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Psychiatrie la suite, il faut tenter de comprendre le contexte de survenue de ces symptômes. Quand les manifestations sont-elles apparues ? A quel âge ? Un âge précoce (avant la puberté) doit alerter.

bbLes stratégies corporelles des adolescents Ces manifestations représentent souvent une solution que les adolescents ont mise en place : les adolescents utilisent beaucoup plus des stratégies corporelles pour dire les choses.

bbCas des scarifications Pour les scarifications, il est important de noter leur localisation : elles surviennent typiquement chez les filles de 13 à 18 ans sur le dos de la main, les poignets et les avant-bras. Une localisation au niveau du ventre, des cuisses, de l’abdomen, de la face, du cou, du thorax ou des organes génitaux est un signe de gravité. Il en

est de même de coupures profondes faites avec intensité, des scarifications représentant des motifs, lettres, mots morbides : ces symptômes doivent également alerter. La survenue de sca-

Métaboliser les difficultés Ils recourent plus à des comportements moteurs afin de métaboliser les difficultés, les angoisses, les inconnues qu’ils peuvent rencontrer. Il existe une impulsivité plus importante dans cette période de la vie. Ainsi les scarifications, les fugues… sont à envisager comme des tentatives de solution, certes dysfonctionnelles.

bbRecherche d’un repli L’examen clinique se poursuivra alors par la recherche d’un repli, d’un infléchissement des résultats scolaires, d’une perte des intérêts. 80

boration avec un(e) infirmier(-ère) qui réalise un travail de soutien et d’accompagnement pragmatique essentiel auprès des adolescents.

bbConnaître l’environnement b de l’adolescent

Trouver d’autres solutions Notre rôle est alors de permettre l’émergence d’autres compétences

« Une exploration clinique rigoureuse permet de détecter des troubles psychiatriques b potentiellement graves. » rification chez le garçon est également plus rare. Tous ces éléments d’atypicité doivent faire rechercher une pathologie psychiatrique sous-jacente : trouble de l’humeur, trouble borderline, psychose. La prise en charge médicale des scarifications peut être un moment propice à l’exploration clinique. Demander à l’adolescent dans quelles situations surviennent ces conduites (état d’anxiété important, manifestations délirantes), rechercher des situations d’éventuel abus sexuel. Même si les scarifications sont rarement envisagées comme un moyen d’en finir, il est important de vérifier le risque suicidaire.

différemment. Le recours aux prises en charge corporelles est particulièrement utile dans des situations cliniques où l’impulsivité est au premier plan. Le reste de la prise en charge a consisté en une valorisation des compétences, dans un travail d’accompagnement réalisé par moi-même et une infirmière. Une orientation psychothérapeutique avait également été mise en place. La majeure partie de mes prises en charge se font en colla-

plus créatives amenant l’adolescent à trouver des solutions plus riches. Certaines équipes proposent aux adolescents dans un premier temps, pour remplacer les scarifications, qu’ils fassent claquer un élastique tendu sur leur poignet, ou prennent un glaçon dans la main. Ainsi, les adolescents ressentent une douleur qui peut remplir la même fonction d’apaisement que les scarifications. Ces petites so-

lutions sont à valoriser ; elles figurent un changement, une nouvelle capacité que l’adolescent peut mettre en place et qui en appelle d’autres.

Cas clinique Une de mes patientes avait souvent recours aux scarifications dans des contextes de débordements anxieux importants (examens, relations amoureuses, conflits avec la famille). Le recours à la sophrologie l’a particulièrement aidée à gérer son anxiété

Contexte de vie de l’adolescent L’entretien s’attachera également à tenter de saisir une image de l’adolescent dans son contexte de vie. Quels sont ses centres d’intérêt, activités, loisirs, cercles amicaux, ambitions… Une vigilance particulière sera portée à la qualité de son tissu relationnel. L’isolement social à l’adolescence doit alerter le clinicien, il faut rechercher un possible trouble sous-jacent.

Un cas clinique Un adolescent de 16 ans était venu consulter accompagné de ses parents ; il ne voyait plus ses amis depuis environ un an, ne sortait plus le weekend, avait progressivement déserté ses centres d’intérêt. Il se scarifiait également. En entretien, il présentait une bizarrerie de contact, un discours hermétique, des rires immotivés. Les entretiens ont mis en évidence une psychose débutante. Un traitement et une prise en charge ont pu se mettre en place. La précocité de prise en charge est importante sur le plan pronostique.

Parler des aspects positifs Il est important de parler également en entretien de ce qui se passe bien. Amplifier les aspects fonctionnels avec les adolescents a une réelle vertu

Adolescence & Médecine • Décembre 2011 • numéro 3


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