DOC-Cévennes / FESTIVAL DE LASALLE 2018

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KINSHASA MAKAMBO I Dieudo Hamadi

2018 | 1h15mn | République démocratique du Congo, France, Suisse, Allemagne, qatar, Norvège | L’ Œil Sauvage, Bärbel Mauch film, Flimmer Films, Alva films, Kiripifilms, RTS, ARTE France, Al Jazeera

S’il réalise du documentaire à vif, porté par les événements, Hamadi se distingue par un art du montage et du récit qui, sans esbroufe ni dramatisation, rend son film très clair et très frappant. Marcos Uzal - Libération / 25 Février 2018

Le travail de caméra d’Hamadi est vibrant et réfléchi, et le montage d’Hélène Ballis est limpide. [...] Le résultat est une explosion d’idées et d’actions – une expression vivante du mal de tête* lancinant qui menace de faire éclater le Congo.

[ * «Makambo» signifie «mal de tête» ] Clarence Tsui - Hollywood Reporter / Mars 2018

Dieudo Hamadi est né à Kisangani (Congo RDC). Il s’est formé au cinéma en participant à des ateliers documentaires et des cours de montage – en 2007 aux Studios Kabako puis avec Suka! Productions et l’INSAS (Belgique) – . En 2009, il réalise deux courts-métrages documentaires, Dames en attente et Tolérance zéro ???????qui retiennent l’attention de plusieurs festivals en Europe et au Canada. Il travaille ensuite comme monteur, producteur et assistant-réalisateur. En 2013, son premier long-métrage documentaire Atalaku (2013) sera lauréat du Prix Joris Ivens au Cinéma du Réel. Examen d’Etat (2014), sera couronné du Prix international de la SCAM & du Prix des éditeurs-Potemkine, au Cinéma du Réel. Maman Colonelle (2016) remportera le Grand prix du Cinéma du Réel 2017 et le prix spécial du Jury au Festival international du Film francophone (Fiff) de Namur. Depuis 2013, le Festival de Lasalle a diffusé tous les films de Dieudo Hamadi qui nous racontent l’histoire tourmentée de son pays. « Pour l’heure, je souhaite me concentrer sur le Congo. J’y suis né, j’y vis, et il a tellement d’histoires à raconter. »

SOUS-TITRAGE FRANÇAIS

Le dernier film de Dieudo Hamadi affiche comme sous-titre « De l’autre côté de la liberté ». Cette formule relève-t-elle d’un pessimisme qui condamne définitivement les Congolais, reléguant les militants politiques dans un espace utopique ? Pour la 4e fois, le Festival de Lasalle présente une œuvre de Dieudo Hamadi (Ataluku en 2013, Examen d’Etat en 2015, Maman Colonelle en 2017), lui offrant une vitrine où exprimer sa révolte. Persona non grata en RDC, il a toujours dénoncé les abus et l’injustice. Avec ce film, le réalisateur a choisi son camp, celui des opposants au régime de Kabila, toujours en place, malgré une fin de mandat constitutionnellement prévue en décembre 2016. Hamadi a suivi, au péril de sa vie parfois, quelques militants politiques dans leur lutte contre un pouvoir violent, connu pour sa répression féroce envers les « rebelles ». Christian, Ben, Jean-Marie se mobilisent une nouvelle fois pour leur pays, leurs droits, leur liberté. Tous jeunes, leurs vies sont déjà marquées par la prison, l’exil, la violence, la disparition de compagnons. Dieudo Hamadi, enfant du cinéma du réel, mêle les images des événements, qu’il a saisies sur le vif, caméra à l’épaule – et parfois, lors de la fuite, à la main – les moments de répit avec la famille, et les réunions de cellule, les « groupes » des « forces défensives ». C’est l’histoire de l’organisation de la lutte armée, avec sa part de clandestinité, de danger, de dissensions, de compromis, de reproches, d’attentes déçues. Comment la guérilla peut-elle mobiliser ses propres troupes, relancer la colère populaire, comment éviter de devenir des cibles, comment faire confiance ? Le film suit l’évolution politique de la RDC, au moment où le leader de l’opposition Etienne Tishekedi tente de négocier avec Kabila, dans la non-violence, sans succès. Il meurt à Bruxelles le 1er février 2017, désespérant ses partisans. Film à flux tendu, Kinshasa Makambo met en scène la jeunesse d’un pays qui n’a toujours pas trouvé de solution démocratique, face à un régime dictatorial. Il est rare de voir des images « volées » montrant l’événement tel qu’il est vécu par les participants, dont le réalisateur. Marion Blanchaud

Il y a quelque chose que je n’ai pas assez mis dans le film. Ce qui manque, c’est une manifestation de leur courage, de l’époque où je n’étais pas là [...] ils étaient confrontés à des gaz lacrymogènes, à de vraies balles. Ils ne s’arrêtaient pas, et j’étais celui qui pensait: « J’ai assez de matériel ; je n’ai pas besoin de les suivre. . Dieudo Hamadi - Extrait d’un entretien de Steve Macfarlane pour Filmmaker Magazine / Mars 2018

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