ONE DAY TIMED
MAG
N° 264 7 Novembre 2020
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Edito
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USA 2020
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I) Le système américain II) Les candidats III) La nuit américaine IV) Les résultats V) Particularités VI) Décision finale ? Infos diverses
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Voici un numéro spécial consacré à l’élection présidentielle aux USA intitulé « la mesure des choses ». Dans l’absolu, je me serais contenté de signaler le vainqueur mais ces élections ont quelque chose de particulier. Le monde a les yeux tournés vers les USA et on sait que la politique internationale sera profondément marquée par les mesures prises par le vainqueur. Le Covid19 a malgré tout eu une influence sur ces élections, pas tant dans la campagne mais dans la manière dont les électeurs ont voté, nous en parlerons dans un chapitre dédié. On ne connaîtra sans doute pas le vainqueur dans ce numéro car les dépouillements ne seront pas complets et il risque d’y avoir des procédures judiciaires et des recomptages. Toute une aventure… Bonne lecture… Stephan de Novelas
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La mesure des choses I) Le système américain Le système électoral tel qu’il existe repose sur les fondements historiques du 18ème siècle et le calendrier n’a pas beaucoup évolué depuis. + Election Day : le mardi qui suit le premier lundi de Novembre + Vote des Grands Electeurs en décembre + Entrée en fonction en janvier de l’année suivante Les délais étaient liés au temps de déplacement de l’époque. Mais comme on peut le constater cette année, les conditions démontrent qu’il faut malgré tout du temps. Il y a généralement deux grands candidats, un républicain (rouge) et un démocrate (bleu) chacun ayant été investi par son parti. Il y a des candidats indépendants. Leur rôle peut paraître négligeable mais comme on le verra dans un article dédié, leur présence influence les résultats. La grande particularité du vote est qu’il s’agit d’un choix indirect et non pas d’un suffrage universel direct. Les électeurs votent par état (50), chaque état est divisé en County (comtés), et désignent des GRANDS ELECTEURS (538). La particularité, c’est que tous les Grands Electeurs votent en fonction du candidat plébiscité. Par exemple en Californie où il y a le plus grand nombre de Grands Electeurs (55), tous les Grands Electeurs voteront de la même manière. Il faut 270 pour être élu. Le vote des Grands Electeurs est devenu une formalité et dès lors, le gagnant est généralement connu à la fin du scrutin du mardi de Novembre, annoncé par les médias et non pas une instance gouvernementale. Une exception est faite pour deux états, le Maine et le Nebraska qui peuvent envoyer des électeurs des deux camps. Un dernier point cette année est l’influence du vote par correspondance et les règles en la matière varient d’un état à l’autre. Nous en reparlerons. II) Les candidats Donald Trump (R) VS Joe Biden (D)
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III) La nuit américaine Ce qui m’a incité à écrire ce numéro spécial est la « nuit américaine ». Evidemment il s’agit d’une soirée électorale et je les suis dans la plupart des pays (qui m’intéressent) depuis plus de vingt ans et il était donc logique de m’intéresser à celle-ci, malgré le décalage horaire. La nuit américaine, c’est le nom de l’émission des rédactions francophones. C’est ce qui faisait l’intérêt de cette soirée, voir des télévisions nationales européennes francophones unir leurs forces pour présenter une soirée de qualité. Il y avait donc des journalistes de France (France télévision, France24) de Suisse (ORTS) de Belgique (RTBF) et de TV5. De nombreux duplex étaient proposés dans différentes villes et il y avait des invités en plateau. Le duo de présentateurs changeait chaque heure et de minuit à 6h, j’ai suivi l’arrivée des résultats. Je complétais mes informations par les cartes de Fox News et de Sky News. Pour constater que les chiffres n’étaient pas les mêmes. Voici quelques images pour expliciter tout ça et vivre la nuit comme je l’ai vécue. La plupart des cartes viennent de foxnews.com. En rouge, les états gagnés par Trump (R), en bleu par Biden (D) en rouge clair les prévisions favorables à Trump et en bleu ciel, celles pour Biden. Il y a des pourcentages affichés et le taux de dépouillement. Je rappelle également qu’il y a trois heures de décalage entre la côte est et l’ouest d’où l’arrivée parcellaire des résultats. La première est faite à 3h45
J’ai fait l’impression d’écran à ce moment-là parce que jusqu’alors le Texas monopolisait l’attention puisqu’il était en bleu. Et tous les commentaires tentaient d’expliquer le pourquoi du comment de la défaite de Trump dans cet état. Jusqu’à ce que les prévisions changent et les discours également. Je vous rassure ce revirement était identique dans tous les médias. Puis ce fut la Floride qui attira tous les regards.
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III) A 6h, la carte n’allait plus changer.
Par contre la carte de Sky News n’est pas la même ni les chiffres.
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IV) Les résultats Comme expliqué, ils différent selon les médias selon que l’on prend en considération les projections probables ou si l’on préfère être plus prudent. Quelques états ont attiré tous les regards, les états pivots ou référence : Ohio, Texas, Floride Ensuite il y a ce que l’on appelle la Rust Belt (ceinture de rouille) dont : Michigan, Wisconsin, Iowa, Minnesota. Au matin du 4 Novembre (en Europe) 6 états sont encore en attente. Alaska Arizona Caroline du Nord Géorgie Nevada Pennsylvanie + Maine et Nebraska Et même si l’Arizona est considéré acquis à Biden par certains médias, personne n’ose annoncer la victoire et le compteur reste bloqué à 253 à 214. Puis les annonces se succèdent dont celles de Trump signalant sa victoire, puis son souhait d’arrêter de compter les votes qu’ils considère comme illégaux, choquant ainsi la plupart des observateurs protecteurs de la démocratie. Et le 05/11/20 à 16h40 (10h40 heure locale) la Géorgie annonce que le comptage prendra du temps. De fait le 06/11/20 elle annonce de recomptage des voix car la différence est inférieure à 0.5%. Dans les autres états, la différence est parfois aussi très mince. Donc, à ce jour, personne ne peut oser affirmer qui est le gagnant même si la tendance est vers Biden. L’occasion de se concentrer sur ce qui rend cette année si particulière. IV) Particularités Tout le monde s’accorde pour se dire que le pays est clivé. Il y a les grandes villes qui votent généralement démocrate et les zones « rurales » qui votent républicain. Ca c’est un fait indiscutable. Ce qui l’est plus, c’est d’affubler des caractéristiques comme celle de dire que les démocrates dans les villes sont des intellectuels, sous-entendant que ceux qui votent républicain dans les campagnes sont des ignares… Ensuite beaucoup se sont intéressés à la répartition des voix entre les hommes, les femmes, les blancs, les noirs, les latinos, etc, créant des catégories d’électeurs et même s’il y a des tendances, la généralisation systématique m’exaspère.
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IV) Ce clivage manifeste se cristallise autour des personnalités des candidats et je cite sans forcément adhérer : Trump, l’homme viril qui ment et qui tweet pour un rien, qui méprise les femmes, qui ne pense qu’à l’économie et ne paie pas assez d’impôt. Biden, le vieux candidat endormi au passé tragique. Dès lors, le taux de participation a été un record avec plus de 150 millions, contre 120 en 2016. Je pose néanmoins une réflexion car, quoi que l’on puisse penser du comportement de Trump, son score a augmenté et je reste persuadé que c’est l’élément moteur, à sa suite et à son encontre, car une bonne partie des électeurs n’ont pas voté pour Biden mais ont voté contre Trump, en ce compris des républicains. On est dans un cas de figure à la française où l’on vote contre Lepen (père ou fille) et non pas pour le candidat opposé. La République était en jeu eu bien des Américains ont pensé ainsi après les quatre années de Trump. L’occasion pour moi de parler de la répartition des voix pour illustrer un phénomène perturbant. On sait qu’au comptage direct Biden est bien devant avec 75 millions contre 70,5 pour Trump. C’est plus ou moins le même nombre d’états pour chaque candidat. Mais quand on regarde la répartition géographique plus en détail, cela fait une disproportion incompréhensible au niveau des comtés, si ce n’est par la densité de population avec par exemple les grandes villes. Voici trois exemples : la Floride et le Wisconsin gagnés par Trump
Mais même dans un état gagné par Biden, la proportion est en faveur des républicains avec l’exemple du Minnesota (à droite) avec seulement 13 comtés pour Biden.
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IV) L’autre phénomène 2020 est la présence du Covid19 ce qui a fortement augmenté le vote par correspondance. Et comme on l’a expliqué à de nombreuses reprises dans les médias, ce sont essentiellement des démocrates, soucieux de ne pas mettre leur vie en péril dans les files des bureaux de vote qui ont utilisé ce système. On parle de plus d’un million de bulletins. Je reviendrai sur ce vote par correspondance en fin de rubrique. Il y a également deux phénomènes à prendre en considération qui peuvent influencer le choix des électeurs : la mort de George Floyd et l’essor des Black Lives Matter. L’autre est la dissidence au sein du parti républicain avec un mouvement tel que le Lincoln Project qui invitait à voter contre Trump. Le dernier facteur est la présence de candidats indépendants comme Jo Jorgensen. A un moment où l’écart n’est que de quelques milliers de voix, celles qu’ils ont prises auraient pu peser dans la balance exemple le plus flagrant avec la Géorgie qui est obligée de recompter les voix.
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IV) Il me reste à parler de la légalité des votes par correspondance alors que Trump crie au scandale, au vol. Trump considère que le vote par correspondance, largement favorable aux démocrates est illégal qu’il y a des bulletins truqués, en trop ou manquant mais n’apporte aucune preuve concrète. Cependant, on peut se poser des questions sur les différences entre états. Certains ne le pratiquent pas ou peu. D’autres ont fixé des règles précises comme un handicap, une absence justifiée le jour du vote. D’autres encore ont autorisé l’envoi jusqu’au jour du vote, le 3 Novembre, cachet de la poste faisant foi et d’autres encore ont accepté de recevoir les bulletins plusieurs jours après le scrutin. Dès lors il était impossible d’avoir un résultat officiel rapidement. Moi ce qui m’interpelle, c’est que l’on a autorisé le vote plus d’un mois à l’avance comme si les débats, le reste de la campagne n’avaient aucun rôle et bien sûr pour les personnes décidées (qui votent historiquement) cela n’a aucune incidence mais dans les états pivots, c’est une décision dommageable. De plus, dans un pays civilisé, comment peut-on devoir attendre après le jour du vote. Il eut été bien plus sage de fixer une semaine d’envoi et tous les courriers devaient arriver avant le 3 avec éventuellement un délai de 24h pour courrier envoyé à temps mais retardé pour diverses raisons. Et en passant… tout le monde se fout de l’Alaska et de ses 3 voix car on n’en parle quasiment jamais mais on n’a toujours pas le résultat non plus. VI) Décision finale ? Je me suis amusé à compter les options avec les 6 états encore douteux au matin du 4. On pouvait avoir une victoire à 270 à 269 ou même une égalité 269 à 269. Pour ma part, je pensais sérieusement que c’était le Nevada qui serait le clé puisqu’il comptait les 6 Grands Electeurs qui manquaient à Biden (dans une version où l’Arizona lui était acquise). Il est fort probable que la décision ne revienne à la Cour Suprême car litiges il y aura… En tous cas, c’est une élection qu’on n’oubliera pas.
N° 264 7 Novembre 2020 INFOS DIVERSES Editeur responsable : Novelas asbl Rédacteur en chef : Stephan Van Puyvelde
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