Mixtures # 45, novembre 2016

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Numéro 45

Novembre 2016

Mixtures Bulletin de liaison de la Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue

www.fqao.org



Mixtures Coordonnateur Robert Poliquin

Sommaire 4

Comité de rédaction Irène Brisson, Noëlla Genest, Robert Poliquin, Yves-G. Préfontaine Michelle Quintal Collaborateurs à ce numéro Gaston Arel, Emmanuel Bernier, Irène Brisson, Louis Brouillette, Sœur Pauline Charron, Andrew Forrest, Jocelyn Lafond, Gérard Mercure, Robert Poliquin, Yves-G. Préfontaine, Jean-Guy Proulx, Martin Yelle, François Zeitouni

Présentation Les organistes

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Hommage à sœur Pauline Charron Jocelyn Lafond : Deux années d’études en Belgique In memoriam Raymond Daveluy (1926-2016) Les instruments

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Révision

L’orgue de chœur de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec Restauration de l’orgue de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Nicolet Les concours, congrès, conférences

Marcelle Maheux, Gérard Mercure Impression Les Copies de la Capitale

Les créations Paraît deux fois par année : mai et novembre Prix : Canada : 5 $ par numéro États-Unis : 7 $ par numéro Europe : 11 $ par numéro

Date de tombée : 1er du mois précédent

Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue Administration et trésorerie Réal Gauthier 1749, rue Boisvert Laval, QC H7M 2L1 Courriel : realgau@yahoo.com Mixtures Robert Poliquin 1203, rue du Sieur-d’Argenteuil Québec, QC G1W 3S1 Courriel : poliquin.robert@videotron.ca Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada Novembre 2016 ISSN 1201-5741

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La Passion selon Marc O’Reilly Les chroniques

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Anniversaires en musique Ici et là, au Québec... - Montréal - Québec - Rimouski - Drummond Parutions Revue des revues

En couverture : Casavant, Opus 381, 1909 / Jacques 1963 / Bellavance 2016 3 claviers et pédalier 44 jeux, 43 rangs Traction électropneumatique Cathédrale Saint-Jean-Baptiste Nicolet, QC

Les textes publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Mixtures, numéro 45, novembre 2016

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Présentation par Robert Poliquin Depuis la dernière parution de Mixtures en mai 2016, beaucoup d’événements spéciaux se sont déroulés dans le monde de l’orgue au Québec. annuelle, sœur Pauline Charron pour son implication dans l’enseignement et le rayonnement sont reproduits à l’intention de celles et ceux qui n’ont pu assister à cette cérémonie. Différents festivals et récitals d’orgue ont eu lieu à travers tout le Québec durant les mois de juillet et d’août. Dans ce cadre, il faut souligner l’impressionnante série de concerts à la basilique de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal de Montréal qui présente du 3 juillet au 27 novembre, et ce, par 20 organistes différents, l’intégrale de l’œuvre pour orgue de Johann Sebastian Bach. Le mois de septembre s’est endeuillé dès les premiers jours par le décès de Raymond Daveluy, ce géant de l’interprétation et de la composition. On lira avec émotion, dans les pages qui suivent, l’hommage que lui rend l’un de ses étudiants, François Zeitouni. Le mois de septembre marque aussi pour les différentes associations le début d’une nouvelle saison artistique. Pour les Amis de l’orgue de Québec, la saison 2016-2017 marque le 50e anniversaire de leur fondation. Le texte d’Emmanuel Bernier nous en fait un rappel historique. Octobre nous a ramené le Festival d’orgue présenté par le Concours international d’orgue du Canada ainsi que le Festival des Couleurs de l’orgue français. Ce festival comprenait, entre autres, un vibrant hommage à Raymond Daveluy et Sir Ernest MacMillan lors d’un concert mémorable. Et la vie continue.

Lors du congrès 2016 du RCCO/RCCO tenu à Kingston, en Ontario, trois Québécois ont reçu des , Patrick Wedd, s’est vu décerner un doctorat honoris causa pour son impressionnante carrière en tant que musicien d’église, de concertiste et de pédagogue. Ensuite, Christopher Grocholski, président de la section de Montréal du RCCO/CRCO, a reçu une récompense pour services rendus pour son implication et sa contribution à la section de Montréal et aussi en tant que directeur pour la région Montréal-Ottawa. Enfin, Fernand Létourneau, président de la firme Orgues Létourneau de SaintHyacinthe et reconnu par ses pairs comme étant l’un des meilleurs facteurs d’orgues au monde, a reçu un prix d’excellence pour son implication dans la facture d’orgues et aussi pour son soutien à la cause organistique.

Nous ne pouvons passer sous silence la décision de deux de nos collaborateurs de la première heure de mettre fin à leur collaboration régulière. Irène Brisson a signé, au cours de toutes ces années, de savoureux textes qui nous ont permis de mieux connaître différents compositeurs et leurs œuvres, prenant prétexte d’un anniversaire de naissance ou de décès pour nous les présenter. Quant à André des sites présentant des affinités avec le monde de l’orgue. Que d’heureuses découvertes il nous a permis d’y faire. Sincères mercis à vous deux. Nous espérons vous lire à nouveau de temps à autres.

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Hommage à sœur Pauline Charron, r.s.r. NDLR Le 20 juin dernier, la Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue honorait, lors de son Assemblée générale annuelle, sœur Pauline Charron pour son membre honoraire ». Nous reproduisons les messages de présentation et de remerciement exprimés à cette occasion à l’intention de celles et ceux qui n’ont pu assister à cette cérémonie. Chère Sœur Pauline, Parler de vous est pour moi un grand honneur, un immense bonheur. Nous nous connaissons, nous nous fréquentons depuis si longtemps, depuis toujours. Prononcer votre nom Sœur Pauline, est signe d'harmonie, de recherche de la beauté et de la perfection dans votre art musical. Par l'enseignement du piano et de l'orgue à plus de mille étudiants à ce jour, venus chercher auprès de vous, artistiques, vous avez marqué notre communauté. Et ce n'est pas fini ! Vos dons inépuisables se renouvellent sans cesse. Vous ne connaissez rien de l'indifférence. Vous êtes au contraire une passionnée. Vous aimez les champions, tant chez les musiciens que chez les sportifs. Tous se souviennent de vos légendaires partis pris pour les joueurs de hockey que vous savez identifier comme un connaisseur averti, comme un fan inconditionnel ! Le travail persévérant est une force inaliénable qui vous habite et que vous savez communiquer par l'exemple, dans un continuel dépassement. Un dépassement qui s'articule autour des Concours de musique du Québec et du Canada. Je mentionne que cet été, à la finale nationale du Concours de musique du Canada, un de vos pianistes de 17 ans, Philippe Gagné, a obtenu la plus haute note du Canada avec 98 %, toutes disciplines confondues. Inlassablement vos étudiants du Conservatoire de Rimouski et de la maison mère des Sœurs du Saint-Rosaire développent auprès de vous la persévérance et l'ardeur au travail, ces qualités fondamentales que vous invoquiez dans l’allocution que vous avez prononcée, le 11 novembre 2000, lors de la remise d'un doctorat honoris causa par l'Université du Québec à Rimouski : « Les deux Mixtures, numéro 45, novembre 2016

pôles qui sous-tendent mes activités de professeur ont toujours été la confiance et la détermination dans la recherche de l'excellence ». La Fédération Québécoise des Amis de l'Orgue vous décerne cet après-midi, dans la chapelle du Musée de l'Amérique francophone, le titre de membre honoraire, en reconnaissance de votre apport artistique exceptionnel à la vie musicale et organistique au Québec. Honneur par vous hautement mérité. Avec fierté je me fais le porte-parole de vos et l'amitié que nous vouons à la femme de musique et de prière que vous incarnez avec tant de noblesse. Ma chère Sœur Pauline, c'est maintenant à votre tour de vous laisser parler d'amour... Merci d'être cette flamme, source de lumière et de chaleur,

Jean-Guy Proulx Organiste émérite de la cathédrale de Rimouski Page 5


Texte de remerciements

MERCI, Jean-Guy, pour cet hommage touchant, très émouvant, venu tout droit de ton cœur généreux ! À vous, chers membres du Conseil d’administration de la Fédération Québécoise des Amis de l'Orgue, ainsi qu’à vous, chers amis de Québec, Montréal et d’ailleurs, toute ma reconnaissance pour cette rencontre à laquelle vous m’avez invitée et royalement reçue ! Depuis longtemps, je souhaitais rencontrer les personnes qui, ici et là, au Québec, se dévouent pour faire la promotion de l’orgue à travers la en année. Mon passage à Québec me permet de saluer et de féliciter le maître d’œuvre, Robert Poliquin, et son équipe à qui je désire rendre hommage pour leurs remarquables réalisations ! MERCI de me donner ce privilège, vous les membres du conseil de la FQAO, pour votre fidélité à vous donner sans compter afin de promouvoir l’orgue et, par la même occasion, les artistes, les compositeurs, les beaux que c’est toujours un grand bonheur de lire Mixtures ! MERCI à vous du Conseil actuel et à vos prédécesseurs. C’est un travail colossal accompli avec amour. Je vous souhaite et de votre mission : vous êtes des apôtres MERCI ! J’aimerais ici ajouter quelques mots à l’intention de Jean-Guy Proulx, mon premier élève, en orgue, qui m’a rendu hommage en votre nom. Cher Jean-Guy, j’ai senti, dans tes paroles, que tu rejoignais les sentiments de notre grande famille d’organistes, anciens élèves de la maison mère du Saint-Rosaire de Rimouski, musiciens si attachants, si doués avec lesquels j’ai eu tant de plaisir à travailler. Très tôt, tu as manifesté le désir de suivre des cours d’orgue; tu me pardonneras de t’avoir fait patienter jusqu’à la sixième année de piano, sachant bien que tes progrès seraient plus rapides, en ayant une technique et une lecture plus développées; et j’ai eu raison ! L’ascension s’est faite bellement et les succès aux Concours de musique et aux examens t’ont mené rapidement aux . Ont suivi de nombreux concerts au Canada, Page 6

aux États-Unis et en Europe, des enregistrements pour la Société Radio-Canada et de nombreux disques compacts.

plus tard, tu fondais avec enthousiasme l’Académie t’entourer de personnes dévouées et efficaces pour mener à bien le développement culturel de notre belle région. Ces deux organismes nous ont permis d’entendre, dans notre ville, de très grands musiciens du Québec et de l’étranger. Étant professeur au Conservatoire de musique de notre ville, une belle collaboration a toujours existé avec cet établissement dont le personnel garde encore un souvenir inoubliable de tes qualités de musicien reconnu et d’éducateur possédant une personnalité attachante. N’oublie pas que tu as toujours été soupçonné d’avoir été l’inspiration des organistes de chez nous (140 environ). J’entends encore mes pianistes me Tu les avais touchés. BRAVO! et la classe d’orgue a progressé, grâce à toi. Tu t’es dévoué pendant 45 ans comme organiste titulaire de la cathédrale de Rimouski, réalisant des offices religieux d’une grande beauté : ta culture musicale et liturgique, la qualité de la chorale soutenue par la richesse de la sonorité de ton instrument rénové en 1979 par le regretté Guy Thérien qui, de concert avec Antoine Reboulot, l’abbé Antoine Bouchard et toi-même, avez réussi un chefd’œuvre. On affirme avec raison que l’orgue de la cathédrale de Rimouski est le plus imposant de l’Est-du-Québec. La population rimouskoise te voue une reconnaissance inexprimable pour la fidèle présence, ton dévouement, tes nombreux À monsieur le Président, Jacques Boucher, j’ai un merci spécial à adresser. Nous nous connaissons depuis plusieurs années, soit depuis nos études en orgue à l’Université Laval avec l’abbé Antoine, sur la rue Sainte-Famille, à cette époque. C’était le bon temps ! En plus de posséder des dons exceptionnels d’interprète, Jacques nous a permis de connaître les meilleurs organistes et d’entendre les orgues du Québec et d’ailleurs grâce à l’émission La tribune de l’orgue diffusée sur les ondes de Radio-Canada. Que de démarches et d’interventions Jacques a dû faire pour réaliser cette série qui, malheureusement, n’existe plus. C’est triste ! J’ai eu l’heureuse idée pour la formation de nos jeunes et la culture de toute la population. Jacques a travaillé très

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les enregistrements de disques. Quelle richesse d’entendre nos orgues historiques jouées par , le sommet demeure l’intégrale des symphonies de Vierne et de Widor, sur nos instruments du Québec, par nos organistes québécois (incluant Antoine Reboulot). MERCI et BRAVO, Jacques. MERCI aussi de nous avoir donné Vincent, le merveilleux qui poursuivra ton œuvre, j’en suis convaincue. Je dédie à ma famille l’hommage que vous me rendez aujourd’hui. Vous ignorez sans doute que je suis la 15e d’une famille de 15 enfants. Tous avaient eu l’avantage d’étudier le chant et la musique, à Saint-Clément, un coquet village près de Rivière-du-Loup. Alors, je suis née dans la musique… je n’ai aucun mérite. C’est ma famille qui est à la base de ma formation musicale dès mon plus jeune âge. Mon père de la chorale se faisaient souvent au salon. Mon oreille a rapidement capté le beau chant grégorien, les chants religieux et profanes. Lorsque mes frères ont constaté que je pouvais accompagner les chants, au piano, ils m’ont permis de monter au jubé, à l’église, et j’ai eu le bonheur de les accompagner jusqu’à mon entrée en religion. Merci à mes frères

et sœurs, si patients, répondant de bonne grâce à mes multiples questions enfantines. Au début de ma vie religieuse, j’ai poursuivi mes études musicales et, quelques mois plus tard, je devenais organiste titulaire de la maison mère, poste que j’occupe toujours depuis, et avec le même bonheur. L’hommage que vous me rendez aujourd’hui, je le dois aux succès « mes enfants » comme j’aime les appeler. Ils sont si extraordinaires; ils m’ont toujours fait honneur. C’est avec joie que je les remercie de tout ce qu’ils m’apportent d’affection et d’enrichissement mutuel, dans nos correspondances et nos rencontres. Depuis bientôt 30 ans, j’enseigne au Conservatoire de notre ville; j’ai de brillants pianistes; je suis entourée d’un personnel si attachant. Je me demande parfois comment je pourrai un jour les quitter… Heureusement, j’ai le plaisir de préparer une relève à la maison mère. Je remercie sincèrement les supérieures de ma communauté et mes consœurs qui m’ont souvent encouragée dans mes études et ma carrière de pédagogue. J’essaie de marcher sur les traces de notre fondatrice, la bienheureuse à Rimouski pour former les jeunes à la

La jubilaire accompagnée du président de la FQAO, Jacques Boucher.

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beauté et je la remercie de travailler avec nous. Mes élèves ont beaucoup confiance en cette grande éducatrice qui ne demande pas mieux que de les aider à réaliser leurs rêves. Je m’en voudrais de ne pas remercier d’une façon spéciale Harold Thibeault, membre des Amis de l’orgue de Rimouski et de la Fédération Québécoise des Amis de l’orgue qui est venu lui-même me transmettre l’invitation du Conseil d’administration d’assister à cette rencontre amicale, aujourd’hui. Il m’offrait même de me conduire et de me ramener, en toute sécurité : c’est tout un cadeau, n’est-ce pas ? Merci, monsieur Thibeault. Nous avons le plaisir d’avoir avec nous un de mes anciens élèves pianistes, Gérard Mercure, que vous avez vu se dévouer avec une ardeur indescriptible pour capter sur sa caméra tous les moments importants de cette journée : les personnes qui sont venues de près ou de loin pour me combler de mots gentils, d’affection et de cadeaux. Merci, monsieur Mercure, pour les photos ! Je tiens à

tre : le délicieux repas partagé dans la joie, Louise et Pierre Bouchard qui nous ont émerveillés au clavecin et à l’orgue, la rencontre des de leur présence ainsi que quelques-uns de mes anciens élèves qui ont réussi à se déplacer pour venir me saluer. Votre générosité va encore plus loin; vous me nommez membre honoraire de la Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue; vous m’en voyez ravie et ce geste me touche profondément. Le parchemin est un merveilleux souvenir à conserver précieusement dans mon studio, à la de vous tous et toutes que j’ai rencontrés aujourd’hui. Je n’imaginais jamais vivre autant de moments de bonheur : les surprises, les s à poursuivre ma carrière ! Mon cœur vous redit MERCI ! Sœur Pauline Charron, r.s.r.

Ci-haut, devant la console de l’orgue de la basilique Saint-Pierre de Rome. Ci-contre, l’orgue Grenzing (2000, IV/P 61/86) de la cathédrale Saint-Michel-et-Sainte-Gudule de Bruxelles

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Deux années d’études en Belgique par Jocelyn Lafond Le 10 juillet dernier, une grande page de mon passées en Belgique, je suis revenu définitivement au Québec dans le but de m’y épanouir comme personne et comme musicien… Malgré tout l’attrait que peut exercer l’Europe sur un jeune organiste, le généalogiste « à temps perdu » que je suis ne saurait s’éloigner trop longtemps de ses racines sans ressentir un certain mal du pays ! Ainsi, j’ai profité de quelques traversées transatlantiques pour venir me ressourcer parmi les miens, ce qui m’a permis de revenir à la tribune de la cathédrale de Saint-Hyacinthe durant l’été, le temps de Noël et même de la Semaine sainte de cette année. C’était aussi une occasion de donner quelque moments de , Sylvain Doyon et Jacquelin Rochette, pour ne nommer que ceux-là ! « Arts au Carré » (dont fait partie le Conservatoire royal de musique) à Mons, en Wallonie, m’a permis de baigner dans le milieu culturel francophone de Belgique, et en particulier dans celui du Hainaut, province qui borde le nord de la France.

Ce double cursus ne m’a pas empêché de toucher régulièrement, dans le cadre de liturgies ou de concerts, des orgues intéressants, dont plusieurs instruments bruxellois. J’ai fréquenté de la Cambre et, surtout, l’église des Dominicains. En effet, cette communauté m’a gentiment accueilli comme l’un de ses « frères » résidents pendant ces deux belles années… Je garde également de très bons souvenirs de l’orgue Cavaillé-Coll de la cathédrale d’Angers et de Daniel Roth, avec qui j’ai eu d’intéressantes rencontres à son domicile à Paris… sans oublier ma participation à une messe à Saint-Pierre de Rome… ! Après un été bien rempli, me voilà devenu résident à l’évêché de Saint-Hyacinthe, tout près de l’orgue dont je suis titulaire depuis 2009… et nouvel étudiant au Conservatoire de musique de Montréal (2016-2018) dans une spécialité qui me tient également à cœur : l’accompagnement au piano ! Il semble bien que, malgré les années qui passent, la musique me garde encore bien jeune… !

Cette immersion était motivée par

, des matières (harmonie, contrepoint, fugue, etc.) dans lesquelles j’avais été plongé durant les huit années passées dans la classe de Gilles Bellemare au Conservatoire de musique de Trois-Rivières. J’ai donc poussé cette formation plus loin en complétant un master spécialisé dans la classe de Jean-Pierre Deleuze, un compositeur actif de Bruxelles et professeur d’écritures très recherché en Belgique. Toutefois, ayant été habitué auparavant à des doubles, triples, voire quadruples parcours simultanés, j’ai quand même cru bon de m’occuper un peu plus. J’ai donc décidé de poursuivre une formation en direction chorale en complément à mes et aussi de me donner des outils importants en tant que musicien liturgique. J’ai , chef des chœurs de la Monnaie, maison d’opéra fédérale belge située à Bruxelles.

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In memoriam Raymond Daveluy (1926-2016) par François Zeitouni Le 9 septembre dernier, en la basiliquecathédrale Marie-Reine-du-Monde, à Montréal, se réunissaient parents, amis, confrères, anciens élèves et admirateurs afin de rendre un dernier hommage à l’organiste et compositeur Raymond Daveluy, décédé quelques jours plus tôt, le jeudi 1er septembre. Selon les vœux du défunt, le service funèbre fut célébré selon le rite tridentin. À l’orgue, sa disciple et fidèle grégorienne des morts et joua en guise de du maître. Un chapitre de l’histoire de la musique de notre pays se clôt avec la mort de ce grand artiste, dont la fructueuse carrière s’échelonne sur quelque 70 ans. Organiste de concert et musicien d’église, improvisateur, compositeur et pédagogue de réputation internationale, Raymond Daveluy exerça une influence canadien. De sa nomination, à l’aube de la par les tribunes de l’Immaculée-Conception et de Saint-Sixte (où il fut étroitement lié à la conception du grand orgue), sa jeune et brillante carrière le mène à l’Oratoire Saintinstrument de ce sanctuaire, chefd’œuvre du facteur Rudolf von Beckerath. De cette tribune prestigieuse et aux claviers de ce grand orgue dont il est à l’origine de l’installation et qu’il affectionne tant, il fait, pendant 42 ans, briller ses dons immenses de virtuose et d’improvisateur. Interprète de grande classe (il maîtrisait un immense répertoire dont il jouait la plus grande partie de mémoire), improvisateur transcendant, harmonisateur ingénieux et raffiné, le musicien vécut ces années en symbiose avec son instrument. Toujours soucieux de faire connaître et aimer l’orgue, il dirige pendant de longues années une série estivale de grands concerts dont nombre d’organistes et de mélomanes se souviennent encore avec émotion. Comme compositeur, Raymond Daveluy laisse derrière lui une œuvre qui impose le respect tant par la qualité que par l’ampleur de ses compositions : neuf sonates pour orgue (la dixième, à laquelle il travaillait, reste , des préludes de chorals, des messes, des Mixtures, numéro 45, novembre 2016

œuvres pour piano ainsi que de la musique de chambre, sans oublier de nombreuses harmonisations de cantiques de Noël, qui comptent parmi les plus réussies du genre. Musique savante et structurée, l’œuvre de Daveluy n’en demeure pas moins accessible, notamment par l’usage de formes classiques et d’un langage tonal très élargi (incluant autant la modalité que le chromatisme) où le lyrisme et l’émotion ne sont pas absents mais cohabitent avec un grand souci de perfection formelle et de clarté d’écriture. Pédagogue attentionné et généreux, Raymond Daveluy dispense principalement son enseignement aux Conservatoires de Trois-Rivières et de Montréal, deux institutions qu’il dirige successivement au courant des années 1970. Jusqu’aux derniers jours de sa vie, il prodiguera aussi en privé de précieux conseils, souvent gratuitement, à de nombreux jeunes musiciens venus étudier auprès de lui et qui purent tirer bénéfice et de son immense culture. Pédagogue parfois qualifié de non orthodoxe, et à l’opposé d’un certain formalisme, Daveluy avait fait sienne la maxime de son propre maître Conrad Letendre : « Le rôle véritable du professeur est d’apprendre à l’élève à se passer de lui ». Puisse l’héritage de Raymond Daveluy perdurer et continuer de vibrer, à travers la direction qu’il a su donner au monde de l’orgue, à travers les élèves qu’il a formés et par ses œuvres, joyaux de notre patrimoine, qui brillent au Panthéon de la Musique.

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La nef et le sanctuaire de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec

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Restauration de l’orgue du sanctuaire de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec par Andrew Forrest1 La basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec est un lieu historique d'importance pour l'Église catholique romaine d'Amérique du Nord : c'est là la-

au nord du Mexique, elle est alors . Dix ans plus tard, elle passe au rang de cathédrale du nouveau diocèse de Québec gouverné par Mgr François de Laval. L'édifice est presque complètement rasé durant la bataille de 1759, puis reconstruit à partir des murs restants, sible à l'édifice original. Au cours du XIXe siècle, des modifications sont apportées à son style, dont l'ajout de la façade néo-classique. En 1874, pour commémorer le deuxième centenaire de la fondation du diocèse, la cathédrale accède au rang de basilique. Au XXe siècle, le 22 décembre 1922, un incendie

Quant à l'orgue de chœur, construit en 1924, il porte le numéro d'opus 1024 de Casavant. Il est installé dans les deux premières ouvertures du triforium, du côté de l'Épître, où il est invisible depuis la nef. À l'origine, la console à deux claviers en terrasse était installée du côté de l'Évangile, également dans le triforium, où elle trouvait sa place parmi un arrangement de bancs disposés comme dans un amphithéâtre. À l'époque, en plus de commenter la liturgie, l'instrument accompagnait la maîtrise du chapitre (le chœur de garçons) qui chantait la messe quotidienne à huit heures du matin. Doté de sommiers électropneumatiques de type ventil, il était semblable aux autres instruments contemporains, comportant un grand nombre de jeux de fond.

une reconstruction, encore une fois à partir des murs extérieurs qui ont pu être sauvés. Les travaux s'étirent sur huit ans et, malgré reflète résolument celle des édifices précédents. Dès 1657, l'église abrite un orgue à tuyaux construit par un facteur inconnu. S'ensuivront plusieurs instruments de dimensions et de complexité croissantes signés par Robert Richard, Thomas Elliot, Louis Mitchell et les frères Casavant, entre autres. L'opus 211 de Casavant, datant de 1904, un orgue à transmission électrique doté de 46 jeux répartis sur trois claviers et pédale, de la basilique-cathédrale, dans les années subséquentes, s'accompagne, entre 1924 et 1927, de l'installation de trois nouveaux instruments de Casavant Frères : un sept jeux pour la chapelle Saint-Louis, un 25 jeux pour le , l'orgue de la chapelle Saint-Louis est demeuré intact, si ce n'est de l'échange de deux jeux entre le Grand-Orgue et le Récit. L'orgue de tribune, après avoir connu quelques altérations maladroites dans les années 1970 et une reconstruction partielle de 1983 à 1985, est en attente de reconstruction. Mixtures, numéro 45, novembre 2016

Le sanctuaire, côté Épitre, les deux arches du triforium où loge l’orgue du sanctuaire. Page 13


Mentionnons pourtant de subtiles différences d’avec les pratiques habituelles de Casavant : la présence de jeux de mutations simples au Récit et l'emplacement de la Trompette 8' dans cette section plutôt qu'au Grand-Orgue. La rumeur veut que le compositeur et organiste français Joseph Bonnet soit à l'origine de la position de la Trompette 8' sur la liste des jeux proposés; il aurait dessiné une flèche indiquant de déplacer l'anche du Grand-Orgue au Récit. Il est probable que le musicien ait été consulté sur les caractéristiques de l'orgue par Henri Gagnon, organiste accompli et titulaire de 1915 à 1961. Bonnet avait été le professeur de Gagnon alors que ce dernier poursuivait ses études en France de 1907 à 1910. Fonctionnel jusque dans les années 1950, l'orgue de chœur est mis de côté pendant ne sont pas claires, mais avec le renouveau liturgique de Vatican II, d'importants changements s'opèrent dans l'Église catholique. Le fait que l'instrument soit devenu de moins en moins utile à l'accompagnement instrumental dans le sanctuaire pourrait constituer un facteur. En effet, c'est environ à cette époque que la maîtrise du chapitre est déplacée du triforium vers la tribune arrière de l'église.

au poste d’organiste titulaire, en 1993, l'orgue de chœur se met de nouveau à chanter. Après avoir subi un nettoyage et un accord, il retrouve bientôt sa raison d'être, d'autant plus qu'il avait toujours été jouable depuis la console imposante à quatre claviers de l'orgue de tribune. Un peu plus tard, sa console est partiellement démontée et déménagée au niveau du sanctuaire où elle prend place du côté sud (côté de l'Épître). Pour l'alimenter en vent, un portevent flexible part du triforium pour descendre à du sanctuaire et serpente jusqu'à la console où il entre par un trou percé dans le panneau latéral. Plus tard, au moment où l'extérieur de l'édifice est décapé au jet de sable, l'instrument souffrira de dommages causés par l'eau, mais les parties affectées seront réparées sans délai. Le contrat de restauration de l'orgue de chœur est accordé à la firme Orgues Létourneau après un processus complet d'évaluation et grâce à une généreuse subvention obtenue dans le cadre du programme de restauration des orgues du Conseil du patrimoine religieux du Québec. Le contrat en bonne et due forme est signé en : les composantes internes des sommiers, certains éléments de la soufflerie et la plus grande partie de la tuyauterie sont retirés pour être transportés et restaurés dans les ateliers de Létourneau. La console est aussi débranchée et préparée en vue de son transport.

Le sommier du Grand-Orgue avec, au premier plan, la Doublette 2’ suivie de la Quinte 2-2/3’, du Prestant 4’, du Salicional 8’, du Bourdon 8’, de la Flûte harmonique 8’, du Bourdon 16’ et de la Montre 8’ .

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La moitié du Récit, de gauche à droite : Viole de gambe 8’, Quintaton 16’, Flûte douce 4’, Nazard 2-2/3’, Tierce 1-3/5’, et Trompette 8’.

L’autre moitié du Récit, de gauche à droite : Voix humaine 8’, Hautbois 8’, Octavin 2’, Violon 4’, Mélodie 8’, Voix céleste 8’, Principal 8’, et basse de Quintaton 16’.

Il a été facile de restaurer les sommiers électropneumatiques de l'instrument, même s'il a fallu y consacrer du temps. Toutes les anciennes boursettes de cuir ont été enlevées et remplacées par de nouvelles tandis que les distributeurs ont été complètement restaurés et munis de pièces neuves : boursettes, feutres, noix de cuir et tiges filetées. Les sommiers de type ventil, mentionnés plus haut, sont divisés en gravures par jeu. Ce sont des soupapes à action pneumatique qui permettent au vent de s'introduire ou non dans les gravures, ce qui détermine quel jeu doit parler. Étant donné la quantité de vent nécessaire au fonctionnement de chaque jeu, les soupapes de type ventil sont évidemment de grande dimension et elles doivent réagir avec rapidité. Toute cette mécanique des jeux a été complètement refaite avec des matériaux neufs semblables aux originaux. La soufflerie de l'orgue a aussi été entièrement restaurée et ses deux énormes réservoirs à éclisse simple de même que le réservoir statique de la boîte régulatrice a été restaurée, tous les raccords des porte-vent flexibles ont été remplacés et le trémolo du Récit remis à neuf. Mixtures, numéro 45, novembre 2016

a aussi été remplacé par un nouveau en anglais) à 16 crans. Les tuyaux de l'opus 1024 ont été nettoyés à fond et réparés au besoin dans notre atelier de tuyauterie. Nous avons tenté d'adoucir la Montre 8' du Grand-Orgue pour que sa présence soit moins marquée, mais sa sonorité veloutée est seulement devenue plus flûtée. Il était évident que nous travaillions contre la nature même de ces tuyaux de lourd métal (du plomb) et de larges tailles, avec leurs grosses entailles et leurs lèvres supérieures recouvertes de peau. Nous avons résolu de les pièces de cuir des lèvres supérieures, ce qui améliore la sonorité et l'attaque des tuyaux. Nous avons également retouché au Salicional 8' du Grand-Orgue, sa sonorité originale se rapprochant davantage à celle d'une Dulciane par sa faible intensité et sa couleur peu caractérisée. Nous l'avons réharmonisé de manière à lui rendre une vraie sonorité de gambe et suffisamment de présence pour colorer agréablement les autres jeux de fond.

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La nouvelle Trompette 8' a été modelée sur des 1920 (incluant la trompette du Récit de l'orgue en cours de restauration) dont les rigoles coniques présentent des ouvertures longues, étroites et de forme triangulaire ainsi que des parois recouvertes de peau dans les octaves graves. Les résonateurs de métal tacheté sont de taille généreuse (8’C = 5"Ø) et de type harmonique à partir de fa4. Habituellement chez Létourneau, nos résonateurs harmoniques suivent la même progression que leur contrepartie non harmonique (= de hauteur naturelle) de même longueur, c'est-à-dire que le premier tuyau harmonique est de la même longueur et du même diamètre que le tuyau non harmonique une octave plus bas. Comme nous l'avons appris, les résonateurs harmoniques de Casavant n'étaient pas construits selon la même

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Dès le départ, l'espace disponible dans l'instrument était limité, et l'ajout de deux nouveaux jeux relevait de l'exploit. Les sept premiers tuyaux de la Flûte ouverte 16' de Pédale étaient couchés les uns sur les autres depuis le plancher jusqu'au plafond incliné, à l'arrière de la division; les suivants formaient un mur de tuyaux de bois verticaux à côté du Grand-Orgue et les plus petits étaient rangés verticalement derrière le pont d'accord du Grand-Orgue. Pour faire place au nouveau rang de Trompette 16'-8', les flûtes disposées le long du Grand-Orgue ont été déplacées pour être déposées horizontalement, soit au fond de la division, soit dans l'arche du triforium, à l'avant de l'instrument. La trompette a pu être installée dans l'espace ainsi libéré, une sorte de corridor à côté 16' est coudée pour entrer sous la ligne descendante du plafond. La Fourniture II-III est aussi située dans la partie avant de l'orgue, sous l'arche du triforium.

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Casavant Frères, Opus 1024 (1924) restauré, agrandi and réharmonisé par Orgues Létourneau (2014) 31 jeux, 27 rangs, 1 568 tuyaux Grand-Orgue Bourdon 16’ Montre 8’ Flûte harmonique 8’ Salicional 8’ Bourdon 8’ Prestant 4’ Quinte 2 2/3’ Doublette 2’ Fourniture 1 1/3’ II-III Trompette 8’

68 tuyaux 68 tuyaux 68 tuyaux 68 tuyaux 68 tuyaux 68 tuyaux 61 tuyaux 61 tuyaux 183 tuyaux 68 tuyaux

nouveau nouveau

Récit expressif Quintaton 16’ Principal 8’ Viole de gambe 8’ Voix céleste 8’ Mélodie 8’ Violon 4’ Flûte douce 4’ Nazard 2 2/3’ Octavin 2’ Tierce 1 3/5’ Trompette 8’ Hautbois 8’ Voix humaine 8’

68 68 68 56 68 68 68 61 61 61 68 68 68

tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux

— 32 32 12 12 12 12 —

tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux tuyaux

à partir de do13

Pédale Flûte 32’ Flûte ouverte 16’ Bourdon 16’ Flûte 8’ Bourdon 8’ Flûte 4’ Bombarde 16’ Trompette 8’

résultant, dérivé extension de la Flûte 16’ extension du Bourdon 16’ extension nouvelle de la Flûte 8’ extension de la Trompette 8’ de G-O du Grand-Orgue

Étendue des claviers : 61 notes (c1—c61) Étendue du pédalier : 32 notes (c1—g32) Accouplements (sanctuaire) : REC/GO, REC/PED, GO/PED Accouplements (tribune) : 31 (usage futur) Système de combinaisons : Partiels : GO 6, REC 6, PED 6 Généraux : 10, Tutti (3 niveaux) Combinateur électronique, séquenceur, ajusteur, rappel Pédales d’expression : REC, Crescendo (programmable, 4 x 30 niveaux) Dispositifs MIDI

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Une Fourniture II-III et une Trompette 8' ont été ajoutées au Grand-Orgue, la Trompette étant aussi prolongée dans le grave pour servir en 16' à la Pédale. L'objectif d'un projet de restauration comme celui-ci consiste à faire sonner les nouveaux jeux comme s'ils avaient toujours fait partie de l'instrument et, à cet égard, le caractère de la mixture peut sembler un peu discret selon des critères modernes. Cependant, nous en avons déterminé les tailles et les reprises après avoir étudié non seulement ceux la Doublette 2' du même orgues Casavant de la même période. Une fois que le troisième rang est entré sur do2, les reprises se font sur chaque do en montant. Notre recherche nous a amenés à élaborer une la progression du diamètre des tuyaux ralentit considérablement quand la hauteur de son dépasse ¼'. Le pédalier Casavant d'origine avait une étendue de 30 notes et, surtout, n'était pas aussi radiant que les pédaliers normalisés par l'AGO. De surcroît, la console originale n'avait pas les de 32 notes. Pour arriver à contenir un nouveau pédalier, nous avons refait le châssis de la console pour qu'il soit de huit pouces plus large, ce qui a fourni l'espace nécessaire pour l'ajout de tirants de registre. Il convient aussi de noter que l'assemblage original des pédales à bascule était loin d'être conforme aux normes actuelles, vu l'alignement de la pédale du Récit avec le la#2 du pédalier. En plus d'avoir été repositionnés au centre, le cadre et les pédales ont été rechromés. La console a été dotée de nouveaux boutons-poussoirs et de obliques faits de bois contrastants, de manière à ressembler aux originaux. Incidemment, pour mettre à profit le pédalier élargi à 32 notes, les deux rangs de Pédale hérités de l'orgue de 1924 ont été augmentés de deux tuyaux chacun. La console agrandie a été posée sur une nouvelle plateforme qui lui permet son déplacement dans le chœur. Le meuble comporte 46 commandes si on inclut les jeux, les accouplements et autres accessoires. Une fois l'orgue de tribune reconstruit, la console du sanctuaire sera prête à commander l'orgue de tribune grâce à un combinateur d'utilisation courante offrant 300 niveaux de mémoire. Une rangée de 34 dominos disposée au-dessus du clavier du Récit permettra d'accoupler les quatre sections manuelles et le pédalier de l'orgue de tribune à l'un ou l'autre des claviers et au pédalier de la console du sanctuaire. Toutefois, les registrations

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mées sur sa propre console au moyen de combinaisons générales. Ainsi, de la console du sanctuaire, il suffira d'appuyer sur le domino Appel Tribune et d'utiliser les combinaisons générales correspondantes pour faire entendre l'orgue de tribune. Outre les multiples niveaux de mémoire, la console de l'orgue de chœur offre maintenant toutes les commodités modernes, y compris un séquenceur de combinaisons générales, quatre séquences de crescendos programmables de 30 niveaux chacune, et un système d'enregistrement et de reproduction. Après avoir réinstallé les composantes restaurées et avoir testé les mécanismes de l'orgue, l'harmonisation a été entièrement revue et ajustée au besoin. Les modifications sonores apportées au matériel de 1924 ont été maintenues au minimum (à l'exception des changements énumérés plus haut), mais nous avons soigneusement réglé tous les jeux d'origine pour en assurer l'égalité et en 16'-8' ont aussi bénéficié d'une harmonisation méticuleuse afin qu'elles s'intègrent bien au fortissimo sans qu'on ait à sacrifier la couleur de ces ajouts. L'opus 1024 a été restauré et agrandi selon un échéancier serré. Après son retour à la cathédrale, l'instrument rénové a résonné pour la public quelques semaines plus tard, le 5 avril, à l'occasion d'une célébration dans l'aprèsmidi du jour de Pâques. Il a alors été béni par le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec. L'organiste titulaire de la cathédrale, lors, l'instrument est joué régulièrement comme partie intégrante de la liturgie et en concert, soit en instrument solo ou dans un rôle d'accompagnement. La maison Orgues Létourneau est honorée d'avoir été choisie pour réaliser un projet de restauration d'un si grand intérêt dans cette église historique. De plus, ce fut un véritable plaisir pour notre équipe de collaborer étroitement avec Marc D’Anjou, Gilles Gignac et Mgr Denis Bélanger jusqu'à l'heureux achèvement des travaux. _______________ 1

Andrew Forrest est directeur artistique chez Orgues Létourneau Ltée. Il est aussi l’auteur des photos incluses dans cet article.

Le texte est une traduction réalisée par Hélène Panneton pour Le Trait juste.

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Restauration de l’orgue de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Nicolet par Martin Yelle L’orgue de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Nicolet a retrouvé sa voix ! C’est d’ailleurs cette expression, « retrouver sa voix », qui a servi de slogan à la campagne de financement de ce plusieurs années. Le Comité des orgues du Conseil du patrimoine religieux du Québec avait accordé, il y a quelques années, une valeur patrimoniale à cet instrument comportant 44 jeux. Historique La cathédrale actuelle est la cinquième que connaît le diocèse de Nicolet depuis son érection en 1885. Comme la première cathédrale qui date de 1873 nécessitait d’importantes restaurations, la décision a été prise de construire un nouvel édifice. Mise en chantier en avril 1897, cette structure s’effondre une première fois le 3 avril 1899 et de nouveau le 11 mai suivant, la réduisant à néant. Une nouvelle construction est alors entreprise en 1904, mais elle est détruite par le feu le 21 juin 1906. Encore une fois reconstruite, elle est inaugurée le 11 mai 1911; elle servira au culte jusqu’au 12 novembre 1955 alors que survient un glissement de terrain qui emporte une station de service, l’Académie commerciale des garçons, des résidences privées et presque tout l’évêché. La cathédrale, elle, demeure intacte, mais comme elle se situe à 15 mètres (50 pieds) du cratère, il devient alors risqué de l’utiliser puisque qu’elle repose sur un sol pouvant être instable. Elle est alors vidée de son contenu, et l’orgue est démonté et entreposé alors que l’édifice est démoli. La voûte de la nef a été préservée et elle peut être admirée comme plafond du Centre des arts populaires, qui servit de lieu de culte de 1956 à 1963. C’est dans cette cathédrale que la firme Casavant Frères installe son opus 381 en 1909. L’instrument est logé dans deux buffets identiques placés de chaque côté de la fenêtre centrale. Cet orgue est un exemple remarquable de la finesse avec laquelle les frères Casavant ont su allier les sonorités symphoniques françaises avec celles des orgues d’Amérique. On remarquera des fonds ronds et éloquents, des anches bien équilibrées à l’ensemble, un magnifique Tuba Mirabilis, un Hautbois d’orchestre et une fine Voix humaine (de facture française). Cet orgue méritait hors de tout doute de retrouver sa voix.

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L’ancienne cathédrale démolie en 1955

La cathédrale actuelle , débutent en mars 1961 selon les plans de l’architecte Gérard Malouin, de Nicolet. Elle est ouverte au culte et consacrée le 23 juin 1963. La façade de l’édifice est remarquable par sa verrière longue de 50,4 mètres (165 pieds) et haute de 21,3 , de Paris, elle est l’œuvre originale du peinte JeanPaul Charland, de Nicolet. L’aménagement intérieur se fait durant la réforme liturgique prônée par le Concile Vatican II. Dans cette optique, l’orgue tout comme la chorale sont voués au service de l’action liturgique et servent d’appui à la prière de l’assemblée célébrante. Dans cette logique, l’orgue est installé dans le étant ceinturé d’un claustra ajouré, la console tout comme la chorale sont placées derrière l’autel.

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L’orgue En 1963, les travaux de réinstallation de l’orgue dans la nouvelle cathédrale sont confiés à Odilon Jacques. L’instrument est alors dépouillé de son buffet et placé derrière une rangée de tuyaux de Montre, la plupart purement décoratifs. Pour une raison que l’on ignore, une console électrique de fabrication américaine replace la console en terrasse de quatre claviers de 1909. De même, on décide de placer sur un même clavier les jeux des sections Positif et Solo. Quelques années plus tard, la console est déplacée du côté droit du chœur, près des stalles. Avec l’âge et l’usure, le fonctionnement de cette console devient erratique et une intervention sur cette dernière est souhaitée depuis plus d’une dizaine d’années. Après 100 ans de service, dont 50 dans la cathédrale actuelle, l’instrument a besoin d’un relevage complet, car il est à bout de souffle. Ces travaux incluent une révision de l’apport en vent par une modification des réservoirs de 1963, la construction d’une nouvelle console, un recuirage complet des composantes et une remise en état de toute la tuyauterie. Par appel d’offres, le contrat est adjugé aux Ateliers Bellavance de Saint-Hugues sous la direction de Jean-Félix Bellavance. Le Conseil du patrimoine religieux du Québec contribue à une partie du coût total tandis que la différence est comblée par des dons recueillis lors d’une campagne de financement lancée le 27 septembre 2014.

Ci-haut, le buffet original et ci-dessous, le buffet de 1963

Une proposition de déplacement de l’orgue plus près du claustra est également avancée. Une problématique de diffusion sonore vers la nef nuit grandement à l’appréciation de la musique par l’assemblée et même au soutien du chant de l’assemblée. L’orgue, dans sa position originale, produisait un son lointain et très diffus. À la suite d’une consultation avec un acousticien, la décision est prise de construire un nouveau buffet pour une meilleure diffusion du son dans l’ensemble de la cathédrale. Ces travaux supplémentaires ont été financés en entier par la souscription publique de la restauration de l’orgue. La nouvelle console, réalisée par l’ébéniste Christian St-Pierre, reprend une disposition en terrasse, comme la console originale. De plus, la décision est prise de conserver une console à trois claviers et de permettre à la section Solo d’être jouée sur différents claviers.

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Les travaux de restauration se sont terminés au printemps 2016. Cette restauration est un très beau succès. L’orgue a en effet retrouvé sa voix. L’égalisation des jeux a été réalisée par l’harmoniste Jean-Sébastien Dufour qui a redonné aux jeux d’origine de l’instrument toute leur subtilité et leur logique. Le nouveau buffet aux lignes contemporaines, conçu par le designer Louis-François , a été réalisé par les soins des Ateliers Bellavance. Notons que ces années-ci, il est peu fréquent de voir s’ériger des buffets d’orgue contemporains. La cathédrale de Nicolet, classée incontournable au niveau du patrimoine religieux du Québec, est un bel endroit pour une telle réalisation.

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Lors du concert d’inauguration offert gratuitement à la population le 29 juin 2016, la voix de l'opus 381 a été confiée au talent de Gilles Fortin, Martin Brossard et Marc Senneville. On y a entendu également la soliste soprano France Caya ainsi que la Chorale de Saint-Frédéric de Drummondville, dirigée par Pierre Bessette et accompagnée par Françoise Gélinas à l'orgue. Plusieurs de ces interprètes ont d'ailleurs marqué l'histoire de cet instrument. Si vous passez par la région de Nicolet, n’hésitez pas à visiter la magnifique cathédrale et à venir du lieu, Marc Senneville, a d’ailleurs pris l’initiative de créer une organisation « Arts et orgue de la cathédrale de Nicolet (AOCN) » qui vise la mise en valeur de l’instrument.

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Casavant, Opus 381, 1909 / Jacques 1963 / Bellavance 2016 III/P, 44 jeux, 43 rangs Traction électropneumatique

Positif (expressif)

Grand-Orgue

Récit (expressif)

Principal 8' Mélodie 8’ Dulciane 8’ Flûte traversière 4’ Piccolo 2’ Clarinette 8’

Montre 16’ Montre I 8’ Montre II 8’ Gambe 8’ Flûte double 8’ Gemshorn 8’ Prestant 4’ Flûte harmonique 4’ Doublette 2’ Mixture 1 1/3’ III Trompette 8’

Bourdon 16’ Principal 8’ Bourdon 8’ Flûte harmonique 8’ Viole de gambe 8’ 2 Voix céleste 8’ Flûte octaviante 4’ Violon 4’ Octavin 2’ 3 Cornet III Trompette 8’ Hautbois 8’ Voix humaine 8’ Tremolo

1

Solo (expressif)

Pédale Flûte 32’ (res) Flûte ouverte 16’ Bourdon 16’ Violon 16’ Flûte 8’ (ext) Bourdon 8’ (ext) Violoncelle 8’ (ext) Bombarde 16’ Trompette 8’ (ext)

Grosse flûte 8’ Violoncelle 8’ Flûte traversière 4’ Tuba mirabilis 8’ Hautbois d’orchestre 8’

1 2 3

dans la boîte du Positif à partir du deuxième DO 2 2/3’+2’+1 3/5’

Étendue des claviers : 61 notes (C-c4) Étendue du pédalier : 32 notes (C-g1) Accouplements : REC/PED 8,4; POS/PED 8,4; GO/PED 8,4; SOLO/PED 8,4 REC/GO 16,8,4; POS/GO 8,4; SOLO/GO 8,4; SOLO/POS 8,4 GO 8 muet,4; REC 16,8 muet,4; POS 8 muet,4; SOLO 4 Combinaisons ajustables : partiels : REC 8, GO 8, POS 4, SOLO 3, PED 4 généraux : 8, Plein Jeu, Grand Jeu Combinateur électronique (128 niveaux) Pédales d’expression : POS/SOLO, REC, Crescendo

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2016 : Un mois d’octobre exaltant ! par Yves-G. Préfontaine1 Le volet compétitif du Concours international d'orgue du Canada nous revient que tous les trois ans, mais celui-ci nous propose chaque année, en octobre, un festival qui, à l’intérieur d’une fin de semaine, concentre des activités les plus variées. Se greffent à cette super fin de semaine, tous les dimanches du mois, des organisations partenaires soit le Festival des Couleurs de l'orgue français, au Grand Séminaire et, cette année, cinq récitals de la présentation intégrale des œuvres pour orgue de J. S. Bach, à l'Oratoire Saint-Joseph. La fin de semaine intensive du « CIOC » était, flamboyante à la basilique NotreDame, vendredi soir, avec trois jeunes brillants interprètes : Dexter Kennedy des États-Unis, Grand Prix de Chartres, Johannes Zeinler, d'Autri, diplômée de Juillard et professeure à l’Université Baylor de Waco, au Texas. Celle-ci nous a offert une démonstration époustouflante de sa virtuosité, de sa technique, de sa mémoire et de sa musicalité. Certainement le moment fort de ce mois de l'orgue à Montréal. Ce concert fut l'occasion de rendre hommage à Gérard Coulombe et Claude Morin, deux piliers du CIOC décédés au cours des derniers mois. De lourdes pertes pour l'organisation.

Le lendemain, samedi, une cinquantaine d'irréductibles ont poursuivi le pèlerinage en trois étapes qui leur avait été concocté. En premier lieu, visite et audition de l'opus 1 de Casavant à la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes où Adrian Foster a présenté l’instrument à partir d’œuvres de Healy Willan. Puis à la tribune de la basilique NotreDame où Pierre Grandmaison nous a fait profiter de ses talents d'improvisateur. Et enfin, visite des ateliers Juget-Sinclair, des nouveaux ateliers devrais-je dire, puisque depuis quelque temps, ils sont installés sur la rue Mill. Ce fut l'occasion de . Cette visite a réellement rallié tous les suffrages et les commentaires ont été nombreux insulaire ! En effet, c'est à la co-cathédrale de Longueuil que ça se passait, en collaboration avec le Théâtre de la Ville. Alors ici, nouveau succès retentissant. Plus de 500 personnes ont envahi les lieux pour entendre cinq musiciens parmi les plus chevronnés dans leur domaine respectif, réunis autour de l'organiste de l'OSM, Jean-Willy Kunz. On a eu droit aux univers musicaux des plus variés, allant du jazz à la musique classique en passant par la musique populaire aux accents klezmer… On n'a qu'à consulter les réactions sur de ce concert-démonstration sur un auditoire littéralement conquis !

Les membres du band Tuxedo Swing en compagnie de l’organiste de l’OSM, Jean-Willy Kunz (premier à droite)

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Le soir, rendez-vous était donné à l'église presbytérienne St. Andrew & St. Paul, rue Sherbrooke, canadienne : Raymond Daveluy et Sir Ernest Macmillan. Mes propres activités professionnelles m'ont empêché d’être présent pour le début de cette soirée. L'organiste Marc-André Doran y a résumé la carrière de Raymond Daveluy en plus de livrer quelques appréciations personnelles du personnage décédé le 1er septembre dernier. Puis Rachel Laurin, organiste éminente, après avoir joué la célèbre Chacone de la Troisième sonate, a solennel s'il en fut. Lors des funérailles de Raymond Daveluy, nous avions eu le privilège d'entendre l'Adagio de l'œuvre, mais ici, de le voir réinséré dans son triptyque, ça prenait un autre sens. Un cycle se terminait donc, qui avait débuté en 1955 avec sa toute première œuvre du genre… La seconde partie du programme était consacrée à Sir Ernest Macmillan. Cette fois nous avons d’abord eu droit à des œuvres chorales somptueuses de cet organiste, chef d'orchestre et compositeur très doué mort en 1973 et dont la carrière s'est essentiellement déroulée à Toronto. Par la suite, le titulaire de l’orgue de l’église, Jonathan Oldengarm, nous a proposé trois des œuvres pour orgue les plus connues de ce compositeur. Le concert s'achevait avec son Te Deum que certains d'entre vous avez peut-être entendu à l'occasion des Jeux olympiques de 1976. Les deux organistes de la soirée ainsi que le chœur de l'église dirigé par Jean-Sébastien Vallée nous ont offert une prestation en touts points remarquable.

Dimanche matin, dans les locaux de l'Université McGill, on nous présentait un documentaire sur Charles-Marie Widor commenté par l'organiste Gerard Brooks : « Widor, le maître de la dure près de deux heures et demie, mais pour la circonstance, on n’en avait retenu que les passages les plus significatifs : quelques considérations biographiques, sa pédagogie, le contexte social dans lequel il a évolué et, comme il se doit, son intérêt pour la facture d'orgue et ses liens avec Cavaillé-Coll en particulier. Le samedi précédent, le 8 octobre, une ribambelle d'enfants accompagnés de leurs parents ont envahi la tribune de l'Oratoire pour participer à un atelier destiné aux 6-12 ans. On avait alors préparé quelques outils pédagogiques et si on se fie aux réactions de cette petite faune, le titulaire, a su capter l'attention de cette future génération d'amateurs d'orgue. Partenaire du CIOC depuis quelques années, le Festival des Couleurs de l'orgue français proposait, pour une 22e saison, une programmation de qualité autour du titulaire, signataire de ce petit reportage, ainsi que de Neil Cockburn de Calgary et juge au CIOC l'an prochain, de Maria Budáčová, finaliste de la dernière édition du concours, de Jacques Pichard, organiste de la cathédrale de Nanterre, dans la banlieue parisienne et de notre collègue montréalais François Zeitouni. De bien beaux après-midis, en vérité. Comme le furent sans doute les cinq récitals de l'intégrale des œuvres pour orgue de J. S. Bach proposés au même moment à l'Oratoire, notamment par William Porter que nous connaissons bien ici maintenant, et Michaël Gailit qui avait joué au FCOF il y a plusieurs années. Complétaient cette série Komisaruk et Willem Tanke. Des centaines de personnes, littéralement, se sont déplacées pour entendre de l'orgue, les amis ! De l'orgue à tuyaux ! Et ce, tout au cours du mois d'octobre. C'est extrêmement stimulant pour des organisateurs de voir et de vivre une telle affluence ! Et ça continue l'an prochain !

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Les enfants attentifs aux propos de Vincent Boucher lors de la session d’initiation à l’orgue.

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Yves-G. Préfontaine est organiste titulaire au titulaire et maître de chapelle au Grand Séminaire de Montréal

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Congrès RCCO/CRCO, Kingston 2016 par Robert Poliquin Le congrès RCCO/CRCO 2016 s’est tenu du 11 au 14 juillet à Kingston en Ontario. J’ai profité de quelques moments libres pour m’intéresser à l’histoire de cette ville dont les origines remontent à Champlain en 1615 et qui est devenue une terre d’asile pour les loyalistes américains dès 1775. Cette ville sera, de 1841 à 1844, la capitale du Canada lors de l’Acte de l’Union du Bas et du Haut Canada. Les concerts Le premier concert inscrit au programme était, pour le moins, un peu surprenant puisqu’il mettait en vedette un orgue de théâtre installé dans une église coréenne. L’artiste invité, Dave Wickerham, en plus de nous faire entendre plusieurs œuvres typiquement écrites pour ce type d’instrument, a aussi inclus dans son programme des pièces de musique classique pour orgue. Sa technique d’exécution et sa virtuosité en ont conquis plusieurs, moi compris.

L’orgue de la cathédrale anglicane St. George’s (Woodstock 1929, Hill, Norman & Beard 1963, Caron 1985, Brisson & Gagnon 2012, III/P 80 jeux) a été choisi pour deux concerts. Avant de parler des récitals, quelques mots sur l’instrument lui-même. Juste avant sa dernière restauration, plusieurs experts jugeaient que la vie utile de cet orgue était terminée et qu’il fallait tout simplement le remplacer. N’eut été la détermination et du travail formidable du facteur Sylvain Brisson et de l’harmoniste Alain Gagnon, c’est le sort qu’il aurait subi. Ces derniers ont réussi un véritable tour de force en insufflant une nouvelle vie — et — une présence remarquable et une polyvalence incroyable. Bravo !

Que serait un congrès RCCO/CRCO sans son ou ses concerts de chant choral. Deux excellents exemples nous en ont été fournis au cours de ce congrès. D’abord celui du Capital Chamber Choir sous la direction de James Loback et avec la participation des organistes Shawn Potter et Emma Drinnan qui comprenait plusieurs œuvres de compositeurs canadiens contemporains, puis celui du Choir of Men and Boys de la cathédrale Christ Church d’Ottawa sous la direction de Matthew Larkin avec la participation de l’organiste Patrick Wedd où furent exécutées des œuvres à caractère liturgique. Deux concerts de très haut niveau et qu’une perfection quasi sublime ! Dommage que du côté francophone, cette tradition n’existe pas. En ce qui concerne les concerts d’orgue solo, nous avons été choyés tant par les interprètes que par le choix des répertoires. Celui de Mark McDonald, à la cathédrale catholique St. Mary’s (KarnWarren 1905, reconstruction 1986 par Knapton & Sons avec une nouvelle console par Hill, Norman & Beard, III/P, 47 jeux), ne comportait que des œuvres composées par des compositeurs natifs de Kingston (XXe et XXIe siècles). Bien que peu porté vers la musique contemporaine, je dois reconnaître que j’ai trouvé certaines œuvres vraiment intéressantes.

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Maintenant les concerts. D’abord celui d’Isabelle Demers qui nous en a mis plein les oreilles — et les yeux, car la prestation était diffusée sur écran géant — par une technique époustouflante et une recherche sonore très agréable. Elle nous a offert,

Dans un programme où elle avait inscrit des œuvres de Bach, Stanford, Mendelssohn, Laurin, Franck, Whitlock et Willian, elle nous a prouvé une belle technique et une très belle lecture de ces œuvres.

du compositeur Marjan Mozetich. Puis, il y a eu celui de Patrick Wedd, organiste à la cathédrale anglicane Christ Church de Montréal. Il nous a servi un programme entièrement consacré à des compositeurs canadiens (Willan, Gagnon, Bédard, Jones et Macmillan). Son expérience incontestée jumelée à une technique à toute épreuve dans œuvres judicieusement choisies nous a fait apprécier les compositeurs de chez nous et nous a enivré de magnifiques sonorités. Formidable !

Présenté au Isabel Bader Centre for the Performing Arts, le dernier concert utilisait un instrument électronique appartenant à l’artiste invité, Felix Hell. Le choix d’un tel instrument pour des organistes beaucoup plus habitués à l’orgue à

Un concert nous a été offert par Rachel Mahon à l’orgue Casavant 1956/1987/1993, Geissler 1991, Brisson & Gagnon 2012 (IV/P, 72 jeux) de l’église unie Bridge Street à Belleville. Sur cet instrument puissant et bien équilibré, l’artiste nous a présenté un programme mettant avantageusement en lumière le caractère symphonique de l’instrument.

. L’artiste, considéré comme enfant prodige alors qu’il donne son premier concert à neuf ans, nous a livré une intéressante prestation composée d’œuvres de Bach, Mendelssohn et Liszt. Non féru des instruments électroniques, j’avoue que celui des notes graves en situation de fortissimo manquait de profondeur et laissait entendre un petit quelque chose de métallique. Sans cette petite réserve, ce fut un agréable concert. Autres activités allant de la musique chorale et de la formation vocale au répertoire et à l’interprétation organistique. L’atelier portant sur la façon de pratiquer de façon efficiente et efficace, donné par Isabelle Demers, m’a pratiquement plu. Il en est de même Hell. Parallèlement au congrès se tenait une académie d’orgue pour jeunes organistes. Entourés d’organistes professionnels et grâce à leurs conseils, huit jeunes ont pu se perfectionner. Ils nous ont offert un récital lors de la dernière journée du congrès. En général, ce fut un congrès intéressant, offrant plusieurs concerts de haut niveau et des ateliers aux sujets variés. Une note rafraîchissante a été le dîner servi lors d’une croisière sur le lac Ontario. Rendez-vous au prochain congrès, à Montréal, du 2 au 6 juillet 2017.

L’orgue de la cathédrale anglicane St. George où plusieurs concerts et activités ont eu lieu. Woodstock 1920s, Hill, Norman & Beard 1963, Caron 1985, Brisson & Gagnon 2012 Mixtures, numéro 45, novembre 2016

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Les Amis de l’orgue de Québec : 50 ans (1966-2016) par Emmanuel Bernier La présence de l’orgue à Québec ne date pas d’hier. Déjà au milieu du XVIIe siècle, on retrouve un instrument dans l’église paroissiale, dont les claviers sont tenus par nul autre que l’explorateur Louis Jolliet. Après la Conquête, ce sont des — et Theodore Molt, puis les Français Antoine et Léon Dessane — qui font vibrer les orgues de la ville. La fin du XIXe siècle marque l’émergence d’une véritable école d’orgue canadienne-française avec, entre autres, Omer Létourneau, JosephArthur Bernier et la dynastie des , il sert également de manière ponctuelle pour des concerts d’orgue. De grands noms de l’école française , Marcel Dupré et Joseph Bonnet. Six ans après la fondation de la société Ars Organi à Montréal, les Amis de l’orgue de Québec deviennent, en 1966, le premier organisme entièrement . Présidé par le ténor et réalisateur Pierre Boutet, il compte parmi ses fondateurs plusieurs figures importantes du milieu de l’orgue de l’époque, dont l’abbé Antoine Bouchard, Claude Lavoie, Claude Lagacé et Jean-Marie Bussières. Dès ses débuts, l’association permet au public de la ville d’entendre les plus grands concertistes de la planète, dont Pierre Cochereau, Gaston Litaize, André Marchal, Marie-Claire Alain, Michel Chapuis,

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Hurford. De nombreux organistes québécois ont également eu l’occasion de se produire, dont de nombreux jeunes qui firent ensuite de brillantes carrières. Parmi les événements marquants de l’histoire des Amis de l’orgue, mentionnons d’abord les intégrales Bach (1974-1975), Vierne (1986) et Widor (1995), qui ont réuni la crème des organistes québécois, de même que la première canadienne des Méditations sur les mystères de la SainteTrinité de Messiaen par le Canadien Frederick Mooney (1974). Pour son 30e anniversaire, l’organisme s’associe à l’Orchestre symphonique de Québec et à l’organiste Raymond Daveluy afin de présenter la Troisième symphonie de Saint-Saëns et le Concerto pour orgue de Poulenc. À l’occasion de son 40e anniversaire, il fait appel au virtuose Olivier Latry pour un concert, donné à guichets fermés, à l’église Saints-Martyrs-Canadiens. Toujours soucieux de rendre l’orgue plus accessible au plus grand nombre, les Amis de l’orgue ont, dès leurs débuts, organisé des événements à caractère pédagogique. Pendant des décennies, l’activité Jeux d’orgue a ainsi permis à de pour orgue et de découvrir de nombreux instruments de la capitale. Depuis quelques années, le programme Organiste d’un jour donne aussi l’occasion à des musiciens en herbe de se produire devant un public enthousiaste.

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La Passion selon Marc O’Reilly par Louis Brouillette Le 8 avril 2017 sera créée à la basilique-cathédiose où l’orgue sera à l’honneur : une Passion de cette œuvre, appelée Passio Domini Nostri Jesu Christi, comprend 33 numéros divisés en trois parties. Le 28 septembre dernier, le une heure sur cette Passion. Voici une synthèse de ses propos concernant son parcours académique et son œuvre pour orchestre de chambre, chœur et solistes. C’est durant ses études de baccalauréat en musicologie à l’École de musique Vincent-d’Indy, et plus particulièrement par l’entremise des pastiches, que le Sherbrookois Marc O’Reilly s’est initié aux techniques de composition des grands maîtres. Il complètera par la suite un baccalauréat en composition à l’Université de Montréal, où il de la part de Massimo Rossi, de Jean Papineau-Couture et de Serge Garant, ainsi que des cours de composition d’André Prévost, de Jacques Hétu et de François Morel. O’Reilly signale qu’il a réellement appris son métier de compositeur avec Morel, tout en ajoutant que son style est très différent de celui de son professeur. Après avoir suivi un cours fort apprécié d’orchestration au XXe siècle donné par Morel, O’Reilly a décidé de suivre ce dernier à l’Université Laval pour compléter une maîtrise en composition. Ses études terminées, O’Reilly utilisera abondamment les harmonies complexes dans ses compositions. Au fil des ans, il réservera cette complexité à dépeindre. Au cours de sa carrière, trois éléments deviendront sa signature : le , abondent d’ailleurs dans cette Passion, comme les passages où l’orchestre de chambre accompagne un soliste dans une autre tonalité. Les grappes de sons (clusters) comptent également parmi les effets provocateurs utilisés dans le but d’exprimer les divers sentiments de la foule et des chefs religieux. O’Reilly s’est librement inspiré de trois passions − soit celles de Johann Sebastian Bach, d’Arvo Pärt et de Krzysztof Penderecki − tout en conservant son propre style. De Bach, O’Reilly a retenu son Mixtures, numéro 45, novembre 2016

traitement de la voix dans les chœurs, plus particulièrement au niveau des textures. De Pärt, il a conservé la modalité, les harmonies simples, les et un sentiment d’intériorité qui se perçoit particulièrement chez O’Reilly dans l’écriture musicale des trois évangélistes. De Penderecki, il s’est inspiré du lyrisme, des effets sonores et de la dimension spirituelle présente dans l’œuvre. L’influence du chant grégorien est également perceptible, surtout dans l’écriture des parties dévolues aux évangélistes, alors que la dualité tension-détente se ressent. Au lieu de mettre en musique le texte du récit de la passion de façon linéaire, O’Reilly a plutôt structuré son œuvre en trois parties, chacune présentant une vision différente de la crucifixion. La première partie est centrée sur la question « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». La deuxième partie, qui met l’accent sur l’aspect dramatique de la crucifixion, représente les douleurs que les humains peuvent éprouver dans leur vie. Ces douleurs sont notamment symbolisées par des effets percussifs. Les clous s’enfonçant dans la croix sont, par exemple, représentés par les blocs Page 29


de bois. La troisième partie, plus douce que les deux autres, évoque l’acceptation de la mort. En plus d’adopter cette structure particulière en trois parties, le compositeur a intégré certaines sources qui ne proviennent pas du récit de la passion, ainsi que trois textes en français. Lors de la création (le samedi 8 avril 2017), les musiciens et les chanteurs seront divisés en deux groupes différents. Dans le chœur se retrouveront le positif ainsi que les solistes interprétant les rôles de Jésus et de Pilate. Le reste de l’effectif se tiendra au jubé : les trois évangélistes, le chœur à quatre voix mixtes (s’étalant jusqu’à 16 voix), l’orgue de tribune, les violons, les violoncelles, la contrebasse, les percussions, les saxophones, le trombone et la guitare. La connaissance des musiciens a parfois influencé l’écriture de certaines parties. Ainsi le numéro 13, Les larmes du cœur, Poulin, qui interprétera un des rôles d’évangélistes. Le compositeur s’est également permis plusieurs difficultés dans la partie de chœur, notamment dans les entrées et dans l’intonation, car il savait que ce chœur serait formé de chanteurs professionnels et semi-professionnels. O’Reilly a voulu mettre en musique l’anxiété et l’esprit militaire dans la partie de Pilate, composée pour un baryton dramatique. En contrepartie, le rôle de Jésus, interprété par un baryton léger, comprend beaucoup de valeurs longues soutenues par une écriture musicale sobre afin de donner au texte un rôle de premier plan. C’est Geoffroy Salvas, un baryton en résidence à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, qui va créer le rôle de Pilate tandis que le frère Simon-Pierre Lessard, religieux de la congrégation des Missionnaires de l’Évangile, va personnifier Jésus. Marc D’Anjou, titulaire des orgues de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, créera pour sa part la partie d’orgue de tribune, tandis que je jouerai sur le positif de Juget-Sinclair (opus 38). Les instrumentistes et les chanteurs seront dirigés par Chantal Boulanger, l’épouse du compositeur, à qui cette oeuvre est dédicacée. Le chiffre « 3 » − qui représente Dieu le Père, le trois parties, trois évangélistes, trois Passions ayant inspiré O’Reilly, trois textes en français, trois versets du Stabat mater, trois instruments à cordes (violons, violoncelles et contrebasse) et trois musiciens dans le chœur (les deux solistes et l’organiste jouant la partie de positif). Peut-être que cet attachement à la numérologie est-elle due

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Soucieux des détails, le compositeur a écrit tous les coups d’archet des violonistes et des violoncellistes, les indications métronomiques ainsi que les registrations de l’orgue de tribune (en détaillant même le contenu des généraux et des partiels). Le compositeur a néanmoins laissé certaines libertés aux interprètes et au chef, par exemple dans le rythme des passages psalmodiés, dans le tempo des sections marquées assez libre ou sans pulsation régulière pour l’orgue et dans l’intégration toniques du latin, il les a respectés en les adjoignant à une valeur plus aigüe ou en ajustant la mélodie de façon à ce que l’emphase arrive aux bons endroits. Nul doute que la Passio Domini Nostri Jesu Christi sera un évènement majeur dans la vie musicale estrienne, voire québécoise. Composée entre juillet 2015 et mars 2016, elle est l’œuvre la plus longue et la plus accomplie jusqu’à présent de ce Sherbrookois passionné qui se consacre à temps plein à la composition depuis 2009.

Fédération Québécoise des Amis de l’Orgue Laurent Duval L’orgue, ce méconnu Montréal, FQAO, 2012, 305p. 11 planches couleur 20 $ (+ 4 $ frais d’expédition par la poste)

de l’orgue au Québec. Après un bref rappel de l’histoire du développement de l’orgue au cours des siècles, l’auteur nous amène au début du XIXe siècle en nous dépeignant le rôle qu’a joué Albert Schweitzer dans la sauvegarde de l’orgue classique. À ce rappel historique s’enchaîne l’histoire de la facture d’orgue au Québec ainsi que de sa « renaissance » à la fin des années 1950 et au début des années 1960. La deuxième partie de l’ouvrage nous amène au cœur du répertoire de la musique d’orgue et s’attarde principalement sur l’œuvre pour orgue de J. S. Bach avec un bref commentaire sur ses principales œuvres.

Libellez votre chèque au nom de la FQAO et expédiez, par poste à FQAO 1749 rue Boisvert, Laval, QC H7M 2L1

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Anniversaires en musique par Irène Brisson Notre chronique des anniversaires musicaux du monde de l’orgue sera consacrée à Matthias

À la mort du prince Christian (1647), Weckmann revient en Allemagne du Nord et se marie en

de l’école de clavier nord-allemande. Contemporain et ami de Johann Jakob Froberger, Weckmann serait né en 1616 (ou plus tard) à Nierderdorla, non loin de Mülhausen, en Thuringe.

Eberhard Beute. Il a pour témoin l’organiste de la Marienkirche, Franz Tunder (1614-1667). De nouveau au service de Johann Georg Ier, il participe vers 1649 ou 1650 à un tournoi musical avec un visiteur de marque, l’organiste impérial de la cour de Vienne, Johann Jakob Froberger (1616-1667). Si, respectueusement, Weckmann laisse gagner le réputé invité, « il exécuta pendant une demiheure le thème qu’il avait retenu de Froberger. Toute la cour était enchantée de son habileté et

Fils d’un pasteur luthérien qui s’installe vers 1628 à Dresde, capitale de la Saxe, il y reçoit sa formation musicale comme petit chanteur de la chapelle du prince Johann Georg Ier. Ses maîtres seront notamment l’organiste Johannes Klemm (c. 1595ap. 1651) et le célèbre Heinrich Schütz (15851672) qui revient en 1629 d’un fructueux séjour en Italie. Essentiellement connu pour ses par le style novateur de Giovanni Gabrieli et dans l’apprentissage de son jeune élève qui, à l’âge de 16 ans (1632), occupera un des postes d’organiste de la cour. En 1633, Weckmann accompagne Schütz à Hambourg pour y perfectionner ses connaissances de , dit Praetorius (1586-1651). Selon Alexandre Choron (Dictionnaire historique des musiciens, Paris, 1817, p. 426) « Weckmann y fit en peu de tems [sic] assez de progrès pour se faire entendre , des chants, etc. à la manière de son maître. » À Hambourg, il découvre également Heinrich Scheidemann (v. 1595-1663), un des brillants disciples de Jan Pieterszoon Sweelinck, et apprend ainsi à et plus moderne de Scheidemann. Vers 1636, Schütz, retenu à Dresde par son maître, envoie son protégé à Copenhague récupérer des partitions qu’il y avait laissées durant ses années passées à la cour du Danemark. De retour à Dresde, Weckmann est nommé organiste et membre de la chapelle princière. Toutefois, en raison de la Guerre de Trente Ans (1618-1648) qui fait rage en Saxe, le jeune musicien doit, comme bon nombre de ses collègues, quitter la capitale en 1642 à la recherche de meilleures conditions. Il suit Schütz au Danemark, à Nykøbing (île de Falster), à la cour du prince héritier organiste de la chapelle royale et maître de chant des enfants de chœur.

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». L’amitié qu’ils conçurent l’un pour l’autre dès ce moment fut cimentée dans la suite par une correspondance suivie. » (Choron, p. 426). La réputation de Weckmann est désormais bien établie et, en 1655, il remporte, par concours, le poste d’organiste de l’église Saint-Jacques (Sankt Jacobi) de Hambourg. C’est dans cette prospère ville hanséatique qu’il passe le reste de sa vie, partagé entre l’orgue, la composition, l’enseignement et la direction du Collegium Musicum, un orchestre de musiciens fondé en 1660. Il meurt en 1674, à l’âge de 58 ans. Un de ses fils, Jacob de Leipzig, l’église où, un demi-siècle plus tard, Bach sera Cantor. Comme compositeur, Weckmann laisse une de Schütz, ainsi que 12 sonates pour le Collegium Musicum de Hambourg. Sa contribution au répertoire de l’orgue consiste en neuf grands chorals variés comprenant de trois à sept versets, à la manière fleurie de Sweelinck et de Scheidemann, et en trois pièces libres de type prélude ou à cinq voix. Ces pages, faisant appel au pédalier, aux échos, aux passages virtuoses figuratifs et aux changements de rythme, laissent pressentir le stylus phantasticus de la fin du XVIIe siècle nord-allemand. À cela s’ajoutent cinq canzone et six toccate d’inspiration italienne, convenant davantage au clavecin. Cinq partite sont calquées sur la suite de danses telle que Froberger la tenait de l’école française, tandis qu’une sixième, à variations, fait le pont entre les partite de Frescobaldi et celles de Bach.

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en musique que je rédige pour Mixtures depuis 20 ans. Je vous remercie pour votre fidélité.

Discographie sélective des œuvres pour orgue de Matthias Weckmann :

Naxos 8.553849 et 8.553850 (1996) Wolfgang Zerer Orgue Schnitger Église St. Jakobi Hambourg

CPO 777-873-2 (2014) Friedhelm Flamme Orgue Möller Église abbatiale Marienmünster (2 CD)

OEHMS OC-627 (2008) Joseph Kelemen Orgue Schnitger Église St. Jakobi Hambourg

Loft LRCD-1065 (2004) Hans Davidson Orgue GOArt Örgryte Nya Kyrka Gothenburg (Suède) (3 CD)

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Ici et là au Québec ... Montréal 

Amis de l’orgue

La saison 2015-2016 s’est terminée le 14 mai par la traditionnelle excursion. Cette année, l’activité se déroulait un samedi et la destination était la région de la Mauricie. Ainsi, les participants ont pu entendre et se familiariser avec les instruments des églises Saint-Léon-le-Grand de Louiseville, ainsi que celui du sanctuaire Notre-Dame-du-Cap. Quant à la saison 2016-2017, elle s’est ouverte le 11 septembre à l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus avec une dégustation de bière et fromages ainsi qu’un concert donné par le titulaire de l’instrument, Jason Biel. Le choix des bières était celui de

Dans le cadre des Journées de la culture, le 1 er octobre, une conférence-démonstration intitulée « L’orgue pour les nuls » a été présentée en l’église Saint-Pierre-Apôtre par l’organiste Denis Gagné et le facteur d’orgues Yves Lévesque. Cette activité s’en voulait une de démystification de l’instrument auprès du public. Le 17 octobre, nous avions le plaisir de recevoir Jacques Pichard, organiste de la cathédrale de Nanterre (France), pour une conférence intitulée « Passacailles de Bach et Buxtehude, symbolique et architecture ». Cette activité se tenait au parloir du Grand Séminaire de Montréal. La prochaine activité se tiendra le 21 novembre à 19 h en l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus. Le conférencier Gilles Cantagrel nous entretiendra de Cavaillé-Coll, le célèbre facteur d’orgues parisien. C’est un rendez-vous à ne pas manquer. 

après-midi à l’Oratoire Saint-Joseph du MontRoyal poursuivaient leur présentation de l’intégrale de l’œuvre d’orgue de J. S. Bach. Il faut dire que cet évènement d’envergure qui a débuté le 3 juillet et qui prendra fin le 27 novembre aura offert un total de 21 récitals donnés par 20 organistes différents. Une entreprise colossale menée de main de maître par le titulaire, Vincent Boucher. Au cours de l'été, l'organiste montréalais Philip Crozier a donné neuf récitals en Europe. Cette tournée incluait un premier passage en Roumanie où il a joué à Oradea, Cluj Napoca, Sibiu et Brasov. Il a ensuite poursuivi son périple à Altenberg, Hildesheim et Zwillbrock, en Allemagne et à Geldrop, aux Pays-Bas. Le 30 août, il donnait son dernier récital en tant qu'organiste et directeur musical à l'église unie St. James de Montréal. Il avait auparavant remis sa démission, en mai, après trente ans à cette fonction, ce qui en fait le titulaire ayant occupé ce poste le plus longtemps dans l'histoire de cette église. La cérémonie d'adieu a eu lieu à St. James le 25 septembre. Dans sa nouvelle carrière, il sera l'accompagnateur des Stewart Hall Singers et du Chœur de l'Université Concordia. De plus, il est aussi très recherché comme organiste remplaçant et comme accompagnateur de groupes vocaux et instrumentaux. Il poursuivra aussi une carrière internationale de soliste.

Autres concerts

Tout au long de l’été, les séries de concerts se sont déroulées, les mardis, à l’église unie St. James (13 concerts) et, les jeudis, à l’église presbytérienne St. Andrew & St. Paul (8 concerts).

Éditions Cheldar

établis tant locaux et qu’étrangers de même que ceux de la relève.

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Québec

par Emmanuel Bernier

L’été a été passablement rempli dans la région de Après Beauce qui a présenté, en juin, la Société Lyrique

cathédrale Notre-Dame de Québec a permis de faire vibrer les deux orgues Casavant durant toute des organistes venant du Québec (le titulaire Marc et d’ailleurs (Mathieu Latreille et Francine Nguyen, Bruno Mathieu ainsi qu’Andrew Mills), sans oublier des invités spéciaux tels que la soprano .

Amis de l’orgue

Les Amis de l’orgue de Québec ont lancé leur cinquantenaire en grand le 30 août dernier lors d’une conférence de presse tenue au Palais Montcalm. tous les artisans qui ont permis cette grande aventure de se concrétiser et de se pérenniser. qui se sont déplacés ont eu la chance d’entendre une courte prestation de Marc D’Anjou à l’orgue de la salle Raoul-Jobin. Il est possible de revoir le diaporama préparé pour cette occasion, relatant les faits saillants de ces 50 premières années, en visitant la page d’accueil du site web des Amis de l’orgue de Québec à l’adresse suivante : http://www.amisorguequebec.org Le concert inaugural de la saison, qui s’est tenu comme à l’habitude à l’église Saints-MartyrsCanadiens, a mis en vedette le titulaire de du 22e Royal Régiment, du caporal Christian Richer. Les mélomanes ont pu entendre des arrangements d’œuvres connues et moins connues, allant de Bach et Haendel à nos contemporains. Le 10 octobre, l’excursion annuelle a permis à un groupe de membres de découvrir cinq instruments de la région de Nicolet : ceux des églises Sainte-Gertrude, SaintGrégoire-le-Grand, et Sainte-Monique, celui de la chapelle des Sœurs de l’Assomption et enfin l’instrument fraîchement restauré de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste.

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Le reste de la saison promet d’autres rendez-vous intéressants, dont les concerts du Néerlandais Willem Tanke (16 octobre), de Marc D’Anjou (27 novembre, au Palais Montcalm), de MarieHélène Greffard (26 février), de Benjamin Waterhouse (2 avril) et, dernier mais non le moindre, du renommé Thierry Escaich (13 juin, au Palais Montcalm).

Concours d’orgue de Québec

La 8e édition du Concours d’orgue de Québec se tiendra le 15 juin 2017. Cette édition est organisée par la Fondation Claude-Lavoie qui a le . Les candidats pour le prochain concours devront être nés après le 1er juillet 1981. Le concours se déroule en deux étapes et est jugé par le même jury qui est composé de Marc-André Doran, Thierry Escaich, Marnie Giesbrecht, Jeanne Lamon et Jean-Guy Proulx. d’un Premier prix de 15 000 $, d’un second prix de 7 500 $ et d’un prix de 1 000 $ pour la meilleure interprétation de l’œuvre canadienne. Les dates importantes à retenir sont : Début de l’inscription : 3 janvier 2017 Date limite de l’inscription : 28 février 2017 Résultats de l’épreuve éliminatoire : 3 avril 2017 Date du concours : 15 juin 2017 Pour plus de renseignements, se référer au site web suivant : http://www.coq-fondationclaudelavoie.com

Palais Montcalm

Quant au Palais Montcalm, il accueillera quelques , le 4 décembre, autour de la thématique de Noël. Suivront le troisième volet de l’intégrale des concertos de Haendel avec les pour orgue et orchestre de Guilmant, qui sera interprété par Jocelyn Lafond et l’Orchestre symphonique de Québec le 17 mai prochain.

Musée de l’Amérique francophone

Du côté du Musée de l’Amérique francophone, la saison 2016-2017 met en vedette l’orgue JugetSinclair et le clavecin Laforge avec Mylène Bélanger (25 septembre, avec la flûtiste Anne Thivierge), Emmanuel Bernier (30 octobre), Josée April (26 mars), Benjamin Waterhouse (23 avril) et Benjamin Alard (28 mai).

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Rimouski

par Gérard Mercure

Une 12e académie d’orgue et de clavecin

Mylène Bélanger et Josée April ont vaillamment relevé le défi d’organiser une académie dans quatre lieux différents : l’église du Bic, le Conservatoire de musique de Rimouski, l’église Saint-Pie X et l’église de Sainte-Luce. De plus, deux concerts de grande qualité par les artistes invités, l’organiste français Frédéric Blanc et le claveciniste belge Frédérick Haas, figuraient aussi au programme. L’Académie internationale d’orgue et de clavecin de Rimouski, qui se tenait du 3 au à l’orgue donnés par un maître français en la matière, l’organiste Frédéric Blanc. Fort de l’enthousiasme des participants à cette session de perfectionnement, l’apprentissage de l’improvisation à l’orgue pourra se poursuivre en juillet prochain lors de la prochaine académie.

Les concerts à Saint-Pie X

On ne voit pas, pour le moment, le jour où l’orgue de la cathédrale Saint-Germain sera accessible pour la tenue de concerts. Le sort de la cathédrale de Rimouski, fermée depuis deux ans, est loin d’être réglé. Après un premier projet d’aménagement baptisé Cathédrale 1862, jugé trop ambitieux, un deuxième projet, Cathédrale 2016, plus modeste et qui devrait permettre de procéder aux réparations les plus urgentes, est lui aussi remis en question. Le groupe de gens d’affaires à l’origine de cette initiative n’arrive pas à s’entendre avec le Conseil de la Fabrique Saint-Germain sur les questions de financement et de partage des responsabilités. L’archevêque de Rimouski, Mgr Denis Grondin a ensuite proposé de mettre sur pied, avec la participation d’instances civiles et de la cathédrale à la fois un lieu de culte et de culture. Il a annoncé plus récemment qu’il entendait prendre du recul, quitte à ne pas exécuter de travaux majeurs avant deux ou trois ans, le temps procéder à une consultation élargie de la population locale et régionale. Les Amis de l’orgue de Rimouski suivent ce dossier de près, car en va aussi de l’avenir de l’orgue de la cathédrale. Pour cette année encore, tous les concerts des Amis de l’orgue de Rimouski auront lieu à l’église Saint-Pie X.

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La saison régulière s’ouvrait le 9 octobre avec un concert solo donné par Jacques Pichard, organiste titulaire de l’orgue de la cathédrale de Nanterre et spécialiste de la musique de l’école baroque allemande. Au programme figuraient des œuvres des précurseurs de Bach, de ses élèves et de ses successeurs. La veille du concert, Jacques Pichard donnait une master class sur le compositeur Nicolaus Bruhns et de Rimouski, auxquels se sont joints des membres des Amis de l’orgue comme auditeurs invités.

Drummond par Jocelyn Lafond

Après une saison marquée par les festivités du 200e anniversaire de la Ville de Drummondville en 2015, les Amis de l’orgue de Drummond lanceront leur saison 2016-2017 le 12 novembre prochain à 19 h 30 par un concert spécial « hors série » marquant le premier anniversaire de l’élévation de . À cette occasion, quelques exposés interactifs donneront aux mélomanes un aperçu de l’histoire de la paroisse et des détails architecturaux remarquables de cette toute « jeune » basilique. Ils serviront d’intermèdes entre les interventions musicales de Marc Senneville (organiste de la cathédrale de Nicolet), France Caya (soprano), Gilles ) et Jocelyn Lafond (organiste titulaire à la cathédrale de Saint-Hyacinthe). D’ailleurs, ce dernier créera une œuvre écrite spécialement pour l’occasion, à la demande des Amis de l’orgue. La saison se poursuivra en 2017 avec deux concerts réguliers qui auront lieu également à la basilique Saint-Frédéric, les dimanches à 14 h. Le 26 entendre le mariage toujours réussi entre l’orgue et les cuivres. Enfin, le 7 mai, l’organiste Sylvain Barrette et le baryton -basse Michel Cervant (de la région de Québec) passeront par Drummondville pour présenter un programme alliant l’orgue et l’opéra. Nous sommes très fiers de pouvoir présenter cette nouvelle saison et nous espérons que ces concerts sauront ravir les musiciens et mélomanes de la région !

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Parutions par Robert Poliquin Pilgrimages Brenda Portman Casavant, Opus 3671, 1990, IV/P, 62/88 Hyde Park Community United Methodist Church, Cincinnati, OH Cet enregistrement présente des œuvres pour orgue inspirées par des thèmes sacrés de Rachel Laurin. L’œuvre centrale est intitulée Quatre pèlerinages en Lorraine publiée en 1996. L’œuvre se réfère à quatre lieux de pèlerinage : la cathédrale et du Centre mondial de la Paix de Verdun. Chaque pièce est basée un thème grégorien. On y retrouve aussi le Poème symphonique pour le temps de l’Avent, donné en première par Isabelle Demers au Palais Montcalm de Québec en 2013, ainsi que deux œuvres récentes : Étude-Caprice sur Beelzebub’s Laugh ainsi qu’une Fantaisie et fugue sur le psaume 47 du psautier de Genève. Cette dernière pièce, écrite pour souligner le 10e anniversaire de l’orgue Létourneau du Winspear Centre d’Edmonton, requiert deux organistes : Rachel Laurin ellemême y tient la deuxième partie. Deux autres œuvres complètent le récital : Acclamations et Petite suite sur un motet de Gerald Bales. Côté musical, l’écriture est typique de Rachel Laurin, des thèmes forts et des développements majestueux commandant des coloris toujours changeants et exigeant une excellente technique. Dans cet enregistrement, les ressources sonores de l’instrument, et principalement les brillantes anches sont admirablement mises à contribution. Superbe ! Flamboyant ! Raven, OAR 975 (2016) David Hiller, Organist Létourneau, Opus 107, 2009, III/P 51/54 Christ Church United Methodist, Louisville, KY Dans un programme allant de Johann Pachelbel au contemporain Craig Phillips, cet enregistrement nous fait découvrir un instrument très polyvalent qui s’adapte éloquemment au répertoire de différentes époques. On y retrouve des œuvres de J. S. Bach (Toccata, Adagio et Fugue, BWV 564), quatre des onze préludes de chorals de Johannes Brahms, le 3e Choral de César Franck ainsi que des œuvres du XX e siècle de Whitlock, Lindberg, Howells et Cook. Dans chacune des œuvres, l’organiste utilise judicieusement jeux solos. Les jeux de fond soutiennent admirablement l’ensemble et les anches sont remarquables. À recommander à quiconque veut voyager à travers les siècles du répertoire pour orgue à l’intérieur d’un seul disque. Raven, OAR 971 (2016) Page 36

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Revue des revues par Gaston Arel et Robert Poliquin FRANCE L’orgue francophone / Bulletin de l’orgue francophone, FFAO, 13 rue de Balzac, 93600 Aulnay-sousBois, France.

. , France. (Supplément de musique et CD avec chaque numéro) No 33, Été 2016 : Éditorial Les Silbermann alsaciens, l’élite de la facture européenne au XVIIIe siècle; J. S. Historique des restaurations en Alsace; 60 ans de restauration d’orgues Silbermann; Johann Andreas Silbermann, le plus « écrivain » des facteurs; Alsace et Saxe, les instruments à cordes Silbermann; Itinéraires des orgues Silbermann, une structure active — L’orgue à structure variable — Beethoven et l’orgue — Johann Jacob Froberger, un musicien européen — Patrimoine : Si près, si loin, l’Argentine. No 34, Automne 2016 : Éditorial Carillons : de la cloche au carillon; Quelques éléments de facture; Les Bas-Pays, un terrain favorable; Un souffle venu du Nord… dans le Midi de la France; Formation et répertoire; Une fonderie internationale; John Abbey… Quand un facteur d’orgues s’intéresse aux cloches; RhôneAlpes, 70 instruments ! Grande voix : Arsène Muzerelle — Patrimoine : Évreux, les 10 ans de l’orgue — Factures : Philharmonie et Radio France — Emma Pommier : organiste et plasticienne.

France.

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No 137-140, 2015 : Moi Bétove ?, Souvenirs éparpillés — Eugène Borrel, violoniste, musicologue et professeur — Félix Raugel, organiste, chef d’orchestre et musicologue — Lionel de La Laurencie, violoniste et musicologue — Armand Parent , violoniste et pédagogue. Suisse La Tribune de l'orgue Revue suisse romande, Guy Bovet, CH-2000 Neuchatel, Suisse — Antonio Soler: Théorie et pratique du tempérament pour les orgues (III) — Fannie Edgar Thomas : Adolphe Marty, Raoul Pugno, l'improvisation et autres histoires musicales — Musique, à faire et toute faite — Le quart Mixtures, numéro 45, novembre 2016

d'heure d'improvisation: Le bicinium à la Krebs sans peine avec IMPROFIX — Mozart, Lachrymosa du Requiem, transcription de Guy Bovet — La partition du trimestre: Requiem de Mozart Dies Iræ — Les voyages de M. Philéas Fogg — La Réforme cécilienne de l'orgue italien entre 1880 et 1910, comparaison de deux instruments intéressants (II) — In Memoriam : René Saorgin — Actualités. 68e année, No 2, 2016 : Éditorial : Orgue et orchestre (Guy Bovet) — L'Invité : Pierre-Alain Clerc, il faut cultiver notre jardin — Antonio Soler : Théorie et pratique du tempérament pour les orgues (IV) — Fannie Edgar Thomas : Le Baron de la Tombelle — Répertoire et Improvisation — Musik und Gottesdienst : Un survol de la musique pour orgue et orchestre — G.F. Händel, Qui tollis peccata mundi, pour soprano et orgue — Un Saens à partir de sa 3e symphonie op. 78 — Le quart d'heure d'improvisation — Les voyages de M. Philéas Fogg — Délices et Orgues à Wissembourg — Actualités. 68e année, No 3, 2016 : L'Invité : Loïc Maillé, un électron libre en finale de l'Euro — Antonio Soler: Théorie et pratique du tempérament pour les orgues (dernière partie) — Fannie Edgar Thomas : Percy Vincent, Léon Boëllmann et autres choses parisiennes — Répertoire et Improvisation — Le quart d'heure d'improvisation — Une idée de sortie — Musique und Liturgie : La musique de Max Reger à Bâle — Partition: extrait de la cantate Christ lag… BWV 4 de J. S. Bach — Deux congrès à Saint-Péterbourg sur un organiste suisse presque inconnu : Jacques Handschin — Les voyages de M. Philéas Fogg — Délices et Orgues à Schramberg — Actualités. CANADA Organ Canada / Orgue Canada / Journal bimensuel du Collège royal canadien des organistes (RCCO/ CRCO), 202-204 St. George Street, Toronto, ON V 29 No 3, May 2016 : The John White Memorial Composition Competition — RCCO Convention in Kingston: I Feel the Winds — So You Want to Write a Fugue — Organ Selection: Experiment with indeterminacy in music by Matthew Whitfield — Why Are We Singing This Dirge… Again ?: What to keep in mind when choosing hymns — College News. V 29 No 4, July 2016 : Les orgues historiques de Corse — Organ Tuning for Beginners — Organ Selection: Trumpet Tune by Ross N. MacLean — So You Want to Improvise — College News. V 29 No 5, September 2016 : Kingston Festival Reviews — The Choir Training Certificate, It Succeeds! — , Certificates, Scholarships, and Prizes — College News. Page 37


ÉTATS-UNIS (OHS), P.O. Box 26811, Richmond, VA 23261

The Diapason / 3030 W . Salt Creek Lane, Suite 201, Arlington Heights, IL 60005 V 107, No 4, April 2016 : Exploring the Sound of Keyboard Tunings — United Church of Christ Musicians Association 2015 Conference — Helping Your Congregation to Sing — Feature: Ebenezer Lutheran Church, Greensboro, NC; Parkey, Opus 15 (II/P, 31/24) Conference (2015) — A New Organ for Fourth Presbyterian Church in Chicago — The Class of 2016: 20 leaders under the age of 30 — Czech Please: A conversation with Sister Anita Smisek — Feature: First Presbyterian Church (III/P, 58/44); First Evangelical Lutheran

The American Organist / journal of the american guild of organists (AGO), 475 Riverside Drive, Suite 1260, New York, NY 10115 V 50, No 5, May 2016 : Orchestral Accompaniment at Catholic Cathedral Musicians — The Organ of the 21st Century: The new Rieger organ in the Philharmonie de Paris — The Misadventures of a Touring Accompanist (I) V 50, No 6, June 2016 : World Premiere of Claude Baker’s Sept Hommages — Rudolph Valentino Nunc Instructors to Cultivate Organists

V 50, No 7, July 2016 : Remembering Peter Williams — The Reuter Organ Company “R” Series Organs — Carillon for Virginia Arts Festival — Catching up with Krasinski (I) — The Church Music Institute

V 50, No 8, August 2016 : Meditations on Britten’s Five Canticles (I) — Catching up with Krasinski (II) — The Misadventures of a Touring Accompanist (II)

V 50, No 9, September 2016 : Houston Convention 2016: Exploring New Frontiers with the Organ — Philip Truckenbrod: Arts Imager V 50, No 10, October 2016 : Meditations on Britten’s Five Canticles (II) — OHS 2016 Philadelphia Convention Reviewed — The Fatima Sanctuary, Portugal

V 107, No 6, June 2016 : Pipe Organs of La Grange, IL and the Architectural Edifices That House Them, Part II: First United Methodist Church & First Congregational Church — 22nd Robert and Joyce Jones Midwinter Organ Conference (2016) — Feature: Marble Collegiate Church, New York, NY; V 107, No 7, July 2016 : Celebrating Marilyn Keiser at 75 — Drawing by Jane Johnson (1923-2016) — Feature: St. Joseph’s Church in Greenwich Village, New York, NY; Létourneau, Opus 128 (III/P, 36/39) V 107, No 8, August 2016 : The Five Organ Sonatas by Charles Villers Stanford (1852-1924) — After Conservation, What ? Suggestions for Organists — Feature: Christ Church in Short Hills, Short Hills, NJ; Aeolian-Skinner, Opus 1347, 1960 / Emery Brothers, 2015 (III/P, 69/63) V 107, No 9, September 2016 : French Organ Music : Monsieur le baron Fernand de La Tombelle (1854-1928) — Thoughts on Service Playing, Part I : Hymn Playing — Feature: Spivey Hall, Clayton State University, Morrow, GA; Fratelli Ruffatti, 1992 (III/P, 88/79) V 107, No 10, October 2016 : 11th International Organ and Early Music Festival in Oaxaca and Restoration of the organ in San Matias in Jalatlaco (Mexico) — What the Scaling of Gothic and Baroque Organs from Bologna and St. Maximin Can Teach Us — Feature: The Royal Poinciana Chapel, Palm Beach, FL; Austin, Opus 2685R, 1983/2016, (IV/P, 110/102)

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