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Dans les prairies mixtes, un apport d’azote minéral dès la repousse est doublement bénéfique.

Marcel Bisson fait partie des très bons producteurs de foin au Québec. Alors que la moyenne au Québec stagne à cinq tonnes de matière sèche à l’hectare, plusieurs producteurs en obtiennent huit, voire dix ou douze. Ils ont tous en commun une pratique : l’application d’azote minéral sur leurs prairies, en complément aux engrais organiques. « Quand les fosses à lisier sont apparues au Québec, on y a vu une mine d’or, un moyen de couper dans les engrais. Les producteurs ont cherché à se fier entièrement à leur lisier pour fertiliser et c’est peut-être pour ça que les rendements stagnent dans les plantes fourragères », affirme l’agronome Mario Gauthier, conseiller stratégique chez Valacta, dans le Centre-du-Québec. L’augmentation des rendements des prairies est un axe central de la tournée de conférences Le défi des fourrages, de Valacta. « Il faut trouver des moyens d’augmenter les rendements et de faire des fourrages une culture plus compétitive face au maïs et au soya », soutient Robert Berthiaume, agronome expert en production laitière et systèmes fourragers chez Valacta.

riches en phosphore et dans le cas des prairies de graminées, les besoins en azote sont largement supérieurs à ceux en phosphore. « Lorsqu’un producteur n’applique que des lisiers, ses sols s’enrichissent en phosphore à la vitesse grand V. Les besoins en phosphore et en potasse seront comblés, mais après plusieurs années, le champ sera saturé et ne pourra plus du tout recevoir de lisier. L’azote qui n’a pas été ajouté en engrais minéral deviendra la seule fertilisation possible, explique l’agronome Sylvain Laroche, du Club agroenvironnemental de l’Estrie. La fertilisation des prairies c’est toujours du cas par cas », insiste l’agronome. Ses recommandations contiennent des notes qui accordent au producteur la flexibilité de gérer ses applications en fonction du niveau de lisier dans sa fosse, de la météo et de ses liquidités pour acheter de l’engrais. Le Guide de référence en fertilisation du CRAAQ évoque de 75 à 160 unités d’azote pour les prairies, la dose recommandée devant être modulée en fonction de la proportion légumineusesgraminées. D’après Sylvain Laroche, si on vise trois ou quatre coupes, il faut tendre vers les 160 unités.

Limites du lisier

18  MAI 2014  LE BULLETIN DES AGRICULTEURS

Pas de lisier au printemps Marcel Bisson a pris l’habitude de ne pas mettre de lisier au printemps dans ses prairies. Il préfère l’appliquer aux champs destinés au maïs. L’an dernier, il a épandu du lisier sur des prairies après la deuxième coupe, ainsi qu’après la troisième et dernière coupe. « Si on applique du lisier au printemps, on a deux prises contre nous, illustre Robert Berthiaume. Premièrement, la vie

PHOTO FOURNIE PAR VALACTA

Les pistes d’amélioration sont nombreuses : meilleur choix d’espèces, ajustement du pH, réduction de la compaction et rotations plus courtes. Lorsque la base est maîtrisée et que les champs sont en bonne condition, c’est la fertilisation azotée qui fera la plus grande différence. Les lisiers ne sont plus suffisants. Les lisiers de porcs sont plus riches en azote que ceux des bovins, mais les pertes sont toujours importantes au moment de l’application et dans les semaines suivantes. Les lisiers sont


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