Prophétie vivante • Alfred Kuen

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Prophétie vivante

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les siens et s’efforcer une dernière fois de les détourner de leur destinée fatale. Lorsque la ville et le temple de Jérusalem sont détruits, Jérémie, Ézéchiel et Daniel sont là pour consoler le peuple par la perspective du redressement futur. Sur le plan international, de profonds bouleversements changent la face du monde : la Babylonie raie l’Assyrie du nombre des états indépendants, l’Égypte fait une dernière tentative pour affirmer son pouvoir, mais elle aussi sera réduite à la soumission, puis au silence. Au vie s., les événements se précipitent : l’empire néobabylonien de Néboukadnetsar, colosse aux pieds d’argile, tombera après moins d’un siècle de gloire (539), comme les prophètes l’avaient prédit. Les Juifs rentrent dans leur pays (538, 536) et se mettent à reconstruire le temple de Jérusalem, encouragés par les prophètes Zacharie et Aggée (520). Dans la seconde moitié du ve s., Esdras et Néhémie font reconstruire les murailles de la ville. Malachie (460–450 ou après 433) secoue le formalisme du peuple et des prêtres et l’appelle à se repentir dans la perspective de la venue du Messie. Puis, pendant quatre siècles, la voix prophétique se tait. Il faudra attendre l’arrivée du Précurseur prédit par le dernier prophète, pour que cette voix puissante se fasse réentendre.

Conclusion Tout au long des trois siècles et demi d’histoire qui s’écoulent entre le schisme et la chute de Jérusalem, on note certaines constantes sur le plan politique comme sur le plan spirituel. Du point de vue politique, l’histoire d’Israël et de Juda fut tranquille et prospère lorsque les voisins se querellaient et que leurs forces s’équilibraient. Ce fut le cas, par exemple, sous le règne de Jéroboam II lorsqu’il put s’emparer des royaumes araméens de Damas et de Hamath affaiblis par les Assyriens, mais que ces derniers eurent suffisamment maille à partir avec les Ourartou (Arméniens), les Scythes et les Élamites qui les pressaient sur leurs frontières. Lorsque l’un des « grands » devenait trop puissant, il mangeait tous ses voisins, les opprimait et les asservissait, suscitant parmi les peuples soumis des réactions d’hostilité qui, à la longue, minaient son pouvoir et préparaient sa ruine. Ce fut le cas de l’Assyrie puis de la Babylonie. Dieu a utilisé successivement ces deux peuples pour exécuter ses châtiments, mais comme ils ont outrepassé leurs droits, il les a châtiés à leur tour. Dès que l’hégémonie des grandes puissances se relâchait, la virulence des petits peuples contre leurs voisins s’accentuait. Israël et Juda eurent plus d’une fois à pâtir de ces interventions cruelles des nations environnantes : Ammonites, Moabites, Édomites, etc. En bref, le centre de gravité du danger extérieur s’est déplacé en arc de cercle du sudouest au nord-est : Égypte, Philistie, Syrie, Assyrie, Babylonie, Perse. D’un point de vue spirituel, la situation était beaucoup plus simple : lorsque le peuple était fidèle à l’alliance, Dieu s’occupait lui-même de ses voisins, qu’ils soient puissants ou simplement audacieux. Il en donna un exemple frappant lors du siège de Jérusalem par l’armée


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