BuzzNews17 - Nov/Déc 2011

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Vous avez photographié Paris seulement en 2000 alors que vous êtes arrivés en 1948. Pourquoi ? WK : Oui mais j’ai fait ces livres par curiosité. Je voulais savoir comment les choses se passaient pour l’URSS et je suis allé à Moscou. Je voulais d’ailleurs voir ce que l’on pouvait dire avec la photographie. Ensuite, j’ai eu l’occasion d’aller à Tokyo. A chaque fois ce fut une aventure et un apprentissage. Comme je vis à Paris, je n’avais pas la même curiosité que celle que j’ai eue pour Moscou. Une ville en période de guerre froide dans un tournant du socialisme entre Staline et Gorbatchev. Je n’avais pas la même préoccupation de dire ce que je pensais de Paris. Ce sont mes éditeurs à Paris et à l’étranger, qui m’ont proposé de faire un ouvrage sur Paris et finalement …. Je me suis dit : « En effet, pourquoi pas ! » et je l’ai fait. Vous l’avez fait avec un autre regard? WK : Je suis toujours un étranger …. A Paris d’autant plus à Moscou , Tokyo ou NY. Ayant vécu à Paris pendant 17 ans avant de faire le livre je pensais avoir un regard moitié européen et moitié natif de New York qui pouvait être intéressant. Je travaille avec plusieurs galeries…. dont une galerie à Lyon qui fête cette année, leurs trente années d’existence et les vingt années de notre collaboration. Ils ont demandé aux collectionneurs qui ont acheté et gardé mes photos, de faire une sélection de photos de leur choix, des photos auxquelles ils tiennent. Il y aura une dizaine de collectionneurs qui exposeront chacun 5 photos. Et moi j’aurais une carte blanche pour montrer un peu la trajectoire de mon travail photographique. Il y aura donc des expositions photos et une projection pour l’institut Lumière, d’une rétrospective de ma filmographie. Mais il n’y aura pas « Les Français et la politique » alors ? WK : Malheureusement (rire) vous savez une fois censurée, il

disparait du champ du visible (rire) Votre travail photographique et de réalisateur ont souvent rencontré la problématique des opprimés Noirs américains ? WK : Lorsque j’ai commencé à faire du cinéma, j’ai vu qu’il y avait des sujets qui n’étaient pas traités. Jeune cinéaste, je trouvais que la situation des Noirs au milieu des années 60 était scandaleuse. Et j’avais l’occasion au travers du cinéma de faire des films sur des héros noirs américains … comme Mohamed Ali, Little Richard et également un des chefs des Black Panthers, qui s’appelle Eldridge Cleaver. Il se disait Ministre de la Culture du mouvement des Black Panthers. Ce sont des films sur des personnages importants mais qui n’avaient jamais fait l’objet de portrait ou de film. J’ai eu cette idée et j’en ai fait trois. Quand on voit votre travail notamment sur les Black Panthers, vous semblez être très engagés. Je me trompe ? WK : Pourquoi pas ? Vous n’êtes pas engagées vous ? Quels sont les artistes émergents qui ont de l’avenir à vos yeux ? WK : Les artistes émergents ? C’est un mot que je trouve agaçant. C’est peut-être des jeunes cinéastes américains qui font des films en dehors de Holliwood, comme Judd Apatow qui fait un cinéma anarchiste et pertinent. …. Mais j’ai du mal à donner des noms… Frederick Wiseman dont les films traitent des institutions américaines, les lycées, les hôpitaux, les prisons. Ils s’attaquent depuis 45 ans aux institutions dont ils tirent le portrait…. Michael Moore s’inscrit d’ailleurs dans cette même filiation.

propos recueilli par DS


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