Hors-série-méthanisation-déc2018

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supplément methanisation DECEMBRE 2018 • entraid.com

Supplément au n° 473

• N e peut être vendu séparément •

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Les trois piliers de la méthanisation durable Agribiométhane : leur modèle économique carbure

au-delà de

la méthanisation



La méthanisation, vous connaissez ? Que votre réponse soit oui ou non, voici en quelques pages un tour d’horizon qui vous fera découvrir ce qui se fait en France. Et il y aura forcément de l’inédit. Car si les agriculteurs précurseurs, ceux qui saisissent déjà l’opportunité économique que cette filière naissante représente, ont certainement en commun leur capacité d’adaptation, le chemin et les techniques qu’ils empruntent sont empreints de diversité. Dans cette filière qui grandit, les idées continuent de bouillonner et d’émerger. La cogénération électricité / chaleur initialement fortement associée à la construction d’une unité n’est plus seule. L’injection fait son trou dans le paysage, quand d’autres agriculteurs profitent aussi de l’occasion pour se replacer au cœur de la vie économique de leur territoire, en devenant vendeurs de carburant au détail. Une corde de plus à l’arc de la méthanisation qui représente plus que jamais un créneau pouvant améliorer la durabilité des exploitations. Atout économique, potentiellement vecteur d’une image favorable à l’acceptation sociale de l’activité agricole, le concept de méthanisation s’imbrique déjà bien dans les systèmes d’élevage. Désormais, il intéresse aussi les agriculteurs spécialisés en production végétale. Demain, il pourrait encore s’imbriquer encore un peu plus dans toutes ces entreprises de production en leur apportant une solution pour gagner en autonomie énergétique.  n Ronan Lombard

Dossier 04 l les trois piliers de la méthanisation durable

Economie 08 l le biométhane invité au bal des énergies

Prototype 12 l l’Earl Guérin a testé le NH T6 : au delà de la métha

12 Technique 14 l La voie sèche, un système plus adapté au modèle français

Innovation 16 l le modèle économique d’Agribiométhane carbure

En région 16 l initiatives et réalisations dans les territoires

Revue éditée par la SCIC Entraid’, SA au capital de 45 280 €. RCS : B 333 352 888. Siège social 73, rue St-Brieuc, CS 56 520, 35065 Rennes cx. ( 02 99 54 63 12) Siège administratif ( 05 62 19 18 88) PDG et Directeur de la publication L. Vermeulen Directeur général délégué J. Monteil Directeur de la rédaction P. Criado - p.criado@entraid.com Directeur commercial et marketing G. Moro (07 77 66 10 50) - g.moro@entraid.com Responsable marketing M. Fabre - m.fabre@entraid. com Chef d’édition Ronan Lombard - r.lombard@entraid.com Ont participé à la rédaction de ce numéro : Nathalie Tiers, Matias Devernois. Studio de fabrication D. Bucheron, I. Mayer, M.J. Milan, C. Tresin, M. Masson (05 62 19 18 88) - studio.toulouse@entraid.com Couverture et maquette D. Bucheron Promotion-Abonnement F. Cescato (06 07 22 57 29), J. Bramardi (05 62 19 18 88). Principaux actionnaires : Frcuma Ouest, Association des salariés, Fncuma, autres Frcuma et Fdcuma, Association des lecteurs. Impression Capitouls, 31130 Balma - Provenance papier : France - Fibres : 100 % - FSC® Mix - Empreinte carbone : 784 kg CO2/t. Abonnement 1 an : 62,50 € - Tarif au N° : 8 € Toute reproduction interdite sans autorisation et mention d’origine. Abonnement 1 an : 62,50 € - Tarif au N° : 8 € Toute reproduction interdite sans autorisation et mention d’origine. www.entraid.com

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MÉTHANISATION I DOSSIER

LES TROIS PILIERS DE LA MÉTHANISATION DURABLE

04 Entraid’ 1 décembre 2018


La filière française de production de biogaz semble enfin accélérer son développement. Loin de suivre un modèle unique, elle montre une grande diversité de réalisations chez les agriculteurs pionniers et constitue déjà une riche boite à idées pour les futurs porteurs de projets. Toutes ces pistes contribuent à une agriculture plus durable et à une meilleure image des exploitations d’élevage. Par Nathalie Tiers

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u’il s’agisse d’un projet individuel ou collectif, en cogénération électricité-chaleur ou en injection, la construction d’un méthaniseur représente d’abord un investissement pour l’agriculteur actionnaire, et doit donc être rentable. Les principaux produits viennent de la vente d’électricité ou de gaz. La chaleur issue de la cogénération est vendue à des partenaires locaux (collectivités, industries), ou valorisée par les agriculteurs (chauffage de bâtiments d’élevage, séchoir à fourrages, grain ou bois, serres, etc.) Certains projets génèrent des sources de revenu complémentaires : c’est le cas par exemple d’Agribiométhane en Vendée (voir article dans ce dossier) qui a également investi dans une station de carburant, et vend donc du gaz vert en direct aux consommateurs. Un autre projet collectif de 34 exploitations en cours de montage dans le Maine-et-Loire (Doué Métha) prévoit de son côté d’extraire et de cryogéniser le CO2 contenu dans le biogaz, pour le vendre à destination de la chaîne du froid non alimentaire. Cela représentera 5 % de son chiffre d’affaires. Dans le cas des digesteurs avalant des déchets industriels en plus des effluents d’élevage, une partie des produits peut venir des redevances payées par les entreprises pour le traitement de leurs déchets. Néanmoins, les gisements extérieurs à l’agriculture ont aussi par-

fois une valeur marchande et donc génèrent à l’inverse une charge. Enfin, pour certains agriculteurs, la méthanisation est un moyen d’exporter des éléments fertilisants excédentaires vis-à-vis de leur plan d’épandage. Le digestat peut être séparé en deux phases ; la partie solide étant compostée et vendue comme engrais organique. C’est un autre complément possible au chiffre d’affaires de l’atelier méthanisation.

AGRICULTEURS ACTIONNAIRES OU APPORTEURS

Outre les produits, la méthanisation des effluents d’élevage représente une économie de charges pour les exploitations. Il n’est plus nécessaire d’investir dans des ouvrages de stockage des déjections animales

achats d’engrais minéraux. Ces baisses de charges sont loin d’être négligeables et constituent d’ailleurs le modèle économique exclusif choisi aujourd’hui par certains agriculteurs. Ainsi, la société Vol-V de production d’énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse) par exemple, propose à des éleveurs d’être simplement apporteurs de déjections animales de façon gratuite. En contrepartie, l’intégralité de la gestion des effluents d’élevage et de l’épandage du digestat est prise en charge. Six installations de ce type fonctionnent déjà en France et une quinzaine d’autres sont à l’étude. Les agriculteurs ne profitent pas des revenus du biogaz, mais évitent l’investissement financier et en temps passé dans le montage du projet et le fonctionnement

Après séparation de phases, la partie solide du digestat peut être exportée pour soulager le plan d’épandage et créer un revenu supplémentaire.

L’ECONOMIE DIVERSIFIER LES SOURCES DE REVENUS ET ÉCONOMISER DES CHARGES suivant la mise aux normes, notamment si le troupeau s’agrandit. Dans les projets collectifs, les coûts de gestion des effluents d’élevage, notamment l’épandage (matériel, temps de travail), sont déplacés des exploitations vers la société gérant le méthaniseur et le digestat. Ce dernier a une valeur fertilisante supérieure à celle des lisiers et fumiers et permet par ailleurs de réduire les

de l’outil. On retrouve aussi ces ‘‘apporteurs d’effluents d’élevage’’ dans certains projets portés par un actionnariat agricole. C’est le cas par exemple de Gazteam énergie en construction dans les Deux-Sèvres ; en revanche, chaque tonne d’effluents apportée y sera rémunérée à cinq euros.

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MÉTHANISATION I DOSSIER

L’électricité, la chaleur et le gaz produits par fermentation d’effluents d’élevage, de biomasse et de déchets organiques, présentent l’avantage d’être 100 % renouvelables. Ces énergies vertes réduisent les émissions de gaz à effet de serre, notamment dioxyde de carbone, par rapport aux énergies fossiles. Ainsi, les véhicules roulant au bioGNV sont moins polluants (peu de particules fines et 80 % de CO2

L’ENVIRONNEMENT DES EFFETS ÉCOLOGIQUES À L’ÉCHELLE DE LA FERME ET DE LA PLANÈTE

en moins) et aussi moins bruyants. En outre, les méthaniseurs captent le méthane, puissant gaz à effet de serre, jusque-là dégagé par le stockage et la décomposition à l’air libre des effluents d’élevage. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), un méthaniseur traitant 15 000 tonnes par an est capable de chauffer 500 maisons ou de faire rouler 60 bus urbains ; et 5 kWh de biométhane injectés dans le réseau permettent d’éviter l’émission d’1 kg équivalent CO2. A titre d’exemple, le Gaec du ChampFleury à Liffré en Ille-et-Vilaine (4 UTH, 270 ha, 160 vaches laitières, un atelier d’engraissement) injecte depuis 2015 du biométhane issu de 12 000 tonnes d’effluents, de végétaux et de déchets agroalimentaires. A raison de 500 000 kWh/mois en moyenne, sa production correspond à 1 200 tonnes équivalent CO2 économisées par an.

LA MÉTHANISATION, LEVIER D’AGROÉCOLOGIE ?

A l’échelle de l’exploitation agricole, l’engagement des agriculteurs dans des projets de méthanisation est susceptible de favoriser l’adoption de pratiques agroécologiques. Cela a été analysé auprès de 46 fermes enquêtées dans le cadre du projet

06 Entraid’ 1 décembre 2018

MéthaLAE(1) qui vient de s’achever. Les résultats des volets agronomique et zootechnique montrent deux tendances principales : l’augmentation de la surface amendée en matière organique, favorable à la fertilité des sols ; et l’augmentation de la fréquence de curage des stabulations, favorable à la réduction des maladies et des mouches, et au confort de l’éleveur. Sur le volet environnemental, les exploitations améliorent leur bilan énergétique et diminuent leurs émissions de gaz à effet de serre, grâce à la production d’énergie et à la baisse des achats d’engrais minéraux. Sans être généralisées, d’autres observations ont été faites : la baisse des concentrés dans les rations bovines grâce à des fourrages de meilleure qualité obtenus avec des séchoirs valorisant la chaleur issue du méthaniseur ; l’impact plutôt positif des Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique) sur la diversification et l’allongement de la rotation ; l’augmentation de la présence de prairies ; le ramassage des menues-pailles avec une réduction possible des adventices à la clé. (1) Projet associant Solagro, Trame, Aile, Chambres d’agriculture Pays de la Loire, Cerfrance, Eplefpa du Périgord, Inra et Irstea, et financé par l’Etat, l’Ademe, l’Agence de l’Eau.

Les véhicules roulant au bioGNV émettent peu de particules fines et 80% de CO2 en moins.

Parmi les 46 fermes suivies dans le projet MéthaLAE, trois valorisent la chaleur dans des séchoirs et consomment moins de concentrés grâce aux fourrages de qualité.

En renforçant l’efficacité économique des exploitations agricoles, la méthanisation participe au maintien de ces entreprises rurales et de l’emploi qu’elles représentent, voire le développe. Dans le Maine-et-Loire, deux unités collectives voisines, celles de Vihiers (44 exploitations) et de Montilliers (35 exploitations), ont créé ensemble un groupement d’employeurs de dix salariés chargés du fonctionnement des sites,


DOSSIER I MÉTHANISATION

LA SOCIÉTÉ L’UTILITÉ SOCIALE DE L’AGRICULTURE RENFORCÉE ET ÉLARGIE

et du transport des effluents et du digestat. Plusieurs embauches ont été constatées aussi dans les fermes et unités collectives intégrées au projet MéthaLAE (voir ci-dessus). Les externalités positives d’une agriculture de proximité pour la société (indépendance alimentaire, vie et emploi en milieu rural, paysages) sont donc renforcées, et complétées par un nouveau rôle : la contribution à l’autonomie énergétique de la France. L’objectif d’ici 2030 est d’atteindre 10 % de la consommation de gaz naturel sous forme de biogaz (moins d’1 % actuellement), et 32 % d’énergies renouvelables globalement.

UNE MEILLEURE INTÉGRATION TERRITORIALE

Pour encourager cette transition énergétique utile à l’ensemble de la société, de nouvelles mesures favorisent les projets d’injection de biométhane. L’arrêté réfaction paru fin 2017 prévoit notamment la

prise en charge des extensions de réseau par les gestionnaires de réseau (GRDF principalement) à hauteur de 40 % de leur coût ; sachant que ces extensions peuvent représenter plusieurs dizaines de kilomètres. Des expérimentations sur le rebours sont par ailleurs en cours pour créer un réseau de circulation du gaz à double-sens, afin que les surplus produits localement puissent accéder à des zones de consommation élargies. Emploi rural, maintien de l’agriculture, autonomie énergétique ; la méthanisation est utile à la société également en matière de gestion d’une partie des déchets des collectivités, des ménages et des industries. Elle offre une alternative à l’incinération ou l’enfouissement, lorsque le compostage n’est pas possible. « Sur le plan sociologique, les unités de méthanisation ont eu un effet positif sur l’intégration territoriale des fermes impliquées, auprès des autres agriculteurs et du voisinage en général », souligne encore l’étude MéthaLAE.  n Vendre du carburant vert en direct au consommateur contribue au chiffre d’affaires d’Agribiométhane en Vendée.

A Vihiers, le fonctionnement des sites et le transport des effluents et du digestat a créé dix emplois.

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MÉTHANISATION I ÉCONOMIE

LE BIO-MÉTHANE INVITÉ Que ce soit pour alimenter le réseau de gaz ou celui de l’électricité (entre autres usages), le produit issu de la méthanisation agricole a toute sa place dans la transition énergétique impulsée par les pouvoirs publics. Les filières s’organisent, et les moyens d’optimiser cette ressource s’imaginent. Par Ronan Lombard

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ans un monde où la France a atteint son objectif de neutralité carbone, l’agriculture et sa filière méthanisation sont devenues incontournables. La jeune association France gaz renouvelables (1) défend cette idée. « L’agriculture est indéniablement une solution pour le climat », explique-t-elle dans un communiqué du mois d’octobre. « Cette dernière adapte sans cesse ses pratiques pour diminuer son impact sur l’environnement. » Et aujourd’hui, elle offre des solutions concrètes pour contribuer à réduire l’émission de gaz à effet de serre responsables du changement climatique. La production d’énergie renouvelable en est une. Actuellement, le monde agricole produit (directement et indirectement) de l’ordre de 20 % des énergies renouvelables en France selon l’Ademe. Cette dernière souligne qu’en définitive, « les exploitations agricoles participent autant à leur production qu’elles ne consomment d’énergie », sachant que leur contribution à l’offre en énergie devrait avoir doublé à l’horizon 2030.

L’AGRICULTURE INDISPENSABLE À L’ÉNERGIE…

Avec l’éolien ou le photovoltaïque, la méthanisation est une des voies évidentes de cet essor. France gaz renouvelables rappelle que « le monde agricole détient 90 % du gisement de matière méthanisable. » De quoi développer aussi le chiffre d’affaires qui en est issu. D’après l’Ademe, en 2015, « la contribution du secteur agri-

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cole à la production d’énergies renouvelables représente 1,4 milliard d’euros, soit l’équivalent de 2% du chiffres d’affaires de l’agriculture. » Sur ces bases, France gaz renouvelables considère aussi que la production d’énergie une des réponses essentielles pour l’avenir de l’agriculture, sans même compter les externalités positives de la méthanisation dans un système agricole et pour son environnement, telles que les qualités fertilisantes du digestat, favorables à la reconquête de la qualité de l’eau. Ainsi, « les gisements de biomasse disponibles, après un usage prioritaire pour satisfaire les besoins alimentaires et sous réserve de créer les conditions de leur mobilisation, permettront une contribution forte de l’agriculture à la production d’énergie renouvelable mais aussi le développement d’une économie circulaire pour les territoires. »

La diversification énergétique est une solution permettant aux agriculteurs de s’assurer un revenu supplémentaire, sécurisant l’avenir de leurs exploitations, défend notamment France gaz renouvelables.

…L’ÉNERGIE INDISPENSABLE À L’AGRICULTURE

Au dernier Space, les intervenants invités par Aile(2) pour une conférence sur la méthanisation pointaient un autre atout de cette production : il s’agît d’unités de production réglables, grâce auxquelles stabiliser le réseau électrique est possible. Alors que la consommation d’électricité, énergie compliquée à stocker, est variable et que la production via l’éolien ou le solaire sont fluctuantes, voire intermittentes, et non maîtrisables, les unités de méthanisation alimentant un moteur

(1) France gaz renouvelables est née en juin 2018 de l’initiative de huit partenaires, dont l’AAMF, les chambres d’agriculture, GRDF, GRTgaz… (2) Agence locale de l’énergie en Bretagne et Pays de la Loire

générateur d’électricité constituent une source d’approvisionnement qui permet de compenser ces variations, à l’instar d’installations géothermiques ou hydroélectriques. Jean-Philippe Lamarcade, représentant le distributeur Enedis, souligne même « que c’est la source la plus facile pour adapter la production à la consommation. » Lena Muller-Lohse, de l’Office franco-allemand pour la transition énergétique présente ce qui est fait en Allemagne pour mettre en œuvre cette qualité qui vaut à la méthanisation d’être classée dans la catégorie des énergies de réglage : « En 2012, l’Allemagne a inséré une prime à la flexibilité de la production. Ainsi, la puissance électrique des installations n’est pas utilisée au maximum », compensation financière à la clef. En simplifiant, cette prime de flexibilité correspond à 130 €/kWel attribués en contrepartie de la puissance supplémentaire installée, générant un surcoût de l’électricité produite. Selon des résultats de 2014, outreRhin le fonctionnement flexible d’une installation de méthanisation fait augmenter le coût de l’électricité produite de 2 à 5 c€/kWhel, pour un coût de production global de


AU BAL DES ÉNERGIES l’ordre de 16 à 25 c€/kWhel, selon la taille de l’unité et les ingrédients qu’elle valorise. Mi 2015, 3 000 unités de méthanisation en Allemagne étaient inscrites au dispositif d’accès à cette prime de flexibilité.

cité se montre particulièrement pertinente et l’injection dans le réseau de gaz, qui dispose par ailleurs « d’importantes capacités de stockage », comme le rappelle Eric Feuillet (GRDF).  n

DES SCHÉMAS À IMAGINER

Techniquement, « on peut jouer sur l’alimentation du digesteur, détaille Lena Muller-Lohse. Il est possible de stocker un produit intermédiaire, digérable très rapidement ensuite », et le stockage de biogaz lui-même constitue un levier pour ajuster la production d’électricité par les moteurs mis en aval de digesteurs. Un exemple de schéma envisageable également serait une double issue possible pour le biométhane : la cogénération mise en œuvre lorsque la valorisation en électri-

UNE ASSOCIATION POUR LE BIO-MÉTHANE L’univers des membres fondateurs de l’association allie des organismes représentant la profession agricole et le monde du gaz naturel. Leur but est de promouvoir la place des gaz verts dans le mix énergétique français. France gaz renouvelables entend fédérer les différentes initiatives liées à l’essor des gaz renouvelables et permettre la création d’un écosystème « au service des territoires et de la transition énergétique ».  n

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PUBLI-REDACTIONNEL

Injecter du biogaz : une bonne idée ? Economique, agronomique et sociétale. Les intérêts pour la production de biogaz et son injection dans le réseau sont multiples. L’activité tend à se développer, voici pourquoi. Pourquoi injecter du biogaz est une bonne idée ? Pour une raison assez simple à vrai dire. « Quand on fait de la méthanisation, on valorise le gaz soit en électricité soit par injection dans le réseau. Quand on injecte dans le réseau, on vend 90% de l’énergie que l’on produit. Alors que quand le gaz est transformé en électricité par cogénération on ne vend que 40% de l’énergie produite par la méthanisation (et on ne vend pas la chaleur, ou difficilement). Pour la même production, le chiffres d’affaires de l’injection est multiplié par 1,8, c’est presque le double ! » explique Francis Claudepierre, président de l’AAMF (Association des Agriculteurs Méthaniseurs de Létang Biogaz - Sourdun - Crédit photo : Grégory Brandel - GRDF. France). Toutefois, il faut garder en tête que l’investissement se réunir pour la mise en place de tel projet : « Il faut dans un épurateur et le coût de raccordement au réseau une taille minimum de 300 KW électrique pour un projet peuvent être élevés, ce qui explique pourquoi Francis rentable. ce qui équivaut en injection à un débit de Claudepierre conseille à des collectifs d’agriculteurs de 70 Nm3/h. »

Qu’est-ce que le biométhane ?

Quels sont ses bénéfices pour l’environnement ?

Le biométhane est une énergie 100 % renouvelable produite à partir de la dégradation de matières organiques : effluents d'élevages, résidus de cultures, déchets verts, ordures ménagères, déchets agroalimentaires ou encore déchets industriels. La décomposition de ces matières produit du biogaz qui, une fois épuré, devient du biométhane.

Le biométhane contribue à la baisse des émissions de gaz à effet de serre et favorise l’essor de l’économie circulaire. Saviez-vous par exemple que la production de biométhane génère 10 fois moins de CO2 comparé à la production de gaz naturel ?

Comment se développe la filière ?

Quels sont les bénéfices du biométhane pour la filière ?

La dynamique de croissance de la filière est très forte. Il y a actuellement 72 sites qui injectent du biométhane dans l’ensemble des réseaux. Près de 400 projets devraient voir le jour dans les 4 ans à venir. La France, avec l’importance de sa filière agricole, dispose donc d’un très bon potentiel pour atteindre l’ambition d’injecter 30% de gaz vert dans les réseaux en 2030.

90 % des gisements disponibles pour produire le biométhane proviennent des agriculteurs. Cela leur apporte des revenus récurrents et pérennise l’activité locale. En plus du gaz vert, les méthaniseurs produisent du digestat, un engrais organique bénéfique pour la qualité des sols. // Le saviez vous ? 80% des exploitations agricoles sont situées à moins de 10 km d’un réseau de gaz existant. Plus de 40 conseillers GRDF sont sur les territoires pour accompagner les porteurs de projets.


PUBLI-REDACTIONNEL

SUR LE TERRAIN : DE L’INJECTION POUR ÉLARGIR LES LEVIERS AGRONOMIQUES Deux céréaliers de l’Indre investissent cinq millions d’euros dans un méthaniseur qui avalera 18 000 tonnes de cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE). Un moyen pour eux d’assurer un revenu constant sur leurs terres et d’élargir les leviers agronomiques dans une région à l’agriculture peu diversifiée. A Villers-les-Ormes dans l’Indre, le chantier du méthaniseur de la SAS Méthavert bat son plein. Eric Bergougnan, l’un des deux associés de la société est à la tête d’une exploitation de 390 ha gérés depuis seize ans dans un assolement collectif de 3 300 ha avec douze autres exploitants. La cuma Ceres créée en 2002, et le groupement d’employeurs associé, avaient alors pour objectif de mettre en commun le matériel, les salariés et le travail. Malgré cette optimisation, l’équation agronomique et économique est de plus en plus difficile à équilibrer : les prix de vente sont faibles, le désherbage et la lutte contre les ravageurs est de plus en plus complexe, les impasses techniques

fertilité des sols avec des légumineuses ou des mélanges céréales-protéagineux. L’objectif est d’injecter 180 Nm3/heure de biométhane à partir de 18 000 t de biomasse, à un tarif de 10 centimes/ kWh. Les effluents d’un élevage de taurillons voisin, voire des issues de céréales de collecteurs locaux pourraient à l’avenir intégrer le digesteur. « Nous produirons peut-être jusqu’à 250 Nm3 mais le tarif sera alors dégressif », précise Eric Bergougnan. Un raccordement de six kilomètres a été réalisé pour connecter le site au réseau, et pris en charge à hauteur de 40 % par GRDF (au titre de l’arrêté réfaction de novembre 2017).

se multiplient, les rendements plafonnent voire diminuent. L’agriculteur commence à s’intéresser à la méthanisation avec Vincent Guérin, président de la cuma Ceres. C’est ainsi que les deux voisins décident de s’associer dans le projet Méthavert visant à injecter du biométhane dans le réseau à partir de juin 2019. Basé sur un contrat de vente du gaz à prix garanti pendant quinze ans, ce débouché assure un revenu constant pour les cultures qui l’alimenteront. Sur 600 ha situés autour du méthaniseur, des CIVE d’hiver vont être mises en place pour produire du biogaz. Seigle, orge, triticale seront semés à l’automne et récoltés en ensilage au printemps ; l’objectif étant d’implanter la culture principale au printemps (sorgho, tournesol, millet, maïs, sarrasin). Des CIVE d’été pourront aussi être utilisées en fonction des opportunités. Cette nouvelle approche va apporter davantage de liberté aux agriculteurs pour diversifier leurs rotations et tester des leviers agronomiques en matière de désherbage, ou d’amélioration de la

Par Nathalie Tiers

Eric Bergougnan.

Entretien avec Christophe Bellet, en charge du développement du Biométhane chez GRDF

Accompagnement : La réalisation du projet

Comment GRDF facilite l’aboutissement des projets ? GRDF est le principal gestionnaire de réseau de distribution de gaz naturel en France. GRDF peut vous accompagner dans chaque étape du projet : ● Estimation des possibilités de production en fonction des déchets produits, des coûts et des recettes ainsi que des spécificités liées au réseau (distance et débit).

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Christophe Bellet.

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Comment se renseigner autour de l’injection de biométhane ?

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MÉTHANISATION I TRACTEUR NH T6

AU-DELÀ DE LA MÉTHA L’Earl Guerin a testé sur sa ferme le prototype du tracteur fonctionnant au méthane de New Holland. Mis à part l’autonomie de la machine, le tracteur pourrait correspondre à leur attente de ferme autonome en énergie. Par Pierre Criado

L

eur projet aujourd’hui est simple : devenir autonome en énergie. A l’Earl Guérin, en Dordogne, on ambitionne de produire son propre carburant pour alimenter trois tracteurs ou matériels de manutention, ainsi que trois véhicules utilitaires. Un projet qui va bien au-delà de la valorisation des effluents d’élevage ou de l’injection de gaz dans le réseau. Un projet qui va bien au-delà de la simple production agricole. Au-delà des rêves, ils ont pu tester pendant quelques jours le tracteur New Holland Power Methane sur leur exploitation, grâce à l’appui de la fédération des cuma de Dordogne. Dans les faits, le tracteur fonctionne comme un tracteur standard, à la différence de l’autonomie plus réduite. Celle-ci est comprise entre 3 et 6 h en fonction des travaux réalisés. Le prototype testé, équivalent d’un T6.180 développant 180 ch, dispose aujourd’hui de 300 l de stockage de Gnv, soit 52 kg de gaz contre 160 kg de capacité de Gnr pour un tracteur diesel. Nicolas Morel, en charge du marketing tracteur pour New Holland, dessine un avenir positif à la mise sur le marché d’un tel tracteur. Il prévoit une présentation d’une gamme complète d’ici le Sima 2021.

12 Entraid’ 1 décembre 2018

La nouvelle génération de tracteur Methane Power pourrait ressembler dans les grandes lignes au concept présenté par New Holland en septembre 2017. Les réservoirs situés dans les montants de cabine sont amenés à disparaître.

Pour Matthieu Guerin, «on pourrait envisager un avenir avec des véhicules qui fonctionnent au Gnv. Mais il faudrait pouvoir utiliser ce tracteur sur une journée entière : 6 h d’autonomie, ce n’est pas suffisant. »

Elle devrait se composer de trois modèles, dont deux T6 et un T7 à empattement long, d’une puissance de 220 ch.

UNE GAMME COMPLÈTE D’ICI LE SIMA 2021

Principales évolutions à prévoir sur ces tracteurs, la suppression des réservoirs situés dans les montants de cabine, pour des contraintes réglementaires. Cela provoquera une ré-

L’essai du T6.180 s’est bien déroulé sur l’Earl Guerin. Il a principalement été utilisé avec l’épareuse Rousseau attelée à l’arrière.

10 à 15 % de surcoût

duction de la capacité de stockage de Gnv d’un tiers, conséquent pour l’autonomie. Cependant, des alternatives existent comme des réservoirs modulables que l’on attelle à la demande sur le relevage avant. Le surcoût d’investissement est de l’ordre de 10 à 15% selon le constructeur. Ajoutez à ça environ 25 000 € pour disposer sur sa ferme, où à proximité, d’une station pour faire le plein.  n


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MÉTHANISATION I VOIE SÈCHE

UN SYSTÈME PLUS ADAP Les éleveurs de l’Hexagone utilisent davantage de paille que leurs homologues allemands, pionniers inspirants en matière de méthanisation agricole. Bien qu’encore minoritaire, la méthanisation par voie sèche (appelée aussi voie solide) apparaît donc logiquement plus appropriée à nos contrées. Basée en Haute-Saône, l’Eurl Joly, spécialisée dans l’élevage de veaux de boucherie, en est la parfaite illustration. Par Matias Desvernois

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orsque le dispositif fonctionne, la méthanisation présente des avantages indéniables : valorisation des déchets et production de chaleur et d’électricité. Mais pendant des années en France, les installations d’unités de biogaz affichaient trop souvent, au mieux, de tristes rendements, au pire, des échecs cuisants. Réjouissons-nous car cette période est peut-être révolue. Après seulement six mois de fonctionnement, le dispositif de biogaz par voie sèche mis en place chez Matthieu Joly, à la tête d’un élevage de 1 500 bêtes, bénéficie déjà d’économies concrètes. « Ce qui m’a plu dans ce projet c’est la valorisation des déchets et l’autonomie en énergie. Avant, j’étais un grand consommateur de propane pour la buvée des veaux », raconte l’intéressé.

DES ÉCONOMIES…

Visant à obtenir une eau à 65°C, indispensable à la préparation du lait, 25 t de propane par an étaient nécessaires. A 1 200 €/t en moyenne, l’addition était salée. Depuis l’installation du méthaniseur en mars, l’éleveur n’en a consommé que 2 t. Une première économie effective. Autre volet séduisant : la vente

14 Entraid’ 1 décembre 2018

d’énergie électrique. « Aujourd’hui pour cette exploitation, le tarif s’élève à 22 centimes d’euros le kilowattheure. A raison de 8 000 h/an environ à 160 kWh, vous obtenez 270 000 € de recettes », estime à la louche Elie Bart, responsable commercial chez Sud-Ouest Biogaz, l’entreprise française qui a élaboré et installé l’unité. La durée du contrat (20 ans) passé avec EDF assure un revenu stable au producteur.

…MAIS UN COÛT ÉLEVÉ DE MAINTENANCE

Ces chiffres très alléchants cachent néanmoins un coût de la maintenance onéreux. Calculez environ 80 à 100 000 €/ an, en assurance, en contrôle du moteur, des digesteurs et en temps de travail. Le coût total de l’installation, égal à 1,2 M€ (dont 300 000 € couverts grâce à des subventions), doit aussi être pris en compte. En France, l’Agence de l’environnement (Ademe) chiffre à plus de 600 les installations de biogaz en

Pour les responsables de Sud-Ouest Biogaz, qui a élaboré et installé l’unité chez Matthieu Joly, « la voie sèche discontinue est une technique tout à fait adaptée aux élevages français traditionnels qui produisent beaucoup de fumier pailleux. »

France dont la moitié concerne des systèmes à la ferme. Parmi eux, « une quarantaine de projets appliquent la voie sèche discontinue », informe Blandine Aubert, direction régionale de l’Ademe. Comparativement à l’Allemagne, où les aires sur caillebotis prédominent, les éleveurs français ont plus souvent recours à la paille, produisant ainsi plus de fumier que de lisier. Pendant des années donc, les premières installations de méthanisation ont été montées, calquées sur le modèle allemand, avec une mauvaise expérience à la clef dans de trop nombreux cas. Principal effet indésirable : des conduits bouchés. « Selon moi, la voie sèche discontinue est une technique tout à fait adaptée aux élevages français traditionnels qui produisent beaucoup de fumier pailleux », analyse Mathieu Issartel, gérant chez Sud-Ouest Biogaz. Il liste quelques atouts : la matière solide obtenue à la sortie permet de réaliser « des économies de transport ». Aussi, l’azote contenu dans ce diges-


PTÉ AU MODÈLE FRANÇAIS Joly peut compter, à l’année, sur 3 500 t de fumier issues de son exploitation et 1 500 t provenant de son voisin, éleveur de vaches allaitantes et de taurillons. Pour compléter la ration destinée au digesteur, des résidus de céréales (100 t/ an achetées à la coop) sont ajoutés en plus de ses propres cultures intermédiaires (Cive). Son installation est composée de quatre digesteurs qui produisent en alternance, en fonction des chargements, d’où la dénomination « voie sèche discontinue ». La production de méthane est quasi linéaire. Chaque case peut recevoir jusqu’à 210 t de déchets. En parallèle, un digesteur liquide récupère le jus (percolat) sortant des cases, et le réinjecte toutes les deux heures afin de conserver l’humidité des substrats. « Le jus va également servir à ensemencer le cycle suivant en bactéries », indique Elie Bart. Après 56 jours de digestion, le fumier est sorti en vue d’être épandu. Pour Matthieu Joly, le travail dédié au méthaniseur mobilise une journée pleine tous les quinze jours. 8 heures complètes sont consacrées à retirer les bâches du digesteur, le vider et le recharger, sachant que deux salariés travaillent à plein temps sur l’entreprise. Reste l’astreinte : l’éleveur déclare surveiller son dispositif via son téléphone ou lors de rondes quotidiennes.  n

Après seulement six mois de fonctionnement, le dispositif de biogaz par voie sèche mis en place chez Matthieu Joly, bénéficie déjà d’économies concrètes.

Matthieu Joly est à la tête d’un élevage de 1 500 veaux de boucherie : « Ce qui m’a plu dans ce projet, c’est la valorisation des déchets et l’autonomie en énergie. »

tat est moins minéral et donc moins volatil que celui de son homologue liquide. En revanche, la voie sèche produit moins de méthane que la voie liquide et cette dernière requiert moins d’organisation. Les substrats sont directement versés dans les digesteurs contrairement à la voie solide qui exige, au préalable, une phase de décomposition à l’air

libre de 10 à 15 jours. Mais, « le coût de la maintenance est beaucoup plus élevé en voie liquide car le broyeur et l’agitateur sont très énergivores », remarque encore le constructeur.

DEUX JOURS PAR MOIS DE TRAVAIL DÉDIÉ

Pour faire tourner son méthaniseur de 160 kWc de capacité, Matthieu

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MÉTHANISATION I AGRIBIOMÉTHANE

LEUR MODÈLE ÉCONOM

Agribiométhane injecte 100 m3/h de biogaz dans le réseau de Mortagnesur-Sèvre.

Il y a un an, dix éleveurs de Vendée et de Maine-et-Loire ont fait le pari de vendre leur biogaz directement aux consommateurs sous forme de carburant. Outre sa rentabilité financière en croissance, la station positive l’image des agriculteurs auprès de la population locale. Par Nathalie Tiers

85 % DU MÉTHANE PRODUIT EST VALORISÉ

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A

moins d’un euro le kilo, c’est sans doute le carburant le moins cher de France. La station de bio-GNV (gaz naturel véhicules) de Mortagne-sur-Sèvre en Vendée, la seule de l’Hexagone approvisionnée par un outil de méthanisation agricole, a soufflé sa première bougie en septembre. Avec 23 000 kg commercialisés par mois, elle atteint désormais l’équilibre financier dans les délais que s’étaient fixés les agriculteurs actionnaires. Ils sont une dizaine dans quatre exploitations d’élevage (lait, porc, canard) à s’être lancés en 2014 dans l’injection de biogaz dans le réseau de la ville, via un raccordement long de 400 mètres. « Nous avons choisi cette option, car le rendement énergétique est meilleur que celui de la cogénération électricité-chaleur, justifie Damien Roy, président de la SAS Agribiométhane. Nous valorisons 85 % du méthane produit. » L’atout de Mortagne-sur-Sèvre est la proximité d’une zone d’activi-

tés industrielles, consommatrice d’énergie tout au long de l’année. Le méthaniseur produit 15 à 20 % des besoins globaux des habitants et des usines, soit l’équivalent du volume nécessaire à 800 foyers. Néanmoins, pour garantir la consommation de gaz en l’absence de chauffage durant la période estivale, les agriculteurs ont eu l’idée de créer cette station de carburant, inspirée par la présence conséquente de transporteurs. Un millier de camions sur le secteur, cela représente un potentiel certain ! « Pour le moment, la station écoule 15 % de notre gaz auprès d’une quinzaine de camions et une dizaine de voitures. Nous pourrions atteindre 100 % avec 50 camions ou 800 voitures. »

PROMOUVOIR LES VOITURES HYBRIDES

Du point de vue technique, l’intégralité du biométhane produit passe par le poste d’injection afin de vérifier sa qualité : il est donc vendu à 100 % à Engie selon les termes du


MIQUE CARBURE

contrat. Puis, la seconde société de Damien Roy et ses collègues, nommée ‘Agribiométhane carburant’ rachète du biogaz à la même entreprise (pour le vendre à la station). Ce tarif de rachat étant inférieur au tarif de vente à Engie, les agriculteurs ont tout intérêt à écouler leur gaz à la pompe. « Nous sommes maîtres du prix de vente de notre carburant, et notre objectif est de rester en dessous d’un euro le kilo pendant encore un ou deux ans, explique Damien Roy. Avec l’essence et le diesel qui passeront à 1,60 € le litre en janvier, le bio-GNV est de plus en plus intéressant pour les transporteurs. Les camions coûtent 25 % plus chers à l’achat, mais ce surcoût est rentabilisé en deux ans. Quant aux voitures, elles ne sont pas vendues plus chères, donc nous cherchons à développer la clientèle. » En mai dernier, les agriculteurs ont invité Volkswagen et Fiat à faire la promotion de leurs véhicules hybrides sur la station. Et en septembre, ils ont exposé leurs propres

véhicules GNV lors de la journée verte de la communauté de communes du Pays de Mortagne : utilitaires ou personnels, ils sont sept sur les quatre exploitations. « Cela me semble important de montrer l’intérêt pour les consommateurs, afin de renforcer l’acceptabilité des projets de méthanisation », estime Damien Roy.

GISEMENT PLUS MÉTHANOGÈNE

Du côté des industriels et transporteurs, les camions roulant au bio-GNV sont aussi très porteurs en termes d’image. La société La Boulangère, par exemple, qui recycle ses boues via le méthaniseur, s’apprête à communiquer sur la transformation de ses déchets en kilomètres verts. Perçu comme un partenaire attractif pour les industriels, Agribiométhane assure du même coup son gisement. Le digesteur est approvisionné aux deux tiers par les lisiers et fumiers des élevages, et à un tiers par des déchets agroalimentaires. En quatre ans,

Dix agriculteurs sont actionnaires des deux sociétés Agribiométhane et Agribiométhane carburant. Ils emploient un salarié.

son fonctionnement a été optimisé grâce à l’apport de matières plus riches en matière sèche et donc plus méthanogènes. Il produit actuellement 100 m3 de gaz à l’heure tandis que les prévisions étaient établies à 65 m3. « Notre modèle économique a évolué, souligne Damien Roy. Au début, nous percevions une redevance pour traiter des déchets industriels pauvres en matière sèche. Aujourd’hui, nous refusons certains déchets et nous payons pour récupérer d’autres sous-produits plus riches en matière sèche. Nous ne touchons presque plus de redevances, mais nos ventes de gaz ont progressé. »

20 % DE RÉSULTAT NET

Les associés d’Agribiométhane ont d’autres idées pour le futur. Un nouveau bâtiment va être construit pour pouvoir vider les déchets à l’intérieur sans dégager d’odeur. Ils vont également investir dans un hygiéniseur pour traiter les biodéchets contenant des produits animaux (viande, lait, œufs)

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MÉTHANISATION I AGRIBIOMÉTHANE

Un compresseur et des bouteilles permettent de stocker l’équivalent de dix pleins de camions au niveau de la station, notamment le dimanche quand la zone industrielle est à l’arrêt.

issus des cantines et de la grande distribution. Ceux-ci seront chauffés à 80°C pendant une heure selon les normes sanitaires. Un troisième projet vise à réduire la facture d’électricité s’élevant à 70 000 €/ an. Un futur bâtiment de stockage sera équipé de panneaux photovoltaïques qui assureront 20 à 25 % d’autoconsommation. Avec la création d’Agribiométhane, Damien Roy estime économiser sur sa ferme entre 12 000 et 15 000 €/ an de frais d’épandage, désormais pris en charge par la SAS. Il a également réduit ses achats d’engrais azotés de plus de 50 % grâce au digestat. Les éleveurs étant excédentaires en phosphore, le digestat solide est composté et vendu à une entreprise de Saumur. « Agribiométhane réalise un million d’euros de chiffres d’affaires dont 20 % de résultat net après impôts reversé en partie aux actionnaires, annonce le président. Nous nous rémunérons depuis 2016. Nous avons créé un emploi à plein temps sur le site, et nous contribuons à faire fonctionner l’outil à hauteur d’un millier d’heures environ, sachant que ce temps est indemnisé. » Bientôt, la seconde

Un kilo d’Agricarbur’ à 0,999 € équivaut à un litre de diesel ou d’essence.

Pour les transporteurs de Mortagne-surSèvre, rouler au bio-GNV est porteur en termes d’image.

société ‘Agribiométhane carburant’ gérant la station sera elle aussi bénéficiaire. Les dix agriculteurs engagés dans ce projet ont trouvé, via la méthanisation, le moyen de pérenniser leurs entreprises vis-à-vis des contraintes d’épandage et de la pression foncière. En outre, ils renforcent leur rentabilité économique et leur image auprès de la population locale. « Nous avons déposé le nom Agri’Carbur pour mettre en avant l’origine agricole de notre carburant. J’espère que d’autres stations se créeront sous ce nom, car l’agriculture a une place à prendre pour développer le carburant vert », conclut Damien Roy.  n

1 M€

de CA

18 Entraid’ 1 décembre 2018

AGRIBIOMÉTHANE EN CHIFFRES 4 exploitations, 10 agriculteurs 18 000 m3 de lisiers et fumiers + 6 000 m3 de sous-produits agroalimentaires 17 000 m3 de digestat liquide pour 650 ha d’épandage 1 600 t de digestat solide composté exporté 3,4 M€ d’investissement dans le méthaniseur dont 1,1 M€ de subventions 1 digesteur de 1 880 m3 et 1 post-digesteur de 1 200 m3 (voie liquide infiniment mélangé) 1 lagune de 13 000 m3 pour stocker le digestat + 3 cuves de stockage dans les fermes 960 000 € investis dans la station de carburant 4 pompes, 2 voies poids lourds, 1 voie voitures 1 500 t d’émissions de CO2 économisées 75 t d’engrais chimiques azotés économisés


EN RÉGION I MÉTHANISATION NOUVELLE-AQUITAINE

Au pied des méthaniseurs Fin septembre a eu lieu la deuxième journée «Au pied des méthaniseurs», organisée par MéthaN-Action, l’AAMF(1) et Vienne Agri Métha.

Ces articles au complet sont à lire sur entraid.com

MAINE-ET-LOIRE

UN AUTOMOTEUR ET DEUX TONNES SUR LE CHANTIER

Comment épandre 100 000 m3 de digestat par an, tout en préservant l’azote qu’il contient ? La cuma Biolys a fait le choix d’un automoteur avec enfouisseur, ravitaillé au champ.  n A Nojals-et-Clottes (24), sur l’unité de Clottes Biogaz, s’est tenue une journée au pied des méthaniseurs. 60 participants ont échangé autour des aspects logistiques et économiques du retour au sol du digestat. Au programme : retours d’expériences, témoignages et surtout démonstration d’un chantier d’épandage de digestat. A l’œuvre et accompagnés des commentaires techniques de Jérôme Allègre (fdcuma Dordogne) : cinq types d’épandeurs, avec ou sans tonne, avec ou sans rampe, jusqu’à l’automoteur. Autant de démonstrations réunies en un seul chantier, qui ont permis d’affiner pour certains leur choix de système d’épandage.  n Juliette Chenel (1)Association des agriculteurs méthaniseurs de France.

LOIR-ET-CHER

TARN

LE GAZODUC PASSE PAR LA ROUTE

L’INJECTION FAIT SON ENTRÉE EN OCCITANIE

Six ans après le lancement de l’idée, les porteurs du projet de méthanisation Méthabraye voient enfin le bout du tunnel. Derrière l’unité qui a été inaugurée fin novembre, ce sont 17 exploitations qui deviennent acteurs de la méthanisation, en empruntant une route originale et après un investissement de 6,8 M€. Faute de pouvoir injecter localement le méthane produit, ils le liquéfient sur leur site de Savigny-le-Braye, pour en faciliter son transport, via une citerne, vers un point d’injection situé à proximité de l’agglomération vendômoise, 16 kilomètres plus loin. Produit en grande partie à partir d’effluents d’élevage (17 000 t/ an), le gaz injecté par le nouveau producteur représente une partie significative des besoins de la ville de Vendôme et ses alentours. « La production est estimée à 12 GWh/an, soit la consommation annuelle en gaz naturel de 1 000 logements », détaillent les représentants de la SAS Méthabraye, présidée par Delphine Descamps.  n Vincent Demazel

Fin octobre a été inaugurée la première unité de méthanisation agricole d’Occitanie, qui injectera du biogaz directement dans le réseau.

©©Francis Cescato

Des agriculteurs qui se connaissaient via les cuma locales ont réussi à contourner les difficultés pour faire naître leur atelier de méthanisation collectif. Ils injectent leur gaz dans le réseau, sur lequel ils n’ont pourtant pas un accès direct.

Le méthaniseur de Biométharn est alimenté par 13 000 t annuelles de matières, issues de l’exploitation de 330 bovins lait et viande. L’unité pourra fournir un millier de foyers en biogaz domestique. Cette installation apporte à l’exploitation une solution pour le stockage, le traitement et la réduction des odeurs des effluents. Elle aura aussi un impact positif sur son système de cultures, sur le volet fertilisation, avec le digestat obtenu. L’investissement, d’un montant total de 3 M€, a été soutenu par la Région et l’Ademe, pour ce projet qui a notamment fait intervenir une cuma pour l’aménagement du site et des abords.  n Elise Poudevigne Autre événement officiel, pour un autre projet dans le Sud-Ouest, à Lévignac-de-Guyenne (47), c’est une première pierre qui a été posée le 4 décembre.

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