Héritage de la réduction en esclavage sur les hommes et les femmes

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connivence avec les pouvoirs locaux, expliquaient maintes compromissions. Le principal handicap est qu’officiellement, on ne peut plus faire d’enquête sur l’esclavage, alors qu’en réalité, il persiste. Il y a non-­‐application des textes et des manœuvres pernicieuses permettent de ne pas enrayer ce fléau. I. Etat des lieux : Résultats issus des enquêtes, de la documentation, de la presse audio-­‐ visuelle & radiodiffusée ; difficultés Selon l’état des lieux, si l’esclavage n’est plus nié – le tabou est enfin brisé – son ampleur l’est davantage. L’actuel Chef de l’Etat du Niger a déclaré en 2012 à la télévision nationale, que « l’esclavage domestique et sexuel est une plaie pour le pays ». C’est là, une première, à saluer. En 2008, lorsqu’une femme « esclave » avait porté plainte contre l’Etat du Niger auprès de la Cour de Justice de la CEDEAO (ECOWAS), celle-­‐ci a fait juger l’affaire au Niger et l’Etat du Niger a été condamné ; cette victoire était aussi une première. C’est pourtant depuis 2003 que le Niger s’était positivement distingué en se dotant d’un texte visant à bannir cette pratique honteuse ; son application n’a pas suivi. Dans certains espaces, pour accéder à leur terre (c’est une question de propriété), les esclaves ont régulièrement défendu, par une lutte quotidienne et violente, leurs biens immobiliers afin de ne pas être éjectés. Autrement, leurs champs leur sont arrachés et la liberté des femmes est encore plus confisquée. Aujourd’hui, leurs descendants hommes et femmes qui réussissent à avoir de l’argent, rachètent des champs et des rizières. Au Burkina Faso, les séquelles de l’esclavage sont davantage visibles dans la zone du Sahel, au nord et aussi dans les cours des empereurs et chefs traditionnels où certaines pratiques n’ont pas été balayées par la Révolution (1983-­‐87) qui avait pourtant sévi en son temps, en dénonçant diverses pratiques esclavagistes des chefferies. Bien qu’il soit très peu question d’esclavage et de séquelles, des chercheurs Burkinabe traitent courageusement de la question (cf., Maurice Bazémo). Ce sont toutefois des cercles intellectuels, donc restreints, qui ont accès à leurs travaux. En Mauritanie, des luttes quotidiennes et de véritables plaidoyers ont permis d’aboutir à plus de visibilité sur l’esclavage et son héritage. Selon Thierry Hot, « la persistance d’un tel scandale au XXIe siècle est une honte pour l’humanité toute entière, et pour les Africains en premier. Aussi requiert-­‐il une mobilisation sans réserve de tous, en paroles et en actes » (2012, p. 5). Pourtant abolie depuis 1981, cette forme d’asservissement permet de distinguer les « Maures blancs ou Bidhans » des « Maures noirs ou Haratines ». Le terme « Noir » équivaudrait à « esclave » et le statut social serait celui d’un chien, étant sous entendu que le propriétaire d’un chien peut en faire ce qu’il veut, même lui donner la mort s’il en a envie, sans avoir à se justifier. Des combats multiformes contre les pratiques esclavagistes se sont soldés par l’exigence d’une application effective de la loi de 2007 criminalisant enfin l’esclavage. Le chercheur s’aperçoit que plusieurs inexactitudes continuent à être dites sur l’esclavage et son héritage en Afrique. Il est utile de différencier les aspects théoriques, de l’étape actuelle qui impose des mesures concrètes à prendre, compte tenu de la démocratie occidentale imposée (mondialisation)

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