Neuvaine à Marie Immaculée Conception

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Notre Dame d’Afrique

O Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Église, grâce à toi, le jour de l’Annonciation, à l’aube de l’ère nouvelle, toute la race humaine avec ses cultures s’est réjouie en se reconnaissant prête pour l’Évangile.

La Vierge Marie,

notre Mère et notre modèle Réflexions pour une neuvaine à Marie

Edition abrégée et provisoire d’un dossier à paraître de Mbegu

A la veille de la nouvelle Pentecôte pour l’Église qui est en Afrique, le peuple de Dieu et ses pasteurs se tournent vers toi et avec toi prient avec ferveur.

Puisse l’effusion de l’Esprit Saint faire des cultures de l’Afrique des lieux de communion dans la diversité. Qu’il façonne les peuples de ce grand continent pour en faire des fils et des filles généreux de l’Église qui est la famille du Père, la fraternité du Fils, l’image de la Trinité, la semence et le commencement sur terre du Royaume éternel qui arrivera à sa perfection dans la Cité dont Dieu est l’Architecte: la Cité de justice, d’amour et de paix. Amen.

pro manuscripto Pastorale salésienne des jeunes - Lubumbashi 2007


Marie notre Mère et notre modèle

“Dans l’Evangile de Matthieu, le premier message du ciel à la terre est une invitation à recevoir Marie: “Ne crains point, dit l’ange à Joseph, de prendre chez toi Marie... Ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint” (Mt 1,20). Par-delà les circonstances concrètes du moment, cette parole s’adresse à toutes les générations chrétiennes; accueillir la maternité spirituelle de Marie est un signe sûr de notre ouverture à l’Esprit Saint” (Card. Suenens, o.c., p. 241) Mère du Christ et des hommes La même invitation nous est adressée par Jésus lui-même à la fin de sa vie terrestre, dans l’Evangile de Jean: «Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère et la sœur de sa mère... et Marie de Magdala. Jésus donc, voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa mère: «Femme, voici ton fils». Puis il dit au disciple: «Voici ta mère». Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui» (Jn 19, 25-27). Par ces paroles, le “testament de la Croix” du Christ, la Mère de Jésus est donnée aux hommes comme mère. La tradition de l’Eglise n’hésite pas à appeler Marie “Mère du Christ et Mère des hommes”. Cette maternité spirituelle de Marie prolonge sa fonction historique: Mère du Christ, qui “est la tête du corps qui est l’Eglise» (Col 1,18), Marie est aussi “vraiment Mère des membres (du Christ)... parce qu’elle a coopéré par sa charité à la naissance, dans l’Eglise, des fidèles, qui sont les membres de ce chef” (LG 55). Cette “nouvelle maternité de Marie”, établie dans la foi, est un fruit de l’amour nouveau qui

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s’approfondit en elle au pied de la Croix, par sa participation à l’amour rédempteur du Fils (RM 23), La médiation maternelle de Marie Aux noces de Cana, Marie avait déjà manifesté sa sollicitude maternelle pour les hommes. Marie va au-devant de leurs besoins et de leurs nécessités (symbolisés par le manque de vin), pour les introduire dans le rayonnement de la puissance du Christ. Marie se situe entre son Fils et les hommes dans la réalité de leurs privations, de leur pauvreté et de leurs souffrances. Elle se place “au milieu”, c’est-à-dire qu’elle agit en médiatrice non pas de l’extérieur, mais à sa place de mère, consciente, comme telle, de pouvoir montrer au Fils les besoins des hommes - ou plutôt d’en “avoir le droit”. Sa médiation a donc un caractère d’intercession: Marie intercède pour les hommes. Non seulement cela: en tant que Mère, elle désire aussi que se manifeste la puissance messianique de son Fils, c’està-dire sa puissance salvifique destinée à secourir le malheur des hommes, à libérer l’homme du mal qui pèse sur sa vie sous différentes formes et dans des mesures diverses...

La prière du Rosaire Le Rosaire est une des prières les plus simples, les plus faciles, les plus répandues, les plus populaires. On l’a appelé parfois le «bréviaire du pauvre». Le Rosaire est un «résume de l’Evangile», parce qu’il rappelle l’essentiel de la Bonne Nouvelle de Jésus Sauveur: le Fi!s de Dieu est né dans notre humanité pour nous sauver par la croix et nous entraîner dans la gloire de la résurrection. Cela correspond bien au déroulement de l’année liturgique: Avent et Noël - Temps ordinaire - Carême et Passion - Temps de Pâques et Pentecôte prolongé par l’Assomption et l’attente du retour du Christ Roi... Méditer le chapelet nous ouvre aux “mystères” de l’Evangile. Le Rosaire est une prière de répétition, et la répétition est le chemin du “cœur”. Elle n’est pas une technique qui apporte automatiquement le don de la prière, mais elle exprime une disposition intérieure, faite d’humilité et d’attente, qui prépare à recevoir le don de l’Esprit. La prière du chapelet est une prière de répétition nourrie de l’Evangile qui nous permet, avec Marie, de méditer dans notre cœur. Nous répétons le “Je vous salue Marie”, prière évangélique… L’Eglise répète ces mots de l’évangile pour saluer Marie et, avec elle, accueillir le Fils de Dieu.

Regarde l’étoile, invoque Marie.

En la suivant, on ne dévie pas. En la priant, on ne désespère pas. En pensant à elle, on ne se trompe pas. Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas. Si elle te protège, tu ne craindras pas. Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but. Marie est cette noble étoile dont les rayons illuminent le monde entier, dont la splendeur brille dans les cieux et pénètre les enfers. Elle illumine le monde et réchauffe les âmes. Elle enflamme les vertus et consume les vices. Elle brille par ses mérites et éclaire par ses exemples.

Ô toi qui te vois ballotté au milieu des tempêtes, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas sombrer. Si les vents de la tentation s’élèvent, si tu rencontres les récifs des tribulations, regarde l’étoile, invoque Marie. Si tu es submergé par l’orgueil, l’ambition, le dénigrement et la jalousie, regarde l’étoile, prie Marie. Si la colère, l’avarice ou les fantasmes de la chair secouent le navire de ton esprit, regarde Marie. Si, accablé par l’énormité de tes crimes, confus de la laideur de ta conscience, effrayé par l’horreur du jugement, tu commences à t’enfoncer dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir, pense à Marie. Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur et pour obtenir la faveur de ses prières, n’oublie pas les exemples de sa vie.

Saint Bernard (1090-1153), moine fondateur des cisterciens

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Prier Marie

« Prie pour nous » A la fin de notre parcours, pouvonsnous aussi prier Marie? On sait que la dévotion à Marie divise les chrétiens. Pour certains, la prier est, en quelque sorte, prendre quelque chose à Dieu. A lui seul la gloire! Mais nous avons vu que Marie ne s’oppose pas à Dieu. La louer («toutes les générations proclameront mon bonheur», at-elle dit), c’est reconnaître les merveilles que Dieu a réalisées en sa petite servante. Demander son intercession («prie pour nous»), face aux misères et aux tragédies qui nous entourent, c’est demander que les fruits de la Rédemption triomphent des forces du mal qui semblent encore dominer notre monde. Pour cela, l’Eglise n’hésite pas, à la fin de la prière liturgique de chaque jour, à invoquer Marie (cf. RM 51): « Sainte Mère du Rédempteur, porte du ciel, toujours ouverte, étoile de la mer, viens au secours du peuple qui tombe et qui cherche à se relever. Tu as enfanté, ô merveille, celui qui t’a créée, et tu demeures toujours vierge. Accueille le salut de l’ange Gabriel et prends pitié de nous, pécheurs ». L’exemple des saints « Vous ne pensez jamais à Marie sans que Marie, à votre place, ne pense à Dieu. Vous ne louez jamais Marie sans que Marie avec vous ne loue Dieu. Marie est toute relative à Dieu. Marie est l’écho de Dieu, qui ne dit et répète que Dieu. Si vous dites: Marie, Elle dit: Dieu.

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Sainte Elisabeth loua Marie, l’appela bienheureuse: Marie, l’écho fidèle de Dieu, entonna: « Mon âme glorifie le Seigneur» ... Ce que Marie fait à cette occasion, Elle le fait tous les jours. Quand on la loue, l’aime,l’honore ou lui donne, Dieu est loué, Dieu est aimé, Dieu est honoré. On donne à Dieu par Marie et en Marie ». (Saint Louis-Marie de Montfort). Saint Maximilien Marie KOLBE disait ce simple mot: Marie ! tout au long de sa journée: C’était sa «prière de beaucoup préférée», témoigne un Frère qui vécut avec lui plusieurs années. Certains s’en étonnaient et lui demandaient s’il ne valait pas mieux dire: Jésus! Il leur répondait: «Si nous disons: Marie!, l’Immaculée dit: Jésus! Elle sait honorer son Fils infiniment mieux que nous ne le ferions.» Car plus nous aimons Marie plus Elle nous fait aimer Jésus! Alors, appelons-la souvent: Marie!

Vierge sainte, Mère de Dieu, comme il est consolant pour nous de voir que, par pure bonté, Dieu a jeté les yeux sur ton humble condition et ton néant! Tu nous permets d’espérer que Dieu nous traitera un peu comme toi-même et que, malgré notre misère et notre indignité, il jettera sur nous aussi un regard bienveillant. Martin LUTHER (1483-1546), Commentaire du «Magnificat»

En même temps, par les paroles que Marie adresse aux serviteurs (“Faites tout ce qu’il vous dira”, Jn 2,5), la Mère du Christ se présente devant les hommes comme porte-parole de la volonté du Fils, celle qui montre quelles exigences doivent être satisfaites afin que puisse se manifester la puis-sance salvifique du Messie... “Le rôle maternel de Marie à l’égard des hommes n’offusque et ne diminue en rien cette unique médiation du Christ: il en manifeste au contraire la vertu, parce qu’“il n’y a qu’un Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même” (1 Tm 2,5). La médiation maternelle de Marie découle, suivant le bon vouloir de Dieu, de la surabondance des mérites du Christ; elle s’appuie sur sa médiation, dont elle dépend en tout et d’où elle tire toute sa vertu” (RM 21-22). C’est l’humanité du Christ qui est source de toute grâce. Dans la “communion des saints”, nous croyons que l’histoire du salut n’est jamais purement passée, et qu’aujourd’hui nous sommes en communion et en relation avec tous ceux et celles qui y ont joué un rôle. Marie demeure à jamais celle qui a accueilli le Fils de Dieu et qui l’a donné aux hommes. Elle a apporté à l’œuvre du Sauveur une coopé-

ration sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité... Cette maternité de Marie dans l’écono-mie de la grâce se continue sans inter-ruption jusqu’à la fin du monde (cf. LG 61-62). Une médiation d’exemplarité La médiation de Marie se situe dans la ligne de notre réponse à Dieu. Elle nous aide à accueillir Jésus en nous, à nous laisser guider par l’Esprit. En même temps, elle nous propose en sa personne la beauté achevée de la perfection qui sera la nôtre, si nous suivons ses traces. Marie reste, pour l’Eglise et pour chaque fidèle, un modèle et un signe d’espérance. En même temps, dans l’Eglise-mère qui engendre les hommes à une vie nouvelle et immortelle, Marie est beaucoup plus qu’un simple modèle. “Avec un amour maternel, elle coopère à la naissance et à l’éducation des fils et des filles de la mère Eglise, comme Mère de ce Fils dont Dieu a fait le premier-né parmi beaucoup de frères” (cf. LG 63; RM 44). Voilà pourquoi, dans ces réflexions, nous présentons les principaux aspects de la figure de Marie. Elle est pour nous un modèle à imiter, par son intercession, elle nous ouvre à accueillir son Fils.

La foi de Marie

La foi de Marie surpasse celle de tous les hommes et celle de tous les anges ensemble Elle voyait son fils dans l’étable de Bethléem et elle le croyait Créateur du Monde. Elle le voyait fuir devant la terreur d’Hérode et elle le reconnaissait pour le Roi des rois. Elle le vit naître elle le crut éternel. Elle le vit pauvre, manquant du nécessaire, et elle, le crut Maître de l’univers. Elle le vit couché sur la paille d’une crèche et elle l’y adora comme le Tout-Puissant. Elle vit qu’il ne parlait point et elle crut qu’il était la Sagesse infinie. Elle l’entendit pleurer et elle crut qu’il était la joie du Paradis. Enfin elle le vit abreuvé d’outrages, mourir sur une croix. Et, tandis que la Foi des autres chancelait, Marie crut fermement qu’il était Dieu. Saint Ambroise.

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Marie modèle de foi

« Bienheureuse celle qui a cru » Dans le récit de la visitation, Elisabeth; remplie d’Esprit-Saint, salue Marie et proclame : «Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur» (Le 1,45). La présence de Marie dans le mystère du Christ est devenue effective parce qu’elle “a cru”. La plénitude de grâce, annoncée par l’ange, signifie le don de Dieu lui-même; la foi de Marie, proclamée par Elisabeth, montre comment la Vierge de Nazareth a répondu à ce don. A l’annonciation, Marie s’est remise à Dieu entièrement en manifestant l’obéissance de la foi à celui qui lui parlait par son messager, et en lui rendant un complet hommage d’intelligence et de volonté. Elle a donc répondu de tout son “moi” humain, féminin, et cette réponse de la foi comportait une coopération parfaite avec la grâce prévenante et secourable de Dieu et une disponibilité parfaite à l’action de l’EspritSaint qui ne cesse, par ses dons, de rendre la foi plus parfaite... Le Père des miséricordes a voulu que l’Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée. Et Marie donne son consentement après avoir entendu toutes les paroles du messager. Elle dit: «Je suis la servante du Seigneur; qu’il m’advienne selon ta parole» (Lc 1,38). Ce “fiat” de Marie - « qu’il m’advienne» - a déterminé, du côté humain, l’accomplissement du mystère divin... Le mystère de l’Incarnation s’est accompli lorsque Marie a prononcé son “fiat”!... Marie a prononcé ce “fiat” dans la foi. Par la foi, elle s’est remise à Dieu sans réserve et elle se livra intégralement, comme la servante du Seigneur, à la personne et à

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l’œuvre de son Fils. Et ce Fils, comme l’enseignent les Pères, elle l’a conçu en son esprit avant de le concevoir en son sein, précisément par la foi! Par conséquent, on peut aussi comparer la foi de Marie à celle d’Abraham que saint Paul appelle «notre père dans la foi» (Rm 4,12). Dans l’économie du salut révélée par Dieu, la foi d’Abraham représente le com-mencement de l’Ancienne Alliance; la foi de Marie à l’Annonciation inaugure la Nouvelle Alliance. Comme Abraham, «espérant contre toute espérance, crut et devint ainsi père d’une multitude de peuples» (Rm 4,18), de même Marie, au moment de l’Annonciation, après avoir dit sa condition de vierge («Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme?»), crut que par la puissance du Très-Haut, par l’Esprit-Saint, elle allait devenir la Mère du Fils de Dieu...

L’itinéraire de la foi de Marie Le “fiat” de Marie au moment de l’Annonciation représente le point culminant de la foi de Marie dans son attente du Christ, mais c’est aussi le point de départ, le commencement de tout son «itinéraire vers Dieu », de tout son cheminement dans la foi... Comme Abraham, Marie de même, «espérant contre toute espérance, crut» tout au long de l’itinéraire de son “fiat” filial et maternel. Croire veut dire «se livrer» à la vérité même de la parole du Dieu vivant, en sachant et en reconnaissant humblement «combien sont insondables ses décrets et incompréhensibles ses voies» (Rm 11,33). Marie, dans l’obscurité de la foi, accepte pleinement le cœur ouvert, tout ce qui est prévu dans le plan divin.

donne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font” (Lc 23,34). Dans l’Eglise des saints et des pécheurs, chaque jour nous avons besoin de prier: “Pardonne-nous nos offenses”. Marie, attentive à nos misères, continue son intercession pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort...

Imiter Marie Eclairés par l’Evangile et par l’exemple de Marie, avec la confiance des enfants qui se savent aimés, nous disons à Notre Père les quatre mots clés de notre prière: - Merci, parce que tu es grand, tu es bon, tu es saint, tu m’aimes... “Magnificat”‘ - Pardon pour mes péchés, pour mes infidélités... «Prends pitié, Seigneur, du pécheur que je suis»... - S’il te plaît, viens à notre secours, guéris-nous, donne-nous le pain de la vie, prends pitié de nos frères et sœurs... - Oui - amen, qui signifie: j’accepte de te suivre, de taire ta volonté, de réaliser ta

parole... je t’offre tout ce que j’ai, tout ce que je suis... je t’aime...

Marie et l’Eucharistie “Elle se hâtait de retrouver au-delà des monts sa cousine Elisabeth. Elle était joyeuse et chantait dans son cœur: “Magnificat! Le Seigneur fît pour moi des merveilles”. Elle sentait déjà bouger en elle ce fils à venir, ce Fils de Dieu. Elle était le tabernacle et le ciboire où reposait le corps de son enfant, de son sauveur. Ceux qu’elle approchait se voyaient transformés par l’Esprit dont elle était remplie. Quand tu reviens d’avoir communié, prie donc Marie. Sois comme elle attentive à ce que tu portes. Tu es le ciboire et le tabernacle, tu portes aussi Jésus en toi au-delà des monts, pour que les hommes à travers toi puissent en être illuminés. Tu peux redire ton Magnificat. Tu peux adorer, remercier, faire naître Jésus quelque part dans l’univers...” (R. de Robiano, s.j.).

Marie modèle de contemplation (Jean-Paul II, Rosarium Virginis Mariae, 10-11) La contemplation du Christ trouve en Marie son modèle indépassable. Le visage du Fils lui

appartient à un titre spécial. C’est dans son sein qu’il s’est formé, prenant aussi d’elle une ressemblance humaine qui évoque une intimité spirituelle assurément encore plus grande. Personne ne s’est adonné à la contemplation du visage du Christ avec autant d’assiduité que Marie. Déjà à l’Annonciation, lorsqu’elle conçoit du Saint-Esprit, les yeux de son cœur se concentrent en quelque sorte sur Lui; au cours des mois qui suivent, elle commence à ressentir sa présence et à en pressentir la physionomie. Lorsque enfin elle lui donne naissance à Bethléem, ses yeux de chair se portent aussi tendrement sur le visage de son Fils tandis qu’elle l’enveloppe de langes et le couche dans une crèche (cf. Lc 2,7). A partir de ce moment-là, son regard, toujours riche d’un étonnement d’adoration, ne se détachera plus de Lui. Ce sera parfois un regard interrogatif, comme dans l’épisode de sa perte au temple: “Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela?” (Lc 2,48); ce sera dans tous les cas un regard pénétrant, capable de lire dans l’intimité de Jésus, jusqu’à en percevoir les sentiments cachés et à en deviner les choix, comme à Cana (cf. Jn 2,5); en d’autres occasions, ce sera un regard douloureux, surtout au pied de la croix, où il s’agira encore, d’une certaine manière, du regard d’une “femme qui accouche”, puisque Marie ne se limitera pas à partager la passion et la mort du Fils unique, mais qu’elle accueillera dans le disciple bien-aimé un nouveau fils qui lui sera confié (cf. Jn 19,26-27); au matin de Pâques, ce sera un regard radieux en raison de la joie de la résurrection et, enfin, un regard ardent lié à l’effusion de l’Esprit au jour de la Pentecôte (cf. Ac 1,14). Marie vit en gardant les yeux fixés sur le Christ, et chacune de ses paroles devient pour elle un trésor: “Elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur” (Lc 2, 19; cf. 2, 51).

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Marie modèle de prière

L’Evangile met très peu de paroles sur les lèvres de Marie, qui est avant tout la Vierge qui écoute et garde la parole. Pourtant, quand elle parle, elle est tellement guidée par l’Esprit que ses paroles peuvent inspirer notre prière.

La merveille et la tragédie “La prière, écrit un évêque orthodoxe, naît de deux sources: ou bien c’est l’émerveillement que nous avons par rapport à Dieu et aux choses de Dieu - notre prochain ou le monde qui nous entoure, malgré ses ombres -, ou bien c’est le sens du tragique, le nôtre et celui des autres surtout... C’est là que commence la vraie prière, dans cette sensibilisation à la merveille et à la tragédie. Lorsqu’elle subsiste, tout est facile: dans l’émerveillement, nous prions facilement, comme nous prions facilement quand le sens de la tragédie nous empoigne...» (Mgr Antoine Bloom). Dans les paroles que l’Evangile attribue à Marie, nous trouvons cette prière née de la merveille et de la tragédie: - Le Magnificat. Marie exulte de joie en Dieu son sauveur. Dans son chant, qui est à la fois très simple et pleinement inspiré par les textes sacrés du peuple d’Israël, transparaît l’expérience personnelle de Marie, l’extase, de son cœur, la reconnaissance des merveilles que Dieu accomplit dans son plan d’amour: malgré le péché de l’homme, Dieu veut le sauver et lui donne son Fils. Même dans les moments de crise la plus profonde, l’Eglise ne cesse de chanter, avec Marie, sa joie basée sur la fidélité absolue de Dieu. - «Ils n’ont pas de vin» (Jn 2,3). A Cana de Galilée, Marie est sensible à un seul aspect concret de la pauvreté des hommes,

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un aspect apparemment minime et de peu d’importance. Mais cela a une valeur symbolique et manifeste la sollicitude de Marie pour les hommes, le fait qu’elle va au-devant de toute la gamme de leurs besoins et de leurs tragédies. Marie se situe entre son Fils et les hommes dans la réalité de leurs privations, de leur pauvreté et de leurs souffrances. Elle se place «au milieu» c’est-à-d. qu’elle agit en médiatrice non pas de l’extérieur, mais à sa place de mère, consciente, comme telle, de pouvoir montrer au Fils les besoins des hommes... Sa médiation a donc un caractère d’intercession: Marie intercède pour les hommes... (cf. RM 21). Aujourd’hui, dans sa prière avec Marie, l’Eglise, signe de l’amour de Dieu au milieu des hommes, continue de présenter à Dieu les nécessités et les souffrances de ses enfants... L’offrande et le pardon A la louange qui naît de l’émerveillement et à l’intercession qui surgît de la tragédie, nous pouvons ajouter deux autres types de prière que Marie nous inspire: - “Je suis la servante du Seigneur: qu’il m’advienne selon ta parole” (Lc 1,38). Marie s’offre à l’amour de Dieu et lui permet de disposer de sa vie. Son “fiat” inspire la prière de tous ceux et celles qui accueillent la volonté de Dieu avec la disponibilité de Marie. - On ne trouve pas, dans l’évangile, sur les lèvres de Marie, une prière de demande de pardon. La Vierge sans péché, comblée dès le début de son existence de la grâce de Dieu, toujours fidèle à Dieu, n’a jamais eu besoin de demander pardon pour elle-même. Mais au pied de la croix, elle a entendu et fait sienne la prière de son Fils: “Père, par-

Ainsi à Bethléem, lorsque le Fils du Très-Haut, dont le règne n’aura pas de fin, naît dans des conditions de pauvreté extrême. . Ainsi au Temple de Jérusalem, quarante jours après la naissance de Jésus, quand Syméon reçut dans ses bras l’enfant, loua Dieu et dit à Marie: «Cet enfant doit être un signe en butte à” la contradiction... Et toi-même, une épée te transpercera l’âme» (Lc 2,34-35). Ce que dit Siméon apparaît comme une seconde annonce faite à Marie, car il lui montre la dimension historique concrète dans laquelle son Fils accomplira sa mission: dans l’incompréhension et dans la souffrance. Si d’une part, une telle annonce confirme sa foi dans l’accomplissement des promesses divines du salut, d’autre part, elle lui révèle aussi qu’elle devra vivre l’obéissance de la foi dans la souffrance aux côtés du Sauveur souffrant, et que sa maternité sera obscure et douloureuse... Ainsi à Nazareth, au cours de la longue période de la vie cachée de Jésus; Marie, sa Mère, est au contact de1a vérité de son Fils seulement dans la foi et par la foi. Et il en fut de même au cours de la vie publique du Christ (cf. Mc 3,21-35). Ainsi, surtout, au Calvaire, lorsque Marie se tient au pied de la Croix de son Fils (Jn 19,25): souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son sacrifice, donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, Marie garda fidèlement l’union avec son Fils. Par la foi, Marie est unie parfaitement au Christ dans son dépouillement. Par la foi, la Mère participe à la mort de son Fils, à sa mort rédemptrice, de sorte que l’obéissance de la foi de Marie devient, en un sens, la contrepartie de la désobéissance et de l’incrédu-

lité comprises dans le péché des premiers parents. C’est ce qu’enseignait saint Irénée: «Le nœud de la désobéissance d’Eve a été dénoué par l’obéissance de Marie, car ce que la vierge Eve avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi». A la lumière de cette comparaison avec Eve, les Pères donnent à Marie le titre de «Mère des vivants» et ils disent souvent: «Par Eve la mort, par Marie la vie».

Imiter Marie A. Pronzato (Religieuses pour demain) parle des quatre «fiat» qui constituent en quelque sorte les quatre piliers du monde. Avec le premier «fiat» (fiat lux, «que la lumière soit», Gn 1,3), nous assistons à la naissance du monde. Le second «fiat», celui de Marie à l’annonciation (fiat mihi secundum verbum tuum, «qu’il me soit fait selon ta parole», Lc 1,38), détermine la naissance du Christ. Le troisième « fiat », celui de Jésus à Gethsémani (fiat voluntas tua, «que ta volonté se réalise», Mt 26,42), provoque la naissance de l’espérance. Avec le quatrième “fiat”, le mien, c’est la naissance de la sainteté. Question Dans les moments importants et difficiles de ma vie, suis-je attentif à découvrir la volonté de Dieu? Suis-je prêt à dire oui, comme Marie?

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Marie signe d’espérance

Marie est la figure achevée de ce que l’Eglise, et chaque croyant en elle, doit devenir. Regarder Marie, c’est contemple la vocation de l’Eglise, et de chaque chrétien. Pour cela nous appelons Marie notre espérance.

Comblée de grâce Par privilège unique, Marie est saluée par l’ange «pleine de grâce» (kecharitôménè). Ce titre qui lui est donné est unique. On ne trouve le verbe charitoun, dont le participe parfait passif sert de titre à Marie, qu’une seule autre fois dans le Nouveau Testament, en Ephésiens 1,6. Le passage d’Ep 1,3-6 éclaire la vocation de tous les croyants, dont Marie est la figure parfaite et l’anticipation: «Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ. Il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les cieux en Christ. Il nous a choisis en lui avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et irréprochables (d’autres traduisent “immaculés”) sous son regard, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être pour lui des fils adoptifs par Jésus Christ, ainsi l’a voulu sa bienveillance à la louange de sa gloire, et de la grâce dont il nous a comblés en son Bien-aimé... » On voit bien le parallélisme entre la vocation de Marie et celle de tout chrétien. Si Marie est bénie entre toutes les femmes, chacun de nous est béni de toute bénédiction en Christ. Si Marie a été conçue sans péché (Immaculée Conception), chacun de nous a été choisi en Christ, avant la fondation du monde, pour être saint et immaculé. Si Marie est saluée «comblée de grâce», chacun de nous a été comblé de la grâce dans le Bien-aimé...

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Marie, comblée de grâce, demeure pour tous les chrétiens appelés à être comblés de grâce dans le Christ, un signe d’espérance assurée. Mère de Dieu La vocation et la fonction de Marie, d’être la mère dé Dieu en son incarnation, sont uniques. Pourtant, même ce titre ne lui est pas réservé. Aussi comme Mère de Dieu, Marie est figure et anticipation de la vocation de l’Eglise et de tout chrétien. L’Evangile de saint Luc conserve le souvenir du moment où « une femme éleva la voix du milieu de la foule et dit », s’adressant à Jésus: «Heureuses les entrailles qui t’on porté et les seins qui t’ont nourri de leur lait ». Jésus répond de manière très significative à la bénédiction prononcée par cette femme à l’égard de sa mère selon la chair: «Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent» (Lc 11,27-28). Il veut détourner l’attention de la maternité entendue seulement comme un lien de la chair pour l’orienter vers les liens mystérieux de l’esprit, qui se forment dans l’écoute et l’observance de la Parole de Dieu. De même, lorsqu’on annonce à Jésus que «sa mère et ses frères se tiennent dehors et veulent le voir», il répond: «Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique» (Lc 8,20-21). Par ces paroles, Jésus enseigne un nouveau sens de la maternité dans le cadre du Règne de Dieu. Ce nouveau sens concerne avant tout Marie de manière toute spéciale. Elle est en effet, la première de ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique. Elle est Mère

et de ce “signe” les garçons seraient définitivement exclus. La virginité physique n’a de valeur spirituelle que si elle est accompagnée par ce qu’on appelle la «virginité du cœur». Voici comment un prêtre l’explique: «Etre vierge, c’est d’abord une qua-lité du cœur. Et de même que le cœur a un double mouvement, un mouvement de systole quand le sang se “ramasse” dans le cœur, et un mouvement de diastole quand le sang se répand dans tout l’organisme, de même la virginité comporte un double aspect: elle est, d’une part, recueillement, possession calme, paisible, joyeuse des forces les plus intimes de l’être. Et d’autre part, elle est don universel, présence fraternelle à tous. Etre vierge, c’est être disponible, parce qu’on est alors présent à soi-même, sans partage, et parce qu’on est très présent à tous, dans une volonté de partage, pleine de tendresse. Marie a vécu cela, par grâce (à cause du Christ), de manière extraordinaire et de ce point de vue, c’est quelqu’un de féerique, qui nous fascine par sa beauté. Marie a aussi vécu cela par grâce (à cause du Christ), de manière tout ordinaire, dans le quotidien de ses rencontres, de ses activités, de ses tristesses, de ses joies et c’est peutêtre surtout à cause de cette manière toute simple de vivre, si profondément hu-maine, qu’elle nous fascine.» (R. Berthier, cf. MBEGU 72, ancienne série). Une jeune fille de Lubumbashi explique à son tour comment elle comprend la virginité: “On ne peut donner que ce qu’on a. Inutile de prétendre de donner quelque chose qu’on n’a pas. Dans le mariage ou dans la vie religieuse, on se donne à quelqu’un. On ne peut pas prétendre se donner si l’on ne se possède pas… La virginité symbolise que l’on se possède, et c’est le don de soi-même qu’on fait à l’autre... La virginité en tant que valeur

nous aide à rester fidèle dans n’importe quelle situation, elle nous met dans un état tel qu’on est libre d’accueillir l’autre, de l’accepter, de vivre avec lui. La virginité est une source de confiance dans tout ménage et dans toute communauté...” (cf. MBEGU 94 et 99, ancienne série). Dans ce sens, la virginité concerne aussi bien les garçons que les filles, tous ceux et celles qui sont «en marche vers l’amour». A l’exemple de Marie, ils sont appelés à vivre la virginité du corps et du cœur (la maîtrise de soi pour aimer). Imiter Marie C’est à ces jeunes de bonne volonté que s’adresse le cardinal Malula: ]e lance aujourd’hui un appel pressant à tous les jeunes de bonne volonté... aux jeunes qui ont pris conscience de la dépravation des mœurs de notre société et qui sont déterminés à ne pas se laisser entraîner par ce mal. Je leur demande de prendre, à la suite au Christ, modèle de toute chasteté, et à l’exemple de la Vierge Marie, Mère très pure, l’engagement ferme suivant: “Je m’engage à rester chaste, soit jusqu’au mariage, soit pour toute ma vie, suivant que J’ai l’intention de me marier ou de me consacrer totalement à Dieu» (Lettre pastorale, Noël 1986). Si, dans nos groupes de jeunes, dans nos chorales, entre fiancés, on prenait publiquement cet engagement de chasteté prématrimoniale, il y aurait entre garçons et filles une clarté, une aisance, une liberté qui témoigneraient, plus que tout discours, de la valeur de la virginité... Question: Peux-tu, personnellement et avec d’autres, répondre à l’appel du Card. Malula?

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Marie modèle de virginité

Signification de la virginité de Marie “La virginité de Marie est un donné objectif indubitable du texte du Nouveau Testament. Mais quelle signification faut-il donner à ce titre de “vierge” que saint Luc se plaît à souligner dans le récit de l’annonciation? La virginité de Marie lui confère un caractère de consécration: elle est mise à part pour devenir miraculeusement la mère du Messie. Son rapport unique avec l’Esprit la situe dans une telle proximité de Dieu qu’elle doit rester seule pour signifier à nos yeux ce choix unique de son Seigneur. Marie est seule avec Dieu pour le recevoir, car la plénitude du Seigneur va habiter en elle et rien d’autre ne peut la combler. Il faut que cette plénitude soit reçue sans aucun secours humain, dans la pauvreté de la Vierge d’Israël, Fille de Sion, Comblée de grâce. Ici, la virginité apparaît à la fois comme un signe de consécration et comme un signe de solitude et d’impuissance qui glorifie la plénitude et la puissance de Dieu. La virginité de Marie est aussi un signe de pauvreté, d’humilité, d’attente de Dieu, qui seul, dans sa plénitude, peut combler ceux qu’il choisit. La virginité est un signe de vacuité, de totale confiance en Dieu qui enrichit les pauvres que nous sommes. Par là elle est aussi un appel à la contemplation qui seule doit et peut combler celui qui n’attend rien de l’homme et tout de Dieu... Afin de signifier que le Fils de Dieu est véritablement venu du Père, dès le moment de sa conception, que le salut n’est donc pas le fruit d’une œuvre humaine, le Seigneur a choisi une vierge pour naître parmi nous... La virginité de Marie est donc le signe de la pauvreté et de l’incapacité de l’homme à

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opérer sa délivrance, à faire apparaître l’être parfait qui pourra le sauver. Enfin, la virginité de Marie implique un caractère de nouveauté. Elle est aussi le signe que Dieu va accomplir un. acte vraiment nouveau, que le temps est en train de s’accomplir et que le Royaume est proche. Plusieurs fois, dans l’Evangile, le célibat, la continence ou la virginité sont mis en relation avec la venue du Royaume. Le célibat est un signe de la résurrection, car dans le Royaume on ne se marie pas et on n’est pas donné en mariage. Dans le Royaume de Dieu, la plénitude de l’amour sera telle qu’on ne ressentira plus le besoin d’une intimité limitée. Il ne sera plus nécessaire non plus de s’assurer une descendance, puisqu’on est immortel. Le vieil ordre de la création (“multipliez-vous...”) n’est plus une nécessité absolue. La virginité de Marie, au moment de l’incarnation du Fils de Dieu qui inaugure le temps nouveau, est un signe de la nouveauté totale du Royaume de Dieu qui approche. La virginité de Marie introduit donc en ce monde, où le mariage est devenu loi universelle, selon l’ordre de la création, la nouveauté du Royaume de Dieu qui fait irruption avec le Christ. Ainsi la virginité de Marie est un triple signe: signe de consécration pour le service exclusif de Dieu, signe de pauvreté qui appelle la plénitude de Dieu, signe de nouveauté du Royaume qui vient bouleverser les lois de sa création» (Max Thurian, o. c., p. 49-56). Virginité du corps et du cœur Ce n’est pas la virginité physique, telle que la définissent l’anatomie ou la médecine, qui est signe du Royaume: toute fille ou femme “vierge” serait alors automatiquement “signe” d’une réalité supérieure,

de Jésus selon la chair, mais aussi et surtout parce que dès le moment de l’Annonciation elle a accueilli la Parole de Dieu, parce qu’elle a cru, parce qu’elle a obéi à Dieu, parce qu’elle “conservait” la Parole et la méditait dans son cœur et l’accomplissait par toute sa vie... Dans la foi, elle a découvert et accueilli l’autre dimension de la maternité, révélée par Jésus... (cf. RM 20). Cette dimension spirituelle de la maternité est aussi celle de l’Eglise, qui, dans la fidélité à la Parole, engendre les fils de Dieu, et celle de tout chrétien, qui écoute et met en pratique la Parole de Dieu: il accepte ainsi que le Fils de Dieu se forme en lui, prenne chair en lui, comme en Marie. Au pied de la croix Ce que Marie a vécu au pied de la croix est aussi figure et anticipation de la vocation de l’Eglise et de chaque chrétien. Marie souffre dans sa chair et son âme, en communion avec son Sauveur qui est aussi son fils bien-aimé. Elle connaît la douleur d’une femme qui voit mourir son enfant unique; elle connaît aussi la douleur spirituelle d’une croyante qui voit mourir son espérance; elle enfante sa foi en la résurrection dans la douleur de voir que tout semble être apparemment perdu... Par la foi, elle est pleinement la Fille de Sion qui enfante son espérance dans la douleur, l’Eglise croyante et fidèle jusqu’au bout ... A la croix, Marie symbolise l’espérance eschatologique de l’Eglise qui, à travers les souffrances de son combat avec les puissances du mal, attend la résurrection finale et la glorieuse manifestation du Royaume de Dieu (cf. Max Thurian, o.c., pages 285ss). Comme Marie et avec Marie, l’Eglise doit parcourir son pèlerinage de la foi à travers un chemin de souffrance qui la fait

communier à la passion du Christ. Comme Marie et avec Marie, chaque chrétien est appelé «à la communion aux souffrances du Christ» (Ph 3,10) et à achever dans sa chair «ce qui manque aux détresses du Christ en faveur de son corps qui est l’Eglise» (Co 1,24).

Exaltée dans la gloire La préface de la fête de l’Assomption proclame: «La Vierge Marie, la Mère de Dieu, est élevée dans la gloire du ciel : parfaite image de l’Eglise à venir, aurore de l’Eglise triomphante, elle guide et soutient l’espérance du peuple de Dieu encore en chemin ». Celle qui a partagé les souffrances du Fils de Dieu au pied de la croix, partage maintenant la gloire de sa résurrection. Dans le mystère de son assomption, elle devance et préfigure la montée auprès de Dieu de tous ceux qui croient au Christ: «Si nous mourons avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous souffrons avec lui, avec lui nous régnerons» (1 Tm 2,11-12). De son Immaculée Conception à son exaltation dans la gloire, Marie a répondu dans la foi à la grâce dont Dieu l’a comblée. Mère de Dieu, elle a vécu dans l’amour, sa condition d’enfant de Dieu. Figure de l’Eglise, elle nous ouvre un chemin d’espérance. Nous la regardons comme notre mère et comme notre modèle.

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Marie modèle d’amour

Jésus est venu nous révéler que Dieu est amour. Dans cette révélation, Marie occupe une place significative et exemplaire. Aimer, c’est sortir de soi pour aller vers l’autre. Aimer, c’est dire à l’autre: ce n’est pas moi qui compte, c’est toi,

Dieu est amour, Dieu est amour, parce qu’il est communion de personnes qui se vident d’ellesmêmes pour se donner aux autres. On; a pu: parler de “l’humilité” de Dieu le Père, qui s’efface pour dire à son Fils.: ce n’est pas moi qui compte, c’est toi. “Lé Père aime le Fils et il a tout remis en sa main” (Jn 3, 35). La seule parole du Père, dans l’Évangile, au Baptême comme à la Transfiguration, c’est pour attirer l’attention sur Jésus: “Celui -ci est mon Fils, en qui j’ai mis tout mon amour: écoutez-le”. Jésus, de son côté, par toute sa vie ne dira qu’une chose: ce n’est pas moi qui compte, c’est mon Père. Tout vient du Père: ses paroles, ses œuvres, son amour, son Esprit. Sa nourriture: faire la volonté du Père (Jn 4,34). Au moment décisif, il dira: non pas ma volonté, mais la tienne; ce n’est pas moi qui compte, c’est toi. Sa mis-sion est achevée quand il peut remettre sa vie {tout) entre les mains du Père qui avait tout remis en sa main. En le ressuscitant des morts, le Père établit Jésus dans toute la puissance de Fils de Dieu et lui soumet tout, même la mort. «Et quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à Celui qui lui a tout soumis, pour que Dieu soit tout en tous» (1 Co 15,28). Cette “circulation” ou “communion’’ d’amour entre le Père et le Fils qui se don-

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nent entièrement l’un à l’autre, ce n’est pas un sentiment, c’est une Personne, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour, l’Esprit de Dieu. Jésus nous révèle l’amour de Dieu Jésus est venu nous révéler cette “circulation” d’amour en Dieu, non pas pour que nous l’admirions, mais pour nous y faire entrer. Jésus est venu nous dire que le Père veut faire entrer tous les hommes dans cette communion. C’est pour cela que Dieu nous a créés: pour faire de nous ses fils. Les hommes tout seuls n’y arriveraient jamais. Dieu a fait alors le premier pas, en Jésus il a ouvert un chemin; le Fils de Dieu est devenu homme pour que l’homme devienne fils de Dieu. En Jésus, Dieu est sorti de lui-même, Dieu s’est vidé de lui-même pour mani-fester son amour aux hommes. “II n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”. En acceptant de mourir pour nous, Jésus nous dit: ce n’est pas moi qui compte, c’est vous. Sur la croix, l’amour de Jésus pour son Père et l’amour de Jésus pour les hommes coïncident. Par la croix, l’entrée dans la communion d’amour de Dieu nous est ouverte. Tout don de Dieu est une tâche humaine C’est à nous, maintenant, d’accueillir ce don. Dieu est venu jusqu’à nous pour nous donner le pouvoir de devenir ses fils. Nous consentons à ce pouvoir, si nous acceptons de suivre le chemin tracé par Jésus. Nous devenons fils de Dieu dans la mesure où nous ressemblons au Fils de Dieu. Le chemin, c’est le grand commandement de l’amour: aimer comme Jésus a aimé. Aimer: nous vider de nous-mêmes pour dire à Dieu: ce n’est pas moi qui compte, c’est toi; pour

- femme au cœur humble, simple, et confiant en Dieu (cf. Lc 1,48), qui, ayant obtenu miséricorde, proclame la miséricorde du Seigneur et exalte sa puissance libératrice (cf. Lc 1, 51-53)”. (“Faîtes tout ce qu’il vous dira» pages 75-76). Le Magnificat et l’amour pour les pauvres La pauvreté de Marie trouve, dans le Magnificat, des accents “militants” qui chantent l’amour de Dieu pour les pauvres. «Le Dieu de l’Alliance, chanté par la Vierge de Nazareth dans l’exultation de son esprit, est en même temps celui qui “renverse les puissants de leurs trônes et élèves les humbles... comble de biens les affamés et renvoie les riches les mains vides..., disperse les superbes et étend son amour sur ceux qui le craignent”. Marie est profondément marquée par l’esprit des “pauvres de Yahvé” qui, selon la prière des psaumes, attendent de Dieu leur salut et mettent en lui toute leur confiance (cf. PS 25; 31; 35; 55). Elle proclame en réalité l’avènement du mystère du salut, la venue du Messie des pauvres (cf. Is 11,4; 61,1), En puisant dans le cœur de Marie, dans la profondeur de sa foi exprimée par les paroles du Magnificat, l’Eglise prend toujours mieux conscience de ceci: on ne peut séparer la vérité sur Dieu qui sauve, sur Dieu qui est source de tout don, de la manifestation de son amour préférentiel pour les pauvres et les humbles, amour qui, chanté dans le Magnificat, se trouve ensuite exprimé dans les paroles et les actions de Jésus» (RM 37), En d’autres mots, l’Eglise et les chrétiens, aujourd’hui, ne seront crédibles quand ils parlent de l’amour de Dieu que s’ils le manifestent en gestes de tendresse, et de libération pour les pauvres-

Imiter Marie Dans la prière liturgique du soir, dans la “catena” de la Légion de Marie..., chaque jour nous prions ou chantons le Magnificat. Par là, en faisant nôtre la prière de la Vierge, d’un côté nous proclamons notre confiance en Dieu qui nous aime et qui nous sauve, malgré les apparences contraires; de l’autre côté, notre prière n’est vraie que si elle nous pousse à réaliser le plan d’amour de Dieu en faveur des humbles et des pauvres, et à faire advenir son règne de justice pour les affamés de toutes sortes. Marie nous invite à ouvrir les yeux pour déceler les formes de mépris et d’exploitation des pauvres autour de nous; à ouvrir le cœur pour aimer les pauvres comme Dieu les aime; et à nous salir les mains pour construire un monde plus juste et plus fraternel pour les pauvres et avec eux. Question: Que peux-tu faire, personnellement et avec d’autres, pour réaliser le Magnificat et manifester ta foi en Dieu dans des gestes d’amour et de libération des pauvres?

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Marie modèle de pauvreté

Malgré sa grande discrétion, l’Evangile suffit à nous illuminer sur la pauvreté de la Vierge. Nous suivons l’analyse qu’en fait l’Ordre des Servîtes de Marie (o. c., pages 75-76): “La Mère de Jésus, dans le concret de sa vie évangélique, nous apparaît comme une femme pauvre, dont la vie. fut marquée d’une double pauvreté; pauvreté selon les catégories de la sociologie, et pauvreté selon celles du Royaume, qui en Marie coïncidaient harmonieusement.

Marie femme pauvre La pauvreté sociologique de Marie saute immédiatement aux yeux de qui lit les Evangiles: Marie naît pauvre dans la région méprisée de Galilée - la «Galilée des nations» (Mt 4,15) à demi païenne -, à Nazareth, un village qui compte pour rien dans l’histoire d’Israël (cf. Jn 1,46; 7,52); elle est promise en épouse à Joseph, un humble charpentier (cf. Lc 1,27; Mt 13,55); elle met au monde son Fils dans une grotte servant d’étable et le dépose “dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place à l’hôtellerie” (Lc 2,7); elle le rachète avec l’offrande des pauvres (cf. Lc 2,24); quand son Fils est persécuté par les puissants, elle doit fuir dans un pays étranger, où elle connaît les désagréments de l’exil (cf. Mt 2,13); revenue à Nazareth, elle vit dans l’ombre, durant plusieurs années, la vie des pauvres; pendant la vie publique de son Fils, rien ne modifie sa condition de simple femme du peuple, mais par contre, elle participe de plus en plus au mystère du “signe de contradiction”: elle expérimente l’hostilité de ses concitoyens à l’égard de son Fils: “ils le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline... pour l’en précipiter» (Lc 4,29); elle constate l’in-

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compréhension de sa parenté: “les siens ... partirent pour se saisir de lui, car ils disaient: “il a perdu le sens” (Mc 3,21); elle vit le drame de la mort de son Fils, crucifié entre “deux malfaiteurs, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche” (Lc 23, 33). Marie “pauvre de cœur” Mais Marie se distingue surtout par l’intensité avec laquelle elle vécut la spiritualité des «pauvres de Yahvé». La Vierge est au premier rang de ces humbles et de ces pauvres du Seigneur qui attendent le salut avec confiance et reçoivent de lui le salut: - femme joyeuse au service du Seigneur (cf. Lc 1,38.46-48), fidèle dans l’observance de la Loi (cf. Lc 2, 22-24.27.39), docile à la volonté de Dieu (cf. Lc 1,38); - femme prévenante envers Elisabeth, lui offrant son aide, se réjouissant avec elle pour le don de la maternité et la gratuité des dons de Dieu (cf. Lc 1,39-56); - femme heureuse pour sa foi (cf. Lc 1,45), bénie pour le fruit de son sein (cf. Lc 1,42), exemplaire par sa confiance dans l’accomplissement des promesses faites à ses pères (et Lc 1,53); - femme dont la salutation sanctifie (cf. Lc 1,40-41); femme à la parole décisive (cf. Lc 1,38; Jn 2,3} et au silence méditatif (cf. Lc 2,19. 51 b); - femme partageant le sort de son peuple, (cf. Lc 1,54), solidaire des humbles de cœur - Siméon et Anne, les bergers et les sages venus de loin - et des opprimés (cf. Lc 1, 52-53; Mt. 2,16-18), attentive aux besoins du prochain (cf. Jn 2, 3) et pleine de sollicitude pour la nouvelle commnauté des disciples de Jésus (cf. Jn 2,1-12; Ac 1,14);

dire aux autres: ce n’est pas moi qui compte, c’est vous. Notre réponse à l’amour de Dieu n’est possible que parce que Dieu continue à nous manifester son amour en répandant dans nos cœurs son Esprit. Marie, mère de l’amour Cette réciprocité de l’amour entre Dieu et la créature s’est réalisée d’une façon unique et exemplaire en Marie. Dieu est sorti de lui-même pour aller chez elle et la combler de sa grâce. Dieu se donne à elle. Marie est la ‘toute aimée’ de Dieu. Par la force de l’Esprit qui la prend sous son ombre, elle devient Mère de Dieu, le Créateur devient son enfant. Marie accepte librement d’entrer dans le jeu de l’amour de Dieu. Elle proclame: ce n’est pas moi qui compte, c’est Lui, c’est Lui qui a tout fait, je ne suis que la servante du Seigneur, Lui seul est grand. «Dieu a tant aimé les hommes qu’il a donné pour nous son Fils». Marie a été associée à l’amour de Dieu pour les hommes. C’est par elle que Dieu nous a donné son Fils. C’est pour nous qu’elle a mis au monde Jésus. C’est pour nous qu’elle consent et participe à son sacrifice sur la croix. Jésus lui-même la fait entrer davantage dans le mystère de l’amour de Dieu pour les hommes: avant de mourir, il lui dit, en désignant Jean: “Voici ton fils”. Marie devient, au pied de la croix, la mère de tous les hommes: Elle peut nous aider à devenir fils de Dieu, à ressembler, comme elle, à Jésus, à entrer, avec elle et comme elle, par la force de l’Esprit, dans la. communion de Dieu.

concrète d’aimer. C’est l’amour de Dieu , manifesté dans le Christ, qui “prend patience, rend service, ne s’irrite pas …” Marie, mère et disciple de Jésus, a vécu les mêmes caractéristiques de l’amour de son Fils. En elle, le fruit de l’Esprit (Ga 5,22) s’est développé d’une façon parfaite. La Vierge est Mère de douceur, de tendresse, de miséricorde, d’oubli de soi et d’attention aux autres. L’imiter, c’est s’engager sur le même chemin qu’elle. Pouvons-nous penser de façon toute spéciale aux couples, aux hommes et femmes appelés à signifier l’ amour de Dieu dans leur amour conjugal: si chacun pouvait dire à son partenaire: ce n’est pas moi qui compte, c’est toi, est-ce que notre société ne serait pas transformée? Question Quelle est la caractéristique de l’amour (parmi celles décrites par 1 Co 13,4-7 ou par Ga 5,22) qui me fait davantage défaut? Comment l’acquérir ou la développer, à l’exemple de Marie et avec son aide?

Imiter Marie Saint Paul a chanté (en 1 Co 13, 4-7) les caractéristiques du véritable amour. Il n’avait pas sous les yeux un livre de morale, mais la personne du Christ et sa façon

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Marie modèle d’écoute et d’annonce de la Parole

La Vierge Marie est profondément insérée dans le mystère du Christ, objet primordial de l’évangélisation, et de l’Eglise, sujet et agent de cette évangélisation... En raison de sa fonction maternelle et exemplaire, Marie a anticipé en elle la mission de l’Eglise: accueillir et annoncer la Parole.

Marie accueille et garde la Parole La Vierge accueille dans la foi la parole de Dieu que Gabriel lui adresse. Elisabeth proclame bienheureuse celle qui a cru à l’accomplissement de la Parole. Dans les scènes de la nativité et de l’enfance de Jésus, Marie est présentée comme celle qui garde dans son cœur tout ce qu’elle voit et entend. En Marie, la parole ensemencée par Dieu a été accueillie dans la bonne terre, elle a germé et produit un fruit parfait, le Fils de Dieu (cf. Mc 4,20). Quand Jésus annoncera la Parole de Dieu aux hommes, il demandera avec insistance à ses disciples de garder et de mettre en pratique sa parole. L’accueil de la vie de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, est lié à l’obéissance à la parole: “Si vous m’aimez, vous observerez mes commandements... le Père vous donnera l’Esprit... Celui qui observe mes commandements, celui-là m’aime, mon Père l’aimera et je me manifesterai à lui... Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, mon Père l’aimera et nous viendrons habiter chez lui...» (Jn 14,15-16. 21.23). Marie a été, avant la lettre, la première disciple de son Fils. Elle a accueilli et gardé en elle la Parole: le Père l’a aimée, l’Esprit l’a prise sous son ombre, Jésus est venu habiter en son sein, et elle l’a donné au monde.

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Marie au service de la Parole Marie n’a pas été envoyée, comme les apôtres, pour proclamer partout la Bonne Nouvelle de Jésus. Pourtant, elle qui, la première, a accueilli la Parole, ne l’a pas gardée pour elle-même. En cela elle est modèle de l’Eglise. “On a souvent souligné que le même évangéliste - Luc - a écrit l’Evangile de l’enfance de Jésus (les deux premiers chapitres du troisième Evangile), document fondamental concernant la Parole qui s’est faite chair, et l’Evangile de l’enfance de l’Eglise (les Actes des Apôtres), compte rendu précis de la croissance et de la diffusion de la Parole (cf. Ac 6, 7); de Jérusalem à la Judée, à la Samarie, jusqu’aux confins de la terre. Et il semble que Luc ait établi un parallélisme significatif entre les récits de l’Annonciation-Visitation (troisième Evangile) et celui de la Pentecôte-Diffusion de la Parole (les Actes des Apôtres). La Parole Esprit, reçue d’abord dans l’intimité - par Marie de Nazareth, par la communauté apostolique “dans la chambre haute” (Ac 1, 13) d’une maison de Jérusalem - doit ensuite par la puissance de l’Esprit, être proclamée bien au-delà des murs de la maison: à toutes les générations, sans limites ni de temps ni d’espace. D’un côté, Marie, habitée par l’Esprit Saint, puissance du Très Haut (cf. Le 1,35) éprouve le besoin de proclamer les “grandes choses” que le Tout-Puissant a faites en elle; elle quitte donc la maison de Nazareth et se rend dans la montagne, dans une ville de Juda (cf. Lc 1, 39). De l’autre côté, les apôtres, en qui est descendue “la force d’en haut” (Le 24, 49) au jour de Pentecôte,

et qui “furent tous remplis de l’Esprit-Samt”, commencent à parler en d’autres langues (cf. Ac 2;4), devant “les juifs dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel” (Ac 2,5): ils quittent leur retraite et, fortifiés par l’Esprit, annoncent avec hardiesse l’œuvre de salut opéré par Dieu dans la mort et la résurrection du Christ (cf. Ac 2, 14-39; 4,31). Marie et l’Eglise sont au service de la Parole. Pour l’une comme pour l’autre “c’est chose glorieuse de révéler les œuvres de Dieu» (Tb 12,11). Mais en ce domaine aussi, la Vierge Mère Marie a précédé la Vierge Mère Eglise: la foi, la docilité à l’Esprit, la gratitude et le courage, la sollicitude empressée de la première seront des attitudes exemplaires pour la seconde, occupée jusqu’à la fin des temps à manifester à toutes les nations “la sagesse, infinie en ressources, déployée par Dieu en ce dessein éternel qu’il a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur (Ep 3,10-11)”. ( “Faites tout ce qu’il vous dira”, pages 53-54). Les mêmes auteurs font aussi remarquer l’affinité qui existe entre la parole de Marie aux serviteurs des noces de Cana (“Faites tout ce qu’il vous dira”, Jn 2,5) et l’ordre donné par Jésus ressuscité aux Onze, avant de monter au ciel; “Allez et enseignez toutes les nations... leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit” (Mt 28,19). “Ce que Jean met sur les lèvres de la Mère, Matthieu le présente comme une mission confiée par le Christ aux apôtres, c’est-à-dire à l’EgIise. Marie et l’Eglise se rencontrent pour conduire les hommes à l’obéissance à l’Evangile du Christ. Marie et l’Eglise renvoient à l’unique Loi qui sauve: la parole de Jésus” (o. c., p. 53).

Imiter Marie Le Concile Vatican II (DV 25) “exhorte avec force tous les chrétiens à acquérir par la lecture fréquente des divines Ecritures une science éminente de Jésus-Christ, car ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ”. Comme Marie qui gardait la Parole en son cœur et en éclairait sa vie, nous som-mes invités à regarder notre vie à la lumière de la Parole de Dieu, pour découvrir ce que Dieu veut de nous, dans les événements de chaque jour. Nourris de la Parole de Dieu, fidèles à la mettre en pratique, nous serons les témoins que Jésus envoie annoncer la Bonne Nouvelle de son amour.

Question: Chaque jour, seul ou avec d’autres, suisje à l’écoute de la Parole de Dieu? A-t-elle déjà changé ma vie, en la rendant plus conforme à la volonté de Dieu? Marie mère et modèle du disciple

Par une vocation singulière, elle a vu son fils Jésus «croître en Sagesse et en taille et en grâce» (Lc 2,52). Sur ses genoux et puis en l’écoutant, au long de la vie cachée à Nazareth, ce Fils qui était le Fils unique du Père, «plein de grâce et de vérité», a été formé par elle dans la connaissance humaine des Ecritures et de l’histoire du dessein de Dieu sur son peuple, dans l’adoration du Père. D’autre part, elle a été la Première de ses disciples: première dans le temps, car déjà en le retrouvant dans le Temple, elle reçoit de son Fils adolescent les leçons qu’elle conserve dans son cœur (Lc 2,51); la première surtout parce que personne n’a été «enseigné par Dieu» (Jn 6, 45) à un tel degré de profondeur. Mère en même temps que disciple, disait d’elle S. Augustin, en ajoutant hardiment que ceci a été pour elle plus important que cela (Sermon 25,7). (Jean-Paul II, Catechesi tradendae, 73)

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