La vie numÊrique des tout-petits Constats et Plan d’action
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2 La présence des enfants - même très jeunes - dans le monde numérique s’est banalisée. S’ils bénéficient de ces atouts considérables, ils en éprouvent aussi les limites et les désagréments. La multiplication et la diversification des supports (en moyenne plus de 6 écrans par foyer) désormais nomades : tablettes et smartphones, ont profondément modifié les produits offerts, les conditions d’usages et, par conséquent, les repères éducatifs. Les relations entretenues avec les adultes de l’entourage, au premier rang desquels les parents, influencent les choix de produits, les pratiques, les comportements éducatifs. Cet environnement a un retentissement avéré sur le développement des enfants. La Fondation pour l’enfance a souhaité éclairer la question : Qu’est-ce que vivre et grandir dans un monde numérique ? Aller au plus près des besoins des enfants et des réponses qui y sont apportées en termes de connaissances fondamentales comme de produits disponibles, tout en évitant de culpabiliser et de dispenser des informations mal étayées, angoissantes.
3 Dans cet esprit, durant le premier semestre 2016, la Fondation a organisé des ateliers de travail réunissant une trentaine de participants issus d’horizons variés tant géographiques que scientifiques et professionnels : chacun étant directement concerné dans son engagement professionnel par le thème Enfance et Numérique. Elle a également procédé à des entretiens individuels. Le premier atelier s’est centré sur les conditions d’accès, les pratiques, les différents contenus disponibles, l’accompagnement et les multiples effets du numérique sur les enfants de 0 à 6 ans ; le second a posé les mêmes questions pour les enfants de 7 à 10 ans. Les pratiques numériques scolaires n’ont pas été abordées. Le dernier atelier a été consacré à des échanges et confrontations de points de vue avec plusieurs participants des ateliers précédents afin d’éprouver les thèmes principaux et les propositions envisagés.
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Dix axes sont apparus 1 enfant sur 2 entre 0 et 3 ans utilise un écran interactif nomade, seul dans 30 % des cas AFPA février 2016
3 ans
100
2 ans
90 80
1 ans 6 mois
70 60 50 40 30 20 10 0
Le rajeunissement constant de l’âge auquel les enfants, seuls ou accompagnés, accèdent au numérique régulièrement, y compris pour un usage contestable sans réels repères.
Les enfants de 1 à 6 ans passent 4h10 par semaine sur Internet IPSOS Connect 2016
L’importance de concentrer l’approche sur les enfants de moins de 10 ans pour lesquels les enjeux du numérique, les conditions d’usage et les réponses apportées sont beaucoup moins approfondis que pour les adolescents.
Parmi cette tranche d’âge, la nécessité de s’attacher aux plus jeunes : 0-6 ans. Les très petits : 0-3 ans montrent un vif appétit pour le numérique et les 4-6 ans y sont déjà plongés. Ces enfants restent dépendants de l’adulte dans leurs usages et leurs choix.
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Dix axes sont apparus
Aucune étude n’a encore été menée sur les effets liés à un usage précoce des écrans interactifs sur l’enfant de 0 à 3 ans
44 % des parents d’enfants de moins de 3 ans prêtent leur smartphone à leur enfant pour le calmer AFPA 2016
Il apparaît clairement que les enfants de 0-6 ans pourtant utilisateurs du numérique interactif nomade sont les délaissés des recherches ainsi que des politiques éducatives et publiques alors qu’ils constituent une cible commerciale active.
Les faibles connaissances portant sur les effets physiques et psychiques du numérique sur les enfants - d’autant qu’ils sont très jeunes -, leur santé, leur développement et le « bénéfice développemental » qu’ils peuvent y trouver. Ce dernier argument est constamment mis en avant sans être suffisamment étayé.
Les enfants fréquentent et explorent l’univers numérique alors que certains acquis indispensables de leur développement : sensoriels, moteurs, psychiques, relationnels… ne sont pas assurés.
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Dix axes sont apparus
77 % des foyers sont équipés d’une tablette numérique IPSOS Connect 2016
28 % des 7-10 ans ont une page Facebook IPSOS Connect 2016
Le suréquipement n’est pas un gage de qualité d’usage ; il peut signifier un sous-investissement éducatif, en particulier dans des familles présentant de nombreuses difficultés sociales ou éducatives.
La reconnaissance par les adultes de l’importance du numérique dans la vie de leurs enfants en même temps que leur incertitude dans les comportements à adopter et les repères à forger en fonction des âges et des besoins de l’enfant.
Le risque notable d’isolement auquel peut conduire un usage intense. Le numérique, quels que soient ses atouts, ne se substitue pas à la présence et à la diversité des échanges avec les adultes.
La protection précoce de l’identité numérique est quasi inexistante, de même que la sensibilisation des parents et des professionnels de l’enfance à cet impératif. Un sujet d’autant plus délicat que les dispositions légales et réglementaires s’appliquant aux mineurs, les contrôles, les formations adéquates proposées aux adultes restent peu développés.
Constats et Préconisations
Le numérique n’apprend pas tout.
Pas de numérique sans la présence bienveillante d’un parent ou d’un adulte. Fixer des limites et des régulations plutôt que des interdits. Connaître les pratiques familiales, les parents étant souvent eux-mêmes surconnectés.
Proposer des règles simples, applicables dans les familles (guide d’usages partagés).
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Constats et Préconisations
Assurer à l’enfant des moments et des espaces de liberté et de créativité hors du monde numérique.
Définir clairement ce dont un enfant a besoin selon son âge. Respecter le temps des apprentissages, se garder de sur-stimulations précoces.
Évaluer la qualité des contenus, leur adéquation aux âges et besoins de l’enfant. Informer sur les produits qui répondent à l’intérêt de l’enfant (utilité, pédagogie, valeurs…) afin d’assurer un meilleur choix de la part des adultes.
Instaurer, dès la naissance, le droit à l’identité numérique de l’enfant, étoffer les dispositions juridiques qui s’y appliquent, favoriser leur connaissance et leur respect par les adultes. Fixer un cadre des collectes et utilisations des données personnelles des mineurs.
Actions de la Fondation prévues en 2017-2018
Soutien à la recherche Revue de littérature et analyse des discours des éditeurs/fabricants sur les bénéfices développementaux des offres numériques petite enfance Exploration des comportements du jeune enfant plongé en réalité virtuelle immersive
Actions de sensibilisation des Jeunes Parents et des Professionnels de la Petite Enfance Réalisation de vidéos de sensibilisation aux enjeux de développement précoce du jeune enfant et à la maîtrise du temps d’usage des appareils numériques
Appui à la pédagogie sur les usages numériques des enfants de 6 à 10 ans
Protection de l’identité et des données personnelles de l’enfant
Conception d’un module numérique parents/enfants permettant d’assurer une auto-évaluation progressive des compétences « socio-numériques » de l’enfant Protection de l’iden
Création d’un comité de veille avec actions de plaidoyer en faveur du respect des Droits de l’Enfant dans un monde numérique omniprésent
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Contacts Vincent Dennery Directeur vincent.dennery@fondation-enfance.org Odile Naudin Chef de projet odile.naudin@fondation-enfance.org
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Mars 2017 - © Fondation pour l’enfance - Photo Fotolia
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