PNDLM -ISSUE 1- PAYS-BASQUE

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PAY S B A S Q U E

ISSUE I

PROMENONS-NOUS DANS LE MOI PENDANT QUE LE VOUS N’Y EST PAS


ISSUE I


ST–PIERRE–D’IRUBE TARNOS ST–JEAN– PIED–DE–PORT

ANGLET BIDART GUÉTHARY

UHART–CIZE

ASCARAT

ST–JEAN–LE–VIEUX

MENDIVE

LECUMBERRY

PAY S B A S Q U E

ST–ÉTIENNE–DE–BAIGORRY

IRISSARRY

HALSOU

ST–JEAN–DEVLUZ

AHETZE

BOUCAU

ESQUIULE

ARCANGUES

BAYONNE

HASPARREN

OSSÈS

BIARRITZ


PROMENONS–NOUS DANS LE MOI


CLAIRE SOUBRIER

PENDANT QUE LE VOUS N’Y EST PAS


C’est bien vrai que le Grand Méchant Vous n’y est pas dans ces portraits de femmes en intérieur. Rien à voir avec ces portraits en majesté, tous guindés. Tout y est douceur et intimité. Pas mal le procédé : visage et buste découpés et magnifiés par cette blancheur. On dirait un nuage même s’il est carré. Il est rendu à sa propriétaire pour qu’elle le pose dans un lieu à elle: l’escalier, la cuisine, le couloir, la chambre, l’entrée ,le jardin, la bergerie, l’atelier, le salon… On imagine des déambulations, des fous rires, des hésitations… Visages qui reflètent un intérieur, visages dans un intérieur.


C A R O L I N E G I L L I E R — P S YC H A N A LY S T E

Le corps en pied du coup n’a plus besoin de poser. Il porte cette image-nuage qui se présente en nudité. On est bien loin du Grand Méchant Vous qu’il soit, comme Freud en parlait, du côté du Ça et sa pulsionnalité pourtant bien nécessaire parce qu’elle charrie toutes nos humeurs des plus noires aux plus rouges, ou du Surmoi et de sa férocité. Mais Claire Soubrier, par son dispositif nous protège de ces excès : le buste nu nous ouvre à l’intimité, le trait de rouge aux lèvres à l’infinité mystérieuse.


MON

ROUGE

JAMAIS SANS


S Y LV I E S A N S — S T Y L I S T E

40 ans de Rouge coquelicot sur mes lèvres, Le temps passe. De cheveux bruns à cheveux gris, le Rouge, lui, reste immuable, me fascinant toujours. Se farder avec délice, prendre le crayon, le pinceau et le tube pour un rituel plaisir artistique. Une gestuelle parfaite, précise, pertinente. Sublimer le visage, le raviver avec insolence. Destabiliser l’ennui du quotidien par une métamorphose théâtrale. Rouge Baiser, mon fidèle et complice compagnon.


Promenons-nous dans le moi Pendant que le vous n’y est pas Car si le vous y était Sûrement il nous mangerait J’ai peur, j’ai peur du grand méchant vous Ah! la vilaine bête que ce vous! Mais je ne sais comment j’arriverai à chasser Pour toujours ce grand méchant vous de mes pensées Promenons-nous dans le moi Pendant que le vous n’y est pas Car si le vous y était Sûrement il nous mangerait Je me suis mis dans la gueule du vous ! Ah! quel enragé que ce vous ! Combien de nuits ce grand méchant vous m’a sauté À la gorge, comme j’allais le caresser


SERGE GAINSBOURG — CE GRAND MÉCHANT VOUS

Promenons-nous dans le moi Pendant que le vous n’y est pas Car si le vous y était Sûrement il nous mangerait Je ne sais hurler avec le vous Ah! quel animal que ce vous! Mais comment savoir dans cette rivalité Qui de l’homme ou du vous l’emporte en cruauté ? Promenons-nous dans le moi Pendant que le vous n’y est pas Car si le vous y était Sûrement il nous mangerait


Quel est donc ce jeu que nous donne à voir cet artiste entre ce Moi social et ce Moi intime ? Cette perte d’identité jusqu’à n’être plus qu’une allégorie de la Femme, de la beauté ? Quelle est donc cette traversée dangereuse qui conduit notre perception sensorielle de la froide sculpture à l’allégorie de la beauté ? La photographe semble questionner les frontières entre l’identité et l’altérité, le public et le privé, le visible et l’invisible. Je est un autre écrivait Rimbaud à Paul Demeny. Suis-je ce que je montre ou ce que je dévoile ? Ce que l’on construit de moi ou ce que les sens - plus que les yeux - ne perçoivent ? Est-ce vous qui me regardez ou moi qui vous regarde ? Suis-je ce qui m’entoure, ce que je possède, ou ne suis-je pas ? C’est bien tout ce questionnement qui semble être soulevé par l’artiste, cette quête de l’identité, de ses frontières, de la déconstruction des différentes strates du Moi à travers le dispositif ingénieux du cadre et de ses contraintes. La femme singulière, représentation d’un Moi Idéal Photographiées dans leur espace quotidien, ces femmes semblent nous montrer qui elles sont au travers du jeu social de la représentation. Regardez

mon environnement, vous saurez qui je suis. La photographe pénètre leur intimité, le lieu où elles vivent pour les photographier, nous donner à voir ce qu’elles mettent inconsciemment en scène de leur personnalité, Ce Moi idéal, dirait Freud. L’une se montre dans sa chambre, l’autre dans sa cuisine, dans une étable, dans son salon, ou encore dans une entrée, seule ou accompagnée. Des centaines de femmes qui ne sont plus que les figurantes d’une fonction sociale, d’un rôle, d’un métier, ou d’une place dans la société. Des femmes qui se définissent par la pièce qu’elles ont choisie, le lieu qu’elles investissent, à travers un livre, une décoration, un vêtement négligemment posé sur une chaise ou les êtres auprès desquels elles posent. Perte de la femme jusqu’à n’être plus qu’une allégorie Et notre regard, notre perception, pourraientt être celui de notre appropriation subjective si l’artiste par le biais d’un dispositif ingénieux ne nous invitait à un autre voyage. Un simple cadre, des épaules dénudées, et du rouge à lèvres ; et le jeu sur les « je », l’illusion d’être ce que l’on parait, ce que l’on montre à voir, disparait. À travers la multiplicité des photographies, des pauses

communes à chacune d’elle, du dispositif commun qui se joue, se rejoue, et se répète, les sujets perdent de leur singularité. Le Moi idéal, le Moi social, s’effacent. Je ne suis plus la femme agricultrice, la mère de famille, l’étudiante désordonnée que je vous laisse à voir. Il ne reste plus que La femme. Je ne suis pas cette image de mère, cette bergère, cette vieille femme. Celles-là mêmes qui se montraient dans leur quotidien, sans apparat ni sublimation, sont entrainées par cette mécanique sur une autre voie. L’artiste va chercher en elles la Femme dans ce qu’elle a de plus sensuel et la révèle. La femme dans son histoire s’efface, l’idéal du Moi disparait jusqu’à n’être plus que la représentation d’un Ça, principe de plaisir. La quintessence de la femme, une allégorie. De l’allégorie de la femme à la femme objet Grâce à ce dispositif unique qu’est la contrainte d’un cadre dans lequel ces femmes apparaissent les épaules dénudées, l’artiste transforme la chair en marbre. Et la femme qui avait déjà perdu sa singularité, son Moi profond, devenue allégorie de la Femme, de la beauté, se fige maintenant en statut. Fragile car dénudée, contrainte car enfermée, sublimée car maquillée.


À la recherche de la Femme Mais à travers toutes ces femmes, cette allégorie de la femme, cette femme sculpturale, c’est La Femme originelle que semble chercher la photographe. Ainsi, le dispositif du cadre appelle celui du miroir et le miroir rappelle celui du « stade du Miroir ». Un stade important dans l’évolution puisque c’est à partir de celui-ci que l’enfant prend conscience de son corps et de ses limites. D’être, d’exister. C’est le premier stade de l’identification, où l’on peut différencier ce qui est de l’ordre du Moi et ce qui ne l’est pas. En photographiant la femme dans ce cadre, par ce jeu de mise en abyme, du regard sur soi et sur l’autre, du regard qui conscientise et donne la vie, l’artiste devient démiurge. Elle donne ainsi naissance à la femme, la Mère de toutes les femmes.

K A R I N E H U R R Y — S O P H R O -A N A LY S T E

Elle prend l’espace qui lui est assigné, l’occupe tout entier jusqu’à n’être plus qu’un objet dans un lieu, un buste posé, une photographie encadrée. Dès lors, elle devient objet de nos regards. Soumise à la pénétration du regard de l’autre, à l’intime. L’autre, le spectateur, devient le voyeur de l’intime. Il rentre dans ce qu’il y a de plus intime encore : la sexualité et la sensualité de ces femmes.


Photographe plasticienne, Claire Soubrier crée des événements participatifs et des séances photo performatives. Elle invite ceux qui le souhaitent à venir poser et à participer à ses happenings mêlant à la fois expérience humaine et créative. Ses dispositifs architectoniques, parfois contraignants, sont destinés à éprouver l’image et le corps de ceux qui veulent bien s’y soumettre, mettant ainsi en jeu notre identité ou plutôt celle du spectateur.




B I DA R T E — S Y LV I E • 1


ANGELU —JULIE • 5


MIARRITZE — CLAIRE • 7


LEKUNBERRI — AMAÏA • 8


DONIBANE GARAZI — EMELINE • 9



MIARRITZE — SULIANE • 6


ANGELU — AUDREY • 2


BIDARTE — JULIE • 3


D O N I B A N E L O H I T Z U N — M A R I E -T H É R È S E • 1 2


UHARTE GARAZI — SONIA • 35


MENDIBE — NICOLE • 10


H A LT S U — M A R I O N • 1 1



MIARRITZE — MONIQUE • 15



MENDIBE — FRANCE • 4


KANBO — LUCIE • 13


A S K A R AT E — J O A N A • 1 4


MIARRITZE — ÉLODIE • 16



ANGELU — AMÉLIE • 17


B A I O N A — N ATA C H A • 1 8


UHARTE GARAZI — CAROLINE • 90



B A S T I D A — K AT T I N A • 1 9


M E N D I B E — C AT H E R I N E • 2 0



MENDIBE — MARIE • 25


BAIONA — VIRGINIE • 44






















BAIONA — FLORENCE • 48



MIARRITZE — CHRISTINE • 23


G E TA R I A — C A R O L I N E • 2 1



MIARRITZE — CLAIRE • 26


MIARRITZE — ISABELLE • 28



M EN D IB E — MAYL I S • 27


MIARRITZE — JULIE • 39


MIARRITZE — MARIE-LAURENCE • 29


IRISARRI — EMMANUELLE • 30


MIARRITZE — RONEL • 33


LEKUNBERRI — VIRGINIE • 58


HAZPARNE — ANAIZ • 37


MIARRITZE — MARIE-CHRISTINE • 38




IRISARRI — ANNE-MARIE • 31



ANGELU — AMEL • 34


MIARRITZE — BRIGITTE • 41


ANGELU — VALÉRIE • 36



BAIONA — ELKE • 53


MIARRITZE — SOPHIE • 42


MIARRITZE — VIRGINIE • 32



ARANGOITZE — JULIE • 43


BAIONA — PANTXIKA • 40



ANGELU — ALEXANDRA • 49


MIARRITZE — VALÉRIE • 47



ANGELU — DIANE • 45


ANGELU — COLETTE • 22



79 78

69

63

33 54 74

34

71

48 43

32

42 64 67

91 84

41

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47

53

9 90

75 23

68 72

57

29

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51 22

28 45

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38 83

15

36

11

20

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35

80 25

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1

46 62

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49 44

6

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3 73

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21 27

13

77 5

85 76

65

2 22 89

60 7 88

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1 Sylvie 2 Audrey 3 Julie 4 France 5 Julie 6 Suliane 7 Claire 8 Amaïa 9 Emeline 10 Nicole 11 Marion 12 Marie-Thérèse 13 Lucie 14 Joana 15 Monique 16 Élodie 17 Amélie 18 Natacha 19 Kattina 20 Catherine 21 Caroline 22 Colette 23 Christine 24 Anaïs 25 Marie 26 Claire 27 Maylis 28 Isabelle 29 Marie-Laurence 30 Emmanuelle 31 Anne-Marie 32 Virginie 33 Ronel

34 Amel 35 Sonia 36 Valérie 37 Anaiz 38 Marie-Christine 39 Julie 40 Pantxika 41 Brigitte 42 Sophie 43 Julie 44 Virginie 45 Diane 46 Sophie 47 Valérie 48 Florence 49 Alexandra 50 Christine 51 Sonia 52 Maider 53 Elke 54 Sandrine 55 Lætitia 56 Marie-Bénédicte 57 Sabrina 58 Virginie 59 Pascale 60 Micheline 61 Martine 62 Gabrielle 63 Sophie 64 Catherine 65 Elodie 66 Sophie

67 Rozenn 68 Lolita 69 Valérie 70 Vanessa 71 Dalia 72 Violaine 73 Elodie 74 Virginie 75 Corine 76 Catherine 77 Mélanie 78 Marie 79 Monia 80 Maider 81 Agnès 82 Odile 83 Béatrice 84 Maïlis 85 Isabelle 86 Mohena 87 Selena 88 Karine 89 Louise 90 Caroline 91 Avril


Étant quelqu’un de plutôt active et sportive, le rendu de la photographie contraste avec mon image quotidienne. Cette photo vient me rappeler qu’il y a une femme derrière tout ça. Derrière l’apparence que nous voulons nous donner, il y a au fond une féminité et une beauté intérieure qui se cache.

Je me trouve très en valeur, j’adore ! Le petit coup de rouge à lèvres… à conserver, je vais m’équiper.

Contre toute attente et pour la première fois, la blancheur de ma peau est mise en valeur et cela me plaît (enfin !)

Merci pour votre travail très précieux mais je ne me trouve pas jolie du tout, contrairement à ma maman qui est superbe.


Je découvre une tête différente de l’image que j’ai de moi. Le rouge à lèvres prononcé (je n’en mets jamais), le visage clair, le regard un peu perdu ; vous avez effacé les rides ? C’est bien… il y a un petit air de Madone aussi, ou plutôt de portrait un peu suranné des peintres italiens du 18/19ème siècle, par contre du coup je trouve l’ensemble un peu triste. Mon intérieur dans les nuances de gris et cette tristesse n’est pas moi, mais c’est sans doute intéressant d’aller puiser autre chose chez moi ou dans mon expression…

Merci encore pour les photos, elles sont belles et font ressortir ma féminité souvent camouflée… en revanche celle que vous avez retenue exprime davantage la tristesse que la joie de vivre mais rien d’anodin à cela !

Le rouge à lèvres c’est ma hantise… ma mère en mettait quand j’étais petite et cela l’empêchait de m’embrasser…

Je trouve que j’ai l’air d’un travesti avec du rouge à lèvres…


En pensant féminité, physiquement : je pense à une femme pulpeuse; Psychologiquement : à une femme qui a de l’assurance ; Côté vêtements : peu importe le style tant qu’il y a une touche d’originalité, de démarcation, de coquetterie. Poser dans ce dispositif et voir le résultat me rappelle qu’il est important d’avoir une estime de soi, de ne pas se dévaloriser, de ne pas attacher d’importance à nos défauts, et d’être rayonnante!

Au premier regard sur la photo, c’était moi sans être moi, c’est-à-dire que je reconnaissais mon appartement mes vêtements, tout le côté matériel, mais j’avais du mal à me dire que c’était moi, mon regard, mon corps. Mon buste surtout, puisque je le voyais en photo nu, sans être caché par mes vêtements, pas comme sur les autres photos…

« Qui es-tu ? » , « Je vais commencer à m’aimer un peu… » C’est la première fois que je me regarde vraiment, les photos faites ça et là ne trouvaient pas grâce à mes yeux.

Première réaction : je suis belle ! Et puis… mais j’ai du ventre ?!


Quand j’ai accepté de poser pour vous, je ne m’attendais à rien et ne pensais même pas vous intéresser. C’était vraiment une première pour moi ; une première, finalement… très agréable. Cela demande un petit lâché prise… Je suis d’un tempérament assez réservé et ne pense pas forcément avoir un attrait particulier de beauté. Finalement, en regardant ces photos, je me suis rendue compte qu’une femme de 50 ans peut être belle : une beauté mûre, simple, sobre et assez sensuelle…La féminité ne s’arrête pas avec la cinquantaine mais elle peut être considérée comme une renaissance ! Une féminité épanouie, posée.

Je suis contente d’y avoir participé. Je suis surprise du rendu de la photo, n’en ayant aucune de jolie me concernant, cela me fait plaisir. Je trouve que mon visage est marqué par le temps et que cela ne parait pas sur votre photo. Cela fait du bien au moral. La photo ne fait pas figée et est expressive.

Le rouge à lèvres, cela me donne presque envie d’en remettre.

Moi, je ne me trouve pas jolie.


Je suis agréablement surprise, pour une fois, je m’apprécie assez sur la photo. J’ai l’impression que c’est moi et pourtant, généralement, je ne me reconnais pas sur les photos. C’est l’image que j’ai de moi même. On sent une certaine fierté et une confiance en soi qui me caractérise et qui peut me faire défaut parfois ! Le fait que tu ais choisi une photo où je ne souris pas me plaît. En effet, je suis pour beaucoup de gens une personne qui sourit, qui rit beaucoup, qui aime la légèreté mais au fond je me sens bien plus grave et moins superficielle que ce que je peux laisser paraître. J’ai le sentiment que cela se ressent sur cette image et ça me plait. À mon sens, sur les quelques images que j’ai pu voir, l’utilisation du dispositif permet d’accentuer la personnalité des femmes que tu prends en photo ou du moins, de mettre en avant les failles et les forces du sujet. Une bonne représentation de l’ambiguïté de la féminité.

Pour moi, la beauté est subjective, elle est complètement liée à notre personnalité. Malgré les canons de beauté imposés par la société, je préfère un physique racé, typé, marqué par des traits forts et par les rides de la vie, plutôt qu’ un physique lissé par le bistouri. L’image que j’ai de moi-même est évidemment dévalorisée, je m’attache au moindre défaut. Ces défauts définis selon les critères de beauté de la société : pas assez femme ! Mais malgré tout, je m’assume de plus en plus, surtout depuis la trentaine. Peut-être grâce à un certain recul, aujourd’hui je ne me trouve pas belle mais charmante car j’ai l’atout d’avoir une personnalité joyeuse.


Personnellement, j’aime la beauté un peu étrange, inexplicable des gens qui ont un petit quelque chose qui fait qu’ils ne sont pas vraiment beaux mais plutôt intéressants et intrigants. Avec l’âge j’ai de plus en plus de mal à voir mon image dans le miroir. Je crois que tout le monde souhaite la beauté, la jeunesse éternelle - le saint Graal - mais il faut apprendre à vivre avec ces rides et ces muscles qui se relâchent. J’essaie d’accepter mon image qui change peu à peu en me disant qu’aucune beauté physique est éternelle. J’ai découvert très tard ma féminité. Je suis plutôt un garçon manqué, j’ai toujours plus fréquenté les garçons que les filles. Je ne voulais surtout pas qu’on me dise que j’étais mignonne, je préférais qu’on me dise que j’étais futée, intelligente ou créative. Puis j’ai découvert qu’on pouvait être tout à la fois et être aussi prise au sérieux. Sur la photo je me trouve plutôt belle, le regard questionnant

et un peu craintif. Je me reconnais. À part le rouge à lèvres que je ne porte jamais. Je suis le plus souvent en pantalon et chaussures de sport pour une question de confort et par rapport à mon lieu de travail qui se trouve dans un espace naturel. Arriver avec des chaussures à talons ne serait pas vraiment approprié. Aujourd’hui je m’habille plus « femme » et j’apprécie ces moments où j’ai un rendez-vous ou une présentation publique, pour me mettre en valeur.


Elle reflète tout à fait ma vie, curieusement, sans se connaître… En un clin d œil, je parais une autre. Aussi vite que passe mes journées, au milieu du tumulte de la vie quotidienne d une femme, au sein d une société chaotique, un trait de rouge à lèvre et nous voilà une autre !!! Une femme presque sophistiquée en un tour de passe passe, une femme sophistiquée dans son univers campagne, une femme sophistiquée alors qu’elle n’a plus le temps de se consacrer du temps…

Sur la photo : chez moi et cette femme au milieu. J’aime sa pause et je suis en même temps perturbée par ce profil et cette expression que je ne reconnais pas. Vu de près, ce visage finalement ne me plait pas. Alors je m’éloigne et je regarde la photo de plus loin, cet intérieur familier et cette femme posée là. La photo redevient belle.

La photo est très belle j’ai été surprise d’y voir cette grande fracture de ma séparation avec l’homme de ma vie…

Je dirais que je n’ai pas forcément une bonne image de moi, que je ne suis absolument pas photogénique et que j’ai même fui les objectifs pendant longtemps ! Je dois avouer que j’ai aimé la photo, je me suis aimée dessus et je me suis sentie belle !


Il y a une autre dualité : mes yeux. J’ai un œil plus petit que l’autre et sur la photo ça se voit. Ça ne me gêne pas du tout, je trouve ça assez intrigant, comme deux faces différentes collées l’une à l’autre, formant un seul visage. Un peu comme ce que propose le dispositif : deux aspects de moi…

La Beauté, pour une femme, c’est une sorte de fraîcheur vive, de charme, le reflet d’une belle intériorité, un mélange de tellement de petites choses. La Beauté, c’est le regard qu’on porte sur soi, mais c’est aussi le regard que porte l’autre sur nous. Tout ce travail photographique sublime la femme, la féminité, la Beauté… Formidable expérience avec cette magicienne des temps modernes. Merci !

J’aime beaucoup cette photo que je trouve très personnelle et en même temps où je ne me reconnais pas totalement car je ne me maquille pas souvent…

Je porte un regard sur mon image assez ambivalent, car j’aime l’image féminine qui se dégage de la photo, le rire, qui me correspond bien, mais je n’aime pas trop me voir dans mon ensemble !


Lorsqu’on m’a demandé de poser, je fus très étonnée. Poser à 65 ans était pour le moins original ! Je pensais que c’était par rapport au lien que j’entretiens avec mon corps ; en tant que professeur de fitness et de yoga la relation avec mon corps et son mouvement dans l’espace pouvait être intéressant. Je m’étais trompée ! Ce n’était pas pour l’enveloppe, ni l’attitude, ni l’allure. Sur la photo, j’ai eu l’impression que toute la lumière était sur mon visage, pour qu’il parle, pour qu’il s’intériorise, pour que cette lumière m’éclaire dedans, s’engouffre à l’intérieur ! Ce n’est pas une femme âgée ou jeune, souple ou non. C’est l’être, pas le paraître. Poser pour être, apparaître… tout simplement.

J’ai été très troublée par la photo, car elle symbolise tellement la différence que je perçois entre ma tête et mon corps… Je me suis quasiment toujours considérer comme une tête, voir un esprit avec un corps qui me véhicule… et là cette tête me plait… plutôt fière et volontaire. Je l’ai montré à deux amies qui ont été saisie. Je suis curieuse de voir les autres photos et je vous remercie beaucoup pour l’image que vous montrez de moi et de mon visage.


Malgré les évolutions physiques immuables et les épreuves, aussi rudes soient-elles, j’ai besoin de me sentir bien dans mon corps, dans ma peau, que mon entourage proche et éloigné me soutienne et me transmette toujours les mêmes preuves de reconnaissance et les mêmes désirs. Ma sensibilité féminine est mise à rude épreuve quotidiennement : une femme doit être comme ceci, comme cela… Je suis souvent pleine de doutes sur l’image que je renvoie, sur mon rôle de femme et sur mon rôle dans la vie. Dans cette photo, je me suis sentie importante, dominatrice, sur le devant de la scène de ma propre vie. Cette mise en lumière donne une impression de force. On sort du cadre de façon naturelle, sans dévoiler les parties les plus intimes de son corps, considérées comme des objets de désir parfois réducteurs. Il n’y a plus que «  Soi  » et le reste… On se sent fière, belle, et femme. Mon estime de moi est reboostée !

















MIARRITZE — ANAÏS • 24


G E TA R I A — C H R I S T I N E • 5 0


DONIBANE GARAZI — SONIA • 51


LEKUNBERRI — MAIDER • 52



TA R N O S E — S A N D R I N E • 5 4


ANGELU — MARTINE • 61



BIDARTE — SOPHIE • 46


BAIONA — MARIE-BÉNÉDICTE • 56



MIARRITZE — SABRINA • 57



BAIONA — PASCALE • 59


BAIONA — MICHELINE • 60



BAIONA — VALÉRIE • 69



ARANGOITZE — LÆTITIA • 55


BIDARTE — GABRIELLE • 62


B I D A R T E — C AT H E R I N E • 6 4


TA R N O S E — É LO D I E • 6 5


MIARRITZE — CORINE • 75



ANGELU — VIOLAINE • 72


ANGELU —ROZENN • 67


ANGELU — AVRIL • 91


AHETZE — SOPHIE • 66


B A I O N A — LO L I TA • 6 8


MIARRITZE — VANESSA • 70


MIARRITZE — DALIA • 71


MIARRITZE — SOPHIE • 63



MIARRITZE — VIRGINIE • 74


BAIGORRI — ÉLODIE • 73



O R T Z A IZE — C AT H E R I N E • 7 6


BAIONA — MARIE • 78


MIARRITZE — MÉLANIE • 77


ESKIULA — SELENA • 87


BAIONA — MONIA • 79


BAIONA — MAIDER • 80



A H AT S A — O D I L E • 8 2


M I A R R I T ZE — B É AT R I C E • 8 3


ESKIULA — MOHENA • 86


BIDARTE — ISABELLE • 85


DONAZAHARRE — AGNÈS • 81


BOKALE — MAÏLIS • 84



MENDIBE — LOUISE • 89



ORTZAIZE — KARINE • 88


Une édition de Claire Soubrier imprimée en novembre 2018. Design graphique Yasmine Madec et Damien Arnaud, tabaramounien.com Remerciements à Sylvie Sans, Christine Guiglion, Karine Hury, Caroline Gillier, Catherine Soubrier et Max Boufathal pour leur implication active et à tous les modèles pour leur participation, leur témoignage et leur disponibilité. © ADAGP 2018 Claire Soubrier



Cartographiant les relations à la manière des réseaux sociaux, Claire Soubrier est en recherche de sens pour répondre aux questions d’une société contemporaine.

PAY S B A S Q U E

ISSUE I

"Promenons-nous dans le moi pendant que le vous n’y est pas" est une aventure humaine de rencontre, de découverte et de confessions. Les femmes se livrent au regard et aux oreilles de Claire Soubrier et l’artiste dévoile leurs intérieurs dans un travail photographique et sociologique.

Nous l’accompagnons dans une quête de beauté simple et anonyme pour une exploration minutieuse de l’environnement, des codes vestimentaires et du corps des femmes de son entourage plus ou moins proche.


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