LES ETOILES DE LA COLERE

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C’est tout ce que je sais… Il y a autre chose … Dans notre coffre, un collier, on l’a trouvé sur toi… c’est tout… Dieu nous pardonne… tu étais si heureux… Adieu Seïf… Seïf… c’était ton nom. — Et où est mon frère ? — Je ne l’ai plus jamais revu … » Eva ne termina pas sa phrase.

Le lendemain de l’enterrement, Steve raccompagna le dernier visiteur jusqu’à la grille, puis referma celle-ci et s’arrêta un instant. Il regarda le jardin dont il connaissait tous les recoins, les arbres familiers dont il avait étreint chaque branche, pensa aux aigles de son père, aux plantes de sa mère et se dit que celle-ci avait finalement eu raison : il avait été heureux dans sa famille d’adoption. Il avança vers un banc de bois au coin du jardin, s’y installa et se remémora les dernières paroles de la défunte : « Mazen se souvenait de tout ». Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ? Il réfléchit un instant. La Palestine ? il n’en savait pas grand-chose. Il en savait bien plus sur Israël, la « terre promise », mais l’exode palestinien qu’avait mentionné Eva ne lui disait rien. Il savait qu’il y avait un problème de terre -cela faisait souvent les titres des journaux télévisés— il savait que des guerres avaient eu lieu à ce propos, mais c’était tout. Il faut que je m’informe, songea-t-il. Et il pensa à son frère. Qu’était-il devenu ? Pourquoi n’avait-il jamais tenté de le revoir ? Plus profondément, Steve se demanda ce que cela lui faisait d’apprendre la vérité. En quoi désormais ma vie peut-elle bien changer ? Il l’avait si bien remplie grâce aux attentions de ses parent, de mes parents adoptifs corrigea-t-il mentalement. Quelle différence ? Les sachant adoptifs, pouvait-il les en aimer moins ? Cela n’avait pas de sens, même si le sang qui coulait 243


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