Le monde de l'horlogerie L'Express - novembre 2016

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Technique

DANS LES ANNÉES 1970, TISSOT AVAIT OSÉ LA MONTRE ENTIÈREMENT SYNTHÉTIQUE.

Enième retour du plastique ______ LUC-OLIVIER ERARD ●

En 2015, Swatch prenait à bras le corps la quatrième révolution industrielle en lançant la production d’une montre mécanique automatique produite sur une ligne presque entièrement automatisée.

La system51 n’a que 51 pièces et, vendue 200 francs, coûte pratiquement cinq fois moins que la deuxième montre mécanique suisse la moins chère. A Neuchâtel en début d’automne, la conférence Micro16 a réuni des spécia-

listes des microtechniques et de la précision. Thierry Conus, responsable du développement des mouvements mécaniques du groupe Swatch, a donné un exposé aussi rare que passionnant: il s’agissait de décrire une partie du travail nécessaire pour adapter un produit aussi traditionnel que la montre mécanique à une production sur une ligne automatisée. La montre étant faite presque sans vis pour diminuer son nombre de pièces, il a notamment fallu trouver un moyen de régler la marche du balancier de manière automatisée, sachant qu’il serait exclu de rouvrir la montre pour la régler. Le balancier a donc été légèrement «surdimensionné» lors de l’usinage, pour prévoir un réglage par abrasion au laser.

LE PRÉCÉDENT DE L’ASTROLON La System51 a une autre particularité: sa roue d’échappement et son ancre son en matière synthétique. Une «innovation» qui n’est pas entièrement inédite, comme le rappelle Sylvian Aubry: «Dans les années 70, Tissot (Groupe Swatch) a sorti une montre révolutionnaire entièrement en plastique, l’Astrolon. Assomée par l’arrivée des montres à quartz, elle a disparu du marché en quelques années». Le groupe biennois a acquis avec cette expérience puis surtout avec la Swatch un savoir-faire qu’on dit inégalé (et bien gardé) en matière d’injection de plastique, qui permet des formes très difficiles à réaliser avec d’autres matériaux. }

GEORGE GRAHAM (1673-1751) ET THOMAS MUDGE (1717 - 1794) George Graham est le premier à placer sur ses montres une aiguille des secondes indépendante. Il a aussi conçu de nombreux instruments d’astrologie. Son intérêt pour la précision sert notamment le soutien qu’il apporte à John Harrison qui comme lui travaille à déterminer les longitudes à l’aide d’une horloge de précision embarquée sur un navire. En 1715, il invente un échappement à ancre pour horloges. L’un de ses élèves, Thomas Mudge est d’abord un aprenti de George Graham. En 1750, il réalise

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une montre à répétition minute pour Ferdinan VI d’Espagne. Son chronomètre construit en 1777 remporta un concours de chronométrie où il ne fut pas battu pendant près d’un siècle. Autour de 1755, il réalise la première montre à échappement libre. Elle lui sera achetée par George III. Elle aurait été destinée à la reine Charlotte, grand-mère de la reine Victoria, fait toujours partie des joyaux de la couronne, et est considérée comme une des montres les plus importantes de l’histoire de l’horlogerie.


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