Ardennes & Alpes n°175

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Valpelline lline

Le Cervin depuis le Col de Valpelline (Ph. : E. Whymper)

les indications que je possédais, un passage devait exister entre Prarayer, à l’extrémité supérieure du Val Pellina, et le Breuil, dans le Val Tournenche ». Pour cela il estime avoir besoin d’un guide qu’il engage à Bionaz. C’est la première fois que Whymper se paie véritablement les services d’un guide pour partir vers une zone que, visiblement, il craint. Il passera en Valtournenche par le Col de Valcounera, raide et enneigé. « Je fis là ma premier expérience sur la manière de gravir les longues pentes de neige très raides » écrira-t-il et d’ajouter « comme tous les débutants, je tâchais de m’aider en m’appuyant sur mon bâton que je tenais en dehors au lieu de le placer entre moi et la pente pour m’en faire une sorte de rampe solide ». A la lecture de ces quelques lignes, on peut conclure que c’est bien ici que Whymper fait ses premiers pas d’alpiniste.

née de son en 1865, l’an e, avant er p m y Wh n rd Edoua lpelli ssage en Va dernier pa on du Cervin son ascensi Emile Gos) (Collection C’est en tout cas un jeune homme dynamique et déterminé qui entre en Valpelline le 27 août 18603 pour venir effectuer son travail de dessinateur. Il écrit dans ses mémoires : « Au lieu de descendre à Aoste, je remontai le Val Pellina afin de dessiner la Dent d’Hérens. La nuit était venue lorsque j’atteignis Bionaz ». Il passera la nuit sur place avec l’intention de remonter, le lendemain, en haut de la vallée et passer en Valtournenche : « D’après 3

1860 : est une année assez importante dans l’histoire de l’alpinisme en Valpelline. En effet, à cette date, 3 alpinistes passeront dans la vallée (A.T. Malkin, F.W. Jacomb et E. Whymper). Whymper, à sa manière, est peut-être le premier « alpiniste » célèbre à passer en Valpelline (notons quand même le passage de J.D. Forbes en 1842 et de F.F. Tuckett en 1856). Il sera, cependant, précédé en 1860 par Frederick-William Jacomb, surtout connu pour la 1re du Mont Viso qu’il réalisera le 30 août 1861. En Valpelline, il gravit notamment le Château des Dames (le 11 août), le premier sommet important réussi (même si l’approche a été réalisée par le versant de Breuil).

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Arrivé au sommet du col, il est abandonné par son guide. Non content d’être laissé seul pour compte, Whymper voit son guide s’éloigner avec son sac contenant tout son matériel. C’est donc bien seul qu’il arrive à Breuil4. Il retournera dans la foulée à Bionaz en franchissant le col de Valcounera en solitaire pour retrouver son guide et son sac à Bionaz5. De là, il quitte la Valpelline pour Courmayeur. Il réalise à cette occasion sa première performance de marcheur : 65 km en moins de 11 heures. « Pour autant que je sache, c’est un record » écrira-t-il dans son journal. On peut retenir de ce premier passage de Whymper en Valpelline plusieurs choses. Tout d’abord, Whymper emploie pour la première fois un guide, signe qu’il s’enhardit et part dans un terrain plus aventureux même si, comme nous l’avons déjà dit, il a déjà traversé un glacier seul. C’est aussi à cette occasion qu’il « apprend » la pente raide, la haute montagne, même si son premier vrai sommet ne sera gravi au Pelvoux que l’année sui4

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A noter la présence de la toponymie « Castelletto Whymper » pour un petit groupe rocheux situé sur le versant Valtournenche du Col de Valcounera. A noter que Whymper n’a pas connu que des désagréments avec les habitants de Bionaz. Dans son guide de Zermatt et du Matterhorn, il décrit le curé du village comme excellent chasseur de chamois, bon vivant et jovial.


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