Futsal, jour de match à Echirolles

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Portrait

Atika Djedidi

Animatrice secteur jeunes à la MJC Robert-Desnos, ville d’Échirolles

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Après avoir accompagné son petit frère – sélectionné en équipe de France – sur tous les tournois, Atika Djedidi a attrapé le virus du futsal. Animatrice secteur jeunes à la MJC Desnos depuis 1999, elle est la seule femme à la coordination futsal. Difficile ? Pas vraiment… « C’est vrai que le futsal est un milieu masculin. Mais je me sens bien à la coordination. Je m’implique dans l’organisation et j’ai ma place. Dans les tournois, je tiens la table de marque. Je gère les repas et goûters dans des manifestations de futsal, qui réunissent parfois 200 à 300 jeunes. » Atika ne se contente pas de participer à la coordination. En 2002, elle monte une équipe féminine de futsal. « C’est parti d’une demande de jeunes filles du collège Jean-Vilar. Au départ, elles souhaitaient faire du football », mais se sont rapidement converties au futsal. « 14 filles sont venues. De leur côté, les MJC Picasso et Prévert avaient également quelques joueuses, mais moins nombreuses. » Pendant trois ans, Attika entraîne « ses » filles tous les mardis au gymnase de La Butte. « Les trois premiers mois n’ont pas été faciles. Les filles étaient dissipées, elles parlaient beaucoup sur le terrain. Il fallait sans arrêt les reprendre, leur rappeler les règles et les valeurs du futsal. Et leur apprendre à écouter. Elles ne savaient pas faire une phrase sans dire de gros mots. Je devais souvent leur rappeler qu’elles pouvaient être reconnues sans forcément être vulgaires. Aujourd’hui quand je les revois, je suis sidérée par leur changement. Elles sont devenues de vraies jeunes filles dans leur tenue vestimentaire et dans leur langage. Et je me dis que le futsal a peut-être bien porté ses fruits. » Quant à leurs motivations, elles tiennent « au côté sportif du futsal, la danse leur ressemblait moins. Pour elles, c’était aussi un moyen de casser l’image du quartier et de montrer que les filles avaient autant leur place que les garçons. Un moyen de s’élever contre le fait que les filles étaient censées rester à la maison. » Quant aux garçons, ils ont plutôt bien réagi : « Jamais ils ne venaient les embêter pendant les entraînements. Ils les encourageaient même. » Leurs familles n’ont pas non plus marqué d’opposition particulière : « Je n’ai jamais eu de problèmes. Les parents savaient où étaient leurs filles, donc aucun souci. Les filles ont pris leur place dans le futsal. » Très vite, les joueuses se prennent au jeu. « Au début, elles ne voulaient pas forcément aller en tournois. Mais plus elles s’entraînaient, plus elles en avaient envie, pour montrer ce qu’elles savaient faire. Elles ont participé à des ouvertures de tournois en jouant le premier match. Mais, comme il n’y avait pas suffisamment de filles sur l’agglomération, elles jouaient toujours entre elles. Donc il n’y avait pas assez de dynamique. Attika regrette bien évidemment cette situation. «La coordination futsal a essayé de remotiver les troupes mais cela ne prend pas. En fait, on sent aujourd’hui qu’il n’y a plus de réelle motivation chez les filles. Mais ce n’est pas propre au futsal car toutes les activités filles sont en chute libre, sauf le hip-hop pour les 14-18 ans. C’est la même chose sur d’autres quartiers. Je crois que c’est une tendance générale due à la nouvelle génération des 12-15 ans. Elles préfèrent aller faire des courses ou sortir avec les copines plutôt que de venir à la MJC. Certaines n’osent pas à cause des garçons de leur âge qu’elles côtoient pourtant au collège. Les garçons de 13-15 ans sont un peu machos. On a parfois l’impression de revenir en arrière… Peut-être que la création de la fédération de futsal relancera la dynamique. Ou que d’autres filles plus jeunes prendront le relais. A Échirolles, il reste une seule fille, du quartier du Limousin, qui joue le mercredi au futsal. C’est une bonne joueuse. Mais comme elle n’a que 10 ans, elle n’a pas encore l’âge d’intégrer le secteur jeunes. Alors dans deux ans, on verra… et peut-être alors qu’on pourra remonter une équipe féminine. » Entretien réalisé le 17 avril 2007

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