Les catéchèses baptismales de Cyrille de Jérusalem

Page 12

12

Argument

centre de la foi, qu’attestent les Écritures, est la mort et la résurrection de Jésus, et qu’il appartient à sa Pâque de se dispenser à l’homme dans les « choses plus grandes » (Jn 1,50) qu’Il a promises quand Il a trouvé ses premiers amis. Des sens et lumières que nous aurons perçus, nous serons, jour après jour, portés vers des sens et lumières plus vastes et plus dignes de Dieu. et, comme Origène l’avait expliqué à propos de la sagesse, en commentant l’oracle de Balaam à la fin du livre des Nombres, nous serons toujours en exode « vers de plus hautes sublimités », Dieu restant toujours au-delà de ce que nous aurons connu et goûté de Lui : « que tes maisons sont belles, ô Jacob, tes tentes, ô Israël » (Nb 24,5). […] Pour ceux qui s’avancent sur la route de la Sagesse de Dieu, Balaam ne vante pas leurs maisons, car ils ne sont pas arrivés au terme du voyage, mais il admire les tentes avec lesquelles ils se déplacent toujours et toujours progressent ; et plus ils font de progrès, plus la route des progrès à faire s’allonge et tend vers l’infini. telle est la raison pour laquelle, considérant en esprit leur progrès, il les appelle « tentes d’Israël ». et, en vérité, quiconque fait quelque progrès dans la science et a acquis quelque expérience en ce domaine, le sait bien : à peine arrivé à quelque spéculation, à quelque connaissance des mystères spirituels, l’âme y séjourne comme sous une tente ; mais après avoir exploré d’autres régions, à partir de ses premières découvertes, et après avoir accompli d’autres progrès intellectuels, pliant sa tente en quelque sorte, elle tend plus haut, et là établit la demeure de son esprit, fixée dans la stabilité des sens. Mais de nouveau, en partant de là, elle découvre d’autres sens spirituels qui apparaissent à la suite des premiers ; et c’est ainsi que, toujours « tendue en avant » (Ph 3,13), elle paraît s’avancer comme les nomades avec leurs tentes. Jamais le moment n’arrive où l’âme, embrasée du feu de la Science, peut se donner du temps et se reposer : elle est toujours relancée du bien vers mieux et de ce mieux à de plus hautes sublimités7.

Dans une telle marche, qui est lecture des Écritures inspirées par le Saint-esprit de Dieu, lecture soumise à ce même esprit qui élève la raison au-dessus d’elle-même, le croyant ne doit être inféodé à aucune pensée philosophique venue du dehors, ni même aux lectures déjà faites des Écritures par les multiples docteurs de l’Église. S’ils ont parlé comme ils ont pu de la vérité « qu’aucun mortel ne peut épuiser8 », 7.¥ORIgèNe, Homélies sur les Nombres, 17, § 4. 8.¥Saint ANSeLMe Du BeC, Commandatio operis, S II, 42.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.