Derborence, la nature et les hommes

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Sabine et Charly Rey Carron

DERBORENCE LA NATURE ET LES HOMMES

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RANDONN

ÉES

« Derborence, la nature et les hommes » est le fruit du travail de plusieurs contributeurs qui ont mis en commun leurs connaissances actuelles. Localisé au cœur des Alpes, accessible seulement durant la belle saison, ce site mythique attire par son histoire et par l’activité humaine en harmonie avec le paysage et ses richesses naturelles. De hautes parois rocheuses dominent un éboulement impressionnant et un lac paisible dont ce livre commémore le tricentenaire. Treize itinéraires de marche, décrits, commentés et richement illustrés, sensibilisent les promeneurs à la beauté et à la diversité de cette région unique, encore bien préservée.

ISBN 978-288341-222-4

9 782883 412224

DERBORENCE – LA NATURE ET LES HOMMES

COMMENTÉ

ES


Déjà parus dans la collection: Les sites naturels protégés par le canton du Valais Drosera SA, 2009 (également en langue allemande)

Avalanches! Les événements de février 1999 Service des forêts et du paysage, 2009 (également en langue allemande)

Les Hauts de Fully. Treize randonnées dans la région Chavalard/Dent-de-Morcles Sabine et Charly Rey Carron, 2010

Le Mont Chemin. Hommes d’hier, Nature d’aujourd’hui Mathias Vust, 2010

Adieu glaciers sublimes. Les glaciers valaisans au fil du temps Françoise Funk-Salami et Charly Wuilloud, 2013 (également en langue allemande)

Cet ouvrage bénéficie du soutien du Service des Forêts et du Paysage du canton du Valais, de la Commune de Conthey, du District de Conthey, du Service de la culture du canton du Valais et de la Loterie Romande.

IMPRESSUM © 2014 ITERAMA (Département des transports, de l’équipement et de l’environnement du canton du Valais, Service des forêts et du paysage ; Editions Monographic, Sierre ; Rotten Verlag, Visp ; Drosera, Sion) Couverture Mise en page Diffusion Distribution Impression

Sabine Rey Carron Schoechli Impression & Communication SA Editions Monographic SA; ISBN 978-288341-222-4 Rotten Verlag, Visp pour l’édition allemande; ISBN 978-288341-223-1 Office du Livre, Fribourg (OLF) Schoechli Impression & Communication SA, Sierre


Sabine et Charly Rey Carron

Derborence,

la nature et les hommes TREIZE RANDONNÉES COMMENTÉES

Avec les contributeurs suivants : Jacques Melly (avant-propos), Pierre Hainard (préface), Paul Bruchez (descente de la Lizerne), Jean-Michel Fallot (climatologie), Mario Sartori (géologie et description des deux grands éboulements), Gérald Favre (hydrogéologie), Spéléo-Club Jura : Louis Stähelin, Damien Linder et Eric Weber (spéléologie), Emmanuel Reynard et Simon Martin (géomorphologie), Christophe Florey (champignons), Alexandre Cotty (introduction de la faune, vie animale dans l’éboulement, insectes et informatique), Paul Marchesi (petits mammifères et batraciens), Frank Udry (grande faune), François Allegro (murmurer à l’oreille des bouquetins), Jérôme Fournier (mollusques), Florian Dessimoz (reptiles et protection), Nicolas Antille (dernier vol de la vipère), Harald Bugmann, Caroline Heiri, Raphaela Tinner et Peter Brang (forêt vierge), Jean-Henry Papilloud (histoire), Martine Roh (« Derborence », roman de Ramuz), Philippe Antonin (légendes), Jean-Bernard Roh (souvenirs du mayen), Liliane Leyat-Papilloud (Refuge de Derborence), Bertrand Bandollier (Derborence), Pascal Rey (témoignages), Josette Crettaz (Refuge du Lac), Olivier Flaction (légendes et gîte de Lodze), Antoine Sierro (oiseaux, insectes, chauves-souris), Andreas Sanchez et Yannick Chittaro (coléoptères), Jacques Sauthier, Victor Glassey et Thomas Gloor (cartes, itinéraires, balisage et temps de marche des sentiers)



SOMMAIRE

Sommaire 9 Avant-propos 11 Préface 12 Introduction 15 Chapitre 1. La nature à Derborence

17 17 25 32 41 44 48 55 63 66 88 98 100 102

La géographie La climatologie La géologie L’hydrogéologie La spéléologie La géomorphologie La flore Les champignons La faune L’éboulement Le lac de Derborence et ses berges Les zones alluviales La forêt vierge

Chapitre 2. L’activité humaine à Derborence L’histoire « Derborence », roman de Charles Ferdinand Ramuz Les légendes de Derborence et de la région Les mayens, les chalets Les alpages Témoignages sur les mayens, l’alpage et la route Les hébergements, les restaurants L’hydroélectricité Le tourisme

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SOMMAIRE

Chapitre 3. Treize itinéraires de marche Introduction 1. Route Aven/Derborence 2. Mayens de Conthey-Code/Gîte de Lodze/Tsamperon/Le Brésil ou Maduc 3. Ardon/Isières/L’Airette/Motèlon 4. Derborence/Vérouet (La Chaux) 5. L’Airette/Chalet d’Einzon/Itre du Bouis 6. Derborence/Gîte du Grenier de Cheville/Pas de Cheville 7. Poteu des Etales/Miex/Tsanfleuron Alpage (Sanetsch) 8. Tour de l’éboulement des Diablerets 9. Tour de la Vallée de Derborence 10. Tour du lac de Derborence 11. Tour du Mont Gond 12. Tour du Vallon de la Lizerne 13. Vallon de Dorbon

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Chapitre 4. Protection 328 333 Chapitre 5. Derborence en hiver Conclusion 336 Remerciements 339 Index des noms de lieux 341 Index des noms français et latins des espèces citées 342 Bibliographie 368 Crédits photographiques 376 Les contributeurs 380 Les auteurs 382

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AVA N T- P R O P O S

AVANT-PROPOS L’écroulement de la montagne des Diablerets en 1714 a marqué à jamais l’histoire et le visage du Valais, par l’ampleur de la catastrophe, son lot de victimes, mais aussi, le temps ayant comme toujours estompé les contours de la tragédie, par la beauté sauvage du site façonné au gré des éboulements successifs. La nature a frappé aveuglément puis elle a aussi, comme une meurtrière séductrice qui implore le pardon, posé dans son écrin de sommets terrifiants une émeraude, le lac qui s’est formé grâce à l’éboulement. Terre de tradition, avec ses mayens et ses alpages, terre de désolation après la catastrophe, terre de légende pour perpétuer le souvenir des disparus, puis terreau littéraire qui a inspiré un illustre écrivain, Charles Ferdinand Ramuz, Derborence ne peut laisser indifférent et son existence s’inscrit dans l’éternité. La décision du Conseil d’Etat du canton du Valais de mars 1961 déclare la forêt vierge, le lac de Derborence et la zone sise au Nord-Est de celui-ci « site protégé » et « réserve absolue de faune et de flore ». Outre la forêt vierge, une des trois seules du genre en Suisse, le périmètre inclut également une zone alluviale d’importance nationale, une flore et une faune d’exception, dont le gypaète barbu qui s’y reproduit depuis quelques années, signe manifeste que la nature y est préservée. Le site de Derborence illustre à lui seul le chemin que suit la politique cantonale en matière de protection de la nature : au-delà de la mise sous protection de sites de qualité, il importe de les mettre en valeur par des mesures ciblées, de gérer le flux des visiteurs, et de contribuer à leur information pour les sensibiliser aux beautés de la nature et des paysages. La publication de ce livre, au-delà de la commémoration historique initiée par les communes de Conthey, Vétroz et Ardon à l’occasion du tricentenaire de l’éboulement, correspond à ces actions de vulgarisation que l’Etat du Valais se plaît à soutenir. Que les initiateurs, les auteurs et toutes les personnes ayant contribué à la production de ce bel ouvrage soient remerciés et félicités pour l’excellence du résultat ! Jacques Melly,Conseiller d’Etat Chef du département des transports, de l’équipement et de l’environnement

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P R É FAC E

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P R É FAC E

PRÉFACE Voici un livre magnifique ! Les deux auteurs ont constitué là une synthèse à la hauteur du sujet – car Derborence, c’est comme le désert : quand on y a été, on ne pense qu’à y retourner, non pas parce qu’on y aura pris un coup de spiritualité dans un paysage absolu, selon la théologienne Benedicta Ward, mais parce que dans ce site magique des Alpes on peut rencontrer la montagne dans toutes ses expressions. Quand on l’approche depuis les pâturages d’Anzeindaz, on a beau avoir été impressionné par les parois des Diablerets, on l’est plus encore par celles du cirque de Derborence, amphithéâtre titanesque, avec la plaie apparemment toute fraîche de cet éboulement gigantesque qui, bien que vieux de trois siècles, fait encore peur à voir – c’est la vision de Ramuz avec son œil d’épervier mélancolique, lui qui dit de Derborence : « le mot chante doux ; il vous chante doux et un peu triste dans la tête ». Mais depuis lors, la nature qui ne perd pas son temps a de suite commencé à coloniser cette rocaille cyclopéenne. Contraste, la forêt que l’on a toujours dite « vierge », avec ses grands arbres massifs, semblait intacte depuis toujours, mais voici qu’un ouragan récent l’a transformée par place en mikado, couchant des arbres demi-millénaires – serait-ce là l’échelle de temps de l’évolution naturelle par catastrophes pour ces forêts d’altitude ? Quand on monte depuis la plaine en suivant le chemin des paysans de montagne qui ont alpé dans le site, on entre dans un décor spectaculaire : des gradins, sur lesquels de belles forêts sont installées en spectatrices, font face à des dalles en pente vertigineuse où des lambeaux forestiers, arbres dressés et plus haut rampants, occupent héroïquement le terrain entre les sillons des torrents et les couloirs d’avalanche. Là, on prononce « Derboréntse », en accord avec la force de l’accent de ceux qui ont su pendant des siècles braver les éléments. Dans le fond du décor, derrière le front de l’éboulement s’élèvent les parois majestueuses du cirque de Derborence, surmontées par la Tour St-Martin (ou la Quille du Diable, au choix du spectateur). Qui a la vue d’ensemble sur le site ? Le gypaète qui plane le long du haut des parois ? Certes, mais pas lui tout seul ! Car il y a maintenant Charly et Sabine Rey Carron qui ont survolé l’ensemble et nous en ramènent un tableau aussi complet que vivant, dans l’espace et le temps ! Ci-contre : Vue générale du cirque de Derborence et de la vallée de la Lizerne

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P R É FAC E

C’est que les auteurs ont su réunir des contributeurs compétents et expressifs, ce qui ne peut laisser aucun lecteur insatisfait ! Géographie, géologie, climat, forment autant de synthèses scientifiques très actuelles (avec des données nouvelles qui ont fait cruellement défaut jusqu’à maintenant) et sont traitées d’une façon aussi vivante que la flore et la faune fortement représentées, avec aussi bien des descriptions par les spécialistes des états actuels que des évocations des naturalistes précurseurs. On trouve même des témoignages d’amoureux de la nature – certains des plus originaux, tel celui qui pourrait « murmurer à l’oreille des bouquetins » ou celui qui raconte « Le dernier vol de la vipère », impression féérique du reptile transporté dans le bec d’un circaète Jean-le-Blanc allant nourrir sa progéniture. Bref toute la richesse de la nature présente à Derborence, vue avec l’œil et sentie dans le cœur. « …et les hommes » dit le titre : ils sont vraiment bien là, d’abord dans leur courage et leur ténacité de paysans de montagne et d’exploitants de l’alpe, non seulement évoqués et représentés par des images anciennes et actuelles mais aussi dans le langage si expressif de leurs témoignages. Et l’on voit que les chalets de mayens et d’alpage ne sont pas simplement abandonnés comme on pouvait le craindre à la suite des cessations d’activités des années soixante, mais qu’ils sont devenus pour la plupart ouverts à l’accueil des touristes pédestres. Combien de jeunes motivés et proches de la nature auront-ils ainsi trouvé une activité dans le site en lui assurant une présence saisonnière renouvelée ? Tant mieux pour les marcheurs qui peuvent dès lors compter avec des étapes plus commodes ! Et là on découvre une forte partie, constituant la moitié de l’ouvrage et confirmant sa grande utilité pratique, une mine de renseignements précieux pour ceux qui sont tentés de découvrir cette nature si vaste et variée : treize itinéraires de marche, abondamment documentés de conseils pratiques (validés par les autorités du tourisme pédestre) et illustrés de tant de photos et d’anecdotes que l’on croit y être déjà (ou à nouveau pour les anciens, qui peuvent les revivre avec émotion !). Grâce à Charly et Sabine qui ont su réunir contributions scientifiques de valeur, informations pratiques sûres et chaleur humaine, Derborence, tant de fois illustré et décrit, a enfin le grand livre qu’elle mérite. Pierre Hainard Prof. hon. de biogéographie végétale, Universités de Genève et Lausanne

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LA NATURE À DERBORENCE

4. Massif des Diablerets et zone alluviale du Pessot

5. Vallon de la Lizerne de la Mare

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6. Pas de Cheville (1), Tête Pegnat (2) et contreforts des Diablerets (3) 7. Mont Gond au soleil couchant

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8. Tête Grosjean (1), Mont Gond (2) avec la terrasse des mayens de Mombas-Dessus (3)

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9. Vallon de Dorbon

Au Sud-Ouest, le Mont Gond (2710 m) ressemble à un profil de visage qui dort et s’éclaire au soleil couchant (7-8). Son flanc Nord, garni de pentes raides, entaillées par de nombreux ravins, domine le cirque de Derborence. Au Sud-Est du cirque, au-dessus du lac de Derborence et du vallon de Dorbon, le Mont à Cavouère (2595 m) se prolonge à l’Ouest par le Mont à Perron (2667 m) et par l’imposant Haut de Cry (2969 m), pyramide grise, qui domine par son flanc Sud la plaine du Rhône (9). A l’Ouest, prenant sa source à la Tita Naire (2701 m), la Derbonne emprunte une ancienne vallée glaciaire longue de 7 kilomètres où se succèdent ombilics (parties creusées, plates) et verrous (parties rocheuses, pentues) (9). Ses eaux et celles des flancs de la vallée se perdent dans les roches calcaires fissurées. Elles alimentent plusieurs sources importantes. L’Etang de la Forcla (2450 m) est blotti dans un écrin entre le Pacheu (2798 m) et la Dent de Chamosentse (2721 m). Une digue retient ses eaux. De ce point, deux cols permettent de rejoindre à pied les Mayens de Chamoson ou Ovronnaz.

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Les roches Contrairement à beaucoup d’autres régions alpines, les Hautes Alpes Calcaires présentent une relative uniformité géologique. A grande échelle, un motif, formé par un empilement de strates sédimentaires caractéristiques, peut être suivi latéralement sur des centaines de kilomètres. Les roches sont des calcaires, des grès, des marnes et des schistes argileux qui résultent du dépôt de sables calcaires ou siliceux, de limons calcaires et d’argiles dans un bassin marin. Il a fallu plus de 200 millions d’années pour accumuler en couches et former, après compaction et induration, une épaisseur de roches de 2 à 3 km (16). Ce bras de mer, aujourd’hui disparu, était relié à l’Ouest à l’océan Atlantique. Sa largeur dépassait les 500 km et sa longueur devait atteindre plus de 3000 km. Les roches du cirque de Derborence se sont formées sur la marge continentale Nord de ce bassin marin, c’est-à-dire dans une bande large d’environ 100 km d’eau, relativement peu profonde, qui bordait son rivage septentrional. Ce domaine est qualifié d’« Helvétique ». A une exception près, seule la moitié supérieure de ce « gâteau Forêt-Noire », ou plutôt « série stratigraphique », est visible dans la région de Derborence. Voici de quoi reconnaître dans le paysage et sous les semelles, les différentes couches de biscuit et de crème, ou plutôt de calcaires et de schistes. Ces alternances de roches d’aspect contrasté découlent, à petite comme à grande échelle, de variations du niveau marin, de changements climatiques, de l’histoire de l’évolution des formes de vie ou de modifications d’équilibres du manteau terrestre par exemple. Les « formations stratigraphiques » représentent les différentes couches du gâteau. Elles peuvent être constituées de roches très homogènes ou, au contraire, d’alternances plus ou moins régulières de roches de natures différentes. Pour plusieurs raisons, il n’est pas très facile de ramasser un échantillon de roche dans l’éboulis et de déterminer de quelle couche du versant il provient. D’une part, les roches présentent parfois des variations de composition latérales et verticales importantes, à l’échelle de la dizaine ou de la centaine de mètres. D’autre part, les déformations qu’elles ont subies au cours de l’histoire alpine peuvent masquer leur identité. Les « fractures », « les veines », les « schistosités » et les « stylolithes » (17) par exemple, attirent le regard et constituent des obstacles à la reconnaissance des roches qu’il faudra être capable d’effacer par l’esprit. Les gypses, roches les plus anciennes visibles dans le cirque de Derborence, sont friables, d’aspect granuleux, blanc crème, souvent mouchetés de taches ocres ou

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17. Exemples de structures de déformations couramment répandues et qui compliquent l’identification des roches : a) Veines d’extension remplies de calcite jaunâtre b) Réseau de fractures (« joints » ou « diaclases ») pouvant mimer la stratification c) Figures de dissolution de la roche (« stylolithes ») soulignées par des impuretés concentrées sur une surface dentelée d) Micro-plis froissant un schiste argileux e) et f) Surfaces de schistosité vues à l’échelle de la paroi et à l’échelle de l’échantillon. Les surfaces qui débitent la roche en feuillets ont été créées par déformation à plusieurs kilomètres de profondeur sous l’effet de la pression et de la température. Elles recoupent obliquement les plans de stratification qui sont visibles grâce à l’alternance de couches plus tendres et plus dures.

rougeâtres. Ces roches, parfois rubanées, montrant des alternances blanches et grises, sont des évaporites (sulfates de calcium), formées par précipitation d’eaux saumâtres dans des bassins peu profonds durant le Trias (env. 230 millions d’années). Etant facilement solubles dans l’eau, elles présentent des formes karstiques très typiques (399). Les couches qui se sont déposées ensuite dans ce bassin sédimentaire entre 230 et 160 millions d’années ne sont pas visibles ou sont très discrètes dans les environs immédiats de Derborence.

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22. Entrée du Gouffre des Tsermettes, un des gouffres importants du vallon de Dorbon

23. Gouffre des Tsermettes, Galerie Philippe Rouiller, qui descend jusque vers -160 m

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LA SPÉLÉOLOGIE par le Spéléo-Club Jura, Louis Stähelin, Damien Linder, Eric Weber Si, alors que vous pratiquez la randonnée sur l’un des nombreux sentiers qui sillonnent la région de Derborence, vous croisez un petit groupe de personnages errants, portant des combinaisons aux couleurs vives, coiffés de casques et chaussés de bottes en caoutchouc, pas de panique ! Il s’agit d’un groupe de spéléologues qui ont pour habitude de braver les éléments pour assouvir leur soif de découverte de nouveaux réseaux souterrains. La région de Derborence est particulièrement propice à l’exploration spéléologique, de par sa roche calcaire et ses nombreuses formations karstiques : lapiés, grottes et gouffres (sentiers 5, 6, 7, 11 et 13). Ainsi, le Spéléo-Club Jura mène le bal des explorations dans les massifs de Derborence, régulièrement accompagné par des collègues venant d’autres clubs helvétiques, voire même de l’étranger (Belgique, France, Pologne…). Actuellement, 200 phénomènes karstiques totalisent plus de 8 kilomètres de galeries souterraines. Ces dernières ont été minutieusement explorées, cartographiées et répertoriées depuis le début des explorations dans les années 1960. Les spéléologues ont pour habitude d’organiser un camp annuel estival qui draine une dizaine de participants en général. Parfois, ils profitent aussi des week-ends prolongés ou même des week-ends simples pour poursuivre l’exploration, ce qui représente une fin de semaine bien chargée ! Si vous suivez la route de Derborence, vous constaterez qu’au fond de la vallée, plusieurs sources jaillissent du flanc de la montagne, celle de l’Airette (155) et celles de Motèlon. L’eau provient des précipitations qui tombent sur les massifs qui surplombent Derborence à l’Ouest. Cette eau s’infiltre ensuite très rapidement dans les calcaires en se frayant un passage dans les failles, qui s’agrandissent et créent des galeries souterraines, se transformant en rivières, lorsque le débit est important. Ces rivières souterraines, appelées collecteurs, représentent le Graal des spéléologues, car il s’agit en général de grandes galeries esthétiques et agréables à parcourir. L’objectif, qui reste toujours à ce jour vierge, est d’atteindre le fameux collecteur qui coule sous les massifs de Derborence. Seulement, cette rivière se trouve en

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25. Relief en marches d’escalier dû à l’alternance de schistes et de calcaires

26. Le val Triqueut vu de l’aval. En rive droite de la Lizerne, les pentes du versant suivent le pendage des couches géologiques et la vallée présente une forme en V dissymétrique. Au centre de la photo, par contre, on repère la forme de la vallée en auge, modelée par le passage du glacier.

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LA GÉOMORPHOLOGIE par Emmanuel Reynard et Simon Martin Le relief de la région de Derborence et de la vallée de la Lizerne contient les traces de trois séries de facteurs principaux : les facteurs structuraux, le rôle des agents climatiques – la glace et l’eau, principalement – et, bien sûr, l’impact des deux éboulements historiques de 1714 et 1749. C’est la combinaison de ces trois séries de facteurs qui donne à la région de Derborence son ambiance si particulière.

Le rôle de la structure géologique La structure géologique, tout d’abord ! Comme dans toute région de montagne, le relief de Derborence et de la vallée de la Lizerne, où affleurent partout les couches géologiques, est fortement imprégné de leur structure. Ici, dans cette vallée des Hautes Alpes Calcaires, ce sont les roches sédimentaires – calcaires plus ou moins purs et marnes, transformées en schistes par le métamorphisme, reconnaissables facilement à leur structure feuilletée – qui dominent. Ces deux types de roches résistent différemment à l’érosion, ce qui donne un relief caractéristique en marches d’escalier, bien visible dans les parois des Diablerets qui dominent le cirque de Derborence (25). Les calcaires massifs forment des parois verticales. Ils sont attaqués principalement par les processus de gel et de dégel qui provoquent des chutes de pierres et font ainsi reculer petit à petit la paroi, qui conserve ainsi sa verticalité. Les niveaux schisteux sont quant à eux sujets à des processus d’érosion torrentielle qui creusent de petits sillons qui entaillent la roche dans le sens de la pente et à de petits glissements de terrain ; il en résulte des vires à pente plus faible sur laquelle la neige peut tenir durant l’hiver, ce qui souligne encore les différences lithologiques dans le paysage. La relative imperméabilité des schistes, associée à leur débitage en petits fragments, facilite la formation de sols sur lesquels la végétation pourra se développer. Au contraste de pentes vient ainsi se rajouter un contraste de végétation dans ces parois qui au premier abord semblent très verticales. Cette alternance de roches calcaires, très résistantes, et de roches schisteuses, beaucoup plus friables et sujettes à l’érosion par l’eau, est visible partout : dans la paroi des Diablerets, bien sûr, mais aussi dans le versant situé en rive gauche de la Lizerne, dominé par le Mont Gond, ou encore en rive droite du vallon de Dorbon.

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Une belle palette d’orchidées Les milieux très diversifiés de la vallée accueillent tout un cortège d’orchidées (3538). C’est vrai que les orchidées terrestres n’ont rien d’extraordinaire en regard de celles des pays tropicaux, épiphytes (qui vivent sur des arbres comme support) et aux grandes fleurs vivement colorées. Et pourtant, si l’on prend la peine d’observer de près une orchidée indigène, on verra la similitude des pièces florales, à savoir 3 sépales pétaloïdes et 3 pétales. Le pétale central, appelé labelle, diffère généralement des autres par sa forme et sa couleur. Il attire les insectes butineurs et se prolonge parfois en éperon nectarifère. Les orchidées de notre flore suisse comprennent 28 genres et 66 espèces (Lanwehr 1982 ; Danesch 1984) dont respectivement 20 et 38 se trouvent dans la vallée de Derborence, ce qui en fait une belle palette ! Toutes les espèces d’orchidées sont protégées. Ces plantes attirent encore beaucoup d’adeptes passionnés. Ils se regroupent dans l’Association suisse d’orchidophilie qui compte plusieurs sections dont une romande.

Quelques orchidées peu fréquentes ou rares présentes à Derborence

35. Racine de corail

36. Listère en cœur

37. Epipactis à petites feuilles

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38. Orchis couleur de sang


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LES CHAMPIGNONS par Christophe Florey Christophe Florey, responsable cantonal de la commission scientifique de mycologie, nous commente une herborisation sur le site de Derborence, effectuée avec son collègue Bertin Salamin. « A peine arrivés, Woah ! Quelle merveille ! La diversité des milieux sur un si petit secteur présage de belles découvertes ! La variété des essences d’arbres favorise en effet de nombreuses espèces fongiques. Ce site magnifique laisse rapidement place à quelques surprises mycologiques inattendues. Notre prospection débute le long du Pessot, un milieu alluvial avec une multitude de petits arbustes, une zone généralement pauvre en végétation herbacée, car très exposée au soleil. Pourtant des espèces peu courantes et très fugaces vivent à cet endroit, en symbiose avec les saules, tels certains carpophores, des Inocybes (39). Nous entrons ensuite dans une forêt de pin qui se plaît sur les blocs de roche calcaire, recouverts d’une couche de mousse verdoyante. Nous y découvrons deux champignons peu fréquents, le cortinaire gris-bleuâtre, vulnérable en Suisse et le cortinaire muqueux (40), ainsi que le bolet moucheté. Nous nous rendons ensuite dans le pâturage situé juste au-dessus et nous découvrons de magnifiques ronds de champignons d’amanites tue-mouches (41), de couleur rouge vermeil, et des hygrocybes cochenilles (42) à perte de vue. Le milieu change encore : nous entrons dans une forêt d’épicéas. Nous découvrons le gymnopile pénétrant (43), présent sur les souches et troncs morts et le mycène frangé (44), appréciant l’acidité des sous-bois humides. Derborence a la chance de bénéficier d’un climat particulier, lié aux différents courants venant d’une part du bassin lémanique et d’autre part du Valais central. Les fréquents orages favorisent des zones humides qui intéresseraient plus d’un mycologue ! Quelques secteurs strictement protégés sont interdits à la cueillette, ce qui laisserait penser que cela favorise la pousse des champignons. Des études sérieuses prouveraient qu’il n’en est rien.

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54. Batracien emblématique de Derborence, la salamandre noire quitte rarement sa cache située souvent sous un caillou, dans une fissure du sol, sous la mousse ou un tronc.

55. En période nuptiale printanière, le triton alpestre mâle prend une parure bien colorée avec une couleur dorsale gris-bleu, une crête en damier, des lignes argentées et bleues mouchetées de noir sur les flancs. C’est un redoutable prédateur d’œufs ou de têtards de grenouille.

Les batraciens par Paul Marchesi A cause de sa configuration géographique très confinée par les montagnes, la vallée du Rhône n’est pas particulièrement propice aux batraciens. En effet, on y trouve actuellement en amont de St-Maurice seulement 8 des 18 espèces que compte la Suisse. De nombreux obstacles naturels ont freiné la colonisation de la vallée depuis le Léman par la petite faune peu mobile. Heureusement, certains cols de basse altitude, tel le Pas de Cheville (2038 m), ont permis des pénétrations dans le Valais par des voies détournées, comme c’est le cas pour les trois espèces de batraciens vivant à Derborence, région particulièrement isolée à cause des parois rocheuses. La salamandre noire (54) venue depuis le versant Nord des Alpes a pu trouver à Derborence, via ce col, un de ses seuls et surtout principaux refuges valaisans. Ce batracien d’assez grande taille (10–15 cm) se reconnaît facilement à sa peau entièrement noire et luisante. Il vit essentiellement dans les forêts et pâturages de montagnes humides et moussus ou dans les landes éparses jusqu’à près de 2400 m d’altitude.

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56. La grenouille rousse

De mai à septembre, par des journées pluvieuses ou humides, elle s’observe parfois en grand nombre sur les chemins sillonnant le cirque de Derborence, depuis le vallon de Dorbon jusqu’au Poteu des Etales. En revanche, elle ne descend pas à l’aval de Tsamperon, car la vallée de la Lizerne y devient trop rocheuse et étriquée. Ce batracien vivipare qui peut vivre plus de 10 ans ne dépend pas de l’eau pour sa reproduction. Le développement des larves se fait durant 2 à 4 ans dans le corps de la mère qui donne naissance à deux jeunes d’aspect adulte. Le triton alpestre (55) est souvent confondu avec la salamandre noire, mais il est de taille plus petite et présente un ventre orangé typique. Cette espèce pond ici dans une demi-douzaine de plans d’eau au printemps, puis il vit le reste de l’année dans les forêts et les prairies environnantes, jusqu’à 2400 m. Il se réfugie sous du bois mort ou sous des pierres, dans des fissures ou des terriers de rongeurs où il peut vivre jusqu’à 20 ans. Bien qu’elle soit l’amphibien le plus commun du Valais, la grenouille rousse (56) est peu abondante à Derborence où elle ne trouve que quelques plans d’eau libres de truite, principal prédateur de ses têtards. Elle ne vient également aux mares que pour pondre, puis repart aussitôt vivre dans les marais et autres boisements humides dans un rayon de 2 kilomètres. En altitude, elle recherche les petits plans d’eau, peu profonds, où elle trouve des rives qui se réchauffent rapidement. Sa ponte forme une masse de plusieurs centaines d’œufs gélatineux déposée près de la surface pour profiter des moindres rayons de soleil. Ces œufs globuleux et transparents présentent la faculté, comme une loupe, de concentrer les rayons réchauffants. Les juvéniles quittent l’eau en août et hibernent, comme les adultes, dans le sol ou dans le fond vaseux des mares.

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LA NATURE À DERBORENCE

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LA NATURE À DERBORENCE

L’ÉBOULEMENT L’éboulement résulte de l’écroulement d’une paroi des Diablerets le 23 septembre 1714 d’abord, puis le 23 juin 1749 (69). Plus tard, d’autres chutes importantes de blocs ont été relatées en 1881, en 1944 (Spiro 1956) et en 2009 notamment (68). Durant l’année, des pierres tombent régulièrement au pied des parois. « Et oui, une année on a dû arrêter l’alpage où j’allais, on a dû arrêter quatre, cinq ans parce que cela descendait des cailloux, on n’a pas pu amener le bétail ! Il venait des cailloux qui descendaient des deux versants de l’alpage, mais des cailloux comme des locatifs. Des fois ils se fendaient par le milieu, la poussière venait jusque devant le chalet. Le bétail, une fois descendu, était chargé de poussière ! » (Emission intitulée « La Suisse est belle », 1970. Retranscription de Siméon Sauthier, fromager)

68. Eboulement du 1er novembre 2009 69. Ci-contre : Niche d’arrachement des éboulements de 1714 et de 1749 (zone sombre sous la Tête de Barme) et dépôts des éboulements, formant dans le fond du vallon, une langue de blocs, recouverts aujourd’hui principalement de pins

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LA NATURE À DERBORENCE

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LA NATURE À DERBORENCE

74. Les berges Nord du lac de Derborence

LE LAC DE DERBORENCE ET SES BERGES Le plus jeune lac de Suisse attire aujourd’hui de nombreux visiteurs ! Barrées dans leur cheminement certainement déjà lors du premier éboulement (chapitres histoire et éboulement), les eaux de La Derbonne et de la Chevilleince alimentent son plan d’eau. Si l’on croit les mesures de Bridel (1855), « Ce lac, qui peut avoir dans sa forme irrégulière mille pas de long (entre 600 et 700 m) sur une largeur fort inégale, est entouré d’un côté d’une ceinture de rocs culbutés, et présente, de l’autre, des rives plus unies : l’ombre des sapins le noircit à droite de ses reflets, et la Lizerne (en réalité la Derbonne) qui tombe d’un glacier supérieur, s’y précipite avec bruit par une dernière cascade ». Les alluvions, apportées chaque année par la Derbonne et par la Chevilleince en furie lors des gros orages, remplissent peu à peu le lac de matériaux. Au mois d’août, alors que la fonte des neiges est terminée, son niveau baisse fortement. D’après la carte nationale, il mesure actuellement guère plus de 400 m de long et 200 m de large. Pour élever le niveau du lac et colmater ses pertes, de gros blocs, du bois et une masse de terre ont été amenés à l’exutoire en 1975 – 1976. Ce barrage naturel a été renforcé en 1985 (Kuonen, 2000). A terme, ce lac disparaîtra, à moins que... Au Nord, les berges douces (74) chargées de limon, d’argile ou de gravier, détrempées au printemps, humides au début de l’été, recèlent des plantes et une faune de grand intérêt (sentier 10). A l’Ouest, elles sont parsemées de gros blocs (75), déposés là lors du premier éboulement. Au Sud, elles hébergent un parterre de prêles et jouxtent la forêt vierge. Le lac et ses berges sont protégés. 75. Ci-contre : Les berges Ouest du lac de Derborence

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LA NATURE À DERBORENCE

77 a. Forêt vierge de l’Ecorcha

77 b. Dentaire à cinq folioles

77 c. Goodyère rampante

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LA NATURE À DERBORENCE

LA FORÊT VIERGE par Harald Bugmann, Caroline Heiri, Raphaela Tinner, Peter Brang (traduction de Sybil Rometsch), Charly et Sabine Rey Une forêt vierge n’a jamais été, voire que très peu exploitée. Tel est le cas de celle de Derborence, placée en situation Nord dans la pente de l’Ecorcha entre le lac et l’alpage de Vérouet. Elle est protégée depuis 1959. Jacques Droz, dans sa thèse (1994), mentionne que, suite aux éboulements de 1714 et de 1749, la forêt de l’Ecorcha, autrefois perchée sur une paroi rocheuse haute d’une centaine de mètres, devint plus accessible. Elle demeura toutefois peu intéressante pour diverses raisons. Le sapin blanc, principale essence, est de faible pouvoir calorifique, par rapport à l’épicéa et au pin, et de médiocre qualité comme bois d’œuvre. Les arbres de grande dimension étaient difficilement exploitables en l’absence de moyens mécaniques modernes. La forte pente compliquait encore l’exploitation. Mariétan décrit cette forêt avec précision en 1960. Il évoque l’intérêt qu’elle présente pour les scientifiques. Hainard (1969) fournit des implications biogéographiques. Le professeur Harald Bugmann et ses collaborateurs décrivent ainsi la forêt et le suivi effectué par l’ETH de Zurich et le WSL de Birmensdorf de la manière suivante : « Bien que le fond du vallon de Derborence appartienne au Valais central, il est fortement marqué par des masses d’air humide venant du Nord des Alpes par le Pas de Cheville et le massif des Diablerets. Ce climat local influence significativement la composition des espèces d’arbres dans la forêt (77 a) : le sapin et l’épicéa sont les espèces dominantes, avec de très grands individus (78). Sur les pentes raides au-dessus du lac de Derborence, la composition originelle de la forêt est encore bien visible. Des couloirs d’avalanches exempts d’arbres interrompent la forêt dense. En bordure, les mélèzes sont répandus, mais cette espèce est également présente à des altitudes plus élevées de la réserve, notamment sur les éboulis. La pessière-sapinière à adénostyle est caractéristique des formations naturelles des pentes raides au-dessus du lac. Dans la strate arbustive, on trouve le sorbier des oiseleurs (92), le sureau à grappes ou encore le chèvrefeuille alpestre. La strate herbacée souvent luxuriante contient des espèces de mégaphorbiée comme l’adénostyle à feuilles d’alliaire, la prénanthe pourpre (503), la cicerbite des Alpes

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L’ AC T I V I T É H U M A I N E À D E R B O R E N C E

corbeille aux parois verticales, sur laquelle il faut se pencher… » (Ramuz 1973 p. 24) Trois cents ans plus tard, cette corbeille est devenue un écrin et s’est remplie de belles choses, car la nature a repris ses droits et recolonisé les vastes pierriers avec toutes sortes de plantes « aux feuilles dures, aux fruits ligneux, qui tintent dans le vent doucement comme des clochettes » (Ramuz 1973 p. 190). Et les humains aussi se sont habitués à y vivre et à apprécier la beauté austère de Derborence, un lieu rendu encore plus sauvage par les événements qui l’ont tourmenté et plus secret par les légendes qui le hantent.

81. Portrait de Charles Ferdinand Ramuz (Marco 1959)

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L’ AC T I V I T É H U M A I N E À D E R B O R E N C E

« DERBORENCE » ROMAN DE CHARLES FERDINAND RAMUZ (1878 – 1947), PARU EN 1934 par Martine Roh L’écrivain vaudois C. F. Ramuz (81) a-t-il sillonné les sentiers de Derborence ? Ce que nous savons de source sûre (Wyder 1979 ; Pierre 2005), c’est que, vers l’âge de 18 ans, le collégien a franchi le Pas de Cheville et qu’il n’a pas oublié « le saisissement qui s’est emparé de lui quand il a aperçu pour la première fois à 400 m au-dessous de lui ce qui a été le pâturage de Derborence ». La fille du romancier, Marianne Olivieri, a d’autre part rapporté que son père a été profondément marqué par la longue descente sur Ardon, lors de cette journée torride. Par la suite, Ramuz fit de longs séjours en Valais, à Lens en particulier, et consacra plusieurs romans au monde de la montagne. Pourtant, ce n’est qu’en 1933, en compagnie de son ami et éditeur Henry-Louis Mermod, qu’il retourna à Derborence ; mais ils n’y séjournèrent pas et l’écrivain n’y commença donc pas son récit. Comment le romancier a-t-il pris connaissance des faits historiques et des légendes concernant Derborence ? De la bouche de montagnards valaisans, d’un article de la « Feuille d’Avis de Lausanne », d’une phrase lue dans un registre paroissial chez le curé d’Ardon… ? Seule certitude : en juin 1933, Ramuz a pris des notes à partir du « Dictionnaire géographique de la Suisse ». Le manuscrit de « Derborence » est en effet accompagné de trois pages liminaires contenant, de la main même de l’auteur, des notes historiques sur les éboulements des Diablerets. D’autre part, Ramuz a ajouté (mais pas dans toutes les éditions) une épigraphe au premier chapitre de son œuvre : « …Un pâtre, qui avait disparu et qu’on croyait mort, avait passé plusieurs mois enseveli dans un chalet, se nourrissant de pain et de fromage… » Même si la source est citée (Dictionnaire géographique), Ramuz n’a pas précisé qu’il s’agissait d’une légende et il ne l’a pas respectée à la lettre. Le Dictionnaire parle en effet d’eau et non de pain. Il convient d’ailleurs de remarquer déjà ici que, s’il s’est basé sur des faits historiques (les éboulements de 1714 et de 1749) et sur des lieux précis (Derborence et ses environs), Ramuz n’a pas voulu présenter son récit de manière rigoureusement scientifique. Ainsi, il ne donne pas de dates précises : l’histoire commence le soir d’un vingt-deux juin vers les neuf heures,

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L’ AC T I V I T É H U M A I N E À D E R B O R E N C E

84 a. La Tour St-Martin ou Quille du Diable dominant le cirque de Derborence 84 b. La Tour St-Martin ou Quille du Diable, le glacier et les lapiés de Tsanfleuron

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LES LÉGENDES DE DERBORENCE ET DE LA RÉGION par Philippe Antonin et Olivier Flaction La région de Derborence et le massif des Diablerets sont naturellement sources de légendes. Celles-ci se sont perpétuées à travers les siècles. Transmises de bouche à oreille, elles ont été embellies, amplifiées ou déformées. Nous les retranscrivons, afin que ce patrimoine culturel, cher à nos aïeux, demeure. Ils les auraient sans doute contées en patois, leur langue riche en vocabulaire, fort vecteur d’identité et d’histoires locales, truculentes. Les défenseurs de cette langue, trop tôt éradiquée en Valais francophone, s’activent aujourd’hui à la garder en vie, comme pour éviter de gommer nos origines. « No fau jiami ubva nontre rachène, chin idje a ama nontre biau paï », « Il ne faut jamais oublier ses racines, cela aide à aimer notre beau pays » (Philippe Antonin). La première légende, nous venant naturellement à l’esprit quand nous arrivons sur l’éboulement, est celle de Derborence.

85. Enseigne « Le Diablotin » et croix de protection divine, sur le devant de chalets

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101. Vaches à l’alpage de Vosé

102. Mayen abandonné des Cindes, de gauche à droite : Michel Zosi, Jean-Pierre Penon, Olivier Flaction, Sabine Rey, Gilles Besse, Bernard Pasquier, Charly Rey

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LES ALPAGES Au-dessus de la limite supérieure des forêts, les vastes et pentus pâturages offrent une herbe de qualité. La flore des montagnes calcaires confère un goût particulièrement apprécié au fromage. Théodore Kuonen (2000) parle des 10 alpages de la vallée de Derborence ; dans son livre « Derborence et la vallée de la Lizerne », il fournit tous les détails et décrit l’évolution statistique du gros et du petit bétail durant le XXe siècle. Pour mémoire, nous les citons, d’autant que certains (marqués d’un astérisque) ne sont plus pâturés. Ce sont, sur la commune de Conthey : Lodze, Miex, Fenadze *, Les Cindes * (102), Vosé (101), Cheville, Dorbon, et sur la commune d’Ardon : Vérouet *, Einzon, Vertsan *, Cœur *. Comme décrits au chapitre des mayens, auxquels les pâturages d’altitude étaient étroitement liés, ces alpages nourrissaient des vaches laitières de la race d’Hérens (103) et quelque autre petit bétail. Sans écurie, celui-ci vivait jour et nuit en plein air. La bâtisse de l’alpage (l’ître) ne présentait qu’une pièce de plein pied, comprenant la partie nuit (les corbes) et la partie jour, avec le foyer et le matériel pour la fabrication du fromage. Ceux-ci étaient apportés et soignés au grenier. « Les îtres »

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110. Refuge du Lac

111. Auberge du Godet

112. Gîte de Lodze

113. Gîte du Grenier de Cheville

114. Gîte de Dorbon

115. Gîte d’Aïroz

116. Cabane Prarochet

117. Refuge l’Espace

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LES HÉBERGEMENTS, LES RESTAURANTS Privilégiant le tourisme doux, Derborence offre deux lieux de restauration et d’hébergement de condition modeste : l’Auberge du Godet et le Refuge du Lac. Quatre gîtes d’altitude accueillent les randonneurs de moyenne montagne : Lodze, Aïroz, Dorbon et Grenier de Cheville. En bordure des itinéraires commentés, la cabane Prarochet à Tsanfleuron, la cabane Barraud et la cabane Giacomini à Anzeinde, ainsi que la cabane Rambert sur Ovronnaz offrent des structures d’accueil. Le Refuge l’Espace est un restaurant au bord de la paroi des Diablerets.

Le Refuge du Lac par Josette Crettaz « Le Refuge du Lac (110) a été construit sur une parcelle de 1800 m2, aux environs des années 1850 – 1870. Vers 1930, Hubert Delaloye d’Ardon et son épouse Jeanne achetèrent ce mayen pour y séjourner avec le bétail. Puis, Hubert décida d’en faire un refuge pour les randonneurs de l’époque. En 1949, il transforma le mayen en buvette et en dortoir. Les gens pouvaient dormir sur la paille. En 1962, une grande rénovation fut entreprise. Il en résulta une bâtisse agrandie de part et d’autre du vieux chalet qui demeure toujours. Charles Ferdinand Ramuz, l’auteur du livre « Derborence », a parcouru ce site à l’âge de 18 et de 55 ans et le Refuge du Lac a été honoré par son passage. Aujourd’hui, le Refuge du Lac est un restaurant de montagne doté d’une belle terrasse qui surplombe le plus jeune lac naturel d’Europe. C’est aussi un point de vue sur l’une des rares forêts vierges de Suisse. Le nom de Refuge du Lac est resté en hommage à oncle Hubert. Ce restaurant offre à toute heure des spécialités valaisannes et locales, telles que polenta du Berger, croûte du mayen, fondue aux herbes de montagnes et autres mets savoureux. Un carnotzet d’une quarantaine de places permet d’accueillir des groupes. » Capacité du refuge : 40 places en dortoirs Ouverture : du début mai à la fin octobre selon la météo Renseignements : +41 (0)27 346 14 28 ou www.derborence.ch

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TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

Tsanfleuron

124. Carte des treize itinéraires décrits dans le texte (Suisse Rando). La légende concerne toutes les cartes. 1. Route Aven / Derborence 7. Poteu des Etales / Miex / Tsanfleuron Alpage 2. Mayens de Conthey-Code / Gîte de Lodze / Tsamperon / 8. Tour de l’éboulement des Diablerets Le Brésil (arrêt postal) ou Maduc (arrêt postal) 9. Tour de la vallée de Derborence 3. Ardon / Isières / L’Airette / Motèlon 10. Tour du lac de Derborence 4. Derborence / Vérouet (La Chaux) 11. Tour du Mont Gond 5. L’Airette/Chalet d’Einzon/Itre du Bouis 12. Tour du vallon de la Lizerne 6. Derborence / Gîte du Grenier de Cheville / Pas de Cheville 13. Vallon de Dorbon

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TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

INTRODUCTION Les textes sur les sentiers ont été écrits par Sabine et Charly Rey avec l’aide d’Antoine Sierro, d’Alexandre Cotty, de Mario Sartori, de Gérald Favre, d’Andreas Sanchez, de Paul Marchesi, de Jérôme Fournier, de Yannick Chittaro, de Christophe Florey, du Spéléo-club Jura et de Jacques Sauthier.

Treize parcours, allant de la plaine à près de 3000 m, ont été sélectionnés (124). Avant de s’engager dans l’un d’eux, il est impératif de lire les informations sur la longueur, la durée et les difficultés du trajet (125). De nombreux noms de lieux, figurant sur les cartes éditées en 2013, ne sont pas orthographiés de la même manière que sur les cartes précédentes, sur les panneaux pédestres, les arrêts postaux, les prospectus… Dans ce livre, nous avons adopté la nouvelle nomenclature, sauf pour les panneaux d’arrêts postaux. Les altitudes sont celles de l’édition 2013. En fin d’ouvrage, vous trouverez un tableau de correspondance des noms de lieux, éditions 2006 et 2013 (page 341). Les sentiers de montagne présentent des dangers. En début d’été et en automne, des névés ou des plaques de glace peuvent exiger du matériel supplémentaire (piolet, crampons). Attention aussi aux ponts de neige qui peuvent se rompre sous le poids des marcheurs ! Les rivières sont très chargées en eau en début d’été et peuvent être difficiles, voire impossibles à franchir. Certains passages (Poteu des Etales, couloir au Sex Riond) exigent la maîtrise de soi en milieu aérien. Un bon équipement de montagne est obligatoire, tout comme des réserves de nourriture et d’eau. Si nous respectons ces consignes, la promenade devient un moment de détente et de sport dans un décor alpin, loin de la pollution de l’air et loin du bruit. Les informations de ce livre ne sont pas exhaustives, mais devraient nous inciter à être curieux. Profitons des pauses lors de nos promenades, observons quelques éléments de la vie qui foisonnent près des sentiers. Il peut s’agir d’un minuscule insecte, d’un fossile, d’une fleur caractéristique du milieu, d’un papillon ou d’un oiseau, d’un imposant mammifère, d’une source ou d’une grotte, d’une chapelle ou d’un mayen, etc. Bien sûr, tout ne peut être découvert lors d’une seule randonnée. Le site est si beau et si diversifié qu’il est recommandé de parcourir les sentiers à divers moments de la bonne saison et de la journée. Alors les passionnantes découvertes et les sensations éprouvées ne laisseront personne indifférent.

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TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

Au départ du sentier 13, celui du vallon de Dorbon

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TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

125. Les parcours avec le balisage et le temps de marche par Victor Glassey (Valrando) Légende du tableau des treize itinéraires :

cabane arrêt d’autobus place de parc

Sentier de randonnée signal indicateur jaune, pointe jaune. Pas de difficultés particulières. Sentier de montagne

signal indicateur jaune, pointe blanc-rouge-blanc. Chemins réservés aux usagers en bonne condition physique, au pied sûr, ne souffrant pas de vertige et connaissant les dangers liés à la montage

en italique

itinéraires non décrits dans le texte

Les chiffres des itinéraires correspondent à ceux de la carte page 166.

LES SENTIERS DANS LE SENS DE L’ALLER Itinéraires

Etapes

Balisage

1. Aven / Derborence (par la route)

Aven

2. Mayens de Conthey-Code /  Gîte de Lodze / Tsamperon /  Le Brésil ou Maduc

Mayens de Conthey-Code

Temps marche

Signalisation routière

3 h 45

randonnée

1 h 35

montagne

1 h

Tsamperon – Le Brésil

montagne

30 min

Tsamperon – Maduc

non balisé

45 min

– Derborence

Gîte de Lodze

– Gîte de Lodze

– Tsamperon

± 3 h 05 3. Ardon / Isières /  L’Airette /  Motèlon

randonnée

45 min

Isières (couvert) – L’Airette

randonnée

1 h 55

L’Airette – Motèlon

randonnée

Ardon Ballavaud

– Isières (couvert)

1 h 05 3 h 45

4. Derborence / Vérouet (La Chaux)

– Bord du lac (départ pour Vérouet)

randonnée

5 min

Bord du lac (départ pour Vérouet) – Ruine du Grenier

non balisé

1 h 10

Ruine du Grenier – La Chaux (abri)

non balisé

Derborence

35 min 1 h 50

5. L’Airette / Chalet d’Einzon /  Itre du Bouis

L’Airette – Chalet d’Einzon

randonnée

1 h 10

Chalet d’Einzon – Itre du Bouis (abri)

montagne

1 h 2 h 10

169


TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

Balisage

Temps marche

montagne

50 min

montagne

50 min

Pas de Cheville – Refuge Giacomini

montagne

35 min

Refuge Giacomini

montagne

15 min

Itinéraires

Etapes

6. Derborence /  Gîte du Grenier de Cheville / Pas de Cheville /  Refuge Giacomini / Cabane Barraud Anzeinde

Derborence

– Gîte du Grenier de Cheville

Gîte du Grenier de Cheville

– Pas de Cheville

– Cabane Barraud Anzeinde

2 h 30 7. Le Godey / Poteu des Etales /  Miex / Tsanfleuron Alpage

montagne

1 h

Torrent de la Lizerne – Miex Alpage

montagne

1 h 40

Miex Alpage – Cabane Prarochet

montagne

1 h 45

Cabane Prarochet (Refuge l’Espace)

montagne

1 h

Miex Alpage – Miex La Chaux (abri)

montagne

15 min

Miex La Chaux (abri) – Tsanfleuron Alpage

montagne

1 h 15

Le Godey

– Torrent de la Lizerne (sentier 12)

– Tour St-Martin

4 h 10 8. Tour de l’éboulement des Diablerets

randonnée

45 min

Derborence – Mayens de La Tour / La Combe (chemin inférieur)

montagne

30 min

Mayens de La Tour / La Combe – La Lui

montagne

25 min

La Lui – Le Godey

montagne

20 min

Le Godey

– Derborence

2 h 9. Tour de la vallée de Derborence

Derborence – Mayens de La Tour / La Combe (chemin supérieur)

montagne

40 min

Mayens de La Tour / La Combe – La Lui

montagne

25 min

La Lui – Mombas-Dessus

montagne

1 h

Mombas-Dessus – Mombas-Dessous

montagne

30 min

Mombas-Dessous – Besson

montagne

15 min

Besson – Les Courtenâs

montagne

10 min

Besson – Motèlon

montagne

15 min

Motèlon – Derborence

randonnée

55 min ± 4 h

170


TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

Balisage

Temps marche

randonnée

30 min

montagne

1 h 10

Lodze – Col de la Croix de l’Achia

montagne

1 h 45

Col de la Croix de l’Achia – Etang de Trente Pas

montagne

15 min

Etang de Trente Pas – Flore

montagne

30 min

Flore – Gîte d’Aïroz

randonnée

30 min

Itinéraires

Etapes

10. Tour du lac de Derborence

Derborence

11. Tour du Mont Gond

Gîte d’Aïroz

– Derborence – Lodze

4 h 10 12. Tour du vallon de la Lizerne

montagne

25 min

La Lui – Torrent de la Lizerne

montagne

40 min

Torrent de la Lizerne – Mombas-Dessus

montagne

30 min

Mombas-Dessus – Le Godey

montagne

25 min

Le Godey

– La Lui

2 h 13. Vallon de Dorbon

montagne

1 h 35

montagne

1 h 45

Etang de la Forcla - Col de la Forcla

montagne

25 min

Col de la Forcla - Cabane Rambert

montagne

1 h

Derborence

– Gîte de Dorbon

Gîte de Dorbon

– Etang de la Forcla

4 h 45

LES SENTIERS DANS LE SENS DU RETOUR Itinéraires

Etapes

Balisage

1. Derborence / Aven (par la route)

Derborence

2. Le Brésil ou Maduc /  Tsamperon / Gîte de Lodze /  Mayens de Conthey-Code

Le Brésil

Temps marche

Signalisation routière

2 h 40

montagne

50 min

non balisé

1 h 10

Tsamperon – Gîte de Lodze

montagne

1 h 25

Gîte de Lodze – Mayens de Conthey Code

randonnée

1 h 10

Maduc

– Aven

– Tsamperon – Tsamperon

± 3 h 25

171


TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

Itinéraires

Etapes

3. Motèlon / L’Airette / Isières /  Ardon

Motèlon

– L’Airette

Balisage

Temps marche

randonnée

1 h 05

L’Airette – Isières (couvert)

randonnée

1 h 25

Isières (couvert) – Ardon Ballavaud

randonnée

30 min 3 h

4. Vérouet (La Chaux) / Derborence

La Chaux (abri) – Ruine du Grenier

non balisé

20 min

Ruine du Grenier – Bord du lac (départ pour Vérouet)

non balisé

40 min

Bord du lac (départ pour Vérouet) – Derborence

randonnée

5 min

1 h 05

5. Itre du Bouis / Chalet d’Einzon / L’Airette

Itre du Bouis (abri) – Chalet d’Einzon

montagne

30 min

Chalet d’Einzon – L’Airette

randonnée

6. Cabane Barraud Anzeinde /  Refuge Giacomini /  Pas de Cheville /  Gîte du Grenier de Cheville /  Derborence

Cabane Barraud Anzeinde

montagne

10 min

montagne

45 min

Pas de Cheville – Gîte du Grenier de Cheville

montagne

30 min

– Derborence

montagne

35 min

2 h

montagne

1 h 15

Miex La Chaux (abri) – Miex Alpage

montagne

10 min

Cabane Prarochet

montagne

1 h 10

Tour St-Martin (Refuge l’Espace) – Cabane Prarochet

montagne

40 min

Miex Alpage – Torrent de la Lizerne

montagne

1 h

montagne

50 min

Refuge Giacomini

– Refuge Giacomini

– Pas de Cheville

Gîte du Grenier de Cheville

7. Tsanfleuron Alpage / Miex /  Poteu des Etales / Le Godey

45 min 1 h 15

Tsanfleuron Alpage

– Miex La Chaux (abri)

– Miex Alpage

Torrent de la Lizerne – Le Godey

(sentier 12)

3 h 15 8. Tour de l’éboulement des Diablerets

– La Lui

montagne

25 min

La Lui – Mayens de La Tour / La Combe

montagne

30 min

Mayens de La Tour / La Combe (chemin inférieur) – Derborence

montagne

25 min

randonnée

40 min

Le Godey

Derborence

– Le Godey

2 h

172


TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

Itinéraires

Etapes

9. Tour de la vallée de Derborence Derborence – Motèlon Motèlon – Besson

Balisage

Temps marche

randonnée

40 min

montagne

15 min

montagne

20 min

Besson – Mombas-Dessous

montagne

30 min

Mombas-Dessous – Mombas-Dessus

montagne

40 min

Mombas-Dessus – La Lui

montagne

1 h 05

La Lui – Mayens de La Tour / La Combe

montagne

30 min

Mayens de La Tour / La Combe (chemin supérieur) – Derborence

montagne

30 min

Les Courtenâs

– Besson

± 4 h 10 10. Tour du lac de Derborence 11. Tour du Mont Gond

randonnée

30 min

randonnée

30 min

Flore – Etang de Trente Pas

montagne

50 min

Etang de Trente Pas – Col de la Croix de l’Achia

montagne

25 min

Col de la Croix de l’Achia – Lodze

montagne

1 h 35

Lodze – Gîte d’Aïroz

montagne

50 min

Derborence

– Derborence – Flore

Gîte d’Aïroz

4 h 10 12. Tour du vallon de la Lizerne 12.

montagne

35 min

Mombas-Dessus – Torrent de la Lizerne

montagne

30 min

Torrent de la Lizerne – La Lui

montagne

35 min

La Lui – Le Godey

montagne

20 min

Le Godey

– Mombas-Dessus

2 h  13. 13. Vallon de Dorbon

montagne

55 min

Col de la Forcla – Etang de la Forcla

montagne

20 min

Etang de la Forcla – Gîte de Dorbon

montagne

1 h 10

montagne

1 h 05

Cabane Rambert

Gîte de Dorbon

– Col de la Forcla

– Derborence

3 h 30

173


TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

126. Carte de la route Aven / Derborence (carte Suisse Rando) Légende des symboles page 166. Pour situer le sentier, consultez la carte générale page 166. Pour connaître la durée du parcours, consultez le tableau de Valrando pages 169 et 171.

174


TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

1.  ROUTE AVEN / DERBORENCE Cette route est ouverte aux véhicules et aux vélos de mai au début novembre. Le car postal emprunte aussi ce parcours durant l’été (96). A l’entrée et à la sortie des tunnels de la Ceinture Blanche, un panneau indique l’heure et la durée de ses passages. L’accès à Derborence débute à Aven (940 m), dernier village de Conthey avant la vallée de la Lizerne ou val Triqueut (chapitre histoire). La montée, quasi rectiligne sur un kilomètre, traverse une forêt de pins sylvestres, de chênes pubescents et d’érables à feuilles d’obier où l’on aperçoit parfois le chevreuil, le renard ou le chamois (127).

127. Chamois adulte dans la chênaie

175


TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

Puis, sur les rochers se sont installées des steppes rocheuses. Au mois de juin, à contre-jour, les plumets argentés des stipes à tige laineuse (579) se mêlent aux épis blancs des anthérics à fleurs de lis (128). La chaleur de l’adret de la vallée principale s’exprime pleinement. Des pastels (129), dont on peut extraire la teinture bleue des feuilles, ornent les abords de la route de leurs grandes panicules de fleurs à pétales jaunes. Ces zones les plus thermophiles abritent une grande diversité de coléoptères, notamment xylophages. Même si les larves de la plupart de ces espèces se développent dans le bois mort, les adultes se nourrissent volontiers du pollen produit par les fleurs des plantes et des arbustes. Ainsi, lors des jours d’ensoleillement généreux, il n’est pas rare de croiser la cétoine dorée, connue aussi sous le nom de hanneton des roses (130). Ce coléoptère, aux reflets métalliques, variant du vert au violet, se reproduit dans les cavités naturelles des feuillus. La femelle y pond ses œufs ; la larve éclot et peut se développer durant trois ans en se nourrissant du bois en décomposition ; elle forme alors un cocon de nymphose pour atteindre le stade adulte et prendre son envol. Ses imposantes larves blanches, parfois parasitées par celles de la scolie hirsute (131), apparaissent lorsque l’on remue du compost. On observera aussi d’autres espèces de coléoptères, comme le petit capricorne (132), petit cousin du grand capricorne, noir luisant, aux grandes antennes, qui se développe dans le chêne.

128. Anthéric à fleurs de lis et azuré (papillon)

129. Pastel dominant la plaine

176


TREIZE ITINÉRAIRES DE MARCHE

130. Cétoine dorée

131. Scolie hirsute sur un origan

133. Clyte bélier

132. Petit capricorne

134. Clyte arqué

177


DERBORENCE EN HIVER

662. Dans les tunnels, stalactites et stalagmites de glace

664. Lagopède alpin, tenue hivernale

663. La Tour, au mois de janvier

665. Gypaète barbu

666. Chevreuils

Les animaux qui demeurent ont reconquis tout l’espace (666). Certains vivent de réserves accumulées durant l’automne, comme les écureuils ou les campagnols. D’autres se nourrissent des rares touffes d’herbe sur les arêtes ventées. Le lagopède alpin (664), le lièvre variable et l’hermine adoptent une tenue de camouflage : ils deviennent presque totalement blancs. La marmotte dort pendant six à sept mois. Les chamois et les bouquetins choisissent le début de l’hiver pour se reproduire. Quand la neige devient abondante, les chamois peinent à survivre. Certains descendent dans les forêts. Les bouquetins fréquentent les arêtes rocheuses dégagées de neige par le vent. Parfois, une avalanche les emporte, sous le regard gourmand du gypaète qui survole le site (665). Les oiseaux sont moins nombreux, certains ont rejoint les coteaux de basse altitude ou des contrées lointaines au climat plus clément. Peu d’insectes s’activent en hiver.

334


DERBORENCE EN HIVER

667. Diverses formes de glace dans le lac de Derborence

335


INDEX

Paradisies au vallon de Dorbon

342


INDEX

INDEX DES NOMS FRANÇAIS ET LATINS DE LA FLORE CITÉS Selon la nomenclature de Flora Helvetica (Lauber et al. 2012). Le renvoi aux numéros des images est en caractère gras pour les espèces illustrées. Le renvoi aux pages est en caractère normal pour les espèces citées.

Glossaire français

Glossaire latin

Numéros des photos / Pages

Achillée noirâtre

Achillea atrata

220, 272

Aconit compact

Aconitum compactum

284, 319, 615

Aconit paniculé

284, 501

Aconit tue-loup

Aconitum variegatum subsp. paniculatum Aconitum altissimum

Acore calame

Acorus calamus

57, 261

Adénostyle à feuilles d’alliaire

Adenostyles alliariae

103, 319

Ail victorial

Allium victorialis

60, 320, 623

Airelle rouge

Vaccinium vitis-idaea

248, 365

Alchémille calcicole

Alchemilla conjuncta

550, 629

Alchémille coriace

Alchemilla coriacea

321, 629

Alisier blanc

Sorbus aria

270

Alysson renflé

Alyssoides utriculata

60

Amélanchier

Amelanchier ovalis

185, 236, 304, 307, 421, 575

Ancolie des Alpes

Aquilegia alpina

60, 210, 321, 630

Androsace helvétique

Androsace helvetica

60, 294, 523

Anémone à fleurs de narcisse

Anemone narcissiflora

230, 236, 307, 312

Anémone du Mont Baldo

Anemone baldensis

60

Anthéric à fleurs de lis

Anthericum liliago

59, 83, 128, 176, 308

Anthyllide alpestre

Anthyllis vulneraria subsp. alpestris Aposeris foetida

212, 230, 279, 293, 336, 472 b, 521, 550 60, 315, 603

Aposéris fétide

343

284, 500


INDEX

356


INDEX

INDEX DES NOMS FRANÇAIS-LATINS DES CHAMPIGNONS CITÉS Le renvoi aux numéros des images est en caractère gras pour les espèces illustrées. Le renvoi aux pages est en caractère normal pour les espèces citées. Glossaire français

Glossaire latin

Numéros des photos / Pages

Amanite tue-mouche

Amanita muscaria

41, 63

Bolet cèpe

Boletus edulis

274, 460

Bolet moucheté

Suillus variegatus

63

Chanterelle

Cantharellus cibarius

274

Chanterelle d’automne

Craterellus tubaeformis

45, 64

Cortinaire gris-bleuâtre

Cortinarius caesiocanescens

63

Cortinaire muqueux

Cortinarius mucosus

40, 63

Gymnopile pénétrant

Gymnopilus penetrans

43, 63

Gyromitre géant

Gyromitra gigas

459, 274

Hygrocybes cochenille

Hygrocybe coccinea

42, 63

Inocybes

Inocybe sp.

39, 63

Mycène frangé

Mycena epipterygia

44, 63

Polypore soufré

Laetiporus sulphureus

319, 618

Tête de moine

Clitocybe geotropa

274

Tricholome de la Saint-Georges Calocybe gambosa

Ci-contre : Gouille dans l'éboulement, près des Courtenâs

357

274, 458


INDEX

358


INDEX

INDEX DES NOMS FRANÇAIS ET LATINS DE LA FAUNE CITÉS Le renvoi aux numéros des images est en caractère gras pour les espèces illustrées. Le renvoi aux pages est en caractère normal pour les espèces citées.

Glossaire français

Glossaire latin

Numéros des photos / Pages

Mammifères Ane

Equus asinus 144

Belette

Mustela nivalis 71

Blaireau

Meles meles 71, 73

Bouquetin Capra ibex 51, 52, 68, 73, 74-77, 97, 296, 312, 334, 338, 598 Campagnol des neiges Chionomys nivalis 47, 68, 70, 71 Campagnol roussâtre

Clethrionomys glareolus 70

Campagnol terrestre

Arvicola terrestris

Cerf

Cervus elaphus 72, 73, 185, 228, 260, 338, 411

70, 71, 315

Rupicapra rupicapra 72, 75, 86, 97, 127, 175, 182, Chamois 210, 220, 222, 230, 251, 309, 311, 312, 324, 334, 338, 641 Chèvre

Capra aegagrus 111, 119, 129, 135, 136, 144, 147

Chevreuil Capreolus capreolus 73, 97, 175, 182, 260, 266, 271, 440, 666 Ecureuil

Sciurus vulgaris 70, 210, 315, 334

Fouine

Martes foina 71, 97

Hérisson

Erinaceus europaeus 69

Hermine

Mustela erminea 68, 71, 258, 334, 407

Loir

Glis glis 69

Lérot

Eliomys quercinus

Lièvre brun

Lepus europeus 73

48, 70

Ci-contre : Groupe de chocards à bec jaune, observés au col de la Croix de l'Achia

359


Sabine et Charly Rey Carron

DERBORENCE LA NATURE ET LES HOMMES

13

RANDONN

ÉES

« Derborence, la nature et les hommes » est le fruit du travail de plusieurs contributeurs qui ont mis en commun leurs connaissances actuelles. Localisé au cœur des Alpes, accessible seulement durant la belle saison, ce site mythique attire par son histoire et par l’activité humaine en harmonie avec le paysage et ses richesses naturelles. De hautes parois rocheuses dominent un éboulement impressionnant et un lac paisible dont ce livre commémore le tricentenaire. Treize itinéraires de marche, décrits, commentés et richement illustrés, sensibilisent les promeneurs à la beauté et à la diversité de cette région unique, encore bien préservée.

ISBN 978-288341-222-4

9 782883 412224

DERBORENCE – LA NATURE ET LES HOMMES

COMMENTÉ

ES


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