Dh magazine 148 1 trimestre 2014

Page 73

Rubrique DH : sécurité

En première ligne Comment le personnel soignant fait-il face à la violence à l’hôpital ? Quel est son ressenti ? Quelles mesures semblent à la fois nécessaires et acceptables ? Questions auxquelles Karim Mameri, Secrétaire Général de l’Ordre National des Infirmiers(es) se propose de répondre. DH MAGAZINE – En septembre dernier, l’ONI a réalisé une enquête en ligne. Plus de 1000 infirmiers (libéraux et hospitaliers) ont répondu. Quel était l’objectif de cette enquête ?

Entretien avec Karim Mameri, Secrétaire Général de l’Ordre National des Infirmiers(es) et infirmiers(es) cadres de santé dans le service pédiatrique du CH d’Elbeuf

Karim Mameri − Face aux agressions de plus en plus extrêmes dont sont victimes les soignants, il nous a semblé important de leur donner la parole pour évoquer leur ressenti mais aussi les pistes d’amélioration. Les résultats expriment malheureusement la réalité du terrain !

De nature à réduire les tensions, vigiles ou médiateurs

Que pensent les infirmiers des technologies concourant à la sécurité, telles caméras, les badges ou zones surveillées ? Est-ce intrusif ou rassurant ?

ne sont pas non plus LA solution, en tout cas, pas la

L’objectif est de pouvoir assurer des soins de qualité

seule. Des moyens nécessaires doivent être alloués

dans un espace sécurisé. Si je prends mon exemple : je

pour systématiser les formations sur la gestion de la

suis infirmier cadre de santé dans un service de pédia-

violence. Il ne s’agit pas de formations d’autodéfense

trie. Suite à une suspicion de tentative de kidnapping

Quelle sont vos propositions ?

ou de cours de self-défense mais d’un apprentissage à la gestion de l’agressivité. Un nombre suffisant de soignants permettrait aux infirmiers de prendre le temps d’accueillir et de répondre de manière plus personnalisée et plus rassurante aux attentes de patients anxieux

Il n’y a plus de « sacralisation » des blouses blanches.

faisant ainsi retomber « un peu » la pression. d’un enfant, la direction a mis en place un système de Le conseil de l’ordre encourage les infirmiers à décla-

vidéosurveillance sur toutes les entrées du service. Cela

rer les actes d’incivilité et de violence et à déposer sys-

a été accueilli positivement et pris considéré comme un

tématiquement plainte. En facilitant la déclaration sur

élément de dissuasion. Il existe aussi, sur le marché,

http://alerte.cnoi.fr, nous souhaitons inciter les infirmiers

des dispositifs d’aide aux agents isolés comme les sys-

à faire remonter tous les actes malveillants. Souvent,

tèmes PTI (Protection du Travailleur Isolé). Ces disposi-

les victimes de violence se sentent seules, isolées, et le

tifs souvent utilisés en psychiatrie permettent d’alerter

fait d’être accompagné et soutenu est essentiel. L’ONI a

des collègues en cas de problème. Ceux-ci peuvent arri-

ce rôle de soutien, d’accompagnateur et peut parfois se

ver rapidement en renfort. En nombre, ils sont plus dis-

substituer aux victimes pour déposer plainte car l’agres-

suasifs et cela évite bien souvent les passages à l’acte.

sion doit être systématiquement sanctionnée.

Y a-t-il un ras le bol sécurité ? Tous les services sont-ils concernés ?

Selon moi, l’augmentation du nombre des déclara-

Oui ! Il y a les violences intra hospitalières liées aux pa-

tions n’est pas seulement liée à un accroissement

thologies mais la violence est avant tout sociétale. L’hô-

des agressions mais aussi à une exaspération réelle

pital faisant partie de la « cité », il est forcément touché.

face à cette violence. Plus agressés, moins respectés,

Il n’y a plus de « sacralisation » des blouses blanches.

le seuil de tolérance des infirmiers a ses limites !

n

DH Magazine 148 / 1er trimestre 2014

73


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.