Hors-série-récolte-aout2018

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OUEST

SUPPLÉMENT

R É C O LT E JUILLET-AOÛT 2018 • entraid.com

x

rayons s

SUPPLÉMENT AU N° 469

Ne peut être vendu séparément

ISSN 031 197 - CPPAP 0921T80761

l'ensilage aux

Réussir un fourrage de qualité New Holland FR 480 Claas Jaguar 840 et 940 John Deere 8300


+20 % DE PERFORMANCE

UNE 5 SECOUEURS AVEC LES PERFORMANCE D'UNE 6 SECOUEURS Notre dernière moissonneuse-batteuse de la série T offre jusqu'à 20 % de performances en plus. « En termes de capacité de rendement, le T560i à 5 secoueurs affichait de bons résultats face à une machine à 6 secoueurs de la gamme précédente. » Magazine Profi*. Donc, vous obtenez la performance d'une moissonneuse-batteuse à 6 secoueurs dans une machine n'en comportant que 5. Et, vous avez les avantages d'une machine plus étroite pour une meilleure manœuvrabilité dans les petites parcelles et sur les routes étroites.

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Il est temps de profiter d'une plus grande efficacité !

L E S M E IL L EU R E S P E R F O R M A N C E S . O N VO U S E N O F F R E T O U J O U R S P L U S ! *Magazine Profi juillet 2018, profi.com


Direction l’ensilage Bienvenue dans le monde de l’ensilage. Au programme de ce supplément, des machines, des euros, des dates et des vaches. Il cultive les spécificités de la ligne Entraid à travers son approche économique concernant le choix des machines et l’information technique coproduite avec Arvalis - Institut du Végétal. Direction les rayons X Ensileuses dans la première partie de ce magazine. Quatre machines sont à l’étude de la moulinette économique de la rédaction. John Deere 8300, Claas Jaguar 840 et 940 et New Holland FR 480, la rédaction vous dit combien elles coûtent sur sept années d’utilisation. Une donnée exclusive que vous ne trouvez que dans Entraid. Le deuxième volet de ce numéro d’août est consacré à l’ensilage. À quel moment récolter pour être au bon stade de maturité ? Que pensez du Schredlage ? Comment bien construire la ration de son troupeau à partir de son maïs ? Autant de questions prédominantes pour optimiser les rations et la production laitière. Bonne lecture.  n Pierre Criado

Rayons X 06 l quatre ensileuses aux rayons X 10 l Claas Jaguar 840 : la petite se porte bien 12 l Claas Jaguar 940 : une valeur sûre 14 l New Holland FR480 : maniable et sobre 16 l John Deere 8300 : nouvelle génération

Avis 18 l Fendt Katana 65 : elle doit faire ses preuves 20 l Krone Big X 580 : facile à vivre

Ensilage de maïs 22 l le pourquoi d’un bon compromis 23 l bâtir une ration à base de maïs ensilé 26 l chantier : la cuma l’Avenir prend le temps 28 l l’ensilage commence, préparez-vous ! 30 l l’ensileuse embarque ses capteurs MS

Sur entraid.com En parallèle de ce supplément Récolte, entraid.com se mobilise pour que votre ensilage 2018 soit un succès. Régulièrement, les cartes de début de chantiers communiquées par Avalis y seront actualisées. Retrouvez d’autres témoignages d’éleveurs qui rappellent que la bonne date est dans le grain et qui s’organisent pour une récolte déclenchée au bon stade. Et bien sûr, des reportages au cœur des chantiers d’ensilage.  n

32 l chantier pro pour éleveurs pro 34 l shredlage ou l’ensilage de maïs en brins longs 36 l les brins et la campagne sont rallongés Revue éditée par la SCIC Entraid’, SA au capital de 45 280 €. RCS : B 333 352 888. Siège social 73, rue St-Brieuc, CS 56 520, 35065 Rennes cx. ( 02 99 54 63 12) Siège administratif ( 05 62 19 18 88) PDG et Directeur de la publication L. Vermeulen Directeur général délégué J. Monteil Directeur de la rédaction P. Criado - p.criado@entraid.com Responsable Marketing M. Fabre - m.fabre@entraid. com Chefs de publicité A. Godefroy - a.godefroy@entraid.com, J. Caillard - j.caillard@entraid.com Ont participé à la rédaction de ce numéro : P. Bordeau, P.-J. Delorme, M. Freulon, R. Lombard, B. Carpentier, A. Férard, A. Uijttewaal, S. Chapuis, N. Hamiti Studio de fabrication D. Bucheron, I. Mayer, M.-J. Milan, C. Tresin, M. Masson (05 62 19 18 88) - studio.toulouse@entraid.com PromotionAbonnement F. Cescato (06 07 22 57 29), J. Bramardi (05 62 19 18 88). Principaux actionnaires : Frcuma Ouest, Association des salariés, Fncuma, autres Frcuma et Fdcuma, Association des lecteurs. Impression Corlet Roto - Provenance papier : Allemagne - Taux de fibres recyclées : 0 % - PEFC - Eutrophisation : 0,010 kg/t. Abonnement 1 an : 62,50 € - Tarif au N° : 8 € Toute reproduction interdite sans autorisation et mention d’origine. www.entraid.com Est joint à ce numéro un encart de 4 pages Rousseau destiné à nos lecteurs adhérents d’une cuma ayant une activité taille-haie.

juillet-août 2018 1 Entraid’ 05


4

r ayons x I ensileuses

ensileuses aux rayons

New Holland FR 480

Claas Jaguar 940 Claas Jaguar 840

06 Entraid’ 1 juillet-août 2018


Ce mois-ci, Entraid’ propose de nouveau à ses lecteurs une immersion dans les données des cuma avec un dossier « rayons X » consacré, cette fois, aux ensileuses. Quel est leur coût réel ? Réponses et commentaires. Par Pierre Criado, Pascal Bordeau, Pierre-Joseph Delorme, Matthieu Freulon, Nassim Hamiti et Stéphane Chapuis

Dans ce dossier, la rédaction vous propose de retrouver l’analyse économique du coût d’utilisation de 4 ensileuses.

R

ayons X, c’est le terme retenu par Entraid’ pour désigner une approche économique inédite dans l’analyse du coût des matériels agricoles. Elle part des comptabilités des cuma mais les enseignements qu’on peut en tirer, concernent aussi les agriculteurs à titre individuel ou les entrepreneurs. L’analyse économique qui en découle, s’apparente en quelque sorte à connaître ce facteur X, synonyme de performances techniques, économiques et de rentabilité. En un mot : le coût de détention de son matériel.

Le coût de détention, ce facteur X

John Deere 8300

Les critères étudiés dans les pages qui suivent, sont les mêmes pour l’ensemble des ensileuses. Ils sont toutefois difficilement comparables car les machines choisies n’ont pas exactement les mêmes caractéristiques et niveaux d’équipements. Nous nous sommes concentrés sur les trois marques les plus achetées dans les cuma aux cours de ces dernières années : Claas, John Deere et New Holland. Le choix du modèle dans chaque marque, au sein de ceux qui offraient un effectif suffisant, a été opéré de manière à ce que l’ensemble reste dans une tranche de puissance cohérente. Toutefois, comme la composition des gammes diffère d’une marque à l’autre, il subsiste forcément une certaine diversité. À retenir pour l’analyse et la suite de ce dossier pour éviter les conclusions hâtives ! L’enjeu ici est de présenter, pour chacune des ensileuses identifiées, ce que la rédac-

tion appelle le coût de détention. Autrement dit, le coût complet d’utilisation de la machine sur 7 ans de fonctionnement, de l’achat à la revente (hors assurance, remisage, etc.). La rédaction retient aussi l’hypothèse d’un volume annuel moyen de 220 heures d’utilisation, proche de celui constaté pour l’échantillon étudié dans le calcul de décote, incluant un mix entre maïs et herbe rencontré fréquemment sur le terrain.

Un calcul sur 7 ans

Ce coût de détention se compose de quatre postes : la perte de valeur ou décote de la machine liée notamment à son vieillissement (valeur d’achat neuf - valeur de revente à 7 ans) ; son coût d’entretien ; sa consommation moyenne en carburant ; les frais financiers théoriques liés à l’investissement. Ce coût lié à la machine ne prend pas en compte le coût de la main-d’œuvre et les frais d’assurance et de remisage. Le coût de détention est une estimation prévisionnelle qui s’appuie sur l’historique des valeurs constatées du parc matériel du réseau cuma en France. Ainsi, nous avons veillé à rapprocher les modèles actuels des modèles historiques. Les frais financiers sont calculés en appliquant un taux annuel de 0,62 % (Indice OAT 10 ans) sur le capital mobilisé et financé à 100 % pour acheter une machine neuve et le prix de revente prévisionnelle constatée à partir de la décote de notre échantillon. Il est ainsi proche des pratiques terrain, avec un taux souvent plus important sur de longues durées, mais compensé par un autofinancement partiel du matériel (notamment par les

juillet-août 2018 1 Entraid’ 07


r ayons x I ensileuses

reprises). Cette méthodologie de calcul est utilisée dans le logiciel de diagnostic de charges de mécanisation MécaGest Pro. Les prix moyens d’achat actuels des ensileuses présentées ici sont issus d’un travail d’enquête qui prend en compte le niveau d’équipement, l’impact de la reprise d’une machine précédente dans les transactions, ainsi que d’autres critères comme la zone géographique, la part de négociation et la date d’achat. Pour homogénéiser les informations, nous avons estimé le prix moyen réel d’une machine nue, auquel nous avons ajouté une valeur moyenne constatée pour intégrer l’indispensable cueilleur à maïs. En fonction des marques et des équipements, les valeurs de becs retenues sont 50 000 € pour un 6 rangs (moyenne toutes marques), 54 000 € pour un bec 8 rangs Orbis, 70 000 € pour un 8 rangs Kemper et 80 000 € pour un 10 rangs Orbis.

La valeur de décote des marques

Les données de décote sont issues des comptabilités des cuma, traitées et analysées. Elles permettent, grâce aux 283 ensileuses retenues, d’établir des courbes de décote par marques les plus représentées et de définir une tendance globale à laquelle on peut se référer. Nous n’avons retenu que des machines achetées neuves. La durée de décote retenue est de 7 ans. L’échantillon est composé de 283 ensileuses, d’une puissance moyenne de 418 ch et allant de 345 à 623 ch pour les plus représentées. Elles sont achetées neuves et revendues entre 2011 et 2017. Il s’agit d’une estimation théorique constatée en fonction de l’âge, inhérente à la marque et non au modèle, étudiée dans ce dossier. Elle sert à dégager une tendance réaliste du marché.

La consommation en carburant

Contrairement aux mesures banc d’essai moteur pour les tracteurs, il existe très peu de références de valeurs de consommation mesurées sur le terrain de manière indépendante pour les ensileuses. En outre, vu que les conditions de

08 Entraid’ 1 juillet-août 2018

comment lire  la fiche

Coût de détention = (valeur achat valeur vente) + coût entretien + consommation + frais financiers

Données issues des GPR sur un échantillon de 526 ensileuses.

Prix moyen déterminé suite à l’enquête de terrain.

récolte impactent la consommation du GNR, il serait difficile de faire appel à des témoignages d’agriculteurs qui pourraient induire des différences entre modèles non fiables. C’est pourquoi les données de consommation de carburant sont issues d’un calcul théorique, identique pour toutes les marques. Il est calculé sur la base de 0,16 litre par cheval et par heure, à un taux de charge de 75 %. Il s’élève par exemple à 80 l/h pour une machine de 500 ch de puissance maximale. Le coût du GNR a pour sa part été estimé sur la base de 0,75 €/l, TIC déduite.

Le coût d’entretien

Ces chiffres sont issus des synthèses obtenues à partir des derniers guides prix de revient de l’ensemble de la France. Ils concernent

Valeur de décote basée sur un échantillon de 283 ensileuses d’une puissance de 345 à 623 ch.

De haut en bas, Stéphane Chapuis, et Nassim Hamiti, respectivement responsable et chargé de mission au pôle agroéquipement de la Fncuma. La rédaction a travaillé en étroite collaboration avec eux pour traiter et analyser l’ensemble des données présentées dans ce dossier.

un panel de 526 ensileuses achetées neuves dans le parc Cuma avec une utilisation moyenne annuelle de 200 heures par an au rotor. Elles comprennent le coût des pièces et de la main-d’œuvre (hors remboursements des garanties assurances) inhérent à l’ensileuse comme à ses équipements de récolte (bec à maïs et pick-up à herbe). Comme pour la partie décote, le coût d’entretien, attribué au modèle étudié dans ce dossier, est une estimation théorique, liée à l’historique constaté de la marque dans les références du parc des cuma. Il s’agit de ressortir une tendance réaliste du marché.  n


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juillet-août 2018 1 Entraid’ 9


r ayons X I claas jaguar 840

la petite se porte bien Avec une puissance maxi de 408 ch, la Claas Jaguar 840 est la plus petite de nos quatre ensileuses automotrices étudiées. Elle affiche logiquement le coût de détention le plus bas en valeur absolue. A puissance égale, elle tient une place très honorable. Les utilisateurs lui trouvent peu de défauts.

coût de détention : 270 114 €

28% carburant

La moins chère mais la moins puissante des quatre modèles étudiés dans ce dossier. Selon nos calculs, le coût de détention d’un ensileuse Claas Jaguar 840 avec bec 6 rangs, % acquise pour 238 000 €, s’élève à 270 114 € sur 7 ans. Soit un coût unitaire ramené à l’heure entretien de rotor de 175 €. Précisons que les machines enquêtées pour définir le prix d’achat réel se trouvent majoritairement équipées en bec Kemper, plus cher que l’Orbis. Il s’agit du coût le plus faible sur les quatre machines étudiées dans ce dossier mais la Jaguar 840 est aussi la moins puissante. Ramené à la puissance, le coût unitaire s’avère en revanche pile dans la moyenne. Avec un bec 8 rangs, 20 000 € plus cher qu’un 6 rangs, on passerait à 183 €/h pour le même volume de travail, fixé dans nos hypothèses à 220 heures de rotor par an. Et avec un pick-up large à 30 000 € en plus du bec 6 rangs, le coût unitaire monterait à 187 €/h, à nombre d’heures de rotor égal. On peut ensuite émettre des hypothèses sur d’autres volumes d’activité, sachant que 220 heures représente déjà un chiffre important. La décote pèse 49 % du total du coût de détention d’une Jaguar 840, devant le carburant, 28 % et l’entretien, 20 %.  n

20

3frais%

financiers

49%

décote

Avis d’utilisateur : elle fait le job

équipements des cuma enquêtées 6 rangs

8 rangs

Cueilleur à maïs 10%

90%

Pont arrière moteur Incorporateur de conservateur

70% 20%

Graissage centralisé Remplissage auto remorque

70% 50%

Prix d’achat (avec un bec 6 rangs)

€ 214 000

238 000 €

10 Entraid’ 1 juillet-août 2018

€ 270 000

Dans la dizaine de cuma interrogée, les interlocuteurs s’avouent globalement satisfait de la Claas Jaguar 840, sous différents aspects : confort, performances, entretien. Sur ce dernier point, l’option graissage centralisé est fortement recommandée. Côté qualité de hachage, un responsable regrette un trou dans la plage de longueurs de coupe avec le rotor 24 couteaux. Et en matière d’éclateur, un chauffeur souligne que l’important est de savoir ralentir le débit quand on souhaite un résultat plus fin. Pour le travail au champ, un témoin regrette le manque de garde au sol, et un autre un surpoids à l’avant en 2RM. Le remplissage automatique de remorques Autofill ou Optifill est plutôt apprécié, même s’il trouve ses limites en atmosphère poussiéreuse, avec un flux de fourrage irrégulier ou face au soleil rasant. En cabine, tous parlent de confort et de visibilité. Un bémol : l’écran de la console peut gêner la vue sur l’extrémité d’un pick-up large. Enfin, dans une cuma adepte du télégonflage, les utilisateurs soulignent la supériorité du système intégré à l’essieu, par rapport au rétro-équipement qui se traduit par des tuyaux qui dépassent du gabarit.  n


Entretien : bien placée En valeur brute, la série Claas 800 affiche le plus bas niveau de frais d’entretien de notre panel, 35 €/h en moyenne sur 7 ans. Soit 14 % de moins que la moyenne. L’écart est surtout marqué en début de carrière, avec 29 % de moins que la moyenne la première année. L’écart se réduit ensuite à 18 % puis 11 %. Cette famille est aussi la moins puissante des quatre, ce qui contribue à creuser l’écart. Si on ramène le coût d’entretien aux 100 ch, la position reste favorable, avec 9,10 €/100 ch contre 9,40 en moyenne.  n

en €/h

Evolution du coût d’entretien

60

50 40 30 20 10

< 1 ans

1-3 ans 3-5 ans n Claas n Toutes marques

5-7 ans

décote : un point au-dessus Evolution de la valeur 90

en %

70

63 52

50 30

44

1

2

3

4

5

6

7 ans

n Claas n Toutes marques La décote calculée de la Claas Jaguar 840 suit la moyenne à 1 point près, au-dessus. Au bout de 3 ans, une machine achetée 238 000 € vaut encore 149 940 €. à 5 ans, ce chiffre descend à 123 760 €. Et au terme des 7 ans, notre Claas conserve 44 % de sa valeur d’origine, contre 43 % pour l’ensemble. Soit une valeur résiduelle de 104 720 €.  n

juillet-août 2018 1 Entraid’ 11


r ayons X I claas jaguar 940

valeur sûre Animée par un moteur de 516 ch (ECE R120) et équipée, dans les cuma, de bec 8 et 10 rangs, la Claas Jaguar 940 est le modèle le plus imposant de notre dossier.

coût de détention : 331 154 €

29 % carburant

3  % frais

financiers

Selon nos calculs, l’utilisation d’une ensileuse Claas Jaguar 940, équipée d’un bec Orbis 8 rangs (achetée en moyenne 322 000 € HT), vous coûtera au total sur 7 campagnes % 331 154 €. Soit 215 € par heure rotor avec l’hypothèse d’un volume d’utilisation de entretien 220 heures par an. Dans le détail, le coût de détention se compose de la façon suivante : la décote pour 46 %, le carburant pour 29 %, l’entretien pour 22 % et les frais financiers pour 3 %. Ce n’est pas une surprise, de par son positionnement et sa puissance, cette ensileuse est la plus chère à l’achat de notre dossier et aussi celle demandant le plus gros budget en carburant. C’est aussi celle qui affiche le coût d’entretien le plus important. Mais, en contrepartie, sa décote est la plus faible du dossier et si l’on ramène le coût de détention à la puissance, on obtient un ratio de 42 € par tranche de 100 ch par heure. A noter : dans le cas où la Jaguar 940 est équipée d’un bec 10 rangs, le prix moyen d’achat progresse à 347 000 € HT et le coût de détention s’affiche à 223 € par heure rotor.  n

22

46 % décote

avis d’utilisateurs : simple et efficace

équipements des cuma enquêtées 8 rangs

70%

Cueilleur à maïs Pont arrière moteur

oui

40%

Incorporateur de conservateur Graissage centralisé Remplissage auto remorque

10 rangs

30%

non

60%

100% de série oui

40%

non

60%

Prix d’achat (avec bec 8 rangs)

€ 295 000

317 000 €

12 Entraid’ 1 juillet-août 2018

€ 335 000

Au global, la Claas Jaguar 940 est appréciée dans les cuma interrogées. C’est d’abord sa simplicité qui séduit. D’une part, elle est facile à prendre à main et à paramétrer, avec une ergonomie soignée en cabine et des commandes qui tombent bien sous la main. D’autre part, il est aisé de l’entretenir grâce à sa cinématique simple, le bon accès aux différents organes de la machine et son graissage centralisé. Le confort et la bonne visibilité en cabine ont également été soulignés lors des différents entretiens, ainsi que la fiabilité générale de ce modèle. Au champ, la Jaguar 940 se révèle plutôt compacte pour sa catégorie et maniable pour les détourages et les demi-tours. La productivité est également au rendez-vous : avec elle, les cuma affichent des débits de chantier de 2 à 3,5 ha/h au maïs et jusqu’à 7 ha/h à l’herbe (grosse variabilité selon la taille des andains). Concernant l’appétit du 6 cylindres Mercedes de 12,8 litres de cylindrée, les chauffeurs ont relevé des consommations de 25 à 30 l/ha au maïs et de 10 à 15 l/ha à l’herbe. La qualité de coupe est aussi jugée satisfaisante, avec cependant un bémol lorsque les maïs sont pyralés ou couchés. « La Jaguar 940 est une athlète : elle est très performante mais n’apprécie pas les maïs imparfaits. » Côté équipements, si 40 % des cuma interrogées ont opté pour le système Auto Fill de commande automatique de la goulotte, l’injecteur de conservateurs est, quant à lui, un incontournable (100 % des machines équipées).   n


Entretien : la performance a un prix Avec une valeur brute de 47,90 €/h en moyenne sur 7 ans, la Jaguar 940 a un haut niveau de frais d’entretien (18 % de plus que la moyenne toutes marques confondues). On note cependant que cet écart diminue au fil de la vie de l’ensileuse : de +28 % la première année à +17 % sur la période 5-7 ans. « La performance a un prix », avait conclu lors des entretiens un responsable de cuma. Ce coût d’entretien est toutefois contrebalancé par le bon vieillissement de la machine (respectivement 22 et 46 % du coût de détention).  n en €/h

Evolution du coût d’entretien

Evolution de la valeur 90

en %

70

68 59 53

50 30

1

2

3

4

5

6

7 ans

n Claas n Toutes marques

60 50 40 30 20 10

décote : elle vieillit comme le bon vin

< 1 ans

1-3 ans 3-5 ans n Claas n Toutes marques

5-7 ans

Le poste de charges le plus important du coût de détention (46 %). La Jaguar 940 est imbattable sur ce terrain ! C’est non seulement la machine la mieux positionnée mais l’écart avec la valeur moyenne progresse au fil du temps (de +3 % à 1 an, à +10 % à partir de la 6e année). La Jaguar 940 est la plus coûteuse de notre dossier à l’achat, mais c’est aussi celle qui offre la meilleure valeur résiduelle (56% à 6 ans, la seule à valoir encore plus de la moitié de son prix d’achat).  n

juillet-août 2018 1 Entraid’ 13


r ayons X I new holland fr480

maniable et sobre L’ensileuse New Holland FR 480 avec ses 476 ch est la plus petite de la gamme Forage Cruiser qui comporte 5 modèles allant jusqu’à 911 ch. Même si elle est appréciée par les utilisateurs et affiche un coût d’entretien bas, elle conserve une valeur de revente faible.

coût de détention : 331 732 €

27 % carburant

3  % frais

financiers

331 732 € sur 7 ans, avec une moyenne de 220 h de rotor par campagne. Ce chiffre représente le coût moyen d’une ensileuse New-Holland FR 480 d’une valeur d’achat moyenne de 282 000 €, comprenant le prix moyen suivant les options de la machine nue % entretien (212 000 €) et l’achat d’un bec maïs 8 rangs (70 000 €). Cette estimation se décompose en 4 postes : • les charges fixes liées au vieillissement de la machine et de son équipement représentent 54,5 % du coût de détention, soit un peu plus de 180 000 €. Ce chiffre équivaut à la différence entre la valeur d’achat neuf (282 000 €) et la valeur de revente (102 000 €) au bout de 7 ans ; • le second poste de charges est la consommation de carburant, qui représente 26,5 % du coût de détention avec 87 965 €. Elle est définie avec un prix du litre de GNR à 0,75 € et une consommation fixée à 70 l/h rotor. • les frais d’entretien représentent le troisième poste avec 16,5 % du coût de détention, soit 54 965 €. Cela revient à un coût de 35,7 €/h rotor sur 7 ans. • les frais financiers, avec 8 322 €, représentent 2,5 % du coût de détention. Au final sur 7 ans, le coût de détention à l’heure rotor est estimé à 215 €. Un chiffre surtout très influencé par la décote de la machine.  n %

16

54

décote

équipements des cuma enquêtées 8 rangs

80%

4 roues motrices

50%

HD Proline, tôle haute resistance Remplissage auto remorque

6 rangs

80% 20%

Cueilleur à maïs

Incorporateur de conservateur

avis d’utilisateurs : satisfaisante

60% 40%

Prix d’achat (avec bec 8 rangs)

€ 263 000

282 000 €

14 Entraid’ 1 juillet-août 2018

€ 303 000

« Un gabarit imposant mais une maniabilité hors pair. » C’est en général la première remarque des adhérents ou salariés des cuma interrogées et qui sont généralement satisfait de la FR 480. Un regret pourtant concerne l’absence sur ce modèle de l’option TerraLock permettant de désengager le pont arrière suivant l’angle de braquage et qui permet de gagner encore en manœuvrabilité. Le confort de la cabine et la bonne visibilité vers l’arrière sont très appréciés, surtout pour les adeptes de la marque qui retrouvent à l’intérieur le même écran que sur les moissonneuses batteuses. Pour ce qui est de la qualité du travail, rien à redire, que ce soit à l’herbe ou au maïs, « il faut savoir fouiller dans les réglages. » Une seule machine est arrivée avec une mauvaise configuration, la commande en cabine permettant de régler l’écartement des rouleaux éclateurs était inversée, mais la panique n’a pas duré longtemps. Concernant l’entretien, le graissage centralisé de série est apprécié. En revanche, une fois ouverts, les grands capots latéraux ne sont pas évidents à fermer, « il faut mesurer au moins 1,80 m ou installer des sangles pour faciliter la fermeture. » Un bon point décerné par les chauffeurs concerne aussi la consommation qui peut dans certains cas être inférieure de 20 % par rapport au modèle remplacé à puissance égale.  n


Entretien : pic entre 3 et 5 ans La FR 480 affiche un coût d’entretien parmi les plus bas avec 35,69 €/h rotor sur 7 ans contre en moyenne plus de 40 €/h rotor, la moyenne toutes marques. Particulièrement bas durant les 3 premières années avec 24 €/h, ce coût d’entretien bondit à près de 49 €/h pour ainsi se retrouver dans la moyenne. Plus surprenant, le coût retombe à 38,25 € pour les 2 dernières années. Rapporté aux 476 ch de la machine, le coût d’entretien est de 115 €/ch sur 7 ans, le meilleur rapport coût d’entretien par cheval.  n

en €/h

Evolution du coût d’entretien

60

50 40 30 20 10

< 1 ans 1-3 ans 3-5 ans 5-7 ans n New Holland n Toutes marques

décote : une image à redorer Evolution de la valeur 90

en %

70 57

50

45 36

30

1

2

3

4

5

6

7 ans

n New Holland n Toutes marques Point faible de la machine, la FR 480 ne tire pas son épingle du jeu lors de la revente, malgré la satisfaction des utilisateurs interrogés. Au bout de 7 ans, elle aurait une valeur de revente de seulement 36 % de son prix d’achat, soit 101 520 €. Un handicap par rapport aux autres marques dont la valeur de revente moyenne au bout de 7 ans est supérieure à 45 % du prix d’achat.  n

juillet-août 2018 1 Entraid’ 15


r ayons X I john deere 8300

nouvelle génération Avec trois années de recul sur cette nouvelle génération, les retours sont dans l’ensemble positifs. Economiquement, il est encore difficile de prendre du recul.

coût de détention : 346 707 € Commercialisée à partir de 2015, la nouvelle génération d’ensileuses de John Deere série 8000 est en un mot : bodybuildée. Rouleaux, ressorts, rotor, éclateurs… tous les organes de hachage ont été redimensionnés par rapport à l’ancienne génération. La 8300 a une % puissance max de 490 ch ; elle se situe dans le milieu de la gamme et représente aujourd’hui entretien le modèle le plus présent au sein du parc cuma. Son coût de détention serait, d’après nos estimations, d’environ de 319 000 € sur une période d’utilisation de 7 ans, avec une utilisation annuelle d’environ 220 heures rotor. Ramené à l’heure rotor, il est de 225 € ; à l’année il faut compter un peu plus de 45 000 €. La décote de la machine et le coût d’entretien sont à nuancer. La série 8000 est entrée en commercialisation il y a maintenant trois campagnes. Les données étudiées sont un mix de séries 7000 et 8000, et uniquement des 7000 sur les années 4 à 7 ans, par la force des choses. Second point à prendre en compte, les machines étudiées de notre enquête disposent d’équipements haut de gamme : transmission Prodrive, 4 roues motrices, incorporateurs, pneumatiques Axiobib, traitement Duraline, bec à maïs Kemper, qui expliquent un prix d’achat conséquent comparativement aux autres modèles de puissance équivalente. Enfin, en prenant en compte l’acquisition d’un pick-up 4,5 m pour réaliser l’ensilage d’herbe % d’une valeur moyenne estimée d’après notre enquête à 30 000 €, le coût de détention global décote de la machine passe à 365 325 €, soit 237 € par heure rotor.  n

26 %

19

carburant

3  % frais

financiers

52

avis d’utilisateurs : qualité

équipements des 10 cuma enquêtées 8 rangs

100%

Cueilleur à maïs 4 roues motrices

70%

Incorporateur de conservateur

70%

Graissage centralisé Remplissage auto remorque

100% 40%

Prix d’achat (avec bec 8 rangs)

€ 293 000

305 500 €

16 Entraid’ 1 juillet-août 2018

€ 342 000

Tous les agriculteurs interrogés sur la qualité de travail de la nouvelle génération d’ensileuses John Deere sont unanimes : « La qualité de hachage est au rendez-vous » témoigne Damien Cluseau, salarié de la cuma la Fontaine dans les Deux-Sèvres. Sa machine dispose de 48 couteaux, d’un capteur de MS Harvester, et du dispositif de cartographie de rendement. « Par rapport à l’ancienne 7000, l’entretien de la machine est nettement amélioré. Les accès à l’éclateur, à la soufflerie sont beaucoup mieux qu’avant. Même chose pour passer la machine du mode maïs à herbe. Du changement des couteaux aux réglages de la soufflerie, en passant par la dépose de l’éclateur... c’est beaucoup plus pratique et rapide. Il suffit d’une petite journée. » Pour Denis Chauvire, de la cuma des Genets dans le Maine-et-Loire, le débit de chantier est bon. Equipée en 2 roues motrices, transmission Prodrive et en pneumatiques Xeobib, il apprécie le comportement de la machine en conditions fraîches. A la cuma de Blain, c’est plus compliqué. Un problème en lien avec le passage en 4 roues motrices et la transmission Prodrive laisse les éleveurs dubitatifs. En cabine, Thierry Picque, de la cuma de Deaudouville, apprécie la visibilité et la simplicité de réglage des différents éléments. De l’affûtage des couteaux ou du réglage de la longueur de coupe, l’ensemble des réglages s’effectue depuis l’ordinateur de bord. Chaque année, la machine travaille sur 500 à 600 ha qui mixent du maïs et de l’herbe. Les 490 ch et le bec 8 rangs ou les 4,5 m du pick-up herbe assurent un débit de chantier suffisant et adapté aux parcellaires des adhérents de la cuma.  n


Entretien : moyenne haute Les coûts d’entretien de l’ensileuse JD 8300 représentent 19 % du coût de détention de la machine sur 7 ans. Ce qui est dans la moyenne haute pour les ensileuses, même si l’évolution des coûts sur cette période est légèrement supérieure à partir de l’intervalle 1 à 3 ans (cf. histogramme). Sur la première campagne d’utilisation, les coûts d’entretien sont de 19 € de l’heure, 31 € sur l’année 2, et grimpent fortement à plus de 50 € en années 4 et 6. Attention toutefois, l’échantillon sur l’intervalle 3 à 7 ans ne contient que des modèles de la série 7000.  n en €/h

Evolution du coût d’entretien

60 50 40 30 20 10

< 1 ans 1-3 ans 3-5 ans n John Deere n Toutes marques

5-7 ans

décote : l’image peut évoluer 90

Evolution de la valeur

en %

70 61

50

49 41

30

1

2

3

4

5

6

7 ans

n John Deere n Toutes marques D’après nos estimations, après 7 ans d’utilisation, une ensileuse John Deere de série 8300 perd 59 % de sa valeur d’achat (estimé à 305 000 €). Ce qui correspond à une valeur de revente d’environ 125 000 € dans le cadre d’une utilisation annuelle de 220 h rotor. L’évolution de la valeur de l’ensileuse au fil du temps est dans la moyenne, comme un mètre étalon. En année 3, la cote de la machine est de 61 % de la valeur neuve, soit 186 000 €. Au bout de 5 ans, nous constatons que la machine perd 51 % de sa valeur.  n

juillet-août 2018 1 Entraid’ 17


avis I Fendt katana 65

Quelques points d’entretien comme cette transmission sont peu accessibles.

Sur celle-ci, le contre-couteau se règle depuis l’extérieur, alors que l’affûtage est commandé en cabine.

Deuxième saison d’herbe dans la cuma du Siècle (Mayenne).

elle doit faire ses preuves La conduite à la mode Fendt change les habitudes par rapport à l’ancienne John Deere.

L

a cuma du Siècle (Mayenne) réalise sa deuxième saison avec une ensileuse Fendt Katana 65, un modèle 2015 de démonstration. Elle fait la paire avec une ancienne John Deere 7350 pour récolter au total environ 650 ha de maïs et plus de 800 ha d’herbe. C’est une procédure d’appel d’offre qui a amené les responsables à découvrir cette nouvelle machine et à la choisir parmi d’autres plus connues.

18 Entraid’ 1 juillet-août 2018

Encore très peu présente dans les cuma, la Fendt Katana semble bien travailler. On manque en revanche de recul pour juger de son vieillissement. Par Pascal Bordeau

Pas de précipitation

Cette Katana de 650 ch est dotée d’un cueilleur 10 rangs, histoire de bien la charger tout en n’avançant pas trop vite. Les responsables estiment obtenir ainsi une meilleure coupe… et les chauffeurs de benne apprécient. Pour l’herbe, la machine possède un pick-up étroit. Les utilisateurs cultivent l’herbe avec attention. Ils fauchent assez haut afin de pouvoir regrouper 3 andains sans gratter le sol. En procédant ainsi, le préfanage est jugé plus homogène

qu’avec une conditionneuse à tapis. L’achat d’un andaineur latéral est également envisagé pour regrouper 5 andains sur un aller et retour dans les petits rendements.

Un maïs de qualité

Au terme de la première saison de maïs, la qualité de hachage est au rendez-vous pour le président Gérardus De Groot, éleveur laitier. Le système d’ali-

Gerardus De Groot, président de la cuma du Siècle.


+

points forts

•  qualité de hachage •  consommation

à améliorer

_

•  accessibilité •  bruit en cabine

Les chiffres clés L’ensileuse Kanatan 65 de la cuma du Siècle a été achetée 230 000 € (hors bec et pick-up), alors qu’elle affichait 160 h rotor (maïs uniquement). Performances au maïs : 3 ha/h, 88 l/h de Gnr ; à l’herbe : 6,5 ha/h, 57 l/h de Gnr (régime moteur réduit).  n

Pour l’herbe, les andains sont regroupés avec un andaineur.

mentation semble à cet égard bien conçu. Quant aux grains, ils sont réellement pulvérisés comme cela est parfois souhaitable, si on serre fort l’éclateur. Pour les trois adhérents et le salarié qui conduisent, le bilan est plus mitigé. Il faut d’abord changer d’habitudes par rapport à l’autre ensileuse de la cuma, une John Deere. C’est l’inconvénient de changer de marque. Les réponses de l’hydraulique sont également plus lentes. Le gabarit de la Katana

limite sa maniabilité, mais elle se révèle stable et confortable, sauf pour le niveau de bruit. Le passage de l’herbe au maïs est très facile, que ce soit pour escamoter ou démonter l’éclateur. La goulotte est agréable, avec son retour automatique à une position déterminée.

Manque d’accès

Aux yeux de Martial Gastineau, le salarié qui conduit et réalise l’entretien, le principal défaut de la Katana

est l’accès au rotor. Il faut se coucher sous la machine pour entrevoir une partie par une lumière. En démontant une plaque, toujours par en-dessous, on en voit plus, mais pas aussi confortablement que sur les ensileuses concurrentes. D’autres points d’entretien sont également peu accessibles, d’où la recommandation pour Martial Gastineau de prendre l’option graissage automatique.  n

Martial Gastineau, salarié à la Cuma du Siècle.

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14:16 juillet-août 2018 1 22/01/2018 Entraid’ 19


avis I krone big X 580 La Big X 580, ici avec le pickup EasyFlow 300 S, est animée par un 6 cylindres en ligne Mercedes de 15,6 litres de cylindrée (Stage IV / Tier 4 final) de 460 ch.

Une machine facile à vivre En Normandie, dans la Manche, la cuma de Saint Jean-de-Daye a testé en 2014 et 2015, la première ensileuse Krone Big X 580 du territoire français. Un essai qui a abouti en 2016 à l’achat d’une unité de ce modèle. Rencontre avec Arnaud Daprigny, président de la cuma. Par Matthieu Freulon

C

’est une ensileuse compacte pour sa catégorie : sur les chantiers d’herbe, la largeur hors tout de la machine, c’est celle du pick-up (3 m donc pas besoin de voiture pilote). Et au champ, elle passe partout, même en conditions difficiles. Elle est en 4 roues motrices (option) et est chaussée de pneumatiques 800/70 R38 à l’avant et 620/70 R30 à l’arrière avec une garde au sol de 48 cm. Elle est aussi très maniable en bout de champ, le chauffeur ne recule jamais ! », explique Arnaud Daprigny.

20 Entraid’ 1 juillet-août 2018

La cabine est jugée confortable grâce au siège pneumatique et à des commandes qui tombent bien sous la main. Le pare-brise bombé et les capots plongeants offrent une bonne visibilité. On notera cependant un bémol par temps de pluie, à cause d’essuie-glaces « paresseux ».

Un détecteur de métaux très efficace

À l’herbe, la Big X « se comporte très bien » avec une vitesse moyenne d’avancement de 6 km/h dans un andain regroupé de 9 m (et des conditions humides ce jour-là). Le risque de bourrage est limité par le

système VariStream : la table de tambour et la paroi de la soufflerie sont montées sur ressort ce qui permet de conserver une vitesse constante sur un andain irrégulier en absorbant un surplus de matière. À noter par ailleurs, « le détecteur de métaux très efficace ». Un atout pour la cuma qui observe des dégâts importants dans les clôtures (chevreuils) pouvant aboutir à la présence de débris dans l’andain. La satisfaction est également au rendez-vous pour les chantiers de maïs. La cuma apporte toutefois un bémol concernant l’éclatement des grains.

Arnaud Daprigny, président de la cuma de Saint Jeande-Daye (40 adhérents, 365 k€ de chiffre d’affaires).


+

points forts

• efficacité de l’alimentation de l’ensileuse •facilité d’entretien •gabarit compact •confort en cabine

à améliorer

_

• éclatement des grains perfectible • visibilité par temps de pluie (essuie-glaces insuffisants) • capacité du réservoir un peu juste

Les chiffres clés

« Les grains sont coupés en deux, il faudrait au moins les couper en quatre. » Pour pallier cela, une correction sera apportée pour les chantiers 2018 avec une augmentation du taux de friction des rouleaux de l’éclateur (coefficient de friction porté à 30 %). « Nous voulons casser plus le grain sans compromis sur la coupe. » Arnaud Daprigny souligne par ailleurs l’efficacité de la soufflerie, notamment

La longueur de coupe est réglable en continu depuis la cabine sur une plage de 4 à 22 mm (demande du secteur : 12 à 22 mm).

lors des détourages de parcelles. Enfin, pour l’entretien aussi, le mot d’ordre est la simplicité. « L’accessibilité aux différents organes fait partie des points forts de la Big X. Cela facilite vraiment l’entretien. Par

• 12 adhérents pour l’ensilage, 1 chauffeur avec 1 suppléant • 600 ha d’herbe (130 h rotor) et 430 ha de maïs (160 h rotor) par an • Tarif herbe : 280 €/h tout compris (entretien, chauffeur, gnr et adblue) • Tarif maïs : 310 €/h tout compris (entretien, chauffeur, gnr et adblue)  n

exemple, il est possible de déposer la chambre d’alimentation en laissant atteler le pick-up ou le bec, grâce à 2 béquilles. L’accès au rotor est donc rapide. Le graissage est centralisé, derrière l’éclateur. »  n

juillet-août 2018 1 Entraid’ 21


ensilage I enjeu

Le stade «maturité fourrage» est un compromis entre le remplissage du grain et sa maturité, et la qualité de la partie tige + feuilles. Située à ce stade, la récolte conduit à bien combiner qualité des fibres, qualité du grain et rendement.

Le pourq d’un bon

Par Alexis Férard(1)

L

e taux de matière sèche (MS) plante entière est l’indicateur habituel de la maturité en maïs fourrage. Il résulte des rendements et des taux de MS des parties ‘tige + feuilles’ et ‘grain’. L’évolution de la maturité du grain pilote le taux de matière sèche de la plante entière, d’une part parce que le grain prend de plus en plus d’importance dans le rendement de la plante, d’autre part parce que la maturité du grain évolue fortement et est relativement bien liée au cumul de températures. Pendant ce temps, les fibres des parois végétales des tiges et feuilles évoluent aussi : elles sont de plus en plus incrustées de composés indigestibles (lignine). Il est inutile de retarder la date de récolte et d’augmenter la teneur en amidon et en grains. Au-delà de 35 % MS plante entière, des difficultés de conservation peuvent apparaître et le maïs est moins bien valorisé (mauvaise digestion des grains, ration trop riche en amidon…). Le stade 32-33 % MS plante entière est le meilleur compromis entre le rendement (teneur de grains) et la qualité (digestibilité de tiges et des feuilles)

C’est à l’auge que s’évalue la réussite

La qualité du fourrage après conservation est primordiale. Maximiser la quantité de MS sortie du champ n’est pas l’objectif pour un éleveur. Néanmoins, une récolte à un stade trop précoce engendrera une diminution du rendement au champ avec potentiellement des pertes aussi au silo par des écoulements de jus.

22 Entraid’ 1 juillet-août 2018

Au contraire, récolter à 35-38 % MS au lieu de 32-33, permet, quand les conditions sont favorables, de gagner jusqu’à 0,5 à 0,7 t MS/ha. Mais cela dégrade la qualité du fourrage récolté car l’amidon est moins digestible dans le rumen avec une récolte tardive. Aussi la valeur UFL ‘potentielle’ du fourrage, calculée à partir d’une analyse de laboratoire, est surestimée pour les stades de récolte au-delà de 35 % MS.

Plus mûr, moins digestible

En clair, plus un grain est mûr, plus la part d’amidon ‘by-pass’ (qui passe dans le rumen sans être valorisée) est importante. Quel que soit le type de grain (corné +/- denté), la dégradabilité ruminale de l’amidon diminue avec sa maturité, en sachant que récolté au stade 32-35 % MS avec un bon éclatement des grains, l’amidon d’un ensilage de maïs sera aussi dégradable pour des hybrides

de types cornés que dentés.En fin de cycle, la digestibilité de la partie végétative (fibres NDF notamment) peut brusquement se dégrader sous l’influence de la sénescence de la plante et de la dégradation des conditions de végétation. Il n’y a alors aucun intérêt à attendre pour récolter. Lorsque la récolte est effectuée à 38 % MS contre 33 % MS, l’impact direct de cette moindre digestibilité des fibres NDF est évalué à 0,4 kg de lait. De plus, la modification de la composition chimique de la plante, liée à sa maturité nécessite de revoir le rationnement pour limiter le risque d’acidose lié à l’augmentation de la teneur en amidon du maïs. Enfin, une récolte avec un taux de MS élevé (>35%MS) augmente les risques de pertes : mauvaise conservation au silo, reprise de fermentation sur le front d’attaque au moment du désilage.  n (1) Arvalis - Institut du Végétal


q uoi compromis

Le maïs prépare son épi. C’est lui qui, bien caché au cœur de la végétation, pilote le taux de matière sèche de la plante entière. C’est donc l’évolution de sa maturité que l’éleveur doit prendre en compte pour réussir à caler la bonne date de son ensilage.

Bâtir une ration à base de maïs ensilé Dans les rations à base de maïs fourrage récolté en plante entière, le rationnement se raisonne en considérant le maïs comme le fourrage qui contribuera le plus à l’apport total d’énergie et à l’apport de fibres nécessaire à la rumination (NDF). Les apports complémentaires de fourrage et de concentrés sont surtout destinés à équilibrer les rations, notamment sur l’apport protéique.

L

es caractéristiques de nombreux fourrages et aliments concentrés ne permettent pas d’équilibrer au plus juste des rations lorsqu’ils sont distribués en aliment unique. Ainsi, le maïs, fréquemment fourrage de base de la ration, n’est jamais distribué seul à des vaches laitières parce qu’il est déficitaire en protéines, en minéraux et en vitamines. De plus, sa valeur PDIN est toujours inférieure à la valeur PDIE. Pour être bien valorisé, il doit donc au minimum être associé à un correcteur azoté, minéral et vitaminique. Les proportions de fibres digestible et d’amidon d’un maïs fourrage déterminent son type de profil énergé-

tique et donc son utilisation finale : l’alimentation de vaches laitières et de bovins à l’engraissement, avec ou sans adjonction d’un fourrage complémentaire dans la ration. Le choix du type de profil énergétique de maïs fourrage s’effectue lors du choix variétal mais aussi avec le stade de récolte. Ce choix diffère selon qu’il est destiné à des vaches laitières ou de jeunes bovins à l’engraissement, et selon le souhait ou non d’introduire de l’herbe dans la ration. L’incorporation dans la ration d’un fourrage complémentaire au maïs, de type herbe, est à considérer pour valoriser au mieux l’ensemble d’un système fourrager. En effet, ce complément d’herbe en-

juillet-août 2018 1 Entraid’ 23


ensilage I enjeu silée ou enrubannée permet d’ajuster une ration où l’apport de maïs, très riche en amidon, risque de compromettre l’équilibre ruminal et la santé des animaux. Il s’agit là de diluer la teneur en amidon de la ration globale des vaches laitières pour rester sous le seuil de 22-25 % d’amidon total. Avec ce fourrage complémentaire, l’éleveur peut aussi diminuer la part de maïs et réduire sa consommation de correcteur azoté. Utiliser ainsi les ressources riches en azote issues de l’exploitation est un levier pour augmenter son autonomie alimentaire.

Trois types de profils

Selon l’origine de l’énergie, trois grandes catégories de maïs fourrage se distinguent, bien que toutes aient la même teneur en énergie globale (mesurée en UF). Les maïs fourrages ‘fibre’ sont des maïs à haute digestibilité des tiges et feuilles (notamment des fibres NDF) avec une teneur en amidon réduite. Ils ont l’avantage d’être utilisables dans tous les types de rations, y compris celles où le maïs fourrage ‘plat unique’ est complémenté avec un correcteur azoté.

L’auge ! C’est l’endroit final. Jusqu’à celuici, l’éleveur a dû mettre en œuvre de nombreux moyens pour maximiser le rendement de maïs qu’il y distribue, sa qualité... Il aura dû composer une ration qui lui permette d’exprimer son potentiel, la réussite de tout ce travail ne s’évaluant que dans le tank. A l’ensilage, rien n’est donc encore gagné.

Pas plus de 22 % d’amidon

Les maïs fourrages ‘amidon’ sont des maïs typés ‘grains’ qui possèdent une partie épi très développée au stade 32-33 % MS plante entière. Ces maïs fournissent l’essentiel de la teneur en amidon des rations. Ils sont destinés à maintenir un niveau d’apport d’énergie rapidement fermentescible dans le rumen générateur de PDIE et à relever le taux protéique du lait. Ils ne sont cependant pas recommandés dans certains cas, notamment pour les rations de vaches laitières où la part d’herbe est faible voire nulle. Pour maintenir une teneur en amidon dégradable optimale dans le rumen, il est, en effet, nécessaire de diluer la teneur en amidon de la ration en incorporant au moins 4 kg de MS d’herbe ayant généralement une teneur en UF inférieure au maïs fourrage. Il est possible alors de maintenir une densité énergétique élevée en ajoutant des concentrés pauvres en amidon (drèches, pulpe de betterave) et/ou à amidon lente-

24 Entraid’ 1 juillet-août 2018

Affiner la ration doit prendre en compte l’origine de la valeur énergétique du maïs

ment dégradable dans le rumen tels que le maïs grain sec. Entre les types ‘fibre’ et ‘amidon’, les maïs ‘équilibre’ sont ceux ayant un profil intermédiaire. Le choix du type de maïs et du type de ration envisagé a des conséquences fortes sur la teneur en amidon dégradable de la ration

(voir tableau). Ce dernier critère est un élément déterminant pour le bon fonctionnement de la digestion de la ration dans rumen. La recommandation est de ne pas dépasser le seuil de 20-22 % d’amidon dégradable dans la ration totale ingérée (sur la base matière sèche).  n


juillet-août 2018 Entraid’ 25


ensilage I chantier

La cuma prend l Depuis son poste de responsable, JeanNoël David observe que les consignes données par les éleveurs à l’ensilage deviennent plus hétérogènes. Mais ce qui ne change pas pour la cuma l’Aurore et son président, c’est la volonté de satisfaire ces demandes et proposer un travail de qualité. Par Ronan Lombard

U

ne réunion, tous les adhérents y sont convoqués pour dessiner le planning de l’automotrice. Ainsi commence la saison des ensilages de maïs de la cuma l’Aurore, à Pleumeleuc (35). Les responsables réagissent « dès que l’on voit que des fenêtres vont se présenter », explique le président du groupe, Jean-Noël David. Il précise : « Nous préférons devoir organiser une seconde réunion par la suite, que de démarrer la saison avec du retard à rattraper. »

Conserver une marge de manœuvre

Ainsi, pas de retard à l’allumage pour la coopérative d’une quarantaine d’adhérents dont un peu plus de la moitié compte sur l’ensileuse de la cuma pour remplir ses silos. Pour eux, le vrai coup d’envoi se fait même en amont, car à la réunion de planning : « Les adhérents ont fait leurs tours de champs et analyses de matière sèche. Tout le monde sait où en est son maïs », constate le président. Preuve d’un professionnalisme toujours

26 Entraid’ 1 juillet-août 2018

La qualité de l’ensilage est particulièrement observée à la cuma l’Aurore de Pleumeuleuc. Tout est mis en œuvre pour retrouver un fourrage idéal à la reprise. Ici , Jean-Noël David, le président.

croissant et généralisé à tous les moments clés. Le jour de la récolte n’y fait pas exception. « L’éleveur est le responsable du chantier. Donc c’est à lui de dire quand il y a quelque chose qui ne va pas. Il faut pouvoir prendre deux minutes de temps en temps pour regarder », revendique le président de la cuma, en observant que ses adhérents « le font de plus en plus ». Fabien Lorans, animateur de la fédération des cuma Bretagne IlleArmor, constate cette réalité. En 2017, il réalisait un suivi de chantier à la cuma l’Aurore. « Ils prennent le temps de faire du bon boulot. C’est une phrase importante que j’ai retenue » et qui a valu à la cuma d’intervenir lors d’une assemblée générale de la fédération. Sébastien Grosmaître, le salarié permanent de la cuma, y a notamment mis en avant une contrepartie positive de la réduction d’environ 30 ha de la surface à faire en 2017 : moins de pression sur la cadence de l’ensileuse permet d’insister encore un peu plus sur la qualité du travail. Conscient que « la cuma doit faire

du boulot irréprochable », Jean-Noël David confirme l’attention de son salarié permanent. Même si la cuma embauche un saisonnier pour l’épauler, c’est lui qui assure la grande partie de la campagne de l’automotrice et, sur l’ensemble de l’année, la conduite d’engins constitue une de ses deux missions principales. « Il a des comptes à rendre aux adhérents », constate encore le président qui salue aussi : « Quand il y a un problème, il arrête pour prendre le temps de le résoudre. » Fabien Lorans assène : « Il est à cheval là-dessus. »

Les adhérents sont rigoureux, le salarié aussi

On doit aussi maîtriser le prix, c’est un équilibre à trouver entre la surface pour réduire le coût unitaire et la qualité de service. Et dans le schéma, le matériel n’a rien d’anodin. Le type de machine doit correspondre. Pour les 450 ha, « nous avons une ensileuse John Deere 8300, 490 ch, alimentée par un bec 8 rangs », pour un coût facturé moyen de 140 €/


e temps ha, sachant que le calcul intègre la surface réalisée et le temps passé. Une nouvelle fois, le mot rigueur qualifie la politique de maintien en état du matériel. Tout d’abord, au niveau du rythme de renouvellement : « Celle-ci entame sa troisième campagne à l’automne 2018. » La précédente n’était restée que deux ans dans la cuma. « Nous avions fait le calcul, une nouvelle génération sortait… Nous étions gagnants à la changer avant qu’elle ne perde trop de valeur. » À l’issue de chaque campagne d’automne, place à l’entretien. Celui-ci passe par une première visite : « Avec le salarié de la cuma, le responsable de la machine chez le concessionnaire vient faire le tour de l’ensileuse », explique le président. L’idée est d’identifier les travaux à faire pendant l’hiver et saisir l’opportunité des tarifs de morte saison. « L’entretien est une autre mission essentielle du salarié », insiste-t-il. L’éleveur à la tête d’un troupeau d’une centaine de productrices reconnaît l’importance du stade de récolte : « C’est une base de la qualité du fourrage obtenu avec le maïs. » Avec son œil de responsable, il juge : « On arrive toujours à caler les récoltes convenablement. » Au maïs, l’ensilage semble même « plus souple » qu’au-

Jusqu’au bout Dès la cour de la ferme, là où l’ensemble tasseur s’active lors de cette journée spéciale, le soin apporté à la récolte fourrage s’observe. « Nous avons un ensemble spécialement prévu pour le tassage, que les adhérents peuvent louer », répond Jean-Noël David. Une lame, un tracteur, et entre les deux une masse qui peut se positionner sur un attelage frontal. Le président de la cuma se montre satisfait du système proposé par Althimasse. « C’est un investissement que nous avons fait spécialement pour mettre à disposition des adhérents un véhicule bien équilibré. »  n

paravant. « Même si les surfaces par exploitation augmentent et que certains doivent récolter en deux ou trois fois », le fait que le nombre de fermes à servir se soit réduit allège le planning. Et la saison s’étale d’autant mieux que, dans le secteur, « nous avons aussi du maïs semé sous plastique qui est fait ». Jean-Noël David souligne enfin l’importance pour l’activité d’avoir

La masse s’accroche sur l’attelage du tracteur et porte la lame, le tout en privilégiant la visibilité pour les manœuvres.

aussi une surface d’herbe à récolter au printemps. « Nous avons un pick-up repliable et l’ensileuse fait une centaine d’heures. » Même si, pour le responsable, l’ensilage est « encore plus stressant à l’herbe qu’au maïs », c’est un facteur non négligeable dans la maîtrise du coût de l’hectare ensilé qui permet de ne pas devoir saturer l’outil sur la seule saison d’automne.  n

juillet-août 2018 1 Entraid’ 27


ensilage I calendrier

L’ensilage commenc Éleveurs, cuma, entreprises de travaux agricoles, soyez prêts. Les ensilages vont commencer. Pour préciser la date possible dans chaque petite région, Arvalis propose une carte. Établie le 20 juillet, elle précise, par région, la période de début des chantiers pour les scénarios climatiques les plus favorables. Indication complémentaire des observations à faire sur le terrain à l’aide de la grille en p.39. Par Bertrand Carpentier (1) Zones maïs ensilage

Zones où le début des récoltes est estimé dans la période (estimation au 20 juillet 2018)

ao û t avant le 15

ao û t 15 - 16 - 17 - 18

ao û t 27 - 28 - 29 - 30

t août - se p 31 - 1 - 2 - 3

28 Entraid’ 1 juillet-août 2018


e, préparez-vous !

L

a période de début de récolte identifiée par ces cartes correspond aux maïs les plus avancés de la région. Il revient à chaque éleveur de vérifier la maturité de ses maïs par les méthodes habituelles (observation de la date de floraison et des grains). Les chantiers se déroulant sur environ un mois, Arvalis recommande de commencer les récoltes suffisamment tôt, pour ne pas effectuer les dernières récoltes du secteur

à des taux de matière sèche trop élevés. La période à laquelle le stade optimal de récolte est atteint est fonction du groupe de précocité de l’hybride cultivé, de sa date de semis et des conditions climatiques. Le suivi des sommes de températures depuis le semis, ou depuis la floraison femelle (sortie des soies), permet de prédire la période optimale de récolte de la parcelle. Pour chaque région, à partir du groupe de précocité dominant, de la date médiane

ao û t  -  19 20 - 21 - 22

ao û t  -  23 24 - 25 - 26

e s e p te m br 4-5-6-7

e s e p te m br à 8 - et au -del

des semis en 2018, avec les données météo de l’année en cours et les données statistiques sur les semaines à venir, il est possible de prévoir une période à laquelle le stade de récolte sera atteint. Sur internet, cette prévision est régulièrement mise à jour pour prendre en compte au maximum le climat réel de l’année.  n (1) Ingénieur régional maïs Arvalis Institut du Végétal © Données Arvalis / Météo France.

juillet-août 2018 1 Entraid’ 29


©©Krone

ensilage I capteurs MS

Avec une analyse quasi continue du flux de fourrage, la plupart des capteurs infrarouge de matière sèche permettent de déterminer d’autres paramètres de composition chimique du fourrage.

Les capteurs embarqués d’analyse de matière sèche sont un équipement qu’il est possible d’avoir sur une ensileuse. Une chose est sûre, ils en augmentent le prix d’achat. Mais convenablement utilisé, ils peuvent être un atout au service de la qualité du travail et du service rendu à l’éleveur. Par Anthony Uijttewaal (1)

D (1) Arvalis - Institut du Végétal

eux méthodes existent pour déterminer le taux de matière sèche (MS) par équipement embarqué sur ensileuse. Les capteurs optiques sont situés au-devant des rouleaux d’alimentation de l’ensileuse. Ils perçoivent la couleur du fourrage. Les capteurs infra-rouge sont positionnés sur la goulotte de l’ensileuse. Ils émettent un rayonnement et enregistrent et analysent le signal renvoyé par le fourrage. Avec cette analyse quasi continue du flux

30 Entraid’ 1 juillet-août 2018

de fourrage, la plupart des capteurs infra-rouge de matière sèche permettent de déterminer d’autres paramètres de composition chimique du fourrage.

Calibration spécifique à chaque fourrage

Les capteurs infra-rouge peuvent disposer de plusieurs courbes de calibration. Ces courbes sont spécifiques à chaque type de fourrage (maïs, luzerne ou graminées) et pour un mode de présentation don-

©©Chambre d’agriculture Manche

L’ensileuse embarque ses capteurs

né (matière verte ou fermentée). En effet, certains capteurs peuvent être démontés de l’ensileuse pour être utilisés à poste fixe hors saison d’ensilage, par exemple pour analyser des fourrages après fermentation. Il est donc très important avant le début du chantier de sélectionner la bonne calibration. Il est important de noter que même si le capteur est mal étalonné ou mal calibré, il ne refusera jamais de donner une valeur. Comme tout équipement, ces capteurs nécessitent donc un entretien. Celui-ci consiste à nettoyer régulièrement la lentille pour éviter tout biais. De la même manière, l’opérateur doit effectuer un étalonnage régulier en respectant la procédure.

Ce que le capteur permet de faire

De manière basique, l’outil infra-rouge renseigne en temps réel la teneur en MS et les teneurs


de quelques constituants chimiques (amidon, matières azotées totales, fibres, cellulose brute, sucres, matières grasses et cendres, qui correspondent aux matières minérales. Il permet ainsi de mieux apprécier l’hétérogénéité d’une parcelle ou d’un silo. L’outil peut fournir un récapitulatif des teneurs moyennes de chaque constituant par parcelle si l’utilisateur le demande. Le capteur de MS peut également commander la modulation de la longueur de coupe, de manière automatique et instantanée. L’utilisateur règle alors la longueur de coupe objectif ainsi que les mini et maxi à atteindre selon les teneurs en MS. En fonction des mesures, la longueur de coupe s’ajuste, par exemple à la baisse pour des teneurs en MS élevées, afin de faciliter ensuite le tassage. Attention toutefois

à ne pas trop faire varier les valeurs autour de la consigne centrale. Couplé à un capteur de rendement (lui-même étalonné), le capteur de MS permet d’appliquer des conservateurs de manière plus précise. L’applicateur est alors asservi aux données de l’ensileuse qui enregistre le débit (en tonnes de matière brute par heure) et applique ainsi la bonne dose de conservateur.  n

Une brochure technique, présentant les différents capteurs disponibles sur le marché, les étapes nécessaires pour une bonne prise en main de ces derniers et des retours d’expériences d’utilisateurs, a été réalisée, avec la contribution du réseau des cuma de l’Ouest.

Ce que le capteur ne permet pas Les données de composition chimique fournies par l’appareil sur une ensileuse ne permettent pas à elles seules de bâtir une ration. En effet, pour calculer la valeur alimentaire d’un maïs fourrage dans le système français (UFL, UFV, PDI), il est nécessaire de disposer des teneurs en MAT, matières minérales et de la digestibilité pepsine cellulase (dCs) du fourrage. Ce dernier critère dCs n’est à ce jour proposé par aucun constructeur. Il est toutefois possible de calculer les valeurs alimentaires de manière légèrement moins précise avec les teneurs en MAT, cellulose brute et matières minérales sous réserve que l’outil de mesure assure un niveau de précision suffisant.  n

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ensilage I mécaélevage

chantier pro pour éleveurs pro Des choix faits tout au long de la culture, aux outils utilisés et avec quelle organisation, la récolte de maïs fait (et doit faire) de plus en plus l’objet d’une parfaite rigueur professionnelle. Le dernier MécaElevage proposait un forum-débat sur ce thème. Par Ronan Lombard

C

’est à l’éleveur de décider. Mais une question légitime que certains posent aux experts montre qu’il ne leur est pas toujours évident de disposer des bonnes clefs : « Il y a cinq ou dix ans, on nous disait que le grain devait être touché, maintenant, vous nous dites qu’il faut qu’il soit en 4 à 8 morceaux, voire pulvérisé… Quand la consigne est-elle la bonne ? » Cette question, et sa réponse évidente – le grain doit être au moins coupé en 4 à 8 morceaux – au-delà de l’évolution des connaissances, révèlent que le degré de professionnalisation et d’exigences a changé d’échelle. « On ne demande plus la même chose à nos vaches », explique par exemple Florian Blot, expert nutrition Seenovia, qui intervenait au forum ensilage de maïs du MécaElevage en juin dernier. À sa prise de poste, les élevages suivis où la productivité dépassait 10 000 l/VL sur son secteur se comptaient sur les doigts de la main. Cinq ans plus tard, « nous en avons une centaine. » Ce contexte justifie l’exigence des éleveurs sollicitant une ensileuse, « il faut voir aussi que plus une vache

A chaque étape, des pertes économiques se jouent. Le maïs chargé peut déjà être trop ou pas assez mûr, les grains insuffisamment éclatés. Au champ, comme au silo, l’adéquation du matériel et la maîtrise des opérateurs sont essentiels.

Les bons réglages de coupe et d’éclateurs sont propres à chaque silo

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produit, plus elle mange, donc plus son transit est rapide, et moins l’appareil digestif a de temps pour assimiler les éléments nutritifs », complète Anthony Uijttewaal (Arvalis). Aussi, cette question de l’éclatement du grain n’est qu’un chapitre, et c’est tout le chantier qui se doit d’être à la hauteur, avec un éleveur au sommet de l’organigramme. Le jour du chantier et en amont, il y a des choix à faire en termes d’organisation de l’équipe et de paramètres, tels que la longueur de coupe ou l’éclatement des grains. Prendre ces décisions n’est pas si simple, dans la mesure où il est le plus souvent question de compromis. Compromis entre rendement et qualité obtenus. Compromis entre coûts engagés et sécurité prise… Les paramètres sont nombreux et c’est à l’éleveur qu’il revient de les croiser pour décider.

Car en fonction de la ration, de la distribution, du stade de maturité… le résultat est spécifique à chaque élevage, voire à chaque silo dans les cas où l’année fourragère est scindée en deux périodes ayant chacune son silo bien identifié au préalable. L’éleveur, qui doit aussi s’assurer que ses consignes claires sont respectées le moment venu.

Compromis

Pour reprendre l’exemple de l’éclatement du grain, sujet de forte actualité : pour un troupeau de 70 laitières, disposant de 30 ha de maïs à 33 % MS, entre un éclatement des grains réussi ouvrant à une digestibilité de l’amidon de 60 % et un fourrage où le grain est simplement touché (digestibilité déjà réduite à 40 %), la perte s’évaluerait à 5 360 €, du fait de la présence accrue d’amidon dans


les bouses (donc non valorisé). Dans l’assistance, Daniel Guichet met face à cela un autre chiffre : « Un changement d’éclateur, ça représente 5 €/ ha, quand on voit que la perte liée à un éclatement médiocre peut nous coûter de l’ordre de 180 €/ha. » Dans sa cuma (La Bruffière, en Vendée), « on n’hésite plus à serrer les éclateurs, quitte à les user et les changer plus vite. Quand on fait le calcul, ça vaut le coup de donner les moyens à notre chauffeur de soigner son travail », précise-t-il en écho à Michel Seznec (animateur UCPL), qui souligne qu’il est difficile d’obtenir un résultat correct sur ce plan avec des rouleaux à l’usure prononcée.

fiches pour le jour ‘J’

Pour aider les éleveurs à se placer au cœur de la décision lorsqu’il est question de la qualité du fourrage obtenu, le réseau des cuma de l’Ouest et Seenovia ont construit

des fiches de consignes par parcelle et les ont distribuées aux participants du forum. Ce type d’outils est un moyen simple pour permettre aux éleveurs de transmettre sans ambiguïté les choix faits pour adapter la récolte au contexte du moment, aux objectifs et aux précédents choix culturaux. Notons que dans ce domaine de l’agronomie, un nouveau mot-clef s’installe en haut du palmarès des sujets d’actualité : ‘maïs farineux’. Chez Arvalis, les variétés de denté farineux sont déjà mises à l’essais pour confirmer ou non les promesses du semencier qui les a formulées, d’une récolte optimale plus tardive, donc plus prolifique, avec un gain sur l’amidon en quantité et en qualité. Ces maïs sont-ils réellement avantageux, et comment les valoriser ? Les réponses officielles sont donc encore en suspens pour le moment.  n

Bon plan Le réseau des cuma de l’Ouest est impliqué dans des travaux qui s’intéressent à ces sujets (projets Optifourrage et Ecosilage). Les fédérations proposent, en partenariat avec les entreprises de conseil en élevage, des formations à destination des chauffeurs, des éleveurs et des responsables.  n

Une grille papier complétée par l’éleveur, un moyen simple de passer les consignes au chauffeur avec une grande clarté.

juillet-août 2018 1 Entraid’ 33


ensilage I shredlage

l’ensilage de maïs L’ensilage du maïs fourrage en brins longs est une technique de récolte née aux États-Unis en 2008. Elle a débarqué en France en 2016 sous le nom de Shredlage. Par extension, on désigne, sous le nom d’ensilage de maïs en brins longs, le fourrage récolté par une ensileuse munie d’un éclateur rainuré en croix (éclateurs Shredlage, Scherer Twin Cut, DuraShredder…). Par Anthony Uijttewaal

E

n anglais, to shred signifie déchirer, déchiqueter. Comme son nom ne l’indique pas, une coupe franche des brins de fourrage est pourtant recherchée. Le stade de récolte reste inchangé au regard de la technique ‘conventionnelle’, soit 32 à 35 % de matière sèche plante entière, mais la taille des brins est significativement accrue. Les préconisations s’échelonnent de 21 à 26, voire 30 mm de longueur de coupe théorique. Cette technique mise également sur la pulvérisation des grains. Pour ce faire, l’éclateur de grains présente une structure à doubles rouleaux avec un profil rainuré dans deux directions. Un différentiel de vitesse entre les deux rouleaux de 40 à 50 % est appliqué, contre 20 à 30 % en ‘conventionnel’. Couplé à un écartement réduit allant de 1,25 à 1,75 mm selon la teneur en MS du fourrage, les éclateurs écrasent et cisaillent la matière (tiges, feuilles, spathes, rafles et grains). L’objectif est également de déchirer les morceaux de tiges dans le sens de la longueur. À ce jour, les résultats des essais disponibles ne permettent pas d’affirmer qu’une coupe plus longue des brins d’ensilage de maïs améliore sensiblement la valorisation de la

34 Entraid’ 1 juillet-août 2018

ration et le confort digestif. C’est ce qui ressort d’essais de comparaisons avec le maïs ensilage ‘conventionnelle’, conduits notamment aux États-Unis et en Allemagne. Les rations testées comportaient entre 39 et 50 % de maïs fourrage (base MS) et une part significative d’herbe comprise entre 10 et 20 %, sous forme ensilée ou enrubannée. En revanche, les rations différaient fortement par leur part de concentrés ainsi que par leur équilibre chimique (pourcentage d’amidon et de fibres NDF).

L’ensilage de maïs fourrage en brins longs nécessite une machine équipée d’un éclateur rainuré en croix.

Quelles performances animales en attendre ?

Les performances animales sont proches entre les lots témoins et les lots alimentés avec du maïs en brins longs. Seul un des essais montre une baisse d’ingestion significative avec le maïs en brins longs. Côté production laitière, trois essais laissent entrevoir des tendances à l’augmentation quand les trois autres illustrent la tendance inverse. Les écarts de taux protéique et butyreux sont également très faibles. Les constatations faites lors de suivis de fermes ou au cours des essais ne sont pas unanimes sur le risque de tri et donc de refus par les animaux. La recherche d’une coupe longue pour favoriser la rumina-

La technique dite de shredlage mise également sur la pulvérisation des grains. Des éclateurs efficaces ne doivent laisser aucun grain intact.

A droite, la taille des brins est significativement accrue, de 21 à 26 mm, voire 30 mm.


en brins longs grains non éclatés, source de gaspillage À la récolte au stade optimal de 32-33 % MS plante entière, le grain de maïs contient déjà une part d’amidon vitreux de l’ordre de 30 à 50 % qui lui donne son caractère dur. Quelle que soit la technique d’ensilage utilisée (brins longs ou classique), les grains doivent être fractionnés pour être digestibles par les animaux. C’est le rôle des rouleaux éclateurs de l’ensileuse. Ils opèrent bien souvent avec un écartement compris entre 1 et 3 mm. Pour renforcer leur action d’écrasement, un différentiel de vitesse est appliqué aux deux rouleaux (l’un tourne plus vite que l’autre). Il est bien souvent compris entre 20 et 30 %, mais peut atteindre 40 %, voire 50 %. Ce différentiel exerce une action de cisaillement sur les particules de fourrage afin d’en réduire la taille. Des éclateurs efficaces ne doivent laisser passer aucun grain intact : tous les grains doivent être éclatés (= coupés en 4) pour éviter de les retrouver, non digérés, dans les bouses.

Comment juger l’éclatement du grain ?

Aux États-Unis, la mesure du Corn Silage Processing Score (CSPS) permet de juger la qualité de l’éclatement des grains. Pour ce faire, une masse sèche connue de maïs fourrage est tamisée avec un tamis à maille carrée de 4,75 mm de côté. La teneur en amidon des différentes fractions est ensuite dosée. Le niveau d’éclatement des grains est jugé satisfaisant lorsqu’au moins 70 % de l’amidon total de l’échantillon est contenu dans la fraction des particules dont le calibre est inférieur à 4,75 mm. Pour rester à moins de 3 % d’amidon dans les bouses, ce qui est la recommandation, le CSPS doit être proche ou supérieur à 70 %. Malheureusement, il s’agit aujourd’hui d’une méthode de laboratoire ne permettant pas de piloter les réglages le jour de la récolte. Pour un diagnostic plus rapide en élevage, il est possible de procéder au « test de la bassine ».  n

tion peut s’avérer contre-productive dès lors qu’elle permet à l’animal de trier les particules de la ration selon leur taille. Une homogénéité des tailles de particules de la ration est à rechercher pour éviter ce phénomène.

Quels impacts sur la conservation du fourrage ?

Durant la fermentation en tant que telle (sous la bâche), rien n’indique que la technique de l’ensilage en brins longs modifie les processus. Les analyses de conservation réalisées lors des essais montrent des

profils fermentaires similaires. En revanche, l’allongement de la longueur des brins rend plus difficile le tassage du fourrage au silo, bien qu’il ne soit pas le seul facteur responsable. Une compressibilité et une densité inférieures pour le maïs en brins longs ont été rapportées dans plusieurs essais, mais la tendance ne semble pas systématique. Rappelons ici qu’un silo insuffisamment tassé est plus « poreux » et facilite la circulation d’air dans la masse de fourrage au front d’attaque. C’est le principal phénomène responsable de l’échauffement du fourrage au front d’attaque.  n

juillet-août 2018 1 Entraid’ 35


ensilage I reportage

les brins et la cam sont rallongés Dans l’ouest du Morbihan, une ensileuse réalise sa campagne de maïs en migrant du sud vers le nord, dans les parcellaires de trois cuma. Sa particularité ? Son éclateur schredlage, dont les adhérents semblent satisfaits. Témoignage d’un de ces éleveurs. Par Ronan Lombard Loïc Hubert constate que la longueur accrue des brins ne semble pas avoir dégradé la conservation du maïs. Avec la présence d’éléments plus rigides, la rumination est plus active dans son troupeau, malgré l’absence de paille dans la nouvelle ration.

L

oïc Hubert est un éleveur séduit. L’an dernier, la cuma dont il est un des responsables a renouvelé son ensileuse. A l’approche de la prochaine campagne d’ensilages, il ne regrette pas le choix fait par le groupe de s’équiper d’un outil compatible avec la méthode de l’ensilage en brins longs défibrés. Le parc de la cuma du Scorff est essentiellement orienté vers les travaux de récolte, avec une moissonneuse-batteuse et une ensileuse, des remorques, en plus d’autres matériels pour le semis de maïs, l’andainage, le travail du sol… le tout, sans aucun salarié, ni permanent, ni saisonnier, pour mener le matériel. C’est aussi avec l’ensilage de maïs qu’elle s’est créée en 1988. L’actuel trésorier de la cuma se souvient : « C’est suite à la tempête de 87, et parce que les entrepreneurs locaux n’avaient pas reversé les indemnités récoltes aux

36 Entraid’ 1 juillet-août 2018

agriculteurs, que ça a démarré. » Trente ans et sept ensileuses plus tard, la trentaine d’adhérents de la cuma située à Inguiniel agite encore les cartes dans le jeu de l’ensilage local. « Beaucoup d’entrepreneurs s’équipent autour d’ici », à l’instar de la cuma du Scorff qui a déjà utilisé son éclateur schredlage sur 400 ha en 2017.

Trois cuma, une machine, deux éclateurs

« On en a entendu parler au Space, puis nous avons fait venir un conseiller d’un

contrôle laitier en Normandie, qui avait des résultats à présenter après que ses adhérents aient utilisé un éclateur schredlage. » A l’issus de ce processus, la cuma a acheté son ensileuse avec un éclateur classique (MCC classic) en mettant une option d’achat sur un second éclateur MCC schredlage. Le premier a servi sur 200 ha, puis la cuma a équipé sa Jaguar 950 du second et ne l’a plus quitté jusqu’à la fin de la saison. « Nous faisons quelques chantiers précoces, en dépannage pour des éleveurs qui arrivent à cours de stock, par exemple après


pagne

une campagne herbagère médiocre », explique Loïc Hubert. « Dans ces contextes de sous-maturité, l’éclateur classique paraît plus adapté. » C’est sur du maïs « entre 32 et 36 % de MS, voire 34 à 36 %, que le schredlage est idéal », estime l’éleveur, qui constate aussi qu’une approche différente du stockage est à avoir. « Habituellement, on dit qu’il faut 3 semaines avant d’ouvrir le silo. Là, j’ai l’impression qu’il faut plutôt attendre 1,5 à 2 mois. » En revanche, en plein cœur de l’été, avec un avancement de l’ordre de 50 cm tous les 4 à

5 jours, « j’ai l’impression que le front d’attaque ne chauffe pas. »

Valoriser la fibre du maïs

D’une manière générale, il constate que la conservation de son silo est très bonne, sans développement de moisissure dans son fourrage qui forme un tas extrêmement dense. Pourtant, avec une longueur de coupe allongée (de 22 à 26 mm selon la maturité, contre 14 à 19 mm avec l’éclateur classique), l’éleveur craignait d’être confronté à plus de

soucis de conservation et de pertes par échauffement. A l’auge, ce qui a changé, c’est la ration. « Chez des éleveurs qui ont des mélangeuses et des rations plus complexes, avec des fibres apportées par de la luzerne par exemple, les effets sont peut-être moins visibles », tempère Loïc, mais chez lui, où le maïs est désormais distribué en plat unique, « l’effet mécanique est frappant. » Depuis qu’elles ont changé de régime, « les vaches ruminent plus ». Auparavant, la ration hivernale reposait essentiellement sur

Ses sept prédécesseurs étaient plutôt jaunes. La cuma du Scorff a changé de marque pour sa dernière ensileuse. La technologie schredlage y est pour beaucoup dans le choix.

juillet-août 2018 1 Entraid’ 37


ensilage I reportage le maïs, équilibré d’une part avec un correcteur azoté, d’autre part avec un apport de paille (blé ou colza) pour l’aspect mécanique. De ce fait, l’éleveur ajoutait aussi un concentré énergétique à base de céréales. « En tant qu’éleveur, je préfère donner un kilo de maïs plutôt qu’un kilo de paille. C’est plus rentable », argumente le trésorier de cuma. Il a donc supprimé à la fois la paille et le concentré énergétique. Produire un fourrage de base plus stimulant de la rumination, c’était d’ailleurs un des principaux objectifs qui avait incliné l’éleveur à vouloir le schredlage.

Ce que le schredlage a changé pour la cuma

Une alternative à l’achat d’une mélangeuse

Avec sa nouvelle ration, maïs et correcteur azoté en plat unique, Loïc Hubert relève aussi une réduction des refus et de la fréquence des passages à faire pour repousser le fourrage. « Les vaches ne trient pas et elles ont augmenté leur consommation. » Toutes ces observations, sur la rumination, l’appétence… vont de pair avec l’amélioration de la santé du troupeau. L’éleveur juge avoir engagé moins de frais sur ce poste. « Nous avons supprimé les cures d’hépato et nous n’avons pas eu d’acidose cet hiver, alors que c’était un problème récurrent ici. » Ces constats sont pour augmentation le moment le fruit de ses observations du tarif à l’issue de la première année d’utilisation de ce nouveau maïs. Loïc attend d’avoir des chiffres et quelques campagnes de recul pour les confirmer d’un point de vue concret et chiffré, technique et économique, sans perdre de vue que, pour sa première campagne, l’ensileuse Claas de la cuma et son éclateur avaient travaillé dans des maïs d’une qualité remarquable.  n

10 €/ha

38 Entraid’ 1 juillet-août 2018

A

vec une annuité représentant 80 €/ ha, un coût de la main d’œuvre à 10 €/ha, le tarif de la prestation qui intègre aussi le gasoil, les pièces d’usure, l’assurance… atteint 130 €/ ha. En 2016, la cuma du Scorff et celle d’Erdeven réalisaient leurs ensilages avec une New Holland. A vol d’oiseau, 40 km séparent Inguinel, siège de la cuma du Scorff, de la commune littorale du Morbihan. Suffisant pour observer un décalage de maturité : « On commence plutôt vers Erdeven, avant de remonter ici », explique le trésorier de la cuma du Scorff, Loïc Hubert.

Impact léger sur la consommation

En chemin, l’automotrice récoltait aussi presque la moitié des surfaces d’un troisième groupe, à Landevant, qui était engagé avec une cuma vendéenne pour la fin de sa saison. L’année suivante, cette période d’engagement s’était terminée et la cuma de Landevant rejoignait pleinement l’intercuma morbihannaise, désormais équipée d’une ensileuse Claas et son jeu de deux éclateurs, un classique et un schredlage. Pour une question de polyvalence, « nous conservons les deux », ajoute Loïc Hubert. En 2017, les 200 premiers hectares ont été fait avec l’éclateur à rainures classiques.

« Ce qu’on voit en premier, c’est que les vaches ruminent plus. C’est flagrant. »

Puis le schredlage a été monté et a assuré les 400 derniers hectares. « Le changement prend une demi-heure. » Toujours selon le responsable, il n’y a pas trop de différence sur la consommation de carburant entre les deux dispositifs, réglés de manière à obtenir un bon éclatement des grains. « Selon le volume, il faut rouler 1 à 2 km/h moins vite que d’habitude pour que l’éclateur fasse bien son boulot. »

Réduire la vitesse et le débit de chantier

Dominique Guého, le directeur de la fdcuma 56, insiste : quasiment rien sur la consommation, et « un effet juste sensible sur le débit de chantier. » Pour lui, l’impact sur le coût réel d’un chantier avec un tel éclateur est loin de justifier les niveaux tarifaires soumis çà et là aux agriculteurs. Outre le fait que la cuma ne différencie pas son tarif selon que l’ensilage soit fait avec le MCC classic ou le MCC schredlage, il s’appuie surtout sur un chiffre : « à la cuma du Scorff, l’ensilage était à 120 €/ha en 2016. Avec le renouvellement, le prix n’a donc augmenté que de 10 €/ha. » 10 €/ha, le prix du dynamisme ? à sa dernière AG, la cuma du Scorff a accepté deux nouvelles demandes d’adhésion.  n


Appréciation du taux de matière sèche plante entière par l’observation des grains

©©Arvalis-Institut du Végétal

L’amidon dans les grains est présent (successivement et en même temps) sous trois formes : - amidon laiteux liquide blanc - amidon farineux de texture pâteuse, jaune clair - amidon vitreux, difficilement rayable à l’ongle, jaune brillant. L’observation se fait sur plusieurs épis successifs, en évitant les bordures de parcelles, sur les grains des couronnes centrales. En conditions normales de végétation, à la période optimale de récolte, les 3 amidons sont répartis en 3 tiers dans les grains de la couronne centrale de l’épi. La valeur issue de l’observation des grains doit être pondérée par l’état de la partie « tige et feuilles » et par le développement des épis. Un appareil végétatif fort développé, vert, luxuriant, oblige à baisser la valeur issue de l’observation des grains, à l’inverse d’un appareil végétatif peu développé et/ou desséché qui amène de la maturité. Plus le nombre de grains par mètre carré est élevé, plus la donnée issue de l’observation du grain est fiable.

Evolution du taux de Matière Sèche en fonction des conditions météo - Entre 25 et 30% MS : besoin de 23 à 25°jour pour 1 point de MS (2 à 4 jours en septembre) - Entre 30 et 35% MS : besoin de 19 à 21°jour pour 1 point de MS (1.5 à 3 jours en septembre) En conditions de déficit hydrique, compter 16 à 18°jour pour 1 point de MS (au-delà de 25% MS).

juillet-août 2018 1 Entraid’ 39


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