Bulletin d'Informations no 1188

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No 1188 Mai/Juin 2011

Destiné aux fabricants d’horlogerie et de bijouterie Für die Hersteller von Uhren und Schmuck

Une revue du groupe Eine Fachzeitschrift der Gruppe

Editeurs - Verlag

Europa Star HBM SA

Route des Acacias 25 P.O. Box 1355 CH-1211 Genève 26 Tél. +41 - (0)22 307 78 54 Fax +41 - (0)22 300 37 48 e-mail: vzorzi@eurotec-bi.com www.europastar.biz Directrice des Editions Techniques Bereichsleiterin Technische Verlagsobjekte Véronique Zorzi Coordination de la rédaction Redaktion Pierre-Yves Kohler Directeur Général Geschäftsführer Philippe Maillard

Parutions: 7 fois par an Abonnement CHF 60.Erscheint 7 mal pro Jahr Jahresabonnement CHF 60.Info: jricher@europastar.com

Contenu rédactionnel: Habillement Pierres et métaux précieux Présentoirs, Ecrins Eléments de vitrine Electronique Traitement de surface Mécanique de précision pour la fabrication d’horlogerie et de bijouterie Redaktioneller Inhalt: Ausstattung Edelsteine und -metalle Etuis, Displays Elektronik Oberflächenbehandlung Feinmechanik für die Herstellung von Uhren und Schmuck Imprimé à Genève par Atar Roto Presse SA

Innovation, question de faim Récemment, à l’occasion de Baselworld, nous rappelions qu’au cours de l’année qui vient de s’écouler, plus encore que les horlogers indépendants ce sont les soustraitants qui ont le plus fortement senti la fragilité de leur modèle. Poussés avant la crise à investir lourdement pour affronter une demande sans cesse en augmentation, contraints par la compétition à s’équiper en outils de pointe, à approfondir leurs recherches mécaniques, à se lancer dans des études portant sur les matériaux ou les modes de production, les sous-traitants ont ressenti de plein fouet la baisse soudaine de leurs carnets de commandes – voire certaines annulations pures et simples. De plus, les jeux d’absorption, d’intégration, les rachats et les prises de participation ont fait le reste, fragilisant plus avant la profession. Une profession qui, certes, a elle aussi a été aveuglée un temps par la marche triomphale du marché horloger, avant de ressentir durement son étroite dépendance aux retournements soudains de ce marché. Mais quand un horloger peut toujours déstocker ou, si nécessaire, comprimer ses effectifs, externaliser, se tourner vers d’autres fournisseurs, un sous-traitant n’a pas ce volant d’action à disposition. A moins que, comme un Christophe Claret qui n’a pas eu peur d’avouer publiquement une baisse de son chiffre d’affaires de 33% en 2010, on ne crée à son tour sa propre marque horlogère, pour compenser les commandes annulées Mais tout le monde n’est pas en mesure de le faire, bien évidemment. Mais cette «faiblesse» structurelle d’une profession dépendant des commandes qui lui sont adressées peut également se transformer en force. Car s’il est une qualité que les sous-traitants ont ainsi bien été obligés d’acquérir, au fil des nombreux retournements et contorsions de la demande, c’est la «souplesse». Et cette souplesse, à condition qu’elle soit bien comprise et bien intégrée, offre des opportunités que les mastodontes centralisés et bureaucratisés ont souvent plus de peine à saisir. Ces opportunités ont un nom: l’innovation. Innovation dans les processus de fabrication, les matériaux, les technologies, les solutions mécaniques... Car, comme l’histoire nous l’enseigne, l’innovation est presque toujours le fait d’individus, de petites structures pour qui elle est essentielle. Pour qui elle est tout simplement une question de survie, comme l’expliquait Akio Morita, ancien PDG de Sony (une entreprise devenue ensuite un monstre bureaucratique mais qu’il avait cofondé en 1946, en pleine débâcle japonaise, avec une poignée de collaborateurs): «Tout le monde peut innover, si sa vie en dépend.» La vie et la survie de nombre de «sous-traitants», celle des branches dites à tort «annexes» – alors qu’elles sont bien souvent «centrales» – ne dépend-t-elle pas nécessairement et essentiellement de cette force et de cette volonté d’innovation que des années de vaches grasses ont peut-être assoupies. Car innovation rime toujours avec prise de risque. Et ce sont toujours ceux qui «ont faim» qui sont prêts à prendre tous les risques. Un exemple récent l’a encore confirmé: une grande marque cherchait à faire fabriquer un verre saphir très particulier et hautement complexe à réaliser – et donc très risqué à produire. Désireuse de le faire manufacturer en Suisse (tout le reste de la montre en question étant 100% helvétique), elle a cherché en vain le courageux qui allait oser se lancer. Sans succès. C’est donc un Chinois qui a fini par s’y coller. Sans doute avait-il plus «faim» que les Suisses... Pierre Maillard Rédacteur en chef d’Europa Star

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