Comprendre les crises financières

Page 44

ment des conditions attrayantes. Toutefois, la poursuite des flux a probablement été au-delà de ce qui était raisonnable. » En Thaïlande, le secteur privé s’endette vis-à-vis de l’étranger ; en outre, il le fait en monnaie étrangère et à court terme. Avec cet argent, il investit dans l’immobilier (donc à long terme).

2. Les crises contemporaines

La crise part de Thaïlande. Les investisseurs étrangers qui, jusqu'alors, prêtaient à ce pays sans retenue, révisent leur jugement. Le facteur déclencheur est, comme souvent, difficile à identifier avec certitude. Le fait que les exportations aient commencé à ralentir a pu jouer dans la modification de l’opinion des marchés. La monnaie (le bath), que les autorités thaïlandaises ont « ancré » au dollar (en d'autres termes, elles faisaient en sorte que le taux de change bilatéral reste fixe) est attaquée. Le 2 juillet, l'ancrage avec le dollar cède : le bath entame une rapide chute. La crise se propage à d'autres pays de l’Asie (Malaisie, Philippines, Indonésie, puis la Corée du Sud). Dans ces pays, les monnaies partent également à la baisse, ainsi que les cours boursiers (d’environ 50 % entre début juillet et la fin de 1997). Les canaux de transmission ont été variés. D'abord, la chute du bath rendait les monnaies des autres pays relativement plus chères, donc affectait leur compétitivité en termes de prix. En outre, les marchés, qui avaient précédemment considéré que tous les pays de la région relevaient du même « miracle », les ont ensuite tous considérés avec la même méfiance.

© Eyrolles Pratique

Une des caractéristiques essentielles de cette crise est d’intervenir alors que les fondamentaux économiques étaient plutôt bons. Par exemple, dans le cas de la Corée, le taux de croissance moyen dépassait 8 % entre 1994 et 1996, l’inflation ralentissait (de 6 % à moins de 5 %), le taux d’épargne domestique s’élevait à 37 % du PIB, le déficit de la balance courante (somme de la balance commerciale, des revenus d’investissement payés à, ou reçus de, l’étranger, et des transferts nets, par exemple les salaires transférés chez eux par les travailleurs étrangers) baissait (d’un peu moins de 5 % du PIB en 1996 à 2 % dès 1997). Au total, les chiffres de l’économie réelle n’étaient pas alarmants. La source des problèmes s’est située dans la sphère financière. La libéralisation et la transformation des systèmes financiers asiatiques, sans doute trop rapides, avaient eu des conséquences fâcheuses. Le contrôle

43


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.