REPORTAGE DH : CH DE MONTLUÇON (ALLIER)
« NOUS NE SOMMES PAS RESTÉS LES DEUX PIEDS DANS LE MÊME SABOT »
ENTRETIEN AVEC Stéphane Massard, directeur général
DH MAGAZINE : L’analyse du dossier du CH de
DH : Êtes-vous aussi pessimiste ?
Montluçon fait ressortir une situation peu aisée.
La situation du CH est excessivement difficile.
Qu’en est-il sur le terrain ?
La démographie médicale devient, dans certaines
STÉPHANE MASSARD : Effectivement… Je ne vais
régions, un problème de « survie » pour les
pas vous jouer l’air de « Madame la Marquise… »
hôpitaux.
mais, heureusement, le château n’a pas encore brûlé (rires)... La situation spécifique du CH de Montluçon
DH : Quelle est actuellement l’offre de soins de
est sociologiquement difficile. On perçoit une forte
territoire ?
souffrance, une angoisse latente. La situation sociale est
Deux structures de soins couvrent le bassin d’activité :
« tendue », aussi bien à l’hôpital que dans la population.
la clinique Saint-François et le Centre Hospitalier. La
Mais, notre problème est, fondamentalement, médical.
baisse de la population et son vieillissement demandent
À cet égard, je partage les mêmes soucis que le
une réadaptation de l’offre hospitalière sur le bassin
Dr Verdier, vous le lirez dans son interview.
montluçonnais. Les deux établissements proposent des activités similaires, en particulier sur la chirurgie.
Le contexte général de pénurie médicale et de la part
Les plateaux techniques des deux établissements sont
élevée de spécialistes de santé de plus de 55 ans, en
surdimensionnés par rapport à l’offre de soins.
particulier dans les spécialités chirurgicales, d’imagerie, d’anesthésie et de cardiologie, affecte particulièrement
DH : Surdimensionnés ! ! !
la ville. Les difficultés de recrutement vont s’accentuer
C’est effectivement une des données ! Aussi, avons-nous
dans les prochaines années et ne permettront pas de
engagé une réflexion commune avec la Polyclinique Saint-
garantir une couverture de la permanence des soins
François. Le 9 janvier 2012, nous avons signé un accord de
dans certaines spécialités.
méthode qui prenait acte des premières analyses réalisées conjointement et lançait la démarche « Médi-
La baisse de la population et son vieillissement demandent une réadaptation de l’offre hospitalière sur le bassin montluçonnais
pôle » afin de définir les complémentarités à mettre en œuvre entre les deux établissements. Les principes fondateurs de cette réflexion reposent sur trois points. Le premier, c’est
142
Les autres établissements de soins de la région, de
offrir une organisation des soins innovante, efficiente et
même taille que le Centre Hospitalier, se situent tous
pérenne. Le second est de garantir l’égal accès aux soins par
à plus de 1 heure de Montluçon. Les collaborations, qui
l’existence d’une offre de secteur 1 pour chaque activité. Le
existent déjà sur certaines spécialités, sont toutefois
troisième est d’assurer conjointement la permanence des
limitées par la distance.
soins par spécialité.
DH MAGAZINE 144 / 3ÈME TRIMESTRE 2012