Anonyme, le livre voyageur

Page 151

diluaient, puis se recomposaient, au gré des effets de lumière… Il resta, sans bouger, durant un long moment. Il parcourait du regard un univers où rien ne pouvait se décrire… Où les mots perdaient tout sens. » - Tu rêves ?… Chantal avait remarqué mon départ pour une destination où je ne l’invitais pas. Elle souleva le pied glissé sous ma jambe et le déplaça latéralement. Elle me ramenait à elle. La feuille gisait sur la table ; elle ne lut pas ce que j’y avais écrit.

- Je voudrais une cigarette. - Où sont-elles ? - Dans mon sac, à l’entrée. J’allai chercher son sac et le lui tendis.

- Je t’ai demandé une cigarette, pas mon sac. Elle la porta à ses lèvres, et fit un mouvement du pouce allumant un briquet virtuel.

- Dans la cuisine ? lui demandai-je. - Je ne sais pas, cherche… Elle me tendit sa cigarette. Je me rendis à la cuisine, et me servis de l’allume-gaz de la cuisinière. La pièce, petite et très propre, était bien rangée. Face au plan de travail, une petite table carrée, placée contre un mur, était flanquée d’une chaise célibataire. Je m’assis sur le bord de la table, et tirai quelques bouffées. Le tabac était fort, et plutôt agréable à l’odorat. Je parcourus la cuisine du regard. C’était un lieu impersonnel sans objet particulier. La couleur beige des portes des placards accentuait encore cette impression de froideur. Je sortis, empruntai le couloir vers la gauche et la rejoignis au salon. Je me rassis à côté d’elle. Elle me demanda :

- Comment tu me trouves ? - Je ne te connais pas, je ne peux pas te répondre. - Je voudrais que tu t’en ailles… - Tout de suite ?

- 151 -


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.