Philippe Adnot : Stimuler l'Investissement Dans Les Jeunes Entreprises.

Page 19

temps de leur expliquer pourquoi on le faisait. On peut demander des efforts aux gens, mais il faut aussi leur donner de l’espoir et le concrétiser. Il faut expliquer les choses, fixer un cap. Je suis un libéral, c’est-à-dire que je crois en la responsabilité des hommes, à l’esprit d’initiative, à l’esprit d’entreprise, à la responsabilité individuelle. Objectivement, je ne sais hélas pas pour qui voter aujourd’hui.

Question de Jean Claude Armand : Qu’est-ce que vous faites par rapport à l’inflation des fonctionnaires territoriaux ? Philippe Adnot : Je réponds que c’est une mauvaise question. J’ai l’habitude de prendre un peu le contre-pied. Je ne partage pas cette philosophie qui consiste à dire : il faut supprimer un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite. La question n’est pas de supprimer un fonctionnaire sur deux, la question est : à quoi est-il bon de les affecter ? L’année dernière, j’ai créé 24 emplois supplémentaires de fonctionnaires. Je suis donc un mauvais gestionnaire ! Ces 24 emplois supplémentaires, qu’estce que j’en ai fait ? 30 millions d’euros par an ! Les enfants battus, violés, maltraités, dans un département de 300.000 habitants cela représente 30 millions d’euros par an ! Ces enfants sont placés par la justice dans des établissements. Là, il me faut autant de personnel que d’enfants ! Oui… En général, une personne par enfant parce qu’il faut faire les samedis, les dimanches, les nuits… J’ai préféré embaucher pour traiter le problème en amont et éviter que les enfants soient placés. J’ai des employés qui visitent les familles, les conseillent, interviennent pour les aider à faire le budget et pour éviter qu’ils ne maltraitent leur gosse. En évitant qu’un enfant soit maltraité ou placé, mon employé me fait gagner une fois et demie son salaire. Ben oui ! Je crée de l’emploi... je gagne de l’argent. Suis-je mauvais gestionnaire ?

Dans la salle : Oui mais après il y a les retraites à payer. Philippe Adnot : Oui mais j’insiste : comprenez que la question n’est pas le nombre de fonctionnaires mais qu’est-ce qu’on leur fait faire ? Quelle est leur valeur ajoutée ? Le Conseil général de l’Aube, c’est une entreprise. Je vais vous raconter une anecdote, parce qu’elle me fait toujours rigoler : quand je suis devenu président en 90, on était le dixième département le plus endetté de France. Bon. J’avais une analyse de Mozart Consultant qui disait « Département super bien géré. » Tu parles ! J’arrive, je regarde les comptes, il y avait 100 millions de francs dehors depuis quatre ans. A l’époque, les taux d’intérêt étaient extrêmement élevés. Bonne gestion de la trésorerie, avec 100 millions dehors depuis quatre ans ! J’ai commencé par bloquer tout cela. J’ai fait rentrer l’argent et j’ai surtout viré le directeur financier. J’ai embauché un privé. Le préfet m’a dit alors : « mais vous n’avez pas le droit de l’embaucher ; vous allez le payer autant que mon sous-préfet ! Vous n’avez qu’à prendre un cadre B, il fera les entrées et les sorties, vous n’avez pas besoin d’autre chose ». Je lui ai alors rétorqué : « l’autre était comme cela et il a laissé dehors 100 millions depuis quatre ans avec 10 % d’intérêts et sa note est bien salée... » Et lui ai expliqué que mon nouveau directeur coûterait peut-être autant qu’un sous-préfet, mais qu’il nous ferait gagner bien plus d’argent grâce à une meilleure gestion. Il faut parier sur l’intelligence pour que notre société soit capable de relever les défis auxquels elle est confrontée. Voilà, c’est ce que nous devons faire dans nos entreprises, dans les collectivités locales et au niveau de l’Etat. Et si je devais vous livrer un petit message de fin de soirée, ce serait celui-là : pariez sur l’intelligence, bien gérée... Cela rapporte un paquet !

C e r c l e E u r o p é e n"

Philippe Adnot : un homme de conviction et d’action

18


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.