Cycle d'étude sur l'Iran - Le cinéma iranien

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suspens constituent sa principale spécificité et le distinguent du reste du cinéma mondial. Les films parvenant à cet équilibre sont généralement ceux qui bénéficient d’un succès international : le public occidental se sent touché par les thèmes traités et se montre curieux de découvrir des codes esthétiques et éthiques différents des siens. Certains auteurs parlent même d’une « mission universelle » du cinéma iranien. Le cinéma iranien s’exporte essentiellement en Europe. Français et Allemands en sont friands et les films iraniens sont régulièrement présents aux Festivals de Cannes et de Berlin. Ce cinéma s’exporte également là où les diasporas iraniennes sont conséquentes, comme au Canada. Il s’exporte aussi en Inde, où Indiens et Iraniens échangent techniques et conseils. Nombre d’Occidentaux se retrouvent dans les films iraniens du fait du caractère contemporain, moderne, urbain des productions. La grande majorité des films sont tournés à Téhéran. Contrairement au reste du pays, qui demeure très rural, les immeubles ou la circulation dense de Téhéran rappellent les grandes villes occidentales. De manière plus pragmatique, la couverture médiatique de l’Iran peut expliquer l’écho du cinéma iranien en Occident. La censure, l’islamisme, la question nucléaire, les déclarations de Mahmoud Ahmadinejad, les répressions, manifestations et emprisonnements des cinéastes mettent régulièrement en lumière l’actualité iranienne, ce qui bénéficie également à ses productions culturelles. L’intérêt pour l’Iran se traduit par une attention à la culture iranienne, qui passe notamment par le cinéma. L’indignation face au traitement des cinéastes par le régime peut également renforcer l’intérêt pour leurs réalisations. Poussé par la curiosité suscitée par le « sensationnel », le spectateur occidental aurait presque la sensation de résister en allant voir un film iranien. Ceci n’est pas un film de Jafar Panahi conclut de manière éloquente cet aperçu du cinéma iranien. Ce film, qui n’en est pas un, illustre les contraintes auxquelles sont confrontés les cinéastes la population. Panahi se filme ou est filmé par un de ses amis, cinéaste également, dans son appartement où il est assigné à résidence en attendant que la justice rende son jugement. Troublant, peu esthétique, le film voit le réalisateur errer dans son luxueux appartement. Visible par les fenêtres, Téhéran ressemble à n’importe quelle ville de pays développé : un MacBook air, un iPhone et d’autres produits typiquement occidentaux figurent dans le décor, signe que la fermeture des frontières et la propagande anti-­‐occidentale n’ont qu’une efficacité limitée. Panahi caresse son iguane domestique,


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