Institut de formation syndicale internationale : rapport d'activités 2015

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INSTITUT DE FORMATION SYNDICALE INTERNATIONALE IFSI ASBL RAPPORT D’ACTIVITES 2015

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Personnes de contact Rudy De Leeuw, Président Rafael Lamas, Administrateur délégué à la gestion journalière Leticia Beresi, Coordinatrice IFSI Asbl Rue Haute 42, 1000 Bruxelles Info@ifsi-isvi.be www.ifsi-isvi.be

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Table des matières 1. EDITORIAL .......................................................................................................................................... 4 2. Cartographie du programme de coopération syndicale de l’IFSI ........................................................ 6 3. Le combat, la mission et le rôle de l’IFSI ............................................................................................. 8 4. Quelques chiffres clés ......................................................................................................................... 9 5. Partenariats avec le Sud ................................................................................................................... 10 AMERIQUE LATINE ET CARAÏBES ..................................................................................................... 10 COLOMBIE ............................................................................................................................... 10 CUBA ........................................................................................................................................ 12 PEROU ..................................................................................................................................... 14 AFRIQUE ............................................................................................................................................... 16 AFRIQUE DU SUD ................................................................................................................... 16 BENIN ....................................................................................................................................... 18 COTE D’IVOIRE ET BURKINA FASO ...................................................................................... 20 KENYA ...................................................................................................................................... 22 PANAF ...................................................................................................................................... 23 RDC .......................................................................................................................................... 24 RWANDA .................................................................................................................................. 26 UNI AFRIQUE ........................................................................................................................... 28 MOYEN-ORIENT ................................................................................................................................... 30 PALESTINE .............................................................................................................................. 30 BELGIQUE ............................................................................................................................................ 32 6. Focus sur quelques activités(co-)organisées par l’IFSI .................................................................... 33 7. L’IFSI, dans le labyrinthe des réformes de la coopération belge ...................................................... 34 8. Quelles « LessonsLearned »pour l’IFSI en 2015 ? ........................................................................... 35 9. Grands chantiers futurs : perspectives 2016 et horizon 2017-2026.................................................. 38 10. Gouvernance : les instances et l’équipe de l’IFSI ........................................................................... 40

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1. EDITORIAL Une année 2015rythmée par de grands chantiers stratégiques pour l’IFSI L’année 2015 fut fortement chargée en termes de réflexions stratégiques, d’activités et de challenges. Cette dynamique interne a été alimentée par un environnement en pleine mutation, tant au niveau belge qu’au niveau international. L’IFSI ressort de 2015 renforcé dans ses stratégies, sa philosophie et dans son engagement continu en faveur de la solidarité syndicale internationale et l’émancipation des travailleuses et des travailleurs du monde entier.

Une coopération au développement internationale en pleine mutation L’année écoulée fut une période clé pour l’agenda international du développement : celle du bilan de la réalisation des Objectifs mondiaux du développement mais aussi celle de la redéfinition des «Sustainable Development Goals» (SDGs) 2015-2030. La Conférence d’Adis Abeba sur le financement du développement et le Sommet de Haut niveau des Nations-Unies ont tous deux contribué à définir le nouveau cadre de développement post 2015, dans un contexte de crise financière et d’austérité…pour les travailleurs. Le monde syndical international s’est fait entendre dans la redéfinition de ce nouveau paradigme de développement. Grâce à un important travail de plaidoyer réalisé par la Confédération syndicale internationale, appuyée par l’IFSI et la FGTB, l’objectif de Travail décent fut intégré aux différents SDGs.

La coopération internationale belge, théâtre de réformes successives Depuis 2011, la coopération internationale belge a été, à la lumière du contexte international, l’objet d’une série de bouleversements successifs. Alors que la réforme du ministre Labille (2013-2014) devait aboutir à des résultats concrets, une nouvelle réforme fut lancée au mois de mars 2015 par le ministre De Croo pour le programme 2017-2021. L’ensemble des acteurs de la société civile belge, y compris les acteurs syndicaux, dut affronter cette nouvelle vague de réformes, la négocier et, enfin, la mettre en application. En 2015, l’IFSI a donc mené de front la réalisation de son programme d’activités 2015 et la poursuite de son combat en faveur de la pérennité de la coopération syndicale à travers ces réformes.

Travail décent : le grand absent L’exploitation des travailleurs et les inégalités, particulièrement aigües dans les pays en développement, sont génératrices de pauvreté et d’un «mal-développement». Ces phénomènes affaiblissent doublement les travailleurs du Sud : vulnérables au regard des inégalités socio-économiques de leur pays, ils sont aussi pénalisés par les déséquilibres mondiaux Nord-Sud et la division internationale du travail qui accompagne le processus de globalisation. C’est dans ce contexte socio-économique inégalitaire, générateur de pauvreté et greffé à un rapport inégalitaire Nord-Sud, que la coopération syndicale au développement prend ses racines. Les grands déficits en matière de Travail décent, aggravés par la crise financière et économique mondiale, rappellent l’urgence de renforcer le pouvoir des travailleurs : femmes et hommes, avec ou sans emploi, de l’économie formelle ou informelle, jeunes ou aînés. Face au manque d’emploi, au déni des droits des travailleurs, aux déficits de protection sociale et à la fragilisation du dialogue social, le renforcement du pouvoir des travailleurs dans le monde est une nécessité.

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L’IFSI et ses partenaires :acteurs de changement dans 16 pays L’IFSI soutient des projets de coopération triangulaire : l’IFSI, le partenaire du Sud, et la FGTB (FGTB fédérale, une de ses centrales professionnelles, ou une de ses Interrégionales) s’allient dans le cadre de chaque projet. L’implication active des centrales professionnelles de la FGTB dans le programme de l’IFSI apporte une plus-value précieuse au Sud, mais aussi en Belgique, où les publics cibles de l’IFSI totalisent plus d’un million cinq cent soixante mille membres. En 2015, première année du cycle de programme 2015-2016, l’IFSI a soutenu un ensemble de projets dans 16 pays en Afrique, en Amérique latine, en Palestine et en Belgique (voir cartographie).

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2. Cartographie du programme de coopération syndicale de l’IFSI

CUBA SNTI

COLOMBIE ONOF/USO

PERU FTCCP/CGTP

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BELGIQUE

PALESTINE PGFTU

CÔTE D’IVOIRE SYNA-CNRA /UCRB

BENIN CSA-BENIN

KENYA KEWU/KLDTDU&DWU

BURKINA FASO SYNA-CNRA /UCRB

RDC UFF

RWANDA CESTRAR/STECOMA/ STAVER/SYPEPAP

UNI AFRIQUE AFRIQUE DU SUD NUM/SACTWU

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3. Le combat, la mission et le rôle de l’IFSI

Emancipation et autonomisation des organisations syndicales du Sud La coopération syndicale au développement défendue par l’IFSI veille, dans une logique solidaire, non substitutive et émancipatrice, à renforcer les organisations syndicales du Sud afin qu’elles soient mieux à même de défendre leurs droits et de faire évoluer leur société vers plus de démocratie, de développement et de justice sociale. L’autonomisation des partenaires du Sud et leur émancipation sont les deux dimensions qui occupent le cœur de la mission IFSI. Ses organisations syndicales partenaires sont à la fois des « publics cibles » mais aussi des « partenaires » d’actions : le renforcement de capacités se fait par eux, pour eux et avec eux. Le rapport Nord-Sud est donc envisagé de façon horizontale et dans l’optique d’un renforcement mutuel. Le respect de l’autonomie du partenaire est non seulement un principe philosophique mais aussi un vecteur d’efficacité et de durabilité. Mise à l’Agenda du Travail décent La mission de l’IFSI est multiple. Au Sud, elle doit permettre aux organisations syndicales partenaires d’être reconnues comme acteurs de développement et les accompagner stratégiquement et solidairement dans leurs processus de changement en facilitant leur renforcement au travers d’expertises, de formations, de mises en réseaux et d’échanges d’expériences à tous les niveaux de l’organisation. Au Nord, la mission de l’IFSI est de faciliter la sensibilisation et l’engagement actif des affiliés et militants de la FGTB dans la solidarité internationale. Ainsi, l’IFSI veille, d’une part, à donner une visibilité à ses partenaires du Sud et à leurs combats syndicaux, et, d’autre part, à développer des synergies d’actions entre les travailleurs de Belgique et les partenaires, à travers une approche de mise en réseau et de solidarité internationale. L’IFSI, Facilitateur de la solidarité syndicale internationale En tant qu’acteur de coopération syndicale, l’IFSI exploite des réseaux et développe des méthodes et moyens d’actions différents de ceux d’autres acteurs de la coopération. Grâce à son partenaire FGTB, l’Institut capitalise sur l’expérience de terrain et en entreprises, aux niveaux sectoriel et interprofessionnel. En outre, l’expérience acquise par la FGTB en matière de dialogue social bipartite et tripartite, apporte une contribution inestimable dans le domaine de la coopération internationale. Son mode de fonctionnement bottom up, son ancrage de terrain dans les entreprises et usines en Belgique à travers les centrales professionnelles de la FGTB et sa position privilégiée au carrefour de l’organisation syndicale permettent à l’IFSI de coordonner, faciliter et mobiliser la solidarité internationale pour répondre aux besoins de ses partenaires. Par ailleurs, cette spécificité de l’IFSI de travailler dans une logique sectorielle et intersectorielle lui permet d’avoir un impact plus important grâce à une concentration plus forte dans des secteurs spécifiques d’activités. Cette approche originale permet à l’IFSI de favoriser une mise en réseau internationale entre ses publics cibles du Nord (affiliés et délégués syndicaux de la FGTB) et du Sud (partenaires, délégués syndicaux et travailleurs affiliés). Dans le même temps, l’IFSI nourrit la réflexion de la FGTB par sa connaissance du terrain et son dialogue de proximité avec ses partenaires du Sud. La synergie particulière avec ses partenaires, du Nord, du Sud, et internationaux, fait de l’Institut un véritable acteur de transformation et d’émancipation sociale sur la scène de la coopération internationale belge.

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4. Quelques chiffres clés

3 ACTIVITÉS INTERNATIONALES (CO-) ORGANISÉES PAR L’IFSI EN 2015

5 COLLABORATEURS DANS L’ÉQUIPE LES

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PILIERS DU TRAVAIL DÉCENT TOUCHÉS PAR LE PROGRAMME

16 PAYS D’INTERVENTION

15 PARTENAIRES DU SUD

1.056.595,97€ TRANSFÉRÉS VERS LE SUD EN 2015*

* En ce compris les frais bancaires

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5. Partenariats avec le Sud

AMERIQUE LATINE ET CARAÏBES CO LO M BI E : O R G A N I S E R L E S T R A V A I L L E U R S D A N S U N C O N T E X T E V I O L E N T O Ù L E S D R O I T S FONDA MENTA UX SONT BA FOUÉS

La Colombie est malheureusement réputée pour son taux de criminalité très élevé, sa mafia et son implication dans le trafic de drogue international. Les mécanismes de corruption et de clientélisme dominent tous les rouages du pays, à tous les échelons. La Colombie reste traversée par différents groupes paramilitaires qui instaurent un climat de défiance et de terreur généralisées. Alors que 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le gouvernement met en œuvre une politique économique en faveur du patronat, de l’oligarchie colombienne et des investisseurs étrangers, au détriment des travailleurs et de leurs droits fondamentaux. Le contexte colombien est particulièrement difficile pour le travail syndical. Il s’agit du pays qui connait le plus d’assassinats de syndicalistes au monde. La contestation sociale y est quasi systématiquement réprimée dans la violence et/ou criminalisée via différents subterfuges juridiques. Avec le soutien de l’IFSI et de la FGTB flamande, l’Organización National de Obreros de la Floricultura de Colombia (ONOF) vise une meilleure organisation des travailleurs colombiens impliqués dans le secteur des fleurs ainsi que le développement de leur assistance juridique. La stratégie adoptée comprend deux axes. Tout d’abord, il s’agit de lutter contre le climat antisyndical ambiant qui distille la peur et décourage la mobilisation et l’organisation collective des travailleurs, élément pourtant essentiel pour une amélioration globale des conditions de vie de ceux-ci. Deuxièmement, le renforcement de capacités des délégués syndicaux passe par la formation et la sensibilisation à différentes thématiques comme les licenciements illégaux, les heures supplémentaires non payées, les maladies professionnelles, les irrégularités au niveau des cotisations de pensions et pour l’assurance-maladie, la façon de fournir des conseils juridiques,...

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2015 est marquée par les négociations menées par ONOF dans 4 entreprises dont deux sont en liquidation. ONOF a par ailleurs poursuivi sa stratégie de formation et de sensibilisation via 24 émissions radio, des workshops et des rencontres qui ont permis de toucher plus de 290 travailleurs et une cinquantaine de militants syndicaux formés à la conscience syndicale.

Soutenu par l’IFSI et la Centrale Générale de la FGTB, le syndicat du pétrole Unión Sindical Obrera (USO) mène un combat pour le respect des droits syndicaux, véritable gageure en Colombie, et une redistribution plus équitable des richesses du pays. Celles-ci sont, à l’heure actuelle, aux mains des multinationales. L’USO travaille ainsi à l’organisation des travailleurs des sociétés de sous-traitance du secteur du pétrole et à la défense de leurs droits. Elle développe une stratégie d’approche spécifique en matière de formation et de communication à destination de ces travailleurs, compte tenu du contexte singulier du secteur pétrolier. 2015 voit ainsi l’opérationnalisation d’une plateforme virtuelle de formation et une augmentation significative du nombre de travailleurs affiliés au syndicat avec 11 000 membres de plus qu’en 2014.

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CU B A : C O N T I N U E R L E C O M B A T S Y N D I C A L D A N S U N E Î L E E N P L E I N E S M U T A T I O N S Depuis 2011, un très grand nombre de réformes dites «d’actualisation du modèle économique» sont en marche dans l’île. Ces réformes socio-économiques regroupent un très large éventail de mesures économique telles que l’augmentation des exportations, le développement de nouvelles zones économiques, l’entrée d’investissements étrangers directs, la croissance du secteur privé, l’industrialisation par substitution des importations et la décentralisation des décisions.

Source : http://www.ipscuba.net/economia/trabajadores-independientes-actores-decisivos-del-reciclaje/

Les défis posés par ces mesures sont énormes pour le mouvement syndical cubain. Ce dernier doit en effet veiller à préserver les droits des travailleurs et continuer à défendre une amélioration de leurs conditions de travail, tout en intégrant ces réformes. Même si la reconversion de ces travailleurs à leur propre compte est encouragée, ils restent toujours des travailleurs vulnérables. C’est pourquoi il est impératif d’aider le syndicat cubain à les représenter et à les défendre au mieux. Le combat syndical à Cuba prend, ainsi, une forme très particulière avec cet objectif double : défendre les conditions de travail et de vie des travailleurs cubains et intégrer les objectifs de productivité. Depuis 2012, l’IFSI et les Métallurgistes Wallonie Bruxelles de la FGTB (MWB) mènent, avec le Syndicat national des travailleurs de l’industrie (SNTI), un projet qui vise à insuffler un renouveau des pratiques de formation au sein de la structure du partenaire cubain. Dirigé vers les formateurs en techniques pédagogiques actives et participatives, le projet vise à renforcer les formateurs, leaders syndicaux de base et travailleurs du secteur du métal afin qu’ils soient à même de mieux faire face aux défis rencontrés sur le terrain. Une attention importante est accordée aux travailleurs et travailleuses des secteurs non étatiques, notamment les récupérateurs de matières premières. En 2015, les réformes socio-économiques se sont approfondies dans l’île, y compris au niveau de l’industrie. La production dans le secteur métallurgique s’est accrue et a permis aux travailleurs de bénéficier d’une hausse de salaire de 45%, passant de 500 à 742 pesos. Le boom du tourisme a également eu un impact sur ce secteur par l’augmentation de la demande de produits tels que bouteilles de shampoing, savon, etc.

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Hormis la hausse de salaire, à laquelle le projet a contribué, 2015 fut l’occasion pour la MWB de former 18 formateurs issus des 15 provinces du pays et de l’Isla de la Juventud. Ces 18 personnes ont, à leur tour, formé 180 autres formateurs dans chaque province. Fin 2015,1.995 dirigeants syndicaux de base étaient formés sur les thèmes socio-économiques liés aux nouvelles réformes avec ces méthodes participatives.

Grâce à ce même projet, du matériel didactique et pédagogique a également été produit, avec un volet spécifique pour les travailleurs de l’économie non-étatique. Enfin, les assemblées des travailleurs se sont déroulées avec une plus grande implication des travailleurs, effet direct de ce redynamisation des structures du syndicat soutenue par le projet.

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P ER O U : P O U R D E S L E A D E R S S Y N D I C A U X M I E U X O U T I L L É S D A N S L E T R A V A I L S Y N D I C A L Tout en étant miné par la corruption, le Pérou continue sur sa lancée néolibérale caractérisée par la dérégulation du travail avec la multiplication des régimes spéciaux de travail en faveur des employeurs et la dégradation des conditions de travail pour les travailleurs. En ayant une économie essentiellement «minéro-extractiviste», le pays poursuit ses efforts de diversification et affiche des records de développement économique. Cela lui vaut d’être classifié comme pays à revenus moyens tout en enregistrant des records en termes d’inégalités sociales. Par ailleurs, le Pérou vit une criminalisation généralisée de la contestation sociale et un fort climat antisyndical caractérisé par une législation de plus en plus contraignante par rapport au droit de grève et de manifester, l’emprisonnement des contestataires et des amendes lourdes, le licenciement abusif et massif des militants syndicaux, le refus par les pouvoirs publics de la création de fédérations syndicales sectorielles capables de négocier pour l’ensemble d’un secteur, les réactions souvent musclées et brutales des employeurs vis-à-vis des militants syndicaux, des assassinats de syndicalistes,… De plus, les militants syndicaux doivent faire face à la prolifération syndicale avec les syndicats patronaux et les « syndicats mafieux » qui rackettent les travailleurs et les employeurs en leur faisant miroiter un climat de paix sociale. Face à cela, 2015 est le théâtre d’une deuxième marche pour la paix organisée par la Confédération Générale des Travailleurs du Pérou (CGTP) et la Fédération des Travailleurs de la Construction Civile du Pérou (FTCCP), événement qui réunit aussi les autres acteurs de la société civile. La coopération syndicale entre la CGTP, la FTCCP, l’IFSI, la FGTB Bruxelles et la Centrale Générale de la FGTB a pour objectif de renforcer le mouvement syndical péruvien. La CGTP a son département des services syndicaux et son service d'assistance juridique qui sont soutenus par l’IFSI et la FGTB Bruxelles. Cela permet d’assurer la défense des travailleurs péruviens par la lutte contre les licenciements abusifs, les négociations collectives, le suivi du cadre légal et son respect. Quant à la FTCCP, avec le soutien de l’IFSI et de la Centrale Générale, elle mise sur la formation des leaders syndicaux dont les cadres intermédiaires régionaux pour rendre autonomes les bureaux syndicaux régionaux.

L’année 2015 est caractérisée par une série de soubresauts et de changements internes à la CGTP. Néanmoins, elle est aussi émaillée de victoires syndicales comme, par exemple, l’abrogation d’une loi qui discriminait les jeunes travailleurs.

La CGTP s’est aussi attelée à défendre les acquis sociaux comme la loi en santé et sécurité au travail, l’un des résultats marquants du précédent projet de coopération syndicale avec l’IFSI et la FGTB. La présence de l’IFSI et de la FGTB au congrès de la CGTP a permis de resserrer les liens politiques entre les deux syndicats et de réaffirmer les bonnes conditions nécessaires à une coopération syndicale efficace et pertinente.

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Quant à la FTCCP, après plusieurs années de lutte syndicale acharnée, elle a enfin obtenu la création d’un registre national des chantiers de construction. De plus, la réflexion sur la formation syndicale enclenchée dans le cadre du projet a conduit à la nomination d’un nouveau directeur de l’école syndicale qui est ouvert à une méthode de formation syndicale dynamique et participative. Ce dernier s’engage à travailler en étroite collaboration avec le Secrétaire de l’éducation (formation) de la FTCCP. L’articulation entre la vision politique et le travail de terrain est donc assurée. Par ailleurs, en 2015, plus de 90 dirigeants syndicaux ont été formés. Les leaders syndicaux mieux formés obtiennent plus de succès dans leurs négociations avec les employeurs : hausse des salaires et des bénéfices sociaux, primes en fonction de la dangerosité du travail,… Ils réussissent également à négocier des protocoles de santé et sécurité au travail qui devraient se concrétiser par leur signature en 2016.

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AFRIQUE AF R IQ U E

DU

SU D : R E N F O R C E R L ’ A C T I O N S Y N D I C A L E P O U R L U T T E R C O N T R E L E S

DISCRI MINATIONS ET LA PRÉCARITÉ

La tension politique et syndicale est à son comble en Afrique du Sud. Le pays qui a pendant longtemps symbolisé la lutte contre l’apartheid tout en préconisant l’unité, la paix et la réconciliation, se retrouve à l’heure actuelle plus divisé que jamais. Au niveau politique, l’opposition croissante revendique le départ immédiat du président Zuma, accusé de détournement massif d’argent public à des fins privées. La situation n’est guère plus enviable sur le plan syndical puisque la confédération historique COSATU n’a pu gérer ses dissensions internes. Cela s’est soldé par l’éviction du Secrétaire général, Vavi, et de l’une de ses principales fédérations, NUMSA. Il ne fait plus aucun doute maintenant qu’il y aura demain une nouvelle confédération syndicale concurrente en Afrique du Sud. Cette situation affecte particulièrement le NUM qui a vu le nombre de ses membres drastiquement diminué depuis plusieurs années au profit de NUMSA. La situation n’est guère plus réjouissante sur le plan économique qui voit la plupart de ses indicateurs macro-économiques en baisse. Cela se traduit notamment par une vague d’opposition contre les travailleurs migrants toujours plus forte et violente. NUM Après une collaboration de 5 ans axée sur les préoccupations liées au VIH/SIDA dans le secteur de la construction, le projet, qui se met en place en partenariat avec la CG, tente depuis 2012 de répondre aux nouveaux défis qui visent à renforcer le NUM dans ses capacités à affilier de nouveaux membres et à leur rendre de meilleurs services. Suite à l’atelier stratégique tenu au début de 2015, les principales lignes directrices de la campagne de recrutement de 2016 ainsi que les outils de propagande qui seront utilisés ont été discutés et validés. Le NUM a par ailleurs entamé des négociations afin de résoudre la précarité des nombreux travailleurs à contrat déterminé dans le secteur de la construction. Malgré une bonne négociation, les employeurs parviennent toujours à contourner la loi et licencient plus tôt leurs ouvriers pour les réembaucher quelques temps plus tard. Ils évitent ainsi de devoir les embaucher à durée déterminée. SACTWU Depuis plus de 10 ans maintenant, le partenariat avec SACTWU met l’accent sur l’éducation par les pairs ainsi que l’importance de la prévention et du dépistage du VIH/SIDA, de la tuberculose et des autres principales maladies chroniques en Afrique du Sud.

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L’équipe du Home Based Care a commencé à donner des formations directement aux membres des familles dont l’un des membres est atteint par une maladie. Ces formations en soins médicaux de base permettent ainsi à SACTWU de diminuer sensiblement ses dépenses liées aux visites. L’accent est désormais davantage mis sur les campagnes « blitz » qui sensibilisent les travailleurs et travailleuses aux enjeux de la santé et sécurité au travail pendant leur pause de midi. En 2015, 2 campagnes « blitz » de 1 mois chacune ont ainsi été menées. Les délégués ont continué à suivre le processus de formation démarré au lendemain du congrès de SACTWU de 2013. Ce cycle, conçu sur 3 ans, se terminera en 2016 date à laquelle les prochaines élections sociales renouvelleront les mandats des délégués, d’une part et SACTWU tiendra son congrès, d’autre part.

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BE NI N : L A S A N T É E T S É C U R I T É A U T R A V A I L E S T U N D R O I T ! Le Bénin est un pays qui connait une relative stabilité dans un contexte ouest-africain marqué, ces dernières années, par des coups d’Etat, des révoltes populaires, la montée en puissance du terrorisme et des conflits armés, une insécurité alimentaire criante et d’importantes sécheresses. Toutefois, sur le plan politique, 2015 a été une année charnière. Le Bénin vit des élections législatives, communales et locales. Ces dernières ont permis, d’une part, de complètement renouveler l’Assemblée Nationale et, d’autre part, de tirer les premières conclusions en vue du marathon électoral conduisant à la présidentielle de début 2016. Cette dernière échéance devra mettre un terme aux deux mandats successifs du Président en fonction, Yayi Boni, qui ne manque pas de créer des tensions régionalistes en espérant pouvoir les instrumentaliser pour se repositionner politiquement dans le futur. Fin d’année, les députés fraîchement élus ont adopté un projet de loi portant sur le Régime d’Assurance Maladie Universelle (RAMU). Il s’agit d’une initiative du gouvernement visant l’amélioration de l’accès financier des populations à des soins de santé de qualité. Mais, malgré ces perspectives, en 2015, le climat social reste tendu. Plusieurs grognes se font entendre suite au non-respect par le gouvernement de ses promesses d’augmentation des salaires des enseignants et à la non promulgation du statut général des agents permanents de l’Etat.

Des mouvements de grèves ont perturbé la rentrée scolaire 2015. Les magistrats sont aussi partis en grève pour réclamer l’annulation du processus clandestin de recrutement du personnel de l’administration judiciaire et appeler le gouvernement à respecter les procédures légales. Depuis 10 ans, avec le soutien de l’IFSI, de la FGTB fédérale et de la FGTB wallonne, la Confédération des Syndicats Autonomes (CSA-Bénin) s’attaque à un problème de masse : la santé et sécurité au travail. Elle vise différents secteurs tant de l’économie formelle qu’informelle. Un volet particulier cible le harcèlement sexuel dans l’enseignement. Par exemple, pour les chauffeurs de taxi-moto, la CSA-Bénin organise son action autour de deux axes stratégiques principaux. D’une part, elle sensibilise, conscientise et forme les travailleurs à la thématique de la santé et sécurité au travail dans le contexte de l’économie informelle. Soulignons que la présence syndicale dans ce domaine reste une gageure. Elle encourage ainsi les chauffeurs de taxi-moto à s’affilier au RAMU. Et, d’autre part, avec le gouvernement, elle travaille au renforcement de la réglementation sur la circulation routière des conducteurs de motos. En 2015, l’action de la CSABénin continue à porter ses fruits en matière de sensibilisation et de conscientisation sur les risques auxquels les chauffeurs de taxi-moto sont confrontés dont les maladies et les accidents de travail. Le rôle du RAMU et son lien avec la santé et sécurité au travail sont de mieux en mieux perçus. Cette prise de conscience se traduit notamment par une hausse de 908 chauffeurs de taxi-moto inscrits au RAMU par rapport à l’année dernière, portant ainsi le nombre total de chauffeurs de taxi-moto affiliés à 4 164 sur les 41 838 inscrits au RAMU (20 413 hommes et 21 425 femmes) soit quasi 10%. Quant

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aux pouvoirs publics, ils ont pris des mesures obligeant les conducteurs de véhicules à deux roues à circuler obligatoirement sur les zones cyclables et à porter des casques. En conséquence, le taux d’accident impliquant ce type de véhicule a sensiblement baissé et le port du casque est devenu une réalité dans les grandes villes du Bénin telles que Cotonou, Porto-Novo et Parakou. Autre secteur d’intervention lié à ce projet, l’enseignement est quant à lui traversé par un fléaux, à savoir le harcèlement sexuel dans les écoles en échange d’une bonne évaluation scolaire. Dans le but de dénoncer ces cas d’abus dans l’enseignement et au travail en général, la CSA-Bénin a mis sur pied 12 centres d’écoute pour recueillir les plaintes. Cette dynamique se fait en collaboration avec le Bureau Directeur National du Comité National des Femmes Travailleurs (CONAFETRA) qui collabore avec des ONG pour la prise en charge des victimes. De plus, la CSA-Bénin réalise un travail de sensibilisation et de conscientisation sur la problématique en milieu scolaire, afin de toucher directement les premières et les premiers concernés. Grâce à ses différentes activités, la CSA-Bénin continue d’accroître sa représentativité et est reconnue par le milieu syndical, tant au niveau national que régional et international, comme un acteur incontournable en matière de santé et sécurité au travail. Elle est d’ailleurs régulièrement sollicitée sur ces questions par d’autres acteurs syndicaux et institutionnels au Bénin. Par leur engagement dans ce projet, l’IFSI et la FGTB contribuent à faire du bien-être des travailleurs l’une des priorités de la lutte syndicale internationale.

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CO T E D ’I VO IR E ET BU RK IN A F AS O : L A L U T T E C O N T R E L E T R A F I C D ’ E N F A N T S E T L E TRAVAIL DES ENFANTS DANS LES PLANTATIONS DE CACAO CONTINUE ! La Côte d’Ivoire est le premier pays exportateur de cacao au monde. C’est aussi un des principaux pays ayant recours au travail des enfants dans son secteur agricole, notamment dans les plantations de cacao. Le Burkina Faso, où le trafic d’enfants est une pratique largement répandue, est le premier pays exportateur de main d’œuvre infantile vers la Côte d’Ivoire. Plusieurs fois par an, et surtout depuis l’apaisement des conflits internes en Côte d’Ivoire, des bus d’enfants débarquent du Burkina Faso pour de longues années d’esclavage, loin de leur famille.

L’IFSI et HORVAL (centrale de la FGTB active dans les secteurs de l’alimentation et des services) soutiennent depuis 2012 un projet de coopération syndicale en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso avec leurs deux partenaires: le SYNA-CNRA (secteur cacao) et l’UCRB (secteur transport). Ce projet vise à renforcer, d’ici 2014, le combat contre le travail des enfants dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire et contre le trafic des enfants burkinabés à destination des plantations de cacao ivoiriennes. Le Burkina Faso -qui avait connu un soulèvement populaire en octobre 2014-a connu en 2015 une série de troubles qui ont mené à un coup d’Etat en septembre 2015 et à la mise en place d’un gouvernement de transition jusqu’à la fin de l’année. Parallèlement, l’UCRB organisa et participa à de nombreuses mobilisations, notamment pour l’application de la convention collective de travail relative à la simplification administrative et la réduction du coût du permis de conduire. La Côte d’Ivoire, quant à elle, connut des élections présidentielles en octobre 2015 où le président Ouattara fut reconduit pour un deuxième mandat. On note aussi le passage du SMIG (revenu minimum) de 36 000 à 60 000F ainsi que le relèvement du prix au kilogramme du cacao de 800 à 1000 F CFA/ kg. L’année fut aussi chargée en termes d’élections syndicales : les élections des délégués du personnel en 2015 reconduisirent Koffi Niangoran comme Secrétaire Général du SYNACNRA.

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En ce qui concerne les résultats atteints en 2015, on note au Burkina Faso l’organisation de grandes campagnes de sensibilisation dans les différentes régions du pays (Ouagadougou, Koudougou, Bobo, Niangoloko, Kaya), la formation trimestrielle des membres des comités régionaux ainsi que la formation du bureau exécutif, de la coordination nationale et des coordinateurs des régions sur le trafic d’enfants. En Côte d’Ivoire, plusieurs séances de sensibilisation structurelles se sont tenues dans les régions, des actions de sensibilisation lors de la journée internationale du travail des enfants, la formation des membres des comités de projets et une séance de sensibilisation avec les délégués des usines de cacao dans les usines clés du projet. Résultat direct du projet mené avec l’IFSI et HORVAL, et encouragé par le Bureau international du travail : la création de la nouvelle fédération syndicale au sein de l’UGTCI, la « FEDENASACCI » (Fédération nationale des syndicats de l’agriculture de Côte d’Ivoire), qui regroupe plusieurs secteurs tels que les fleurs, le cacao, la banane, et qui constitue un bond en avant dans l’histoire syndicale du secteur agricole ivoirien.

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KE NY A : D É F E N D R E L E S D R O I T S D E S T R A V A I L L E U R S E T A S S U R E R D E S N É G O C I A T I O N S COLLECTIVES POUR AMÉ LIORER LES CONDITIONS DE VIE

En dehors des attaques sporadiques du groupe Al Shabaab dans le Nord du pays, le Kenya reste stable sur le plan politique et sécuritaire. On remarque cependant une tendance lourde qui vise à augmenter la pression sur la liberté de circulation des membres de la société civile et donc des syndicats aussi. Dans l’objectif d’attirer toujours plus d’investisseurs étrangers et de stimuler la croissance économique, le Kenya favorise et développe des zones franches basées sur l’exportation et, depuis fin 2015, des zones économiques spéciales. Si du point de vue de l’Etat et des investisseurs, ces zones représentent beaucoup d’avantages, du point de vue des travailleurs et des organisations syndicales, ces zones, paradis de la sous-traitance des grandes multinationales, représentent un nouveau défi pour que les droits des travailleurs et les libertés syndicales soient respectés.

Présent depuis plus de 10 ans au côté de KEWU avec les métallos flamands, l’IFSI a également initié en 2015 un nouveau partenariat qui rassemble la centrale des transports de la FGTB (BTB), les travailleurs des docks (DWU) et les chauffeurs routiers « longue distance » du Kenya (KLDTDU).

KEWU En 2015, KEWU a mis sur pied une équipe de 8 juristes chargés de défendre les intérêts des travailleurs et par la même occasion de rendre encore plus visible le rôle du syndicat. Parallèlement à ce renforcement structurel, KEWU a mené à bien toute une série de négociations qui a abouti à la signature de 46 conventions collectives de travail au niveau des entreprises. Les principales avancées pour les 20.000 travailleurs concernés sont de 3 ordres. Premièrement, ils bénéficient d’une meilleure protection contre les discriminations notamment liées au VIH/Sida. Deuxièmement, les travailleurs intérimaires possèdent des contrats qui répondent de manière plus adéquate à leurs spécificités. Enfin, les conditions salariales se construisent sur base d’une classification de fonction et sont donc plus claires et objectives. Ce travail de proximité effectué par KEWU aura également permis d’affilier 2321 nouveaux membres en 2015. KLDTDU & DWU Pour cette 1ère année de mise en route de ce projet, les premiers résultats sont de bon augure pour la suite de notre partenariat. Basé notamment sur la stratégie de l’éducation ouvrière, le projet a d’ores et déjà formé 39 animateurs de cercles d’études. L’effet immédiat de leurs actions aura permis à 232 travailleurs d’être plus conscients de leurs droits et devoirs. Il en découle notamment une prise de conscience sur l’importance de payer la cotisation syndicale. Par ailleurs, 3 nouvelles conventions collectives de travail ont été signées.

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P AN AF : U N R É S E A U D ’ É M A N C I P A T I O N D E S T R A V A I L L E U R S La FGTB et l’IFSI ont entamé depuis janvier 2012 un partenariat innovant avec la Confédération des syndicats suédois (LO) et l'Organisation centrale suédoise des employés (TCO) au sein du programme PANAF. Ce programme cofinancé aussi par la coopération suédoise soutient 16 pays d’Afrique francophone, anglophone et lusophone. L’objectif principal du PANAF est de renforcer et construire l’unité du mouvement syndical africain aux échelons local, régional, national et continental dans les domaines de la formation et de l’éducation syndicales à travers un système éducatif participatif, efficace et durable : les cercles d’étude. Les organisations syndicales africaines CSIAfrique (Organisation régionale africaine de la Confédération Syndicale Internationale) et OUSA (Organisation de l’unité syndicale africaine), la CUT-Brasil (Centrale Unique des Travailleurs du Brésil) contribuent également au PANAF.

La méthode des cercles d'études s’organise de manière souple et sur les lieux mêmes de travail. Lors d’une session, les participants débattent d’un thème syndical (les structures syndicales, le rôle du syndicat, les élections sociales, les cotisations, etc.) afin de résoudre un problème qu’ils rencontrent sur leur lieu de travail. A partir de ces cas vécus, ils cherchent ensemble, avec l'’animateur du cercle (formé au préalable à la méthodologie), des solutions pratiques à mettre en œuvre directement. Peu coûteuse, cette méthode a l'avantage de toucher un grand nombre de travailleurs. Chaque année, ce réseau atteint entre 70 000 et 100 000 travailleurs en Afrique. Ce grand nombre de participants démontre non seulement l’efficience de la méthode mais aussi les besoins énormes dans la région. De plus, l'aspect participatif favorise l’émancipation de la base tant sur le plan personnel que du militantisme. En partageant ses connaissances et ses compétences avec d’autres, le militant prend conscience de ses propres qualités et apprend à avoir le courage de ses opinions tout en respectant celles des autres. Une organisation syndicale ne peut espérer jouer efficacement son rôle de contrepouvoir sans dialogue social et sans une large base correctement instruite.

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RD C : L ’ É M A N C I P A T I O N D E S T R A V A I L L E U R S P O U R D E S S E R V I C E S P U B L I C S D E Q U A L I T É La République Démocratique du Congo demeure un pays confronté à des enjeux socio-économiques et démocratiques colossaux. Malgré un potentiel énorme en matière de ressources naturelles et hydro-électriques, depuis des années, le constat demeure inchangé. La corruption et le pillage systématiques de celles-ci privent la population de l’accès aux besoins de base (santé, éducation, eau potable, énergie, justice…). D’un point de vue politique, l’année 2015 voit le démarrage officiel du processus électoral qui devrait se clôturer fin 2016 par la tenue de l’élection présidentielle. L’actuel Président Joseph Kabila verrait ainsi un terme mis à ses deux mandats successifs. Toutefois, le pays accuse une accumulation de retard dans la planification des élections. Comme l’a récemment démontré le Burundi, cela ne présage rien de bon dans le contexte hautement inflammable de l’Afrique centrale. Selon le dernier rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme, cette année 2015 connait aussi une hausse des cas de violations des droits politiques et des libertés publiques commises par les agents de l’Etat, avec notamment des répressions violentes de manifestations populaires et des arrestations arbitraires de militants et de journalistes. En matière syndicale, 2015 est une année de continuité du long processus des élections sociales dans le secteur privé dont les résultats se font toujours attendre, tandis qu’elles n’ont pas encore été organisées dans le secteur public au niveau des provinces. Cela témoigne d’un inquiétant rétrécissement de l’espace démocratique. Malgré la sensibilisation aux conventions de l’OIT relatives à la liberté syndicale, l’exercice syndical n’est toujours pas aisé en RDC. Il se traduit notamment par l’arrestation de nombreux militants et la prolifération syndicale. On compte plus de 450 syndicats dont bon nombre sont des syndicats patronaux. Cette dispersion enlève toute crédibilité à leur combat et à leur possibilité de mener un dialogue social constructif axé sur la défense des travailleurs et la promotion de services publics de qualité.

Depuis 2012, trois partenaires historiques de l’IFSI et de la FGTB – l’Union nationale des travailleurs du Congo, la Confédération démocratique du travail du Congo et le Conseil syndical des services publics et privés – travaillent de concert à la création de la plateforme syndicale l’Union Fait la Force

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(UFF), en partenariat avec la Centrale Générale des Services Publics (CGSP) de la FGTB. En cherchant à améliorer sa représentativité, l’UFF s’attaque directement au problème de la prolifération syndicale et contribue à construire un dialogue social pertinent. En s’insérant dans la dynamique du programme PANAF, la stratégie privilégiée s’appuie sur le développement des cercles d’étude, en priorité dans les services publics, sur toute l’étendue du territoire congolais. Il s’agit d’espaces d’échanges entre militants syndicaux et de formation par les pairs sur le lieu de travail qui permettent à chacun de trouver un espace d’expression libre, d’être conscientisé sur ses droits et de développer des stratégies d’action syndicale.

En 2015, les membres de l’UFF se sont concentrés sur la cartographie de leur présence syndicale afin de pouvoir rationaliser les efforts d’implantation et d’envisager des alliances, voire des fusions lorsque c’est possible. L’UFF a également mis en œuvre un département de formation dans quatre nouvelles provinces (Matadi, Kisangani, Kananga et Kikwit). Plus de 300 animateurs de cercles d’étude ont été formés dont un tiers sont des femmes. Plus de 200 cercles d’étude ont été mis en place par la plateforme dans le cadre du projet. La publication régulière de ‘La Voix de l’UFF’ permet de matérialiser l’identité, la vision et les missions de l’UFF auprès de ses militants syndicaux et contribue à sa reconnaissance par les acteurs du dialogue social. La plateforme gagne ainsi en légitimité auprès des autres syndicats, des employeurs et du gouvernement. Il faut souligner l’engagement des partenaires locaux qui, malgré l’instabilité socio-économique, contribuent à la dynamique du projet par l’apport de fonds propres. Par ce projet, l’IFSI contribue à l’émergence d’un véritable mouvement d’éducation ouvrière autonome visant l’émancipation des travailleurs en RDC.

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RW AN D A : L A S A N T É E T L A S É C U R I T É A U T R A V A I L P O U R U N E S S O R É C O N O M I Q U E A T T E N T I F AU BIEN-ÊTRE DES TRAVAILLEURS Depuis le génocide de 1994, le Rwanda maintient une stabilité politique qui favorise une forte croissance économique accompagnée d’une amélioration substantielle des conditions de vie de pans entiers de la population. Toutefois, le pays connait un espace politique restreint, une société civile indépendante faible, des entraves importantes en matière de libertés d’expression, une autocensure très prononcée et des violations régulières des droits civils et politiques. L’année 2015 voit l’amendement de la constitution permettant au Président Paul Kagamé de briguer un troisième mandat en 2017. Cette révision a été approuvée d’abord par le Parlement rwandais, puis validée par un large référendum populaire, révélant le choix difficile entre, d’une part, le respect des libertés fondamentales et d’autre part, l’assurance d’une stabilité et d’un développement économique. Bien que critiquée par de nombreux observateurs car elle laisse craindre des dérives autocratiques, cette situation traduit la fragilité du contexte potentiellement violent et explosif de l’Afrique centrale. Le rappellent également les milliers de réfugiés qui sont arrivés du Burundi voisin, effrayés par le spectre d’une guerre civile et de bains de sang. Porté par le pouvoir en place, le programme volontariste de développement économique est axé sur les services, les nouvelles technologies et la modernisation de l’agriculture et des zones urbaines. Une classe moyenne émergeante est en pleine croissance. La diaspora augmente ses investissements dans l’immobilier. Le secteur de la construction est en plein essor. 2015 est aussi une année d’élections sociales qui sont largement remportées par la Centrale des Syndicats des Travailleurs du Rwanda (CESTRAR), partenaire de l’IFSI et de la FGTB. Soutenue par l’IFSI et la FGTB fédérale depuis plus de 10 ans, la CESTRAR se bat pour faire de la santé et sécurité au travail une priorité chez les travailleurs, les employeurs et le gouvernement rwandais. Sa principale stratégie est de faire connaître la loi en santé et sécurité au travail que la CESTRAR a obtenue en 2011, la défendre et la faire respecter. Le projet vise prioritairement les secteurs de la construction avec le syndicat STECOMA et du thé avec les syndicats STAVER et SYPEPAP. Il prévoit la formation des délégués syndicaux, la sensibilisation des travailleurs et la négociation avec les employeurs.

La victoire de la CESTRAR aux élections sociales a assuré à la confédération une reconnaissance par les différents partenaires sociaux. Elle peut ainsi alimenter un dialogue social constructif et participe au Comité tripartite de Pilotage National de la santé et sécurité au travail. La CESTRAR fournit également un appui-conseil en la matière à des acteurs institutionnels. Ces élections ont aussi permis

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d’installer des comités de santé et sécurité au travail, d’une part, dans toutes les entreprises ayant organisé des élections sociales en 2015 pour le secteur de la construction et, d’autre part, dans les entreprises de plus de 20 travailleurs pour le secteur du thé. Dans le secteur de la construction, le nombre de travailleurs sous contrat a augmenté de 12%, les salaires des travailleurs qualifiés de 25% et ceux des aides de 66,5%. STECOMA poursuit également son combat pour une convention collective de travail sectorielle. Par rapport à 2014, dans les deux secteurs, les taux d’affiliation ont également grimpé. Par ailleurs, la CESTRAR, STECOMA, STAVER et SYPEPAP ont poursuivi leur travail d’information et de sensibilisation auprès de plusieurs centaines de travailleurs et de militants syndicaux. Cette conscientisation a abouti à l’affiliation à la sécurité sociale de tous les travailleurs des usines théicoles. Plusieurs dizaine de délégués et de dirigeants syndicaux ont, quant à eux, bénéficié d’une formation sur la santé et sécurité au travail. Un autre axe important du projet consiste en la mise en place de crèches autogérées afin de faciliter le travail des femmes et d’améliorer leurs revenus, tout en assurant un environnement sécurisé pour les enfants en bas âge. Il s’agit d’une démarche lente qui implique un changement de mentalité important (confier des enfants à des personnes extérieures à la famille et comprendre les principes de l’autogestion). En 2015, la crèche de Mulindi est opérationnelle et accueille 30 enfants. Son comité de gestion fonctionne bien. Par son appui au Rwanda, l’IFSI contribue au renforcement de la santé et sécurité au travail garant d’un développement économique plus attentif au bien-être des travailleurs.

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UN I

AF R IQ U E : U N R É S E A U D E

9 PAYS

EN

LUTTE

POUR

L’APPLICATION

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LA

R E C O M M A N D A T I O N N ° 20 0 D E L ’ O I T S U R L E V I H / S I D A D A N S L E M O N D E D U T R A V A I L

Depuis 2007, l’IFSI et le SETCa, centrale professionnelle des employés, cadres et techniciens de la FGTB, soutiennent le partenaire UNI Afrique dans 9 pays à travers un projet de solidarité. UNI Afrique, la régionale africaine de la plateforme internationale des syndicats de services privés UNI Global Union, est le plus grand syndicat mondial en Afrique : elle représente 760 000 travailleursaffiliés à 168 syndicats présents dans 36 pays d’Afrique. Ce projet soutenu par l’IFSI et le SETCa est le plus grand projet du programme de l’IFSI cofinancé par la DGD. L’objectif principal du projet est de renforcer les syndicats bénéficiaires dans leur lutte contre le VIH/Sida sur le lieu de travail. Plus principalement, il s'agit d'obtenir des conventions collectives de travail avec des clauses sur VIH-Sida dans les entreprises multinationales valables dans plusieurs pays et de les faire respecter. Ce projet régional a deux axes : un volet anglophone, démarré en 2007, qui réunit l’Afrique du Sud, le Kenya, le Zimbabwe et la Zambie et un volet francophone, lancé dès 2012 et qui est actif au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d'Ivoire, en République Démocratique du Congo et au Sénégal. Ces pays sont marqués par des réalités politiques, syndicales et sociales très différentes, diversité qui est une force de ce projet de solidarité.

En 2015, plusieurs pays liés au projet UNI Afrique ont connu des périodes mouvementées : problèmes sociaux, instabilité politique, difficultés syndicales, troubles islamistes, etc. ont rythmé l’actualité de plusieurs pays de ce projet. Citons par exemple le coup d’Etat manqué au Burkina Faso en septembre, à 3 jours de le l’ouverture officielle de la campagne électorale, les violences à l’Est du Cameroun ou encore l’insécurité politique en RDC et plus particulièrement à Goma. L’année fut aussi mouvementée en Afrique anglophone et notamment en Afrique du Sud où la tension politique et syndicale fut à son comble en 2015 avec les vives critiques de l’opposition contre le président Zuma et les énormes dissensions au sein de la COSATU qui ont mené à l’éviction du Secrétaire Général Vavi. L’année 2015 est (presque) la dernière année du projet UNI Afrique, projet en stratégie de sortie du programme de l’IFSI. Les résultats atteints dans les pays anglophones sont beaucoup plus nombreux que ceux dans les pays francophones qui ont démarré plus tard. Dans les pays anglophones, les politiques VIH/Sida de la plupart des syndicats des 4 pays ont été construites ou revues, les pair éducateurs ont été formés dans plusieurs régions des pays au travers des années et des sensibilisations sur le lieu de travail ont eu lieu dans la plupart des entreprises sélectionnées dans le projet (G4S, Standard Chartered, Barclays, etc.). Des conventions sectorielles mondiales ont aussi été signées dans les entreprises clés, des CCT avec des clauses relatives à la prévention du VIH/Sida ont été négociées au fil du temps, etc. Aujourd’hui, la plupart des coordinateurs de projets dans les pays sont des personnes payées par leur structure syndicale et qui travaillent pour ces dernières. Nous

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pouvons dire en 2015 que l’objectif du projet a été réalisé dans les pays anglophones. Dans les pays francophones, le travail syndical commencé plus tardivement autour du projet est logiquement moins abouti, même si nous notons plusieurs avancées en 2015, notamment au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, avec la tenue d’ateliers nationaux et la préparation des activités de formation qui auront lieu en 2016. Une force qui apparaît fortement dans le volet francophone est le rôle accru joué par UNI Afrique en Afrique de l’Ouest et le rapprochement entre les syndicats membres et les instances régionales. Les défis à surmonter restent encore importants pour les pays francophones et l’année 2016 sera décisive pour ces réalisations à venir.

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MOYEN-ORIENT P AL E ST I N E : U N S Y N D I C A L I S M E E N T E R R I T O I R E S O C C U P É S Très bientôt, l’occupation israélienne de la Palestine entrera dans sa septième décennie. Elle continue d’affecter profondément et d’isoler les territoires palestiniens en créant une dépendance quasi-totale vis-à-vis d’Israël. Cela a des conséquences sur l’accès à l’eau, à la terre, aux ressources, ainsi que sur les routes commerciales, l’emploi, les droits et les revenus des Palestiniens. La moitié des terres agricoles palestiniennes fait l’objet de restrictions qui empêchent les agriculteurs d’y avoir librement et régulièrement accès. L’occupation israélienne asphyxie véritablement l’économie palestinienne. Le chômage et la pauvreté sont endémiques. Les femmes, les enfants et les jeunes sont les plus impactés. De plus en plus de Palestiniens sont amenés à travailler en Israël et dans les colonies, soit sous bénéfice de permis de travail, soit dans des emplois informels ne leur garantissant aucune protection et les exposant à l’exploitation. La liberté de circulation des Palestiniens est entravée, ce qui impacte tous les aspects de leur vie quotidienne comme, par exemple, rejoindre leur lieu de travail, visiter leur famille, avoir accès à une formation, aller à l’école et à l’université, faire des courses dans une autre ville... La situation des travailleurs reste précaire. La menace de licenciement est devenue une arme de répression collective. Nombre de travailleurs sont tributaires d’intermédiaires peu scrupuleux pour trouver du travail en Israël et sont victimes de harcèlement. Le reconstruction après les ravages de la guerre à Gaza de 2014 progresse très lentement. Les tensions et les violences restent bien présentes et s’intensifient en Cisjordanie depuis octobre 2015. Le processus de paix est à l’arrêt tandis qu’Israël a renoué avec la pratique des démolitions punitives qui visent les habitations des Palestiniens accusés ou reconnus coupables d’attaques contre des citoyens israéliens. Le cercle explosif et vicieux de la violence est enclenché.

Depuis 2009, soutenu par l’IFSI et la FGTB, le Palestinian General Federation of Trade Union (PGFTU) s’attèle à renforcer sa représentativité et la lutte syndicale pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs dans un contexte de conflit via des actions dans les districts de Ramallah, Naplouse et Hébron. Quatre secteurs professionnels sont visés : les services publics, les services de santé, les municipalités et le secteur des banques et assurances. La principale stratégie adoptée consiste en la formation de permanents syndicaux et de travailleurs pour renforcer leurs connaissances de base notamment sur leurs droits et leurs devoirs, les conditions pour un travail décent, la santé et sécurité au travail, les salaires, la protection sociale et les permis de travail. Ce projet développe également un important volet consacré aux femmes, à leurs droits et à leur défense.

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En 2015, le PGFTU a affilié 140 nouveaux membres dans les 4 secteurs impliqués dans ce projet. Son département juridique a réussi à positivement solutionner 28 plaintes qui concernaient majoritairement le non-payement d’heures supplémentaires, des indemnités de fin de contrat non payées, des accidents du travail non pris en charge par l’employeur et le non-respect du salaire minimum. Le PGFTU a poursuivi son travail de formation et de sensibilisation des travailleurs. Il a aussi réalisé plus de 600 visites de lieux de travail et mené diverses actions lors de dates symboliques pour le monde du travail et les syndicats. Dans les quatre secteurs professionnels visés par le projet, un comité de travailleurs a été mis sur pied pour suivre les évolutions de la loi sur la protection sociale qui, jusqu’à présent, ne répond pas aux ambitions de l’Agenda pour le travail décent. La dimension « gender » du projet s’est notamment matérialisée par la signature d’une convention collective au niveau de l’hôpital géré par l’ArabWomen UnionSociety de Naplouse. Ce projet de coopération syndicale entre le PGFTU, l’IFSI et la FGTB matérialise notre solidarité avec les populations palestiniennes.

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BELGIQUE EDUCATION AU DÉVE LOPP EMENT : L’É MANCIPATION DES TRA VAILLEURS

SOLIDARITÉ

SYNDICALE

INTERNATIONALE

POUR

Pour 2015-2016, l’IFSI et la FGTB continuent à développer le ‘volet Nord’ de leur programme de coopération syndicale, qui promeut l’éducation au développement et un syndicalisme de réseau international. Par essence et historiquement, la dimension internationale fait partie intégrante du travail syndical mais est trop souvent occultée. A travers ce nouveau volet, il s’agit de lui accorder toute l’attention qu’elle mérite. Dans un contexte de mondialisation néo-libérale, l’objectif est de contribuer à la construction d’un mouvement collectif et convergent visant la défense de l’Agenda pour le travail décent à un niveau national et international, par la mise en réseau, le partage des luttes sociales et la construction d’alliances. Dans ce cadre, la stratégie principale de l’IFSI est double. D’une part, elle consiste en l’information, la sensibilisation, la conscientisation et la mobilisation du public syndical de la FGTB dans son ensemble (leaders syndicaux, délégués, militants,…) par les médias surtout syndicaux, des temps de formation, de conscientisation et d’échanges, la participation à différents événements, réseaux, forums, plateformes d’interpellation politique rassemblant différentes composantes de la société et des mouvements sociaux. L’emphase est mise sur la solidarité internationale, l’interdépendance Nord-Sud et la nécessité de porter des luttes communes autour d’une série de thématiques liées à l’Agenda en faveur du travail décent comme, par exemple, les droits syndicaux et les violences antisyndicales, la protection sociale, l'exploitation des travailleurs, les discriminations envers les femmes et les jeunes, etc. D’autre part, il s’agit de renforcer la participation des partenaires syndicaux du Sud de l’IFSI et la FGTB à différents forums, réseaux internationaux et plateformes pour faire entendre leurs voix et exprimer leurs points de vue et leurs analyses des contextes mondiaux et nationaux. L’événement majeur de 2015 fut le Forum Social Mondial qui s’est tenu du 24 au 28 mars à Tunis. D’après les organisateurs, étaient rassemblés 50 000 participants, 5 000 organisations et réseaux constitutifs du mouvement altermondialiste avec plus de 1000 activités étalées sur la semaine. Cet événement raisonnait particulièrement dans le contexte des attentats terroristes du musée Bardo survenus quelques jours auparavant. Une grande délégation de l’IFSI et de la FGTB était présente. Nos partenaires de coopération syndicale de l’Afrique du Sud, du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Kenya, de la RDC et du Rwanda sont aussi venus afin de développer leur réseau international, de partager leurs expériences avec des acteurs du monde entier et de renforcer un mouvement mondial revendiquant le changement. Il s’agissait aussi de diffuser l’Agenda syndical en faveur du travail décent. Lors de cet évènement, l’IFSI et la FGTB ont co-organisé plusieurs ateliers. L’un de ceux-ci était consacré à la mobilisation internationale contre les accords de libre-échange comme le traité transatlantique (TTIP) qui risque non seulement d’avoir des impacts désastreux sur la santé et l’environnement mais aussi d’engendrer un nivellement par le bas pour les droits des travailleurs. Avec d’autres acteurs de la société civile belge (COTA, Avocats Sans Frontières et GRESEA), l’IFSI et la FGTB se sont aussi investis dans un atelier sur la criminalisation de la contestation sociale et la violation des droits civils et politiques. Cette rencontre visait à croiser les regards et les expériences des quatre coins du monde, tant du Nord que du Sud. Un représentant de la plateforme syndicale congolaise UFF, partenaire de l’IFSI et la FGTB, a eu l’opportunité d’exprimer son vécu quotidien en matière de lutte syndicale en RDC. La FGTB a également témoigné sur la situation belge et les menaces qui pèsent sur le droit de grève. Ces ateliers furent une réussite. Ils permirent de partager une série de constats comme, par exemple, l’impact des médias dans la construction des sentiments antisyndicaux et de dégager des pistes concrètes d’actions. En matière de lutte syndicale, l’une de celle-ci était la nécessité d’un dialogue plus poussé entre les mouvements syndicaux et les autres mouvement sociaux porteurs d’alternatives et de changements. A l’avenir, il s’agirait de renforcer des dynamiques multi-acteurs permettant de construire des alliances larges afin de tenter de renverser les rapports de force dominants qui poussent vers un projet de société dominé par une vision néo-libérale détricotant nos acquis sociaux gagnés sur des décennies de combats sociaux. A l’occasion de ce voyage à Tunis, la délégation de l’IFSI et de la FGTB a aussi réalisé plusieurs visites d’entreprises dans les secteurs de l’alimentation et du textile. En marge du FSM, un atelier de rencontre et d’échanges a été organisé entre, d’une part, la délégation de l’IFSI et de la FGTB et d’autre part, ses partenaires syndicaux africains.

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Par ailleurs, tout au long de l’année, l’IFSI a renforcé la visibilité des enjeux de coopération syndicale et une série de canaux de diffusion via la construction de son site web, la publication d’une newsletter trimestrielle et d’une série d’articles dans la presse syndicale. Un travail d’information, de sensibilisation et de mobilisation des militants syndicaux de la FGTB a également été poursuivi via la production de différents matériaux de sensibilisation.

6. Focus sur quelques activités(co-)organisées par l’IFSI S U D - S U D : F O R M A T I O N D E F O R M A T E U R S S Y N D I C A U X À L A R O C H E , F É V R I E R 2 01 5 Du 23 au 27 février, l’IFSI et la FGTB ont formé l’ensemble de leurs partenaires du Sud en techniques de négociation et d’affiliation au FLOREAL, à La Roche. Cette activité, prévue à l’origine en 2014 au Togo, fut postposée à l’année 2015 en raison de l’épidémie Ebola. Deux formations parallèles ont eu lieu. Les coordinateurs des projets ont été formés sur les thématiques liées aux congés syndicaux, au plan de formation, son suivi et ses résultats. Les formateurs, eux, ont eu l’occasion d’accroitre leurs connaissances sur les thématiques liées aux techniques d’affiliation, de négociation et le fait de « parler en public ».Les deux derniers jours de formation en commun ont été dédiés à l’échange de bonnes pratiques et à l’apprentissage de l’outil TUDEP (Trade Union Development Efficency Profile) mis en place par le Réseau de Coopération syndicale au développement de la CSI. La méthode adoptée pour cette formation fut interactive et participative : chaque participant a pu partager les expériences vécues par son propre syndicat à travers des exercices de groupe et des jeux de rôle. Cette activité a non seulement permis de renforcer les capacités des organisations syndicales du Sud partenaires de l’IFSI, mais, en plus, de favoriser une mise en réseau encore plus efficace entre tous. AFRIQUE : ATELIER D’ÉCHANGES ENTRE SYNDICALISTES AFRICAINS ET PARTAGE D’EXPÉRIENCES ENTRE SY NDICALISTES AFRICAINS LORS DU FORUM SOCIAL MONDIAL, T U N I S , M A R S 20 1 5

Les 22 et 23 mars 2015, l’IFSI, une grande partie des acteurs du groupe « Travail décent » (syndicats, ONG, mutuelles) et leurs partenaires africains se sont réunis à Tunis, avant la tenue du Forum social mondial, afin d’entamer un travail de réflexion dans le cadre de la préparation des Analyses contextuelles communes (exercice demandé dans le cadre de la réforme Labille). Les partenaires de l’IFSI furent représentés en force ces deux jours-là. L’IFSI était, par ailleurs, responsable de l’animation de l’atelier. Ce séminaire permit d’abord d’analyser les grandes forces, faiblesses, menaces et opportunités des quatre piliers du travail décent dans le continent africain. Ensuite, les participants firent une mise en commun des priorités et, enfin, l’analyse des acteurs. Le résultat de cet atelier, au-delà du partage d’expériences et de la rencontre d’une bonne partie des partenaires africains du groupe « Travail décent », fut l’ébauche des deux analyses contextuelles communes : d’une part, l’Afrique de l’Ouest et centrale et, d’autre part, l’Afrique de l’Est et australe. Après ce séminaire, les échanges d’expériences de l’IFSI et de ses partenaires africains ont pu s’intensifier au cours du Forum, avec d’autres acteurs du monde entier, et notamment au cours d’ateliers organisés ou co-organisés par la FGTB et l’IFSI. A M É R I Q U E L A T I N E : F O R U M S Y N D I C A L U E - C E L A C , L E S 10 E T 1 1 M A R S

La 7ème rencontre syndicale Union Européenne- CELAC (communauté des Etats latino-américains et Caraïbes) s’est réunie les 10 et 11 mars à Bruxelles. La FGTB et l’IFSI ont joué un rôle important de coordination et de préparation de cet événement, en coordination avec la Confédération Européenne des syndicats, la Confédération syndicale internationale, la Confédération syndicale des Amériques, et plusieurs autres syndicats nationaux. Cette rencontre fut l'expression des mouvements syndicaux des deux régions qui, comme en d'autres occasions auparavant, ont souhaité exposer aux chefs d'État et de gouvernements réunis en sommet en juin, leur vision de la conjoncture sociale, économique et politique ainsi que les perspectives et les aspirations des travailleuses et des travailleurs.

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7. L’IFSI, dans le labyrinthe des réformes de la coopération belge Pour rappel, 2014 avait été le théâtre de plusieurs changements dans le cadre de la mise en place de la réforme Labille, réforme matérialisée par l’arrêté royal relatif au cofinancement des acteurs de la coopération non gouvernementale belge d’avril 2014. Trois nouveaux organes ont été mis en place :   

Le Conseil consultatif technique (CCT), réunissant la DGD, les fédérations, les acteurs institutionnels et les instituts syndicaux ; Le Conseil consultatif stratégique (CCS), réunissant la DGD, les coupoles, les acteurs institutionnels et les instituts syndicaux ; Le Conseil consultatif pour la cohérence des politiques en faveur du développement, où la FGTB (via le CNCD) obtint un mandat à part entière.

L’IFSI a obtenu une représentation dans ces trois organes fin 2014/ début 2015, d’une part à travers un siège pour les trois instituts syndicaux dans le CCT et le CCS, et, d’autre part, un mandat direct dans le CCPD. L’institut participa aux réunions de ces organes toute l’année 2015, ainsi qu’aux sessions de préparation de réunions. Par ailleurs, 2015 fut aussi l’année de la préparation du screening. Après avoir remis sa demande d’agrément en décembre 2014 au ministre, l’IFSI revisita, améliora et explicita l’ensemble de ses politiques relatives aux domaines de screening annoncés dans l’A.R. d’avril 2014, à savoir toute une série de gestions : ressources humaines, stratégique, axées résultats, processus, partenariats, gender & environnement, financière, risques &transparence. L’année écoulée fut aussi celle de la finalisation des Analyses Contextuelles Communes (ACC), dont le travail avait commencé en 2014. Pour rappel, l’IFSI avait activement été impliqué dans le suivi des ACC «Travail décent » aux côtés des deux autres instituts syndicaux, Solsoc, Fos, Oxfam et WereldSolidariteit. Un atelier eut lieu pour les ACC africaines (voir plus haut), et l’IFSI envoya un questionnaire à l’ensemble de ses partenaires pour assurer une participation de ces derniers dans l’ensemble du processus. Côté stratégie, 2015 a aussi donné le coup d’envoi d’une série de réformes de la coopération. Ainsi, en mars 2015, alors que tous les acteurs de la société civile mettaient en application les dispositions de l’A.R. d’avril 2014 relatif à la période post 2017,le nouveau ministre de la coopération au développement, Alexandre De Croo,décida de lancer des négociations éclairs avec les acteurs de la coopération non gouvernementale belge et les Acteurs Institutionnels (AI)en vue d’une nouvelle réforme appelée « politiques intégrées ». Il lança cette initiative de manière soudaine, en-dehors des organes de concertation prévus à cet effet, alors que la réforme du gouvernement précédent n’avait pas encore été appliquée. Les syndicats, non conviés à la table des négociations, ont assuré un suivi indirect des négociations en donnant un mandat provisoire aux coupoles (CNCD-11.11.11) et fédérations (Acodev et Ngofederatie) pour négocier en leur nom. Mi-juillet 2015, un accord politique fut trouvé entre tous les acteurs autour de la table. Une importante mesure introduite fut le concept de « Cadre stratégique commun » (CSC), nouvel outil de la politique intégrée de A. De Croo. Alors que les ACC visaient à réunir différents acteurs autour d’une analyse de contexte partagée, les CSC vont désormais plus loin : véritables instruments politiques et stratégiques, ils devront faire l’objet d’une vision cohérente entre acteurs, démontrer des liens logiques avec notre programme de coopération, et enfin, feront l’objet d’un dialogue institutionnel spécifique avec la DGD. Les synergies ne sont donc plus encouragées mais plutôt contraintes à travers cet outil. Dans la continuité, et alors que chaque acteur s’était vu garantir son droit à un programme individuel, la question des minima financiers par programme est venue également se poser sur la table (elle se concrétisa en 2016).

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En réponse aux CSC, l’IFSI et les acteurs réunis autour du « groupe travail décent » qui avaient réalisé les quatre analyses contextuelles communes ont décidé de poursuivre leur alliance en vue d’introduire un cadre stratégique thématique unique lié au travail décent. Ce travail de préparation des CSC eut aussi lieu lors du dernier trimestre 2015. L’année 2015 fut l’apogée des réformes de la coopération car elle fut celle de la préparation et de la mise en application de deux réformes successives, et ceci, en vue de la même période post 2017. L’IFSI dut donc se positionner face à ce contexte en mouvement, mais aussi se préparer. Il est évident que ces changements ont affecté l’IFSI de manière significative en termes de charge de travail. Fin 2015, on peut dire que l’Institut s’est renforcé, tant aux niveaux de ses valeurs, de sa vision, de son engagement, quede sa combattivité. L’Institut a profité de cette période pour renouveler sa réflexion stratégique, se former en management de qualité, préciser et améliorer ses politiques internes et aiguiser son plan d’action futur. En un mot, l’Institut s’est professionnalisé et est plus que jamais engagé à renforcer son rôle de moteur de la coopération syndicale internationale pour les années à venir.

8. Quelles « LessonsLearned »pour l’IFSI en 2015 ? L’année écoulée fut aussi celle de la finalisation de l’évaluation externe du programme de coopération internationale de l’IFSI pour le cycle 2012-2014. Les évaluateurs, South Research et HIVA, ont mis en exergue tout une série de points forts mais aussi de recommandations pour l’Institut. L’équipe IFSI a, parallèlement, effectué une auto-évaluation qui aboutit à plusieurs recommandations internes également. Vous trouverez ci-dessous les grands champs de travail dans lesquels l’IFSI a avancé en 2015. UNE STRATÉGIE ET UNE GESTION STRATÉGIQUE RENFORCÉES

Cet aspect avait déjà fait l’objet d’un point d’attention dans l’évaluation du Depuis lors, un grand nombre de changements ont eu lieu. Tout d’abord, internationales et européennes a été créé en 2011 et son directeur administrateur délégué à la gestion journalière de l’IFSI, assurant ainsi la l’IFSI, la direction de la FGTB et ses services d’étude.

programme 2009-2011. le service des relations est devenu, fin 2014, liaison organique entre

Les années 2014 et 2015 furent l’objet d’un important travail de réflexion stratégique en interne, mais aussi avec les partenaires du Nord et du Sud de l’IFSI. En 2014 toujours, le plan stratégique de l’IFSI pour les années 2017-2021 fut mis en place à travers toute une série de chantiers stratégiques (voir infra). En 2015, celui-ci fut affiné, précisé et opérationnalisé. La cohérence avec l’OIT (ACTRAV) et la CSI et ses régionales a été également renforcée. Suite à la formation suivie en « EFQM » (management de qualité) en 2014, et dans le cadre de la préparation du screening, l’IFSI fit également tout un travail de révision et d’améliorations de ses politiques, comprenant aussi un travail important de communication sur une série de pratiques en vigueur au sein de l’Institut depuis quelques années. En 2015, la commission de projets s’est tenue de manière régulière et a endossé, comme en 2014, un rôle plus stratégique qu’auparavant. Dans cette dynamique, l’IFSI et la FGTB se sont entretenues en 2015 afin d’élargir, dès 2016, l’Assemblée générale aux centrales professionnelles de la FGTB.

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DAVANTAGE DE COLLABORATION AVEC D’AUTRES ACTEURS

La collaboration entre l’IFSI et les autres acteurs s’est renforcée tout au long de l’année 2015 : o

o o o

Avec les instituts syndicaux de la CSC et la CGSLB : des réunions fréquentes ont eu lieu entre ces trois organisations, dans le cadre de la préparation du groupe travail décent, mais aussi du suivi des organes CCT et CCS, ou encore pour des réunions ad hoc. Les trois instituts ont également, dans le cadre du screening, élaboré un mémorandum entre eux, afin d’indiquer la démarche globale de qualité et mettre en avant la spécificité syndicale de coopération ; Les ONG socialistes, FOS et SOLSOC, et l’IFSI ont également consolidé leur dynamique de concertation technique et politique tout au long de l’année 2015 et ont établi des stratégies communes et des échanges d’informations ; La collaboration avec l’ensemble des acteurs du groupe « travail décent » s’est accrue, notamment dans le cadre de l’élaboration des analyses contextuelles communes et de la préparation des cadres stratégiques communs ; L’IFSI a également participé à des séminaires organisés par le TUDCN tel celui sur le syndicalisme sud-américain en octobre à Sao Paulo.

UNE DÉ MARCHE QUA LITÉ

Depuis 2014, l’IFSI s’est lancé de manière intensive dans une démarche qualité. L’équipe a suivi une formation en EFQM (cf. voir rapport 2014) et l’année 2015 a servi de plan d’opérationnalisation de toutes les recommandations issues de cette formation. L’institut a renouvelé ses politiques et s’est professionnalisé à travers toute une série de démarches conceptuelles et de communication. L’institut a également planifié d’obtenir le label de qualité dans les années à venir. COMMUNI CATION

L’année 2015 fut une année importante pour l’IFSI en termes de communication : d’une part, il lança son nouveau site web www.ifsi-isvi.be et, d’autre part, il lança sa newsletter sur ses projets internationaux. Par ailleurs, l’institut a fait les démarches pour engager un gestionnaire du projet « éducation au développement » (dès 2016). L’institut a par ailleurs mené de nombreux débats internes sur sa stratégie de communication et de formation. Enfin, l’année 2015 fut aussi celle où, comme nous l’avons déjà dit, l’Institut a révisé, complété et explicité un grand nombre de ses politiques. TRANSVERSAL

L’IFSI a également renforcé son travail au niveau « gender et environnement » tout au long de l’année 2015. Les collaborations de l’Institut avec les départements « gender et environnement » ont été plus fréquentes et les réunions se sont multipliées. Ceci a permis à l’Institut d’élaborer deux politiques sur le gender et l’environnement, nourries par les réflexions de plusieurs acteurs. L’IFSI a également créé un outil « check list » pour chacun de ses thèmes et a systématiquement intégré cette dimension dans ses formats de rapportage. Le chantier reste encore important en 2016 et après 2017. PARTENARIAT

Le partenariat ressort clairement de l’évaluation externe comme une force de l’IFSI : sa politique, sa stratégie et les pratiques que l’institut développe avec la FGTB. Le respect de l’autonomie du partenaire, l’encouragement d’un renforcement de capacités du partenaire par lui-même et pour luimême, les principes d’autonomisation qui sont recherchés, la philosophie partagée d’un renforcement mutuel entre organisations du Nord et du Sud ainsi que la promotion d’une alliance équilibrée entre soutien technique, institutionnel et politique du partenaire sont au cœur des forces de l’Institut. Le partenariat est d’ailleurs au cœur de la relation de collaboration entre l’IFSI et l’Ong COTA (convention

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2013-2016). Le COTA a appuyé l’IFSI durant les années 2014 et 2015 en vue de renforcer, valoriser et communiquer ses forces que sont sa vision et ses pratiques du partenariat. L’évaluation externe 2012-2014 a été conduite sur base de l’utilisation d’un outil particulier : le TUDEP, Trade union Development efficiency tool, outil conçu par le Réseau syndical de coopération syndicale au développement de la CSI (TUDCN, Trade union development cooperation network). Cet outil est un instrument d’apprentissage dont l’objectif est de soutenir les acteurs syndicaux actifs dans la coopération au développement à contribuer à l’amélioration de l’efficacité et de la qualité de leur travail de coopération en les aidant, ainsi que leurs partenaires, à réfléchir à leurs pratiques, principes et valeurs guidant leur travail1. L’ensemble des partenaires de l’IFSI, Sud mais aussi Nord, de la FGTB, ont pu remplir ce questionnaire. La force du partenariat pour l’IFSI est clairement ressortie des réponses de l’ensemble des acteurs. L’institut compte, dans le futur, continuer d’évaluer et de questionner ses pratiques, notamment via l’usage de ce questionnaire, afin de conserver et renforcer cette forte valeur ajoutée qu’est le partenariat. L’évaluation externe, mais aussi les réflexions propres de l’Institut, ont permis de mettre en avant une série de perspectives et pistes d’amélioration continue à l’horizon pour les années à venir : Trajectoire de croissance : il ressort de l’évaluation externe que l’IFSI gagnerait à développer plus fortement une vision à long terme avec ses partenaires en se posant les questions suivantes : « quelle est notre conception idéale du syndicat ? Que souhaitons-nous atteindre dans 10 ans ? » et, de la sorte, définir une trajectoire de croissance avec eux permettant d’œuvrer à cet objectif à long terme. La méthodologie « théorie du changement » (Theory of Change) est susceptible de pouvoir apporter cette plus-value et tracer ce chemin de croissance, à actualiser bien évidemment en fonction des facteurs contextuels changeants.

 Ce travail a été entamé fin 2014 à travers l’élaboration du plan stratégique de l’IFSI pour la période 2017-2026. Il sera poursuivi en 2016 grâce à l’apprentissage de nouvelles méthodologies, notamment la méthodologie « Theory of change ». Critères de choix des partenaires : l’évaluation externe a mis en avant la nécessité de renforcer, davantage, la cohérence de notre politique de partenariat, et plus particulièrement nos critères de choix des partenaires.

 Bien que l’Institut n’ait pas partagé l’intégralité des remarques de l’évaluation externe, il note toutefois que nous avons fait un important travail de précision et d’amélioration de nos critères de choix des partenaires, et ceci, dans le cadre d’un travail plus large d’amélioration de notre politique de partenariat. Remarquons toutefois que répondre aux nécessités et besoins des partenaires du Sud sont, pour l’IFSI, un fil rouge : l’institut ne choisit pas ses partenaires pour mettre en place des priorités propres, mais adapte le travail et sa ligne de coopération (priorités thématiques, géographiques, etc.) sur base des besoins de ses partenaires. Renforcer le système de monitoring et d’évaluation de l’Institut : les évaluateurs ont mis en lumière la nécessité pour l’Institut de renforcer son système de monitoring et d’évaluation (mais plus particulièrement de monitoring). La circulation de l’information revêt, en effet, une grande importance dans un syndicat. Il est essentiel d’améliorer ce système de récolte et de suivi des données (chiffres mais aussi problèmes vécus à la base, etc.).

 L’IFSI partage cette recommandation. Les pratiques de l’IFSI sont riches et diverses – nous nous référerons ici aux ateliers annuels de monitoring qui sont à la fois un échange d’expertises et une opportunité de renforcement de capacités pour les partenaires. Notons que le système mis en place par l’Institut dépend fortement de la qualité des systèmes de Monitoring &Evaluation (M&E) mise en place par les syndicats partenaires: moins ceux-ci sont en mesure de collecter, rassembler et faire le suivi de leurs données, mois l’IFSI sera en mesure d’avoir des données de qualité. C’est donc un important point de suivi pour les années à venir, aussi bien pour l’IFSI que pour ses partenaires. 1

http://www.ituc-csi.org/profil-syndical-de-l-efficacite-du,10523

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Une implication plus forte de l’ensemble de la structure partenaire dans le projet : les partenaires de l’IFSI ont cette capacité de mener, de manière équilibrée, la gestion stratégique du projet avec celle des activités du syndicat dans son ensemble. Le projet ne constitue presque jamais un volet d’actions isolé de la dynamique du syndicat mais s’imbrique très bien, tant dans la structure de gestion que dans le leadership politique du syndicat. Cependant, l’évaluation note que le projet gagnerait à avoir une empreinte plus grande au sein de l’organisation syndicale, au-delà de l’organe décisionnel central et du coordinateur du projet, au sein des structures régionales et des services du syndicat par exemple.

Ceci s’explique souvent par l’impossibilité de mener les ateliers de monitoring / planification annuels avec l’ensemble de la structure du syndicat, notamment à cause du manque de ressources. Mais cet aspect est susceptible d’être amélioré de deux manières différentes : d’une part, en conjuguant l’atelier de monitoring avec une formation ou une activité plus large touchant l’ensemble du syndicat, mais aussi par la mise en place de comités régionaux du projet par le syndicat partenaire et la tenue de réunions régulières de suivi. Le renforcement institutionnel, comme partie intégrante du renforcement de capacités :l’évaluation révèle que le renforcement des capacités envisagé par l’IFSI est très axé sur la formation, et trop peu sur le renforcement de structures au sein des syndicats. Dans le cas d’une formation de formateurs par exemple, il est important de s’assurer que les structures syndicales accompagnent cette formation et encadrent les équipes formées. L’IFSI mais aussi les partenaires du sud, disent les évaluateurs, gagneraient à investir d’avantage d’attention à renforcer le lien entre renforcement individuel et la consolidation nécessaire de l’organisation durant les processus de planification.

9. Grands chantiers futurs : perspectives 2016 et horizon 2017-2026 Malgré l’important travail réalisé par l’IFSI en 2015, le travail à fournir reste encore de taille, aussi bien pour la période 2016 que pour les années à venir. Ci-dessous, un bref récapitulatif de ces chantiers à l’horizon pour la période 2016-2026. L’année 2017 constituera la première année d’implémentation du nouveau cadre de la coopération belge. L’année 2016 sera dès lors l’année de préparation clé de cette nouvelle période. Les grands enjeux à venir sont les suivants : Agrément de l’IFSI comme acteur de la coopération non gouvernementale (2017-2026) : pour rappel, fin décembre 2014, l’IFSI introduisait sa demande d’agrément en tant qu’acteur de la coopération non gouvernementale pour la période 2017-2026.Début 2016, aura lieu le screening de l’Institut sur base de huit domaines de gestion : financière, humaine, stratégique, gestion des processus, des risques, du partenariat, des thèmes transversaux tels que le genre et l’environnement, ainsi que la transparence. L’année 2015 a permis de préparer ce screening, revoir les politiques internes de l’IFSI, les améliorer, les mettre à jour et les expliciter. Le screening aura lieu début de l’année 2016. Elaboration du CSC Travail décent (2017-2021) : les CSC, comme nous l’avons expliqué plus haut, sont l’évolution des « analyses contextuelles communes » mises en place par le ministre précédent. Ces CSC sont le cœur des politiques intégrées défendues par le ministre De Croo. Les acteurs réunis autour du groupe Travail décent (instituts syndicaux, FOS, SOLSOC, WSM, Oxfam et les mutuelles) s’engageront en 2016 à élaborer un cadre stratégique mondial « Travail décent » basé sur les quatre analyses contextuelles communes mises au point en 2015 (Afrique Ouest et Palestine, Amérique latine, Asie et Afrique de l’Est et australe). Le programme de l’IFSI ne pourra être approuvé qu’à condition de l’approbation de ce CSC qu’il devra opérationnaliser dans les pays choisis. Ce CSC, une fois approuvé en 2016, sera valable cinq ans. Préparation du programme 2017-2021 : l’année 2016 sera destinée à préparer le programme 20172026 en termes de sélection des partenaires et de priorités (choix finaux de pays, collaboration commune avec d’autres acteurs du groupe travail décent dans le cadre d’un programme commun,

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ateliers d’identification et de planification en vue de cette nouvelle période, etc.), le tout dans une stratégie de cohérence et de coordination accrue avec la CSI, ses régionales, ses fédérations sectorielles et l’OIT (plus particulièrement ACTRAV, le Secrétariat des Travailleurs). L’IFSI fera ce travail de la manière la plus participative possible, tant avec ses partenaires Nord, via la commission de projets, que ses partenaires du Sud, à travers les ateliers de planification. Les choix géographiques de l’Institut se sont effectués en 2015 sur base d’une cohérence interne et d’une concentration géographique plus grande. Les pays suivants ont été provisoirement retenus comme futurs pays d’intervention de l’IFSI au Sud (choix élaborés au terme d’une série de discussions bilatérales entre l’IFSI et la FGTB fin de l’année 2015) :

AMERIQUE LATINE Colombie Pérou Cuba Projet régional – CSA

AFRIQUE Bénin Côte d’Ivoire RDC Rwanda Kenya (Burkina Faso)

ASIE Indonésie (Bangladesh) (Malaisie)

BELGIQUE

L’IFSI et la FGTB chercheront à soutenir de manière continue leurs partenaires présents au sein des pays en « stratégie de sortie » : tantôt aux travers d’un soutien financier alternatif, tantôt via un autre type de soutien tel que politique et/ ou technique. L’année 2016 précisera les pays, les partenaires et les thématiques des projets. Notons que deux volets à part entière seront aussi développés par l’équipe IFSI et la FGTB en vue de la période 2017-2026 : d’une part, un volet « Nord » (éducation au développement) géré par un nouveau gestionnaire engagé à temps plein ; d’autre part, un volet « sud-sud » ou « international » qui ambitionnera de renforcer la mise en réseau des partenaires Sud du projet en vue d’un meilleur renforcement de capacités des partenaires. Changements dans l’équipe en vue de la période 2017-2021 : l’année 2016 vise à préparer l’équipe IFSI à la gestion du nouveau programme 2017-2021. Cela signifie, d’une part, l’engagement d’un nouveau collaborateur temps-plein pour gérer le projet « Education au développement/ Belgique ». D’autre part, les dossiers et projets seront revus au sein de l’équipe pour assurer une cohérence thématique et géographique ainsi qu’un renforcement de l’expertise à long terme de l’équipe sur ces matières et dans ses liens avec l’Agenda du travail décent. Plan stratégique 2017-2026 : l’année 2016 visera également à organiser la bonne implémentation du plan stratégique développé par l’IFSI en 2014. Pour rappel, dix domaines stratégiques d’action avaient été retenus (cf. voir plan stratégique 2017-26) :

L’IFSI ambitionne dans le futur de consolider son expertise syndicale et de fonctionner comme plateforme de la FGTB en matière de coopération syndicale internationale. Changements au sein des instances de l’IFSI : l’IFSI souhaite renforcer son lien organique à la FGTB, partenaire central de l’institut aussi bien pour le volet Nord que le volet Sud de ses actions.

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C’est pourquoi l’Institut souhaite élargir ses instances à l’ensemble des acteurs de la FGTB membres de la commission de projets : en d’autres mots, intégrer les six centrales de la FGTB dans son Assemblée générale. L’année 2016 visera à faciliter et préparer ce renouveau pour l’Institut et ses nouveaux membres.

10. Gouvernance : les instances et l’équipe de l’IFSI Fin décembre 2015, le Conseil d’Administration réunissait les membres suivants : Rudy DE LEEUW (Président), Marc GOBLET (Administrateur), Caroline COPERS (Administrateur), Thierry BODSON (Administrateur), Rafael LAMAS (Administrateur Délégué à la gestion journalière) et Koen DECRAENE (Trésorier-Secrétaire). Lors du CA extraordinaire de novembre 2015, il a été proposé d’élargir le Conseil d’Administration à Miranda ULENS et Estelle CEULEMANS. L’Assemblée générale se composait, fin décembre 2015, des membres suivants : Rudy DE LEEUW (Président), Marc GOBLET (Administrateur), Caroline COPERS (Administrateur), Thierry BODSON (Administrateur), Philippe VAN MUYLDER, Jean-François TAMELLINI, Jozef MAES, Miranda ULENS, Rafael LAMAS (Administrateur Délégué à la gestion journalière) et Koen DECRAENE (TrésorierSecrétaire). Lors du CA extraordinaire de novembre 2015, il a été proposé d’élargir l’Assemblée générale de l’IFSI aux centrales de la FGTB. En ce qui concerne la tenue des réunions d’instances, le CA de l’IFSI s’est réuni le 15 juin et, en session extraordinaire, le 20.11.2016. L’Assemblée générale s’est tenue le 30 juin 2015. La Commission de projets, lieu de rencontre structurel entre l’IFSI et la FGTB depuis 2003, s’est réunie 5 fois en 2015. Pour rappel, fin de l’année 2014, trois changements importants ont eu lieu :   

La nomination de Rafael Lamas comme Administrateur délégué à la gestion journalière de l’IFSI La modification des statuts de l’IFSI en vue des nouveaux défis qu’il s’est lancé pour les années à venir ; La Convention entre l’IFSI Asbl et la FGTB a également été renouvelée.

En ce qui concerne l’équipe, deux changements ont marqué l’année 2015 : d’une part, la désignation de Leticia BERESI comme coordinatrice ad interim de l’Institut et, d’autre part, l’entrée de Laurent ATSOU dans l’équipe. Fin décembre 2015, l’équipe IFSI se composait des collaborateurs suivants : Laurent ATSOU, Yolanda LAMAS, Stefan DEGROOTE, Thierry AERTS et Leticia BERESI.

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