Paroles Suivantes
un ciel de flammes brulantes inonde la chambre
les lauriers se redressent larmoyants encore
l’odeur des cerises fait sourire la maison — jour des confitures.
contre la lueur de l’éclair l’ombre du chat est toute hérissée
midi au jardin — le chat promène son ombre à l’ombre chênes
l’orage oublié il reste dans le verger un parfum de pluie
la journée commence sous l’écrasante chaleur d’un été précoce
la vallée se tait — même les oiseaux respectent un profond silence
des filets de sueur débordent de mes sourcils — la journée s’embrase
odeur du verger au soleil après la pluie — qui s’en lasserait
vacillant sur l’eau des miroirs d’argent ardents incendient mes yeux
deux papillons blancs dessinent des cœurs sous l’œil d’un papillon noir
la fenêtre ouverte sur la fraicheur de la nuit va vomir des flammes
les papillons mêmes abandonnent leurs dessins — le vent se renforce
sur le pré jauni les derniers coquelicots ont baissé les armes
les abricotiers à la couleur du soleil se sont parés d’or
la lumière jaune déchiquète les contours des ombres malades
une lassitude flottant dans le vent léger plisse ses paupières
odeur du matin après la pluie le jardin est semé de perles
à l’ombre des chênes le chat écoute songeur le chant du loriot
face à face un chat et un écureuil dissertent du monde flottant
un trait affuté tranche la terrasse en deux — même l’ombre brûle
la vallée s’engouffre monstre écumant de colère par la vitre ouverte
éclat du matin dans une fraicheur où brille le chant du loriot
l’orage en colère bouscule et met à l’épreuve le flegme des chênes
heure du dragon — l’air se remplit du silence brûlant des cigales
battus par l’orage 153