Benoît Poirier (1882-1965), organiste à Notre-Dame de Montréal (I) — A Hommage to Mexican Organist: Alfonso Vega Núñez (1924-2015) — Raymond Daveluy (1926-2016) — Carnagie Organs in Canada — New Organ Installation: St. Michael’s R.C. Cathedral, Toronto — College News. Page 37
ÉTATS-UNIS (OHS), P.O. Box 26811, Richmond, VA 23261
The Diapason / 3030 W. Salt Creek Lane, Suite 201, Arlington Heights, IL 60005 V 107, No 11, November 2016 : The Cathedral of St. John Celebrates Ten Years of Cathedral Commissions — AGO National Convention 2016 Houston, TX — Feature: Newberry Memorial Organ, Woolsey Hall, Yale University, New Haven, CT; Hutchings-Votey/Steere & Son/ Skinner/Thompson-Allen, (IV/P, 167/107) — Feature: St. Joseph’s Catholic Church, Penfield, NY; Ortloff, Opus 1 (II/P, 15/24) V 108, No 1, January 2017 : Thoughts on Service Playing, Part II : Transposition — OHS National Convention 2016, Philadelphia PA — Early Organ Composer Anniversaries in 2017 — Feature: First United Methodist Church, Dalton, GA;
The American Organist / JOURNAL OF THE AMERICAN GUILD OF ORGANISTS (AGO), 475 Riverside Drive, Suite 1260, New York, NY 10115 V 50, No 11, November 2016 : Remembering J. Reilly Lewis — Liturgy and Sacred Music — Corelli Arranged by Czerny — John-Paul Buzard : Why I Drive a Model A — Henry Pilcher’s Sons Cloister Organ
V 50, No 12, December 2016 : Opaline Reflections : Messiaen’s « La Vierge et l’Enfant » o
V 51, N 1, January 2017 : Bach’s Biography Revisited — 2016 Historic Organ Study Tour — Meditations on Britten’s Five Canticles, Part III
V 51, No 2, February 2017 : Honoring John Walker — Jeremy Adams : A Touch of Magic — The Estey Organ in the Music Mansion — Wedding of Gounod’s Daughter — CMI Festival of Church Music — Dupré Recordings Reissued
V 108, No 2, February 2017 : Thoughts on Service Playing, Part III : Helpful hints for sight-reading and learning new music — 2016 Albert Schweitzer Organ Festival, Hartford, CT — Renovating a Steer & Turner : A Grandall & Eugen tonal and electrical renovation of an altered 1875 pipe organ — Feature: Newtown United Methodist Church, Cincinnati, OH; Rathke, Opus 8 (II/P, 10/10) V 108, No 3, March 2017 : Against All Odds : A few inconveniences on the road to becoming an organist, Buenos Aires, Argentina, to California, USA (1950-1965) Part I — Intercultural Elements in the Organ Works of Fela Sowande — Feature: St. Matthew Lutheran Church, Hanover, PA; Austin, Opus 1215 (IV/P, 242/238) V 108, No 4, April 2017 : K.C. Martin : Profile of a Minnesota Organbuilder — The 2016 EROI Festival : Breath for Singing : The Organ and the Human Voice — Against All Odds : A few inconveniences on the road to becoming an organist, Buenos Aires, Argentina, to California, USA (1950-1965) Part II — Feature: 50th Anniversary, Berghaus Pipe Organ Builders, Bellwood, IL.
V 51, No 3, March 2017 : Meditations on Britten’s Five Canticles, Part IV — Roberta Gray on Teaching and Lifelong Learning, Part I — Cultivating the Nest Generations of Organists
V 51, No 4, April 2017 : Round Lake Organ Achieves National Landmark Status — Conference of Roman Catholic Cathedral Musicians — Roberta Gray on Teaching and Lifelong Learning, Part II — Louisville Update on World’s Largest Pilcher Organ — Music Therapists for the Congregation
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