Journal Tapis Volant 24

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Association Fac-here (Rouen) // Journal Tapis Volant n°24 - mars 2011 // Culture : Petit et grand écran Vous souhaitez devenir annonceur : publi.volante@fac-here.com

Sorties ciné

Le Discours d’un roi

Apeuré à la seule idée d’être le représentant d’une société chevronnée dont la dernière enfant est la radio – rendant public par là même son incapacité à émettre correctement les sons –, le futur roi d’Angleterre fera appel à un dernier orthophoniste aux méthodes « controversées » et « peu orthodoxes ». Le récit, qui s’ouvre sur une profonde déception, aura pour dénouement inéluctable l’appel à la guerre, et de nombreuses anecdotes imaginaires agrémenteront la ligne historique, donnant au personnage une profonde humilité, sa légitimité bancale à être l’objet d’un tel récit, et à ce dernier son originalité éparse : le roi s’avouera admiratif d’Hitler, dont il dira qu’il ne comprend rien au discours, mais qu’il est bien proféré, etc. Sans oublier les méthodes gauches du thérapeute. L’on sent bien que ce n’est pas que fioriture, mais outre ces épisodes la manufacture demeure très classique. A l’image de la société décriée. Fait notable : le micro imposant et la caméra auparavant resserrée sur lui, après le dernier discours décisif, se déferont et la réalisation se fera

sensiblement plus légère, et volatile. Et les messages se multiplient : rien n’est forcément inné, un grand monarque peut prendre naissance, ou se former, en n’importe quel endroit, insalubre et malpropre ; peu importe la méthode, grossière ou pas convenable, tant qu’elle forge l’individu… Le Discours d’un roi relate l’histoire d’un homme, dont le destin se met en marche malgré lui, en prise avec la société conservatrice et rigide de son temps, ses traumatismes à l’origine de son bégayement se confondant aux convenances étouffantes de la société, sa convalescence à son émancipation, et l’assentiment d’une amitié disconvenue. Peut-être le cinéaste aurait-il du donner son assentiment à d’autres amitiés pour son film, sorte d’embryon mené à la baguette par la machine cinéma à oscars ? Au fond, pourquoi faire de la caméra la nouvelle gêne d’un roi ? http://cinecides.blogspot.com thibault@fac-here.com

Faites le mur Le streetart et ses codes, vous connaissez ? Des œuvres illégales (graffitis, collages sur les murs de bâ t i m e n t s ) mais finalement acceptées voire protégées, des artistes anonymes mais à la renommée internationale. Voilà ce que le documentaire Faites le mur réalisé par Banksy se donne pour but de mettre au jour. Ce film risque de chambouler votre vision des choses – ainsi que votre estomac pour les plus sensibles d’entre vous qui supporteraient difficilement les cahots provoqués par la caméra à l’épaule – et de perturber votre tranquille quotidien. En effet, grâce à des

images inédites et des témoignages francs, ce long-métrage pose de multiples questions d'ordre éthique et esthétique : Qu’est-ce que l’art ? Peut-on être considéré comme artiste lorsque notre réussite est liée aux opportunités saisies ? Ou le devient-on plutôt lorsque les années de recherche, de travail, arrivent enfin à maturation par la reconnaissance du public ? Qui décide si telle personne est un artiste ? Comment et en fonction de quoi fixer le prix d'une œuvre ? Qui est l'artiste ? Celui qui a l'idée de l'œuvre ou celui qui la réalise ? Peut-on se réclamer d’un mouvement sans en respecter les codes implicites ? En sortant du Melville, c'est sûr, vos neurones auront travaillé, et vous ne regarderez plus les rues avec les mêmes yeux !

L’ennui quand on a fait un film au succès incontesté, c’est qu’il est dur de faire aussi bien, voire mieux.

Boon, douanier Français) ne peuvent pas se piffrer. Et notre Franchouillard est amoureux de la sœur du Francophobe (vous suivez ?). On sourit, mais on ne rit pas autant que dans « Bienvenue chez les Ch'tis ». A souligner : Benoit Poelvoorde donne à son personnage beaucoup de relief, le couple de Bistrotier vaut aussi le détour, et j’ai eu un énorme fou rire en voyant la « métamorphose » de la voiture de fonction. Un film à voir chez soi en dvd, pour passer un bon moment, mais pas à aller voir absolument au cinéma.

Dans un champ rasé, une fleur, une seule, sur une place bitumée. Où suis-je, où erre-je ? Dur de trouver sa place maya@fac-here.com

Rien à déclarer ? Si, j’aurais pas dû y aller…

« Rien à déclarer » ne fait malheureusement pas exception. En 1993, le Traité de Maastricht est signé et les postes de douane aux frontières sont supprimés. Une brigade « volante » des douanes est créée, mais le duo constitué de Ruben Vandevoorde (Benoit Poelvoorde, douanier Belge) et Mathias Ducatel (Dany

Lucie D., qui veut customiser sa Twingo comme la 2CV du film ! lucie@fac-here.com

Chronique ciné

Le premier qui l’a dit

L'Italie révère les hommes, la testostérone, le machisme. Être homosexuel dans ces conditions est loin d'être simple. Surtout lorsque votre père passe son temps à dénigrer ces derniers à grand renfort de blagues douteuses et de rires gras. Surtout lorsque ce père mise tout son espoir en vous pour prendre sa suite aux commandes de l'usine de pâtes dont il est si fier. Mais finalement le secret est trop lourd. Vous voulez vivre pour vous et non plus pour les autres. La décision est prise, il faut crever l'abcès et faire éclater la vérité, quitte à vous voir rejeté par votre propre famille. Le premier qui l'a dit, film présenté au Melville à l'occasion de la semaine italienne est frais, drôle et émouvant. À travers les yeux d'une grand-mère qui plane tout au long de la projection comme un ange gardien au dessus de ses petits-enfants, nous sommes catapultés dans l'univers de cette famille

aux parents extrêmement intolérants et aux enfants dans une impasse terrible. Se greffe à ce drame une idylle amicalo-amoureuse, dans laquelle on peut décrypter la difficulté de se connaître soi-même. Hétéro et homosexualité se côtoient, se frôlent, se mêlent et se démêlent. Tendresse, désir, amour, des sentiments proches et difficiles à différencier. Des vies humaines qui se croisent, commencent, se terminent, et surtout, surtout, des acteurs incroyables dans la véracité de leur interprétation. Un film tout en regards, gestes, et demi-mots pour une production qui mériterait amplement la reconnaissance des grands du milieu. http://lemelville.fr Pourquoi ne pas pique-niquer dans la cuisine, four éteint, frigo vide ? Tableaux sans toile, ascenseur dans les WC maya@fac-here.com

En bref ! Agenda des sorties

L’Absurde Séance présente

Le 2 mars 2011

BLACK KUNG-FU CONTRE HONG CONNECTION « L’Étoile du Pôle Nord, un diamant d’une valeur inestimable, est volé à Hong Kong par des trafiquants de pierres précieuses. Ancien agent de la CIA opérant désormais pour le compte d’une compagnie d’assurances, Lucas (Jim Kelly) est envoyé en urgence dans la Colonie. Il a trente jours pour remettre la main sur le joyau dérobé... »

Winter’s bone Prix du jury du festival de Deauville, Winter’s bone de Debra Granik révèle Jennifer Lawrence, jeune actrice dont les émotions transparaissent rien qu’à travers la bande annonce, et s’annonce comme un thriller à l’angoisse palpable. Critique à paraître.

Le 30 mars 2011 Médée miracle Médée, figure mythologique extraordinaire, est bien connue d’Isabelle Huppert qui maintes fois l’endossa, et l’endossera de nouveau dans le film de Tonino Bernardi, Médée Miracle, réécriture, transposition contemporaine de Médée, à la fois par le cinéma, et le lieu de l’action : Paris. A quelle hauteur sera réécrit le mythe, édulcoré ou prolongé ? Dans quelle mesure Médée basculera-t-elle entre innocence et culpabilité ? Médée assassinera-t-elle ses enfants ?

+ VAMPIRE GIRL VS FRANKENSTEIN GIRL « Deux lycéennes sont amoureuses du même garçon, Mizushima. A la Saint Valentin, l’une d’elle offre au garçon un étrange chocolat rempli de sang. Elle est en fait une vampire, et c’est son sang dans le chocolat, ce qui transforme Mizushima lui aussi en suceur de sang. Voulant se débarrasser de son encombrante rivale, l’autre fille se fait malencontreusement tuer. Mais son père, conduisant des expériences secrètes, va la ressusciter à partir de morceaux humains. Le combat pour l’amour va pouvoir commencer entre la fille vampire et la fille frankenstein… » Samedi 12 mars à 20h A l’Omnia République


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