espace / temps, en résonance

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En 1948, Cage visite la chambre insonorisée de l’université Harvard. Il s’attend à « entendre » le silence lorsqu’il entre dans la chambre, mais comme il l’écrit plus tard: « Le silence n’existe pas. Vas-t’en dans une chambre sourde et entends-y le bruit de ton système nerveux et entends-y la circulation de ton sang ». C’est à ce moment qu’il réalise l’impossibilité de trouver le silence quel que soit l’endroit. Cette découverte le mène à composer 4’33. D’autres influences conduisent Cage à la création de cette pièce telle que la série des White Painting (1951) de Robert Rauschenberg. Par-delà toute convention, Cage s’inspire de ces toiles dans une volonté de créer la possibilité d’une œuvre exploitant un équivalent du vide d’un point de vue musical. On retrouve dès 1948 dans Les confessions d’un compositeur son désir le plus cher de pouvoir composer un morceau de silence ininterrompu. Une autre influence est celle du bouddhisme Zen et de la notion de non-agir, très présente dans la pensée de Cage. 4’33 est interprété par David Tudor le 29 août 1952, au Maverick Concert Hall de Woodstock dans l’état de New York. Le public le voit s’asseoir au piano, et fermer le couvercle. Après un moment, il l’ouvre, marquant la fin du premier mouvement. Il réitère cela pour les deuxième et troisième mouvements. Le fait d’ouvrir et refermer le couvercle représente les moments entre les parties marqués sur la partition de 4’33 par « TACET » qui signifie de marquer une pause, comme il est indiqué dans les partitions conventionnelles. Le morceau vient d’être joué, pourtant aucun son n’est sorti du piano. Ce que recherche ici Cage, c’est à la fois mettre en évidence l’inexistence du silence, et l’expérience de l’attention auditive. L’écoute du silence, toute oreille attentive peut en faire l’expérience.

Partition de 4’33, John Cage, 1951.

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