Magazine municipal mars 2012 interactif

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RENCONTRE

Nicolas Deraedt, la passion du sport extrême Nicolas Deraedt est agent municipal des espaces verts pour quelques semaines encore. Mais le jeune homme qui a la main verte a aussi des fourmis dans les jambes. Il a donc décidé de cultiver sa passion des sports de combat et d'en faire son activité professionnelle. Nicolas fait partie de l'équipe qui embellit notre ville. Fleurissement, création de parterres, entretien des espaces verts, il travaille avec ses collègues à mettre de la verdure dans notre environnement. Ce travail au sein des services municipaux, il l'occupe depuis 2002 où il s'est formé en alternance au métier de paysagiste. Il a toujours aimé cette activité au grand air mais sa véritable passion est ailleurs. Il la vit après le travail, le soir et le week-end : le sport en général et les sports de combat en particulier.

de kempo qu'il enseigne dans la ville d'Annoeullin où il habite, et à Auchy-les-Mines. Une facette différente du sport qu'il raconte : "L'enseignement m'a donné une autre vision des choses. Ce n'est plus de la compétition où

Un immense besoin de se dépenser "J'ai toujours eu un immense besoin de me dépenser," explique-t-il. "Quand j'avais 6 ans, j'ai commencé par faire du judo, mais je m'ennuyais un peu alors j'ai fait du triathlon (course, natation, lancer de poids) et de la gymnastique. Ensuite, j'ai enchaîné différents sports jusqu'à trouver le kempo à 15 ans. Il s'agit d'une discipline proche du karaté mais basée sur le self-défense, la maîtrise d'un adversaire." D'année en année, il a gravi les niveaux des compétitions d'abord régionales puis nationales. Il commente : "j'ai été deux fois champion de France de kempo et cela fait trois ans que je suis champion de France multistyles, c'est-à-dire de différentes disciplines dérivées pour les moins de 80 kg." Des combats remportés par K.O. ou par abandon de l'adversaire. Avec son large sourire, son visage d'enfant de coeur et sa carrure plutôt fine, on imagine mal que le jeune homme s'entraîne 32 heures par semaine, réalise 30 à 40 combats par an. Et pourtant, il se fait un nom, la fédération le remarque.

il faut juste être meilleur que l'adversaire. Là, on transmet un savoir précis et on se perfectionne soi-même. J'ai ainsi amélioré ma technique et j'aime voir évoluer des jeunes qui, comme moi, ont des rêves. Je leur inculque aussi les valeurs indissociables de ce sport : respect de l'adversaire, goût de l'effort, humilité, combativité." L'ultime rêve de Nicolas est en passe de se réaliser : vivre de sa passion de manière plus artistique pour le cinéma."J'ai eu la chance de rencontrer les Yamakasis lors d'un spectacle à Paris. Ce sont des jeunes qui ont fait du déplacement urbain un art : ils transforment les élements de la ville en obstacles à franchir grâce à des sauts, des escalades souvent acrobatiques. En me voyant boxer, ils m'ont conseillé une école de cascadeur, le campus "univers cascades" à Agen".

Formations en Thaïlande En 2009 et 2010, il veut franchir une étape supplémentaire, être champion ne lui suffit plus. Il part se former en Thaïlande durant deux mois chaque année. C'est un déclic physique et mental : "Là-bas, je me suis endurci. Dans un combat, l'attitude offensive est très importante. Un recul, un regard en retrait, cela compte quand deux adversaires sont de niveau comparable. Le mental, c'est ce qui fait souvent la différence." Revenu de Thaïlande où il a remporté quelques compétitions, il est approché avec son entraîneur, Serge Cal, par des coachs de la fédération pour lui proposer d'entrer dans un cycle professionnel de Pro Fight, une discipline beaucoup plus violente, où quasiment tous les coups sont permis. Il accepte. Il passe aussi un dîplome d'instructeur fédéral

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la compétition. En avril prochain, direction les championnats de France de kempo pour 4 ou 5 combats. Parallèlement, il continue de nombreux sports extrêmes : le parachutisme, le quad, le free running, le snowboard.

"L'enseignement m'a donné une autre vision des choses (...). On transmet un savoir précis et on se perfectionne soi-même".

Objectif : cascadeur professionnel Il y a récemment postulé pour l'intégrer afin de devenir cascadeur professionnel, spécialisé dans les arts martiaux et les chorégraphies de "combats" à l'écran. Il a aussi décroché un poste de professeur en préparation physique et mentale. Il donne ainsi des cours et en reçoit pour être préparé à toute sorte de cascade. Un exemple ? "Savoir chuter, un grand classique," sourit Nicolas. En avril commence le tournage d'un film à La Madeleine où on vient de lui confier des cascades mais aussi des chorégraphies. En quoi cela consiste ? Il détaille : "Je vais apprendre au comédien à bien jouer des scènes d'action, à avoir une garde, à se déplacer en fonction du meilleur angle pour la caméra ". Autre projet : passer un brevet d'Etat pour être mieux reconnu dans son activité de professeur. Il continue aussi

Un emploi du temps très chargé qui l'a amené à renoncer à sa première activité professionnelle. C'est un virage important à seulement 25 ans. Mais il l'a soigneusement préparé : "Etre intermittent du spectacle, et vivre des sports de combat, c'est sûr, c'est un pari risqué mais j'y pense depuis longtemps. Mes parents ont toujours peur que je prenne un mauvais coup. Mais je veux être le meilleur, me donner à 100% dans ma passion, j'ai toujours voulu faire cela. Après 40 ans, la compétition, ce sera certainement fini, car on a plus de mal à se remettre de blessures mais j'espère que d'ici là j'aurai évolué dans le cinéma et le professorat et je constitue une épargne pour ne pas être dépourvu." Souhaitons-lui une grande réussite et de continuer à prendre soin de lui.


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