

Prier avec le Sacré-Cœur de Jésus



« Voici ce cœur qui a tant aimé les hommes. »
Jésus à sainte Marguerite -Marie

Préface
La dévotion au Cœur de Jésus a commencé bien avant les apparitions à sainte Marguerite-Marie, à Paray-le-Monial à la fin du xviie siècle. Elle s’enracine dans les évangiles, notamment celui de saint Jean. Le disciple bien-aimé du Seigneur a, en effet, fait l’expérience de reposer sur la poitrine du Christ (Jn 13, 25) et de contempler, après la mort de Jésus, son côté transpercé d’où jaillissent le sang et l’eau (Jn 19, 34). Très tôt, les Pères de l’Église interprètent ces passages comme évoquant le Cœur de Jésus, un Cœur doux et humble comme Jésus lui-même l’avait présenté (Mt 11, 29).
À la suite de saint Jean, des mystiques rhénanes du xiiie siècle, sainte Gertrude et sainte Mechtilde, vivent une expérience semblable, reposant elles aussi sur le Cœur de Jésus. Plus tard, au début du xviie siècle, saint François de Sales fonde avec sainte Jeanne de Chantal l’ordre de la Visitation et invite les Visitandines à imiter le Cœur de Jésus dans la douceur et l’humilité, afin de devenir d’authentiques filles du Sacré-Cœur. En 1672, un an avant les grandes apparitions à Paray, saint Jean Eudes célèbre, quant à lui, la première messe votive au Sacré-Cœur.
Ainsi donc, la dévotion au Sacré-Cœur existait avant Paray. Mais elle était alors cantonnée aux monastères et aux religieux. Il a fallu
attendre les apparitions de Paray pour qu’elle sorte des monastères, devienne profondément populaire et se répande dans toute l’Église avec une fécondité inouïe. En ce sens, on peut affirmer que les apparitions à sainte Marguerite-Marie sont « sources » de cette dévotion.
Mais comment expliquer cette popularité si soudaine ? Sans doute en évoquant la demande de Jésus : qu’une fête soit instituée en l’honneur de son Cœur en réparation des ingratitudes, des indifférences et des offenses dont il souffre. Cette demande va rejoindre le cœur des fidèles, des paroisses, des diocèses jusqu’à devenir un désir unanime de toute l’Église auquel le pape Pie IX répondra en instituant solennellement la fête du Sacré-Cœur en 1856. La beauté des figures spirituelles de Marguerite-Marie et de Claude La Colombière ainsi que l’implication des Visitandines et des Jésuites vont également contribuer au rayonnement du Sacré-Cœur.
Au cours des siècles, l’expansion de cette dévotion se fera parfois au détriment de sa profondeur, reflétant davantage l’esprit des différentes époques que l’expérience authentique de sainte Marguerite-Marie. Des accents doloristes ou sentimentalistes, des représentations sanguinolentes, des relents de jansénisme et une certaine récupération politique associèrent le Sacré-Cœur à une dévotion désuète, voire suspecte, au milieu du xxe siècle. Paray devint alors simplement un jalon historique important, voire essentiel, de la spiritualité catholique, mais sans message pour
l’Église et le monde d’aujourd’hui, malgré la présence de quelques grandes figures spirituelles et missionnaires.
Or, peu à peu, depuis la fin du xxe siècle, un renouveau spirituel permet de redécouvrir la beauté, l’actualité et la profondeur de la dévotion au Cœur de Jésus. Notamment en redécouvrant la figure et l’expérience de Marguerite-Marie, par-delà les appauvrissements et les caricatures dont elle souffrit tant jusqu’à une période récente. Au sanctuaire de Paray, nous faisons, chaque jour, l’expérience que le Cœur de Jésus parle à tous et bouleverse les vies ! « Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour tous les hommes et pour toi en particulier que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il fautqu’il lesrépandepar ton moyen. » Cette déclaration d’amour de Jésus à Marguerite-Marie résume la spiritualité du Cœur de Jésus : l’expérience personnelle de la miséricorde, la compassion envers le monde et l’élan missionnaire pour témoigner à tous de cet amour débordant. Le Cœur de Jésus est une fournaise ardente de charité auprès de laquelle le pèlerin vient se reposer et déposer tous ses fardeaux. Cette expérience de consolation est transformatrice et nous fait devenir des apôtres de la douceur, de l’humilité et de la compassion de Jésus dans le monde. Le fondateur de la Communauté de l’Emmanuel, Pierre Goursat, qui eut l’intuition d’amener le jeune Renouveau charismatique à Paray en 1975, le résumera d’un mot : « Il faut que ça brûle ! » Brûler d’amour pour le Seigneur, brûler d’amour pour tous les hommes.
Rendre amour pour amour. Telle est la dynamique spirituelle profonde qui anime la spiritualité du Cœur de Jésus : répondre à l’amour du Seigneur par l’offrande de notre vie, par notre prière et par le service de nos frères. Ce livre de prières au Sacré-Cœur n’est donc pas un recueil nostalgique de belles prières du passé. À
l’école de la tradition spirituelle dans ce qu’elle a de meilleur et des grands saints du Sacré-Cœur, c’est un livre de feu pour prendre feu auprès du Cœur de Jésus, mettre le feu au monde, afin que tous lui témoignent de quel amour il est aimé.
Père Étienne Kern
Recteur du sanctuaire du Sacré-Cœur de Paray-le-Monial










Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau.
J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair.
Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles.
Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères : vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu.
Ezékiel 36, 26-28
Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère. Attends le Seigneur, Israël, maintenant et à jamais.
Psaume 130
Allons, mes frères, allons dans cet aimable Cœur pour n’en sortir jamais.
Mon Dieu, si l’on ressent tant de consolation au seul souvenir de ce Sacré-Cœur, que sera-ce de l’aimer avec tendresse ?
Que sera-ce d’y entrer et d’y demeurer toujours ?
Attirez-moi tout à fait dans votre Cœur, ô mon aimable Jésus !
Saint Bernard de Clairvaux
