Quand le paysage entre dans la dynamique de la Psychothérapie Institutionnelle :
UN ENVIRONNEMENT ALTERNATIF POUR UNE THÉRAPIE ALTERNATIVE. Clinique de Saumery, Huisseau sur cosson (41)
- - - - - - - - - - - - - - - Camille REHEL - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Mémoire de Fin d’étude 2016 - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - - - - - - - Directrice de mémoire - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Lydie Chauvac - - - - - - - - - - - - - - -
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PRÉSENTATION DU JURY
RÉHEL CAMILLE
étudiante ingénieur paysagiste, école de la nature et du paysage année universitaire 2015-2016 Travail de fin d’étude
MEMBRES DU JURY Président de Jury - Christophe Degruelle,
Président de la Communauté de Commune Agglopolys
Directrice de TFE - Lydie Chauvac Paysagiste
Professeur encadrant - Christophe Letoquin
Photographe et responsable informatique 3
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SOMMAIRE 6
INTRODUCTION
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RELATION ENTRE SANTÉ ET NATURE 14 16 18 24 30
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LA CLINIQUE DANS SON TERRITOIRE 36 40 46 50
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Découverte du site Occupation du sol Histoire et patrimoine Fonctionnement institutionnel Les usagers et le parc
VERS LE PROJET 110 114 116 120 122
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La psychothérapie dans le Loir et Cher Etude du socle La commune de Huisseau sur Cosson Relation entre la Clinique et sa commune
LA CLINIQUE DE SAUMERY 58 76 84 92 100
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Urbain et Jardin Les jardins thérapeutiques Le cas de la Folie Histoire de la place du fou à travers les âges La psychothérapie institutionnelle, une thérapie alternative
Constat Sources d’inspirations et références Direction du projet A l’échelle de la commune Au sein du parc
CONCLUSION 5
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INTRODUCTION
E. souffre de la «Maladie des odeurs», Patiente à la clinique de la Borde depuis Mars 7
SANTÉ ET NATURE
Depuis quelques années maintenant, la question de la santé est de plus en plus abordée dans le milieu urbain : diminution du stress, encouragement à l’activité physique, purification de l’air, travail des sens… Santé et nature sont intimement liées. A une échelle plus restreinte, les jardins dits «thérapeutiques» prennent aussi de plus en plus d’ampleur. Ils visent souvent un type de population précise : les personnes en maison de retraite et les personnes atteintes d’Alzheimer principalement, mais aussi, à moindre fréquences, les autistes, les toxicomanes… Un jardin «thérapeutique» n’a pas pour prétention de soigner une pathologie mais permet de proposer un environnement complémentaire et alternatif aux soins, à la détente, au partage et aux échanges aussi bien pour les malades que pour le personnel médical et les visiteurs. C’est sur cette relation entre santé et environnement que j’ai souhaité me pencher pour traiter un cas particulier : celui de la relation des malades mentaux à la nature.
Image tirée du film «Vol au dessus d’un nid de coucou» de Milos Forman, 1975. Ce film s'inscrit dans un courant de remise en question des excès de l'univers carcéral, où les malades sont soumis à une psychiatrie inhumaine aboutissant à une totale dépersonnalisation 8
Comment le paysage peut-il participer au bienêtre, voire au soin des personnes atteintes d’une maladie mentale ? Comment améliorer le cadre et la qualité de vie d’une personne atteinte de troubles mentaux ? Le jardin peut-il offrir un environnement alternatif aux soins psychiatriques? La notion d’environnement pour les personnes dites «folles» reste trop peu prise en compte alors que plus de 18% de la population française souffre au moins d’un trouble psychiatrique à un moment ou l’autre de sa vie. C’est un sujet qui reste aujourd’hui encore, presque «tabou». Les troubles mentaux sont «répartis» en deux catégories: les névrosés et les psychotiques. Les névrosés, contrairement aux psychotiques, ont conscience de leur trouble, ils ne sont pas dans le «délire». Lors de ce travail de fin d’étude, je vais me pencher d’avantage sur la question des psychotiques. Les maladies mentales sont mal connues du grand public et les personnes atteintes de ces maladies font «peur». Les personnes psychotiques souffrent d’une perte de contact avec la réalité et leur souffrance interfère avec leur capacité à accomplir des fonctions professionnelles, familiales ou sociales. Les troubles psychotiques affectent le fonctionnement du cerveau de façon majeure en modifiant les pensées, les croyances ou les perceptions.
UNE THÉRAPIE ALTERNATIVE :
Les pathologies mentales sont principalement traitées par les médicaments, renvoyant à l’image négative des hôpitaux psychiatriques surmédicamentés. Pourtant des soins alternatifs existent comme la psychothérapie institutionnelle. Lors de la pratique de cette thérapie, les patients, généralement déshumanisés, se voient confier des responsabilités, libre de circuler, libre d’interagir avec les autres... Ce type de thérapie met en avant la dynamique de groupe, l’entraide et le partage entre chaque personne étant sur le site de la clinique. Ni patient, ni médecin, ne portent d’uniforme. Tout le monde est égal et participe aux tâches de la vie quotidienne. Ce type de psychothérapie vise donc à modifier le rapport patient/médecin et à « ...profiter au maximum des structures existantes afin d’essayer d’exploiter tout ce qui peut servir à «soigner» les malades qui y vivent »1. L’institution est intégrée au traitement et cesse d’être réduite à un lieu de soin et d’enfermement pour devenir un espace de vie qui permet à cette folie d’exister et d’être prise en compte. D’une manière générale, les cliniques qui exercent la psychothérapie institutionnelle, ont un terrain assez conséquent, favorisant ainsi la liberté de circulation des usagers.
L’environnement peut-il favoriser la prise de conscience de soi et de son entourage? Limiter les phases de délire? 1. Jean oury, La psychothérapie, de Saint-Alban à La Borde 9
LE SITE
La clinique de Saumery est aujourd’hui un lieu important de la psychothérapie institutionnelle. Peu de cliniques pratiquent cette thérapie en France et dans le monde. Dans le Loir et Cher cependant, trois cliniques sont reconnues dans le monde de la psychiatrie pour leur pratique de la psychothérapie institutionnelle. On retrouve entre autre deux très grandes cliniques, reconnues à l’échelle internationale, dans le département : la clinique de la Borde, à Cour Cheverny, et la clinique de la Chesnaies, à Chailles. Après avoir visité et rencontré les directeurs respectifs de deux cliniques qui appliquent la psychothérapie institutionnelle dans le Loir et Cher, j’ai fait le choix de faire mon projet sur la clinique de Saumery. Cette clinique est un peu moins connue que les deux autres dans le Loir et Cher, car la pratique de la psychothérapie institutionnelle est arrivée plus tard. Ce centre psychiatrique se situe à Huisseau-sur-Cosson (41), en limite nord de la Chaussé-le-compte et à proximité du domaine de Chambord. Si le parc de la clinique est entouré d’un mur, la clinique reste néanmoins très ouverte et il n’est pas rare de voir des patients se balader dans le village voisin ou à Chambord. Ils sont libres de circuler comme bon leur semble. La proximité entre la clinique et sa commune est un point qui m’a particulièrement attiré. La clinique, dirigée par Amaro de Villanova, a une capacité d’accueil de 50 places. Le but de cette clinique n’est pas que de guérir les psychoses, mais aussi d’aider les gens à vivre avec, diminuer les symptômes et les conséquences, minimiser leur stress, leur faire comprendre que « ce n’est pas la fin du monde ». Le parc de 30ha, recouvert en grande partie par des boisements (70%), est très peu aménagé et offre peu d’activités extérieures. Mais il y a une vrai volonté, de la part des usagers, de faire évoluer le parc. La clinique a un Club thérapeutique très actif qui permet aux pensionnaires de pratiquer de nombreuses activités, au sein des bâtiments comme à l’extérieur du site de la clinique.
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PROBLÉMATIQUES :
Certaines questions ont guidé mon projet : Qu’est ce que la psychothérapie institutionnelle et comment le jardin peut-il soutenir cette dynamique? Comment l’environnement, le parc peut-il devenir un espace complémentaire au soin? L’environnement peut-il avoir un effet positif sur la prise de conscience de soi et de son entourage? Quelle relation intérieur/extérieur y a-t-il aujourd’hui entre la clinique et son environnement? Quelle accessibilité aujourd’hui à la clinique? Comment minimiser le stress, limiter les comportements violents, favoriser l’activité physique et le bien être par l’aménagement paysager? Ce projet a pour but de traiter l’environnement des personnes atteintes de psychoses, dans le cadre de la psychothérapie institutionnelle, à travers un projet expérimental, de manière à offrir un environnement alternatif au soin et un lieu de bien-être. Mais aussi de traiter la relation entre le site et son environnement. Dans un premier temps, je vais développer la relation entre santé et nature aujourd’hui, la place de la folie dans la société d’autrefois et d’aujourd’hui, les différents types de troubles mentaux et la psychothérapie institutionnelle. Par la suite, je vais chercher à comprendre le territoire dans lequel vie la clinique de Saumery, son environnement, sa relation avec la commune et globalement avec l’extérieur des murs. Ensuite, zoom sur la clinique et son parc, je vais éclaircir le fonctionnement de la clinique, aussi bien institutionnelle que la manière dont il est investi, traversé... par les usagers, l’occupation du sol, son rapport avec l’eau... Enfin, je ferai une première approche de projet, à travers des premières pistes d’intentions, d’ambiances de projet, et des grands orientations à prendre...
La clinique de Saumery 11
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RELATION ENTRE SANTÉ ET NATURE Urbain et Jardin - Les jardins thérapeutiques - Le cas de la Folie - Histoire de la place du fou à travers les âges - La psychothérapie institutionnelle, une thérapie alternative
L’excision de la Pierre de Folie, Pieter Bruegel l’Ancien 13
URBAIN ET JARDIN LA SANTÉ EN MILIEU URBAIN
La question de la relation entre santé et nature est de plus en plus abordée aujourd’hui, aussi bien en milieu urbain qu’à une échelle plus restreinte : celle des jardins. De nombreuses études ont prouvé les bienfaits des espaces verts en ville. La présence de nature en ville, sans qu’on s’en rende compte, joue un rôle important sur le bien-être de chacun, aussi bien physiquement (favoriser l’activité physique, travail des sens, purification de l’air...) que moralement (diminution du stress, apaisement social, appropriation du lieu, diminution de l’hyperactivité...). La présence du végétal induit une baisse du niveau d’angoisse et une augmentation du niveau de bien-être par la régulation de la fatigue mentale et l’augmentation de la capacité de récupération au stress. Le sentiment d’appropriation d’un espace vert dans son milieu de vie favorise le déplacement piétonnier et l’activité sportive. Ci-contre : «Changing Places network a first for accessibility» ville de Perth, Australia La ville de Perth, suite à la prise de conscience de la trop grande place donnée à la voiture, le fort taux d’obésité de la population et à la croissance démographique attendue dans les années à venir, projette de réaménager de nombreux quartiers de la ville afin d’améliorer la qualité de son urbanisme et d’offrir un cadre de vie plus sain aux habitants.
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Metropolitan Redevelopment Authority
JARDIN ET SANTÉ
Le jardin s’impose d’une façon toujours plus importante dans notre quotidien. Et pour cause : s’occuper d’un jardin, être dans un jardin, regarder un jardin fait du bien. Le jardin est source d’activité, de ressourcement de soi, du travail de la terre, de contemplation, de déambulation... Ces bénéfices permettent de qualifier le jardin de quasi «thérapeutique». L’«hortithérapie», une pratique d’accompagnement au soin propre au jardin, se développe de plus en plus. L’hortithérapie repose sur plusieurs apports : la pratique physique (patience, minutie, tolérance à la frustration, gratifications), les stimulations sensorielles et cognitives, la création, le développement et le maintien de liens sociaux, la symbiose avec la nature, une dimension imaginaire plus abstraite (source de (re)création et d’enrichissement spirituel)...
Le cas des jardins japonais : Les jardins japonais sont généralement considérés comme des havres de paix et de sérénité. Ce bien-être que l’on ressent dans ces espaces de nature s’explique par le sentiment d’équilibre et de calme qu’ils procurent. Il existe un grand nombre de type de jardins dit japonais : - Le jardin tableau, placé et conçu de façon à ce qu’on puisse contempler l’ensemble quelque soit l’endroit où l’on se trouve. - Le jardin sec, aussi appelé jardin zen, qui symbolise le monde et de grand paysage de montagne et d’eau. C’est un jardin de contemplation qui incite à la promenade mentale et spirituelle. A la base les jardins zen ne sont pas dédiés à la méditation, mais la notion de propreté, d’entretien et de sobriété permet la réflexion. - Et le jardin de thé qui permet la transition entre le monde quotidien et celui du thé. Les jardins japonais sont rassurants par leur nature sauvage mais «contrôlée». Ils incitent à la réflexion de soi et du monde, et ont aujourd’hui un rapport avec la méditation. Le calme et la sobriété de ces jardins laissent l’esprit libre de voyager sur ce qui est essentiel.
Jardin Tôfuku-Ji à Kyoto 15
http://www.ch-avranches-granville.fr/
http://lebonheurestdanslejardin.org/
EPHAD de Savigny le Temple
unité d’accueil de jour de la résidence Paul Poirier, Granville
Prévention Prévention
Lien Lien social social
Jardin thérapeutique
Clinique Psychiatrique de la Borde Activités Activités Activités physiques physiques
http://vhyblavillehybride.blogspot.fr/
Bien Bien être être quotidien quotidien
Accueil de jour à Agen 16
http://www.ladepeche.fr/
Soin Soin Un EPHAD à Strasbourg
EHPAD = établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes
LES JARDINS THÉRAPEUTIQUES INITIATION
Si depuis les années 1950, les institutions anglaises et américaines redécouvrent les bienfaits pour la santé physique et mentale des jardins et du jardinage, c’est seulement depuis quelques années qu’on entend parler en France de jardins dits «thérapeutiques». Ces jardins visent et s’adaptent souvent à des types de population précise : retraités, personnes atteintes d’Alzheimer, autistes, toxicomanes… Un jardin « thérapeutique » n’a pas pour prétention de soigner une pathologie mais permet de proposer un environnement alternatif et complémentaire aux soins. Le jardin devient alors outil thérapeutique, accompagnant les usagers au quotidien. Il propose non seulement des espaces d’«exercices» et de soins, mais aussi des espaces de détentes, de partages et d’échanges aussi bien pour les patients que pour les soignants et les visiteurs.
UN JARDIN EN MAISON DE RETRAITE
Les jardins dits «thérapeutiques» se développent essentiellement pour les personnes en maisons de retraite. Ces jardins sont souvent adaptés autant pour les personnes âgées en bonne santé que pour les personnes désorientées (souffrant généralement de la maladie d’Alzheimer). Le jardin agit non seulement comme lien social mais aussi comme lieu de soin : les kinésithérapeutes l’utilisent pour la rééducation (marche à pied, parcours de motricité, travail des articulations dans le potager, activités collectives, «step»...), les orthophonistes pour travailler le langage, les psychologues pour réactiver la mémoire : travail des sens, parcours ponctués d’éléments forts (bruit de chute d’eau, passerelle, pergola...), pour susciter la mémoire des personnes atteintes d’Alzheimer... Le potager est aussi un élément important de ces jardins, il favorise non seulement le bien-être physique mais aussi mental des personnes qui le pratiquent. Le jardin peut aussi avoir un rôle préventif face aux syndromes qui apparaissent avec la vieillesse (maladie cardio-vasculaire, psychiatrique et pulmonaire, entretien musculaire, assouplissement des articulations, équilibre psycho-physiologique...) notamment grâce aux activités physiques qu’il incite: marche à pied et travail de la terre, des articulations dans le potager entre autres. Le cas des personnes atteintes de troubles mentaux est très peu abordé. La folie est un sujet encore «tabou», plein d’appréhension, un milieu caché, et la question de l’environnement des personnes atteintes n’est que très peu traité. 17
LE CAS DE LA FOLIE
LA FOLIE
La folie des grandeurs, tomber fou amoureux, être fou de... le terme «folie» est aujourd’hui un terme très utilisé dans la vie quotidienne. Généralement la folie définit un trouble mental, une perte de raison qui engendre souvent des comportements qualifiés d’«anormaux». Elle peut être passagère ou durer dans le temps, provoquée par un choc, un trouble d’exaltation, une émotion violente, ou encore favorisée par le cadre dans lequel le malade a grandit. La mauvaise connaissance des maladies mentales par le grand public et la manière dont les médias montrent ce type de personnes (schizophrène = sérial killer...), entraîne autour des personnes atteintes de troubles une aura de peur. Le terme folie, n’est généralement plus employé en psychiatrie (pour certain ce terme est même injurieux). On lui préfère les termes «troubles psychiques» ou «troubles mentaux». Les personnes atteintes de troubles mentaux souffrent de perte de contact avec la réalité, ce qui interfère avec leur capacité d’action. Les troubles psychiques sont traditionnellement répartis dans deux catégories : les psychoses et les névroses, bien qu’il existe aujourd’hui d’autres types de pathologies que l’on distingue de ces catégories (démences, perversions, addictions, troubles narcissiques...). En France, 18% de la population souffre de troubles psychiques. L’OMS estime que 25% de la population mondiale est concernée à un moment ou un autre de sa vie par un trouble mental. On retrouve parmi les troubles les plus courants : la dépression, l’anxiété, les TOC, la schizophrénie et les phobies. 18
« J'étais en train de marcher le long de la route avec deux amis - le soleil se couchait - soudain le ciel devint rouge sang – j'ai fait une pause, me sentant épuisé, et me suis appuyé contre la grille il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleunoir et de la ville - mes amis ont continué à marcher, et je suis resté là tremblant d'anxiété - et j'ai entendu un cri infini déchirer la Nature » Edvard Munch
Le Cri - Edvart Munch
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Darryl Cunningham, 2012, Fables psychiatriques
PSYCHOTIQUES
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NÉVROSÉS
Le psychotique n’est pas conscient de son trouble. Cependant il est rarement dupe de son état et perçoit sa maladie avec une forme d’objectivité ou le sentiment qu’elle fait partie de sa personnalité. Il est conscient de sa différence mais pas de son trouble.
Le névrosé est conscient de son trouble. Il a parfaitement conscience du mal qui le frappe et peut le combattre en recherchant les causes autour de lui.
Pour le psychotique le délire est une réalité. Le sujet psychotique est caractérisé entre autres par deux critères récurrents : - la perte de contact avec la réalité : soit à travers la disparition du sens des choses, soit à travers la construction d’une autre réalité (délire). La perte de contact se manifeste aussi par des actes inappropriés, des erreurs de jugement, des troubles de la perception et des sensations hallucinations, illusions...) - les troubles de l’identité : ils prennent de multiples formes : pertes de repères corporels, modifications de l’image du corps, incertitude concernant l’identité de genre (homme ou femme), manière inappropriée de se définir...
Le sujet névrosé a une perception peu altérée de la réalité qui l’entoure, de son trouble qu’il peut décrire en général. Il n’a ni délire ni hallucinations. Il garde toute sa lucidité, toute sa raison, bien que celle-ci puisse fléchir, et le conduise à vivre sur ce qu’on peut appeler une «logique morose»
Les troubles jouent sur la capacité d’agir du malade.
Les troubles, d'ordre affectif, ne diminuent en rien les facultés du malade.
- La schizophrénie : délires, hallucinations, trouble du langage, comportement catatonique ou désorganisé, isolement social... - La paranoïa : un délire systématisé, sans affaiblissement des capacités intellectuelles, méfiance, orgueil, susceptibilité... réactions agressives envers les autres fréquentes et violentes. - La psychose hallucinatoire : conviction délirante inébranlable, sensation pathologique en l’absence de tout stimulus. - La psychose maniaco-dépressive : troubles spécifiques de l’humeur (manie, dépression), cycliques.
- La névrose d’angoisse ou de panique : crises de peurs intenses, incontrôlées et sans raison, «crise d’angoisse». - L’anxiété chronique : sentiment d’insécurité, de tension... - La névrose phobique : une peur incontrolable face à un objet ou une situation n’ayant pas en eux-mêmes un caractère objectivement dangereux, l’angoisse disparaissant en l’absence de l’objet ou de la situation, agoraphobie, claustrophobie... - La névrose hystérique : reaction excessive et hypersensible. - Les Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC).
Darryl Cunningham, 2012, Fables psychiatriques
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TROUBLE DE L’IDENTITÉ
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DÉPRESSION
PARANOÏA
TOC
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HISTOIRE DE LA PLACE DU FOU À TRAVERS LES ÂGES
LE MOYEN-AGE : LA FOLIE D’ORIGINE DIVINE
Au Moyen-Âge, la parole est donnée aux fous, la folie est mise au premier plan et devient sujet de discussion, prenant le relais de la lèpre (qui vient d’être éradiquée) et de la hantise de la mort. Le fou occupe une vraie place dans la société médiévale qui éprouve de la compassion pour les gueux et les simples. Le fou inspire la charité et l’assistance. Cependant, il incarne aussi les faiblesses des hommes, leurs vices et leurs inconséquences. Il renvoie à chacun ses doutes, ses angoisses, et fait écho à la dureté de la vie à cette époque. Il n’est pas rare à l’époque de croiser le joyeux «idiot du village» qui chante faux mais dont la voix célèbre le Gloire à Dieu. Folie et religion sont étroitement liées au Moyen Age. «Le crétin est un vrai chrétien». On considère que la folie est d’origine divine : la folie est une manifestation du diable. A partir du XIIe siècle on tend à assimiler folie et perversion mentale : les infidèles, les athéistes et les juifs étaient considérés comme des fous en puissance. Les fous ayant un degré de folie fort élevé sont généralement enfermés dans la grange familiale ou confiés à l’Eglise. Même si l’emprisonnement reste exceptionnel. Les religieux pratiquaient des exorcismes, tentant de faire sortir le démon du corps du fou, mais des pratiques médicales étaient aussi mises en place : lithotomie (extraction de la pierre de la folie), saignée, choc émotionnel ponctuel... La cure se faisait sur du long terme car elle visait à régulariser l’ensemble de la vie du fou.
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LA RENAISSANCE : LE FOU DU ROI
« On juge le degré de civilisation Au XVIe siècle, Érasme souligne l’importance des bouffons auprès d’une société à la manière dont des rois dans son Éloge de la folie (les «bouffons» existaient déjà elle traite ses fous » au moyen âge). Cet amuseur pouvait également être un homme Lucien Bonnafé d’esprit formé à divertir la noblesse. Lors de la fête dédiée aux fous, le «Carnaval», les hommes, accablés par la maladie, la souffrance et la mort, y trouvaient un apaisement en se défoulant démesurément: déguisements, jeux vulgaires (comme le Pétengueule), fantaisies verbales... Il se passait alors un renversement de la vie ordinaire. Les fêtes des fous visaient plus précisément les dignitaires de l’Église en procédant à l’élection de l’Évêque de la Déraison, de l’Abbé de la Malgouverne, du Pape des Fous… Ce renversement de la société est visible dans les représentations de l’époque comme La Nef des fous de J.Bosch. Ce tableau permet de dénoncer les péchés de gourmandise et de luxure qui mènent l’église, et plus globalement les hommes, à la dérive.
La Nef des fous - Jérôme Bosch
A la Renaissance, deux types de folie se distinguent : la Folie tragique - soutenue par Bosch et Brueghel et plus tard par Goya, Van Gogh, Artaud et Nietzsche, où le fou est considéré comme un passager, un symbole de la condition humaine mais qui a aussi partie liée avec les forces du mal et des ténèbres - et la Folie apprivoisée, la Folie critique - soutenue par Erasme, où la folie dialogue avec la raison mais on évoque cette folie pour critiquer l’illusion humaine et sa prétention. C’est ce dernier type de folie qui va permettre l’avancée de la science médicale. 25
L’AGE CLASSIQUE : LE << GRAND RENFERMEMENT >>
Don quixote, Picasso 26
Au XVIIe siècle, le fou est rejeté, tenu à l’écart, il n’est plus présent dans l’espace social. Au même titre que ceux qui «dérangent l’ordre établi» : les pauvres, les débauchés, les mendiants, les vagabonds... les fous sont enfermés dans l’Hôpital général. Le fou fait partie de ceux qu’il faut «corriger». L’Hôpital Général se présente donc avant tout comme une institution carcérale où, par le repentir et le dressage, on s’efforce d’éliminer la pauvreté et la «mauvaise graine» du pays. Ce «grand renfermement», comme l’appelle Michel Foucault dans Histoire de la folie à l’âge classique, est dû au clivage raison/folie qui se fait explicitement en philosophie avec le «moment cartésien»: la folie, aux yeux de Descartes, représente une altérité totale par rapport à la raison. C’est aussi à cette époque que le fou apparaît pour la première fois dans la littérature comme un potentiel héros. Un très bon exemple est celui de Don Quichotte de Cervantes, où un chevalier fou fuit la réalité insupportable et angoissante, pour se réfugier, grâce aux hallucinations et au délire, dans un passé imaginaire et merveilleux. La littérature apporte une large contribution à l’évolution des idées concernant la folie. Elle se détourne réellement des explications irrationnelles, démoniaques ou superstitieuses, pour céder la place à l’observation, au raisonnement déductif et aux considérations psychologiques.
William Hogarth
www.lewebpedagogique.com/folieaucinema
« Je les ai vus nus, couverts de haillons, n’ayant que la paille pour se garantir de la froide humidité du pavé sur lequel ils sont étendus. Je les ai vus grossièrement nourris, privés d’air pour respirer ; d’eau pour étancher leur soif et des choses les plus nécessaires à la vie. Je les ai vus livrés à de véritables geôliers, abandonnés à leur brutale surveillance. Je les ai vus dans des réduits étroits, sales, infects, sans air, sans lumière, enfermés dans des antres où l’on craindrait de renfermer des bêtes féroces, que le luxe des gouvernements entretient à grands frais dans les capitales. » Gravure du XVIIIe, de William Hogarth
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FIN XVIIIE / XIXE SIECLE : INTERNEMENT MÉDICALISÉ
Ainsi, alors que la folie est à l’étude et que l’on cherche à en apprécier toutes les manifestations, la condition de vie de l’aliéné reste toujours aussi déplorable. On peut dire, en somme, que les Lumières de la psychiatrie ont fonctionné (avec d’autres procédés et modalités) selon la même logique qui mena au grand renfermement du XVII° siècle. 28
Académis Nationale de Médecine, Paris
L’enfermement des fous avec les pauvres s’est très vite avéré être une mauvaise solution, car les fous se mêlent très mal à la population de l’Hôpital Général. Si on songe très vite à séparer les fous des autres cas, ce n’est pas dans l’intention de leur prodiguer des soins ou de leur assurer un mieux-être, mais simplement pour résoudre un problème de cohabitation. C’est seulement la fin du XVIIIe siècle que la folie trouve une place particulière, distincte des autres formes de marginalité. Si les pauvres, vagabonds... sont «libérés» pour des raisons économiques (on se rend compte qu’ils sont plus rentables sur le marché du travail qu’enfermés), les fous quant à eux, restent seuls dans les lieux d’enfermement. A ce moment-là, les fous sont exhibés à la bourgeoisie qui vient le dimanche se divertir en les regardant. C’est à cette époque que l’on voit naître l’asile, la médicalisation de l’internement. La folie devient «maladie mentale» et la science psychiatrique commence à se développer. Bien que les fous soient libérés de leurs chaînes, ils ne sont toujours pas considérés comme des hommes à part entière : le fou perd toute autonomie, il est privé du moindre choix et de la liberté de parole et d’action. Il devient un sujet scientifique. De bête dangereuse, il est devenu enfant sous tutelle, réduit au silence, à l’absence d’œuvre et donc encore exclu. Les médecins classent les maladies mentales en espèces, classes ou genres. Les troubles mentaux sont reconnus, décrits et répertoriés. En y mettant de l’ordre, on s’imagine avoir une plus grande maîtrise de la maladie, sans pour autant aboutir à une meilleure compréhension, ni à des méthodes de traitement plus appropriées. Représentation du Dr Esquirol, en 1837 En 1838, le Dr Esquirol propose pour la première fois une classification des diverses formes de folie, avec leurs symptomatologies, leurs causes et leurs traitements.
SYNTHÈSE MOYEN-ÂGE X - XVE «LIBERTÉ», PLACE DANS LA SOCIÉTÉ
RENAISSANCE FIN XVE - XVIE
RUPTURE ÂGE CLASSIQUE XVIIE
ENFERMEMENT, EXCLUSION FIN XVIIIE - XIXE
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LA PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE : UN PREMIER PAS VERS DES THÉRAPIES ALTERNATIVES
Au XIXe siècle naissent l’asile et la psychiatrie. Le fou n’est plus uniquement sujet d’étude mais sujet de soin. Fin du XIXe siècle et début XXe, la psychiatrie affirme de nouvelles certitudes en multipliant les classifications, en créant de nouvelles entités (névroses / psychoses entre autre) et faisant de nouvelles découvertes qui vont faire apparaître de nouveaux types de thérapies, alternatives aux médicaments : l’hypnose de Charcot, les découvertes et la psychanalyse de Freud... Au XXe siècle la psychiatrie s’est donnée pour mission de remplir une fonction sociale, d’intervenir partout où la souffrance psychique pouvait se manifester. La notion de “Santé Mentale” s’est imposée et avec elle les idées de sectorisation et de prévention. Depuis les découvertes de Charcot et Freud, la psychothérapie a vu naître de nouveaux types de thérapies parfois bénéfiques et parfois non concluant comme l’expérience «les querelles de chapelle» en Italie : les asiles ont été fermés et les fous remis dans la ville, avec le reste du monde (réf à l’époque du Moyen-âge). Les malades se sont retrouvés livrés à eux même, sans point de repère, et n’ont pas trouvé leur place dans la société. Parmi les types de thérapies aux résultats positifs, on note l’intégration du principe de «la pleine conscience» (ou mindfulness) à la psychothérapie. Cette pratique existe depuis plus de 2000 ans mais n’est utilisé en thérapie que depuis quelques années. Elle se base sur un processus de méditation et vise la réduction du stress, la prévention de rechute dépressive, la disparition des états d’angoisse et recentre le patient sur le moment présent (sensation, respiration, environnement...). Depuis la moitié du XXe siècle est apparu un nouveau type de thérapie : la psychothérapie institutionnelle qui met au centre de sa pratique le collectif et les relations. Cependant, ces thérapies alternatives ne sont que des compléments aux médicaments et permettent de limiter les prises mais ne les remplacent pas totalement. 30
UNE THÉRAPIE ALTERNATIVE LES DÉBUTS DE LA PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE
La psychothérapie institutionnelle est un type de thérapie alternative. Ce mouvement est né dans les hôpitaux psychiatriques français à la fin de la seconde guerre mondiale, suite à la découverte de l’effet pathogène de l’hôpital psychiatrique qui conduisait à la déshumanisation du malade et de la prise de conscience de la singularité de la personne et de la souffrance psychique. Dans ce cadre particulier où la politique et les domaines socioculturels sont soucieux de la dignité humaine et de la démocratie, la psychothérapie institutionnelle s’articule autour de deux axes: sociologique et psychanalytique, favorisant ainsi une dynamique d’échanges. Il n’y a pas vraiment de date de naissance ni d’inventeur de la psychothérapie institutionnelle. Les premiers qui ont soulevé, en 1954, que la vie du patient ne se résume pas uniquement aux heures passées chez le psychiatre, mais se joue, comme tout un chacun, sur les 24h de la journée, sont deux américains : Alfred Stanton et Morris Schwartz. Aucune vie ne se résume à quelques instants forts. On considère que le lieu d’origine de la psychothérapie institutionnelle est l’hôpital Saint-Alban en Lozère et comme fondateur François Tosquelles. Mais « l’élan fondateur réside dans la prise de conscience chez certains membres des équipes soignantes qu’ils se comportent avec les malades un peu comme les gardiens des camps des prisonniers.» 3 psychiatres importants dans le monde de la psychothérapie institutionnelle
François TOSQUELLES (1912 - 1994)
Jean OURY (1924 - 2014)
Félix GUATTARI (1930 - 1992) 31
COLLECTIF L’hôpital psychiatrique devient une collectivité où patient et soignant sont sur un pied d’égalité, partageant de nombreux moments lors d’activités, de tâches de la vie quotidienne... Il n’y a pas de mur mais de la coopération et des réunions pour construire ensemble le meilleure environnement possible pour les malades.
LIBERTÉ DE CIRCULATION C’est par la liberté de circulation que les patients vont investir le lieu qui les accueillent, se sentir chez eux et vont faire des rencontres. Ce sont ces relations et cette circulation qui vont permettre aux personnes de se réinscrire dans un parcours de vie, plus signifiant et plus autonome. Circuler permet de prendre conscience de son environnement et du monde qui nous entoure.
32
Psychothérapie institutionnelle
RESPONSABILITÉ Le fait de donner des responsabilités à un patient permet de ne pas le déshumaniser, le rend important et l’oblige à ne pas se décentraliser. Il doit participer aux tâches de la vie quotidienne (repas, vider les poubelles, distribution des médicaments...) et sont parfois responsables d’activités proposées par le Club.
LES PRINCIPES DE LA PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE
La psychothérapie institutionnelle ouvre les portes et propose des activités partagées, là où jusqu’à présent on trouvait l’enfermement, un rythme carcéral, et l’absence d’initiative des malades. «L’hôpital cesse d’être le lieu où l’on est soigné comme par défaut pour devenir le lieu par lequel on est soigné».2 Les hôpitaux et cliniques qui pratiquent cette psychothérapie ne proposent pas uniquement un espace où l’on peut voir son psychiatre mais un vrai espace de vie. Ils prennent en compte l’environnement et l’existant : l’espace dans lequel nous vivons et les gens avec qui nous interagissons, le décor qui nous entoure et l’ambiance sonore, les moyens financiers et l’indépendance dont nous disposons... La psychothérapie institutionnelle part du principe que les malades ne doivent pas être traités «différemment» des autres humains. Ils doivent avoir des responsabilités, agir avec les autres, vivre ensemble, être libre de circuler, faire des rencontres... D’après Jean Oury, grand psychanalyste et psychiatre de la psychothérapie institutionnelle, ce sont les relations sociales «le collectif qui permet à l’institution d’être soignante». Cette thérapie se base sur trois principes (voir schéma ci-contre) : - Le collectif et les relations sociales - La liberté de circulation - La prise de responsabilité Le principe de la psychothérapie institutionnelle repose sur une égalité entre patient et soignant, une vie collective où chacun à des tâches à accomplir et des responsabilités à prendre, où chacun est libre de circuler comme bon lui semble. 2. Emmanuelle Rozier, La clinique de la Borde ou les relations qui soignent, 2014, p.23 33
34
LA CLINIQUE DANS SON TERRITOIRE La psychothérapie dans le Loir et Cher - Etude du socle - La commune de Huisseau sur Cosson - Relation entre la Clinique et sa commune.
Vue sur la clinique de Saumery depuis les champs à l’est de la commune 35
LA PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE DANS LE LOIR ET CHER
VENDOME
BLOIS
2
LES CLINIQUES DU LOIR ET CHER 1 Clinique de Saumery à Huisseau
sur Cosson 2 Clinique de la Chesnaies à Chailles 3 Clinique de la Borde à Cour-Cheverny 36
1 3
BOURGES
TROIS GRANDES CLINIQUES
Le Loir-et-Cher est un département reconnu dans le monde de la psychiatrie. Trois grandes cliniques, pratiquant la Psychothérapie Institutionnelle, s’y trouvent : la Borde (dirigée par la famille Pulliero), la Chesnaies (dirigée par Jean Louis Place) et la clinique de Saumery (dirigée par Amaro de Villanova). La Borde et la Chesnaie font partie des cliniques les plus reconnues à l’échelle nationale et internationale (avec l’hôpital François Tosquelles à Saint-Alban-sur-Limagnole)
LE CHOIX DE LA CLINIQUE
http://www.club-de-la-chesnaie.fr/
Mon choix s’est porté sur la clinique de Saumery après avoir vu le site et rencontré les directeurs respectifs de cette clinique et de celle de la Borde. La clinique de Saumery est moins connue que les deux autres dans le monde de la psychothérapie institutionnelle (ce n’est que depuis les années 80 que cette thérapie y est pratiquée). Le parc, de 32ha, est peu aménagé mais présente un grand potentiel d’aménagement et surtout, il y a une vraie envie de la part des usagers d’investir le parc. Par ailleurs, la clinique de Saumery présente l’avantage d’avoir une situation géographique intéressante : sa proximité avec le village de Huisseau sur Cosson (2km du centre), mais aussi avec le domaine de Chambord (3km du château). Cette situation permet de nombreux échanges et de nombreuses balades dans le territoire.
Clinique de la Borde à Cour-cheverny, Créée en 1953 par Jean Oury Direction : Famille Pulliero 110 places
Clinique de la Chesnaie à Chailles, Créée en 1956 par Claude Jeangirard Direction : Jean Louis Place Environ 100 places
Clinique de Saumery à Huisseau sur Cosson, Créée en 1942 par Dc Olivier Direction : Amaro de Villanova 50 places 37
Ménard
e
La
BLOIS
VINEUIL
ST GERVAIS LA FORET 38
ir Lo
MONTLIVAULT
MASLIVES
ST CLAUDE DE DIRAY
Clinique de Saumery Domaine de Chambord
-
o
Le C
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HUI
SUR U SEA
N
SO COS
D’après les données IGN (QGIS)
n sso
0 Infrastructure linéaire
N
0.5 0.2
2km 1
39
ÉTUDE DU SOCLE La clinique de Saumery se trouve à une interface de 3 entités géologiques et pédologiques : la Grande Sologne, la Sologne viticole et le Val de Loire.
GÉOLOGIE
1
2
3
40
La Région Centre est principalement calcaire. La Sologne est une des seules exceptions géologiques : une île de sable dans un océan de calcaire. La Sologne s’est formée «récemment» : 1. - 200 Millions d’années : La mer recouvre le bassin parisien, déposant des sédiments calcaires (la Beauce). Après le départ de la mer, des lacs s’installent, un immense socle calcaire, très profond, couvre tout le territoire. 2. - 20 Millions d’années : Le Massif Central et les Alpes se créent, par de complexes jeux tectoniques. La Loire, alors affluent de la Seine, érode le Massif Central et dépose sables et argiles dans la future Sologne, qui est alors un affaissement dans le plateau calcaire de la Beauce 3. - 15 Millions d’années : La mer des Faluns vient jusqu’à la future ville de Blois, bouleversant le complexe hydrologique de la région. La Loire est redirigée vers l’ouest, prenant son cours actuel, séparant la cuvette de la Sologne au sud, du plateau calcaire au nord.
PÉDOLOGIE
En Beauce, les sols sont calcaires, formés de dépots limoneux-argileux. Ce sont des sols bien équilibrés, bien structurés, et généralement riches. Ce qui explique la forte occupation agricole. L’irrigation y est quasi généralisée. En Sologne, les sols observés sont majoritairement sableux avec une forte tendance à l’acidification. On observe des zones où l’argile peu perméable affleure. Ils sont marqués par une forte hydromorphie. La réserve en eau y est cependant faible. Les surfaces forestières sont importantes dans la Grande Sologne alors que la Sologne viticole est très cultivée. La Grande Sologne est plus sableuse et plus humide que la Sologne viticole. Le Val de Loire possède un sol qui s’est développé sur une couverture sablolimoneuse et qui repose sur des paléosols qui forment souvent un niveau imperméable. Entre ces deux niveaux nous observons fréquemment un niveau, parfois cimenté par du fer, des graviers et cailloux de silex. Ces sols sont donc en majorité sablo-limoneux, à tendance acides et hydromorphes.
LÉGENDE Lit mineur, alluvions ; Holocène Alluvions; Pleistocène Sable et argile de Sologne, sables hétérométriques, quartzofeldspathiques et argiles interstatifiées ; Burdigalien à Pliocène inférieur Calcaire et marne de Beauce (calcaire de Pithiviers) ; Aquitanien Formation de l’Orléanais et du Blésois, argile à silex, craie; Crétacé supérieur Hydrographie
BEAUCE
ire
o aL
L
ANCIEN LIT DE LA LOIRE OU VAL DE LOIRE son
os eC
L
Clinique de Saumery SOLOGNE HUMIDE / GRANDE SOLOGNE
vron
SOLOGNE VITICOLE
Le Beu 0 N
1
2
5km
D’après les données du BRGM
BLOIS
41
Séquence 1 : la Sologne humide (façonnée par l’homme) et ses chapelets d’étangs hérités du Moyen-âge Séquence 2 : le Cosson canalisé et dévié dans l’enceinte du domaine de Chambord. Le Cosson au niveau de la clinique de Saumery est encore canalisé. Séquence 3 : cours méandreux naturel avec nombreux biefs, traces d’anciens moulins.
Clinique de Saumery RE
L
OI AL
sson
Le Co
3 42
HYDROLOGIE
La clinique de Saumery se trouve au bord du Cosson après le domaine de Chambord. A cet endroit, le cours d’eau est très peu profond (environ 40cm), globalement calme et rectiligne, il est encore canalisé malgré le fait que l’on soit en dehors de Chambord. On note aussi au niveau de la clinique, en bas du coteau, les traces d’un ancien canal. De sa source à sa confluence, le Cosson présente plusieurs facettes façonnées par l’homme et son utilisation du territoire.
1 sson
Le Co
2
Domaine de Chambord
0
0.5
1
2
5km
N
43
TOPOGRAPHIE A
Clinique de Saumery
A’ La-Chausséele-Comte
0.2
0 N
0.1
1km
La géologie détermine une topographie particulière. Au nord de la Loire, le calcaire de Beauce a formé un immense plateau, finissant brutalement par un coteau marqué. Les pentes sud, au contraire, sont beaucoup plus douces, et le coteau est toujours très subtil. Le coteau nord du Cosson descend en pente douce jusqu’au cours d’eau. Au sud, les coteaux sont plus pentus avec au sommet un grand plateau légèrement vallonné. La clinique de Saumery se trouve sur le coteau nord du Cosson à l’ouest du domaine de Chambord. Contrairement au reste du coteau nord, le coteau au niveau de la clinique est court et abrupt, ce qui rend difficile l’accès à l’eau. D’un bout à l’autre du domaine (nord/sud) il y a au maximum 16m de dénivelé.
0.5
COUPE AA’
44
Chemin Mur Route
Route
91
Bois de Saumery
Bâtiments
Clinique
A
IE NC
ON
C
79
83
Agriculture
Le Cosson
85
de la clinique
de Saumery 750m
LA CHAUSSÉE LE COMTE
S OS
Agriculture
Route
CLINIQUE DE SAUMERY
L
NA
A NC
La Chaussée le Comte 0
50 25
200m 100 45
46
LA COMMUNE EN QUELQUES MOTS
Clinique de Saumery
La Chaussée le comte
Lim
ite
de
Huisseau sur Cosson
la
co
mm
un
0.2
Le Chiteau
N
0
e
1km 0.5
La commune de Huisseau sur Cosson est peuplée de 2 304 habitants au dernier recensement (2012). Elle est traversée par le Cosson et est scindée en 3 parties : à l’ouest le Chiteau, au centre Huisseau sur Cosson et à l’est la Chaussée le comte. Elle est rattachée à la communauté de commune du Grand Chambord. La population ne cesse d’augmenter depuis la 2e moitié du XXe siècle, passant de 1202 habitants en 1968 à presque le double aujourd’hui. La majorité des résidences sont relativement grandes (53% des résidences ont 5 pièces ou plus). Il semblerait que la population apprécie le village car plus de la moitié (60%) des habitants résidant à Huisseau sur Cosson y reste plus de 10 ans. La clinique de Saumery se trouve à la limite nord de la Chaussée le comte.
Joël Debuigne
2 304 habitants (en 2012)
0-14 ans 19%
15-29 ans 14.5%
30-60 ans 47.9%
60 et + 19%
51 %
49 %
47
48
LA COMMUNE ET SON COURS D’EAU
Le Cosson est difficilement accessible depuis Huisseau sur Cosson. Seuls quelques espaces sont aménagés et offrent un contact avec le cours d’eau. Le reste du Cosson est bordé de propriétés privées (habitation ou boisement, réserve de chasse). Seul un passage de 350m est possible le long du Cosson au niveau de la Chausséele-comte. Le cheminement est agréable, rythmé, parfois près du cours d’eau, parfois un peu plus éloigné, traversant des ambiances différentes (voir photos ci contre). Ce passage correspond à la largeur du parc de Saumery au niveau du Cosson. Cependant rien ne nous indique que ce qu’on voit sur l’autre rive est le parc d’une clinique psychiatrique, d’autant plus qu’il est très rare qu’un patient vienne le long du Cosson. Zone de vis à vis Parc de la clinique de Saumery
La Chaussée le comte
SUD
Cosson
NORD
0
25 10
50m
49
RELATION ENTRE LA CLINIQUE ET SA COMMUNE UN VRAI PARTENARIAT
La clinique de Saumery, par sa pratique de la psychothérapie institutionnelle (liberté de circulation des patients) et par sa situation géographique, entretient une étroite relation avec Huisseau sur Cosson et le domaine de Chambord. Le domaine est visible dans le paysage, ce n’est pas un endroit qu’on cherche à cacher. Le maire de la commune se dit «fier de la présence d’une clinique comme celle de Saumery» sur son territoire. Tous les habitants connaissent l’existence de la clinique, même si la plupart d’entre eux ne sont jamais entrés dans le domaine. Seulement 2.5km séparent la clinique du centre de Huisseau sur Cosson, il n’est donc pas rare de croiser dans les environs, des pensionnaires qui vont acheter des cigarettes, prendre un café ou simplement se balader. Les patients suivent généralement le même chemin pour se rendre au centre du village: ils font une boucle qui part du nord, et reviennent par le sud, tout en suivant les routes. Les trottoirs étant inexistants, le cheminement est peu sécurisé, voire dangereux, et peu agréable. Il existe pourtant un chemin de Grande Randonnée qui traverse les champs, et un chemin le long du Cosson sur 350m au niveau de la Chaussée-lecomte, plus sécurisés et plus agréables. Mais ces chemins rallongent le trajet entre la clinique et le village et sont peu empruntés. Si il est facile de sortir de la clinique, le public ne peut accéder comme bon lui semble à l’intérieur du domaine. En effet, la clinique est un domaine privé, dans lequel on ne peut entrer librement, bien que les portes soient toujours ouvertes. La clinique ouvre ses portes, environ 2-3 fois par an, lors d’occasions spéciales : par exemple la chasse aux oeufs de Pâques des enfants de l’école de Huisseau sur Cosson, la chasse au trésor du centre aéré, les présentations du Club (ex : expositions photographique, ...), l’intervention d’artistes divers sur le site (ex : le tournage du 1e clip de An End dans le domaine), les journées du Patrimoine ou encore des événements organisés par le Club thérapeutique de Saumery (ex : braderie, carnaval, balade théâtrale...). 50
VUES SUR LA CLINIQUE DEPUIS LE TERRITOIRE
Vue depuis Maslives sur Saumery
Vue depuis le GR au sud-est du domaine
Vue depuis la rue de Saumery 51
Il existe aussi des moments de rencontre comme la fête du 14 juillet où pensionnaires et habitants du village se réunissent sur la place de la mairie. Selon le maire, le présence de la clinique de Saumery est un vrai point positif au niveau social, relationnel comme au niveau économique (création d’emploi...). La commune accueille ponctuellement des patients comme stagiaires à la mairie et inversement la clinique accueille des jeunes voulant découvrir le monde de la psychiatrie comme stagiaires. La commune et la clinique sont de vrais «partenaires». Dans cette dynamique de partenariat, Huisseau et Saumery se prêtent des terrains et locaux en cas de nécessité : une place pour faire la brocante du village à Saumery, la salle des fêtes du village pour des conférences et congrès national en psychiatrie... Outre les échanges avec la commune, il existe une vraie relation entre les différentes cliniques du Loir et Cher qui se regroupent régulièrement pour des activités collectives.
http://www.clubdesaumery.fr/
Exposition de l’atelier photo ouverte à tous : La main à plume vaut la main à charrue
«Je peux faire de la photo depuis que j’ai moins peur des corps. Le mien et celui des autres.» C.
52
ÉCHANGES ENTRE LA CLINIQUE ET LA COMMUNE
Echanges/Prêts de locaux et de terrain
La mairie et le village
La clinique
Echanges sociaux
ÉCHANGES ENTRE LES CLINIQUES DU TERRITOIRE
Clinique de la Borde, Cour-Cheverny
Clinique de Saumery, Huisseau sur Cosson Echanges, rencontres, compétitions, activités collectives
Clinique de la Chesnaie, Chailles
53
Maslives
le Saumery
Clinique de Saumery Domaine de Chambord
La ChaussĂŠe-lecomte
Huisseau sur Cosson
0.2
0 N
54
0.1
1km 0.5
ForĂŞt domaniale de boulogne
ACCESSIBILITÉ
VISIBILITÉ
OCCUPATION DU SOL
Porte du domaine de la clinique
Site visible depuis le territoire
Blé tendre Orge
Portes piétonnes non empruntées aujourd’hui
Point de vue intéressant Colza Zone de covisibilité
Boucle généralement empruntée par les patients pour aller à Huisseau sur Cosson Chemin de Randonnée
Tournesol Le mur: Maïs Mur visible de loin non couvert
Légumes et fleurs
Grande Mur visible de loin couvert de végétation
Chemin le long du Cosson Zone inaccessible le long du Cosson
Semences Autres céréales
Mur non couvert mais avec peu de recul
Divers Fruit à coque
Place de rencontre avec le grand public
Gel Prairie temporaire Prairie permanente Vignes Boisement accessible au grand public Boisement interdit au grand public 55
56
LA CLINIQUE DE SAUMERY Découverte du site - Occupation du sol - Histoire et patrimoine Fonctionnement institutionnel - Les usagers et le parc
Entrée principale de la clinique, depuis la rue de Saumery.
57
57
DÉCOUVERTE DU SITE PREMIÈRE IMPRESSION
Mon premier contact avec la clinique s’est fait par le biais du directeur de celle-ci, un homme ambitieux et motivé par l’idée d’aménager le parc de Saumery. J’ai d’abord découvert la clinique de Saumery depuis son extérieur : son mur, ses limites parfois imprécises, sa place dans le territoire, sa relation avec la commune, son importance aussi bien sur le plan physique que social, ses entrées... Je ne savais pas encore à l’époque, en me baladant le long du Cosson à la Chaussée le comte, que ce que je voyais sur l’autre rive était une partie du parc de la clinique. Les parcelles privées le long du cours d’eau m’empêchaient de comprendre jusqu’où allait l’enceinte du parc. C’est seulement une fois dans le domaine que j’ai compris que le Cosson était une des limites du site, faisant office de mur au sud du parc. La première fois que je suis entrée dans le parc, je n’étais pas accompagnée. J’étais à la fois excitée et pleine d’appréhension à l’idée de découvrir ce lieu qui m’était inconnu, mais que j’avais déjà découvert depuis l’extérieur et à travers des photographies aériennes. Ce lieu qui se dit ouvert à tous mais qui est pourtant difficile à pénétrer. Je ne savais pas vraiment ce que j’y trouverais, les mystères qu’il allait renfermer, et surtout comment se passerait le contact avec les personnes du site. Je savais que la psychothérapie institutionnelle favorisait les contacts entre les gens mais j’étais surprise de voir à quel point les gens sont accueillants et curieux. «Qui es-tu?», «Qu’est-ce que tu fais là?», «Tu es moniteur?», «Tu veux une cigarette?»... Le contact, avec les patients comme les moniteurs, est très simple. Au fil du temps j’ai commencé à comprendre d’avantage la vie à la clinique. C’est perturbant : les patients ne portent pas d’uniforme, et si certains patients sont facilement reconnaissables, il y en a d’autres pour lesquels il est difficile de savoir s’il est pensionnaire ou moniteur. Et inversement il m’est aussi arrivé de prendre des moniteurs pour des patients. J’ai découvert les locaux, imbibés d’histoire, dans lesquels vivaient les patients, la diversité d’activités proposées... Mes balades dans le parc ont été très riches. J’ai découvert les différentes ambiances du site, la cabane de Chamerolles cachée au milieu du parc ouest, la stèle où se retrouve quelques patients pour fumer une cigarette, l’ancienne pompe à eau, aujourd’hui en ruine, le potager abandonné...
58
DE L’EXTÉRIEUR...
La clinique depuis la rue de Saumery
L’entrée principale de la clinique (à l’est)
La clinique depuis Maslives
L’entrée secondaire de la clinique (au nord ouest)
59
Carte sensible de Saumery
60
... VERS L’INTÉRIEUR
« Etre un peu fou, c’est humain. » « L’angoisse c’est la fin du monde, partout, tout le temps. » « J’aurais aimé connaître cet endroit plus tôt. On est bien ici. » « La forêt de Saumery, c’est excitant... à la fois on a peur de s’y perdre et en même temps on sait qu’on est jamais loin du château. » « Je ne souhaite ce malheur à personne. » « Moi si on me disait un souhait, du moment que je ne souffre pas dans la vie jusqu’à 100 ans du pain, de l’eau... ça me suffit du pain, de l’eau. » « La photographie me fait du bien, je ne pense plus à rien dans ces cas là, juste aux couleurs, à la lumière… » « Moi je ne vais pas dans la forêt, j’ai peur des serpents. » «En général, je vais crier tout seul dans la forêt. » « Certains psychiatres pensent encore que les murs soignent. C’est pas les murs qui soignent, c’est l’accueil, la parole. » « Tu verras, c’est dur de travailler ici jeune fille. Moi je ne travaillerais pas ici » « J’ai loupé le train de la vie. »
Phrases que l’on m’a dites lors de mes passages dans les cliniques du Loir et Cher, ou que j’ai entendu dire (cf emission du 26.12.13 sur France 5 «Entre autre, la clinique de saumery»)
61
Les photos qui suivent proposent un voyage à travers le parc de Saumery, passant par le boisement au nord, rectiligne, au sous bois inaccessible, la cabane de Chamerolles, le boisement sud, aux dÊambulations sinueuses, le long du Cosson, avant de remonter vers le château. 62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
OCCUPATION DU SOL
32
Ha de Parc
dont 70 % de boisement
N
200m
50
0 25
100
50 Patients à la Clinique 15 Places pour l’Hôpital de Jour 4 Médecins 77
ZONAGE DE L’OCCUPATION DU SOL INTÉRIEUR DE LA CLINIQUE
EXTÉRIEUR DE LA CLINIQUE
Centre médical, bâtiments de la clinique
ENTRE DEUX
Urbanisation dominante
Cosson
Agriculture dominante
Mur de la Clinique
Ouverture, grandes pelouses
Boisement
Ancien potager
Terrain de Sport
Le Bassin Le Saumery Terrain de sport Terrains agricoles
Domaine de Chambord
Terrains agricoles La Chaussée le comte 0 N
78
100 50
500m 200
LES DIFFÉRENTS TYPES DE BOISEMENTS
Boisement nord
Boisement sud
Boisement le long du Cosson
Boisement sud est
Feuillus principalement (chêne et charme)
Feuillus principalement (chêne et charme)
Feuillus principalement (chêne et charme)
Feuillus et conifères (Ifs essentiellement)
Sous bois innaccessible, couvert de ruscus
Sous bois accessible
Sous bois accessible, presque inexistant
Sous bois accessible
Chemins rectilignes
Chemins sinueux
Chemins inexistants
Chemins sinueux
Présence de quelques gros gibiers (chevreuil et sanglier)
79
RELATION AVEC L’EXTÉRIEUR
Si le domaine est bien visible dans son territoire, une fois à l’intérieur, il est quasiment impossible de voir l’extérieur. Le mur et le boisement qui bordent le parc de la clinique apparaissent non seulement comme protecteurs d’un cocon central mais aussi comme rupture avec le monde extérieur. La clinique est coupée du reste du monde, bien que les portes soient toujours ouvertes dans la journée.
A l’est et à l’ouest, le domaine est bordé de terrain agricole. Le domaine apparaît comme une barrière entre ces deux espaces agricoles : un cocon de verdure au milieu des champs
Au nord, le mur crée une barrière entre le boisement nord de Saumery et le «Saumery». Le boisement est sensiblement le même : majoritairement des chênes et des charmes, traversé par des chemins rectilignes. Le sous bois, toutefois, diffère : il est bien plus dense dans le parc. Une continuité serait possible sans le mur.
Au sud, le Cosson est le seul endroit qui permet une connexion avec l’extérieur. L’absence de mur et un boisement dégagé permettent une covisibilité entre les deux rives du cours d’eau.
80
ESPACES QUI SE DISTINGUENT Le château de Saumery, bâtiment principal de la clinique.
La cabane de Chamerolle
Ancien court de tennis
La stèle
Ancienne pompe à eau
Ancien potager
0 N
50 25
200m 100 81
3 ÉLÉMENTS IMPORTANTS DANS LE DOMAINE
82
MINÉRAL: Le minéral est un élément remarquable sur le site. Il est présent non seulement dans l’architecture des bâtiments mais aussi tout autour du site, avec la présence du mur. Il est aussi présent ponctuellement au niveau de ruines de vieux bâtiments éparpillés dans le parc et au niveau de la stèle. Globalement la pierre semble être un élément rassurant pour les patients : c’est lisse, c’est solide.
VÉGÉTAL: Le végétal est présent sous de nombreuses formes dans le site : arbre isolé majestueux, haie de laurier, boisement de feuillus, boisement mixte (conifère et feuillus), sous bois dense et sous bois éparse, alignement... Cette diversité permet de créer une palette d’ambiances différentes. Le boisement tout autour du parc, crée un écrin autour de la clinique.
Anciennes grange et écuries
Le boisement de l’étoile
EAU: L’eau est peu présente physiquement sur le site. Cependant, le Cosson et son ancien canal (aujourd’hui zone humide) ainsi que la vieille pompe à eau, sont des éléments non négligeables. Le long du cours d’eau est un espace calme et frais. L’eau est aussi visible au niveau du bassin, qui servait autrefois à laver les chevaux. Si l’eau n’est pas visible au niveau du château, de nombreux puits rappellent à cet élément.
Le bassin 83
HISTOIRE ET PATRIMOINE
perche-gouet.com
HISTOIRE DE SAUMERY
ADLC
Gravure du XVIIe, Chambord
84
Plan des forêts de Blois, Russy, Boulogne et du parc de Chambord fin XVIIe - (nord en bas) Le domaine de Saumery est bien visible
LES PREMIERS PROPRIÉTAIRES DE SAUMERY 1200 Plus ancienne mention du nom de Saumery : Radulphus de Saumery
1284 Propriétaire du Chateau de Saumery à l’époque : Oudin Malmouche
1578 Jacqueline Salviati, douairière de Saumery
SAUMERY LIÉ A CHAMBORD XVI Construction de Chambord
XVII / Jacques François de Johanne de Carré : Marquis de Saumery et XVIII Capitaine de Garde de Chambord (1690-1697 : Le capitaine assure la garde et la conservation du domaine et de ses animaux). « Saumery était le nid de Chambord » : La cour s’y réfugiait en hiver, alors que Chambord était trop froid et non chauffé, et en été, lorsque Chambord était envahi par les moustiques. C’est à cette époque que d’importants travaux sont réalisés. Ils conduisent à la configuration actuelle du château
fin Il n’y a plus de capitaine de Garde à Chambord. XVIII
85
www.culture.gouv.fr www.delcampe.fr
Photographies de Lemaire, Gustave William, entre 1900 et 1920 à gauche : un salon de Saumery - à droite : le parc de Saumery, façade nord
Photo LECOMTE Blois
Carte postale, année inconnue. Jardin à la française, façade nord.
Carte postale, photographie prise dans les années 1940’s. Sans doute les premiers patients de la clinique.
86
2e
RETOUR AUX PROPRIÉTÉS PRIVÉES
partie du
Remaniement du château de Saumery
XIX
Propriétaire du château de Saumery : Monsieur de Bassetière du XX (successeur à la famille de la Carré par mariage), Parc aménagé en jardin « à l’anglaise ». (photos ci contre) Début
1915 Chambord appartient à l’Etat
APPARITION DE LA CLINIQUE
1938 Le Docteur Olivier, ancien directeur de l’hôpital psychiatrique de Blois, décide de fonder et de diriger la clinique de Saumery au château de Saumery. 1942 Lors de la Seconde Guerre Mondiale, l’asile départemental de Blois est désaffecté par les Allemands. La moitié des fous qui sont sur place sont placés dans d’autres cliniques alors que l’autre moitié est dispersée dans la nature. Saumery Joue un rôle décisif en cachant en son sein des juifs. 1949 Arrivée de Jean Oury à Saumery. La clinique abrite à l’époque 12 patients uniquement. 1950 Jean Oury est nommé directeur de Saumery et tente d’y instaurer la Psychothérapie Institutionnelle. Félix Gattari arrive à cette époque à Saumery. On compte une quarantaine de patients. 1953 Jean Oury quitte la clinique avec les patients qu’elle abrite où les problèmes matériels et administratifs ne permettaient pas d’exercer la Psychothérapie Institutionnelle.
1981 Première référence à la psychothérapie institutionnelle à Saumery
87
ÉVOLUTION DU PARC
Saumery 1950
Boisement
Zone urbanisée (la Chaussée le comte)
Route
Nouveau boisement
Place
Mur
Boisement remarquable
Vignes
Eau (Cosson et bassin)
Arbre isolé
88
Saumery 1964
Parcelle au sein du domaine
Saumery 1983
Saumery aujourd’hui
D’après les photos aériennes anciennes, on note différents changements ces 50 dernières années : le rapport à l’eau, l’abandon du potager, l’agrandissement des parcelles, et l’étalement du boisement. Si autrefois une percée reliait le château et le cours d’eau, ce lien est aujourd’hui invisible. Le type de boisement différent, qui se distinguait au bord du Cosson, n’est aujourd’hui plus marqué et se confond dans le reste du boisement. Le contact entre le château et le Cosson est perdu. La pompe et l’ancien canal sont abandonnés et le Cosson est devenu difficile d’accès. On peut facilement voir l’abandon progressif du potager, autrefois découpé comme des parcelles agricoles, il est aujourd’hui couvert de boisement. 89
DES TRACES DU PASSÉ
TRACÉ RECTILIGNE DU XVIIE SIÈCLE
TRACÉ SINUEUX DU XIXE SIÈCLE
N
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50
0 25
200m 100
Premiers tracés
Les bâtiments de la clinique. Les bâtiments visibles aujourd’hui datent du XVIIe s.
Les douves sèches : Ce sont les marques les plus vieilles visibles sur le site. Elles datent du premier manoir, avant la construction du château de Saumery, soit avant le XVIIe siècle. Autrefois, les douves entouraient le bâtiment du château. Aujourd’hui seule celle à l’est est préservée, et on peut voir des traces de celle à l’ouest.
Le bassin Aussi appelé la «piscine», le bassin aujourd’hui abandonné servait au XVIIe s. pour laver les chevaux. Les murs du potager Les bâtiments et l’ancienne serre du potager Les murs et les bâtiments du potager ont été construits au XVIIe s. Depuis, le potager a beaucoup changé : parfois à rendement nutritif, parfois couvert de vigne, parfois jardin d’agrément... La date de la construction de la serre n’est pas connue.
Le mur : Il a été construit relativement en même temps que celui de Chambord, soit au XVIIe s. Nouveau périmètre du mur: Une partie du domaine au sud est a été vendu au XXe s. Une extension de mur a donc été construite au sud du domaine à cette époque.
La cabane du Chamerolles La cabane a été construite au XXe s. elle tient son nom du château de Chamerolles, vers Orléans, qui appartenait autrefois au comte de Saumery. L’ancienne pompe à eau, le canal le muret de retenue d’eau et l’ancien pont Date de construction inconnue, sans doute XVIIe s. Un canal et la pompe à eau ont été créés afin de remonter l’eau du Cosson jusqu’au château. Les puits Date de construction inconnue, sans doute XVIIe s.
1. La douve sèche restante - 2. Trace de l’ancien pont - 3. Les murs du potager, au fond un des bâtiments qui servaient de remise à outils 4. Le mur du domaine au nord - 5. Ancienne porcherie - 6. Trace d’un muret qui retenait l’eau du canal.
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6 91
FONCTIONNEMENT INSTITUTIONNEL LA PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE À SAUMERY
La clinique de Saumery fait partie des quelques cliniques européennes à pratiquer la psychothérapie institutionnelle. C’est à dire que le patient est considéré avant tout comme un humain : libre de faire des rencontres et d’interagir avec d’autres personnes, égal face aux médecins et moniteurs, libre de circuler et possédant des responsabilités. Cela ne veut pas dire pour autant que les médicaments sont bannis. La liberté donnée aux pensionnaires complète les cachets et dans certains cas limites la quantité et le nombre de prise. La clinique fonctionne comme une collectivité où chacun a des choses à faire pour que les gens puissent vivre convenablement ensemble : faire son lit, préparer à manger, vider les poubelles... Malgré la taille du parc, tout est à taille humaine : des déplacements à pied possibles et favorisés, des bâtiments hauts mais pas écrasants... De nombreuses activités sont proposées toute la journée aux patients, grâce au Club (cf. page suivante). Ces activités permettent de créer des liens entre les gens, de s’inscrire dans un espace de rencontre et d’échanges, de participer au collectif. Toutes personnes étant sur le site, différentes des médecins, sont considérées comme «moniteur». Les médecins n’ont pas la même relation avec les patients que les moniteurs. Parmi les moniteurs, on distingue 2 catégories, les personnes de l’administration et les autres. Les autres moniteurs ont généralement une relation plus approfondie avec les patients. Chaque pensionnaire a généralement un ou quelques moniteurs comme figure de référence, avec qui il entretient une relation privilégiée et de confiance. Il y a aujourd’hui 50 patients dans la clinique dont 15 adolescents. La clinique a en effet décidé de s’ouvrir à un public plus jeune (contrairement à la Borde ou la Chesnaie). Cela entraîne une surveillance plus accrue et des cours scolaires au sein de la clinique. Les pensionnaires sont majoritairement psychotiques. De nombreuses réunions collectives permettent de faciliter la communication, régler les problèmes et partager les avis.
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LES ACTEURS DE LA CLINIQUE PROPRIÉTAIRE DU DOMAINE : Monsieur de Bassetière DIRECTEUR DE LA CLINIQUE : Amaro de Villanova
MONITEURS (ENVIRON 30) LES MÉDECINS 4. A.Fontaine A.Lagmoni F. Bommensath C.Motteau
ADMINISTRATION (Accueil, Agent comptable, Commission stage, Secrétaire ... )
ux PENSIONNAIRES
Co
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INTERVENANT EXTÉRIEUR Artiste, professeur,...
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PROFESSIONNELS Infirmiers (essentiellement) Ergothérapeutes Educateurs spécialisés Aide soignants Femmes de ménage Techniciens
Echange, apprentissage
INTERNES (50) HOPITAL DE JOUR Visite
«EXTERNES» (15)
FAMILLE AMIS
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HÔPITAL DE JOUR
L’hôpital de jour accueille des patients à la journée. Il y a 15 places. Certains patients viennent tous les jours, d’autres seulement quelques jours ou une journée par semaine. Les patients de hôpital de jour sont parfois d’anciens patients de la clinique, les portes sont toujours ouvertes aux personnes ayant séjournées sur le site. Le but n’est pas de séparer l’hôpital de jour et la clinique. S’il existe un bâtiment d’accueil aux demipensionnaires, séparé du bâtiment de la clinique, les patients peuvent circuler librement dans les différents bâtiments. Ils ne sont pas restreints au bâtiment de l’hôpital de jour. De même, les pensionnaires internes peuvent se rendre dans le lieu d’accueil des externes. Les plannings de la journée sont affichés à l’hôpital de jour, afin que les patients puissent établir leur planning personnel, s’intégrer à la vie de la clinique et participer aux diverses activités. Neuf moniteurs travaillent uniquement dans l’hôpital de jour.
LE CLUB
Le club est un outil majeur de la psychothérapie institutionnelle. Le club est «un endroit où l’on sait pouvoir retrouver des personnes, chaque jour, et où il est possible de faire des choses ensemble, de parler, prendre des responsabilités, dénoncer quelque chose, critiquer, proposer, créer, inviter des personnes et des projets de l’extérieur, produire un texte, s’inscrire pour une activité, une sortie.»3 C’est un lieu d’expression libre. Ce n’est pas vraiment un lieu à proprement parler, le club est diffus, présent partout, il ne se résume pas à une association regroupant des gens qui se réunissent pour la même chose. Le club propose un grand nombre d’activités très variées (environ 50), qui se peuvent se dérouler au sein du domaine, à l’intérieur des bâtiments comme dans le parc (ex : sport, s’occuper de la bibliothèque, coiffure, dessin, musique, écriture, pâtisserie, modelage, relaxation...), mais aussi à l’extérieur des murs (ex : sorties cinéma, le projet de correspondance avec le Chili...). Certaines activités demandent plus de responsabilité que d’autres, comme par exemple le fait de devoir s’occuper, nourrir les animaux. Les «animateurs» de ces activités peuvent tout aussi bien être des moniteurs ou des pensionnaires. Jean OURY considérait le club comme une plate-forme relationnelle, politique, thérapeutique, signifiante. Les réunions du club, tous les jeudis, permettent aux usagers du site de s’exprimer et de répondre à des problèmes qui subviennent sur le site.
3. Emmanuelle Rozier, La clinique de la Borde ou les relations qui soignent, 2014, p.51 94
RÉUNIONS
Médecins
RENDEZ-VOUS MÉDICAUX
RÉUNION INSTITUTIONNELLE
RÉUNION D’ACCUEIL DU LUNDI MATIN
Pensionnaires
Moniteurs RÉUNION DU CLUB
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ZOOM SUR LES BÂTIMENTS Bâtiment principal de la clinique R+1 : Chambres RdC : Consultations, salon vert, salon bleu, réfectoire, médecin de garde R-1 : Cuisine, gardemanger, caves
R+1 : Chambres RdC : Verrière, salle de danse et consultations
R+1 : Chambres RdC : Pharmacie
R+1 : Salle informatique, grenier RdC : Salle cheminée, salle musique, débarras, anciennes écuries, ancien pressoir, atelier mécanique Bureau de Amaro de Villanova (directeur)
Entrée
Accueil, agent comptable, responsable des conventions, atelier couture et coiffure 5
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4
7 2
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N
Chapelle Laverie et salle de packing (thérapie)
Local à vélos, ancienne orangerie, débarras
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Ancienne porcherie
Pigeonnier Commission stage
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0
Hôpital de jour et CLUB thérapeutique
50m
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5.2
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1. Pigeonnier utilisé lors d’expositions - 2. La verrière devenue fumoir et salle de sports miniaturisés - 3. Pavillon de l’horloge, abrite le bureau du directeur et le CLUB - 4. Façade sud du bâtiment principal de la clinique - 5.1 Bâtiment où se déroulent divers ateliers et 5.2 ancien pressoir - 6. Entrée est de la clinique de Saumery - 7. Au premier plan l’ancienne porcherie et au second plan l’hôpital de jour
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CIRCULATION AUTOMOBILE
Il existe deux entrées au domaine : l’entrée principale à l’est, marquée par un pavillon, et l’entrée secondaire au nord, marquée d’un portail. Ce sont les deux seules entrées possibles pour les véhicules. On distingue 4 places en stabilisé blanc. Il n’y a pas de parking défini, le stationnement est libre. Par conséquent chaque place, en stabilisé blanc, est utilisée, à mauvais escient, comme parking. Les deux places les plus concernées sont les deux places les plus proches des entrées. Les places ne sont donc plus aux piétons, mais à la voiture. L’omniprésence des véhicules crée une rupture entre les bâtiments et le reste du parc. Le piéton n’a pas de place à lui. Il est constamment entouré de mouvement et de bruit. Il est contraint dans cet espace où il devrait être prioritaire. Par ailleurs les séquoias souffrent du tassement de sol provoqué par le passage régulier des véhicules.
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Parking de l’entrée principale
Parking de la place aux séquoias
Parking de la façade sud
Parking de la façade nord 99
LES USAGERS ET LE PARC
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La stèle
«Moi je ne vais pas dans la forêt car j’ai peur des serpents» « Quand on est dans la forêt de Saumery c’est excitant car on a peur de se perdre et en même temps on sait qu’on est jamais loin du château.» Des patients de Saumery
INVESTISSEMENT DU PARC PAR LES USAGERS
(Les usagers sont aussi bien les pensionnaires que les moniteurs, les médecins ou les familles qui viennent rendre visite à leur proche)
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On observe que la plupart des déplacements se font autour du château. Le bâtiment central de la clinique est en effet un point de repère, et un élément rassurant duquel les pensionnaires ne s’éloignent pas. La preuve de l’importance de ce bâtiment est que le seul chemin emprunté par les patients, qui s’éloigne un peu de la clinique, est la grande percée au nord ouest, d’où le château est toujours visible. La balade sinueuse est la balade au sein de la forêt assez fréquemment empruntée, principalement en été. L’atmosphère étant plus intime que dans le boisement nord, les usagers vont parfois dans la forêt sud pour souffler, crier un bon coup, respirer ou être un peu seul. Un espace se distingue aussi, au nord est : le centre de l’étoile, où trône une stèle. Cet espace favorise les rencontres intimes, c’est le seul endroit où l’on peut s’asseoir dans le parc.
100
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Le point central de Saumery : le château qui abrite la clinique
LES USAGES
Plus on s’éloigne des bâtiments de la clinique et plus les usages se font moindres. Non seulement le château est un espace rassurant, mais c’est aussi dans son alentour que la plupart des activités extérieures se déroulent. Les pelouses qui entourent le château sont propices aux activités collectives : activités sportives, rencontres inter-cliniques, concert... et les places entre les bâtiments sont des espaces propices à des activités comme la menuiserie et la mécanique (réparation de vélo). Plus on s’éloigne du château et plus les espaces sont délaissés. Ainsi les bords du Cosson sont très peu fréquentés. L’accès à l’eau n’est pas facilité, non seulement à cause de la topographie, mais aussi à cause d’une volonté de la clinique qui souhaite limiter les contacts avec le cours d’eau pour des raisons de sécurité. Pourtant il est reconnu que l’eau a un effet apaisant. Cet espace le long du cours d’eau présente de vraies potentialités car il existe les marques d’un ancien canal et une ancienne pompe à eau. 102
Le potager abandonné
LES ESPACES ABANDONNÉS
La cabane de Chamerolles
Deux espaces, aujourd’hui abandonnés, se distinguent dans le parc: La cabane de Chamerolles et le potager. La cabane de Chamerolles a été construite au début du XXe siècle. Lorsqu’elle était ouverte au patient, elle proposait un espace de rencontre intime à l’abri des regards, un espace de calme où écouter les oiseaux. C’est à cause de cette intimité que la cabane a été fermée. La cabane est devenue un lieu de «squat», où les patients se cachaient pour fumer et boire car elle est dénuée de toute surveillance. Le potager quant à lui a été abandonné au fil du temps. Si au début de la clinique, le potager restait actif (cf p.80), il a commencé à disparaître dans les années 80. L’atelier potager a été relancé à plusieurs reprises mais une activité comme celle-ci demande vraiment un engagement dans le temps et la durée et ce n’est pas facile de trouver des gens motivés. Par ailleurs l’interdiction de manger ce qui est produit sur le site pour des raisons sanitaires limite l’enthousiasme et l’intérêt d’un potager. La gratitude d’un potager étant de pouvoir ensuite manger ce qu’on a fait pousser soi-même. 103
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L’ÉTOILE : Intimité contrôlée. La centralité de l’étoile est un point de rencontre fréquenté par les patients. On a le sentiment d’être entouré. Les nombreuses branches de l’étoile permettent, depuis le centre, de «guetter» ce qui arrive. Espace de rencontre intime (petit comité). BOISEMENT NORD OUEST : Restriction et visibilité. Les percées permettent de voir loin, on sait où l’on va. Le sous bois très fourni, inaccessible, donne presque l’impression d’être sur des routes bordées. La liberté de mouvement est restreinte. Espace peu investi, peu de promenade GRANDES PELOUSES : Respiration. Seul endroit dégagé dans le domaine. La proximité et la visibilité du château rassurent. Espace de rencontre collective. ANCIEN POTAGER : Lieu d’histoire. On ressent un sentiment d’abandon, de non fini. LES BÂTIMENTS DE LA CLINIQUE : Sécurité. La centralité de la clinique donne un sentiment d’être entouré, protégé, comme dans un cocon. Séparés du monde extérieur, les bâtiments sont des repères. Espace de soin et d’activités. TERRAIN DE SPORT : Lieu réservé au sport, au travail du corps. LES FRICHES : Ouvertures inaccessibles. Elles offrent de larges champs de vision mais restreignent les mouvements. Bien que les friches n’offrent pas un espace propice aux activités et usages, elles sont très intéressantes écologiquement parlant. LE BOISEMENT SUD : Intimité et liberté de circulation. Les nombreux cheminements et le sous bois assez clair donne l’impression de liberté de mouvement. Le fait de ne pas voir où l’on va crée un sentiment d’aventure et d’excitation. Espace de promenades. LE BORD DU COSSON : Humide et relaxant. L’ancien canal et de nombreuses ruines font de ce lieu un lieu riche d’histoire mais abandonné. C’est un milieu calme, humide et reposant. Espace délaissé.
LES AMBIANCES DU PARC N
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OCCUPATION DES SOLS DÉPLACEMENTS TOPOGRAPHIE AMBIANCES USAGES ACTIVITÉS CIRCULATION PATRIMOINE
SYNTHÈSE
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D’après les différentes thématiques abordées précédemment, on note globalement 5 espaces distincts : - L’extérieur du domaine : séparé du reste de la clinique par les murs. Il n’y a pas de réel lien physique et d’usage entre le dedans et le dehors. - La clinique et ses alentours : l’espace le plus fréquenté et le plus usagé du site. C’est là que se passe la plus grande partie des activités, les patients s’éloignent rarement des murs protecteurs des bâtiments. Centre patrimonial historique. - Le boisement nord : délaissé, rarement traversé et fréquenté (à l’exception) de la grande percé et de la stèle. Un sous bois inaccessible et des cheminements droits. - Le boisement sud : parcourus en été. Les patients préfèrent généralement ce cheminement plus sinueux, plus intime. Un sous bois dégagé, permettant un champ de vision plus large et de s’éloigner des sentiers. - Le long du Cosson : espace totalement délaissé, isolé et difficilement accessible. Il présente beaucoup de potentiel mais qui n’est pas mis en avant. Patrimoine historique bien présent. Contact avec l’extérieur grâce au court d’eau. 107
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VERS LE PROJET Constat - Sources d’inspirations et références - Direction du projet A l’échelle de la commune - Au sein du domaine
P., patient à la borde, trouve un certain bien être à s’occuper du potager. 109
CONSTAT
UNE PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE QUI S’EFFACE
Ces dernières années, la clinique de Saumery a tendance à moins s’ouvrir et à moins pratiquer la psychothérapie institutionnelle comme elle l’était autrefois. En effet, il y a 20 ans, il n’était pas rare de voir des artistes résider sur le site de la clinique pendant une ou plusieurs semaines. Avec les patients, ils réalisaient un événement, une exposition qui était par la suite ouverte pendant quelques semaines au grand public. Par ailleurs, le parc était plus ouvert et les promenades plus régulières... Le contact avec l’extérieur et l’éloignement du point de repère qu’est le château commencent peu à peu à disparaître. Deux raisons ont causé ce virement. Tout d’abord les lois n’étaient pas les mêmes que maintenant. Il existe aujourd’hui beaucoup plus de normes de sécurité qu’il n’y avait auparavant. Ainsi on ne peut plus manger ce qu’on produit, les patients n’ont pas le droit de se balader dans le parc s’il ne fait pas beau au cas où une branche leur tombe dessus... Les pensionnaires comme les moniteurs sont donc restreints par ces normes de sécurité. La deuxième raison est le changement du public de la clinique. Depuis quelques années, la clinique accueille des jeunes (entre 15 et 25 ans). Les jeunes étudient une partie de la journée, ce qui limite leur temps libre pour les activités proposées. Par ailleurs, ils préfèrent passer leur temps libre sur leur téléphone portable ou tablette et ne vont plus autant à l’extérieur. Les jeunes demandent plus de surveillance que les adultes. Le monde évolue et il est de plus en plus difficile de pratiquer la psychothérapie institutionnelle dans un milieu contraint. 110
LES CONTRAINTES DUES AU TYPE DE POPULATION DU SITE
Contact avec l’eau limité : risque de noyade
Normes de sécurité de plus en plus nombreuses : interdiction de manger ce qu’on produit...
Surveillance nécessaire et accrue, limiter les espaces isolés qui peuvent inciter à consommer des drogues, de l’alcool...
Limite dans l’aménagement : éviter tout aménagement susceptible d’inciter au suicide
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DES BESOINS DANS LA DYNAMIQUE DE LA PSYCHOTHÉRAPIE «L’autrui de l’autre qui m’échappe et me perturbe est comme une proximité, si étrange soit elle en moi tout intime. Je dois oser approcher cette étrangeté non seulement dans certains actes qui me surprennent mais aussi dans une perlaboration personnelle. Au lieu de demander à l’autre ce qu’il me veut, je peux aussi lui demander ce qu’il veut lui.»
M.Ledoux, 2005, Qu’est ce que je fous là? p.77
112
LE CONTACT AVEC LES AUTRES
LA PRISE DE RESPONSABILITÉ
Le contact avec les autres est très important dans le bien être et la «guérison» des patients. En effet c’est généralement quand ils sont isolés que les délires sont plus présents et plus fort. Les autres que le «soi» est aussi là pour nous faire prendre conscience de la réalité qui nous entoure. Il est important de privilégier les espaces de rencontres aussi bien collectifs qu’intimes, permettant de répondre aux demandes de chacun. Le contact se fait non seulement entre patients, mais aussi avec les moniteurs, les médecins, la famille... Le contact avec le public extérieur est aussi important, il faut le préserver et l’enrichir à l’extérieur de la clinique mais aussi le redévelopper à l’intérieur. Il faut préserver et diversifier les espaces de rencontres à l’extérieur des bâtiments de la clinique.
C’est par la prise de décision et les responsabilités que le patient est humanisé. Comme tout le monde il doit faire certaine choses, gérer son argent et son temps... Avoir des responsabilités entraîne des contacts avec les autres et son espace vital. Elles permettent d’être ancré dans la réalité. Les tâches quotidiennes, les moments de rencontres, la mise en place d’activités et prendre soin des autres font partie des responsabilités. Dans cette dynamique la mise en place d’un atelier jardinage et la prise en charge d’animaux seraient intéressants. De nombreuses activités et rencontres sont possibles autour de ces ateliers et un partenariat avec l’école de Huisseau sur Cosson serait envisageable.
LIBERTÉ DE CIRCULATION
PRISE DE CONSCIENCE DE SOI ET DE SON ENTOURAGE
La liberté de circulation est un des principes les plus importants de la psychothérapie institutionnelle. Malgré les murs, les patients peuvent sortir et se promener librement. Il faut favoriser, faciliter et sécuriser ces différents déplacements. Il est aussi intéressant de travailler la transition entre l’intérieur et l’extérieur et de traiter les limites, non seulement visuellement mais aussi physiquement. Comme le dit Chilpéric de Boiscuillé, il faut envisager les déplacements comme «un flipper»: les gens vont d’un point à un autre, des points qui les attirent et les rassurent, au plus court, et font parfois des rencontres au niveau et entre ces points. Le château étant le point central et le point de repère principal. Apprendre au patient à s’éloigner du château permettra non seulement une prise de conscience de son environnement, de la réalité, mais cela facilitera aussi la transition entre la clinique et le «monde extérieur» lorsque celui-ci quittera la clinique.
Les personnes atteintes de troubles psychotiques ont un problème de connexion avec la réalité. La sollicitation de l’esprit et du corps, par le travail des sens et le contact avec autrui est un moyen de prendre conscience de la réalité qui nous entoure. La liberté de circulation et d’action, favorise cette prise de conscience. Il est important de s’avoir s’arrêter, de prendre du temps pour ressentir ce qui nous entoure et ce qu’on sent : observer, toucher, entendre et sentir. Ces sensations procurent des émotions (peur, peine, joie, excitation, relaxation...) qui sont propres à chacun. Il faut donc favoriser un maximum d’ambiances afin que chacun y trouve son bien être. Stimuler le corps, le pousser vers ses limites, permet de comprendre ce que l’on est physiquement et cela peut être favorisé par l’activité sportive. La prise de conscience de soi et de son environnement se fait aussi bien physiquement que psychologiquement. 113
SOURCES D’INSPIRATION ET RÉFÉRENCES RESSENTIR LA FORÊT DES SENS La municipalité de Villeneuve de Berg a souhaité réaliser le projet «la forêt des sens». Un parcours de 2100m propose aux randonneurs (essentiellement familles et scolaires) 5 points d’arrêts, chacun dédié à un sens en particulier. Le but est non seulement de faire s’arrêter et ressentir aux promeneurs leur environnement (la faune, la flore, les éléments naturels tel que le vent, l’eau...), mais aussi de découvrir les patrimoines naturel, historique, culturel et paysager de la région. Ce projet a été porté et mis en oeuvre en collaboration avec les enfants de la commune. S’OUVRIR, ACCUEILLIR, PARTAGER FERME PÉDAGOGIQUE DE GALLY La ferme de Gally est une ferme pédagogique. C’est à dire qu’elle est ouverte tout au long de l’année et propose un grand nombre d’activités permettant aux personnes extérieures de découvrir la vie et le fonctionnement de la ferme : visite guidée, animation sur les abeilles, soins des animaux, reconnaissance des oiseaux, jardinage, fabrication de jus de pomme, cueillette... Le but est de transmettre et partager avec des personnes extérieures.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardins_de_Bomarzo
DÉCOUVRIR, SE LAISSER GUIDER, ÊTRE ATTIRÉ JARDINS DE BOMARZO Les jardins de Bomarzo, en Italie, est un parc reconnu pour son grand nombre de «fabrique» (sculptures, de petits bâtiments et d’ornements architecturaux). Ces «fabriques» réparties un peu partout dans le parc, au milieu d’un boisement, sont de vrais points de repère dans ce parc. Elles rythment et poussent à la découverte du jardin, attisant la curiosité des visiteurs. Ce sont très souvent des architectures massives. La Porte de l'Ogre (entrée des Enfers) 114
COMPRENDRE ET PRATIQUER SON ENVIRONNEMENT
http://auch2.free.fr/
LAND ART AU BOIS D’AUCH : Le centre ASH (Adaptation Scolaire pour élèves Handicapés) d’Auch de la Direction des services départementaux de l’Education nationale du Gers, a réalisé avec des élèves en difficulté de nombreuses activités artistiques et en particulier un travail de Land Art dans le Bois d’Auch. Le projet consiste à réaliser une oeuvre in situ, avec les éléments de ce site (caractère éphémère, relation avec la nature et ce qui nous entoure, élément déclencheur, activité physique et sensorielle). S’ADAPTER AUX USAGERS EHPAD DE CHAILLES
EHPAD de Parentis
le parcours de motricité de l’EHPAD de Chailles
http://lebonheurestdanslejardin.org/
Le but premier de ce jardin était d’offrir un espace extérieur adapté aux conditions physiques et mentales des personnes âgées et de proposer un environnement nouveau au personnel et aux familles: un environnement à l’air libre. De nombreux aménagements particuliers et spécialisés au type de personnes pratiquant ce jardin ont été mis en place comme : le parcours de motricité « les pieds ont une mémoire » et le potager où différentes hauteurs de bacs sont mis en place afin qu’un maximum de personnes puissent pratiquer le potager en fonction de sa condition physique.
http://www.sudouest.fr/
EHPAD = établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes
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DIRECTION DU PROJET
COMMENT L’ENVIRONNEMENT PEUT IL SOUTENIR ET FAVORISER LA DYNAMIQUE DE LA PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE ?
La pratique de la psychothérapie institutionnelle étant en train de se perdre doucement, mon projet cherche à limiter ce renfermement sur soi que subit la clinique. Le but est, par le travail de l’environnement, de favoriser le bien-être et la psychothérapie institutionnelle, les espaces de rencontres, la liberté de circulation, préserver cette ouverture à l’«extérieur», limiter les phases de délires... tout en s’adaptant aux normes, aux usagers et aux façons de vivre actuelles. Il faut trouver le juste milieu entre ce qu’est le site aujourd’hui et la pratique de la psychothérapie institutionnelle. Dans le cadre de la psychothérapie institutionnelle, les différentes actions et aménagements proposés seront réalisés avec la participation des patients et du personnel soignant (définition de parcours, création d’atelier, construction de banc...). 116
Atelier potager Ă la Borde 117
S’ÉLOIGNER DU BÂTIMENT DE LA CLINIQUE
ENTRER ET SORTIR
- Travailler les transitions intérieur/extérieur - Créer un lien entre la rive nord et sud du Cosson - Attirer par des éléments forts et rassurants - Rythmer les cheminements entre le centre du - Sécuriser les déplacements parc et ses portes - Relier la cabane de Chamerolles au château - Proposer un parcours plus important pour les - Redonner et faire connaitre la porte sud-ouest - Redéfinir et sécuriser les cheminements jusqu’à Personnes à Mobilités réduites (PMR) - Créer des vis à vis depuis le parc vers le château Huisseau sur Cosson
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PRENDRE CONTACT AVEC LA RÉALITÉ
- Travailler ses sens (jeux d’ombres et de lumière, de textures, de formes, de transparence, amplifier les odeurs, les sons...) - Favoriser l’activité physique - Développer les activités au sein du parc - S’arrêter pour ressentir - Pratiquer, connaitre son environnement - Développer les activités à l’extérieur de la clinique - Préserver les vues depuis le territoire sur la clinique
DES ESPACES DE RENCONTRES
- Réhabiliter les bâtiments en ruines pour créer des espaces de rencontres intimes - Envisager l’accueil du grand public - Redonner certaines places/terrasses aux piétons (revoir le stationnement) - Favoriser la présence d’animaux - Préserver les espaces de rencontres informels - Créer des espaces de rencontres plus «formels» - Préserver les liens et échanges avec la commune - Espace de rendez vous extérieur avec les médecins
Intime
Rencontres
Collectif
Grand public
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À L’ÉCHELLE DE LA COMMUNE :
0.2
0 N
120
0.1
1km 0.5
UNE CLINIQUE CONNECTÉ AVEC SON TERRITOIRE
LIAISON Ouvrir une partie du parc à certaines occasions (ex: exposition de l’atelier land art dans le parc de Saumery) Relier les deux rives du Cosson Repenser l’accueil des personnes extérieures Travailler la transition entre l’intérieur et l’extérieur, transition douce, limiter les chocs et le sentiment de crainte
DÉPLACEMENTS Sécuriser le cheminement emprunté par les patients quand ils sortent de la clinique (trottoirs, pistes cyclables...)
VISIBILITÉ Dégager le mur de la végétation qui le recouvre Préserver la vue ouverte et les parcelles agricoles
Privilégier les chemins de Grande randonnée et loin de la route Rythmer les cheminements entre la clinique et les portes.
Faire connaître et valoriser la porte sud ouest du domaine Préserver les liens entre Saumery et sa commune Partage et activité avec des structures alentours (ex: centre équestre, centre de voile...) 121
AU SEIN DU DOMAINE
122
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50
0 N
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100
UN PARC VIVANT
CIRCULATIONS Entretien de la forêt pour des cheminements sécurisés Les déplacements comme un flipper, éléments forts et rassurants qui incitent à la promenade Revoir le stationnement Rendre la place aux piétons Agrandir la boucle accessible aux personnes à mobilité réduite
RENCONTRES Réhabiliter les bâtiments en ruines pour en faire des espaces de rencontres intimes (famille, amis essentiellement) Préserver les grandes pelouses, espace de rencontre collective Présence animale
SENSATIONS Agrandir la zone dédiée à l’activité physique Les douves, espace de relaxation Travail sur les sens Activité potager Activité Land art?
Espace de rendez vous extérieur
Créer une visibilité et une cheminement informel entre la cabane de Chamerolles et la château
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124
CONCLUSION
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CONCLUSION La question de la relation entre santé et nature est de plus en plus abordée aujourd’hui. Cependant la psychose reste un sujet qu’on évite, qu’on «fuit» presque. J’ai souhaité travailler et ai cherché à comprendre ce monde «exclu» de la société. La psychothérapie institutionnelle offre de vraies possibilités d’approche et de vraies ouvertures quant à la condition des psychotiques. Sans exclure les différences de ces personnes, ce type de thérapie propose un certain degré de liberté, facilite le contact, les échanges entre les gens et impose certaines responsabilités. Le psychotique est considéré pour ce qu’il est : un humain. A travers ce projet j’ai souhaité renforcer et soutenir la psychothérapie institutionnelle par l’environnement. Ce projet se veut expérimental et s’inscrit dans une ambition d’adaptation et d’ouverture aussi bien physique que spirituelle. Le but est de prendre en compte l’avis des usagers du parc et de les rendre acteurs, afin qu’ils ne subissent pas les changements de manière passive. Le parc cherche à favoriser le bien être aussi bien des patients que du personnel médical, proposer un environnement agréable, alternatif et complémentaire aux soins et aux rencontres, les déplacements internes et externes, mais aussi de faciliter la transition entre la vie à la clinique et la vie à l’extérieur.
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Piste dâ&#x20AC;&#x2122;ambiance Ă travailler
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SOURCES RELATION ENTRE SANTÉ ET NATURE Bibliographie - Patrice Celestin, Gilbert Labrid & Patrick Richert, 2011, Les jardins japonais traditionnels et contemporains, découverte et mise en oeuvre, LR Presse - Clare Cooper Marcus & Marni Barnes, 1999, Healing gardens, thérapeutic benefits and design recommendations, John Wiley & Sons - Lucia Impelluso, 2007, Jardins, potagers et labyrinthes, Hazan - Denis Richard, 2011, Quand jardiner soigne, Delachaux et Niestlé Webzine et thèse en ligne - Sandrine Manusset, 2012, Impacts psycho-sociaux des espaces verts dans las espaces urbains, https://developpementdurable. revues.org/9389 , consulté en novembre 2015 - Le colibris, http://www.colibris-lemouvement.org/, consulté en novembre 2015 PDF - Hugh Barton & Catherine Tsourou, 2004, Urbanisme et santé, Un guide de l’OMS pour un urbanisme centré sur les habitants - Teresia Hazen, 2013, Therapeutic Garden Characteristics - Landscape Institute, 2013, Public Health and Landscape, Creating healthy places Sites consultés - http://lebonheurestdanslejardin.org/, consulté entre novembre 2015 et février 2016 - http://www.lemonde.fr/vous/article/2012/07/17/le-jardinage-un-outil-therapeutique-contre-les-psychoses_1734739_3238. html, consulté en février 2016 - http://www.lesjardinsaixnoulette.com/ consulté en décembre 2015 - http://www.handicapinfos.com/informer/jardins-therapeutiques-destines-enfants-souffrant-handicaps_29518.htm, consulté en décembre 2015 - http://ehpadssiadlemontel.over-blog.com/le-jardin-th%C3%A9rapeutique, consulté en décembre 2015 - http://www.tourisme-en-france.com/fr/visites-sites-lieux-attractions-touristiques/guide-tourisme-voyage-decouverte-parcsjardin-commune-lille-59/1495, consulté en décembre 2015 - http://www.accueilpersonneagee41.com/, consulté en décembre 2015 - http://www.jardins-sante.org/, consulté entre novembre 2015 et janvier 2016
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LA FOLIE Bibliographie - Darryl Cunningham, 2012, Fables psychiatriques, çà et là - Michel Foucault, 2014, Histoire de la folie à l’âge classique, Gallimard - Jean-Louis Pedinielli & Guy Gimenez, 2014, Les psychoses de l’adulte, 2e édition, Armand colin Sites consultés - sante.gouv.fr, consulté entre octobre 2015 et janvier 2016 - http://sineurbe.blogspot.fr/, échec au fou ou l’histoire de la folie, consulté en novembre 2015 - http://www.who.int/fr/, Site de Organisation Mondiale de la Santé, consulté en novembre 2015 - http://www.camh.ca/fr/, Site du Centre de toxicomanie et de santé mentale, consulté en janvier 2016 Filmographie - Bernard Faroux, Schizophrénie : l’ennemi intime, émission «enquête de santé», diffusée sur France 5, le 16.11.2010
LA PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE Bibliographie - Emmanuelle Rozier, 2014, La clinique de La Borde ou les relations qui soignent, Erès - Jean Oury, 2014, Chimères, Erès - Jean Oury, 2012, Psychiatrie et psychothérapie institutionnelle, Champ social Webzine et thèse en ligne - Docteur Nicole Cano, Fondements éthiques de la psychothérapie institutionnelle, http://cedep-europe.eu/sem/sem05fra/Cano. pdf, consulté en janvier 2016 - Marcelo Otero, Le fou social et le fou mental : amalgames théoriques, synthèses empiriques et rencontres institutionnelles, https://sociologies.revues.org/3268, consulté en novembre 2015 Sites consultés - http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychologie/psychologie/psychose.htm, Consulté en janvier 2016 - http://le-cercle-psy.scienceshumaines.com/la-psychotherapie-institutionnelle-de-jean-oury_sh_32472, consulté en octobre 2015 - http://www.club-de-la-chesnaie.fr/, consulté en janvier 2016 - http://www.slate.fr/story/87209/felix-guattari-jean-oury-la-borde, consulté en octobre 2015 - http://www.clubdesaumery.fr/, consulté entre novembre 2015 et février 2016 - http://www.cliniquesaumery.com/ consulté entre novembre 2015 et février 2016 Filmographie - Nicolas Philibert, La moindre des choses, film sortie en 1995. - Thierry Demaizière & Alban Teurlai, Entre autres épisode 5 : La clinique de Saumery, documentaire diffusé sur France 5, le 26.12.2013 - Thierry Derocles, Déraillement, film réalisé lors de la construction du «train vert», fin des années 70, début des années 80
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REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à remercier mes professeurs, Mme Lydie Chauvac et M. Christophe Letoquin, pour m’avoir encadrée tout au long de ces mois d’études. Merci pour votre écoute, vos conseils, vos encouragements et votre présence. Je remercie tout particulièrement Yannick Oury-Pulliero qui m’a permis de faire un premier pas dans le monde de la psychothérapie institutionnelle en m’ouvrant les portes de la clinique de la Borde et pour ses nombreux conseils. Je remercie également chaleureusement Mr Amaro de Villanova, directeur de la clinique de Saumery, d’avoir accepté de m’ouvrir les portes de sa clinique, pour les renseignements fournis et son enthousiasme. Je remercie également chaque personne avec qui j’ai pu rencontrer sur le site et qui m’ont accordé de leur temps. Je tiens à remercier tout particulièrement Patrice, toujours présent et motivé, qui m’a fait découvrir Saumery dans sa globalité. J’aimerai aussi remercier les différentes personnes que j’ai pu rencontrer à l’extérieur du domaine, entre autre Mr Joël Debuigne, le maire de Huisseau sur Cosson pour son temps et ses informations, mais aussi Fred et Marianne pour avoir partagé leur histoire, leur expérience et leurs anecdotes autour d’un bon feu de cheminée. Je souhaite enfin remercier ma famille, toujours présente et de bon conseil, mes camarades de 5e année, ensemble dans les moments de doute et de rigolade autant cette année que dans les 5 années que nous avons partagées. J’aimerai citer particulièrement Camille, Maud et Laura (mais je pourrais en citer tellement d’autres) pour tout ces moments de franche complicité et votre soutien.
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Ces dernières années, on a pu assister à l’apparition conséquente de jardins dits thérapeutiques. Si la question de la relation entre santé et nature est de plus en plus abordée, la question de la place des personnes psychotiques dans le territoire reste très peu abordée. Suite à cette observation, j’ai souhaité me pencher sur le cas de ces personnes, atteintes de troubles mentaux, qui ont un rapport bien particulier à la réalité et au monde qui les entoure. L’environnement peut il favoriser les bien être des personnes atteintes de troubles mentaux? La psychothérapie institutionnelle cherche à favoriser le bien être des patients psychotiques. Elle a pour principe d’offrir une certaine liberté aux patients, non seulement dans ses interactions avec les autres mais aussi dans ses circulations, de favoriser les rencontres et les échanges entre les usagers de la clinique, l’égalité et la prise de responsabilité. Ces principes permettent de considéré le patient comme être humain avant tout. Dans cette dynamique, mon ambition est d’offrir au patient comme au personnel soignants et aux autres usagers, un parc propice et complémentaire à la pratique de cette thérapie. La clinique de Saumery, très en contact avec son territoire, et son parc m’ont paru être un lieu propice à l’expérimentation d’un parc sensiblement et physiquement en adéquation avec des psychotiques. Comment l’environnement peut il soutenir la dynamique de la psychothérapie institutionnelle?
Ecole de la nature et du paysage - INSA Centre Val de Loire 9 rue de La Chocolaterie 41029 Blois cedex tél. : +33(0)2 54 78 37 00 fax : +33(0)2 54 78 40 70 contact-enp@insa-cvl.fr