DH Magazine 130 - Janvier-Février 2010

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Dépistage néonatal de la surdité : l’expérience de la systématisation en Haute-Normandie

Y.L.-CHI Evreux

Ces dernières années, le dépistage des défi‑ ciences auditives chez les tout jeunes enfants est devenu un important enjeu de santé publi‑ que. La surdité touche 2 à 3 enfants sur mille, voire 5 à 7 % des nouveau-nés admis dans les unités néonatales de soins intensifs ou fai‑ sant partie des catégories à risque (infections néonatales, malformation cranio-faciale, anté‑ cédents familiaux…).

Le Docteur Yannick Lerosey, chef de service ORL du CHI d’Evreux. La nécessité d’un dépistage précoce fait aujourd’hui consensus au sein du monde mé‑ dical. Réalisé dès la maternité, il permettrait un diagnostic et une prise en charge préco‑ ces, corollaires indispensables pour une cou‑ verture efficiente de la surdité congénitale en France. Diagnostiquer dès les premiers mois permet d’éviter des retentissements majeurs sur l’acquisition du langage oral, de la parole et plus tard sur la scolarisation des enfants, par une prise en charge adaptée associant les

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Ludivine AUBIN-KARPINSKI - ludivine@dhmagazine.fr

Otometrics

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n France, la déficience auditive touche deux ou trois enfants sur mille ce qui en fait une pathologie plus fréquente que la mucoviscidose. Elle n‘est pas manifeste et ne peut être diagnostiquée si aucun examen n‘est réalisé dès la naissance. Elle est à l’origine d’un retard de développement du langage et des capacités cognitives de l‘enfant. Dans notre pays, le dépistage est orienté, c’est-à-dire réalisé uniquement pour les sujets à risque, et la systématisation à l’échelle nationale fait encore l’objet d’une étude de faisabilité. En attendant, les régions s’organisent et les expériences se multiplient. A l’image de la Haute-Normandie dont toutes les maternités ont aujourd’hui mis en place ce système, sous l’impulsion du docteur Yannick Lerosey, chef de service ORL du CHI d’Evreux.

Aujourd’hui, environ 20 % des nouveau-nés sont dépistés en France. techniques d’adaptation des aides auditives, de l’orthophonie, de la guidance parentale et parfois de l’implantation cochléaire.

Une systématisation à l’étude en France En France, la systématisation du dépistage néonatal de la surdité tarde à se mettre en place, alors que certains pays européens comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne ont déjà franchi le pas. Une réflexion a été enta‑ mée, ces dernières années, sur la pertinence d’organiser un tel dépistage à l’échelle na‑ tionale et une expérimentation a été menée, commanditée en 2005 par la CNAMTS, avec pour objectifs d’étudier la faisabilité et l’impact du dépistage en maternité, de fournir un état des lieux, définir les conditions de sa réali‑ sation et dresser un protocole pour fixer des directives nationales. Dans un rapport établi en janvier 2007 à la demande de la DGS, la Haute Autorité de Santé a conclu à « l’efficacité probable du dépistage systématique de la surdité permanente bilatérale en termes de développement de la communication » et a préconisé « la pérennisation du financement des expérimentations au plan local qui peuvent permettre de fonder des recommandations organisationnelles en termes de modalités de dépistage, de suivi et prise en charge en aval ». De plus, la HAS « recommande que soient menées dans chaque région des évaluations sur les capacités des structures à réaliser une confirmation diagnostique de qualité, dans un court délai,

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chez l’ensemble des nouveau-nés dont le test de dépistage est positif, et à coordonner l’ensemble des partenaires (…), en proposant des modalités de prise en charge adaptées à chaque enfant et à sa famille. »

Des régions exemplaires Quelques régions n’ont pas attendu cette étude de faisabilité pour s’organiser et font aujourd’hui figure de précurseurs. C’est le cas de la Haute-Normandie, de la ChampagneArdenne et de l’Alsace. Depuis, d’autres ma‑ ternités ont suivi et généralisé le test ; autant d’expériences hétéroclites qui permettent aujourd’hui de dépister environ 20 % des nou‑ veau-nés en France. En Haute-Normandie, la culture du dépistage néonatal de la surdité est ancrée depuis 1999 et fonctionne dans la totalité des maternités depuis mars 2009 (23 000 naissances par an). Dix ans d’expérience qui ont permis, entre autres, aux diverses équipes de tester deux protocoles différents. Initié à l’origine à la maternité d’Evreux dans l’Eure (27), le dé‑ pistage en Normandie est l’œuvre du docteur Yannick Lerosey, chef de service ORL du CH d’Evreux. « La multiplication des premières publications scientifiques sur les expériences américaines et hollandaises et leurs résultats nous ont incités à le mettre en place de manière systématique à Evreux en septembre 1999, explique le chef d’orchestre de l’organisation normande. Jusque fin 2002, la maternité a servi de « laboratoire». Nous avons bénéficié du soutien franc de l’administration et obtenu l’accord de


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