Anonyme, le livre voyageur

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Cinquante degrés nord L’artiste paraissait petit sur la scène. J’étais assise vers le fond de la salle, ce qui m’a empêché d’être vraiment dans le spectacle. J’avais déjà vu cette version du one man show des mois auparavant. J’ai eu donc l’impression de revivre les mêmes sensations malgré quelques nouveaux sketches, plus d’actualité. Après le spectacle, on a eu envie de boire un verre au bar. Une découverte pour moi. Très accueillant, le théâtre offre des zakouski (saumon, charcuteries, fromages et pains divers). On boit un verre, on grignote, on rencontre des gens, on papote. Depuis le bar, dans la salle, un attroupement se forme. Etant curieuse de nature, je quitte le bar et m’approche d’un groupe de gens qui entourent l’artiste, des femmes surtout. J’ai mon appareil photo avec moi et je fais quelques instantanés, sans que ce soit particulièrement discret, mais sans utiliser le flash. Une femme vient me trouver, me demandant de la photographier avec l’artiste. Je joue le jeu. J’échange quelques phrases avec lui. Les femmes prennent congé alors que nous continuons notre conversation. Une copine passe par là, je la présente, on discute tous les trois. L’artiste me demande de faire des photos de lui et d’un jeune maghrébin de Lille qui a passé l’après-midi dans sa loge à lui montrer des textes. J’accepte en trouvant ça gai et excitant. Le temps passe, il se fait tard, quand je l’entends parler avec trois de ses techniciens, et dire qu’ils ont besoin d’un taxi pour rentrer à l’hôtel. Je leur propose de les ramener. Je suis venue en voiture avec une copine, il me reste trois places. Mais ils sont trop nombreux. Quelqu’un d’autre propose une voiture aux techniciens et nous ramenons l’artiste dans ma voiture. C’est un peu magique : il est deux heures du matin, on est très détendus, qui pouvait prévoir en début de soirée que je jouerais au taxi pour un artiste populaire ? Il faut vivre le moment présent, c’est le “Ici et Maintenant”. Pourquoi se poser des questions, on y va, je suis là, il cherche une voiture, je la lui propose et on rentre à trois. Tant qu’on y est, je lui présente Bruxelles by night : au lieu de prendre le chemin le plus direct, je tourne dans la ville afin de lui montrer quelques endroits qu’il ne connaissait absolument pas, malgré le fait qu’il vient jouer dans notre ville depuis quarante ans déjà. L’arrière du Cinquantenaire, le Rond-Point Schuman, le Berlaimont (il a détesté), la rue de la Loi, éclairée tous les vingt mètres à deux heures du matin alors qu’il n’y a

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