Cinéma belge festival de Cannes 2015

Page 70

Interview

L’espoir masculin du cinéma belge s’appelle Marc Zinga Entre Dheepan de Jacques Audiard en Sélection officielle à Cannes et Jamais de la vie de Pierre Jolivet actuellement en salle, Marc Zinga poursuit sa percée comme acteur sur les grands écrans. Et dire que la prochaine fois qu’on le verra, il sera parmi les adversaires de James Bond dans Spectres de Sam Mendes attendu pour novembre prochain.

© Nestor Lison

Les projets s’enchaînent depuis Les Rayures du Zèbre pour lequel vous avez remporté le Magritte 2015 du Meilleur espoir masculin. Vous voilà pris dans les manifestions les plus importantes du 7ème art. Marc Zinga : « Cannes, c’est tout d’abord un plaisir d’y être et de retrouver toute l’équipe. Je suis dans un tunnel depuis plusieurs mois déjà et je fais de superbes rencontres à travers ces différents projets. J’ai l’occasion de travailler avec des personnes qui ont une grande conscience citoyenne. Jacques Audiard est un réalisateur dont je suis très amateur, je connais toute sa filmographie. Il a une exigence dans son cinéma à laquelle je suis très sensible. Pierre Jolivet m’a rencontré pour me proposer de travailler avec lui. C’est quelqu’un qui a une véritable réflexion sur le monde qui l’entoure, sur la vie politique sociale locale et mondiale. “Jamais de la vie” a quelque chose de difficile dans ce qu’il raconte, c’est un film sur la question du sacrifice et de l’héroïsme ordinaire. C’est une chance de travailler avec lui qui a tout de même participé à façonner un vrai cinéma social en France. » Alors qu’on découvre encore votre jeu, vous tournez déjà auprès d’acteurs tels que Benoît Poelvoorde et Olivier Gourmet. Comment sortir son épingle du jeu ? M.Z. : « Ce sont des acteurs d’exception et c’est énorme de travailler avec eux. Moi, quand j’interprète un rôle, je suis plutôt guidé par la mise en scène, la direction. J’envisage un personnage comme étant avant tout une histoire à raconter. La première question que je me pose est quel est le message de l’histoire ? Quel est le

point de vue de l’histoire ? Je regarde la finalité et l’architecture du film, et en déconstruisant ainsi je découvre comment appréhender l’histoire. »

le film font peur. J’imagine qu’un titre de film avec les mots “France” et “Allah” n’est pas encore prêt de sortir en Belgique, surtout avec les temps qui courent, ça doit être difficile... » On vous verra bientôt aux côtés de Christopher Waltz et Daniel Craig dans Spectres. Vous serez tenté de vous expatrier dans un avenir proche ? M.Z. : « Professionnellement, ce qui me tente c’est de participer à de belles histoires qui ont un impact culturel. Mais je ne me vois pas déménager à l’étranger pour autant. Ça fait quatre ans que je travaille en France et pourtant j’habite toujours en Belgique. Je suis attaché à mon environnement, j’ai besoin de mes proches pour garder mon équilibre. Regardez Viggo Mortensen par exemple, un acteur hollywoodien qui vit à Madrid ! »

Est-ce ainsi que vous avez procédé pour interpréter Régis dans Qu’Allah bénisse la France d’Abd Al Malik ? (NDLR : rôle qui lui a valu une nomination cette année aux Césars dans la catégorie Meilleur espoir masculin) M.Z. : « La rencontre avec Abd Al Malik a été immédiate. J’ai longtemps fait de la musique et plus jeune, j’écoutais son groupe N.A.P. Me retrouver en train d’auditionner pour lui c’était quelque chose de particulier. Qu’on soit deux artistes musicaux a beaucoup aidé pour l’efficacité du travail. On a un parcours plein de similarités donc je me suis vite reconnu dans ce personnage et dans cette histoire. Abd Al Malik a une telle humanité. Je respecte ce travail de longue haleine, ce combat qu’il mène depuis longtemps sur la réflexion du vivre ensemble. » Le film n’est malheureusement pas sorti en Belgique. M.Z. : « Faute de distributeur ou doute sur le potentiel de réussite commerciale, je ne sais pas vraiment. Peut-être les questions soulevées par Cinéma belge 70 mai 2015

Quel rôle rêvez-vous de jouer au cinéma ? M.Z. : « J’ai eu l’occasion d’incarner Mobutu pour la télévision, un personnage antagoniste dans un divertissement d’action. J’aimerais pouvoir raconter, dans une envergure plus importante, la prise de pouvoir de Mobutu, parce ce que je pense que c’est une histoire qui est porteuse d’une grande réflexion et qui a tous les traits d’un grand film. » Et avec quel réalisateur en particulier ? M.Z. : « Je suis intéressé par ce modèle d’acteurs qui se mettent à l’initiative de projets, qui se trouvent un scénariste ou achètent les droits d’un roman, le développent, trouvent un metteur en scène. Par exemple Le Loup de Wall Street est une initiative de Leonardo DiCaprio et il a fait appel à ce réalisateur de génie qui est devenu son ami, pour raconter une histoire forte. Puis, y’a tellement de réalisateurs talentueux, je pense à Steeve McQueen qui m’inspire fort, Sam Mendes très impressionnant ou encore Pierre Schoeller pour ne citer que ceux qui me viennent vite à l’esprit. » Propos recueillis par Djia Mambu


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.