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PONT ENTRE
SURABONDANCE
ET PRÉCARITÉ
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UN PONT ENTRE SURABONDANCE ET PRÉCARITÉ
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© 2016 – Editions Monographic SA, CH-3960 Sierre ISBN : 978-2-88341-282-8 4
T E X T E
A L B E R T O
C H E R U B I N I
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P H O T O S
C H A R L E S
N I K L A U S
10 ANS
2006 – 2016
UN PONT ENTRE SURABONDANCE ET PRÉCARITÉ
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PRÉFACE
© DR
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Bien que la faim n’existe heureusement pas dans notre région, 900 000 personnes environ vivent en Suisse avec ou au-dessous du minimum vital. Parallèlement, chaque année, 2 millions de tonnes de nourriture d’excellente qualité sont détruites dans notre pays. Pour lutter contre ce paradoxe, l’Association Les Tables du Rhône – Rottu Tisch recueille chaque jour en Valais et dans le Chablais vaudois environ 1,3 tonne de nourriture auprès des entreprises, afin de la distribuer ensuite aux personnes dans le besoin. Le succès lui donne raison. Et ceci depuis 2006. Au début, l’Association s’est constituée dans la partie francophone du Valais et dans le Chablais vaudois. Depuis 2013, la collaboration s’est étendue dans le Haut-Valais. Pour le 10e anniversaire de votre association, vous tenez dans vos mains un cadeau spécial. Ce livre ! Il émane de l’initiative du journaliste Alberto Cherubini, en collaboration avec le photographe Charles Niklaus. Tous deux ont travaillé bénévolement dans le but de donner la voix aux personnes de notre région, qui se trouvent dans la précarité. Le langage est la clef de la relation inter-humaine et produit des effets symboliques et significatifs. L’auteur de ce livre le sait, car il puise dans l’alphabet entier pour atteindre son but. 26 lettres y figurent pour 26 portraits de personnes en situation financière difficile, qui ont toutes un point commun : elles utilisent les services des Tables du Rhône – Rottu Tisch.
Et malgré la signification importante des mots, nous sommes tous d’accord pour dire que ce sont avant tout les actes qui comptent : « Même le mot le plus judicieux n’est en fait que du bavardage, s’il ne conduit à aucune action sur le terrain. » Arthur Schnitzler Les recettes de la vente des livres seront versées à l’Association et donc aux personnes vivant avec le minimum vital qui ont besoin de cette aide immédiate. Ce sont des actes concrets et j’aimerais en remercier de tout cœur les deux protagonistes. J’adresse également toute ma gratitude au comité, aux membres de l’Association, aux 300 bénévoles qui s’engagent au service des plus pauvres, aux nombreuses entreprises qui collaborent avec l’Association, de sorte que moins de nourriture soit détruite et qu’une plus grande quantité aboutisse sur les Tables du Rhône - Rottu Tisch. Vos actes parlent d’eux-mêmes et dépassent les simples mots. Vous méritez un grand merci et toute notre estime. Esther Waeber-Kalbermatten Présidente du Conseil d’Etat valaisan
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LES TABLES DU RHÔNE COMMENT ÇA MARCHE ?
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Du lundi au vendredi – chaque matin et chaque semaine de l’année, sans exception ! – les chauffeurs et les aides-chauffeurs bénévoles se donnent rendez-vous à 8h15, à Monthey, devant le dépôt des Tables du Rhône. Deux camionnettes-frigorifiques sont prêtes au départ.
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Les bénévoles des Tables du Rhône partent récolter la nourriture que les commerces du Valais romand et du Chablais vaudois décident de retirer de la vente. De la nourriture encore parfaitement propre à la consommation. Puis, après avoir récolté la nourriture, les équipages des deux camionnettesfrigorifiques vont la redistribuer à des institutions sociales et aux Tables du Rhône locales.
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Une troisième camionnette-frigorifique des Tables du Rhône (Rottu-Tisch en haut-valaisan) se charge de la récolte dans les commerces du Haut-Valais.
La tournée de récolte de nourriture de chaque camionnette est minutieusement planifiée.
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UN PEU D’HISTOIRE : EN 2006, LES DÉBUTS DES TABLES DU RHÔNE
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La première distribution de nourriture par les Tables du Rhône à des personnes ayant besoin de l’aide sociale a été effectuée le 23 octobre 2006 à Bex sous la houlette de Cécile Favre (photo 1), responsable de la Table du Rhône bellerine. Trois pionniers ont été à la tête de cette aventure : Siegfried Dengler de Choëx (photo 2), MarieChristine et André Gex-Collet de Monthey (photo 3). Outre ces trois pionniers, le premier comité de l’Association était complété par Mady Perréaz, Alice Perazzi et André Chamois, Aigle ; Michèle-Andrée Epiney, Sierre ; Cécile Favre, Bex ; Georges Coppey, Sion ; Mario Giacomino et Flaviano Rigamonti, Monthey.
Les pionniers des Tables du Rhône ont adopté la devise « Partager plutôt que gaspiller ». Chaque année, on estime que deux millions de tonnes de denrées alimentaires intactes sont jetées en Suisse. Les Tables du Rhône ont signé un partenariat avec Table Suisse et Table Couvre-Toi. Ces deux associations faîtières suisses luttent sur le plan national contre le gaspillage alimentaire. L’Association des Tables du Rhône est une association à but non lucratif, indépendante sur le plan politique et neutre du point de vue confessionnel. Son siège est à Monthey. Dès 2015 elle est présidée par Alain Langel de Monthey. L’Association des Tables du Rhône est constituée par un comité, un bureau de 6 personnes issues du comité et par une assemblée générale annuelle rassemblant les bénévoles. Dix ans après sa fondation, l’Association des Tables du Rhône peut compter sur la collaboration de quelque 300 bénévoles. En plus des 80 bénévoles du groupe des chauffeurs et aides-chauffeurs, quelque 220 bénévoles forment le groupe des personnes qui redistribuent la nourriture dans les 9 tables locales.
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Sans ses bénévoles, les Tables du Rhône ne pourraient pas être 38
ce pont solide entre la surabondance et la prĂŠcaritĂŠ. 39
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ABÉCÉDAIRE D’UNE CERTAINE PRÉCARITÉ Sous le couvert de l’anonymat, 26 bénéficiaires de la nourriture redistribuée par les Tables du Rhône — toutes et tous au bénéfice de l’aide sociale — évoquent les causes de leur précarité. 26 bénéficiaires comme les 26 lettres de l’alphabet. 41
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A
Madame « A » est veuve. Cette Suissesse vit avec son fils cadet apprenti vendeur. Suite à un accident de voiture, Madame « A » ne peut plus exercer son métier d’assistante dentaire. Elle doit se contenter de vivre avec sa seule rente de veuve qui s’élève à 1468 francs par mois. Les services sociaux prennent en charge le loyer de l’appartement du fils cadet avec qui elle vit : « Du coup, ce n’est pas mon fils qui vit chez moi, mais c’est moi qui vit chez mon fils. » Depuis deux ans, Madame « A » est une bénéficiaire régulière des Tables du Rhône : « Au début j’avais un peu honte de venir aux Tables du Rhône. Puis, petit à petit, je me suis habituée. Maintenant ça va, j’essaie de positiver en me disant qu’ il y a des gens qui sont plus malheureux que moi. Je dois continuellement calculer ce que je dépense pour savoir comment je vais faire pour m’en sortir à la fin du mois. Heureusement que j’ai la possibilité de vivre chez mon fils... »
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B
Madame « B » est syrienne. Elle est arrivée en Suisse il y a 2 ans avec son mari et leurs deux enfants de 6 et 9 ans. La famille a fui la guerre. C’est la toute première fois que Madame « B » vient aux Tables du Rhône. « Nous venons de changer de domicile. Où nous habitions, il n’y avait pas les Tables du Rhône. Une voisine m’a dit qu’on pouvait venir ici pour chercher un peu à manger. » Mais Mme « B » n’a pas la carte délivrée par les services sociaux qui donne droit à recevoir de la nourriture de la part des Tables du Rhône. « Il vous faut aller au service social de la commune, là-bas ils vous donneront la carte » lui explique aimablement la responsable locale des Tables du Rhône, tout en ajoutant : « pour cette fois nous vous donnons de la nourriture même si vous n’avez pas de carte, mais la prochaine fois n’oubliez pas de venir avec la carte ». Madame « B » remercie : « ici en Suisse c’est formidable, tout est si bien organisé, merci ! »
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TABLE DES MATIÈRES PRÉFACES
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LES TABLES DU RHÔNE COMMENT ÇA MARCHE ?
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LA PRÉCARITÉ EN SUISSE, UNE RÉALITÉ
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9 TABLES DU RHÔNE LOCALES
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10 INSTITUTIONS
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LES FOURNISSEURS DES TABLES DU RHÔNE
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UN PEU D’HISTOIRE : EN 2006, LES DÉBUTS DES TABLES DU RHÔNE
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ABÉCÉDAIRE D’UNE CERTAINE PRÉCARITÉ
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REMERCIEMENTS 94
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Achevé d’imprimer en septembre 2016 sur les presses de Schœchli Impression & Communication SA, Sierre
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Depuis 10 ans, l’Association Tables du Rhône rÊcolte la nourriture dans les commerces du Valais et du Chablais vaudois pour la redistribuer aux plus dÊmunis. Le journaliste chablaisien Alberto Cherubini a donnÊ la parole à vingt-six personnes qui bÊnÊficient de la nourriture redistribuÊe par les bÊnÊvoles des Tables du Rhône. Vingt-six rÊcits, comme les 26 lettres de l’alphabet, qui dÊmontrent que la prÊcaritÊ est bel et bien une rÊalitÊ au sein de notre sociÊtÊ prospère. Le regard du photographe Charles Niklaus souligne avec tact cette misère cachÊe. En première partie de ce livre, les deux auteurs racontent, à la manière d’un roman photo, le travail des quelque 300 bÊnÊvoles des Tables du Rhône qui, chaque semaine, rÊcoltent et redistribuent l’Êquivalent de 12 500 repas.
10 ANS 2006 – 2016
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LE PRODUIT DE LA VENTE DE CE LIVRE EST ENTIĂˆREMENT REVERSÉ Ă€ L’ASSOCIATION TABLES DU RHĂ”NE