Bat'Carré N°5

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Arrive ensuite l’accident qui va finalement se transformer en tremplin pour vous. Comment ça s’est passé ? J’étais jeune marié, je venais de passer mon permis de conduire et je suis allé chercher mon beaufrère à l’aéroport. J’ai eu un accident grave, une voiture est venue me percuter de plein fouet et je me suis fracturé le fémur gauche. Je suis resté plusieurs semaines à l’hôpital de Saint-Pierre, l’ancien hôpital délabré, à l’hygiène plutôt douteuse. J’ai attrapé un staphylocoque doré et la plaie continuait à suinter un an plus tard. Là, je suis parti à Paris me faire opérer à la clinique des frères Judet grâce à un cousin médecin. Ils m’ont bien soigné. J’y suis resté 15 jours, mais j’avais hâte de rentrer. Il me restait deux jours de libre avant mon retour et par curiosité, je suis allé à la foire de Paris qui se tenait Porte de Versailles. J’ai été très surpris, j’ai discuté avec pas mal de monde sur les stands d’équipement. Il n’y avait pas encore de libre-service à Saint-Pierre. J’ai demandé des devis et j’en ai parlé à mon père qui me dit pourquoi pas ! J’y mets toutes mes économies, on fait un prêt à la banque et on commande le matériel. Quelque temps plus tard, nous transformons la boutique de mon père en un libre-service de 150 m2. Sans le savoir, un concurrent ouvre aussi un libre-service de 250 m 2 ! Qu’à cela ne tienne ! Mon père était réputé pour ses bonnes pâtisseries, nous décidons de faire du haut de gamme, de proposer de bons produits que l’on ne trouve pas ou difficilement ailleurs. C’était ma première pierre à l’édifice. C’est là où je commence à prendre confiance en moi.

Un an plus tard, vous prenez un nouveau virage toujours à l’occasion d’un voyage… Oui, je reviens à Paris pour me faire opérer à nouveau de la jambe et le médecin me dit qu’il ne peut pas me prendre comme ça. Il y a deux mois d’attente pour un rendez-vous ! Je me suis dit, je ne vais pas repartir pour revenir. Il y avait une foire industrielle à New York. Je téléphone à ma tante avec qui je n’avais jamais eu de contact auparavant. J’étais le premier du côté de mon père à renouer avec la famille du côté de ma tante. Quand je suis descendu de l’avion, ma tante m’a dit « Pince-moi Raphaël, dis-moi moi que c’est bien toi ! » J’ai été reçu comme un roi, j’ai rencontré mon oncle, mes cousins, ils m’ont fait visiter plein de choses. J’ai été surpris par le gigantisme, tout est géant aux États-Unis. Je me suis rendu plusieurs fois à la foire internationale. J’avais dans l’idée de fabriquer des glaces, je voulais me lancer dans l’industrie. J’avais à peine vingt ans ! Grâce à mes cousins, j’ai pu rencontrer les dirigeants des plus gros fabricants de glace. Il y avait une boîte internationale, un Danois et un Italien. Finalement, j’ai choisi le Danois, il avait une grosse cuve, plus économique, pas de perte. En fait, quand vous débarquez dans un autre monde, c’est un nouvel éclairage qui s’offre à vous.


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