DESSINER L’ESPRIT DESSINANT. These Doctoral Camila Eslava

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Une fois de plus, nous nous trouvons avec cette envie de saisir l’insaisissable, ou de le comprendre en le suivant, ou alors, de comprendre que nous ne pouvons pas comprendre. Cette insaisissable et cet incompréhensible qui pourtant est le plus évident et que, par ce fait, nous ne voyons pas, c’est l’existence. La vie se reproduit dans un système concret aussi insaisissable que le phénomène vivant qui le réalise (Sam Winson). Comprendre ce torrent existentiel, ce flux de vie, par l’opération cognitive qui nous conduit à créer des systèmes de références comptables et quantifiables, devient juste incompréhensible pour la raison, mais tout d’un coup, réalisable par l’intuition. Cette compréhension de l’incompréhensible en tant qu’irréalisable devient compréhensible par le fait de le prendre en main – de le comprendre physiquement et dans l’acte d’essayer de se caler au même rythme que ce torrent existentiel qui apparaît et disparaît comme des bulles de savon. C’est ainsi qu’investissant entièrement son existence dans le traçage de bords d’existence, – cercles – Sam Winson arrive à rendre visible, compréhensible et tout d’un coup saisissable, ce qui ne l’est pas en comptant au-delà d’une certaine quantité qui s’éloigne de l’expérience. De ce que nous pouvons compter avec la main. Bien qu’il n’arrive pas à suivre le rythme exact et la vitesse des cycles de naissance et de mort, il s’insère pleinement dans ce torrent et s’auto-comprend. Nous nous retrouvons avec trois expériences de déroulement torrentiel qui, témoignant de ce cycle d’apparition et de disparition de soi-même, pointent le même avec le même : leur présence. Leurs gestes, physiquement dispendieux aussi bien que spirituellement conscients (par spirituel nous désignons la valeur de présence de l’esprit à lui-même), dévoilent ce quelque chose qui nous traverse. À nouveau, une chose roulante, sensible au déroulement impermanent de toute chose. C’est en effet la même question que je me pose, ou plutôt qui se pose en moi sous forme d’étonnement et qui, sans l’énoncer, me montre que la plante qui est à côté de mon ordinateur pousse beaucoup plus rapidement que l’écriture de cette thèse, pourtant beaucoup plus perceptible par mon mouvement de taper les touches du clavier pour rentrer les lettres sur un document. D’un autre coté, dessiner une plante de la même taille que la mienne prend beaucoup moins de temps que la poussée de la ‘vraie plante’.

By the time you’ve read this sentence two will have passed away. By the time you’ve lived through this twelve-hour day there will be 100,000 more children on the planet. And in the same twelve hours 70,000 people will have died. Birthday is a work which sets out to record every individual birth and death over a twelve-hour period. Initially imagined to be realised in real time, marking the beat of each life with a small circle. But I immediately realised it was impossible to keep up with events and it would take many months to graphically capture the rhythm of life and death. I find it interesting that we use numbers to quantify things yet once we pass a certain amount, scale slips away and it becomes incomprehensible. I wanted to understand what a 100,000 physically was – and for me that entailed marking out that number in pen and pencil. In my mind I am still unable to comprehend such a figure but at least I know my body now holds a memory of the event.” http://www.samwinston.com/work/birth-day [nous traduisons] 145


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