Le Lingue Madri della Provincia di Torino

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sont quatre3: les parlers du groupe occitan septentrional (lesquels présentent des caractéristiques dialectales, même en présence d’une certaine homogénéité linguistique), directement descendants de la langue d’Oc des trouvères provençaux, la langue franco-provençale parlée entre la Val Sangone et le Haut Canavese, la langue d’origine allemande des walser, colons alpins arrivés au Moyen Age entre Autriche et Suisse et installés au pied du Mont Rose, entre les provinces de Vercelli et de Verbano Cusio Ossola et le français, antiquement modèle de repère linguistique et culturel pour les zones historiquement intéressées par la domination française et langue de culte de la communauté réligieuse vaudoise qui s’installa anciennement dans les vallées de Pignerol. En Ligurie la minorité linguistique occitane, présente dans quelques vallées de la Province d’Imperia a obtenu la tutelle de sa langue.

La langue occitane L’occitan est une langue indo-européenne du groupe neo-latin; il fait partie de l’ensemble des parlers gallo-romans 4 et il dérive du latin vulgaire introduit avec la conquête romaine de la Gaule. Langue de culture pour plusieurs siècles, elle atteint au Moyen Age sa maximum splendeur, en donnant expression à la tradition littéraire de l’école des troubadours, dont la notoriété s’étendit au-delà des frontières provençales. Depuis le XIII ème siècle, à la suite de la croisade contre les Albigeois, commence le déclin culturel de la langue d’oc. Avec l’annexion du territorie occitan au Royaume de France et avec l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, qui imposa le français comme langue de culture, du droit et de l’administration, l’occitan devient langue orale, utilisée quotidiennement par les classes moins riches, même si on retrouve depuis le XlX ème siècle une nouvelle saison littéraire commencée par le Félibrige. La zone de diffusion de la langue occitane comprend le Val d’Aran sur les Pyrénées en Espagne, 32 départements au sud de la France et 14 vallées italiennes qui s’étendent particulièrement sur le territoire piémontais (en touchant aussi des localités de la Ligurie). Historiquement le territoire occitan comprenait les régions de Gascogne, Languedoc, Guiana, Limousin, Auvergne, Provence et Dauphiné (qui comprenait aussi les vallées italiennes), symboliquement représentées par la croix à sept pointes, dite des Comtes de Toulouse ou cathare. En Italie la zone occitane comprend les provinces d’ Imperia, Cuneo et Turin; en Ligurie on parle occitan dans les îles linguistiques d’Olivetta San Michele et partie de la commune de Triora (où on parle la variante brigasque). Au Piémont en partant du sud, la zone occitane comprend la Haute Vallée Tanaro et les Vallées Corsaglia et Maudagna, connues comme Vallées du Quié, Ellero, Pesio, Vermenagna, Gesso, Stura, Grana, Maira, Varaita et Po avec les laterales Bronda, Infernotto en province de Cuneo et les Vallées Pellice, Chisone, Germanasca, le Pinerolais pedemontan et la Haute Vallée de Suse (dont Chiomonte signale la frontière linguistique), en province de Turin. On parle un dialecte occitan aussi en Calabrie, à Guardia Piemontese (CS) unique île linguistique de l’Italie du sud, qui doit ses origines à l’installation dans ce lieu de quelques groupes d’exilés vaudois (provenant des vallées du Piémont et du Dauphiné) remontant peut-être au XlV ème siècle.

La langue franco-provençale Le mot “franco-provençal” fut forgé pour la première fois en 1873 par le linguiste Graziadio Isaia Ascoli, lequel en se basant sur l’évolution linguistique de la A tonique latine 5 en syllabe libre, identifia les caractéristiques principales de cette langue: «J’appelle franco-provençal un type idiomatique, qui réunit avec des caractères spécifiques, d’autres caractères, qui en part sont communs au français, et part au franco-provençal, et il ne provient pas d’une tarde confluence d’éléments différents, mais affirme sa propre indépendance historique, mais différente de celles dont on distingue les autres principes 3 Il existe en outre une loi régionale spécifique qui protège les minorités linguistiques du Piémont, la Loi régionale n.26 du 10 avril 1990 “Tutelle, valorisation et promotion de la connaissance de l’originaire patrimoine linguistique du Piémont” ensuite intégrée avec la Loi Régionale 17 juin 1997, n.37 et avec la récente Loi Régionale 7 avril 2009, n.11 avec laquelle le Conseil Régional a voulu souligner la volonté de sauvegarder, valoriser et promouvoir non seulement les langues minoritaires historiques comme l’occitan, le français, le francoprovençal et le walser, mais aussi la langue piémontaise. 4 La zone gallo-romane comprend la France actuelle, la Belgique, la Suisse de langue française et partie du Piémont et correspond au territoire où se sont rencontrés et superposées la civilisation gauloise ou celtique et la civilisation latine (romane). Le territoire comprend trois groupes linguistiques: les parlers d’oïl (au nord), d’oc (au sud) et ceux franco-provençaux (centre-oriental) définis et situés géographiquement pour la première fois par Graziano Isaia Ascoli. 5 Le résultat franco-provençal de la A tonique latine en syllabe libre se différencie des phénomènes évolutifs qui ont intéressé les autres parlers gallo-romans (c’est-à-dire le provençal et le français). Dans le provençal en effet, on conserve toujours la voyelle latine, tandis qu’avec le français on assiste à un phénomène constant de la palatalisation de la voyelle A dont le résultat est E (cApra-chEvre; prAtu-prE). Dans les parlers franco-provençaux par contre on a une situation moyenne, parce que la palatisation de la voyelle A arrive seulement si elle est en contact avec une consonne palatale.

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