10 Crolles à vivre
Clown et fier de l’être Cyril Griot est Crollois. Et clown. Et metteur en scène. Rencontre avec cet artiste qui sait laisser de côté son nez rouge pour parler avec sérieux de sa passion, avant de rentrer chez lui et d’enfiler le costume de mari et père de deux enfants.
D
bonnes choses au bon moment, s’adapter à son environnement, aux personnes et situations. Le clown, c’est tout l’inverse. Il est ridicule, il est instinctif et maladroit. »
Chaque spectacle est une aventure
Aujourd’hui Cyril est aussi formateur. Avec sa compagnie, “le bateau de papier”, installée à Crolles, il enseigne et poursuit la création de spectacles clown tout en montant des projets de théâtre, “sa deuxième passion”. « J’arrive à vivre de ce métier, avec des hauts et des bas. Chaque projet est une nouvelle aventure de 3-4 ans. On monte une équipe, je travaille avec des gens que j’apprécie et j’aime ce rapport collégial, cette construction collective. Il y a beaucoup de contraintes financières, de nombreux déplacements, ce qui n’est pas toujours facile pour la vie de famille. Mais on jouit aussi d’une grande liberté, et c’est un vrai luxe ». L’Espace Paul Jargot, qui soutient le bateau depuis longtemps, a récemment programmé deux de ses œuvres, “J’suis tout petit” et “le fils ainé”, tiré d’un texte russe. « J’aime beaucoup la Russie et j’avais envie de montrer que c’est un pays plus doux et plus libre que ce que l’on a coutume de nous montrer. »
Bientôt le lac des poules
En parallèle, Cyril travaille sur un nouveau projet, mêlant clowns et danse, en collaboration avec la chorégraphe Anne-Marie Pascoli. « L’histoire de cinq clowns qui voudraient danser le lac des cygnes et qui au final présentent le lac des poules. Ce n’est pas une caricature de la danse classique que nous exposons, mais bien un véritable travail chorégraphique de clown que nous mettons en scène. » Il sera présenté à l’espace Aragon et l’Heure bleue en avril 2017.
© Chloé Perez
u plus loin qu’il s’en souvienne, Cyril Griot a toujours voulu être clown. « J’aimais être l’amuseur de service. Et puis j’associais ça à la bohème, au chapiteau et aux roulottes du cirque... » Faire rire en voyageant, un beau projet de vie non ? Jeune, Cyril enchaîne donc les ateliers et stages, mêlant théâtre et clown. « Même si mes parents ont un peu tiqué quand je leur ai dit que je voulais en faire mon métier, mon entourage a vite compris que c’était sérieux ». Rapidement il commence à travailler pour des petites compagnies tout en continuant à se former. Car on apprend toute sa vie. « Retourner régulièrement à l’école du clown en même temps qu’on joue sur scène, chacun à son rythme, c’est de cette manière que je vois les choses. Il faut entre 10 et 15 ans pour être un bon clown. » Parce qu’être clown ne s’improvise pas. C’est un vrai travail, difficile, rigoureux. « Dans un spectacle, derrière l’aspect drôle et imprévu, tout est millimétré. Il y a l’aspect technique des chutes. Mais aussi et surtout, et c’est le plus dur, l’artiste doit (re)trouver une certaine fraîcheur, une spontanéité ». Accepter de se “déséduquer” en quelque sorte. « Toute notre vie, on nous apprend à être efficace et à nous tenir socialement : faire les
magazine d’information de la ville de
Crolles ////// Mai 2016 ////// Numéro 62