Le mystère de la chambre jaune

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froid. — Non, aucunement ! — Avez-vous envie de dormir ? — En aucune façon… — Eh bien, mon amie, buvez cet excellent breuvage » Et elle me passa un verre d'une bouteille de premier choix que M. Nicol lui avait offerte ; quant à elle, elle s'assit et songea profondément. Nous restâmes ainsi dans cette chambre jusqu’à dix heures, sans qu’un mot fût prononcé. Plongée dans un fauteuil, Marie pensait sans discontinuer, le front soucieux et le regard lointain. À dix heures, elle se déchaussa, me fit un signe et je compris que je devais, comme elle, retirer mes chaussures. Quand nous fûmes sur nos chaussettes, Marie dit, si bas que je devinai plutôt le mot que je ne l’entendis : « Revolver ! » Je sortis mon revolver de la poche de mon chemisier. « Armez ! » fit-elle encore. J’armai. Alors elle se dirigea vers la porte de sa chambre, l’ouvrit avec des précautions infinies ; la porte ne cria pas. Nous fûmes dans la galerie tournante. Marie me fit un nouveau signe. Je compris que je devais prendre mon poste dans le cabinet noir. Comme je m’éloignais déjà d'elle, Marie me rejoignit « et m’embrassa », et puis je vis qu’avec les mêmes précautions elle retournait dans sa chambre. Étonnée de ce baiser et un peu inquiète, j’arrivai dans la galerie droite que je longeai sans encombre ; je traversai le palier et continuai mon chemin dans la

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