LFC Magazine #4 - Christophe Willem Novembre 2017

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SO GOOD INTERVIEW

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Ce que nous sommes vraiment est bien plus utile aux autres et à nous-même que l’image idéale que nous nous évertuons à donner. LFC : Bonjour Patrice Lepage, un grand merci de répondre à nos questions. Vous avez publié « La métamorphose de Raphaël ». Comment est née l’idée de ce roman ? PL : L’idée d’un départ me trottait dans la tête, depuis un moment. Je voulais parler de la possibilité pour chacun d’entre nous de pouvoir changer profondément ! Non pas seulement changer de look, d’employeur, ou de maison, mais changer notre façon d’être. Nous sommes beaucoup à sentir un décalage entre ce que nous sommes intérieurement et ce que nous exprimons dans notre vie quotidienne. Je voulais dire que rien ne nous empêche de réduire ce décalage douloureux et d’exprimer vraiment ce que nous sommes. Car ce que nous sommes vraiment est bien plus utile aux autres et à nous-même que l’image idéale que nous nous évertuons à donner.

douloureusement au réel et à la fragilité de ce que nous sommes. J’ai commencé l’écriture de "La métamorphose de Raphaël" un mois après les attentats. Quelques semaines plus tard j’ai décidé de consacrer l’essentiel de mon temps à l’écriture. Tout le reste me paraissait futile ou plus exactement, j’ai accepté cette réalité : c’est dans l’écriture que je me sens le plus en harmonie avec ce que je suis intérieurement. LFC : Votre personnage va à la montagne, se confronte au monde rural, où commence sa quête de sens... PL : Raphaël va se réfugier dans une grange perdue au milieu des montagnes. La confrontation avec la nature va ramener son corps et le bien-être de se sentir vivant, courbatu, mais vivant ! Peu à peu, il va ouvrir les yeux et rencontrer d’autres personnes qui sont là, qui vivent différemment, qui ont fait d’autres choix, pleinement assumés, et qui ont plein de choses à lui suggérer.

LFC : Vous parlez des attentats du 13 novembre. Votre personnage, cadre parisien, plaque tout juste après. Pourquoi Raphaël réagit-il ainsi ? PL : Au-delà du choc et de l’horreur, les attentats du 13 novembre ont provoqué un rapprochement entre les gens. On se parlait, on prenait le temps de s’écouter, voir de pleurer ensemble. Chacun est sorti de sa bulle, de son « train-train » quotidien. Dans l’adversité, on avait retrouvé une communauté humaine... Ce que Raphaël ne supporte pas c’est le retour à la normale, quand le quotidien reprend la main. Il refuse d’oublier, il refuse le retour à un quotidien dénué de sens. Il a pris conscience du décalage terrible qui existait entre ce qu’il croyait vivre et ce qu’il vivait vraiment et il décide de ne pas glisser tout ça sous le tapis. LFC : Vous-même, les attentats du 13 novembre, ont-ils eu une conséquence sur votre démarche créative ? PL : Les attentats ont conforté en moi, une forme d’urgence à me tenir éveillé ! Les chocs nous ramènent

Les attentats ont conforté en moi, une forme

d urgence à me tenir éveillé ! Les chocs nous ramènent douloureusement au réel et à la fragilité de ce que nous sommes.


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