Solidarité Guatemala 201

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Numéro 201 décembre 2012 Lettre d’information du Collectif Guatemala

Totonicapán : premier massacre perpétré par l’armée depuis la signature des Accords de paix Sommaire

Tournée 2012 du Collectif Guatemala p.2-3 Massacre de Totonicapán

p. 4-5

Grand tournant dans les enquêtes sur les années Berger p.6 Alma ou l’autre guerre p.7 Oxlajuj B’aktun p. 8-9 Brèves

p.10-11

Collectif Guatemala 21 ter, rue Voltaire 75011 Paris - France Tel: 01 43 73 49 60 collectifguatemala@gmail.com www.collectifguatemala.org

Directrice de publication : Isabelle Tauty Chamale ISSN 1277 51 69 Ont participé à ce numéro : Vincent Espagne, Amandine Grandjean, Vanessa Góngora, Marilyne Griffon, Nicolas Krameyer, Aurélia Rapin, Isabelle Tauty, Maxime Verdier, Martin Willaume.

Par Marilyne Griffon

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’ « Oxlajuj B’aktun » dans le calendrier maya marque la fin du temps long comptant 13 B’aktun. Converti en mesure du temps occidental, au 21 décembre 2012, le cycle débuté le 13 août 3 114 ans avant Jésus Christ sera écoulé. Loin de la vision hollywoodienne de la fin du monde, le passage à une nouvelle ère a redonné force à la résistance autochtone maya en défense du territoire et des ressources naturelles. En face, le pouvoir qui use, lui aussi, de l’« Oxlajuj B’aktun » pour se faire promoteur d’un « folklore » maya pour notamment redonner vigueur au tourisme, ne lésine plus sur les moyens pour répondre aux revendications légitimes des peuples paysans autochtones. Les quarante-huit cantons de Totonicapán (département situé à l’Ouest du pays) avaient organisé le 4 octobre dernier un blocage pacifique des routes. Le groupe de manifestants situé sur la route interaméricaine, à proximité du carrefour stratégique des 4 chemins (cuatro caminos) à l’entrée de Quetzaltenango, la deuxième ville du pays, ne s’attendait pas à voir débarquer l’armée et les forces de police. Il ne s’attendait pas non plus à ce que ces dernières envoyées par le gouvernement leur tirent dessus à balles réelles. Leurs revendications ? La volonté de participer à la réforme de la Constitution, l’opposition à la réforme de l’université et la dénonciation des prix de l’électricité. Trois niveaux de revendications face à un même système de domination et de discrimination : une Constitution qui ne redonnerait pas leur place aux citoyens mayas, une réforme allongeant de deux ans le cursus des études pour devenir maître, fermant la porte à de trop rares opportunités d’ascension sociale pour les plus modestes, des prix d’une énergie aux mains des compagnies privées multinationales sans scrupules, qui facturent aux paysans pauvres des notes hors de prix pour des foyers qui ne consomment tout juste que l’électricité de quelques ampoules pour s’éclairer à la nuit tombée. Une électricité hors de prix malgré la multiplication des projets hydroélectriques. Bilan de ce premier massacre perpétré par l’armée depuis la signature des Accords de paix en 1996 : 9 morts et 32 blessés. Les autorités ont d’abord nié leur responsabilité dans le massacre et la présence même d’armes à feu dans les mains des forces de l’ordre avant de revenir sur leurs propos, contraints par la pression internationale. Le chancelier guatémaltèque Harold Caballeros tentait vainement de se justifier auprès de l’ambassadeur des Etats-Unis au Guatemala, Arnold Chacón, en des termes qui ne cachaient pas son mépris pour les paysans mayas assassinés : « Je reconnais avec douleur que, sous certaines latitudes, nous faisons grand cas de 8 morts, et même si cela sonne mal de le dire, nous en comptons le double chaque jour. C’est pourquoi, je considère que cela ne devrait pas mériter une attention aussi importante » (El Periódico, 8 octobre 2012). Face aux pressions nationale et internationale, le président Otto Pérez Molina a dû rendre compte aux ambassadeurs représentant une trentaine de pays (France, Etats-Unis, Israël, Union européenne...) et l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui a demandé qu’une enquête indépendante soit menée sur le terrain. A la veille de l’examen périodique universel du Guatemala devant les membres de l’ONU, le 24 octobre dernier, une manifestation pacifique des autorités autochtones de tout le pays — mayas, xincas et garifunas, le courant de l’Eglise qui appuie les luttes pour les droits des peuples indiens et de la terre mère, ainsi que les habituelles organisations mayas et ladinas de résistance — dénonçait d’une même voix la répression du gouvernement de mano dura, dirigée contre le peuple. Ces événements auront pour le moins déclenché une vague d’indignation et ressoudé un mouvement divisé ayant du mal à s’unifier dans la résistance. Les manifestations se sont multipliées ces derniers temps et l’intimidation d’une possible répression n’a pas l’air de fonctionner. La résistance se fait pour la défense de la vie, jusqu’à la mort. Le peuple pleure ses martyrs mais reste déterminé à poursuivre sa lutte pour ceux qui ne sont plus, pour ceux qui sont, comme pour ceux qui viendront. ■ Solidarité Guatemala n°201 décembre 2012

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Campagne 2012 Une tournée en solidarité avec nos amis du Petén Du 16 au 28 septembre 2012, le Collectif Guatemala a réalisé une tournée de sensibilisation en Suisse et en France avec l’avocat Ramón Cadena de la Commission Internationale des Juristes et les représentants des communautés du Petén affectées par la présence de l’entreprise pétrolière française Perenco, Hilda Ventura et Mario Ramos. Retour sur les étapes marquantes de ces deux semaines de solidarité et de rencontres avec le grand public et les décideurs.

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A Paris

endant deux semaines, la délégation des trois représentants guatémaltèques accompagnée par plusieurs membres du Collectif Guatemala et notamment notre coordinatrice terrain, Amandine Grandjean, a parcouru la France et la Suisse pour constituer un réseau de solidarité avec les populations du Petén et engager une réflexion sur la promotion d’un changement de cadre législatif en France permettant d’instituer la responsabilité pénale des filiales françaises à l’étranger. De nombreuses réunions inter-ONG avec nos différents partenaires ont eu lieu. Une dizaine de projections débats ont été organisées, dont la soirée de lancement à Paris, le 24 septembre, qui a réuni les soutiens du Collectif Guatemala au cinéma Action Christine. Enfin, plusieurs rendez-vous avec les décideurs ont permis d’avancer sur une réflexion. Les médias ont relayé notre campagne: reportage de Soir 3, Rue89 Lyon, HispanTV, le blog du Monde sur l’Amérique latine, Kiagi.fr... A Genève

Le député Dominique Potier avec la délégation

- Petit déjeuner presse à l’Assemblée nationale à l’invitation du député Dominique Potier en présence de six autres députés et de nombreux médias - Rencontre avec le ministère des Affaires étrangères (Direction des Amériques) - Conférence publique à la Maison du Barreau organisée avec la Commission ouverte Amérique latine et le Barreau de Paris - Participation au festival des utopies concrètes à la Mairie du IIe arrondissement - Conférence publique organisée à Amnesty International France ■

Mario Ramos au Conseil des Droits de l’Homme e

- Intervention lors de la XXI session du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies: Mario Ramos a fait une déclaration orale durant le débat général et Ramón Cadena est intervenu dans la conférence « Accès à la justice des peuples autochtones » - Rencontre avec les assistants des Rapporteurs spéciaux des Nations Unies (alimentation et environnement) A Lyon - Rencontre avec la vice-présidente du Conseil régional de la région Rhônes Alpes Languedoc Roussillon - Participation à la journée mondiale contre les gaz et huiles de schiste (Global Frackdown) à Saint-Christol-lès-Alés : intervention à la tribune des représentants des communautés - Rencontre avec le maire du Bousquet d’Orb et visite de projet alternatifs 2

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Les suites de la tournée: quelles pistes pour 2013? 

Une pétition destinée aux autorités guatémaltèques et françaises diffusée dès maintenant par le Collectif Guatemala et nos partenaires associatifs

La consolidation d’un réseau d’appui aux communautés affectées du Petén et l’organisation d’une mission de parlementaires et personnalités qui se rendrait au Guatemala

Un site d’information consacré exclusivement au Petén qui relaierait les problématiques de la région

Un grand merci à nos partenaires pour l’organisation de cette tournée! AITEC, Amis de la Terre, ATTAC, CCFD-Terre Solidaire, CEDETIM, CEDIDELP, CETIM, CGASN, Collectif ALBA, France Amérique Latine, FIDH, KM207, LDH, MAN, Peace Watch Switzerland, RIDH, SHERPA, Terre des Hommes...


Campagne 2012 Journal de campagne

Par Vincent Espagne

Vincent Espagne est membre de la Coordination nationale des collectifs contre les gaz et huile de schiste. Il a rencontré les membres du Collectif Guatemala lors du Forum Alternatif Mondial de l’Eau à Marseille en début d’année et décidé de s’investir pour l’organisation de la venue de la délégation. Extraits de cette tournée française.

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eudi 20 septembre - Le Bousquet d’Orb Petite ville au bord d’un fleuve, à quelques kilomètres de sa source, terre de vignes, de châtaigner, de moutons…, mais victime aujourd’hui de l’extractivisme d’hier. Dans ses vallées, de ses collines, on a extrait de la bauxite, du plomb (au temps des Romains !), de l’or, de l’uranium, et au Bousquet d’Orb, de la houille, jusqu’à la fin des années 60. Les Charbonnages de France abandonnent la mine, laissant le site avec son lot de pollution et de désespoir social. Et voilà nos amis guatémaltèques invités à rencontrer des paysans et ouvriers du Languedoc. Ramón Cadena et Mario Ramos sont accueillis à la mairie : premiers échanges, premières perspectives de solidarité effectives. Comment ? Les élus du village s’engagent à en parler à leurs collègues de l’intercommunalité. On évoque un jumelage. Difficile compte-tenu du sens que cela a ici, jumelage de projet et non de connivence comme cela l’a été pendant des décennies ; et de l’absence d’organisation politique et administrative autonome dans la Laguna del Tigre. Mais, sait-on jamais, d’autres formes d’actions conjointes sont à inventer. Vendredi 21 – Montpellier, rendez-vous avec Hélène Bras, avocate Autre aspect du dossier. J’ai toujours pensé qu’en même temps que les actions citoyennes, pétitions, manifestations en tout genre, désobéissance civile, il fallait user du droit, construire le droit. Des instruments existent. Et même si les Nations unies ont engendré des monstres tels que la Banque Mondiale et l’OMC, si les institutions européennes accouchent de directives scélérates, le droit progresse ailleurs, dans d’autres instances, Tribunal de la Haye, Cours européenne et interaméricaine des droits de l’homme. Un Tribunal permanent des Peuples anticipe. Des « activistes » s’acharnent pour que les règles existantes soient appliquées, que d’autres s’élaborent. Samedi 22 – Saint-Christol-lès-Alès Grand moment ! Etape incontournable pour la délégation, dès lors qu’elle est dans le Sud du pays. Ce samedi, c’est la « Global Frackdown ». En Europe, au Canada, aux Etats Unis, tous les citoyens impactés par les gaz et huile de schiste, le schiste bitumineux, le gaz de houille, se rassemblent pour dire « Nous ne voulons pas de cette soi disant ressource énergétique alors qu’elle est mortifère ». Dans le Gard, à Saint-Christol, sur un territoire affecté par un permis exclusif de recherche, 2000 personnes sont réunies. Le documentaire du Collectif Guatemala est projeté à deux reprises ; salle comble, échanges avec le public. Il est conquis d’avance, c’est une évidence. Mais dans la tête de bon nombre, le déclic se produit. Ce qui se passe ici se passe ailleurs, en pire. Et c’est un système global. Peu importe ce qui est extrait et comment, pourvu que cela profite un maximum et au plus vite, en investissant un minimum. Dimanche 23 – Bédarieux Retour dans les Hauts cantons du Languedoc. Bédarieux, bourgade un peu plus grande que le Bousquet d’Orb, toujours au bord du fleuve. Dimanche matin, la rencontre est organisée par les mili-

tants du comité local d’ATTAC. Une trentaine de personne visionne le film. Mariano, maraîcher et actif dans la Confédération paysanne, prend la parole 5 minutes. La moitié d’entre nous, dans la salle comme dans la délégation, ont les larmes qui montent aux yeux. Echange moins formel avec des membres du conseil municipal : il se trouve que le Maire de Bédarieux est… « latinophile ». Des choses peuvent être envisagées, notamment avec les adolescents de la ville. A réfléchir et donc de trouver autre chose que ces actions néo-caritatives qui consistent à réunir vêtements et matériel scolaire. Certes, au Petén, ils en ont grandement besoin. Des rendez-vous avec des juristes Que cela soit à Montpellier, ou, à Paris avec les juristes de l’association Sherpa et à la Maison du barreau, les mêmes questions sont posées: de quoi dispose-t-on, au regard des dispositifs juridiques, pour mettre l’entreprise Perenco et l’Etat guatémaltèque face à leurs responsabilités ? Il s’agit de réunir les preuves et les passer aux filtres des textes et des règlements de droits français et internationaux. Les difficultés sont de deux ordres. Les premières, tiennent en la situation au Petén : très grandes difficultés d’accès à la zone pour prélever des échantillons, nécessité absolue de protéger les habitants qui témoignent. Les secondes résident dans la nature même de textes et des dispositifs. Des normes internationales existent, mais elles ne s’imposent pas. Les Etats y adhèrent de manière volontaire. Ce qui, ici et encore plus au Guatemala, est loin d’être cas. Nous ne pourrons nous appuyer sur ces normes que si les principaux intéressés les exigent sur place : à commencer par les syndicats. Mais existe-t-il une solidarité entre les habitants de la Laguna del Tigre et les autres Guatémaltèques, travailleurs, paysans… ? Nous sommes obligés de convenir que le premier engagement de solidarité est celui d’exiger que la norme en France s’applique à nos entreprises lorsqu’elles investissent à l’étranger. Une telle évidence est loin d’être acquise, tant le principe de protection des intérêts des investisseurs français est supérieur à tous les autres. Jeudi 27 - Paris Salle Jean Dame, dans le 2ème arrondissement, une idée généreuse : le premier festival des utopies concrètes, avec une soirée inaugurale titrée : « Luttes contre l’extractivisme et initiatives de transition : construire des ponts ». Sur la scène, un représentant du peuple Equatorien Kichwa de Sarayaku. L’accolade entre nos amis guatémaltèques et ce monsieur est émouvante. Apparemment, ils n’avaient jamais entendu, ne serait-ce que, parler les uns et des autres. Mais il ce trouve que le peuple Sarayaku a gagné contre la compagnie pétrolière public PetroEcuador devant une juridiction internationale : la Cour interaméricaine des droits de l’homme. Cela doit être aussi inscrit dans notre programme d’actions de solidarité effective : organiser avec eux, pour eux, pour nous tous, des moments de rencontres et d’échanges. Des occasions se présentent dans les mois qui viennent : à Santiago du Chili, en Tunisie… A nous de faire en quelque sorte que la voix des habitants de la Laguna del Tigre se fasse entendre. ■

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Actualités Massacre de Totonicapán: la barbarie est leur coutume Par Juan Pérez

Le Guatemala a vécu le 4 octobre 2012 un nouveau massacre en temps de paix: des soldats de l’armée ont tiré sur les manifestants pacifiques des quarante-huit cantons de Totonicapán qui réclamaient une baisse des tarifs de l’électricité et le rejet des réformes constitutionnelles du président Otto Pérez Molina. Résultat: 9 morts. Pour raconter l’impossible et ce retour aux heures les plus sombres du Guatemala, le Collectif Guatemala laisse la parole à Juan Pérez, engagé de longue date dans les mouvements mayas qui a déjà écrit de nombreux articles dont un a été publié en France (Guatemala : la présence constante de la peur, revue Sud Nord, n°18, 2003).

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e quatre octobre, se leva un jour pluvieux, triste et terne. Le climat parfois annonce des événements funestes. La population quiché de Totonicapán s’était levée dès l’aube, comme tous les peuples mayas du Guatemala, pour se rassembler au bord de la route panaméricaine. Ils n’en pouvaient vraiment plus. Leurs leaders, élus, éprouvés, choisis parmi les meilleurs de la communauté selon une organisation qui perdure depuis quatre siècles, les leaders des quarante-huit cantons de Totonicapán, avec à leur tête la première femme quiché, présidente de cette organisation reconnue et respectée, Juana del Carmen Tacam, avaient voyagé jusqu’à la capitale pour tenter de rencontrer le président Otto Pérez Molina et lui présenter minutieusement leurs demandes. Entre temps, celles et ceux qui étaient restés ne s’étaient pas croisés les bras. En toute hâte, ils avaient parcouru les sentiers à travers les champs de maïs et de blé pour se retrouver en différents lieux convenus à l’avance. Peu à peu les gens apparaissaient, surgissant de la brume et ils se saluaient comme ils le font depuis des siècles, avec cérémonie, en douceur, avec le Quiché et le sourire sur les lèvres et la gentillesse proverbiale qui les accompagne. Les enfants auprès de leurs parents frottaient leurs petites mains pour se réchauffer car le soleil ne se levait pas et la journée s’annonçait brumeuse sur ces sommets si chers et si familiers où les Mayas d’aujourd’hui traversent une vie de travail et de dignité. Au cours de la matinée, de plus en plus de personnes se rejoignirent avec leurs pancartes où ils demandaient la baisse du prix de l’électricité qu’ils ne pouvaient plus payer en raison de leur grande pauvreté et des mauvaises récoltes de cette année, où ils demandaient que les peuples indigènes soient pris en compte comme des citoyens de plein droit dans les réformes constitutionnelles annoncées et où ils exigeaient que ne soient pas supprimées les écoles normales d’instituteurs qui sont la seule voie d’accès à l’université pour la jeunesse maya. C’était des demandes concrètes, raisonnables et justes et le rassemblement du peuple grossissait rapidement au km 169,5. Pendant ce temps, le colonel Chiroy (d’origine maya lui aussi mais avant tout soldat) quittait la capitale à la tête d’un bataillon de 83 hommes, comme s’il s’agissait d’affronter une invasion étrangère et non des citoyens guatémaltèques sans armes, chez eux, là où ils vivent et travaillent. A 9h30 du matin, le contingent de soldats fait la jonction avec celui des FEP (Forces Spéciales de la Police) juste au km 170. Au même moment, les Quichés se mettent en marche sur la route en brandissant des pancartes et en scandant leurs demandes. Les soldats, qui étaient arrivés dans deux camions et un bus, se dirigent vers le lieu du rassemblement de la population quiché. 4

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Bien que les FEP en communication avec le colonel Chiroy le préviennent de ne pas s’approcher de la manifestation, ce dernier ignore l’avertissement et la troupe poursuit son avancée. Les soldats descendent des camions et s’alignent. Les manifestants s’arrêtent et observent à près de vingt mètres la troupe se mettre en position de tir. Le colonel Chiroy après avoir donné des ordres quitte les lieux en bus. Alors commence la fusillade, l’armée tire sur la foule, des hommes, des femmes, des enfants, des nourrissons dans les bras de leurs mères, des anciens… Ainsi quatre personnes s’effondrent touchées de face, deux autres sont abattues dans le dos alors qu’elles fuyaient. Huit armes ont été actionnées, six personnes sont mortes sur le coup, trois autres sont mortes de leurs blessures à l’hôpital. Neuf morts. Les blessés et les témoins racontent ces terribles moments qu’ils ont vécus. Tous disent la même chose, ils n’ont pas affronté l’armée, ils manifestaient pacifiquement comme c’est le droit de tout citoyen dans une société démocratique. Ils étaient là pour appuyer leurs leaders qui souhaitaient ouvrir le dialogue avec le président… L’inventaire de l’horreur comprend 108 douilles de balles tirées sur la foule désarmée, 89 capsules de gaz lacrymogène, 11 flaques de sang sur la route et 18 vêtements ensanglantés. Les experts ont analysé 12 fusils Galil. Les médecins légistes de l’Institut Nacional de Médecine Légale ont produit 69 rapports. Plus de 50 photos et vidéos ainsi que 50 témoignages de personnes présentes au moment du massacre ont été réunis. Oui, massacre. Un massacre en temps de paix ; sous un régime démocratique, avec des élections convenables tous les quatre ans, avec une constitution convenable et sans cesse remaniée (sur le point d’être modifiée pour établir de nouveau manu militari) ; dans un pays qualifié par les Nord-Américains de plus rebelle et problématique d’Amérique Latine. Sans doute est-ce parce que les Mayas ne supportent pas l’oppression, la répression et les exécutions ? Mais au Guatemala, les choses sont confuses dès lors qu’il s’agit de remonter les chaînes de commandement. Juan Chiroy Sal, colonel, en charge d’un détachement de plus de 80 soldats a obéi à un ordre du général Roel Clemente de León, commandant de la garde d’honneur (caserne située dans la zone la plus sécurisée de la capitale). Ensuite la chaîne commandement s’efface, s’évapore… Même le tiède Procureur des Droits de l’Homme exige du ministère public d’enquêter sur cette chaîne de commandement militaire… Laquelle arriverait probablement au commandant en chef des armées : Otto Pérez Molina… Le Haut Commissaire des Nations Unies signale également qu’il « existe des éléments concordants pour considérer que les


Actualités morts pourraient relever de la responsabilité de l’Etat sous la forme d’exécutions extra-judiciaires ou arbitraires ». Que cela soit dit par l’Organisation des Nations Unies pourtant peu radicale sur ces questions en dit long sur la responsabilité des cercles du pouvoir. La présidente des quarante-huit cantons de Totonicapán, espère que les premières arrestations ne vont pas être un rideau de fumée pour dévier l’attention de la population des faits du 4 octobre, Ik’ dans le calendrier maya. C’est pourquoi le viceprésident des quarante-huit cantons, Eusebio Hernández a demandé l’ouverture d’une enquête sur les auteurs intellectuels du massacre (qualifié ainsi par le journal Prensa Libre) et déclaré : « il faut suivre tout le déroulement de l’enquête qui ne fait que commencer et continuer jusqu’à obtenir des résultats indiscutables. Il a également indiqué que les premières arrestations confirment la version des manifestants d’une attaque directe contre la manifestation. Et faisant écho à la voix des communautés de Totonicapán, il a désigné les ministres de l’Inté-

Comme pour ces “autorités” la barbarie est une coutume, ils vont probablement ajouter ce crime à l’impunité qui règne au Guatemala en arguant du fait que les communautés ont été « manipulées par les ennemis du gouvernement ». Pour eux, les Mayas Quichés ne pensent pas, ne raisonnent pas, ne sont pas capables de juger par eux-mêmes et ne peuvent être que manipulés. Quels ignorants! Si on leur avait donné à lire dans leur caserne ou à l’école militaire, un peu d’histoire, ils sauraient que l’organisation communautaire quiché des quarante-huit cantons est une organisation plus ancienne que l’armée, plus ancienne que les magistrats coloniaux et les mairies. Que c’est une organisation où fonctionne véritablement une démocratie participative, où les gens prennent des responsabilités pour services rendus à la communauté et non par trafic d’influence, népotisme, corruption ou privilège, où les dirigeants sont contrôlés par la communauté. Aujourd’hui, le soleil brillait sur l’Altiplano, les communautés

Manifestation nationale pour dénoncer le massacre de Totonicapán le 23 octobre 2012 (© Marilyne Griffon)

rieur et de la Défense, le lieutenant colonel Mauricio Lopez Bonilla et Ulises Anzueto, comme « les responsables directs de ces actions. Les autorités doivent assumer leurs responsabilités ». La voix des communautés quichés a également demandé la démission des dits ministres, en charge des forces de sécurité qui sont intervenues dans le massacre afin que soient établies leurs responsabilités judiciaires.

ont mis une cape noire sur la statue de don Antanasio Tzul, chef quiché du XIXe siècle, pour exprimer leur deuil, puis ils ont formé une file sur le bord de la route pour rejoindre les délégués métis et mayas d’autres villages qui étaient venus pour partager le deuil et exprimer leur solidarité. Le soleil de l’Altiplano est sans doute un bon signe… Le sang versé à Toto ne l’aura pas été en vain. ■ Solidarité Guatemala n°201 décembre 2012

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Justice Grand tournant dans les enquêtes sur les années Berger Par Vanessa Góngora

L'ancien chef de la Police Nationale Civile (PNC), Erwin Sperisen, a été arrêté en Suisse le 31 août dernier par les autorités genevoises pour sa responsabilité dans une série d'exécutions extrajudiciaires pendant la présidence Berger (2004-2008). Retour sur une des affaires emblématiques de la Commission Internationale Contre l'Impunité au Guatemala (CICIG), sur laquelle la justice de plusieurs pays européens enquête.

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ébut de l'année 2007, le Guatemala enregistre un taux de violence record en temps de paix. Carlos Castresana, alors Haut Commissaire de la CICIG, estime que 25% des morts violentes seraient des exécutions extrajudiciaires1. Une série de meurtres dans des centres pénitenciers précipite la chute du gouvernement du président Oscar Berger (voir encadré). Les figures principales de son cabinet de sécurité, soupçonnées d'intégrer une « structure parallèle de pouvoir »2, abandonnent discrètement le Guatemala pour un tout aussi discret exil européen3. En 2010, dans un contexte plutôt positif pour la lutte contre l'impunité, suite à la nomination de Claudia Paz y Paz comme Procureure Générale, Francisco Dall'anese, Haut Commissaire de la CICIG, se saisit de cette affaire d'exécutions extrajudiciaires « politiquement sensible », en émettant des mandats d'arrêt internationaux contre plusieurs membres du cabinet de sécurité de Berger.

Sperinsen, Figueroa & Vielmann en septembre 2006

Trois arrestations de haut profil Carlos Vielmann, ministre de l'Intérieur et grand finquero4 de la côte sud, citoyen espagnol, est arrêté une première fois en octobre 2010 pour être extradé au Guatemala. Cependant, le système judiciaire guatémaltèque n’ayant pas respecté les délais de la demande d'extradition, il est remis en liberté. Deux mois plus tard, il sera de nouveau arrêté, mais cette fois la CICIG et le Ministère Public renonceront à le juger au Guatemala, en argumentant sur le manque de conditions de sécurité et d'impartialité nécessaires5. L'Audience Nationale espagnole poursuit son enquête, Vielmann est libéré sous caution. Javier Figueroa, sous-directeur de la police criminelle et citoyen autrichien, est arrêté en mai 2011. Les autorités autri6

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LES FAITS Massacre de Nueva Linda, août 2004 : après la disparition forcée du syndicaliste Héctor Reyes, ses amis occupent la propriété Nueva Linda pour réclamer justice. Les autorités les expulsent manu militari, 9 paysans et 3 policiers sont tués. Prison El Infiernito, novembre 2005: suite à l'évasion de 19 détenus du centre pénitencier de haute sécurité, la PNC lance une chasse à l'homme, 3 évadés sont exécutés. Prison Pavón, septembre 2006: une opération policière est réalisée avec plus de 3 000 agents pour reprendre le contrôle du centre pénitentiaire, 7 détenus sont torturés avant d'être exécutés. Les meurtres du Parlacen, février 2007: trois députés salvadoriens du Parlement d'Amérique Centrale sont assassinés par des policiers. Quelques jours plus tard, les responsables matériels sont à leur tour exécutés dans la prison de haute sécurité El Boquerón.

chiennes renoncent à l'extrader car il serait passible de la peine de mort au Guatemala6. Un procureur autrichien mène l'enquête grâce à des preuves fournies par la CICIG, Figueroa est placé en détention. Finalement, en août dernier se produit l'arrestation d'Erwin Sperisen, directeur de la PNC et citoyen suisse, fruit du travail acharné d'une coalition d'ONG -Trial (Association suisse contre l'impunité), l’OMCT (Organisation mondiale contre la torture), la Communauté genevoise d’action syndicale, l’action des Chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) et le syndicat Uniterre)-. Depuis 2007 elles avaient déposé des plaintes auprès de la justice du canton de Genève. La Suisse ne contemple pas l'extradition pour ses ressortissants, le parquet genevois s'est donc saisi de l'affaire et a placé Sperisen en prison préventive7. Le Collectif Guatemala et l'association genevoise Km. 207 qui soutiennent la lutte pour la justice dans le cas de la disparition forcée d’Héctor Reyes et du massacre de Nueva Linda, se félicitent des dernières avancées dans l'affaire et de la procédure lancée par le procureur Yves Bertossa. ■ 1 Câble Wikileaks 08GUATEMALA62. 30 août 2011. http://bit.ly/ PWso32 2 Un tribunal guatémaltèque poursuit le procès d'extradition de Carlos Vielmann d'Espagne. 16 Juillet 2011.Agence EFE. http://bit.ly/QJ2otv 3 Arrestation du viking guatémaltèque. Grégory Lassalle. 9 octobre 2012. Le Monde Diplomatique. http://bit.ly/ZAFo0U 4 Grand propriétaire terrien 5 La justice espagnole classe la demande d'extradition de Vielmann. 17 février 2012. Prensa Libre. http://bit.ly/ZB6hSH 6 Javier Figueroa accusé d'exécutions extrajudiciaires sera jugé en Autriche. 11 juin 2012. Agence Todo Noticia. http://bit.ly/QgjLSp 7 Sperisen a fini par tomber : le récit de cinq ans de lutte. Fabiano Citroni. 7 septembre 2012. Tribune de Genève. http://bit.ly/ZBvBrD


Livre Alma ou l’autre guerre

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lejandra L. est assistante sociale, à Ciudad de Guatemala. Elle a 29 ans, vit et travaille dans un quartier tenu par des maras, ces gangs juvéniles ultraviolents d'Amérique centrale. Elle survit, comme elle peut. Un jour, sa petite sœur de 15 ans est abattue par deux membres des maras; alors elle devient « comme une tigresse en cage », et, avec l'aide de la « patrouille » (groupe d'autodéfense composé d'habitants), les « bute ». Elle conclut : « on a appelé la police pour leur dire que le boulot était fait et pour qu'ils nous donnent une demi-heure pour décamper ». Ce témoignage est l'un des nombreux présents dans « L'autre guerre », livre de Miquel Dewever-Plana, photojournaliste bien connu du Collectif Guatemala, qui parcourt depuis plus de 15 ans les méandres intimes de la violence qui gangrène chaque jour un peu plus la société guatémaltèque. L'autre guerre alterne témoignages personnels et photographies et donne à ressentir une société où les lignes de démarcation entre victimes et bourreaux perdent leur sens, où la survie passe bien souvent par le fait de « dégainer » en premier.

Par Nicolas Krameyer

té, d'humanité, de brutalité, de mareros, de familles de victimes, de policiers et procureurs, de légistes et de psychologues, de tueurs à gage, prostituées ou narcotrafiquants. Toutes ces personnes dont Miquel Dewever-Plana a écouté et partagé le quotidien, pendant 5 ans, sans voyeurisme, ni sensationnalisme. Mieux qu'une étude sociologique, et peut-être pour la première fois aussi profondément, ce livre donne à voir et ressentir les mécaniques de cette extrême violence, et les êtres qui l'alimentent, la subissent, la provoquent : sans jamais « excuser », il montre comment les victimes se transforment en bourreaux, comment les bourreaux prospèrent sur le terreau d'une société malade, sous l'œil au mieux impuissant, le plus souvent complice et corrompu des institutions du pays censées protéger les citoyens. Comment en est-on arrivé là ? En quelques mots, photos, parcours de vie, tout est dit : recyclage des techniques et des hommes qui ont participé à la répression du conflit ; l'impunité, corruption généralisée ; exode de centaines de milliers de paysans fuyant les massacres qui s'entassent dans les bidonvilles… « L'autre guerre » est l'un des quatre volets de ce projet majeur sur la violence actuelle au Guatemala proposé par l'auteur. Les trois autres volets s'attachent au portrait d'Alma, l'une des innombrables personnes qui peuplent « L'autre guerre ». Alma, entrée dans une mara à 15 ans, jeune femme de 27 ans paralysée aujourd'hui, livre son témoignage à la caméra comme on livre une confession. Elle raconte sa rupture familiale qui l'a conduite à se choisir une autre famille, la mara, son quotidien fait de violences, de racket, de meurtre, et de passages en prison, la corruption généralisée de la police, sa volonté d'en sortir après avoir perdu son futur bébé sous les coups de son compagnon, son désir de réinsertion. Son témoignage exceptionnel, intitulé « Alma une enfant de la violence » est visible en ligne dans un webdocumentaire exceptionnel produit par Arte et Upian. Ce « webdoc » permet d'écouter Alma tout en naviguant vers les reportages photo de Miquel Dewever-Plana et des modules plus explicatifs. « L'autre guerre » et « Alma », deux projets indispensables à découvrir pour qui veut comprendre comment une société peut engendrer des enfants de la violence. ■ Pour en savoir plus

Aux photos montrant, jusqu'à l'écœurement, des visages endeuillés, des scènes de crime glaçantes dans leur apparence quotidienne, répondent les témoignages bouleversants de véri-

L'autre guerre, editions le Bec en l'air, 304 pages, 135 photos couleur, 36 euros www.becair.com/fiche.php?id=106 « Alma une enfant de la violence » : http://alma.arte.tv/fr Solidarité Guatemala n°201 décembre 2012

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Entretien « Oxlajuj B’aktun »

Propos recueillis et traduits par Marilyne Griffon

Victor Barillas, metteur en scène, et Daniel Guarcax, fondateur, musicien et danseur du groupe de musique et danse maya Kaqchikel Sotz’il (voir Solidarité Guatemala 199), racontent leur travail de récupération de la culture maya Kaqchikel. Leur dernière création est un hommage aux ancêtres « à l'occasion » et en représentation du changement d'ère du calendrier maya le 21 décembre 2012, nommé « Oxlajuj B’aktun »1.

M

arilyne Griffon: « Oxlajuj B’aktun » est en fait une grande cérémonie spirituelle maya, avec le feu sacré, les encens, les couleurs, les offrandes, etc. C’est une expérience visuelle et olfactive qui dure plus de 2h30. Que racontez-vous ? L’histoire du monde, de la genèse jusqu’au changement d’ère « Oxlajuj B’aktun » ?

nages d’« Oxlajuj B’aktun » ? Daniel Guarcax : Mercedes Ordoñez3 qui porte le feu représente le serpent à plume, Q'uq'umatz. C’est l’espace. Et son conjoint, Rejqalem, celui qui porte le tambour, est la représentation du temps. Pour nous, le temps est cyclique, c’est une spirale, c’est pourquoi ils viennent du centre et tournent ensuite de manière cyclique en suivant le cercle qui entoure la scène. Victor Barillas : Oui, peut-être que nous sommes partis de cette Cela commence là, et lorsque l’œuvre se termine, c’est lorsgenèse. On raconte un peu ce début, comme partie de la cos- qu’ils peuvent à nouveau intervenir au centre de cet espace. movision2 mais plus tard on se dirige vers notre époque, vers Il y a aussi la partie obscure, avec le personnage de ce choc qu’il y a entre l’obscurité et la clarté. Pour le peuple Wuku’Kaqix, symbolisé par le Guacamaya (perroquet) et rel’ignorance, etc. Ce personmaya, l’obscurité est nécessaire comme l’est la clarté. Le pro- présentant les 7 maux : l’ambition, 4 nage est dans le Popol Vuh . Il se croit le créateur de tout. Il blème c’est lorsqu’il y a un déséquilibre. En fait, presque pense qu’il est la lumière, l’étoile qui fait tourner le temps et comme dans la question chrétienne qui recherche seulement la l’espace. Il y a aussi clarté car elle considère Keme’, représentation que c’est ce qu’il y a de de la mort, de l’énergie mieux, de parfait parce négative, obscure. Et que c’est par la lumière enfin, il y a Tukur, symque les chrétiens disent bolisé par la chouette et transcender. Mais ici, qui dans le Popol Vuh dans le monde maya, ce est le messager de Ken’est pas ainsi, il faut me’, de l’inframonde qu’il y ait un équilibre Et de l’énergie de la entre l’obscurité et la clarté, l’unité et la spiriclarté. tualité, la vision et la C’est une forme de lumière, ce sont Jun transcendance aussi que Ajpu’ et Yaxbalamkej. voudrait restituer notre Jun Ajpu’ représente œuvre où se concentre la l’être humain et Yaxbaparole des anciens, dans lamkej est le jaguar, son la recherche de cet équinahual5, symbole et libre entre l’obscurité et interprétation de la terre la clarté. Nous pensons mère, du cosmos. Il requ'actuellement, au Guaprésente la douleur temala, nous vivons un qu’on inflige à la terre temps de déséquilibre où Représentation de l’Oxlajuj B’aktun, Sololá, octobre 2012 (© Marilyne Griffon) mère, au cosmos, la l’obscurité met de côté même douleur qui s’inflige à l’être humain. Avec ses sept perla clarté. sonnages se développent toutes les actions et les moments C’est cette lutte que nous présentons dans « Oxlajuj B’aktun » d’une même lutte. et en la présentant de cette façon, on universalise le temps, et aussi l’espace. On peut dire qu’on raconte ce qu’il se passe MG : Cette œuvre, c’est aussi un hommage à Lisanmaintenant, mais sans oublier ce qu’il s’est passé avant. L’uni- dro Guarcax6, fondateur du groupe Sotz’il, victime d’un versalité de cet équilibre, ou plutôt de ce déséquilibre, c’est là groupe de nettoyage social en août 2010 ? où nous voulons aller. Donner à voir ce choc constant, ce déséDG : C’est un hommage à Lisandro mais également à tous les quilibre, qu’il soit individuel ou social, sans laisser de côté la ancêtres qui ont donné leur vie pour résister et faire vivre notre part philosophique de l’ « Oxlajuj B’aktun ». Le moment culture. ponctuel est sur ce futur, quand le feu revient au centre et que VB : Oui, pour arriver à ce grand changement de 5 200 ans7, il l’humain enlève le masque qui l’empêchait de voir. a fallu le concours de nombreuses personnes qui ont lutté pour maintenir tout ce savoir jusqu'à aujourd’hui. MG : Pouvez-vous expliquer les sept person8

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Entretien MG : Qu’avez-vous découvert ou redécouvert grâce à votre travail ? DG : La fabrication de tambours, de flûtes, d’objets sonores qui n’existaient plus mais qui ont été retrouvés grâce à la tradition orale, et notre principale source d’inspiration : la nature elle-même et la sagesse du peuple. MG: Comment est née cette dernière création?

MG : Quand a eu lieu la première représentation ? DG : Le 6 mars 2011. Comme toujours, on a validé notre travail auprès de notre communauté8 des autorités et des guides spirituels aussi pour qu’ils donnent leur accord et quelques recommandations, car la dernière chose que nous voulons, c’est trahir l'honneur de notre peuple. Comme ils nous l’ont toujours demandé, de travailler avec sérieux et selon les principes et les valeurs de notre culture, car bien souvent on représente mal la culture maya, on parle mal de l’ « Oxlajuj B’aktun », par exemple en la décrivant comme la fin du monde. C’est donc pour contredire cette mauvaise vision que nous, en tant que Mayas Kaqchikels, nous avons fait ces recherches sur le « Oxlajuj B’aktun ».

DG : Notre dernier montage scénique, au contenu spirituel et politique, reprend le thème de l’ « Oxlajuj B’aktun ». Ceci est important car dans la tradition orale il n’y a plus beaucoup d’information sur ce qu’est le « Oxlajuj B’aktun ». On a donc fait des recherches pour pouvoir retrouver son sens et se le réapproprier, mais également pour éduquer et sensibiliser les MG : Quelle a été la réaction de la communauté ? gens grâce aux arts scéniques et de là refléter les éléments cos- DG : Ils nous ont beaucoup apporté. Nous voulions dépasser miques. C'est aussi conter l’histoire d’une culture millénaire, l’idée que seuls les guides spirituels peuvent parler de tout ce qu’elle a souffert, toute la résistance qu’il y a eu face l’ « Oxlajuj B’aktun » ou de spiritualité. Mais d’autres peraux nombreuses difficultés, aux problèmes sociaux, fruits de sonnes nous ont fait l’acculturation, produit comprendre que la spiride l’invasion, du conflit tualité est en chacun de armé, de la violence. nous, dans l’artistique, C’est tout cela l'ambidans le social, dans la tion du montage que médecine. Bien sûr il y nous présentons actuela des choses que nous lement. ne pouvons pas donner L’idée était de ne pas à comprendre, que seuls tomber dans la commersavent les guides. De cialisation, dans même, il y a des choses le « show », comme artistiques que nous d’autres groupes l'ont maîtrisons et que les fait. Le Ballet National, guides parfois ne conle Ballet de l’Inguat, la naissent pas et c’est Marimba des Beauxdans cette complémenArts ne font qu’une imitarité de ces connaistation, et de surcroit une sances mutuelles que mauvaise imitation, de nous voulons œuvrer. notre culture. Nous ne Malheureusement du nous sentions pas repréfait de l’invasion tout a sentés par eux. C’est été divisé : les arts d'un pourquoi nous avons Représentation de l’Oxlajuj B’aktun, Sololá, octobre 2012 (© Marilyne Griffon) coté, la spiritualité de commencé les rel'autre. D'où l'intérêt de cherches sur les fresques, les peintures et nous avons recréé les cette recherche. ■ instruments qui n’existaient plus. Notre précédente œuvre scénique s’appelle « Ajchuem ». Retrouvez l’entretien complet sur notre site : Ajchuem signifie l’artiste, car nos ancêtres ont aussi mené la www.collectifguatemala.org résistance par les arts. Nous le voyons grâce à notre propre maître qui connaît environ 70 mélodies et rythmes de marimba 1 littéralement 13 B’aktun, soit 13 périodes de 400 ans. Un B’aktun est (instrument traditionnel maya, parent du xylophone) ou l’unité de mesure du temps long dans le calendrier maya et équivaut à d’autres anciens qui connaissent toujours un nombre infini de 400 ans. Le 21 décembre 2012 marquera la fin du compte long, un chanrythmes et de mélodies à la flûte et au tambour. C’est donc un gement d’ère. hommage que nous leur rendons. Par la spiritualité, toute la 2 vision du monde selon la culture maya cosmovision sert à l’art, tout comme l’art sert à la spiritualité. 3 la seule femme du groupe Sotz’il L’art sert aussi pour influencer le politique, revendiquer la cul- 4 livre qui compte la genèse et l’histoire du peuple maya quiché, un des rares écrits maya ayant survécu à l’invasion ture, résister, être partie fondamentale de l’organisation sociale, 5 être mythologique de nature double, à la fois humaine et animale, qui comme musiciens. De là est venu le contenu et de cette ma- guide et protège chaque personne depuis sa naissance nière, en se rapprochant de la nature, nous atteignons la trans- 6 assassiné en août 2010 en raison de ces activités spirituelles, sociales et cendance. C’est seulement ainsi que l’on peut transcender et, politiques (voir Solidarité Guatemala 191) avec la musique, nous faisons cette connexion avec la cosmo- 7 13 B’aktun 8 El Tablon, Sololá vision. Solidarité Guatemala n°201 décembre 2012

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Brèves Un tremblement de terre, le plus puissant depuis 1974, frappe le Guatemala C’est une secousse de 7,1 sur l’échelle de Richter, la plus puissante depuis celle de magnitude 7,4 qui avait fait 200 000 morts en 1974, qui a frappé le Guatemala le mercredi 7 novembre. Le tremblement de terre, qui a eu lieu à 10h35 laisse derrière lui un bilan toujours incertain de 52 morts, 22 disparus, 150 blessés et 2 263 habitations lourdement affectées selon les dernières déclarations du président Otto Perez Molina au siège de la CONRED (Coordination Nationale pour la Réduction des Désastres). Trois départements, situés sur la côte pacifique à 250 km à l’ouest de la capitale, ont été les plus touchés par les conséquences du séisme, dont l’épicentre a été localisé au large des côtes. Les habitants y étant en majorité indigènes et la zone concentrant 70% des populations en situation d’extrême pauvreté du pays, la qualité de la réponse des autorités pour le secours et la reconstruction sera décisive, et ne pourra être évaluée qu’à posteriori. Au-delà des conséquences évidentes du séisme, des associations du pays alertent sur les risques de contamination directement liés à l’exploitation industrielle des ressources naturelles. Le Centre d’Action Légal, Environnemental et Social du Guatemala (CALAS) a publié un communiqué appelant les autorités, dans le cadre de leur mandat constitutionnel de protection des populations, à effectuer au plus vite un diagnostic de résilience (capacité des matériaux à supporter une énergie provoquant une déformation) sur le mur d’enceinte du bassin de rétention des eaux usées de la mine Marlin. En cas de défaillance du système de rétention, les eaux contaminées par les produits chimiques et métaux lourds utilisés par l’exploitation minière, s’infiltreraient dans les rivières et les nappes phréatiques et provoqueraient de lourds dommages sanitaires sur les populations environnantes de San Miguel Ixtahuacan à San Marcos.

Criminalisation et répression autour du projet minier de San Rafael Las Flores Les membres du Comité en Defensa de la Vida y la Paz (Comité de défense de la vie et la paix) de San Rafael Las Flores sont la cible d'intimidations, menaces et d'une criminalisation croissante. Ils luttent pour le respect de leurs droits et demandent la réalisation d'une consultation communautaire dans leur municipalité, afin que la population puisse s'exprimer sur l'installation du projet minier El Escobal.* Depuis août, la criminalisation des défenseurs des droits humains s'intensifie : Yuri Melini, directeur de CALAS et des membres du Comité sont accusés de violences et menaces alors même que la justice leur est niée en ne leur permettant pas de faire appel de ces accusations. D'autres membres du Comité avaient déjà été accusés à tort dans le passé par la multinationale Tahoe Resources. Cette stratégie utilisée en vue de discréditer et intimider les défenseurs des droits humains, notamment les défenseurs des ressources naturelles, est de plus en plus fréquente au Guatemala. Plusieurs personnes sont actuellement en cours de procès, libérées sous caution, après des arrestations lors de la manifestation du 18 septembre violemment réprimée par les forces publiques. Plus récemment, alors que le Comité organisait une rencontre, le 25 octobre, sur la résistance contre l'exploitation minière et la lutte pacifique, les autorités municipales ont envoyé quelques 200 agents des Forces Spéciales de la Police à San Rafael. En attendant, le processus d'organisation de la consultation communautaire de San Rafael Las Flores est bloqué par le maire, qui aurait déjà été corrompu par l'entreprise. La municipalité de Mataquescuintla (département de Jalapa) a pu, quant à elle, mener à bien sa consulta communautaire, le 11 novembre dernier. * El Escobal est un projet de l'entreprise canadienne Tahoe Resources (avec 40% de capital de Goldcorp Inc.) situé entre les municipalités de San Rafael Las Flores (département de Santa Rosa) et Mataquescuintla (Jalapa). Pour plus d’information, voir l'article publié dans Solidarité Guatemala n° 198, p. 7 à la suite d'une visite sur le terrain.

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La Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) condamne l’Etat du Guatemala pour sa responsabilité dans les massacres de Río Negro Au terme d’une vingtaine d’années de lutte juridique, la CIDH condamne officiellement l’Etat du Guatemala pour les cinq massacres de Río Negro commis entre 1980 et 1982 par des militaires de l’armée régulière et des membres des patrouilles d’autodéfense civile, ainsi que les atteintes aux droits de l’Homme perpétrées à l’encontre des survivants*. Bien que l’Etat du Guatemala n’ait reconnu la compétence de la Commission Interaméricaine qu’en 1987, cette dernière s’est déclarée compétente pour juger des faits antérieurs de cette nature. Ce verdict apporte espoir aux centaines de survivants que soit enfin établie la vérité et que le pays et les institutions nationales fassent leur travail de mémoire historique et de justice. L’Association pour le Développement Intégral des Victimes de la Violence dans les Verapaces Maya Achi (ADIVIMA) explique que ces massacres orchestrés par le pouvoir exécutif répondaient à des intérêts éminemment économiques ; ces derniers ayant directement facilité la construction du barrage hydroélectrique Chixoy sur le Río Negro en y supprimant toute forme d’opposition communautaire et d’occupation des terres. Le Centre d’Action Légal pour des Droits Humains (CALDH) réaffirme le devoir d’enquête de l’Etat du Guatemala et juge tous les faits analogues survenus au cours des années du conflit armé. L’association se félicite pour l’espoir qu’apporte ce verdict et témoigne, à juste titre, de son admiration pour le courage des survivants et l’infatigable lutte qu’ils ont menée pour la vérité et la justice. * communiqué de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme: www.corteidh.or.cr/docs/comunicados/cp_27_121.pdf


Brèves Examen Périodique Universel du Guatemala aux Nations Unies L’Examen Périodique Universel (EPU) est un mécanisme d’évaluation de la situation des droits humains mis en place par le Conseil des Droits de l’Homme pour passer en revue tous les 4 ans les réalisations de chaque pays membre des Nations Unies. Le Guatemala, examiné une première fois en 2008, l’était à nouveau le 24 octobre dernier, l’occasion de faire le point sur les avancées et défis du pays. La veille, les dirigeants autochtones du pays organisaient une manifestation pacifique en mémoire du massacre de Totonicapán. Le gouvernement du Guatemala, représenté par Antonio Arenales Forno, directeur de la Commission présidentielle des droits de l’Homme (Copredeh), a commencé par présenter son rapport dans lequel il s’est félicité de la ratification, en janvier 2012, du Statut de Rome de la Cour pénale internationale ainsi que de la signature de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées. Ce rapport technique a été critiqué par de nombreuses organisations pour ne pas refléter la réalité actuelle du Guatemala et occulter la gravité des violations des droits humains notamment celles des peuples autochtones. Cinquante-huit délégations sont ensuite intervenues pour poser des questions au Guatemala et émettre des recommandations parmi lesquelles on peut citer la lutte contre les violences faites aux femmes, la défense des droits des enfants, les consultations communautaires des peuples autochtones, l’abolition de la peine de mort ou la sécurité des défenseurs des droits humains. Antonio Arenales a répondu rapidement de manière générale aux différentes questions et recommandations des autres pays en les acceptant presque toutes et en niant toute discrimination des peuples autochtones. Il a indiqué que les ressources naturelles appartenaient à tous les Guatémaltèques et pas uniquement aux peuples autochtones tout en affirmant que la Convention 169 sera appliquée pour les consultations. Son discours officiel teinté d’autosatisfaction confirme les craintes exprimées par les organisations des droits humains envers un gouvernement tenté par une réécriture de l’histoire récente et une amnistie des crimes commis durant le conflit armé. Le rapport final sur la situation des droits humains au Guatemala devra être remis en mars 2013 en intégrant les remarques de tous les pays.

Le Collectif Guatemala à la Fête de l’Humanité Au-delà de l’immense fête de rentrée du Parti Communiste, la fête de l’Huma est un lieu d’information, d’éclairage et d’échange sur les différentes luttes sociales en France et à travers le monde. Le Collectif Guatemala a répondu présent. Nous avons profité de cette tribune pour rencontrer les divers intervenants concernant leurs actions en Amérique latine tel que le Collectif Paraguay, Jean Paul Guevara Aliva, ambassadeur de Bolivie en France ou encore Maurice Lemoine, journaliste et ami du collectif… Grâce au stand aimablement partagé par nos amis du CSIA (Comité de Solidarité avec les Indiens des Amériques) , nous avons pu poursuivre notre travail de sensibilisation aux problèmes rencontrés par les populations guatémaltèques aussi bien au niveau social qu’économique : les conditions de l’exploitation du pétrole de la région de la Laguna del Tigre par l’entreprise française Perenco ou encore de l’exploitation de la mine Marlin par l’entreprise canadienne Goldcorp qui sont aujourd’hui deux exemples prégnants de la délicate cohabitation entre les populations locales et l’initiative privée mondiale. Ces 3 jours nous ont permis de mieux faire connaître nos convictions, mais aussi et surtout notre action concrète sur le terrain afin de partager nos expériences avec d’autres mouvements pour les droits humains sur le continent latino-américain. Un grand merci à tous les bénévoles du Collectif Guatemala qui ont participé et animé ce stand!

Rencontre lors de la journée internationale de solidarité avec les peuples amérindiens La dénomination “Indiens d’Amérique”, attribuée par Christophe Colomb aux populations rencontrées sur le continent américain il y a plus de 500 ans, continue d’avoir cours de nos jours. Or les Sioux, Cheyennes, Apaches, Mayas, Aztèques, Mapuches, Incas… n’ont rien d’indien ! On estime que les populations autochtones représentent 370 millions de personnes vivant dans soixante-dix pays à travers le monde. L’autodétermination de ces populations est un droit fondamental résultant de leur condition d’êtres humains libres ; dans les faits, ce droit a été étouffé par les colonisateurs d’hier et enterré par ceux d’aujourd’hui. Le 12 octobre 2012, le CSIA a organisé une soirée à l’espace Daniel Sorano de Vincennes, dans le cadre de la journée internationale de solidarité avec les peuples amérindiens. Suite à la diffusion du documentaire « Un été indien à Genève » retraçant la première conférence à l’ONU en 1977 sur le racisme et la discrimination à l’encontre des peuples autochtones des Amériques, nous avons pu entendre les témoignages de Bill Jimbo Simmons, Choctaw des Etats-Unis, Ron Barnes, Inuit d’Alaska, Rock Haocas, Kanak de Nouvelle Calédonie / Kanaky, Llanquiray Painemal, représentante Mapuche du Chili et de José Morales, Maya Quiché du Guatemala, venus parler de leurs luttes pour la reconnaissance de leurs statuts, de leurs terres, de leurs cultures. Le Collectif Guatemala était bien sûr présent pour témoigner de son soutien et de sa lutte pour la reconnaissance des droits des populations mayas du Guatemala. Solidarité Guatemala n°201 décembre 2012

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Le Collectif Guatemala Qui sommes-nous ? Fondé en 1979 par des réfugiés guatémaltèques et des militants français, le Collectif Guatemala est une association 1901 de solidarité internationale. Il est composé d’associations et de particuliers, dont une bonne dizaine de membres actifs, sur lesquels repose la vie de l’association. Depuis octobre 2002, l’équipe s’est étoffée avec l’arrivée d’un permanent à mi-temps. Depuis mars 2006, l’association a ouvert un bureau de coordination pour ses activités au Guatemala (accompagnement international et campagne de soutien aux militants luttant contre le pillage de leurs ressources naturelles).

Les activités du Collectif au Guatemala

Les activités du Collectif en France

● L’accompagnement international √ des populations indigènes victimes du conflit armé impliquées dans des procès contre les responsables de violations massives des droits humains, √ des personnes menacées du fait de leurs activités militantes. Comment ? √ à la demande des groupes ou personnes menacées, √ en recherchant et en préparant des volontaires qui resteront au minimum 6 mois sur le terrain. Pourquoi ? √ pour établir une présence dissuasive, √ pour avoir un rôle d'observateur, √ pour relayer l'information.

Les accompagnateurs/trices sont des volontaires majeurs, de tous horizons, désirant s’engager pour une durée minimum de 6 mois. Des sessions d’information et de préparation ont lieu en France avant le départ. Au Guatemala, les accompagnateurs sont intégré au projet international d’accompagnement ACOGUATE. ● L’outil vidéo √ organisation d’ateliers vidéo destinés aux membres d’organisations communautaires pour la réalisation documentaire √ soutien à la diffusion de ces films à la capitale et dans les communautés √ réalisation de film-documentaires comme outil de campagne et de sensibilisation en France

L'appui aux organisations de la société civile guatémaltèque qui luttent pour plus de justice et de démocratie

√ en relayant des dénonciations de violations des droits de l'Homme, √ en organisant des campagnes pour soutenir leurs revendications, √ en recherchant des financements pour soutenir leurs projets, √ en recevant en France et en Europe des représentants de différentes organisations pour leur permettre de rencontrer des décideurs politiques et financiers. ● L’information et la sensibilisation du public français Sur quoi ? √ la situation politique et sociale au Guatemala, √ la situation des droits humains, √ l'action des organisations populaires, indiennes et paysannes. Comment ? √ par la diffusion d’une lettre à l’adhérent bimestrielle, √ par l'organisation ou la participation à des conférences, débats, réunions, projections documentaires √ par des réunions mensuelles ouvertes à toute personne intéressée. ● Le travail en réseau avec différents types de partenaires présents au Guatemala

√ associatifs, √ institutionnels. Contact: collectifguatemala@gmail.com

ADHÉSION / ABONNEMENT Le Collectif Guatemala vous propose plusieurs formules de soutien : 

Adhésion au Collectif, permettant de recevoir la Lettre à l’Adhérent - Solidarité Guatemala

23 €

Adhésion à tarif réduit (étudiants, chômeurs etc. joindre justificatif)

15 €

Don, un soutien supplémentaire pour nos activités

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Nom .................................................................. Prénom ................................................................................ Adresse ............................................................................................................................................................. Code Postal ........................................ Ville ..................................................................................................... Téléphone ........................................... Courrier électronique ..........................................................................

□ Je souhaite être informé(e) par e-mail des activités du Collectif Guatemala □ Je souhaite faire partie du Réseau d’alertes urgentes électronique Les dons et cotisations peuvent être déductibles des impôts à hauteur de 66%.

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