Biche Fauve n°1 - Dehors

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Vue sur ma vi(ll)e DJINN LA GHOUL

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Les murs se peignent de rose, le soleil se couche, la lune est haute déjà, dehors. La vie sur pause.

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Un arrêt sur image à la limite du mirage. Peut-être que l’espoir sera de retour à l’aube ? Comme un slow mo’ avec filtres couleurs.

Comme une invitation à sortir, rire, boire, baiser, vivre. Une danse sensuelle sur fond de musique lascive. Vue sur la ville du 10ème. Les lianes se déroulent dans ma tête, je jongle avec mes pensées et regarde la jungle urbaine rejoindre l’horizon.

SROHED

Un avant-goût d’été et de chaleur.

Peut-être qu’il reste encore un peu de bonheur à gratter au détour d’une de ses rues ? Vue sur le cimetière du 10ème. Dehors, face à moi, des tombes et des tombes à perte de vue. Putain de belle vue sur le cimetière du 10ème, un monde sanctifié de sérénité. Et ma vie, en vrai j’entends l’appel de la nécropole depuis le balcon. T’as déjà joué à petit chat perché ? Avale quelques cachets ou fais-toi tes traces et prépare-toi à décoller. Quand t’atteints les sommets, pose-toi face à ta vie et demande-toi combien de temps tu pourras encore le supporter. Du 10ème, je pourrais m’écraser, me briser sur le béton comme mes rêves passés. Mais je regarde le ciel et lui adresse des prières format fusées de détresse, Retrouver l’envie, ne pas perdre la force… Y’a rien qui soit plus sûr dans la vie que la mort, pas besoin de se mettre la press’. Autant aller traîner, se cramer un méga en matant les étoiles jouer à cache-cache avec les nuages. Autant aller tiser, tomber une bouteille en écoutant des raps aux rimes sales cracher notre rage. Mais dehors y’a des masses compactes de connards qui croient que t’es défini.e par qui tu baises, qui tu pries ; Des mecs qui croient que te coller une étiquette justifie que tu te fasses latter toute ta putain de vie. On n’a pas le temps d’attendre un futur plus brillant qu’on nous donnera jamais. Trop de fois on a perdu un.e des nôtres dehors, nous laissant qu’avec nos larmes à pleurer. Trop de fois je l’ai voulu ce monde dehors, malgré les blessures, enfermée dans des donjons imaginés mais pas imaginaires. Cette fois, je suis partie pour me faire ma place, quitte à faire sauter les murs de ce monde enclavé et binaire ; Lui faire fermer sa bouche, à toute cette bien-pensance généralisée et généralement blanche, qui prétend

« nous » représenter.

Moi, je parle en mon nom, même si on est des millions à lutter, parce qu’on représente des milliers de luttes différentes, entremêlées. À toutes les bitchs fauves qui riment et qui triment dehors.

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