DH Magazine 147 - 3eme trimestre 2013

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REPORTAGE DH : CHI Toulon - La Seyne-sur-Mer (Var)

L'esprit d'ouverture Psychiatrie :

au-delà des murs Entretien avec Dr Patrick Calvet, Chef du Pôle Psychiatrie Adulte Dr Gilles Reine, Responsable de structure interne Dr Frédéric Roche, Responsable de l’Unité Intersectorielle de Soins Alternatifs et de Réhabilitation Frédéric Rodrigues, Directeur des affaires juridiques et du patrimoine, Référent du pôle Psychiatrie

Le Centre Hospitalier Toulon La Seyne-sur-Mer présente la spécificité historique d’être un hôpital général où la psychiatrie occupe une large place. Ce lien entre l’hôpital et la psychiatrie s’est pérennisé au profit d’un véritable modèle : la prise en charge du malade psychique dans sa globalité.

Des services de soins psychiatriques intégrés au sein de l’hôpital général L’architecture du nouvel hôpital Sainte Musse est révélatrice de l’intégration des unités de soins psychiatriques au sein de l’hôpital général. Les deux bâtiments sont construits sur le même site et dans un même esprit de conception. Comme l’indique Frédéric Rodrigues, Directeur Adjoint référent du pôle Psychiatrie Adulte: « Le patient psychiatrique côtoie le patient somatique. » D’une part, l’enjeu de cette intégration est de valoriser l’image de la psychiatrie en collaborant avec les unités de soins somatiques. En ce sens, le développement de la psychiatrie de liaison au sein des services de l’hôpital général représente une véritable opportunité de décloisonner les formes de prise en charge du patient. D’après le Dr Patrick Calvet, Chef du Pôle Psychiatrie Adulte, « L’hyperspécialisation peut être nécessaire mais l’intégration est importante car le patient est à considérer dans sa globalité. » D’autre part, il s’agit également d’améliorer l’accès aux soins somatiques des patients psychiatriques, une préconisation du Plan Santé Mentale. Comme l’indique le Dr Gilles Reine, responsable de secteurs : « Les malades psychiques présentent une baisse de leur espérance de vie de 10 ans en moyenne, en partie liée à un faible accès aux soins. » Des dispositifs de soins somatiques

gens, malgré leur maladie, la vie la plus normale possible et intégrée au sein de la société. » affirme le Dr Calvet. « Il est regrettable qu’en matière de soins psychiatriques, les acteurs politiques se préoccupent avant tout de l’hospitalisation alors que 2 millions de patients sont suivis en ambulatoire. Même s’agissant de certains patients psychotiques, nous préférons prendre en charge la dangerosité davantage par des moyens humains que par des murs. » Ainsi, la prise en charge ambulatoire au Centre Hospitalier représente 80 % de l’activité. Les structures alternatives à l’hospitalisation ont tenu à prendre en compte l’individu dans sa globalité. En ce sens, l’unité intersectorielle de soins alternatifs et de réhabilitation tend à prendre en charge le patient en amont et en aval des phases aiguës de sa pathologie afin de retarder ou d’éviter l’hospitalisation. Selon le Dr Frédéric Roche, responsable de l’unité : « Tout devient possible si les malades sont traités le plus précocement possible. » L’attention est aussi portée à la réinsertion dans la société, après l’hospitalisation. Les unités d’hébergement associatif à vocation thérapeutique, largement développées au C.H.I.T.S. durant les dix dernières années, y sont étroitement associées. Le terme de réhabilitation vise ainsi à redonner aux malades une « boîte à outils » en vue de leur intégration sociale. Par ailleurs, les équipes mobiles « Psychiatrie et Précarité » du Centre Hospitalier se déplacent à la rencontre des

au sein même des services psychiatriques ont ainsi été

usagers au sein de structures sociales, à leur domicile ou

mis en place lors de la création de l’hôpital Sainte Musse

encore dans la ville lors de « maraudes ». À cette fin, il

pour répondre à ces besoins.

est nécessaire de s’appuyer sur un réseau Ville-Hôpital, constitué par l’ensemble des acteurs sociaux et médico-

Des structures alternatives à l’hospitalisation originales

sociaux. « On ne peut travailler dans cette discipline sans être capable de sortir des murs ni sans nouer des partenariats avec des intervenants extérieurs : sociaux, médico-sociaux voire politiques » indique Gilles Reine.

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Au C.H.I.T.S, la prise en charge psychiatrique est particu-

Ainsi, la psychiatrie s’ouvre sur la ville et considère le

lièrement tournée vers les alternatives à l’hospitalisation

patient comme un individu social, dont les conditions

« Nos aspirations sont celles des malades : donner aux

de vie sont déterminantes pour traiter sa pathologie.

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